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L'Etat de droit: entre la domination et la rationalité communicationelle

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par Raphaël BAZEBIZONZA
Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza - Maîtrise 2007
  

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III.4. La politique délibérative

L'exemple de Rawls et de Dworkin et la conception délibérative telle que développée par certains auteurs américains comme Frank I. Michelman, ont permis à Habermas de retourner à la philosophie politique. Cette logique délibérative redore le blason terni de la politique et lui restitue une réalité effective qui fait place à la fois à la rationalité de l'argumentation, à l'idée de l'espace public et aux conditions exigeantes de la communication et de la discussion. Cette vision « républicaine » de la politique s'oppose à la conception « libérale » du processus démocratique. La participation des citoyens aux décisions politiques et à l'orientation générale des sociétés démocratiques est au centre de la politique.

III.4.1. l'opposition entre différentes interprétations du processus démocratique

Le fonctionnement de la démocratie fait l'objet d'interprétations concurrentes. Un premier modèle que l'on peut qualifier de « libéral » - mais qu'il ne faut pas confondre avec le « libéralisme politique » de John Rawls - considère que le processus démocratique a pour fonction de « programmer l'Etat dans l'intérêt de la société »114(*), en d'autres termes, l'action de l'Etat doit traduire les intérêts privés des citoyens. Le deuxième modèle est une interprétation « républicaine ». Ici, la politique ne doit pas seulement servir d'intermédiaire entre le marché et l'Etat. Elle doit être avant tout l'oeuvre de citoyens qui, au-delà de leurs aspirations privées, constituent une « communauté de sujets libres et égaux associés sous l'égide du droit »115(*). Leur volonté politique se forme dans l'espace public en communiquant.

De là, découlent deux conceptions opposées du citoyen et de son rapport à l'Etat. Celle du libéralisme qui est définie par les droits négatifs116(*). Les droits politiques ont ici la même structure que les droits privés : ils permettent aux individus de faire valoir leurs intérêts. La conception républicaine, quant à elle, définit le statut des citoyens par des libertés positives. Ce sont des libertés qui peuvent exprimer leur opinion politique et participer à la formation de la volonté politique. Du coup, l'individu ne peut pas s'enfermer dans son moi pur pour ne chercher que son intérêt personnel. Il doit « s'élever » au statut vertueux de citoyen. Là aussi, l'administration étatique doit être prise comme résultante de la pratique d'autodétermination des citoyens et non préexistante à la volonté de ces derniers. En réalité, l'Etat n'est pas et ne doit pas être en premier lieu l'arbitre et le protecteur des droits privés. Non, l'Etat doit se présenter comme le garant du processus par lequel se forment et s'expriment l'opinion et la volonté des citoyens.

Ces deux conceptions malheureusement restent enfermées dans un gouffre subjectiviste. C'est le sujet qui prend le dessus sur tout. La première part de l'individu, la seconde de la communauté éthique pour définir un certain nombre de règles. A ces deux conceptions, Habermas oppose un troisième modèle : celui du système des droits, fondé sur les processus intersubjectifs par lesquels les citoyens s'octroient réciproquement des droits et des devoirs, avant de déléguer la responsabilité à l'Etat et aux institutions judiciaires. Habermas est, en quelque sorte, proche du républicanisme. Mais il ne reprend pas la sublimation éthique par laquelle les citoyens ont à renoncer à leurs intérêts privés. Evidemment, ces interprétations ont des conséquences.

* 114 Ibid., p. 292.

* 115 Ibid.

* 116 Ibid., p. 293.

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