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L'Etat de droit: entre la domination et la rationalité communicationelle

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par Raphaël BAZEBIZONZA
Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza - Maîtrise 2007
  

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III.4.2. les conséquences de ces interprétations

La divergence la plus profonde entre la conception libérale et la conception républicaine porte cependant sur la conception de la nature même du processus politique117(*). Pour la conception « libérale », la politique est par essence une lutte pour le pouvoir. « Par leur vote, les électeurs expriment leurs préférences. Leurs décisions électorales ont la même structure que les choix des acteurs qui, dans le cadre du marché, agissent en fonction du succès qu'ils souhaitent obtenir »118(*). Il n'y a pas là une coopération entre citoyens, mais un calcul pernicieux entre partenaires et l'administration étatique.

Chez les républicains, l'action stratégique n'influence en aucun cas le processus politique. C'est le dialogue et la délibération qui rythment la politique. Dans ce sens, le choix rationnel de chaque acteur isolé ne compte pas. Ce qui compte c'est cette rationalité de la persuasion réciproque et cette argumentation publique créatrice de légitimité. De cette façon, le républicanisme rappelle à tout le moins qu' « il existe un lien interne entre le système des droits et l'autonomie politique des citoyens »119(*), et c'est là un point qui le rapproche d'une théorie de la démocratie fondée sur le principe de discussion et un certain nombre de présuppositions communicationnelles exigeantes.

Si le modèle libéral conduit à une dépolitisation de l'espace public et au développement incontrôlé tant des pouvoirs sociaux que d'une administration étatique qui tend à se programmer elle-même, le modèle républicain tend à surestimer le caractère éthique de la citoyenneté et la nécessité de revitaliser sans cesse la mémoire et l'interprétation des pères fondateurs. Ce modèle rattache la démocratie à une communauté historique concrète, à l'exclusion des autres. Une théorie de la démocratie fondée sur le principe de discussion dans l'espace public, sur le médium du droit et sur les procédures parlementaires peut, quant à elle, se contenter d'exiger le bon fonctionnement des conditions dialogiques qui permettent de penser que les résultats des débats et des délibérations seront rationnels et légitimes.

III.4.3. La sociologie comme pierre angulaire de la démocratie délibérative

Grâce aux analyses de Robert A. Dahl, Habermas complète, finalement, l'analyse normative du processus politique par une sociologie de la démocratie qui n'est plus du type d'une analyse démystifiante. Elle se propose d' « identifier les particules et les fragments d'une ``raison existante'', aussi distordus qu'ils puissent être, qui sont déjà incarnés dans les pratiques politiques »120(*). La question la plus angoissante est de savoir si les relations dialogiques de l'espace public sont assez puissantes pour s'imposer dans les contextes médiatiques que nous connaissons et si elles peuvent réellement agir sur l'orientation de sociétés complexes. C'est à cette question que doit répondre une sociologie de la démocratie en analysant les « conditions sociales favorables à ce que l'Etat de droit puisse domestiquer à la fois le pouvoir social et la force dont l'Etat détient le monopole »121(*).

La sociologie en question n'a pas la prétention de souligner le hiatus existant entre idéal et réalité, entre la fragilité et la difficulté d'une confrontation autonome et la volonté des citoyens et la puissance et la facilité qui sont du côté des pouvoirs sociaux privés et les pouvoirs publics. Elle ne veut pas non plus opposer la reproduction symbolique de la société aux mécanismes méfiants de la reproduction matérielle. Elle montre, au contraire, comment les procédures du droit et de la politique sont amenées à prendre la place des modes d'intégration spontanées lorsque ceux-ci sont défaillants. Ce qui caractérise ces procédures, c'est la forme explicite et publique de débats argumentés suivis de décisions motivées. Mais elles ne se distinguent pas fondamentalement des activités sociales qui, bien en deçà du droit et de la politique, parviennent à leurs fins d'intégration.

Pour Dahl, ce qui peut freiner la démocratisation, c'est justement le cloisonnement du savoir des experts, sans lequel les citoyens sont incapables de former leur propre opinion. Ce thème est familier à Habermas, grand théoricien de la « philosophie sociale » et de la rupture entre « théorie et pratique ». Aux yeux de Habermas, une interrogation publique de la démocratie, comme celle proposée par le sociologue américain, est elle-même le symptôme d'une opposition à la gestion technocratique, opposition nullement fortuite puisqu'elle repose sur la conscience que les pouvoirs de l'Etat restent tributaires des citoyens dont la communication politique est la source légitime et légitimante de tout pouvoir. Mais au fond, c'est le principe de la discussion, « principe D » qui va régler cette question.

* 117 Ibid., p. 296.

* 118 Ibid.

* 119 Ibid., p. 298.

* 120 Ibid., p. 311.

* 121 Ibid., p. 342.

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