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Contribution des associations au développement socio économique du Burkina Faso

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par Moumouni GUIRE
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM) Ouagadougou - Master I 2009
  

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Chapitre II - Les limites et perspectives d'actions

Malgré leur bonne volonté, les associations tout comme l'Etat sont confrontées à des limites sur les plans fonctionnel, financier et organisationnel (Section I). Celles-ci entravent l'apport des associations au développement du pays. Fort heureusement, des solutions en terme de perspectives existent et sont à même de réduire ou annihiler ces limites (Section II).

Section I - Les limites

Les limites liées à la contribution des associations au développement socio économique du Burkina Faso sont importantes et réelles. Elles rendent les associations vulnérables et leurs ressources humaines sont peu qualifiées et incapables d'insuffler un dynamisme certain à leurs associations.

Paragraphe I : Les limites propres aux associations

Celles-ci sont nombreuses et difficiles à répertorier tant elles sont aussi importantes les unes que les autres. Néanmoins, nous avons retenu le mauvais fonctionnement de certaines associations, l'analphabétisme et le faible niveau de formation des membres, la faible capacité d'autofinancement, l'absence ou le manque d'outils de planification et le manque de coordination entre associations.

A. Le mauvais fonctionnement de certaines associations

Les dysfonctionnements sont dus au non respect des clauses des textes régissant l'association. Elles peuvent entraîner le monopole de l'association par un groupuscule de dirigeants peu scrupuleux et la tenue irrégulière des instances statuaires.

Les conséquences qui en découlent sont à la longue, le manque de confiance entre membres, la crise d'appartenance au groupe, le risque d'exclusions, des manipulations puériles et autres dérives sectaires. Par conséquent, il y règnera inéluctablement, un déficit de participation à la vie associative. De ce fait, ces associations vivent en léthargie puisque leur capacité de mobilisation s'étiole et s'émousse. Les activités de l'association risquent d'être bloquées.

B. L'analphabétisme et le faible niveau de formation des membres

L'analphabétisme et le bas niveau de formation des membres et de certains leaders des associations limitent le système de communication et de gestion du groupe. Compte tenu de cette inefficacité technique, il y aurait un manque d'appui interne en ressources humaines qualifiées. Le taux d'encadrement à l'interne, la capitalisation et les échanges d'expériences entre pairs sont fortement réduits.

Ces membres ont peu de compétences requises en matière d'analyse des problématiques de développement. Cette situation peut être source de tensions et contribuer à décrédibiliser même l'association auprès des partenaires. Souvent, le souci de professionnalisation des acteurs fait défaut si bien que les associations balbutient, se grippent et risquent finalement de disparaître.

C. La faible capacité d'autofinancement

Compte tenu du fait que les associations sont à but non lucratif, leur capacité d'autofinancement est généralement faible. Les cotisations des membres sont presque inexistantes et n'arrivent pas à supporter les charges de l'association.

Elles font recours à l'aide publique, aux banques, aux projets d'aides extérieurs, aux ONG ..., avec tous les risques possibles (demandes d'aides non reconduites ou rupture de déblocage de fonds pour des raisons diverses). Cette dépendance étroite de l'extérieur pour le financement des activités a pour corollaires l'abandon ou la mise en veilleuse de certains projets des associations faute de financement.

D. L'absence ou le manque d'outils de planification

Peu d'associations au Burkina Faso disposent d'outils de gestion fonctionnels. Ces outils sont entre autres le programme d'activités, le tableau de bord de gestion, le cadre logique, le schéma directeur, etc. Les associations en partie se contentent de monter des micro - projets de façon ponctuelle pour la recherche d'un hypothétique financement. Elles naviguent presque à vue.

Beaucoup d'associations de notre pays n'ont pas une gestion prospective de leurs activités. Il n'y a aucun souci de sécurité et de prudence dans leur gestion. Il ne peut y avoir aucune évaluation sérieuse de l'atteinte des objectifs. La compétitivité, la performance et la compétence sont peu connues au sein de ces associations.

E. Le manque de coordination entre les associations

La pléthore d'associations est source de difficultés de concertations entre elles. Leur émiettement ne favorise pas efficacement leur contribution au développement du Burkina Faso. Cet éparpillement crée généralement des rivalités malsaines entre elles. Pour des raisons égoïstes et personnelles, les associations préfèrent cavaler seules au lieu de collaborer avec des associations soeurs. Généralement, chaque association vit en autarcie et ne songe pas à harmoniser son programme d'activités avec celui des autres associations.

Cette situation entraîne un gaspillage inutile d'énergies et de ressources sur le terrain. Elle entrave en conséquence, l'élaboration d'un lien de complémentarité entre les associations elles - mêmes et entre les associations les institutions administratives et politiques.

Paragraphe II - Les limites inhérentes à l'Etat

L'Etat burkinabé a toujours déployé d'innombrables efforts pour l'émergence d'un monde associatif fort et dynamique. Malheureusement, il ressort de notre analyse que des limites entravent cette volonté politique. Il s'agit d'abord de l'absence ou du manque de suivi des associations, ensuite de la non implication de toutes les associations aux actions de développement et enfin des contraintes institutionnelles.

A. L'absence ou le manque de suivi des associations

En matière de suivi et d'évaluation des associations, la loi n'a prévu aucun mécanisme particulier à la charge de l'Etat. Même si elles ne sont pas une émanation de l'Etat, les associations sont néanmoins astreintes à la tenue des registres, aux conditions liées aux associations reconnues d'utilité publique (ARUP) et aux accords d'établissement.

Dans la pratique, l'Etat n'a aucune « emprise » sur la gestion des associations. L'Etat ne peut donc pas s'assurer de la transparence dans la gestion des associations. En aucun moment, il ne peut s'assurer d'ailleurs du respect des textes et lois régissant ses rapports avec les associations. Le devenir de toutes les associations créées n'est donc pas bien maîtrisé par l'Etat.

B. La non implication de toutes les associations aux actions de développement

Beaucoup d'associations déclarées se plaignent d'être exclues des prises de décisions concernant l'amélioration des conditions de vie des populations soit par omission, soit pour des raisons inavouées et non avérées.

Il n'existe pas un répertoire fiable de gestion des associations au Burkina Faso. Pour des accointances personnelles ou politiques, des associations sont ignorées et exclues des prises de décisions au niveau local. Cette injustice se ressent sur le terrain car il y a souvent une crise de confiance latente entre certaines associations et les structures étatiques. Dans ces conditions, il est difficile d'élaborer de bonnes politiques de développement. L'Etat semble douter de l'auto - détermination réelle et de l'auto - gestion du monde associatif.

C. Les contraintes institutionnelles

L'insuffisance ou le manque de concertations entre services publics d'une part, puis entre services publics et services privés d'autre part, ne favorise pas une synergie dans les interventions. Il est difficile d'avoir sur le terrain une harmonisation entre les politiques publiques de développement et les activités des associations.

Sur le terrain, des acteurs méconnaissent les actions des autres acteurs. Ils passent le temps à se contredire puisqu'il n'existe pas une gestion concertée des projets et programmes de développement.

Section II - Les perspectives d'actions

Afin de juguler les difficultés ci-dessus évoquées, des solutions existent naturellement. C'est à ce prix que les efforts de tous les acteurs porteront les fruits escomptés. Les associations (paragraphe I) tout comme l'Etat (paragraphe II) sont interpellées à beaucoup plus de responsabilisation.

Paragraphe I : Au niveau des associations

Les perspectives d'actions que nous proposons au niveau des associations sont le choix judicieux des membres des instances dirigeantes, le renforcement des capacités managériales des membres, l'augmentation des capacités de collecte de fonds et la multiplication des cadres de concertations entre les associations.

A. Le choix judicieux des membres des instances dirigeantes

Il faut mettre tout simplement l'homme qu'il faut à la place qu'il faut. Cela favorise une homogénéité aussi bien dans la structuration que dans le fonctionnement de l'association. De tels dirigeants élus seront plus motivés et engagés pour la cause de l'association. Les textes de l'association seront mieux respectés et la participation à la vie associative se renforcerait davantage. Ces dirigeants cultiveront en eux l'obligation de rendre compte et seront plus réceptifs aux attentes du groupe et à ceux des populations.

B. Le renforcement des capacités managériales des membres

C'est par la formation initiale et continue des membres des associations que l'on peut obtenir de meilleurs résultats d'eux. La formation permet de renforcer l'implication effective des associations dans la formulation et le suivi - évaluation des politiques et stratégies de développement. La formation apporte de la valeur ajoutée à l'action menée par une association. Elle permet de maîtriser les mécanismes du développement. Elle participe à la valorisation du capital humain. Seuls des hommes bien formés peuvent oeuvrer à améliorer le rendement d'une organisation.

C. L'augmentation des capacités de collecte de fonds

La sensibilisation des membres à plus de responsabilité quant au paiement des cotisations est incontestablement la seule condition d'autonomisation pérenne et de réussite des associations. De plus, il faut cultiver aux associations une gestion transparente de leur patrimoine.

Les fonds collectés auprès des donateurs ne doivent pas être affectés d'avance. Cette liberté permet aux associations bénéficiaires d'investir dans les besoins réels de développement exprimés par les populations. Les actions menées seront à l'abri des diktats des donateurs. Toutefois, les associations diversifient leur mode de financement afin d'amoindrir les effets des caprices des « généreux » donateurs.

D. La multiplication des cadres de concertations entre les associations

Les associations doivent se réunir en réseau afin d'être plus fortes et agressives devant les autres partenaires. Elles doivent aussi créer entre elles des cadres de concertations permanentes afin d'harmoniser les efforts sur le terrain.

Cette union sacrée et cette solidarité agissante enrichiront les méthodes d'intervention qui seront plus cohérentes et concertées. Inéluctablement, le nombre élevé d'associations, au lieu d'être un handicap peut constituer une richesse inestimable car chacune apportant son expérience pour l'atteinte des objectifs de développement.

Paragraphe II - Au niveau de l'Etat

Les perspectives d'actions qui s'imposent à l'Etat sont le renforcement du mécanisme de suivi des associations, l'implication de toutes les associations aux actions de développement sans exclusive et le renforcement du mécanisme juridique et institutionnel qui encadre les associations.

A. Le renforcement du mécanisme de suivi des associations

En tant que dépositaire de la puissance publique, l'Etat doit exiger et contrôler effectivement les rapports d'activités périodiques des associations. Il doit aussi suivre et contrôler de façon régulière la mise en application des clauses des conventions entrant dans le cadre des interventions des associations.

B. L'implication de toutes les associations aux actions de développement

Les rapports entre l'Etat et les associations doivent se mener sur une base égalitaire comme dans toute approche partenariale. L'Etat doit dresser un répertoire exhaustif, fiable et informatisé des associations. Ce répertoire servirait à dresser le tableau de bord de gestion des associations. En cela, l'Etat pourrait créer une équité et une impartialité de traitement à l'endroit de toutes les associations.

Au besoin, l'Etat doit accorder aux associations des subventions et leur faciliter l'accès aux crédits afin qu'elles puissent mener effectivement leurs activités.

L'Etat doit aussi oeuvrer à un renforcement des capacités opérationnelles des associations. Dans cette logique, il faut vulgariser l'accès aux technologies de l'information et de la communication à tous les intervenants. L'outil informatique est inévitable pour toute organisation qui veut être en phase avec les exigences de l'heure et à la formulation de toute politique de développement prospective. Aussi, l'apprentissage de techniques de management favoriserait l'acquisition de nouvelles compétences indispensables à mieux gérer une association.

C. Le renforcement du mécanisme juridique et institutionnel

L'Etat doit réviser le mécanisme juridique afin de l'adapter aux mutations et aux exigences de l'heure. Il doit aussi veiller à ce que toutes les associations de développement participent activement aux sessions des cadres consultatifs. Avec l'instauration de ces instances, l'Etat serait plus proche des associations et des populations. Une déconcentration intégrale de tous les services techniques et l'enracinement profond de la décentralisation raffermiraient l'implication des associations aux actions de développement.

Dans la même logique, un schéma institutionnel à quatre volets peut être envisagé à long terme pour fédérer toutes les énergies. Ce schéma comprendrait :

· Un cadre de concertation

Il s'agit d'un regroupement d'associations, d'unions, de fédérations ou de réseaux d'associations. Cette structure indépendante sera gérée par des représentants des associations adhérentes.

· Une structure d'appui

C'est une institution permanente émanant du cadre de concertation et constituant un organe de conseil et d'appui au service du cadre de concertation.

Ces deux structures émaneront de la société civile locale. Elles constitueront un tandem inséparable.

· Un comité de pilotage

Ce comité serait tripartite (Etat, association, donateurs), paritaire et gérerait les fonds d'appui aux actions liées à l'économie locale. Il permettrait au monde associatif d'avoir un droit de regard sur les financements qui lui sont accordés dans le cadre des politiques de développement au niveau local, tout en respectant les prérogatives de l'Etat.

· Une cellule technique de contrôle

C'est une structure permanente d'appui au cadre de concertation. Elle s'occupera de toutes les questions techniques liées aux projets présentés par les associations. En outre, elle donnera son avis sur tout financement et sanctionnera tout contrevenant aux textes et lois en vigueur.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius