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Le pardon et la justice post conflits en Afrique. Etude comparative des dynamiques des acteurs et des institutions du dedans et du dehors (Afrique du Sud, Rwanda)

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par Alain-Roger Edou Mvelle
Université de Yaoundé 2 - DEA 2008
  

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F. Le pardon comme empreinte d'acteurs individuels : des rôles variables

Au Rwanda, il est incontestable que la figure de Kagame mérite une attention particulière123(*). A l'âge de quatre ans, il quitte sa famille en 1961, suite au premier massacre des tutsi en 1959. Il vit en exil en Ouganda. Après la suspecte mort de son ami Fred Rwigema le 02 octobre 1990, il prend la direction du FPR. Paul Kagame va négocier les Accords d'Arusha avec Habyarimana. Son rôle dans le processus de construction du pardon est capital. De l'avis de plusieurs observateurs, il serait l'un des commanditaires de l'assassinat du Président Habyarimana. Il est vice-Président du Rwanda et ministre de la défense le 19 juillet 1994. Le 17 avril 2000, il devient Président de la République, suite à une élection. C'est lui qui va proprement impulser la reconstruction du Rwanda où 91% de tutsi présents au pays furent tués en 1994. On lui prêtera aussi un rôle dans le renversement de Mobutu et l'arrivée au pouvoir de Laurent désiré Kabila. Les anciens éléments des FAR et les milices interahamwes s'y étant réfugiés, les troupes de l'APR les y ont débusquées. En 1997, il est accusé d'ingérence dans les affaires intérieures du Congo. 11 ans plus tard, il est soupçonné de soutenir la milice tutsi de Laurent Nkunda. Kagamé va gracier l'ancien Président, le pasteur Bizimungu en 2006, soit trois ans après sa condamnation à 15 ans d'emprisonnement fermes. Au-delà de la volonté de cet acteur de maîtriser toute la chaîne du pouvoir dans son pays, il est clair que c'est aussi lui le catalyseur du processus de réconciliation au Rwanda.

Le pasteur Bizimungu a aussi été un acteur de poids124(*). Président rwandais dans le gouvernement de transition, celui-ci est un hutu modéré proche du FPR. Sa présence auprès de Kagamé est donc un argument de réconciliation entre les hutu dont il est issu, et les tutsi qui sont les nouveaux acteurs dominants du champ politique rwandais. Il sera Président pendant 6 ans. Après sa démission de la tête de l'entreprise publique Electrogaz en 1990, il avait accusé le Président Habyarimana d'encourager les tensions communautaires dans le pays. Par réalisme politique, il rejoint les rangs du FRR en Ouganda et en devient porte parole. Il en sera d'ailleurs le chef de délégation aux négociations d'Arusha en Août 1993. Les premières réformes judiciaires sont lancées pendant son mandat, de même que les procès des génocidaires devant les juges nationaux et le TPIR. En mars 2000, il démissionne de ses fonctions de Président de la République et fonde en 2002 un parti politique : le PDR. Cette audace politique lui coûtera un procès expéditif et une condamnation. Abordons à présent le cas de trois figures déterminantes en Afrique du Sud.

Nelson Mandela est né le 18 juillet 1918 à Mvézo, un bantoustan du Transkei (il correspond à l'actuel Cap Oriental). Il intègre l'ANC en 1944. A partir de 1948, il participe à la lutte non violente contre l'apartheid. Devant la radicalisation de la politique de la minorité blanche, il créé la branche militaire de l'ANC, le Umkhoto we Sizwe, en 1961. Il est président de la représentation de son parti au Transvaal en 1952 et Vice-Président au plan national. Il organise, avec ses compagnons de lutte (à l'instar de Olivier Tambo), le « Defiance Campaign » du 06 avril 1952, à l'occasion de la célébration du 300e anniversaire de la création du Cap et de la 1ère institution blanche d'Afrique du Sud. 8500 noirs sont arrêtés sur près de 10000 manifestants. Mandela en fera partie ; sera jugé en 1953 et condamné à 9 mois d'emprisonnement avec sursis et résidence surveillée. En 1956 il est accusé de trahison. En 1961, il est arrêté et jugé deux ans plus tard, à l'âge de 45 ans. Il sera condamné à la prison à vie d'où il en sortira le 11 février 1990. A sa sortie, il déclara : « J'ai combattu la domination blanche et j'ai combattu la domination noire. J'ai rêvé de l'idéal d'une société libre et démocratique où tout le monde vivrait en harmonie avec des chances égales. C'est un idéal pour lequel je veux vivre et que je veux réaliser. Mais, s'il le faut, c'est aussi un idéal pour lequel je suis prêt à mourir »125(*).

Desmond Tutu est né le 07 octobre 1931 à Klerksdorp. Ordonné prêtre en 1961, il est fait aumônier de l'Université qui accepte des étudiants noirs pendant la période de ségrégation : Fort Hare. Il s'est dès lors très vite engagé dans des prêches qui participaient du réveil de la conscience des noirs, sur leur dignité et leur non infériorité vis-à-vis des blancs. A la mort de Steve Bico126(*) en 1977, il est choisi pour lire l'oraison funèbre. Il participait à des réunions secrètes du mouvement créé par ce dernier ainsi qu'aux activités de la Black Theology qui popularisa les vertus de l'Ubuntu. Il milita pendant des années pour le décloisonnement social dans son pays, ce qui sera couronné par un Prix Nobel de la paix le 16 octobre 1984. Desmond Tutu sera fait Président de la Commission vérité et réconciliation créée pour permettre aux Sud africains d'écrire ensemble leur histoire.

Frédérik Willem de Klerk a joué un rôle de premier plan dans la réconciliation entre blancs et noirs. Né le 18 mars 1936 à Johannesburg, c'est lui qui conduisit les réformes qui mirent fin à l'apartheid en 1991. La légalisation de l'ANC est marquée de son empreinte tout comme les négociations entre le PN et son éternel adversaire politico idéologique. Après la victoire de Mandela, il devient, avec Thabo Mbéki, l'un des deux vice-Présidents du pays. En 1993, il reçoit le prix Nobel de la paix avec Mandela. Il quitte la direction du PN en 1997 et se retire de la vie politique. En 2000, il crée une Fondation chargée de promouvoir la paix dans les Etats multi raciaux.

Ici, il convient de noter l'opérationnalité relative du néo institutionnalisme. En avançant que l'analyse part des institutions et non des acteurs, les néo institutionnalistes ont affirmé que l'action est conditionnée par les institutions. Dans le domaine du pardon par contre, la volonté des acteurs est la clé de sa portée. Au vrai, ce sont plutôt les acteurs qui vont déterminer et donner de la substance aux institutions. On pourrait donc dire que, contrairement au néo institutionnalisme du choix rationnel, l'action est déterminée par les acteurs. Tous ces acteurs ont joué un rôle de premier plan dans la construction du pardon et dans les deux pays, soit par le haut, soit par le bas.

* 123 Voir sa bibliographie dans www.wikipedia;org/wiki/paul_kagame+bibliographie+be+paul+kagame, consulté le 11 septembre 2009.

* 124 Pour aller plu loin, voir http://fr.encarta.msn.com, `'Bizimungu pasteur'' Encyclopedia Microsoft, en ligne, consulté le 11 septembre 2009.

* 125 Ces mots sont exactement ceux qu'il prononça 28 années auparavant, lorsqu'il fut condamné à perpétuité.

* 126 Celui-ci était notamment le fondateur du `'Black Consciousness Movement''.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon