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L'orientation sectorielle de l'APD francaise en Afrique subsaharienne (1990 = 2005): les cas du Cameroun et du Gabon

( Télécharger le fichier original )
par Patrick Roger Mbida
Université de Yaoundé II - DEA 2007
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE YAOUNDE II - SOA

THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II - SOA

FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

 

FACULTY OF LAW

AND POLITICAL SCIENCE

ECOLE DOCTORALE DISCIPLINAIRE DE SCIENCE POLITIQUE, RELATIONS INTERNATIONALES ET COMMUNICATIONS

 

DISCIPLINARY POSTGRADUATE SCHOOL OF POLITICAL SCIENCE INTERNATIONAL RELATIONS AND COMMUNICATIONS

L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'APD

FRANCAISE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE (1990 - 2005) :

LES CAS DU CAMEROUN ET DU GABON.

Mémoire présenté et soutenu comme exigence partielle à l'obtention du Master II

en Science Politique

A dissertation submitted in fulfilment of the class requierement for the award of Master II in political science

Par :

By :

Roger Patrick MBIDA

Sous la direction de :

Supervised by:

Michel KOUNOU Ph.D.

Chargé de cours

Année Académique 2005 - 2006

« Si la pensée est essentielle en l'existence humaine, c'est parce qu'elle nous donne l'aptitude à percevoir derrière l'illusion (...) Nous devons penser pour ne pas mourir. »

Kamto Maurice (1993), L'urgence de la pensée. Réflexion sur une précondition du développement en Afrique, Yaoundé, Mandara, pp : 204-205

DEDICACE

Ce modeste effort intellectuel est dédié à la mémoire du très regretté Louis Hervé AYISSI AYISSI (1983 -2005). Ce bel éphèbe, doué d'une intelligence extraordinaire, dont le calme, la simplicité et la sympathie nous a profondément marqué. Mais dont le passage sur cette terre fut aussi éphémère que l'instant d'une étoile filante.

REMERCIEMENTS

Au seuil de ce propos, nous voudrions payer tribut à certaines personnes qui, tout au long de notre parcours jusqu'à l'enfantement de ce travail, nous ont assisté, guidé et fourni une aide quelconque.

Tout d'abord, nous voulons exprimer notre profonde gratitude à Michel KOUNOU Ph.D., qui a été un véritable guide, dont la rigueur scientifique et l'obsession de la perfection ont été pour nous une boussole lors du déroulement de ce travail. Et le sera encore pour les travaux à venir.

Au Pr Luc Sindjoun, dont la brillance des cours magistraux nous a profondément séduit, au moment où nous faisions nos premiers pas dans le monde universitaire. Et, qui a stimulé en nous l'attrait à la science politique, discipline à laquelle nous avons décidé de nous spécialiser plus tard.

A tous les autres enseignants du département de Science Politique, pour leur bienveillant encadrement et leur disponibilité.

A ma famille, particulièrement à ma mère Esther Beyene notre véritable refuge, pour tous les sacrifices qu'elle a consenti, l'affection qu'elle n'a sans cesse renouvelé à notre égard.

A mon père, Claude Marie Alima, qui a toujours été pour nous un mentor spirituel, dont l'assistance psychologique permanente même dans les moments les plus difficiles, nous

a permis de tenir le cap.

A mon oncle et son épouse, M. et Mme Ondoua pour leur assistance significative et la confiance qu'ils ont eu en ce que je faisais.

A Cécile Sangare staticienne au Directorat de l'OCDE à Paris, pour sa sympathie, mais surtout pour sa disponibilité à nous fournir une documentation ayant contribué à la réalisation de ce travail.

A tous mes camarades de la dynamique et solidaire de promotion science po 2005 - 2006, particulièrement, au grand frère J.P. Mbia, Claude Messinga, Gaétan Omgba, Yannick Nkwuli, Marie Michou Ngo Libog, Emile Sédar Bokalli, Martial Ateba, Rabyatou Ousmanou, Cyprien Bassamagne, Richard Tam, Paul Batchom, Jules Domche, Gérard Onambele, Serge Alima, Albert Ondoua Abessolo Alexis Nzegang, Henry Mboha, Hassana Diguio, Shu Fru Norbert, Michel Douryang, Aristide Menguele, Rodrigue Beyeck...

A mes ami (es) Ruth Ngounou, Eric Boayaga, Albert Anaba, Christian Mballa, Prince Moussele, Ivan Toko Magan, Aimé Nkoa Mevah, Fabrice Menye, Patrick Anaba Nouma, Sandrine Ambono, Olivier Abena, Rostand Mballa Olama, Huguette Messina, Blanche Betegne, Dominique Anaba, Brice Boum Eyike, Jean Renaut Bikoe, Audrey Anaba, Franky Mboh Manga, Murielle Olinga, Léonie Bougou, Cyril Nnang Nanga, Alain Samo, Paulette Nkoumou, Georges Seke, William Azebaze, Cyrile Zanga, Zacharie Alima, Marie Cecile Nsimi... et la liste est loin s'être exhaustive.

Qu'ils trouvent ici le témoignage de mon estime et de ma profonde gratitude

LISTE DES ACRONYMES

A.E.F : Afrique Equatoriale Française

APD : Aide Publique au Développement

BPM : Biens Publics Mondiaux

CAD : Comité d'Aide au Développement

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

F.M.I : Fond Monétaire International

F.P.D : Financements Publics au Développement

I.F.I : Institutions Financières Internationales

O.C.D.E : Organisation de Coopération et le Développement Economique

O.M.D : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

O.N.G : Organisation Non Gouvernementale

P.I.B : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

P.P.T.E : Pays Pauvres Très Endettés

SDN : Société Des Nations

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

Z.S.P : Zone de Solidarité Prioritaire

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Courbe évolutive de l'aide française dans le domaine

de santé aux pays en développement

37

Graphique 2 : Courbe évolutive de l'APD française à l'éducation aux pays

en développement

39

Graphique 3 : Courbe évolutive de l'aide française affectée dans le secteur

de l'eau aux pays en développement.

42

Graphique 4 : Courbe évolutive de l'aide française à l'agriculture pour les pays

en développement

45

Graphique 5: Courbe évolutive de l'aide française à la santé au Cameroun et au

Gabon

102

Graphique 6 : Courbe évolutive de l'aide française à l'éducation au Cameroun

et au Gabon depuis 1990

106

 
 

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Part des dons dans l'aide française (volume et pourcentage)

21

Tableau 2 : APD Française à la santé affectée aux pays en développement

(volume)

37

Tableau 3 : APD française à la santé aux pays en développement (%)

38

Tableau 4 : APD française à l'éducation pour les pays en développement

(en millions d'USD)

39

Tableau 5 : APD française à l'éducation aux pays en développement (%)

40

Tableau 6 : APD française au secteur de l'eau pour les pays en développement (%)

42

Tableau 7 : l'aide française à l'agriculture affectée aux pays en développement (millions de dollars USD)

44

Tableau 08 : APD. française Total santé au Cameroun (millions de dollars)

47

Tableau 09 : APD française à la santé au Cameroun (%)

48

Tableau 10 : Aide française à la lutte contre les maladies infectieuses au Cameroun.

49

Tableau 11 : APD française à la recherche médicale au Cameroun.

50

Tableau 12 : APD française aux services médicaux au Cameroun

51

Tableau 13 : APD française à la lutte contre les MST et VIH/SIDA au Cameroun

51

Tableau 14 : APD française à l'éducation au Cameroun (millions de dollars)

53

Tableau 15 : APD française à l'éducation au Cameroun (%)

54

Tableau 16 : Aide française à l'éducation de base au Cameroun (millions de dollars)

55

Tableau 17 : Aide française à l'éducation secondaire au Cameroun (millions de dollars)

56

Tableau 18 : Aide française à l'enseignement supérieur au Cameroun (millions de

dollars USD)

56

Tableau 19 : Aide française à l'eau et assainissement au Cameroun (million de

dollars USD)

58

Tableau 20 : Aide française à la distribution eau à grande échelle (millions de

dollars USD)

59

Tableau 21 : Aide française à la Recherche agricole au Cameroun (millions de

dollars USD)

60

Tableau 22 : Aide française à la production agricole (céréales) au Cameroun (volume)

61

Tableau 23 : Aide française au développement agricole au Cameroun (volume)

62

Tableau 24 : Taux de mortalité infantile au Cameroun (pour 1000 naissances)

64

Tableau 25 : Taux de prévalence VIH/SIDA au Cameroun (%)

65

Tableau 26 : Taux enfants vaccinés contre la rougeole au Cameroun (%)

66

Tableau 27 : Espérance de vie à la naissance au Cameroun

67

Tableau 28 : Taux scolarisation au Cameroun (%)

69

Tableau 29 : Taux alphabétisation au Cameroun (%)

70

Tableau 30 : Population disposant d'un accès facile à une source d'eau de qualité

au Cameroun (%)

71

Tableau 31 : Production agricole céréale et importations au Cameroun (1000T)

72

Tableau 32 : APD française à la santé au Gabon (Millions de dollars USD)

75

Tableau 33 : Aide française à la santé au Gabon (%)

76

Tableau 34 : Aide française à la lutte contre les MST/SIDA au Gabon (Millions de dollars USD)

77

Tableau 35 : Aide française à la recherche médicale au Gabon (Millions de

dollars USD)

78

Tableau 36 : Aide française à la lute contre les maladies infectieuses au Gabon

(Millions de dollars USD)

78

Tableau 37 : Aide française aux services médicaux au Gabon (Millions de

dollars USD)

79

Tableau 38 : Aide française à l'éducation au Gabon (Millions de dollars USD)

80

Tableau 39 : Aide française à l'éducation de base au Gabon (Millions de dollars USD)

81

Tableau 40 : Aide française à l'éducation secondaire au Gabon (Millions de

dollars USD)

81

Tableau 41 : Aide française à l'enseignement supérieur au Gabon (Millions de

dollars USD)

82

Tableau 42 : Aide française à la recherche agricole au Gabon (Millions de

dollars USD)

84

Tableau 43 : Aide française au développement agricole au Gabon (Millions de

dollars USD)

84

Tableau 44 : Aide française à la production agricole (céréales) au Gabon (Millions de

dollars USD)

85

Tableau 45 : Aide française dans le secteur de l'eau au Gabon (Millions de

dollars USD)

86

Tableau 46 : Aide française au sous secteur de la distribution de l'eau à grande

échelle au Gabon (Millions de dollars USD)

87

Tableau 47 : Taux de prévalence VIH/SIDA au Gabon

89

Tableau 48 : Taux de mortalité infantile au Gabon

90

Tableau 49 : Taux d'enfants vaccinés contre la rougeole au Gabon

91

Tableau 50 : Espérance de vie à la naissance au Gabon

92

Tableau 51 : Taux de scolarisation au Gabon

93

Tableau 52 : Taux d'alphabétisation au Gabon

94

Tableau 53 : Productivité agricole (céréales) et importations (Gabon) (1000 T)

95

Tableau 54 : Population disposant d'un accès facilité à une source d'eau de

qualité au Gabon

96

Tableau 55 : Aide française à la santé au Cameroun et au Gabon (M. USD)

99

Tableau 56 : Aide française à la santé au Cameroun et au Gabon (%)

100

Tableau 57 : Aide française aux Services médicaux affectée au Cameroun et

au Gabon (en millions de dollars USD)

101

Tableau 58 : Aide française à la Recherche médicale au Cameroun et au Gabon

(en millions de dollars USD)

101

Tableau 59 : Aide française à la Lutte contre les maladies infectieuses au Cameroun

et au Gabon (en millions de dollars USD)

101

Tableau 60 : Aide française à l'éducation au Cameroun et au Gabon (en millions

de dollars USD)

104

Tableau 61 : Aide française à l'Education de base au Cameroun et au Gabon

(total en millions de USD)

105

Tableau 62 : Aide française à l' Education secondaire au Cameroun et au Gabon

(total en millions de USD)

105

Tableau 63 : Aide française à l'Enseignement supérieur (total en millions de USD)

105

Tableau 64 : Aide française affectée à l'eau et assainissement au Cameroun et

au Gabon (total en millions de USD)

108

Tableau 65 : Aide française au sous secteur de la distribution eau à grande échelle

au Cameroun et au Gabon (total en millions de USD)

109

Tableau 66 : Aide française affectée au développement agricole au Cameroun et

au Gabon (millions de dollars USD)

110

Tableau 67 : Aide française à la production agricole (céréales) au Cameroun et au

Gabon (millions de dollars USD)

110

Tableau 68 : Aide française à la recherche agricole au Cameroun et au Gabon

(millions de dollars USD)

110

LISTE DES ANNEXES

Graphique A : Répartition sous sectorielle de l'aide à la santé ..................................128

Tableau A : La définition statistique du CAD de « l'aide à la santé .................................129

TABLE DES MATIERES

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

LISTE DES ACRONYMES iv

LISTE DES GRAPHIQUES vi

LISTE DES TABLEAUX vii

LISTE DES ANNEXES ................................................................................................................x

TABLE DES MATIERES xii

INTRODUCTION GENERALE 1

1- POSITION DU PROBLEME 2

2. HYPOTHESES 4

3. CHAMPS D'OBSERVATION ET NIVEAUX D'EXPLICATION 4

4. QUESTIONS DE METHODE 5

5. INTERET DE LA RECHERCHE 6

a- L'intérêt heuristique 6

b- L'intérêt pratique 7

6. LIMITES DE LA RECHERCHE 7

CHAPITRE I : CONSIDERATIONS THEORIQUES ET CONCEPTUELLES 9

A- LES PRINCIPALES THEORIES SUR l'A.P.D 10

1) Le réalisme 10

2) Le néomarxisme 10

3) Le néolibéralisme 11

4) Le libéralisme 12

5) L'idéalisme 13

B- PORTEE ET LIMITES DES THEORIES DOMINANTES 14

C- DEBLAYAGE CONCEPTUEL 18

1) L'A.P.D 18

2) La notion du développement 22

CHAPITRE II : LE CONTEXTE AFRICAIN DE L'APD FRANCAISE 29

1) Cadre géo-politique et historique du Cameroun et du Gabon 30

a) Présentation géographique, démographique, socio-économique 30

b) Rappel des liens historiques avec la France 32

2) Analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française affectée aux pays en développement depuis 1990 : 35

a) L'aide française dans le secteur de la santé aux pays en développement : une aide en baisse relative et faible en pourcentage du volume total 35

b- L'aide française à l'éducation aux pays en développement : une aide considérable en volume et de pourcentage 38

c) L'aide française allouée dans le secteur de l'eau aux pays en développement : une aide fluctuante et faiblement représentée en pourcentage. 41

d) L'aide française en matière agricole aux pays en développement : une aide relativement récente et en baisse générale. 43

CHAPITRE III : L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'A.P.D FRANÇAISE ET SON INCIDENCE AU CAMEROUN DEPUIS 1990 46

1. L'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun depuis 1990 : une aide assez modique en volume. 47

a) L'A.P.D française dans le secteur de la santé au Cameroun : Une aide considérablement maigre et disparate. 47

b) L'aide française à l'éducation du Cameroun depuis 1990 : une aide faible en volume et en pourcentage. 53

c) L'aide française dans le secteur de la distribution de l'eau et assainissement au Cameroun depuis 1990 : entre modicité notoire du volume et une évolution disparate. 58

d) L'aide française à l'agriculture au Cameroun depuis 1990 : Une aide insignifiante et désarticulée. 60

2) L'incidence de l'aide française dans l'amélioration des conditions de vie au Cameroun dans les secteurs sus évoqués depuis 1990 : une incidence significativement minorée. 63

a) l'incidence de l'aide française dans l'amélioration de la situation sanitaire au Cameroun : une incidence médiocre. 64

b) L'incidence de l'aide française dans le relèvement du secteur éducatif au Cameroun : une incidence significativement négligeable. 68

c) L'incidence de l'aide française sur l'amélioration des conditions d'accès à l'eau potable au Cameroun depuis 1990 : une incidence insignifiante. 70

d) L'incidence de l'aide française dans le relèvement du secteur agricole au Cameroun depuis 1990 : une incidence quasiment inexistante 72

CHAPITRE IV : L'AIDE FRANÇAISE AU GABON ET SON IMPACT : UNE AIDE MODIQUE AVEC UN IMPACT INSIGNIFIANT 74

1) L'orientation sectorielle de l'aide française au Gabon depuis 1990 : Une aide marquée par un volume considérablement maigre. 75

a) L'aide française dans le secteur de la santé au Gabon depuis 1990 : Une aide marquée par son extrême modicité en volume et en pourcentage. 75

b) L'aide française à l'éducation au Gabon depuis 1990 : Une aide en légère hausse qui demeure toujours faible. 80

c) L'aide française à l'agriculture au Gabon depuis 1990 : Une aide extrêmement pauvre en volume et quasiment insignifiante. 83

d) L'aide française dans le secteur de l'eau au Gabon depuis 1990 : Une aide significativement modique et éparse. 86

2) L'incidence de l'aide française dans l'amélioration des conditions de vie du Gabon aux secteurs sus étudiés. 88

a) L'incidence de l'aide française sur l'amélioration de la situation sanitaire au Gabon depuis 1990 : un impact notoirement médiocre. 88

b) L'incidence de l'aide française dans l'amélioration du secteur éducatif au Gabon : Une incidence négligeable. 92

c) L'incidence de l'aide française dans l'amélioration du secteur agricole : Une incidence insignifiante. 94

d) L'impact de l'aide française sur l'amélioration des conditions d'accès à une eau potable au Gabon : Un impact significativement minoré 96

CHAPITRE V : ANALYSE COMPARATIVE DE L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'AIDE FRANCAISE AU CAMEROUN ET AU GABON DEPUIS 1990 98

1) L'aide française au Cameroun et au Gabon dans le secteur de santé : entre faiblesse du volume et de pourcentage. 99

2- L'aide française à l'éducation au Cameroun et au Gabon : une aide modique qui connaît une hausse progressive 103

3- L'aide française dans le secteur de l'eau au Cameroun et au Gabon depuis 1990 : Une aide extrêmement faible et disparate. 107

4) L'aide française à l'agriculture au Cameroun et au Gabon : Une aide insignifiante en volume 109

5) Les motivations de l'aide française ou le règne de l'ambiguïté 112

a) Les motivations "manifestes" de l'aide française 112

b) Les motivations "latentes" de l'aide française au Cameroun et au Gabon 115

CONCLUSION GENERALE 119

REFERENCES 122

ANNEXES 127

INTRODUCTION GENERALE

1- POSITION DU PROBLEME

L'aide au développement est certainement selon Marchant (1991), l'acte politico-économique qui a suscité plus d'espoir au cours du siècle dernier, pour les pays sous développés. Elle est certainement aussi celle qui a, semble-t-il, fait couler beaucoup de salive et d'encre.

Sur un plan historique, l'idée est plus ou moins récente, elle date d'un peu plus de 50 ans. Elle a été lancée en effet et mise en oeuvre à l'initiative des Etats-Unis, dans le cadre de l'European Relief Program, beaucoup plus connu sur le terme de plan Marshall, qui fut un programme de relance économique des pays européens ruinés au sortir de la deuxième Guerre Mondiale. Environ 13,3 milliards de dollars US furent alloués pendant quatre ans à près de 16 pays européens, représentant près de 10% de leur P.I.B (sogge, 2003 :19).

Pour ce qui est de l'Afrique, l'initiative de l'aide au développement débute au lendemain des indépendances, dans le cadre de la coopération bilatérale entre les pays africains nouvellement indépendants et leurs anciennes puissances colonisatrices. C'est une aide qui émane du secteur public, dans le but principal de faciliter le développement économique et d'améliorer les conditions socio-économiques des pays bénéficiaires (Daidj, 1998 :16). Mais, c'est dans les années 1970 que l'initiative de l'aide au développement connaît une consécration universelle et normative.

En effet, les pays donateurs, conscients du large écart socio-économique qui existe entre eux, et les pays sous développés du tiers monde ; considérant que ces derniers ne peuvent impulser une véritable politique de développement que par leurs propres moyens, se sont engagés à leur verser un pourcentage précis de leur PNB. C'est à cet effet que, le 24 octobre 1970, l'Assemblée Générale des Nations Unies vote la Résolution 2626 qui, dans son alinéa 43, dispose : «Vu l'importance du rôle que seule peut jouer l'aide officielle au développement, une portion majeure des ressources financières aux pays en voie de développement devrait s'effectuer sous forme de transfert de ressources publiques. Chaque pays économiquement avancé, accroîtra progressivement son aide (...) et s'efforcera particulièrement d'atteindre au milieu de la décennie au plus tard, un montant minimum en valeur nette de 0,7 pour cent de son Produit national brut » (Smith, 2003 : 102).

Plus récemment, en 2000, la même Assemblée Générale a adopté une série d'objectifs internationaux, afin de réduire la pauvreté et les inégalités dans le monde de cette date à 2015 : ce sont les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), qui s'imposent dès lors comme une "feuille de route" pour les pays donateurs en vue de contribuer efficacement par le biais de l'aide au développement, à améliorer les conditions socio-économiques des pays pauvres. C'est donc dans ce même ordre d'idée, que des ONG françaises se sont mobilisées en 2002 au sein de la campagne « votons pour un monde plus juste !», en faveur d'une augmentation de la contribution de la France au financement du développement. Cette mobilisation a permis de recueillir plus de 200000 signatures en faveur d'une aide publique au développement (APD), et a contribué à mettre cette question dans l'agenda de la campagne des élections présidentielles françaises en 2002. Cette mobilisation massive de ces différentes organisations rejoint ainsi une prise de conscience plus large au sein de la classe politique française, de la nécessité de renforcer la solidarité internationale. Prise de conscience, qui, depuis les années 1990, semble s'afficher très clairement dans le discours sur la politique française de son aide publique en faveur des pays en développement, qui sont dans une situation de besoin prégnant qui semble perdurer et devenir endémique.

Le sous continent africain semble être à ce titre au centre de la politique d'allocation de l'aide française. En 2004 par exemple, elle occupait 53,2% des 66% de l'APD française allouée en Afrique. En 2003, c'est pratiquement 57% de 69% de l'aide française allouée en Afrique, qui a été octroyée en Afrique subsaharienne. En 2002, la France a consacré environ 72% de son aide bilatérale en faveur de l'Afrique, dont 60% par l'Afrique Subsaharienne.

Toutefois, ces données globales, quoique séduisantes, doivent être prises avec beaucoup de prudence. Car, en matière d'APD, la qualité est aussi importante que la quantité. Ce qui nous amène à nous interroger sur l'allocation sectorielle de l'APD française en Afrique subsaharienne à partir de deux cas précis : Le Cameroun et le Gabon. Pourquoi le Cameroun et le Gabon ? Ce choix s'expliquerait par le fait que malgré les disparités géographiques et démographiques qui existent entre eux, ce sont deux pays ont néanmoins des rapports assez étroits avec la France, au regard de l'héritage historique commun qu'ils partagent avec cette dernière. Ces deux pays, dans une sous région en proie à une turbulence permanente, connaissent quant même une stabilité certaine depuis leurs indépendances respectives, et s'imposent comme les piliers économiques de leur sous région.

Car, l'APD française, si elle veut être plus efficace et non pas considérée comme « un maudit don du ciel », selon le terme consacré de Smith (2003) par les pays bénéficiaires, doit être orientée vers des secteurs prioritaires de ces derniers, et être plus concentrée en terme de volume, afin d'améliorer de manière rapide et croissante les conditions de vie des populations désireuses, qui vivent dans ces pays. Ceci aurait aussi pour effet rétroactif, pour le pays donateur, de bénéficier d'une aura internationale plus considérable aussi bien à l'égard de ses pairs que des pays bénéficiaires. Cela étant dit, comme principe de base, il est question de nous interroger sur l'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun et au Gabon dès 1990 à 2005; notamment dans les secteurs de la Santé, l'éducation, l'accès à l'eau potable et l'agriculture. Ceci, à travers un ensemble de questionnements : 1- comment peut-on caractériser l'orientation sectorielle de l'aide française affectée au Cameroun et au Gabon dans les différents domaines suscités depuis 1990 ?

2- Quelle incidence cette aide a pu avoir dans l'amélioration des conditions de vie de ces deux pays?

2. HYPOTHESES

En guise de réponses anticipées et provisoires aux interrogations posées plus haut, nous pouvons dire en premier lieu, que l'orientation sectorielle de l'aide française affectée à ces deux pays pour ces quatre secteurs, se caractérise depuis 1990 par une maigreur notoire des fonds qui y sont alloués, en dépit de quelques infimes disparités, qui peuvent exister entre l'aide française affectée au Cameroun et celle accordée au Gabon dans ces dits secteurs.

En second lieu, c'est une aide, vu la modicité des fonds qui y sont affectés, qui a eu un effet positif assez minoré sur l'amélioration des conditions de vie de ces deux pays aux seins de ces dits domaines.

3. CHAMPS D'OBSERVATION ET NIVEAUX D'EXPLICATION

Dans le cadre de ce travail, il est indispensable de préciser à quel niveau s'effectuera notre démonstration. Tout d'abord, il s'agit de circonscrire notre champ d'observation en matière d'aide. De manière générale, la notion d'aide au développement renvoie principalement à trois composantes : l'aide bilatérale (d'Etat à Etat) ; l'aide multilatérale (octroyée principalement par les Institutions Financières Internationales (I.F.I) et d'autres organismes internationaux) ; l'aide privée (octroyée principalement par les Organisations Non Gouvernementales).

La première composante de l'aide retiendra ici notre attention, car elle constitue encore jusqu'à l'heure actuelle, la plus grande partie en termes de pourcentage du volume global de l'aide internationale, fournie par la France à ces deux pays. Il s'agira donc d'observer uniquement l'APD bilatérale de la France accordée au Cameroun et au Gabon, au sein de certains nombres de secteurs.

S'agissant des niveaux d'explication, notre choix a été porté sur quatre secteurs : La santé, l'éducation, la distribution en eau et l'agriculture. Il est question dans le cadre de ce travail, d'observer l'évolution de l'aide bilatérale française affectée à ces quatre secteurs, au Cameroun et au Gabon pendant une période bien déterminée. Ce choix s'expliquerait par le fait que, ces secteurs constituent à notre avis des champs clés, névralgiques pour lesquels, une amélioration substantielle des conditions de vie des populations camerounaise et gabonaise dans ces derniers s'impose, comme garant du bien- être leur assurant par la même occasion un meilleur épanouissement. En plus, ces secteurs figurent parmi les premières priorités d'affectation sectorielle présentes dans le discours de la France, portant sur sa politique d'allocation de l'aide au développement.

4. QUESTIONS DE METHODE

Pour aboutir à la vérification de nos hypothèses, nous aurons recours à la démarche historique et à la démarche comparative.

La première, consiste en s'appuyant sur un temps, peut-être artificiellement reconstruit, à assurer cependant une continuité, une trame aux phénomènes (Gratwitz, 2001 : 422). Elle procède ainsi, au regard de ce qui précède, à une analyse diachronique des faits et des évènements.

La seconde quand à elle, selon Gazibo (2006), consiste à rendre compte des similarités et de différences observées entre les phénomènes, et dont l'objectif général d'après Przeworski (1987) est de comprendre le phénomène observé.

Toutefois, pour mener à bien son travail, l'impératif de parcimonie tel que préconisé par Blondel (1994) est indispensable au comparatiste. Ce dernier doit, selon lui, se concentrer sur un petit nombre de variables-clé, et qu'il doit chercher constamment à découvrir des charnières, qui lui permettent d'ouvrir et de fermer un certain nombre de grandes portes (Blondel, 1994 : 12). La démarche comparative a donc pour ambition, de trouver des régularités et des exceptions en confrontant plusieurs cas entre eux.

Dans le cadre du présent travail, l'opérationnalisation de ces deux démarches intellectuelles consistera à une sélection des variables - clés, qui ne sont autres que les quatre secteurs d'affectation de l'aide française au Cameroun et au Gabon. Puis procéder, par le biais d'une revue temporelle de l'aide française affectée à ces derniers, à une étude comparative entre l'aide française octroyée au Cameroun et au Gabon dès 1990. Afin de pouvoir dégager des lois générales, qui dans le cadre de ce travail sont le constat de la modicité significative des fonds alloués par la France à ces secteurs, pendant près de dix sept ans ; et de l'incidence minorée, que celle-ci a pu avoir sur l'amélioration des conditions de vie de ces deux pays dans ces domaines sus étudiés. Aussi des disparités éventuelles, qui pourraient exister entre l'aide française allouée à ces différents secteurs au Cameroun et au Gabon.

Instruments de la recherche

Comme instrument de recherche, nous aurons recours à une analyse documentaire de type historique qui nous permettra, à partir d'une revue des séries statistiques fournies par des organismes institutionnels, officiellement reconnus comme fiables (CAD, OCDE, PNUD, FAO, UNESCO,...) de collecter des données chiffrées, s'agissant de l'APD française allouée dans les quatre secteurs sus- évoqués au Cameroun et au Gabon de 1990 à 2005. Afin d'établir des tendances sur la politique d'allocation sectorielle de la France à ces deux pays pendant près de seize ans.

5. INTERET DE LA RECHERCHE

Le présent effort intellectuel en gestation présente à nos yeux un double intérêt : un intérêt heuristique (a) et un intérêt pratique (b).

a- L'intérêt heuristique

Ce travail revêt un intérêt scientifique certain, beaucoup plus au niveau de son contenu et de sa perspective. En effet, contrairement à la majorité des travaux qui, dans leur analyse sur l'aide internationale, ont une vision globale, celle-ci se veut plus détaillée et concise en cette matière. Mais beaucoup plus, la caractérisation de l'orientation sectorielle de l'aide française au Cameroun et au Gabon depuis 1990, vient encore une fois de plus légitimer la posture analytique chère à la Science Politique à savoir, la sacralisation des faits, en disant ce qui est ; dévoilant par la même occasion la réalité concrète qui n'est pas toujours conforme à ce qui devrait être.

L'incidence minorée de celle-ci, dans le relèvement des conditions de vie des pays concernés vient ainsi conforter la thèse de Gomanee et al. (2003) dans la littérature de l'Economie Politique du Développement. Ceux-ci ont en effet, mis en évidence au cours de leurs travaux, l'influence positive de l'aide sur les indicateurs synthétiques de développement humain, qui passe par un financement considérable dans les secteurs prioritaires des pays récipiendaires de l'aide.

b- L'intérêt pratique

La présente recherche présente aussi à nos yeux un intérêt pratique certain. En effet, elle a pour ambition d'être accessible aussi à l'homo-academicus qu'au néophyte.

Nous pensons en effet que, la question de l'aide au développement doit être mieux connue par les populations locales, cibles premières et par excellence de cette aide, aussi bien dans ses enjeux que dans ses différents mécanismes ; ceci afin de mieux comprendre pourquoi la réalité ne correspond pas toujours au discours haut, exaltant sur la raison d'être de l'aide et de ses bienfaits. Mais aussi, attirer l'attention des bénéficiaires et du donateur de la nécessité de repenser la politique de l'orientation sectorielle de l'aide.

Ce présent travail veut donc être un outil didactique au service de la société.

6. LIMITES DE LA RECHERCHE

Afin d'éviter toute équivoque, et tempérer l'ambition de la présente recherche, une limitation des bornes s'avère indispensable. Ces limites sont de deux ordres :

- D'abord au niveau du temps : la borne de départ a été placée en 1990 et ce choix n'est pas le fruit du hasard. En effet, les années 1990 constituent à notre avis une période de changement profond. Si hier, l'aide au développement était chargée fondamentalement de gérer la fin des résolutions coloniales entre la France et ses anciennes possessions, (dont le Cameroun et le Gabon) et de contenir l'influence soviétique, à partir des années 1990, l'aide française au développement (tout comme l'aide internationale en général) est sollicitée au nom des nouveaux impératifs : régulation des relations Nord-Sud, solidarité internationale, financement des biens publics mondiaux... c'est une période où la question de la réduction de la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie des populations des pays du Sud, s'affichent de façon plus prégnante dans le discours sur la politique française d'aide au développement.

La seconde limite à ce travail se situe au niveau de la composante de l'aide française. Nous avons déjà dit plus haut que l'aide bilatérale retiendra notre attention ici. Toutefois précisons que nous ne traiterons uniquement de l'aide bilatérale directe octroyée par la France au Gabon et au Cameroun. Ce qui exclut évidement cette portion de l'aide bilatérale française qui transite par les I.F.I.

Ainsi, Ce présent travail, au-delà de ce qui précède, va s'articuler autour de cinq mouvements qui en constituent son ossature. En premier lieu, il est question de poser un regard synoptique sur les cadres théoriques dominants de l'aide internationale, et de procéder à une clarification conceptuelle de certains termes. En deuxième lieu, il s'agit de présenter le contexte africain de l'aide française. Le troisième mouvement consiste à une analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française au Cameroun dès 1990 à 2005. Le quatrième mouvement quant à lui, tourne autour de l'analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française au Gabon et en dernier lieu, il est question de procéder à une étude comparée de l'orientation sectorielle de l'aide française affectée au Cameroun et au Gabon depuis 1990.

CHAPITRE I :

CONSIDERATIONS THEORIQUES ET CONCEPTUELLES

L'objet de ce chapitre premier consiste, dans un premier temps, à poser un regard synoptique sur les paradigmes fondateurs de l'aide internationale (A), puis dans un deuxième temps à évaluer leurs portées et leurs limites (B), enfin de procéder à une clarification conceptuelle de certaines notions (C).

A- LES PRINCIPALES THEORIES SUR l'A.P.D

La plupart des travaux traitant de l'A.P.D ont généralement recours dans leurs analyses, tacitement ou non, à l'un des cinq cadres théoriques standards de l'économie politique internationale (Kebadjian 1997) : Réalisme (1), Neomarxisme (2) Néolibéralisme (3), libéralisme (4), Idéalisme (5). Les dernières années ont vu se modifier la pondération relative de ces différentes perspectives, mais, ce qui est remarquable est qu'aucune de ces approches n'a perdu de sa pertinence. Plus encore, elles convergent toutes, malgré leurs divergences théoriques, à une même et unique conclusion : l'urgence de repenser le cadre général de la coopération Nord-Sud et, par voie de conséquence, l'aide au développement.

1) Le réalisme

Pour le paradigme réaliste des relations internationales, chaque Etat maximise sa puissance. Chacun poursuit des objectifs stratégiques de nature politique, sécuritaire, économique. L'A.P.D n'est jamais qu'une arme de plus à disposition pour réaliser et préserver son intérêt national. Dans ce cadre, l'A.P.D n'obéit point à des considérations d'ordre éthiques ou altruistes, mais plutôt égoïste de la part des donateurs. C'est ce qui ressort par exemple des travaux de Mc Kinlay et Little (1977, 1978a ,1978b) et Alesina et Dollar (1998, 2000) qui, respectivement dans leurs travaux, montrent que l'A.P.D s'impose comme un outil de politique étrangère au service des intérêts des pays donateurs (France, Grande Bretagne, et USA dans ce cas précis), et que l'allocation de l'A.P.D obéit prioritairement à de motivations politico-stratégiques des Etats donateurs, en quête de maximisation de leur influence sur la conduite des affaires des récipiendaires de l'aide.

2) Le néomarxisme

Le paradigme néomarxiste, lui structure la scène internationale autour de la lutte entre « Etat prolétaires » et « Etat capitalistes », étant entendu que, ces derniers luttent aussi entre eux : l'A.P.D dans ce cadre théorique n'est que l'avatar post mortem du colonialisme. L'A.P.D, ici, n'est pas destinée à réaliser le développement, en répondant aux besoins des récipiendaires, mais plutôt à les maintenir dans un état d'éternel assisté, en créant ainsi une dépendance qui est aussi bien structurelle que mentale à l'égard du donateur. C'est dans ce cadre qu'on peut regrouper par exemple les travaux de Sogge (2003) ; Goulet et Hudson (1970), Mende Tibor (1975) et Hayter (1971).

Le premier soutient dans ses travaux que, l'aide provoque plus de dommages qu'elle n'en dispense de secours, et profite plus aux donateurs qu'aux destinataires. Les seconds quant à eux, à travers un titre déjà révélateur, montrent que l'aide n'est qu'une fiction, car elle n'est pas octroyée en vue de satisfaire les besoins des destinataires qui sont énormes. Mais, elle est octroyée dans le but d'entretenir les classes dirigeantes loyales et inféodées au donateur. Le troisième quant à lui, montre que l'aide internationale est une forme de recolonisation par d'autres moyens de la part des pays donateurs. Elle est donnée en vue d'entretenir une dépendance et une soumission des récipiendaires de l'aide à l'égard du donateur. C'est similairement la même thèse soutenue par le dernier, mais qui s'oriente dans une perspective plus globale. En effet il montre que la plupart des pays donateurs sont des Etats capitalistes, et l'aide internationale n'est qu'une modalité de mise en oeuvre de l'impérialisme occidental capitaliste à l'égard du Sud.

3) Le néolibéralisme

Pour le paradigme néolibéraliste, chaque Etat maximise son bien-être économique absolu, non pas sa puissance relative ; personne ne cherche à dominer : l'A.P.D est perçue dans ce cadre théorique comme un investissement en vue d'un gain d'utilité ; elle trouve sa justification théorique, notamment dans la correction des imperfections des marchés mondiaux, mais surtout avec la formalisation et la diffusion de la théorie des biens publics mondiaux. C'est dans ce cadre théorique qu'on peut regrouper les travaux de Jaquet et Severino (2002) ; Reisen et Al (2004) ; Jaquet et Marniesse (2005).

Les premiers à travers une analyse stimulante, montrent comment l'A.P.D s'impose comme une politique publique au coeur du développement durable et de la gouvernance de la mondialisation. En effet, ils montrent qu'à travers une affectation de l'A.P.D dans les secteurs sociaux, sensibles, au sein des économies fragiles, elle participe à une meilleure insertion de ces dites économies dans la gouvernance de la mondialisation. Les seconds quant à eux, montrent comment l'A.P.D participe au financement des Biens Publics Mondiaux (BPM) et des biens publics régionaux. A travers leurs études, il apparaît que 15% de l'aide finance les biens publics mondiaux, et 15 autres sont utilisés pour produire de biens publics régionaux. C'est autour de cette problématique de financement des B.P.M, que s'articulent aussi les travaux des derniers. En effet, face à la préoccupation sur l'éventuel détournement de l'A.P.D au profit des B.P.M, bénéficiant davantage aux pays développés qu'aux pays pauvres, certaines voix au sein de Nations Unies militent pour la création d'une nouvelle ligne budgétaire mondiale, distincte de l'A.P.D, spécifiquement consacrée à la gestion de ces biens. Pourtant, développement et B.P.M semblent être deux problématiques inséparables. Elles sont liées d'abord par leurs relations communes aux imperfections de marché, ensuite par la réalité technique de leur mise en oeuvre. A cet effet, le renforcement de la contribution des Pays En Développement (PED) à la production des B.P.M passe, le plus souvent, par des actions locales d'aide. B.P.M et enjeux locaux de développement se superposent constamment (gestion de la biodiversité, lutte contre les pandémies..), pour la plupart des B.P.M, une production accrue passe par un surcroît de développement, et donc soutiennent-ils une intervention légitime de l'A.P.D.

4) Le libéralisme

Pour le paradigme libéral, l'A.P.D est déterminée par un processus politique au cours duquel, des groupes entrent en concurrence pour imposer leur intérêt privé : l'aide apparaît alors comme la résultante de l'action de certains lobbies privés (agriculteurs industriels, constructeurs), en quête de marchés ou de rentes. C'est dans ce cadre théorique qu'on peut regrouper les travaux de Jepma (1991) et de Raffer et Singer (1994).

Le premier, à travers une analyse économétrique, montre comment l'aide perd au moins 20% de sa valeur si elle liée ; mais aussi l'interférence des grandes firmes nationales des pays donateurs qui, en quête de marché, influencent considérablement les modalités d'allocation d'aide des donateurs aux bénéficiaires. C'est ainsi que, l'octroi de l'aide sera conditionné par l'achat des biens et services produits par ces grands groupes industriels privés. Toujours dans la même perspective, les seconds montrent tout l'affairisme qui entoure l'aide internationale. En effet, ils montrent comment les grands lobbies privés internationaux (industriels, agricoles), les sous-traitants privés, les différentes agences d'aide se trouvent en confrontation dans la politique mondiale de l'aide, afin de tirer ou de maximiser leur profit. Ils montrent par exemple l'influence qu'ont les grands groupes privés d'agriculteurs américains dans la politique d'aide des Etats- Unis aux récipiendaires africains dans le secteur agricole.

5) L'idéalisme

Ce paradigme renverse presque totalement les quatre perspectives précédentes : il met l'accent sur les intérêts des pays bénéficiaires, non plus sur ceux des donateurs. L'A.P.D apparaît ici comme l'expression d'une volonté de répondre aux difficultés des PED. L'approche est dite « idéaliste » non parce qu'elle serait nécessairement naïve ou irréaliste, mais parce qu'elle renvoie à un idéal moral : celui d'une aide désintéressée. C'est dans ce cadre théorique qu'on peut classer les travaux de Naudet (2000 ; 2005) et François Didier (1984) ainsi que les différents rapports d'activités sur l'aide produite par certaines agences spécialisées de l'aide (A.F.D, USAID...). Naudet, dans son premier travail (2000), va partir d'une question principale à savoir, si l'aide extérieure est un instrument de justice pour montrer les évolutions des fondements éthiques qui sous tendent l'aide internationale. En effet, pour ce dernier, l'aide extérieure répond à un impératif moral celui de pallier aux multiples souffrances et à la misère ambiantes qui prévaut dans les pays sous développés, car n'ayant pas assez de moyens de résorber leurs maux. L'aide internationale, pour ce dernier, s'impose donc comme une sorte de redistribution équitable des revenus et bénéfices engrangés par les pays riches aux pays pauvres. L'acte des donateurs peut donc être comparé à celui d'un « Robin Des Bois » à l'échelle mondiale.

Dans le second travail (2005), l'auteur est toujours guidé par les préoccupations d'ordre éthique de l'aide internationale, s'intéresse à ce qu'il appelle « l'aide de la cinquième génération » à savoir les Objectif du Millénaire pour le Développement (O.M.D) En effet, l'objet de ce travail est « d'analyser l'évolution de la pensée sur le développement à partir des fondements éthiques qui sous tendent l'aide internationale ». De ce fait, le financement par les Etats donateurs en vue d'atteindre les O.M.D, participerait à un certain retour vers un souci de justice procédurale dans le cadre de la mondialisation, ainsi qu'à une aide plus redistributive, plus automatique et davantage basée sur un diagnostic situationnel (Naudet 2005 : 23).

François Didier (1984) soutient dans ses travaux, à partir d'un regard synoptique de l'aide octroyée au tiers monde, que celle-ci participe à un effort de solidarité entre pays riches, donateur et pays pauvres récipiendaires de cette aide. L'aide allouée répond prioritairement, selon ce dernier, aux besoins développementaux des récipiendaires, et est allouée pour satisfaire à ces besoins. L'on ne saurait rester impassible devant la misère ambiante qui prévaut dans le tiers monde, c'est pourquoi il est du devoir des pays riches de soutenir les efforts de développement des pays pauvres, marquant ainsi leur compassion à l'égard des ces pays, mais aussi leur volonté de leur faire sortir de l'ornière de la pauvreté.

B- PORTEE ET LIMITES DES THEORIES DOMINANTES

Ce paysage intellectuel très dense ne s'est pas simplifié ces dernières années. Toutefois chacune de ces clés de lecture a gardé une certaine pertinence en dépit de certaines critiques qui peuvent être portés à chacune.

Tout d'abord commençons par les mérites de chacune d'elles.

Les considérations réalistes d'influence s'affichent plus libres encore qu'au cours de la décennie précédente. La France lie ainsi explicitement aide au développement et influence nationale. Les Américains allouent de manière manifeste des volumes majeurs de leur aide aux pays signataires des accords de Camp David, mais aussi par le passé à des pays comme l'ancien Zaïre ou la Somalie.

En effet, comme le note Van de Walle et johnsthon (1999), à l'époque de la Guerre Froide, de nombreux décideurs Américains considéraient l'aide au développement comme un outil essentiel de politique étrangère pour lutter contre le Communisme international. Les principaux alliés américains en Afrique à l'instar du Zaïre ou la Somalie ont reçu une part disproportionnée de l'aide américaine. Aussi depuis la signature des Accords de Camp David, l'aide américaine octroyée à l'Egypte a été maintenue à un niveau élevé pour des considérations politiques (Van de Walle et Johnsthon, 1999 :101).

La grille néomarxiste, elle, reste confortée par le fait que, les ex-puissances coloniales continuent de consacrer la plus grande partie de leur aide bilatérale à leurs anciennes colonies. La France par exemple continue-t-il à axer ses programmes d'aide au développement sur ses anciennes possessions coloniales en Afrique où elle conserve tout un ensemble d`intérêts (commerciaux, militaires, politiques ...). Pour y parvenir elle doit entretenir une classe dirigeante locale inféodée à sa cause qui lui servent de tête de pont. L'aide ici est octroyée en terme de gratification récompensant la loyauté de cette dernière envers l'ancienne métropole. C'est qui expliquerait le dévoiement de l'aide qui ne profite pas aux populations locales nécessiteuses, destinataire premier de l'aide, leur laissant dans une situation précaire sans cesse croissante.

Le raisonnement néolibéral, quand à lui, à pris une importance considérable avec la formalisation et la diffusion de la théorie des biens publics mondiaux. Apparue en effet dans les débats internationaux à la fin des années 1990, la notion de bien public mondial en constitue un thème important. Cette notion au sens de Marniesse (2005), renvoie à des préoccupations d'intérêts communs pour l'humanité dans un contexte marqué par des interdépendances croissantes entre pays, souvent dangereuses pour l'avenir de la planète parce que ni les marchés, ni les politiques nationales ne sont en mesure de les gérer correctement.

Dans sa relation avec l'APD, il est à noter que si dernière s'inscrit dans une relation Nord/Sud clairement empreinte des considérations globales, elle a par souci de « durabilité », besoin d'être accompagnée d'une production de BPM. Elle peut ainsi venir en appui de la production de ceux-ci, en finançant des actions de développement intégrées à la chaîne de production de BPM comme le financement de dispensaires dans la lutte contre le SIDA, ou le soutien à l'activité économique d'acteurs touchés par des programmes de lutte contre le réchauffement climatique.

Le paradigme libéral, lui, peut toujours observer que l'aide "liée" n'a toujours pas disparu ou encore que la conception de l'aide alimentaire (américaine notamment) n'est pas étrangère aux intérêts du secteur agricole des pays donateurs. Certains donateurs refusent en effet d'accorder une aide aux secteurs dans lesquels leurs intérêts commerciaux sont en concurrence avec ceux du bénéficiaire. Aux Etats-Unis par exemple, l'Amendement Zorinsky, qui interdit toute aide américaine susceptible d'augmenter les capacités des PED à entrer en concurrence avec certains produits agricoles américains sur les marchés internationaux, a conduit ce pays à refuser toute aide au sous secteur d'exportation des produits agricoles, même dans les pays où les exportations des produits agricoles représentent une proportion importante de leur PIB et de leur commerce (Van de Walle et Johnston, 1999 :99)

Quant à la lecture idéaliste de l'aide, elle paraît soutenue par ces questions humanitaires (traversant aussi bien la société civile que les institutions d'aide publique) comme par l'intérêt que portent nombre d'acteurs du développement pour les zones dépourvues de valeurs stratégiques ou commerciales.

Bref, chacune de ces cinq clefs de lecture de l'aide parvient à forger sa légitimité dans le feu de l'actualité mais aussi dans le cadre cognitif. Toutefois malgré le mérite de ces chefs de lecture, il n'en demeure pas moins qu'elles puissent faire l'objet d'une critique.

La grille réaliste, malgré sa pertinence, n'échappe pas à une critique. En effet, sa vision trop étatiste de l'aide ne prenant exclusivement en compte l'aide bilatérale, se trouve diluée de nos jours. En effet, on assiste à une augmentation considérable de l'aide multilatérale grâce à la profusion des I.F.I et même aussi l'entrée des O.N.G dans le politique mondiale de l'aide. La conséquence en est que l'aide bilatérale se trouve concurrencée sérieusement par les aides multilatérales et les contributions des organismes privés. Aussi, en faisant la part belle exclusivement aux fondements politiques et stratégiques dans la politique d'allocation de l'aide, la grille réaliste semble oblitérer les autres piliers qui peuvent sous tendre l'aide internationale à savoir les fondements éthiques, humanitaires et morales, même s'ils sont plus prégnants dans les discours que dans la pratique. Si cela ne faisait aucun doute durant la Guerre Froide, la fin de celle-ci a aussi entraîné une mutation notable des principes directeurs qui sous tendent l'aide internationale, d'autres préoccupations font surface (crise de la gouvernance de la mondialisation, problématique des B.P.M, dette,...) ce qui a provoqué sans doute une refonte des motivations de l'aide internationale qui doivent désormais aller au delà des simples motivations politico-stratégiques de l'aide. Cette refonte est valable aussi bien du côté des donateurs que des récipiendaires.

La grille néomarxiste de l'aide, quant à elle se trouve aujourd'hui en difficulté. Car, s'il faut avouer que les politiques d'aide des ex-puissances coloniales vont prioritairement vers leurs anciennes colonies. Il n'en demeure pas moins qui à partir d'un certain moment (notamment après les années 1990), une révisions de la politique de coopération des Etats donateurs, ex-puissances coloniales, s'est avérée nécessaire, tout au moins dans le discours. C'est ainsi par exemple, qu'on assiste à une mutation de la politique de coopération française en subsaharienne. Notamment dès les années 1997, l'un des éléments majeurs de cette refonte est l'élargissement de la zone géographique d'allocation de l'aide française. On assiste en effet, à l'abrogation du concept de "zone de champ" constitué exclusivement par ses anciennes colonies et territoires assimilés à la création de la Z.S.P (la Zone de Solidarité Prioritaire) qui est un espace géographique regroupant aussi bien les anciennes colonies françaises en Afrique, que d'autres Etats non africains et non francophones, balayant les grandes régions sensibles confrontées aux problèmes de développement (proche orient, Afrique, Asie du Sud-est, Caraïbe). Ceci témoigne d'une certaine volonté de la France de revoir sa politique d'aide qui ne doit plus bénéficier exclusivement à ses anciennes colonies, au regard de liens historiques qui les lient. Mais elle se doit d'être désormais rationnelle et conditionnée par les progrès politiques (Démocratie) et économique des pays récipiendaires (la bonne gouvernance). La grille néomarxiste de l'aide semble faire la part belle à l'octroi de celle-ci à l'aune des intentions des donateurs, sans trop tenir compte des usages que cette dernière fait l'objet au sein des récipiendaires. Elle a une vision instrumentale de l'aide vu des donateurs d'où son rapprochement à la « thèse du complot » sans s'interroger sur les politiques de gestion interne de l'aide reçue, qui aussi doit être prise en considération.

Quant au paradigme néolibéral de l'aide, en insistant sur la diffusion de la théorie des B.P.M, sur lesquels l'aide doit être affectée prioritairement, il semble oublier qu'un consensus mondial n'a pas encore été trouvé sur la définition même à donner au concept de B.P.M . En effet, la communauté internationale, après avoir opté pour une dénomination compliquée et peu explicite, est lente à en donner une définition consensuelle, et à la traduire en politique publique. En plus cette notion semble suspecte, car certains de ses détracteurs n'y voient qu'une nouvelle invention de la mondialisation libérale drapée de fausses bonnes intentions alors que d'autres dans un registre différent, redoutent une entreprise de détournement de l'aide au profit d'enjeux prioritaires pour les pays développés (Marniesse, 2005 :3).

Le paradigme libéral de l'aide, lui, semble faire la part belle à une privatisation croissante des politiques nationales d'allocation d'aide pour les pays donateurs. L'aide internationale ici semble donc obéir à une rationalité des intérêts privés. Or cela n'est que d'apparence, car si on peut reconnaître la prolifération et la capacité d'influence certaine des grands lobbies privés dans la politique d'allocation d'aide, il n'en demeure pas moins que les gouvernements donateurs de l'aide restent souverains et acteurs majeurs dans l'orientation de leur politique nationale d'allocation de l'aide.

Le paradigme idéaliste, enfin, prête aussi le flanc à de sérieuses critiques. Parler d'une aide désintéressée, répondant prioritairement à des impératifs humanitaires et compassionnels serait à notre avis une pure vision de l'esprit, une terrible gageure. Les considérations néoréaliste et néomarxiste de l'aide semblent montrer le contraire, même si on peut reconnaître l'influence certain de certains principes moraux qui peuvent sous tendre l'allocation de l'aide, il n'en demeure pas moins que ces considérations éthiques et compassionnelles de l'aide restent minorées et ne sont que de façade dans la plupart des cas.

Le présent travail s'inscrira donc autour de deux paradigmes de l'aide. Le libéralisme et néomarxisme : dans le cadre du premier, il sera question de considérer que l'aide française allouée au Cameroun et au Gabon dans ces secteurs est significativement influencée par les intérêts financiers en terme de part de marchés que peuvent avoir certains grands groupes industriels français exerçant dans certains de ces secteurs sus étudiés (notamment dans les secteurs sanitaire et agricole)

Le paradigme néomarxiste quant à lui, sera mobilisé pour montrer que "le fait colonial", quoiqu'il s'est quelque peu dilué ces derniers temps, reste néanmoins au coeur de la politique d'aide française au Cameroun et au Gabon. Mais l'idée de fond sera de considérer ici la volonté certaine de la France, vu la modicité significative des fonds qu'elle affecte à ces deux pays dans les secteurs sus évoqués où pourtant les besoins restent énormes,de les maintenir dans une situation d'assistanat permanente,maintenant ainsi le lien dépendance de ces derniers vis-à-vis d'elle. Ceci est d'autant plus pertinent que cette aide est encore constituée majoritairement de dons...

Au-delà de ce qui précède, il apparaît qu'au sein de ce foisonnement théorique sur l'APD, si ce champ théorique se tient au plan cognitif, dans la pratique, on bute sur une complexification de certains de paradigmes fondateurs de l'aide.

Après ce déblayage théorique, une clarification conceptuelle de certaines notions s'avère nécessaire pour pouvoir circonscrire les mécanismes de leur opérationnalité.

C- DEBLAYAGE CONCEPTUEL

L'objet de cette partie s'articule essentiellement sur une clarification conceptuelle de certaines notions clés, qui seront mobilisées de manière permanente tout au long de ce travail et qui, pour éviter une quelconque équivoque, doivent être préalablement définies. Il s'agit principalement des concepts d'APD (1) et de développement (2).

1) L'APD

Cette sous partie tourne autour de quatre idées principales : d'abord un essai de définition du concept APD (a), ensuite ses modalités et caractéristiques économiques (b), puis ses instruments (c), enfin la spécificité de l'aide française en faveur des pays en développement (d).

a) Définition

Avant de donner une définition formelle du terme APD., disons d'abord que de manière générale, les pays en développement bénéficient d'un ensemble de ressources financières qui peut être décomposé en deux grandes catégories : les financements publics au développement (F.P.D) et les apports privés (investissements, emprunts obligatoires, crédits à l'exportation etc....). Les F.P.D englobent ainsi l'APD, qu'elle soit bilatérale ou multilatérale et les autres apports publics qu'on estime contribuer au développement, mais qui ne répondent pas aux critères de définition de l'APD (Daidj 1998 :16).

S'agissant d'une définition formelle du concept, de manière générale, aux termes du Dictionnaire du développement, l'APD peut être défini comme « l'ensemble des efforts consentis par les Etats membres de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) afin de favoriser le développement dans les pays moins avancés (PMA) et dans les pays à revenu intermédiaire (PRI) conformément aux règles du Comité d'Aide au Développent (CAD) et OCDE. » De manière plus précise, ce que le CAD considère comme A.P.D a été formulé en 1969 : ce sont des prêts ou dons fournis par le secteur public dans le but de favoriser le développement économique et d'améliorer les conditions de vie, à des conditions financières douces (dont l'élément de libéralité est au moins égal à 25%) ; sont donc exclues, les aides militaires. Depuis les années 1980, on prend en compte dans les statistiques, les coûts administratifs, l'aide aux réfugiés dans les pays donateurs, ainsi que les missions humanitaires, même lorsqu'elles sont appuyées par les militaires (Gabas, 2002 :19).

Après cet essai de définition, il est question pour nous de nous attarder sur ses modalités et caractéristiques économiques.

b) Modalités de l'aide et caractéristiques économiques

b.1) Modalités

L' APD réunit principalement deux modalités : Elle peut être "liée" et "déliée". L'aide est "liée" lorsqu'elle permet de financer l'acquisition des biens et des services exclusivement auprès de fournisseurs appartenant au pays qui a apporté les fonds d'aide.

Elle est "déliée" lorsqu'elle peut être utilisée pour acheter les biens et services auprès de n'importe quel partenaire.

Le caractère lié ou délié de l'aide a toujours suscité de nombreux débats. L'aide liée est perçue comme peu généreuse et opportuniste de la part des donateurs qui trouvent là un moyen de défendre des intérêts économiques, commerciaux, politiques ou de sécurité.

b.2) Caractéristiques économiques :

L'APD regroupe principalement trois caractéristiques économiques : les dons, les prêts et la coopération technique.

* Les dons : ils regroupent l'ensemble des fonds (financier et matériel) octroyé par le donateur au bénéficiaire sans contre- partie dans le but pour ce dernier de faciliter son développement économique et améliorer ses conditions sociales. La part des dons a augmenté sensiblement depuis le début des années 1990 au détriment des prêts bilatéraux d'APD. Cette évolution semble s'expliquer par le niveau d'endettement particulièrement élevé de très nombreux pays en développement et leur incapacité financière à rembourser des emprunts (Daidj, 1998 :23)

* Les prêts : Ils constituent l'ensemble des engagements financiers pris ou avalisés par un Etat souverain ou sa banque centrale auprès d'un Etat créancier ou d'une I.F.I, remboursable à une échéance fixée soit d'un commun accord, soit de manière unilatérale par le créancier. Ils sont assortis de conditions avantageuses comportant une part de don qui constitue l'élément de libéralité. En 1978, le CAD a fixé un objectif à ses membres à savoir que l'élément de libéralité doit représenter 86% de leur APD totale.

* la Coopération technique : elle relève d'une assistance. Elle fournit habituellement des services indépendants en matière de formation, d'expertise, et ne nécessite pas d'autres apports ou d'autres types d'objectifs précis tels que ceux définis par des projets matériel, financier et humain, dans les domaines d'expertise du pays donateur en vue de soutenir le bénéficiaire dans sa politique de développement. La part de la coopération technique dans le total de l'APD a doublé depuis 1975, elle a atteint en 1998 près de 25% de l'aide bilatérale.

La coopération technique a été fortement encouragée car elle présente pour chacun des deux partenaires un avantage. En général, les bénéficiaires considèrent que cet apport est gratuit et les pays donateurs l'imposent comme préalable à toute aide financière.

Après cet éclairage sur les modalités et caractéristiques économique, analysons dès à présent ses instruments.

c) Instruments de l'aide

De manière générale, la plupart des bailleurs de fonds internationaux utilise trois instruments d'aide principaux : l'aide projet, l'aide programme, l'aide budgétaire globale.

c.1) L'aide projet : on parle d'aide projet, lorsque les financements sont généralement inscrits au budget de l'Etat bénéficiaire, mais le bailleur de fonds vérifie chaque étape du projet (mise en oeuvre des études, revue des marchés publics, suivi des travaux...) et liquide le plus souvent lui-même la dépense (paiement des fournisseurs).

c.2) Aide programme : encore appelée aide budgétaire affectée. Elle consiste en des financements directs à des politiques sectorielles des Etats bénéficiaires. L'octroi de ce type d'aide nécessite l'existence des politiques sectorielles crédibles dans les secteurs appuyés et d'un dispositif fiable de contrôle de la chaîne des dépenses dans le budget de l'Etat ou les fonds concernés.

c.3) Aide budgétaire globale : c'est une aide avec versement des fonds directement dans le compte du Trésor du pays bénéficiaire en appui à sa politique de développement. L'octroi de ce type d'aide nécessite l'existence de politiques sectorielles crédibles, d'une stratégie cohérente et agrée de réduction de la pauvreté.

La catégorisation faite ci-dessus n'a qu'une valeur didactique, car si elle peut tenir au plan théorique, dans la pratique, on peut être confronté à une confusion, voire à un abus du terme au niveau de l'aide. Il est même possible qu'on se retrouve avec des formes hybrides telles que l'aide alimentaire ou l'aide d'urgence qui sont des types de financements où l'on retrouve des caractéristiques à la fois de l'aide programme et de l'aide projet par exemple.

Il est question après cette présentation formelle de l'APD, de s'appesantir maintenant sur la spécificité de l'aide française.

d) Spécificité de l'aide publique française au développement : une aide majoritairement constituée de dons.

La spécificité de l'APD française tient en ce qu'elle est essentiellement octroyée sous forme de dons comme l'indique le tableau 1 ci après.

Tableau1: PART DES DONS DANS L'AIDE FRANÇAISE (VOLUME ET POURCENTAGE)

Source : OCDE. Stats. 2007.

En effet, au regard de ce dernier, il apparaît que la portion qu'occupent les dons dans l'aide française est assez considérable depuis 1990. Celle-ci oscille entre 60 et 85 %, atteignant même le pic des 90% de l'aide bilatérale en 2004 et 2005. La France par cet acte, voudrait marquer sa différence par rapport à des donateurs comme le Japon qui octroient une aide essentiellement constituée de prêts, mais aussi afficher une volonté certaine de contribuer significativement à la solidarité internationale. D'où la place capitale qu'occupent les dons dans son aide accordée aux pays en développement depuis 1990.

Après cette clarification conceptuelle sur l'APD, il est question désormais de procéder à une clarification sur le concept du développement.

2) La notion du développement

La réflexion de cette sous partie s'articulera autour de trois points principaux à savoir, une ébauche de définition de la notion (a), ses dimensions (b) et ses facteurs (c).

a) Une ébauche de définition

Le thème du développement reste très actuel de nos jours. Dans la genèse, l'invitation de l'homme à gagner son pain à la sueur de son front posait déjà le problème du développement économique (Kuate, 1998 :77). En raison des interrogations autour de cette notion, il serait difficile de l'étudier sans se donner une définition. Celle-ci a été d'abord sommaire (a1), puis est devenue plus précise et complète (a2).

a.1) Définition sommaire

Bien que le développement soit déjà chez les physiocrates qui s'intéressent aux causes de la richesse des nations, c'est surtout après la deuxième guerre mondiale et l'apparition des pays du "tiers monde" au devant de la scène internationale que jaillit véritablement une littérature sur le développement et le sous développement souvent confondus avec la notion de croissance économique. Des auteurs tels que Rostow, Burton, Higgins... balisent un peu le terrain ; mais de grosses confusions subsistent entre notion de développement et de croissance économique :

1 Pour Higgins par exemple : « Le développement est un accroissement dans le revenu total et le revenu moyen par tête diffusé largement parmi les groupes professionnels et sociaux qui dure au moins deux générations et devient cumulatif »

2 Pour Burton « ...L'idée que le développement est un concept multidimensionnel est naturellement importante mais il ne paraît pas nécessaire de rechercher avec insistance une mesure multidimensionnelle... » (Kuate, 1998 :78-79) ; Mais somme toutes, ces définitions paraissent incomplètes, raison pour laquelle il faut chercher une définition plus complète.

a.2) Une définition formelle plus précise et plus complète

C'est notamment avec des auteurs comme François Perroux, Jacques Austruy, J. L. Lebret que la définition du concept de développement apparaît plus complète.

Pour F. Perroux par exemple, « le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à accroître cumulativement et durablement son produit réel global. Ou mieux encore, « C'est un changement des structures mentales et des habitudes qui transforment les progrès particuliers en progrès tout social ».

Pour Austruy, « Le développement est un mouvement qui bouleverse fondamentalement une société pour permettre l'apparition, la poursuite et l'orientation de la croissance économique vers une signification humaine » (Kuate 1998 :79).

Pour Nga Ndongo (1998), « Le développement peut se concevoir comme un processus dynamique de changement de l'environnement, naturel ou sociétal, en vue de la transformation de l'humaine condition » (Nga Ndongo 1998 :45). Malgré l'imprécision de certains termes, on comprend que le développement est un phénomène qui déborde largement de la sphère économique. Après cet essai de définition, attardons nous sur les dimensions du développement.

b) Les dimensions du développement

Le développement comporte trois dimensions principales : quantitative (b1), qualitative (b2), compétitive (b3) suivant la catégorisation de Nga Ndongo (1998 :45-47).

b.1) Le développement quantitatif

Sans aucun doute, le développement (et c'est son aspect le plus visible) se traduit par l'acquisition et l'accumulation (individuelles ou collectives) d'une certaine quantité de biens ou par la réalisation d'un certain nombre de performances économiques ou sociales statistiquement mesurables.

Cette dimension du développement peut se chiffrer à l'aide d'indicateurs divers, tels que le niveau du P.I.B, la valeur du PNB per capita (généralement au dessus de 1000 dollars), l'industrialisation, l'urbanisation, la maîtrise de la technologie, les infrastructures économiques et sociales. Il obéit à un certain nombre de conditions et modalités exposées par Rostow (1960). Même si on peut accuser cette dimension du développement réductionniste (le développement est réduit à la croissance), il n'en demeure pas moins qu'elle constitue un passage obligé, voire, une étape nécessaire vers le développement.

b.2) Le développement qualitatif

Il ne va sans dire que si cette dimension détermine l'existence de l'homme sur terre, elle doit, pour s'accomplir harmonieusement et pleinement se doubler d'une dimension humaine, spirituelle, culturelle : c'est la dimension qualitative du développement.

L'homme est, en effet au centre de tout : il est en quelque sorte l'alpha et l'oméga du développement. Le processus de celui-ci doit viser au plein accomplissement de l'homme, à son éducation, à l'éclosion de ses potentialités.

De ce fait, l'aspect qualitatif n'est pas réalisable si les hommes qui en ont la responsabilité et qui en sont les acteurs et les bénéficiaires ne sont pas animés d'un esprit, d'une mentalité, d'une idéologie, bref d'une culture du développement. On pourrait d'une formule lapidaire dire que le développement d'une collectivité dépend de la qualité des hommes chargés de le conduire. Car le développement n'est pas qu'une affaire d'infrastructures, il est aussi une affaire de culture qui le détermine en premier et dernier ressort.

b.3) Le développement compétitif

Le développement est aussi un facteur de compétitivité voire d'agressivité entre les peuples et les nations.

Dans un contexte international marqué par la loi du plus fort, le développement apparaît comme l'arme par excellence contre la dépendance et la sujétion et est la condition sine qua non de liberté. Etre développé, en effet, c'est être à l'abri d'une domination extérieure. Se développer, c'est agir pour sa libération et son émancipation ; l'exemple japonais nous apporte une parfaite illustration , un peu comme dans la dialectique hégélienne du "Maître et de l'esclave", c'est le développement, c'est-à-dire par une maîtrise des conditions et processus de transformation de l'environnement, qu'un peuple assure l'existence de son libre-arbitre, se prémunit contre les agressions et les convoitises extérieures et se mesure, au rendez-vous de l'universel, aux autres peuples, administrant par là même la preuve de sa capacité à comprendre, à assimiler, bref à maîtriser la formule du développement. Ceci est d'autant plus pertinent que comme le note Kamto (1993) : « Il n'y a pas de dignité pour les Nations Pauvres ; par suite il ne peut y avoir de respect pour elles » (Kamto, 1993 :56)

Au regard de ces différentes dimensions du développement, il est à noter qu'en matière d'APD, dès sa conception, c'est la première dimension qui revêtait ici toute son importance. Mais son caractère économiciste excessif a permis qu'on aille au-delà de cette dernière en intégrant progressivement la deuxième dimension du développement explicitée ici, au regard des nouveaux enjeux auxquels est confronté désormais l'aide internationale. On insiste dès lors sur l'amélioration des conditions de vie des populations désireuses, épicentre par excellence de l'aide. La troisième dimension quant à elle, requiert beaucoup plus de la capacité, et du génie propre des récipiendaires de l'aide dans leur élan vers le progrès.

Après cette analyse des dimensions du développement interrogeons-nous sur ses facteurs.

c) Les facteurs du développement

Si nous interrogeons l'histoire, nous pouvons relever un certain nombre, non limitatif, d'éléments susceptibles d'expliquer le développement, tel que nous venons tenter de le caractériser. A ce titre, Nga Ndongo (1998) nous propose un triptyque de facteurs qui peut paraître séduisant à certains égards, mais qui, après examen minutieux, brille par une certaine coloration idéologique (nous y reviendrons plus d'amples au cours de nos analyses ultérieures).Il est donc question pour nous de présenter dans un premier temps, l'ensemble des trois facteurs du développement analysé par Nga Ndongo que nous désignons par le terme générique « les facteurs provincialistes du développement » (c1), puis dans un second mouvement, présenter des facteurs plus « généralisants » du développement (c2) .

c.1) les facteurs « provincialistes » du développement

Il s'agit, principalement, suivant la typologie de l'auteur, de la raison (c1i), de la démocratie (c1ii) et de la science (c1iii). Les trois facteurs étant d'ailleurs étroitement liés (Nga Ndongo, 1998 :47-50).

c.1.i) La raison comme facteur du développement

On peut situer, suivant l'auteur, dans une perspective historique le 17e siècle comme la période où on assiste à un début d'affirmation de la raison dans l'histoire du développement. Siècle du rationalisme, le 17e siècle connaît une véritable explosion de l'esprit humain sous influence, entre autres, de l'émergence des sociétés savantes où se moule "l'honnête homme" cultive et distingué pour qui la "parfaite raison fuit toute extrémité, et veut que l'on soit sage avec sobriété".

L'esprit critique fait des progrès décisifs avec Descartes, qui recommande notamment de douter de la totalité des connaissances et de n'accepter « aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ».

Mais c'est véritablement au « siècle des lumières », de raison, que l'esprit critique va atteindre sa pleine efficacité avec l'apparition et la consolidation de ce que Jürgen Habermas appelle. « L'usage public du raisonnement par des personnes privées rassemblées en un public pour discuter des règles générales de l'échange des marchandises et du travail social ». Le bouillonnement qui se fait contre la cour et l'ordre social ancien ouvre la voie à la révolution qui s'actualise dans un nouveau régime politique, la démocratie, surgit des cendres de la monarchie (Nga Ndongo idem : 48-49).

c.1.ii) La Démocratie comme facteur du développement

Bien qu'elle soit une notion confuse et galvaudée, certains la qualifiant même de « la prostituée des temps modernes » (Kamto 1993 :70), la démocratie donne aujourd'hui lieu à des dérives regrettables et comporte encore dans son application de nombreuses insuffisances. Elle est pourtant universellement perçue comme le régime de l'égalité et la liberté. Son affirmation dans l'histoire de ces deux derniers siècles a donné une impulsion considérable au développement dans ses trois dimensions sus citées, grâce notamment à la libération des énergies individuelles en collectives, l'instauration de la transparence dans la gestion de la "Respublica" et la consolidation de cet Etat de droit. Il est donc indéniable que, nonobstant le résultat assez mitigé du processus démocratique dans l'Afrique actuelle, la relation entre démocratie et développement est extrêmement forte et ne saurait en aucun cas ressortir à la pensée unique. On peut certes, selon l'auteur, concevoir une certaine croissance, voire une certaine compétitivité sans démocratie, mais il s'agirait là comme l'ont montré les pays de l'Europe de l'Est, d'un développement « bancal », bâti sur des sables mouvants (Idem:49-50).

c.1.iii) La science et la technologie comme facteurs du développement

Fille du raisonnement et de la démocratie, la science est en effet la combinaison de la raison critique et la liberté conquise qui a permis à la connaissance de gagner du terrain sur le mysticisme, l'obscurantisme , l'ignorance, et permis à ce que la révolution technologique se produise. N'assimile-t-on pas aujourd'hui la société de développement à « la société technologique et industrielle ?», s'interroge l'auteur (Nga Ndongo, 1998 : 50).

Le triptyque proposé par Nga Ndongo peut avoir ce mérite d'être pertinent à certains égards car il peut s'imposer dans une certaine mesure comme une variable catalyseuse probant du processus de développement. Les facteurs dont il expose peuvent sans doute être considérés comme des « réactifs » pertinents pouvant déclancher le processus de développement.

Toutefois, l'argumentaire de cet auteur prête le flanc à une critique certaine. En effet, au regard des facteurs du développement soutenus par ce dernier, celui-ci semble réduire le processus de développement à une époque plus ou moins récente (le XVII siècle) et à un endroit bien déterminé (l'Europe Occidentale), ce qui relève à notre avis d'une terrible gageure .Prendre en effet le XVIIe siècle comme marqueur temporel du développement en Europe Occidentale, ce serait faire fi des autres peuples qui ont, avant les européens, enclenché un vaste et brillant processus de développement qui a même nourri « le Siècle des Lumières ». C'est précisément les cas de l'Egypte Antique en Afrique ; des Mayas ou des Aztèques en Amérique Latine pré-colombienne ; de la Chine impérial en Asie et la liste est loin d'être exhaustive. C'est dire que les facteurs du développement exposés par Nga Ndongo brillent par un certain particularisme et procède ainsi d'une vision européo centriste du développement. Lorsque l'auteur soutient par exemple de la démocratie comme facteur du développement, il semble ignorer que des sociétés historiques à l'instar de l'Egypte Antique, ou de la Chine Millénaire, pour ne citer que celles là, ont connu un niveau assez élevé de développement, sans pour autant qu'elles soient démocratiques.

Au regard de ce qui précède, il ressort que les facteurs du développement présentés par Nga Ndongo se caractérisent par une certaine insuffisance du fait de leurs caractères réductionniste et particulariste ; d'où la nécessité de penser d'autres facteurs du développement susceptible d'être plus généralisants.

c.2) les facteurs « généralisants » du développement

Il s'agit de déterminer ici un ou plusieurs facteurs facteur(s) du développement, pouvant se vérifier en tout lieu et en tout temps, pour tous les peuples qui ce sont succédés depuis l'aube de l'humanité jusqu'à nos jours. Mc Clelland (1969) aux cours de ses travaux a pu descellé, en s'appuyant sur les résultats des psychologues, une force génératrice de l'expansion socio économique et culturelle des peuples. Celle ci qui peut se présenter sous la forme d'un « virus mental » fut baptisé Need for Achievement (abrégé : n.Ach), parce qu'on l'identifia dans les pensées d'une personne en recherchant si ces pensées étaient axées sur une tendance à « bien faire » ou plutôt à « mieux faire » qu'auparavant, c'est-à-dire plus efficacement, plus rapidement, avec moins de travail, et de meilleurs résultats etc. (Mc Clelland, 1969 :13)

Le n.Ach peut donc s'imposer comme ce « réactif » pertinent, catalyseur véritable qui a pu permettre aussi bien aux sociétés historiques que contemporaines d'enclencher un vaste et laborieux processus de développement qu'a connu l'humanité jusqu'à l'ère actuelle et, pourquoi pas, même pour les générations futures.

Au-delà des facteurs du développement exposés par Nga Ndongo, oblitérés par une coloration idéologique, le facteur développé ci-dessus peut avoir ce mérite d'être plus neutre, plus objectif et plus pertinent dans la compréhension des forces génératrices d'un processus aussi complexe qu'est le développement.

Au terme de ce chapitre purement théorique, il apparaît qu'on assiste à un foisonnement théorique assez dense sur la notion d'aide, et que les concepts d'APD et de développement revêtent, au-delà de la première appréhension, des dimensions aussi complexes les unes, les autres pour lesquelles une étude plus pointilleuse doit être faite. Ceci, afin de les rendre plus accessibles au sens commun. Tâche à laquelle nous nous sommes efforcés à faire dans cette partie.

Il est donc question pour nous de s'intéresser sur l'orientation sectorielle globale de l'aide française aux pays en développement.

CHAPITRE II :

LE CONTEXTE AFRICAIN DE L'APD FRANCAISE

L'objet de ce chapitre s'articule essentiellement autour de deux points focaux. Il est question d'abord de procéder à une présentation du cadre géo-politique et historique concernant le Cameroun et le Gabon (1), et d'analyser l'évolution de l'orientation sectorielle de l'aide française affectée aux pays en développement dès 1990 (2).

1) Cadre géo-politique et historique du Cameroun et du Gabon

Deux grandes idées sont développées dans cette sous partie. En premier lieu un essai de présentation géographique, démographique et socio-économique sommaire du Cameroun et du Gabon (a), en second lieu un bref rappel des liens historiques qui existent entre ces pays et la France (b).

a) Présentation géographique, démographique, socio-économique

- Cameroun

Pays d'Afrique centrale, le Cameroun s'étend entre le 2e et le 13e degré latitude Nord d'une part, et entre le 8e et le 16e degré longitude Est d'autre part. Le pays esquisse un triangle rectangulaire, dont l'hypoténuse s'étire du lac Tchad au Golfe de Guinée sur 1500 Km ; et la base de l'océan Atlantique à la frontière avec la R .C.A sur 800 Km. D'une superficie totale de 475.650 Km² dont 466.050 Km² de superficie continentale et 9600 Km² de superficie maritime, le Cameroun est limité au Nord par le lac Tchad, au Nord-Est par la République du Tchad, à l'Est par la R.C.A, au Sud par les République du Gabon, du Congo, et de la Guinée Equatoriale et à l'Ouest par la République fédérale du Nigeria. (Annuaire statistique du Cameroun, 2000).

D'une population totale estimée en 2005 à 16,4 millions d'habitants, dont près de 60 - 65% se trouvent entre 15 - 25 ans. Près de 51% de la population camerounaise vivaient en ville en 2003.Le Cameroun est divisé en dix provinces dont Yaoundé, qui est la capitale politique avec près de 1.372.000 habitants (estimation de 1999) ; Douala, sa capitale économique dont le port est le plus important sur le golfe de Biafra (1.448.000 habitants en 1999) ; Nkongsamba (130.000 habitants) ; Maroua (140.000 habitants) et Bafoussam (120.000 habitants).

Sur le plan économique, le Cameroun dispose de vastes ressources, aussi bien agricoles que minières et pétrolières. Il a connu une croissance importante entre 1977 et 1985 (près de 10% par an), grâce à la valorisation de ses ressources pétrolières et ses exportations agricoles. Après la période de crise économique profonde, due à la dégradation des termes de l'échange (en baisse de 44% de 1986 et 1988) et la concurrence avec son voisin nigérian, parallèlement à une augmentation des dépenses publiques, le pays a mené à partir de 1988 une politique d'ajustement structurel sous l'égide du F.M.I. Le Cameroun a été éligible à l'initiative P.P.T.E. dans un but de rééchelonnement et d'effacement de sa dette extérieure. Avec un taux du P.I.B. qui s'estimait en 2003 à 4,2% et avec une population essentiellement jeune, le Cameroun est confronté à un problème crucial qui est celui du chômage et du sous emploi qui touche près de 50% de la population active (« Cameroun », Microsoft®Encarta2006).

- Gabon

Pays d'Afrique Equatoriale, ouvert sur l'océan atlantique, dont plus de ¾ du territoire sont recouverts par la forêt dense, le Gabon est limité au Nord Ouest par la Guinée Equatoriale, au Nord par le Cameroun, à l'Est et au Sud par le Congo. D'une superficie totale de 267 667 km², la population gabonaise est estimée en 2005 à 1.389.201 habitants dont près de 70% vit dans les villes. Le Gabon est divisé en 09 provinces, la capitale politique, Libreville est la plus grande ville avec une population estimée à 365.650 habitants (1993) ; viennent ensuite Port Gentil, capitale économique et centre des industries de transformation du bois et de raffinage du pétrole avec une population estimée dernièrement à 125.000 habitants (1993), Masaku, ancienne Franceville (75.000 habitants en 1998) et Lambaréné (42.316 habitants), ville située dans la zone des plantations des palmiers à huile.

L'économie du Gabon repose très largement sur l'exploitation de ses ressources naturelles notamment du pétrole, qui constitue près de 50% de son P.I.B. (4,92 millions de dollars en 2002). Cette rente pétrolière, conjuguée à la faible densité de la population gabonaise (4,3 / Km²) explique que la Gabon ait un revenu par habitant parmi les plus élevés en Afrique subsaharienne (3780 dollars), ("Gabon", Microsoft®Encarta, 2006). Toutefois, la redistribution des richesses nationales est très inégale et la pauvreté affecte près de 60% de la population. En effet, confrontés à la contestation sociale et à l'épuisement des ressources pétrolières, les gouvernements gabonais successifs n'ont eu d'autre choix que d'afficher leur volonté de diversification de l'économie. Parmi les secteurs jugés prioritaires figurent notamment le tourisme, les mines, en particulier le manganèse dont le Gabon est l'un des principaux producteurs mondiaux, et surtout, l'exploitation et la transformation locale du bois (J.A./L'Intelligent Hors Série, n° 6, P. 206).

Après cette présentation sommaire du Cameroun et du Gabon, il est question maintenant de procéder à un bref rappel des liens historiques qui existent entre ces deux pays et la France.

b) Rappel des liens historiques avec la France

Les liens qui existent entre le Cameroun et le Gabon avec la France sont très étroits, et s'inscrivent sur une longue période, car ils remontent à l'époque coloniale voire précoloniale (avec la Traite négrière). Toutefois, nous avons choisi comme marqueur historique la période coloniale pour illustrer l'étroitesse des liens (qu'ils soient politique ou socio-économique) qui existent entre la France autant le Cameroun que le Gabon. Toutefois, un regard plus approfondi fait ressortir, à notre avis, la variabilité de statut et de la place qu'ont occupé les deux pays aux yeux de la France, quoiqu'étant tous les deux au centre des relations de coopération avec la France. C'est pour cette raison qu'une étude individuelle s'avère, à notre avis, nécessaire pour faire ressortir le degré des rapports qui existent entre ces deux pays et la France.

b.1) Le Gabon : l'enfant gâté de la France ?

Les relations du Gabon avec la France remontent à la fin du XVe siècle. En effet précédés par les Portugais, les Hollandais, les Français sont cependant les premiers à s'établir de manière permanente sur l'estuaire du Gabon. Ils signent un traité avec le souverain Mpongwé en 1838 et, cinq ans plus tard, ils y créent un poste militaire. Durant la 2e moitié du XIXe siècle, les français étendent leur influence jusqu'à l'intérieur du pays, signant des accords avec les peuples du Sud-Est.

Après que la frontière entre le Kamerun et le Gabon français ait été fixée au congrès de Berlin, le Gabon devient, en 1886, un territoire de l'empire colonial français. Les sociétés commerciales de la métropole reçoivent, ainsi, de vastes concessions et s'engagent dans une vaste exploitation des richesses du sol et du sous sol dont regorge le pays en faveur de la métropole. A partir de 1899, le Gabon est rattaché au Congo français. En 1910, le Gabon devient une colonie de l'Afrique Equatoriale Française (A.E.F) à laquelle elle occupe une place de choix dans cette zone géographique de l'empire colonial français. Il est en quelque sorte son phare, symbole de la grandeur et du prestige de la métropole dans cette région d'Afrique.

Acquis à la France - libre après 1941 (à laquelle il fournira ses braves fils, afin de libérer la France occupée pendant la 2e guerre mondiale), à l'issue d'affrontements meurtriers entre colons vichystes et gaullistes, le Gabon devient, en 1946, territoire français d'outre mer. En 1958, il vote sous initiative française son intégration au sein de la communauté française. C'est progressivement, sous l'égide de la France qu'il évoluera sous ce regroupement jusqu'à son indépendance proclamée le 17 Août 1960 avec pour président M. Léon Mba. Il signera toutefois, avec la France d'importants accords de coopération et de défense qui permettent à la France d'avoir toujours une certaine main mise sur le pays, quoique souverain ; et aux autorités locales d'asseoir leur autorité au sein de la société. Depuis lors, les rapports du Gabon avec la France ont maintenu une certaine continuité dans le temps, d'autant plus que sa classe dirigeante a toujours été acquise à la cause de la France, qui se positionne aujourd'hui comme son partenaire privilégié et de premier ordre

En résumé, les relations historiques qui lient le Gabon à la France sont au regard de ce qui précède, très profondes et teintées d'un certain paternalisme eu égard aux relations personnalisées qui ce sont tissées entre la classe dirigeante gabonaise et celle d'outre-mer. C'est dire que le facteur colonial reste une variable pertinente dans l'analyse de la politique française d'aide au développement allouée au Gabon.

Qu'en est-il du Cameroun ?

b.2) Le Cameroun : « frais de réparation des dommages de guerre1(*) »

En effet, jusqu'ainsi 1916 le Kamerun est un protectorat allemand, statut qu'il a acquis à la suite du congrès de Berlin en 1884-1885. Les puissances de l'axe ayant déjà perdu la guerre, celles qui possèdent des territoires outre mer, vont les abandonner afin de replier à la métropole. C'est ainsi qu'en Février 1916, les Allemands vont quitter définitivement le Kamerun, qui sera envahi par la suite par les forces franco- britanniques, qui occuperont de fait ce territoire. Ce n'est qu'en juillet 1922 que le Kamerun et d'autres territoires similaires seront placés sous le mandat de la SDN, qui confiera en son administration conjointement à la France et à la Grande Bretagne. Après d' âpres négociations, la France et la Grande Bretagne sur le plan de partage du Kamerun, la France occupera finalement les 3/4 du territoire y compris Douala et la Grande Bretagne 1/4. En 1945, l'ensemble du territoire passe sous la tutelle de l'ONU, qui confie l'administration du Cameroun conjointement à la France et la Grande Bretagne. Malgré la particularité du statut du Cameroun sur le plan légal (mandat et tutelle). Le Cameroun oriental (c'est-à-dire français) sera administré peu ou proue comme une colonie française. La France va s'appuyer sur l'article 9 des accords de mandat ( reprise par l'article 4 des accords de tutelle ) qui dispose « la puissance mandataire aura les pleins pouvoirs d'administration et de législation sur les contrées qui seront administrées selon la législation de la puissance mandataire comme partie intégrante de son territoire » (Ngongo, 1987 :93) ; c'est ainsi qu'au regard de cette disposition, le Cameroun oriental sera intégré de fait dans le vaste bloc A.E.F et la France entreprendra une exploitation des ressources du sol et du sous sol et de la force du travail camerounaises, concédant ainsi à ses nationaux des concessions commerciales. Elle va aussi s'investir sur le plan des infrastructures et la formation des cadres indigènes appelés plus tard à prendre la relève. En 1958, le Cameroun oriental obtient son autonomie interne dans le cadre de la Communauté Française ; malgré les revendications des mouvements nationalistes à une indépendance immédiate, ce n'est que le 1er Janvier 1960, sous l'égide de la France, que le Cameroun oriental accédera à la souveraineté nationale et internationale avec pour Président M. Amadou Ahidjo. Comme elle le fera avec toutes ses anciennes colonies à leur indépendance, la France va signer avec le Cameroun, nouvellement indépendant un ensemble d'accords de coopération et d'assistance technique et militaire qui vont, à travers ce biais, permettre à la France d'être toujours présente au coeur de l'activité politique et socio-économique du Cameroun grâce à ses multiples potentialités (démographique, géographique, pédologique). Le Cameroun occupera ainsi une place de choix dans la politique africaine de la France quelque soit les chapelles politiques qui alterneront au pouvoir en France.

Au-delà de ce qui précède, il en ressort que, malgré la variabilité de statut du Gabon et du Cameroun sur un plan historique, les liens qui se sont noués entre ces deux pays et la France sont restés néanmoins très étroits et profonds, au regard des relations coloniales et post/néo coloniales qui se sont tissées entre ces derniers et la France. Ceci justifie l'omniprésence jugée souvent excessive de la France au coeur des politiques nationales (économique, sociale, politique, culturelle) du Cameroun et du Gabon, qui sont d'ailleurs membres actifs de la francophonie et ont déjà accueilli au moins une fois le sommet. France - Afrique sous l'égide de l'ancienne puissance métropolitaine et tutélaire (1992 pour le Gabon et 2001 pour le Cameroun).

Après ce bref rappel des liens historiques qui existent entre la France, le Cameroun et Gabon, il est question de s'appesantir sur une analyse de l'orientation de l'aide française faite aux pays en développement.

2) Analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française affectée aux pays en développement depuis 1990

Un seul point focal sera au coeur de cette partie. En effet il sera question d'analyser l'évolution de l'APD française affectée à divers secteurs ciblés pour tous les pays en développement. Ces secteurs à titre de rappel sont au nombre de quatre. Il s'agit en effet des secteurs de la santé, eau et assainissement, éducation et agriculture que le CAD regroupe sous le terme générique Infrastructures et services sociaux.

De manière générale, rappelons qu'en matière d'APD, la qualité et le contenu sont tout aussi importants que le volume. Pour contribuer efficacement à la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le monde, l'APD doit se concentrer vers les pays et les populations les plus pauvres et financer les secteurs prioritaires pour le développement humain. Pour répondre à cet enjeu, la France et ses partenaires de la communauté internationale ont pris toute une série d'engagements au cours des trente dernières années, actualisés en partie à travers l'adoption, en 2000, des OMD. La France a même inscrit sur son projet de loi finance 2006 (P 14) que «l'objectif principal de l'APD française est de réduire la pauvreté (...) ».Il est donc question d'analyser tour à tour l'aide française affectée à la santé (a) ; à l'éducation (b) ; à l'eau (c) et l'agriculture (d) aux pays en développement depuis 1990.

a) L'aide française dans le secteur de la santé aux pays en développement : une aide en baisse relative et faible en pourcentage du volume total

Rappelons tout d'abord que l'aide à la santé revêt un caractère générique, car le secteur santé regroupe un ensemble de sous-secteurs parmi lesquels figurent principalement les sous-secteurs santé de base, santé générale, population. Ces sous-secteurs eux-mêmes connaissent des champs plus spécifiques. Le graphique A (cf. annexe 1) nous illustre assez bien une répartition sous sectorielle de l'aide à la santé

S'agissant d'une définition statistique du CAD concernant l'aide à la santé, il est à noter que les membres du CAD attribuent à chaque activité d'aide, un secteur de destination et à l'intérieur de ce secteur un code-objet détaillé lui est attribué, qui identifie « le secteur spécifique de l'économie ou de la structure sociale du pays bénéficiaire, dont l'aide est destinée à favoriser le développement ».

Le tableau A (cf. annexe 2) énumère les codes objets qui définissent «l'aide à la santé».

On note au regard de ce dernier, que la définition de l'aide à la santé exclut l'aide aux autres secteurs qui peuvent avoir une incidence directe ou indirecte sur la situation sanitaire, comme l'aide à la distribution d'eau et assainissement ou à l'éducation (qui constituent par ailleurs des secteurs spécifiques et distincts d'allocation de l'aide). L'aide médicale en cas de catastrophe naturelle et dans d'autres situations d'urgence est également exclue.

Afin d'éviter toute équivoque possible, il est aussi à noter que dans ce présent travail nous allons nous appesantir beaucoup plus sur les sous-secteurs recherche médicale, lutte contre les maladies infectieuses et services médicaux en ce qui concerne ce secteur car ils ressortent à nos yeux comme des secteurs clés pour lesquels les populations constituent au premier degré les cibles par excellence, aussi bien pour le donateur que le récipiendaire de l'aide. Examinons dès à présent l'évolution générale de l'aide française dans le secteur de la santé pour tous les pays en développement.

En ce qui concerne le secteur de la santé, l'aide française suit une évolution très contrastée pour tous les pays en développement.

En effet comme l'indiquent le tableau 2 et le graphique 1 ci-dessous, représentant respectivement le volume de l'aide française allouée à la santé et la courbe évolutive conséquente , on note de manière globale que cette aide connaît une baisse relative en volume. En 1990 par exemple la France a alloué 293,31 millions de dollars, en 2005 cette aide s'estime à 278,87 milliards de dollars ;ce volume qui s'affiche aussi bas comparativement à 2004 où l'aide française a atteint le pic de plus de 300 Millions de dollars, son meilleur score depuis 1990. On peut ressentir ainsi un certain relâchement des efforts d'augmentation de cette aide pourtant bien engagés depuis 2001.Les données de 2005 n`augurent pas des lendemains meilleurs car si cette trajectoire descendante est maintenue, on risque assister dans les années à venir à une chute progressive de l'aide française à la santé aux pays en développement. Mais cette baisse globale ne doit pas oblitérer les disparités de l'évolution de l'aide française allouée à la santé. En observant la courbe du graphique 2 on note que de 1990 à 1993 l'aide a connu une baisse progressive, avant de connaître une hausse directe de 1993 à 1995. Mais de 1995 à 2000 l'aide connaît une fois de plus une baisse conséquente, avant d'engager une hausse progressive qui culmine en 2004 avec près de 300,54 millions de dollars, avant d'amorcer un déclin timide. Cette évolution en dents de scie de l'aide française affectée à la santé aux pays en développement, serait le reflet d'une volonté timorée de la France à vouloir s'investir plus significativement dans ce secteur pourtant vital pour ces derniers, car faisant face pour la plupart à une crise sanitaire réelle. On peut néanmoins noter que depuis l'adoption en 2000 par l'AG/ONU de la déclaration sur les OMD, la France a fait un effort certain d'augmenter le volume de son aide à la santé, ce qui pourrait traduire pour certains une volonté réelle de la France à respecter ses engagements internationaux en vue de réaliser les OMD liés à la santé. Mais aussi de traduire dans les faits son discours sur ses priorités en matière d'aide aux pays en développement, parmi lesquelles figure en bonne lice le secteur de la santé, auxquelles l'aide française doit être plus concentrée.

Tableau 2 : APD Française à la santé affectée aux pays en développement (volume)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

293,3

193,5

169,1

145,9

217,1

276,3

222,5

174,5

210,8

167,9

109,9

152,4

191,2

186,4

300,5

278,9

Source : OECD Stats 2007

Graphique 1 : Courbe évolutive de l'aide française dans le domaine de santé aux pays en développement

Toutefois, cette présentation quelque peu euphorique ne doit pas nous faire oublier un détail d'une importance indéniable : c'est la faible représentativité de l'aide française à la santé du volume total accordé aux pays en développement. En effet comme l'indique le tableau 3 ci-dessous c'est avec beaucoup de peine que celle-ci a pu franchir le seuil de 10 % du volume total de l'APD française allouée dans le grand secteur des infrastructures et services sociaux. Elle oscille généralement entre cinq et neuf pour cent ,ponctuée de temps en temps par quelques années au cours desquelles elle a pu quand même franchi le seuil des dix pour cent (notamment en 1995, 2001, 2002, 2004, 2005 avec respectivement 13.24% , 12.21%, 12.04%, 12.32% , 15.5%). Ce n'est qu'en 2005, que l'aide française à la santé a atteint 15 % du volume total de l'aide au secteur global des infrastructures et services sociaux, son meilleur taux depuis 1990. Même si on note quand même une augmentation notoire par rapport à 1990 où elle ne représentait que 8,29%, il n'en demeure pas moins vrai que sur le plan général, l'aide française à la santé reste significativement faible en terme de pourcentage du volume total.

Tableau 3 :APD française à la santé aux pays en développement(%)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Infrastructure et services sociaux

3534

2089

2087

2075

2549

2806

2892

2417

2176

2136

1333

1247

1588

2009

2438

2230

Santé (volume)

293,3

193,5

169,1

143,9

217,1

276,3

222,5

174,5

210,8

167,9

109,9

152,4

191,2

186,4

300,5

278,9

Santé (pourcentage %)

8,29

9,24

8,1

6,93

8,51

13,24

7,69

7,21

9,68

7,86

8,23

12,21

12,04

9,27

12,32

15,5

Source : OCDE stats 2007

Cette faible représentativité en terme de pourcentage de l'aide française à la santé allouée aux pays en développement vient ainsi bouleverser la vision optimiste que pouvaient avoir certains quand il fallait considérer uniquement le volume de celle-ci. En effet la réalité décrite par les données statistiques du tableau ci-dessus, reflète à notre avis le désintérêt à peine masquée de la France à l'égard de ce secteur, pourtant vital pour les pays en développement, et ceci au mépris de son discours qui insiste cependant sur ce secteur comme une des priorités à laquelle l'aide française doit être plus concentrée. On semble donc assister à un réel paradoxe, découlant de la désarticulation entre le discours français en matière d'affectation sectorielle de son aide au développement et la pratique réelle sur le terrain.

En résumé on peut retenir que l'aide française affectée à la santé relève des disparités notables pour les pays en développement ; néanmoins deux faits peuvent retenir notre attention : premièrement cette aide connaît une baisse relative sur le plan global et deuxièmement cette aide est faible en termes de représentativité de pourcentage du volume total de l'aide française accordée au grand secteur infrastructures et services sociaux.

Après cette analyse de l'aide française affectée au secteur sanitaire à tous les pays en développement, intéressons-nous au secteur suivant.

b- L'aide française à l'éducation aux pays en développement : une aide considérable en volume et de pourcentage

Le secteur de l'éducation est un secteur névralgique car c'est sur lui que repose l'avenir et le devenir d'un peuple. A l'heure du triomphe du "Brain storming", ce secteur s'impose sans rival comme le creuset où sont tirés ceux qui doivent penser le bien-être de tous, la marche vers le progrès du pays, d'où sa position centrale

L'observation de l'évolution globale de l'aide française allouée à l'éducation pour tous les pays en développement nous fait ressortir deux faits majeurs : d'abord que cette aide est considérable en terme de volume et qu'elle représente plus de la moitié du volume total de l'aide française en terme de pourcentage.

Tableau 4 : APD française à l'éducation pour les pays en développement (en millions USD)

Source : OCDE Stats 2007

En effet, une lecture attentive du tableau 04 ci-dessus nous fait ressortir que l'aide française octroyée dans le secteur de l'éducation pour tous les pays en développement, est considérable en termes de volume, et connaît une augmentation certaine avec des pics en 1990, en 1996 et en 1997, même s'il est à remarquer qu'en 2000, année de l'adoption des OMD, l'aide française affiche paradoxalement un profil bas comparativement aux années antérieures. On quitte ainsi de 1496,23 millions de dollars en 1999 pour chuter à 755,77 millions de dollars en 2000 !!! Cette tendance baissière va perdurer encore pendant deux ans avant que l'on puisse assister à partir de 2003 à une remontée notoire du volume de l'aide française à l'éducation affectée aux pays en développement. Toutefois l'observation de la courbe du graphique 2 ci-dessous, représentative de l'évolution de l'aide française à l'éducation fait ressortir quelques disparités.

Graphique 2 : courbe évolutive de l'APD française à l'éducation aux pays en développement

Comparativement à 1990 où l'aide française a atteint le pic culminant des 2301,17 millions de dollars, on note une baisse significative par rapport à 2005 où elle s'élève à 1460,62 millions de dollars. En plus, on note une chute brutale de l'aide française de 1990 à 1991 et de 1999 à 2000. Mais depuis l'année 2000, on assiste à une hausse progressive de l'aide française jusqu'à 2004 avant d'entamer un déclin relatif. Les années 1999 à 2001 sont considérées comme des années de chute notoire en terme de volume de l'aide française à l'éducation pour tous les pays en développement, qui pourrait ainsi traduire une certaine fatigue de l'aide française à ce secteur ; voire un essoufflement. Toutefois cette baisse ne doit pas oblitérer l'importance de l'aide française en termes de volume sur un plan général.

Autre fait majeur à noter en ce qui concerne l'aide française à l'éducation, c'est qu'elle représente plus de la moitié en pourcentage du volume total de l'aide de la France accordée aux pays en développement.

En effet, comme le démontre le tableau 5 ci-dessous, on constate que de manière globale l'aide française à l'éducation retient à elle seule, près de 60 % du volume total de l'aide française accordée au grand secteur infrastructures et services sociaux dont fait partie le secteur de l'éducation. Les années 1992, 1993, 1999 sont considérées, au regard de ce tableau, comme des périodes où l'aide française à l'éducation a occupé à elle seule plus de 70 % de son aide globale avec respectivement 72,12%, 72,9 % et 70 %.

Tableau 5 : APD française à l'éducation aux pays en développement (%)

Source : OCDE Stats 2007

De plus, on note une hausse relative en terme de pourcentage de l'aide française à l'éducation depuis les années 2000, année au cours de laquelle fut adoptée la déclaration sur les O.M.D. Cela semble traduire la volonté de la France à vouloir attendre et respecter les engagements qu'elle s'est donnée.

De cette sous partie, il ressort clairement que, l'aide française allouée à l'éducation reste considérablement concentrée, aussi bien en terme de volume qu'en terme de représentativité en pourcentage du volume global de l'aide française. Ces données peuvent ainsi traduire l'intérêt certain que la France semble accorder au secteur éducatif dans les pays en développement, au regard de la concentration réelle de son aide à celui-ci. La France par cet acte voudrait donc afficher ses efforts réels en vue de respecter ses engagements internationaux, considérant ainsi le secteur éducatif comme une de ses priorités en matière d'aide. Même si on peut observer quelques fluctuations dans son évolution globale, mais qui restent sans doute minorées.

Après le secteur éducatif, analysons désormais l'aide française allouée au dans le secteur de l'eau à tous les pays en développement depuis 1990.

c) L'aide française allouée dans le secteur de l'eau aux pays en développement : une aide fluctuante et faiblement représentée en pourcentage.

Deux principaux éléments caractérisent l'aide globale de la France allouée à tous les pays en développement depuis 1990. Tout d'abord, c'est une aide qui suit une évolution fluctuante, mais aussi qui est faiblement représentative en terme de pourcentage du volume global de l'aide française allouée au grand secteur infrastructures et services sociaux.

En ce qui concerne la fluctuation de l'aide française globale en matière d'eau, une lecture attentive de la courbe du graphique 3 ci après, représentative de l'évolution de l'aide globale dans le secteur de l'eau depuis les années 1990, nous fait ressortir cette instabilité notoire de l'aide française allouée à ce secteur. On note une hausse progressive de l'aide à partir de 1993 qui atteint son pic en 1996, avec près de 354,72 millions de dollars ; puis commence une baisse progressive qui, en 2001, va atteindre un point de chute avant de se reprendre et connaître des variations timides. Si on semble constater une chute notoire de l'aide française en matière de l'eau depuis 1996, il est à noter qu'on assiste également à une augmentation relative entre 1990 et 2005. On quitte ainsi de 105,76 millions de dollars en 1990 à 114,85 millions de dollars en 2005. Même si on peut aussi constater au même moment que l'aide a baissé de volume en 2005 comparativement à 2004 ou 2003, voire 2002.

Graphique 3 : courbe évolutive de l'aide française affectée dans le secteur de l'eau aux pays en développement.

L'autre fait saillant est que l'aide française dans secteur de l'eau, affectée aux pays en développement depuis 1990, est faiblement représentative en pourcentage du volume global de l'aide accordée au grand secteur des Infrastructures et Services Sociaux.

En effet, comme le dévoile le tableau 6 ci-dessous, l'aide française globale en matière de l'eau brille par une faible représentation en pourcentage du volume global de l'aide française. On note ainsi que cette aide n'a dépassé le cap de 10% que deux fois, en 1996 (12,26%) et en 2002 (11,88%), le reste des années, elle oscille entre 2 et 9%. Des années à l'instar de 1990, 1992,1993 ou 2005 sont considérées comme des périodes "noires" en matière de l'aide française pour l'eau, car au cours de ces années, celle-ci a franchi difficilement la barre des cinq pour cent.

Tableau 6 : APD française au secteur de l'eau pour les pays en développement (%)

Source : OCDE Stats 2007

Cet état de chose pourrait traduire le désintérêt certain de la France, dans sa politique d'allocation de son aide à ce secteur pourtant névralgique, car garant du bien être des populations.

Car, au regard de la faible portion que cette aide occupe en terme de pourcentage du volume total de l'aide française, accordée au grand secteur infrastructures et services sociaux, il est à se demander comment un secteur aussi vital comme celui de l'eau se trouve- t- il complètement délaissé, abandonné dans l'orientation sectorielle de l'aide française aux pays en développement. Il n'est plus à démontrer que les pays connaissent d'énormes difficultés en matière d'accès à une eau de qualité, ce qui les expose à de moult maux liés à une consommation d'une eau douteuse. Pourtant, la France se disant consciente de ses difficultés, insiste sur le secteur de distribution en eau comme une de ses priorités en matière d'aide aux pays en développement, où elle sera aussi concentrée afin que ces derniers puissent résorber la fracture réelle qui existe dans l'accès à une eau de qualité.

Or, les réalités statistiques présentées ci-dessus, dévoilent en plein jour le dilatoire du discours français en matière d'aide dans ce domaine. Au regard de l'infime portion qu'occupe l'aide française affectée dans le domaine de l'eau il est à considérer que ce secteur pourtant vital, est encore loin de constituer une priorité dans la politique d'affectation sectorielle de l'aide française aux pays en développement. Ce qui révèle d'un pur paradoxe!!!

Après le secteur de l'eau, place à l'aide française allouée au secteur agricole.

d) L'aide française en matière agricole aux pays en développement : une aide relativement récente et en baisse générale.

Le sommet du G8 à Gênes en Juillet 2001 a réaffirmé l'importance de l'agriculture dans la réduction de la pauvreté. Le communiqué final, cite l'accès aux services alimentaires appropriés et le développement rural comme objectifs principaux de la stratégie de réduction de la pauvreté et le soutien à l'agriculture comme instrument crucial de l'APD

S'agissant de la définition statistique de l'aide à l'agriculture, il est à noter que le CAD considère que cette dernière couvre la politique, la planification et les programmes agricoles, les ressources en terres cultivables, les ressources en eau à usage agricole, le développement agricole et l'approvisionnement en produits à usage agricole, la production agricole, l'élevage, les services agricoles, l'éducation et la formation ainsi que la recherche dans le domaine agricole... La définition exclut le développement rural (classé dans l'aide plurisectorielle) et l'aide alimentaire à des fins de développement.

Un fait saillant ressort de l'observation de l'aide globale française allouée à tous les pays en développement dans le secteur agricole depuis les années 1990 : elle brille par une allocation e récente et connaît une baisse générale.

En effet, comme l'indiquent le tableau 7 et le graphique 4 représentant respectivement l'aide française globale en terme de volume et sa courbe évolutive conséquente, on constate que ce n`est qu'en 1997 que la France s'est résolue à affecter une aide à l'agriculture. De 1990 à 1996 en effet, aucun fonds n'a été affecté dans ce secteur par la France. Ce secteur s'impose donc comme l'enfant pauvre en matière d'allocation sectorielle de l'APD française. C'est donc dire que le secteur agricole n'a point constitué une des priorités de l'aide française pendant sept ans traduisant ainsi son désintéressement vis-à-vis de ce domaine, pourtant clé, voire vital pour la majorité des pays en développement et pour lesquels les besoins demeurent significatifs.

En plus, la courbe évolutive de l'aide française globale en matière agricole, se caractérise par une baisse générale depuis 1996. Toutefois, si on note une chute de l'aide française globale dans ce secteur de 1996 à 2000. Entre 2000 et 2001, on assiste à une légère reprise de celle-ci, avant de connaître une fois de plus une baisse progressive jusqu'à 2003 et reprendre le sens de la hauteur en 2004, l'année 2005 se caractérise par une baisse notable de cette aide. Ces quelques disparités ne doivent pas oblitérer cette tendance, cette volonté de la France à minorer son aide à l'agriculture, pourtant considérée comme il a été dit plus haut, comme un instrument crucial de l'APD et dont l'importance, surtout pour les pays en développement dans la réduction de la pauvreté, n'est plus à démontrer.

En plus, en termes de représentativité du pourcentage du volume global de l'aide française, on assiste également à une chute considérable de l'aide française à l'agriculture. Si celle-ci représentait 12,22% en 1997 ; 13,99% en 1998 ; 18,23% en 1999 ; il est à noter que depuis 2001 elle est en baisse considérable allant progressivement de 9,03% en 2001 ; en passant par 6,08% en 2002, pour ne représenter que 5,46% en 2005 de l'aide française globale allouée au grand secteur infrastructures et services sociaux. Cette chute notoire de l'aide française à l'agriculture en termes de pourcentage de son volume global traduit ce manque d'intérêt de la France dans sa politique d'allocation sectorielle de l'aide.

Cette tendance baissière générale de l'aide française à l'agriculture aussi bien en volume qu'en pourcentage, traduit une persistance de cette volonté à peine voilée de la France, à ne point considérer l'agriculture comme une de ses priorités en matière d'aide aux pays en développement. Ce qui est en total contradiction avec les engagements dont elle s'est promise de respecter à gênes.

Tableau 7 : l'aide française à l'agriculture affectée aux pays en développement (millions de dollars USD)

Source : OCDE Stats.

Graphique 4 : courbe évolutive de l'aide française à l'agriculture pour les pays en développement

Au terme de ce chapitre, il apparaît sans aucun doute que l'orientation sectorielle de l'aide française faite aux pays en développement, connaît depuis 1990 une évolution très contrastée, mais se caractérise globalement pour les quatre secteurs étudiés, par une modicité significative des fonds qui y sont affectés par la France. Cela traduit à notre avis, un certain manque de volonté de la France à considérer ces secteurs, pourtant vitaux pour ces pays, comme des priorités dans sa politique d'affectation sectorielle de l'aide à ces derniers.

Ce qui nous conduit à s'intéresser plus particulièrement de l'orientation sectorielle de cette aide au Cameroun et au Gabon, afin de pouvoir voir la réalité qui prévaut là-bas.

CHAPITRE III :

L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'A.P.D FRANÇAISE ET SON INCIDENCE AU CAMEROUN DEPUIS 1990 

Le présent chapitre va tourner autour de deux axes principaux : dans un premier mouvement il est question d'analyser l'évolution de l'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun (1) et dans un second mouvement d'essayer de dégager l'incidence que celle-ci a pu avoir sur ce pays, dans l'amélioration de ses conditions de vie au sein des secteurs concernés (2).

1. L'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun depuis 1990 : une aide assez modique en volume.

Cette partie s'articule autour de quatre principaux points. Il s'agit en effet d'analyser l'orientation sectorielle de l'APD française au Cameroun dans le secteur de la santé (a), de l'éducation (b), de l'eau (c) et de l'agriculture (d).

a) L'A.P.D française dans le secteur de la santé au Cameroun : Une aide considérablement maigre et disparate.

L'analyse de l'aide française à la santé au Cameroun fait ressortir un certain nombre de traits saillants depuis les années 1990 : C'est la maigreur notable de son volume et son caractère disparate.

Ainsi à travers l'observation évolutive de l'aide française dans ce secteur clé au Cameroun, il se dégage ce qui a déjà été constaté plus haut en ce qui concerne l'aide française à la santé pour tous les pays en développement. L'aide française à la santé au Cameroun, depuis les années 1990 se caractérise par la modicité considérable des fonds qui y sont affectés, comme l'illustre si bien le tableau 08 ci-après représentant le volume de l'aide française affecté à ce secteur, proportionnellement au volume total affecté au Cameroun depuis les années 1990.

Tableau 08 :A.P.D. française Total santé au Cameroun (millions de dollars)

Source : OCDE stats 2007

L'étude de ce tableau laisse transparaître que l'aide française à la santé n'a jamais atteint le Cap des 10 millions de dollars, pis encore, il est des années blanches où pratiquement aucun fond n'a été affecté à ce secteur. C'est le cas notamment des années 1990, de 1992 à 1995, périodes pendant lesquelles le Cameroun n'a bénéficié d'aucun fond bilatéral venant de la France, affecté à la santé. Ainsi, quand on observe ce que la France consacre à la santé au Cameroun, il y a lieu à réfléchir, voire à s'inquiéter. Car au regard du tableau 08 ci-dessus, on constate l'extrême modicité de l'aide française en terme de volume affectée à la santé à ce pays. Ce constat ressort plus clairement, quand il s'agit de mesurer le pourcentage de l'aide française à la santé du volume total d'APD. C'est ce qui se dégage du tableau 09 ci-dessous, représentant l'aide française à la santé au Cameroun en terme de pourcentage du volume total de l'APD depuis 1990.

Tableau 09 : APD française à la santé au Cameroun (%)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

4,33

0

0

0

0

1,32

2,06

2,96

2,16

1,92

4,61

2,84

1,32

3,02

18,37

Source : OCDE stats 2007

Après étude de ce tableau, le constat est plus frappant, car comme on peut observer, l'aide française à la santé représente à peine 5% de son volume total, elle oscille entre zéro et quatre pour cent, la seule fois qu'elle a dépassé le Cap du 10%, c'est en 2005 avec précisément 18,37%. Toutefois, cet exploit réalisé en 2005, ne doit pas oblitérer la réalité, car un observation attentive fait ressortir que, l'année 2005 est une période où l'APD française totale au Cameroun a été la plus faible depuis 1990, c'est une année où on assiste à une chute brutale et vertigineuse de l'APD française au Cameroun, comparativement aux années précédentes. On quitte ainsi de 129.13 millions de dollars en 2004 pour tomber à 21,23 millions de dollars en 2005. C'est dire que les 18,37% enregistrés dans le secteur de la santé en 2005 n'est qu'un leurre, car la réalité est toute autre : c'est l'extrême faiblesse en terme de pourcentage de l'aide française à la santé au Cameroun.

Cette réalité peut ainsi traduire le désintérêt total et manifeste de la France à ce secteur, pourtant clé, car gage de l'épanouissement et du bien-être physique et psychologique des populations locales vivant au Cameroun. On se serait attendu qu'il y'ait une traduction sur les faits du discours de la politique française sur l'orientation de son APD, qui insiste sur l'amélioration des conditions de vie des récipiendaires de son aide, en investissant significativement dans la santé, indicateur stratégique pour mesurer cette amélioration. Mais la réalité est plutôt le contraire pour ce qui est du Cameroun en particulier. Car on constate que ce secteur ne constitue pas une priorité pour la France, au regard des fonds squelettiques affectés à ce dernier. Ce qui relève d'un pur paradoxe.

Le constat est encore plus flagrant, s'il faut entrer dans l'orientation sous sectorielle de l'aide française à la santé au Cameroun. Quatre sous-secteurs peuvent retenir notre attention ici : les sous-secteurs de la lutte contre les maladies infectieuses ; la recherche médicale ; les services médicaux, et la lutte contre les MST et le VIH/SIDA.

Le premier sous-secteur concerne la vaccination ; la prévention et lutte contre le paludisme, rougeole, tuberculose, diarrhées chroniques, les maladies transmises par un vecteur (onchocercose, bilharziose...). C'est dire l'importance vitale que revêt ce sous-secteur aux yeux du Cameroun car, pays situé en zone équatoriale, il est largement touché par ces différents fléaux. Voyons dès à présent ce que la France a alloué à ce sous-secteur depuis 1990 au Cameroun. L'observation du tableau 10 ci après nous fait ressorti en effet un triste constat.

Tableau 10 : Aide française à la lutte contre les maladies infectieuses au Cameroun.

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0,6

0,5

0,1

0,2

0,2

0

Source : OCDE stats 2007

En effet au regard de ce dernier, il se dégage que ce sous-secteur, pourtant vital dans l'épanouissement et le bien-être des Camerounais, est complètement délaissé par la France, au regard du quasi inexistence des fonds alloués à ce dernier. Ceci n'est que la résultante de ce qui a déjà été observé, pour ce qui est de l'APD française totale à la santé. On observe en effet que de 1990 à 1999, ce sous-secteur vital n'a reçu aucune affectation bilatérale de fonds provenant de la France, traduisant ainsi le désintérêt total de cette dernière à résorber un certain nombre de maux lié à ce sous-secteur au Cameroun ; ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'on constate un timide effort de la France, à affecter quelques fonds à ce sous-secteur après près de 10 ans d'année blanches !!!

On pourrait se demander si, c'est à partir de cette année que la France s'est rendue compte de la vitalité de ce sous-secteur après 10 ans de « cécité » réelle ou inconsciente.

Le deuxième sous-secteur quant à lui, concerne la recherche médicale à l'exclusion de la recherche sur la santé de Base, ce sous-secteur revêt également une importance certaine, car, il peut être un des indicateurs gage de d'autonomie du Cameroun en matière d'approvisionnements aux médicaments, afin de ne plus trop dépendre des grandes firmes pharmaceutiques internationales (y comprise celles françaises). Mais l'observation du tableau 11 ci après, représentatif de l'aide française à se sous-secteur, suscite quelques interrogations.

Tableau 11 : APD française à la recherche médicale au Cameroun.

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

2,3

2,2

Source : OCDE stats 2007

De l'observation de ce dernier, on se rend compte que, pendant près de 15 ans la France n'a consenti à affecter aucun fond à ce sous-secteur (de 1990 à 2003), ce n'est qu'en 2004 qu'on note un effort timoré de la France à allouer de fonds à ce sous-secteur. Bien que ces sommes représentent à elles seules, plus de 50% de l'aide française totale à la santé au cours de ces périodes, il n'en demeure pas moins vrai que ce sous-secteur, ne constitue pas une priorité pour la France dans sa politique d'allocation sous sectorielle de son aide. La France, au regard de ces sommes, ne semble pas avoir la volonté à encourager la recherche médicale au Cameroun. Ceci traduit ainsi une certaine volonté manifeste de celle-ci, à vouloir maintenir celui-ci sous la dépendance des grandes firmes pharmaceutiques en matière d'approvisionnements en médicaments par exemple. Car, une autonomie du Cameroun dans ce domaine entraînerait une perte des parts de marché de ces grandes industries pharmaceutiques, provoquant par la même occasion une baisse des dividendes engrangés par ces dernières, dans la commercialisation des produits pharmaceutiques au Cameroun. La France n'aurait donc pas intérêt à affecter des fonds considérables à ce sous secteurs afin de booster la recherche médicale au Cameroun, autonomisant par conséquence ce pays dans ce domaine ; ce qui serait une pure gageure de sa part, car des firmes pharmaceutiques françaises ont certainement des parts de marché considérables au Cameroun, en matière d'approvisionnement et de commercialisation de médicaments.

Le troisième sous secteur concerne les laboratoires, les centres de santé et hôpitaux spécialisés (y compris l'équipement en fourniture), ambulances, services dentaires, lutte contre les maladies à l'exclusion des maladies infectieuses... c'est dire aussi que ce sous secteur revêt une importance certaine, car il permet à un meilleur équipement en infrastructures de santé, assurant par la même occasion une meilleure prise en soins des malades. Analysons dès à présent ce que la France à accorder à ce sous-secteur tout aussi important. Mais, de l'observation du tableau 12 ci-dessous, le triste constat déjà fait plus haut se dégage encore une fois ici.

Tableau 12 : APD française aux services médicaux au Cameroun

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1,3

1,0

0,6

0

0

0

Source : OCDE. stats 2007

A cet effet, à la lecture de ce dernier, on note toujours le même constat déjà établi dans les sous-secteurs précédents, à savoir que, c'est un sous-secteur caractérisé par l'extrême modicité de fonds à lui accorder par la France, et la présence de plusieurs années blanches (1900 à 1999 ; de 2003 à 2005) ; la France n'a consenti à affecter quelques fonds à ce sous-secteur, que pendant trois ans (de 2000 à 2002). Ces sommes sont allées décrescendo avant de disparaître complètement. C'est l'occasion de dire aussi dans ce cas précis, le délaissement total de ce sous-secteur dans la politique d'allocation sous sectorielle de l'aide française, traduisant ainsi son désintérêt total à l'égard de ce dernier. Or, les besoins du Cameroun en matière de services médicaux s'avèrent particulièrement énormes. La France elle, semble faire la soude oreille en n'y affectant que quelques fonds pendant quelques années. On peut ainsi noter une certaine volonté cachée de la France à maintenir le Cameroun en matière de services médicaux dans un état primaire, ce qui aurait pour effet rétroactif dans l'imaginaire collectif, de se tourner toujours vers l'étranger, quand il faut recevoir des soins d'un certain niveau, car, à l'intérieur tout semble pour le moins vétuste.

Le dernier sous-secteur quant à lui, concerne toutes les activités liées au contrôle des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA ; activités d'information, et communication ; dépistage ; prévention ; traitements, soins. L'importance de ce sous secteur n'est plus à démontrer car les M.S.T et particulièrement le VIH/SIDA constituent de nos jours un enjeu majeur de santé mondiale. Véritable calamité pour certains pays, et dont les appels incessants de la communauté internationale à l'éradication de ce fléaux, se font de plus en plus fréquents à travers un investissement (matériel et financier) considérable des pays développés en faveur des pays sous développés, victimes majoritaires de ce mal. La France respecte-elle cet engagement vis-à-vis du Cameroun ? L'observation du tableau 13 ci-après représentatif de l'aide française accordée dans ce sous secteur tend à nous démontrer plutôt le contraire.Tableau 13 : APD française à la lutte contre les MST et VIH/SIDA au Cameroun

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1,6

0,2

0,1

0,2

0,2

0

Source : OCDE stats 2007

La lecture de ce tableau fait ressortir un constat criard, on constate à cet effet que, ce sous-secteur semble être le dernier des soucis de la France dans la politique d'allocation sous sectorielle de son APD. De 1990 à 1999, la France n'a consenti à verser une quelconque somme à ce sous secteur, marquant ainsi son désintérêt manifeste à l'égard de celui-ci. Ce n'est qu'en 2000 qu'on relève un timide effort de la France, à affecter quelques fonds à ce sous-secteur, cet effort qui va connaître par la suite une tendance baissière, traduisant par conséquence le désengagement manifeste et son manque de volonté à vouloir véritablement aider le Cameroun à lutter de manière efficiente contre les MST et surtout contre VIH/SIDA. Est-ce à dire que la France a un intérêt certain à laisser le Cameroun tombé sous l'empire du VIH/SIDA et les autres MST ? Là se trouve la grande interrogation. Mais sans donner une réponse hâtive et péremptoire, ce que l'on peut seulement dire et qui découle des données statistiques ci-dessus, est que le sous-secteurs de la lutte contre les MST et le VIH/SIDA constitue un champs manifestement abandonné dans la politique d'allocation sous sectorielle de l'aide française à la santé accordée au Cameroun, tout au moins depuis les années 1990. Ce sous-secteur ne constitue pas une priorité aux yeux de la France pour le Cameroun, ce qui relève d'une contradiction notoire, au regard de la mobilisation massive de la communauté internationale à vouloir éradiquer à tout prix ces maux.

Vu de ce qui précède, un constat clair tend à s'établir de lui-même ; de toute évidence, on note que le secteur de la santé est loin de constituer une priorité dans la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au Cameroun depuis tout au moins les années 1990, au regard de la modicité des fonds affectés à celle ci. Cela traduit à notre avis un manque d'intérêt total de la France vis-à-vis de ce secteur, pourtant névralgique dans l'amélioration des conditions de vie des populations camerounaises, épicentre de cette aide. Ce désintérêt manifeste se retrouve également dans l'allocation sous sectorielle. Ainsi, des sous-secteurs clé tels que lutte contre les maladies infectieuses, recherche médicale, les services médicaux, la lutte contre les MST et VIH/SIDA constituent des champs compléments délaissés dans l'allocation sous sectorielle de l'aide française. Ce qui peut susciter certaines interrogations à savoir, où vont les quelques maigres fonds que la France accorde à la santé au Cameroun depuis 1990. Du moment où les sous-secteurs suscités, pourtant vitaux dans l'épanouissement et le bien-être des Camerounais, se retrouvent pratiquement sans aucune affectation de fonds pendant plusieurs années durant.

Après l'analyse de l'aide française à la santé, intéressons nous à un tout autre secteur d'affectation de l'APD française au Cameroun dès 1990.

b) L'aide française à l'éducation du Cameroun depuis 1990 : une aide faible en volume et en pourcentage.

Contrairement à ce qui a été observé plus haut, quand il s'agissait d'analyser l'aide française globale accordée aux pays en développement dans le secteur de l'éducation, le cas particulier du Cameroun fait plutôt ressortir une autre réalité.

En effet, une observation attentive et rigoureuse de l'évolution de l'aide française à ce secteur depuis les années 1990 le démontre à souhait. De cette observation, deux faits saillants ressortent : c'est une aide qui se caractérise par sa modicité aussi bien en terme de volume qu'en terme de pourcentage. C'est ce qui ressort de la lecture du tableau 14 ci-dessous représentant l'aide française à l'éducation au Cameroun, en volume.

Tableau 14 : APD française à l'éducation au Cameroun (millions de dollars)

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

7

0

5,8

3,5

0

5,4

0

14,1

12,2

27,1

26,3

27,5

30,6

30

32,8

33,8

Source : OCDE stats 2007

Au regard de ce tableau, on constate tout d'abord une évolution chaotique de l'aide française à ce secteur de 1990 à 1996. Cette période est marquée par une forte fluctuation de l'aide française à ce secteur, alternant entre des années blanches au cours desquelles aucun fond n'est affecté (1991, 1994, 1996) et des années où des maigres fonds, comparativement aux années suivantes y sont affectés. Cette évolution chaotique de l'aide française à ce secteur, révèle à notre avis un manque d'harmonie, voire, même de sérieux que la France accorde à ce secteur clé que constitue celui de l'éducation. Elle pourrait aussi traduire une indifférence certaine affichée par la France, à travers ces chiffres dans la "la formation des Esprits" au Cameroun, gage de son devenir futur.

Néanmoins depuis 1997, on semble assister à une prise de conscience progressive de l'importance du secteur éducatif dans la politique d'affectation sectorielle de l'aide française au Cameroun ; celle-ci semble se traduire par une hausse progressive du volume son aide accordée à ce secteur, qui va aller de 16,1 millions de dollars en 1997 pour culminer à 33,8 millions de dollars en 2005. Comment expliquer ce regain d'intérêt soudain de la France à l'égard du secteur éducatif au Cameroun ? On pourrait dire à première vue que, ce regain d'intérêt de la France traduit ainsi sa volonté affichée, à oeuvrer pour une meilleure éducation, et une meilleure scolarisation des Camerounais, afin de les rendre plus compétitif et mieux moulés. Mais à y observer de près, on peut relever que ce n'est qu'une vision de l'esprit, car, s'il faut interroger ce que représente l'aide française à l'éducation en termes de pourcentage, on commence à y voir un peu plus clair. Ainsi au regard du tableau 15 ci-dessous, représentant l'aide française à l'éducation au Cameroun en terme de pourcentage, il se dégage que, même si on observe une hausse progressive du pourcentage de l'aide française au secteur éducatif depuis 1997, celle-ci n'est que d'apparence. Car, s'il faille pousser l'observation plus loin, on constatera que les périodes indiquées figurent parmi lesquelles, où on note un fort taux de pourcentage comparativement aux années précédentes (2001, 2001, 2004 avec respectivement (21,11%, 31,74%, 25,4%), sont plutôt des périodes où l'APD totale française au Cameroun affiche une baisse notable par rapport aux autres années. En 2001 par exemple, l'APD totale française au Cameroun s'élève à 86,62 millions de dollars, l'un des volumes le plus faible depuis 1990 ; en 2004 elle s'élève à 129,13 millions de dollars, aussi un taux faible comparativement aux autres années, en 2000, elle se chiffre à 124,58 millions de dollars.

Tableau 15 : APD française à l'éducation au Cameroun (%)

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

3,2

0

1,9

0,65

0

1,91

0%

5,81

6,57

15,84

21,11

31,74

18,92

9,23

25,4

4

Source : OCDE stats 2007

C'est dire qu'au regard de ce qui précède, on semble assister à un certain saupoudrage de la France afin de voiler le réalité véritable. Ce saupoudrage consiste ici à allouer une part plus ou moins considérable de son aide au secteur éducatif quand le volume total est faible. Mais quand ce dernier s'avère considérable, comme c'est le cas avec les années 1992, 1993, 1994 et 2003 (avec respectivement 484,14 millions de dollars, 532,83 millions du dollars, 371,37 millions de dollars et 324,78 millions de dollars), l'aide française à l'éducation occupe une infime portion en terme de pourcentage (avec précisément pour ces années suscitées 1,9% ; 0,65% ; 0% ; 9,23%).

Ces différentes manoeuvres venant de la France traduisent une volonté persistante de vouloir oblitérer la réalité. Cette réalité qui s'affiche de manière très claire, c'est la volonté manifeste de la France à ne pas s'investir considérablement dans le secteur éducatif au Cameroun, passant ainsi par de telles stratagèmes pour pouvoir déclarer à toutes les tribunes que l'éducation reste au coeur de sa politique sectorielle de l'aide au développement. Or ce n'est qu'un leurre. Ce leurre ressort plus clairement encore s'il faut interroger l'allocation sous sectorielle de cette aide à l'éducation. Trois sous secteurs principaux peuvent retenir notre attention ici. Les sous secteurs de l'éducation de Base, l'éducation secondaire et l'enseignement supérieur.

Le premier sous-secteur concerne la formation maternelle et primaire (infrastructure, fourniture en équipements et tout autre matériel y afférant). C'est la fondation dans la formation des jeunes Camerounais, futurs dirigeants du Cameroun. C'est donc dire l'importance que revêt ce sous secteur, car de lui dépendra la suite du processus éducatif. Si le jeune enfant ne reçoit pas une bonne base, cela aura à coup sûr des répercussions plus tard.

L'analyse de l'aide française à ce sous-secteur suscite pourtant des interrogations, car au regard du tableau 16 ci-après, un triste constat tend à s'imposer de lui-même :

Tableau 16 : Aide française à l'éducation de base au Cameroun (millions de dollars)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

1

0,9

0,9

0,8

1,1

Source : OCDE stats 2007

En effet au regard de ce dernier, on constate avec stupéfaction que le sous secteur de l'éducation de Base constitue un champs complètement délaissé par la France dans son allocation sous sectorielle de l'aide au Cameroun. De 1990 à 1999 en effet, la France n'a consenti à ne verser aucune somme quelconque dans ce sous-secteur, c'est pratiquement 10 ans données blanches pour ce sous-secteur, traduisant ainsi une indifférence totale de la France à l'égard de celui-ci, creuset de la formation de la future élite dirigeante du pays. Ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'on observe un début timoré d'efforts venant de la France qui consent à y affecter quelques fonds, bien que ces derniers brillent par leur insignifiance notoire. Cela traduit à merveille, ce désintéressement affiché et noté plus haut par de la France vis-à-vis du secteur éducatif au Cameroun depuis les années 1990. Qu'en est-il du sous-secteur suivant ?

Le deuxième sous-secteur concerne quant à lui, la formation secondaire, post primaire des camerounais qui les mène jusqu'aux portes de l'enseignement supérieur (y compris aussi les infrastructures, l'équipement en fourniture). Suivant la métaphore de la construction d'une maison, ce sous-secteur peut être assimilé à la montée de murs et des poutres devant plus tard supporter la charpente. C'est dire aussi que ce sous-secteur revêt une importance certaine aux yeux du Cameroun. Est-ce aussi le cas pour la France ? A l'évidence non ! Car l'observation de ce qui est affecté comme fonds par celle-ci à ce sous secteur le dévoile à souhait.

Tableau 17 : Aide française à l'éducation secondaire au Cameroun (millions de dollars)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0,4

1,0

1,0

0,9

0,9

0,8

0

Source : OCDE stats 2007

En effet l'observation du tableau 17 ci-dessus, représentant l'aide française affectée au sous secteur de l'éducation secondaire au Cameroun depuis les années 1990, fait ressortir de manière saillante, le peu d'importance que revêt ce sous-secteur, pourtant clé aux yeux de la France. Ce peu d'importance se traduit par les sommes squelettiques qui y sont affectées par la France. C'est une aide totalement dérisoire et qui suit une évolution désarticulée ponctuée d'abord par 09 années totalement blanches (de 1990 à 1998), puis on observe un effort lâche à y octroyer quelques maigres fonds dès 1999 qui s'arrêtent net en 2004. On aurait dit que la France s'estime avoir déjà assez investi dans ce sous-secteur, et qu'elle est déjà fatiguée !!! L'année 2005 commence par un blanc total, tendance qui risque se confirmer et perdurer dans un avenir proche ; ce qui peut susciter des inquiétudes sur le devenir de ce sous-secteur dans la politique d'allocation sous sectorielle de l'aide française au Cameroun, car il est à craindre que cette indifférence de la France vis-à-vis de ce sous secteur perdure davantage au regard des fonds squelettiques y affectés. L'optimisme n'est donc pas de mise ici.

Le troisième sous-secteur enfin quant à lui concerne la formation universitaire et professionnelle, c'est la charpente et de la formation des camerounais. C'est le lieu par excellence où est tirée la future classe dirigeante, devant conduire plus tard les affaires publiques. Ici l'analyse de l'aide française laisse percevoir une toute autre réalité comme l'indique le tableau 18 ci-dessous représentatif de l'aide française à l'enseignement supérieur.

Tableau 18 : Aide française à l'enseignement supérieur au Cameroun (millions de dollars USD)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

5,8

0

0

1,5

0

3,1

0

0,4

4

2,6

2,6

28,3

31,3

32,7

Source : OCDE stats 2007

On remarque à cet effet que, comparativement aux deux précédents, celui-ci s'impose comme le lieu où la France s'est néanmoins investie à effectuer le plus de fonds possible, on note ainsi qu'il y a peu d'années blanches comparativement aux deux sous-secteurs précédents. Ceci traduit dans son ensemble un intérêt certain que ce sous-secteur revêt aux yeux de la France. L'intérêt de la France semble donc s'orienter vers de produits presque finis, pourtant absente lors des étapes antérieures. Toutefois l'évolution n'est pas linéaire. De 1990 à 2001, on note en effet que l'aide française à l'enseignement supérieur au Cameroun brille par son caractère disparaître, voir chaotique, alternant entre années blanches (1990, 1991, 1993, 1994, 1996, 1998) au cours desquelles aucun fond n'y est affecté et des années marquées par la modicité des sommes à lui accordées. Cette évolution chaotique traduirait ainsi son indifférence, vis-à-vis de ce sous-secteur. Puis, on assiste dès 2002 à un soudain regain d'intérêt de ce sous-secteur aux yeux de la France, au regard de la montée vertigineuse des sommes affectées à ce dernier qui vont aller crescendo jusqu'en 2005 : on quitte ainsi de 2,6 millions de dollars en 2001 à 31,3 millions en 2004 pour atteindre 32,7 millions de dollars en 2005. Comment expliquer ce regain d'intérêt subit de la France vis-à-vis du sous-secteur de l'enseignement supérieur au Cameroun. Certains parleraient d'une prise de conscience des autorités françaises à renforcer l'enseignement supérieur au Cameroun afin que les produits qui y sortent soient plus compétitifs sur le marché des idées et de l'emploi, tant au plus national qu'international. C'est ce qui peut justifier que l'octroi des bourses d'études en France occupe dès 2002, une portion considérable dans ce sous-secteur (notamment 51%, en 2002 ; 55,6% en 2003 ; 59,3% en 2004 et près de 60% en 20052(*)). Ce qui peut entraîner l'euphorie chez quelques esprits non avertis. Car le fait que des centaines de camerounais aillent continuer leurs études universitaires voire post universitaires en France, peut révéler cette volonté affichée de la France à vouloir améliorer la qualité des produits issus des universités camerounaises, en les rendant plus compétitifs. Mais ce n'est qu'un pan de la réalité. Car au même moment, puisque ces derniers constituent la future classe dirigeante par excellence du Cameroun, la France par la même occasion, vu la proximité géographique et culturelle, peut socialiser ces derniers en vue que ceux-ci puissent plus tard, leur servir de courroie de transmission sur le plan local pour la préservation des intérêts français au Cameroun à moyen et à long terme. C'est donc dire que ce subit regain d'intérêt de l'enseignement supérieur depuis 2002 au regard de la politique sous sectorielle de l'aide française n'est dénué de tout intérêt. Il doit être pris à cet effet avec beaucoup de prudence.

En définitive, il apparaît que l'aide française à l'éducation au Cameroun depuis 1990, se caractérise globalement par la modicité des fonds qui y sont affectés et celle-ci suit également une évolution disparate à travers ses sous-secteurs. L'éducation au regard de ce qui précède, apparaît comme l'un des derniers soucis de la politique sectorielle de l'aide française au Cameroun depuis 1990. C'est état de chose traduirait ainsi une certaine indifférence notoire de la France vis-à-vis du secteur éducatif à la lecture des maigres fonds qu'elle consent à affecter à ce dernier.

Après le secteur de l'éducation, il est question d'analyser un autre secteur d'affectation de l'aide française au Cameroun.

c) L'aide française dans le secteur de la distribution de l'eau et assainissement au Cameroun depuis 1990 : entre modicité notoire du volume et une évolution disparate.

Le secteur de la distribution en eau constitue à notre avis un secteur aussi stratégique dans l'amélioration de conditions de vie de populations nécessiteuses. L'accès à une eau de qualité serait ainsi par la même occasion un indicateur pertinent de mesure du bien être et de l'épanouissement de bon nombre de camerounais qui vivent encore dans une situation de besoin notoire. D'où l'intérêt croissant d'y affecter des fonds considérables. Mais est-ce le cas de l'affectation sectorielle de l'aide française à ce domaine au Cameroun ?

La réalité des données statistiques suivantes nous pousse inéluctablement à répondre par la négative. En effet l'observation du tableau 19 ci-après nous le démontre à souhait.

Tableau 19 : Aide française à l'eau et assainissement au Cameroun (million de dollars USD)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

11,3

0

0

0

32

16,6

0

0,3

2,6

0

0

0

0

0

0

Source : OCDE Stats. 2007

De ce dernier, représentant à cet effet l'aide française affectée au secteur de l'eau et assainissement au Cameroun depuis 1990, on constate que l'aide française à ce secteur brille par son évolution disparate, pour ne pas dire chaotique. En seize ans d'aide française à ce secteur, seules cinq années ont constitué des périodes au cours desquelles la France a consenti à y verser quelques subsides, (1991, 1995, 1996, 1998, 1999). Le reste constitue des années pratiquement blanches, au cours desquelles ce secteur n'a reçu aucune affectation venant de la France. Comment comprendre cet état de chose qu'un secteur aussi clé comme celui de la distribution en eau soit totalement délaissé dans la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au Cameroun. Le secteur de l'eau semble être au regard de ce qui précède, la dernière des priorités de la France dans l'amélioration des conditions de vie des populations camerounaises, désireuses. Sinon comment comprendre son manque d'intérêt manifeste, au regard de fonds consentis à ce secteur au Cameroun depuis les années 1990 qui brillent par leur modicité notoire. Cela ressort plus clairement dans l'allocation sous sectorielle, notamment dans le sous-secteur de la distribution en eau à grande échelle qui nous intéresse dans ce cas précis. L'observation du tableau 20 ci-après représentant l'aide française affectée à ce sous-secteur au Cameroun depuis 1990, fait ressortir cette évidence : c'est le peu de crédit que la France accorde au secteur de l'eau.

Tableau 20 : Aide française à la distribution eau à grande échelle, (millions de dollars USD)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

0

12,6

0

0

2,3

0

0

0

0

0

0

Source : OCDE stats 2007

En effet, l'aide française affectée à ce sous-secteur est quasi inexistante ; seules deux années sur seize constituent les périodes au cours desquelles, la France s'est engagée à y verser quelques francs symboliques (1996 et 1999) ; le reste des années affichent le blanc total, où l'aide française à ce sous secteur est pratiquement inexistante. Que peut-on dire de plus si ce n'est que le sous-secteur de la distribution en eau à grande échelle, voire le secteur de l'eau en général est relégué au dernier plan dans la politique sectorielle de l'aide française, depuis les années 1990. Ce qui constitue à notre avis une terrible gageure quand on connaît les difficultés criardes qu'ont les populations camerounaises à pouvoir s'approvisionner à une eau de qualité. En plus le secteur de l'eau est un secteur tout aussi très stratégique comme tous les précédents, car garant de l'épanouissement physique des populations. C'est même un secteur vital car l'eau constitue aujourd'hui tout comme le SIDA, ou le terrorisme un enjeu de sécurité nationale ; si les hommes ne consomment pas une eau de qualité, ils deviennent en proie à tous les périls possibles pouvant les conduire jusqu'à l'extinction. Il est donc à regretter qu'un secteur aussi vital comme celui de l'eau soit complètement délaissé de la politique française d'aide au développement, en ce qui concerne le Cameroun. On pourrait même s'interroger si la France a un intérêt certain de quelque nature que ce soit, à voir les populations camerounaises consommées une eau infecte, car son désintérêt manifeste à l'égard de ce secteur peut susciter de sérieuses méfiances.

Après le secteur de l'eau, analysons dès à présent l'aide française affectée au dernier secteur choisi au Cameroun.

d) L'aide française à l'agriculture au Cameroun depuis 1990 : Une aide insignifiante et désarticulée.

Le secteur agricole constitue pour le Cameroun, un domaine névralgique, pour un pays de longue tradition agricole comme lui. C'est un secteur aussi vital à plus d'un titre. Il est en effet garant de son autonomie et de sa sécurité agro alimentaire. Pour un pays situé en zone équatoriale, et donc propice à l'essor de l'agriculture, celle-ci permet ainsi de nourrir la population et soutenir aussi une économie agricole assez forte en développant une politique d'exportation des produits agricoles assez efficiente. Favorisant par la même occasion une entrée massive de devises devant permettre à réaliser un certains nombre de chantiers d'intérêt public et renflouer aussi les caisses de l'Etat camerounais. C'est donc dire que le secteur agricole revêt une importance indéniable aux yeux des autorités camerounaises. Est-ce aussi le cas de la France à travers sa politique d'affectation sectorielle de son aide au développement au Cameroun ?

A l'évidence, la négative constitue la réponse à cette interrogation, car au regard de l'observation de l'affectation sectorielle de l'aide française dans ce domaine, c'est plutôt le contraire qui tend à s'établir. C'est ce qui ressort l'observation attentive des trois sous secteurs agricoles suivants : la recherche agricole, la production agricole des céréales, le développement agricole.

Le premier sous-secteur concerne, toute recherche relative en vue d'améliorer la qualité des semences, la fourniture en équipements et infrastructures adéquates, la sélectivité des espèces plus productives. C'est dire l'utilité pratique dont revêt ce sous-secteur. Mais au regard du tableau 21 suivant, un triste constat tend à s'établir.

Tableau 21 : Aide française à la Recherche agricole au Cameroun (millions dollars USD)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

0

0

0

2,1

0

0

0

0

0

0,7

0,6

0,8

3,6

0,8

Source : OCDE stats 2007

De l'observation ce dernier, représentant l'aide française accordée à ce sous-secteur depuis les années 1990, on note l'insignifiance des fonds à y affecter par la France. On note ainsi de 1990 à 1994 l'inexistence d'aucun fond, ponctuée par 1995 au cours de laquelle quelques subsides y sont affectées, avant de plonger encore une fois à partir de 1996 jusqu'en 2000 dans le néant total. Ce n'est qu'en 2001 qu'on peut observer une reprise molle de l'aide française affectée à ce sous-secteur qui marque presque le pas sur place, excepté en 2004. On pourrait ainsi dire sans fioriture que l'aide française affectée au sous secteur de la recherche agricole est sous l'emprise depuis 2001 du syndrome de la « danse Bafia », traduisant aussi une évolution désarticulée de cette aide. Mais la modicité des fonds affectés à ce dernier traduit aussi cette absence d'intérêt de la France vis-à-vis de la recherche agricole au Cameroun.

Le deuxième sous secteur quand a lui, concerne l'amélioration efficiente de la production agricole notamment des céréales, première composante alimentaire au Cameroun à travers particulièrement par une meilleure sélection des implants, une vulgarisation de l'emploi des engrais, des techniques productives assez performantes ...

C'est dire aussi l'importance certaine que revêt ce sous-secteur aux yeux du Cameroun. Mais c'est plutôt le contraire pour ce qui est de la France, au regard de l'affectation des fonds à ce sous-secteur. L'observation du tableau 22 ci-après peut laisser pantois.

Tableau 22 : Aide française à la production agricole (céréales) au Cameroun (volume)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

29,2

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Source : OCDE stats 2007

En effet au regard de ce dernier, nul n'est point d'être expert pour constater que l'aide française affectée à ce sous-secteur est quasi inexistante depuis 1990, qui constitue d'ailleurs la seule année au cours de laquelle la France a consenti à verser une quelconque somme à ce sous-secteur. Après, c'est un désert, et celui-ci n'est pas prêt à notre avis de s'achever. A moins qu'on puisse assister à un revirement notoire de la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au Cameroun, cette tendance serait plutôt vouée à perdurer encore pour longtemps. Nul besoin de voiler la réalité, aussi cruelle fut-elle : le sous-secteur de la production agricole des céréales est très loin de constituer une priorité dans la politique d'aide française en matière agricole. Cet état de choses traduirait ainsi cette indifférence manifeste et cette volonté persistante de la France qui, a à travers sa politique d'affectation sectorielle de l'aide en matière agricole, notamment dans ce sous-secteur précis, voudrait maintenir le Cameroun dans un état d'insécurité alimentaire permanent. Car plus dépendante de ses importations en céréales que par sa production locale.

Le troisième sous-secteur quant à lui, concerne le développement agricole dans sa globalité (fourniture en équipement agricoles performants, développement agraire, mécanisation croissante du secteur agricole industrialisation progressive des cultures maraîchères...)

Sous-secteur tout aussi vital comme les précédents, le développement agricole s'impose également comme garant de l'autonomie et de la sécurité agro alimentaire au Cameroun. Du côté français, cette vision ne semble pas être partagée, car c'est toute une autre réalité qu'on peut relever dans l'analyse de l'aide française affectée à ce sous-secteur depuis 1990. La lecture du tableau 23 ci-après représentant l'aide française affectée dans le sous-secteur du développement agricole au Cameroun depuis 1990, dévoile cette vision opposée de la France à l'égard de celui-ci.

Tableau 23 : Aide française au développement agricole au Cameroun (volume)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

0

0

5,6

0

6,4

0

0

0

0

9,6

0

13,1

0

0

0

0

Source : OCDE stats 2007

On note ainsi, de l'étude de celui-ci, une évolution de l'aide française à ce sous-secteur ponctuée par des hoquets, qui constituent ici les quelques années au cours desquelles quelques fonds ont été affectés (notamment 1992, 1994, 1999 et 2001). Le reste des années c'est le désert total qui, depuis 2002, semble perdurer. Et l'heure ne parait donc pas à une reprise significative de l'aide française affectée à ce sous-secteur. Cette évolution ponctuée de hoquets traduit ainsi le désintérêt certain qu'éprouve la France vis-à-vis de ce domaine pourtant clé pour le Cameroun. Cette absence d'intérêt expliquerait ainsi la maigreur significative des fonds alloués à ce champ par la France. Dévoilant cette volonté persistante à demi-cachée de la France à vouloir maintenir le secteur agricole au Cameroun dans un état embryonnaire. Une industrialisation progressive des cultures maraîchères camerounaises pourrait par exemple menacer sérieusement les parts de marché des industriels agricoles français qui exercent dans ce domaine. Car s'il s'avère qu'elles sont non seulement bon marché, mais aussi de haute qualité, elles pourraient ainsi arracher ces parts de marché sur le plan international ou les diminuer considérablement, provoquant par la même occasion une chute des bénéfices de ces paysans et grands industriels français exerçant dans ce domaine. La France n'aurait donc pas intérêt à vouloir booster le développement agricole au Cameroun, car il y va de son équilibre interne dans ce secteur.

Au regard de ce qui précède, force est de constater qu'on observe au Cameroun les répercussions de ce qui à déjà été constaté plus haut, en ce qui concerne l'aide totale française affectée à l'agriculture aux pays en développement depuis 1990. C'est une aide qui est en baisse considérable et qui est relativement récente. L'agriculture s'impose ici comme l'enfant pauvre de la politique sectorielle française en matière d'aide au développement. Cette réalité traduit ainsi un désintérêt manifeste que la France éprouve vis-à-vis de ce secteur, pourtant vital pour le Cameroun.

Pour fermer cette partie, rappelons qu'il était question pour nous ici d'analyser l'aide française affectée dans quatre secteurs clé au Cameroun : santé, éducation, eau et agriculture. Parvenu au terme de notre analyse, il ressort qu'aucun de ces quatre secteurs ne semble être au coeur de la politique d'affectation sectorielle de l'APD française au Cameroun. Et ce, depuis 1990. Cette réalité s'explique ainsi par la modicité notoire des fonds accordés par celle-ci à ces domaines. Cette modicité est aussi bien en terme de volume qu'en terme de pourcentage. En plus il a été constaté que l'aide française affectée à ces secteurs suit une évolution contrastée, voire contingente ; ce qui traduirait par la même occasion, le manque de sérieux que la France puisse accorder à ces secteurs.

Il est donc question dès à présent de s'interroger sur l'incidence quelconque qu'à pu avoir cette aide dans l'amélioration des conditions de vie au Cameroun au sein des domaines d'affectation sectorielle sus évoqués.

2) L'incidence de l'aide française dans l'amélioration des conditions de vie au Cameroun dans les secteurs sus évoqués depuis 1990 : une incidence significativement minorée.

L'objet de cette partie s'articule autour d'un point focal à savoir,  d'essayer de mesurer l'impact qu'a eu l'aide française dans l'amélioration des conditions de vie au sein des secteurs sus analysés plus haut. Cette aide a-t-elle contribué significativement à améliorer la qualité de vie des Camerounais ou son impact ne fut-elle que dérisoire au sein de ces secteurs ?

Nous analyserons tour à tour la situation sanitaire (a), la situation éducative (b), la situation en matière d'accès à l'eau potable (c) et la situation agricole au Cameroun (d).

a) l'incidence de l'aide française dans l'amélioration de la situation sanitaire au Cameroun : une incidence médiocre.

Un peuple qui n'est pas en bonne santé est un peuple qui est voué à la déchéance et dont le devenir est sérieusement compromis. C'est dire que le secteur de la santé constitue un champs névralgique pour lequel une grande importance doit être accordée, car on ne bâti pas un pays avec de grands malades qui sont appelés à disparaître précocement. La communauté internationale n'a pas failli quand, en dressant les OMD à atteindre d'ici 2015, elle a accordé au seul secteur de la santé, trois objectifs à atteindre sur les sept comptabilisés. Ces derniers sont relatifs à la réduction de la mortalité infantile, l'amélioration de la santé maternelle et la lutte contre VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies infectieuses.

Il ressort de ce qui précède que le secteur de la santé occupe une place majeure au coeur des préoccupations mondiales. Mais cela ne semble pas être le cas pour ce qui de la France dans sa politique d'affection de son aide au Cameroun.

En effet, comme il a été souligné plus haut, au moment d'analyser l'aide française à la santé au Cameroun depuis 1990, il a été constaté que ce secteur est loin d'être la priorité de la France au Cameroun, au regard de l'extrême modicité des fonds que celle-ci a consenti à lui allouer. Or, les besoins en santé au Cameroun sont énormes et la situation sanitaire y est toujours jugée préoccupante. Quatre indicateurs peuvent être mobilisés pour le justifier : le taux de mortalité infantile (a1), le taux de prévalence au VIH/SIDA (a2), le taux d'enfants vaccinés contre la rougeole (a3) et l'espérance de vie (a4).

a1) Le taux de mortalité infantile au Cameroun : un taux jugé très critique.

La mortalité infantile demeure le ventre mou de la situation sanitaire au Cameroun depuis 1990.

En effet au regard du tableau 24 ci-dessous, un constat clair se dégage : c'est le niveau jugé très critique de la mortalité infantile au Cameroun depuis 1990.

Tableau 24 : Taux de mortalité infantile au Cameroun (pour 1000 naissances)

Année

1990

1994

1998

2002

2006

 

65%

62%

94%

95%

85%

Source : PNUD 2006, 2004, 2000 ; OMS 2006

L'observation de celui-ci fait ressortir que la mortalité infantile reste largement au dessus des 50 pour cent, pour 1000 naissances. Cette mortalité infantile a évolué crescendo de 1900 à 2002, avant d'amorcer une légère baisse en 2006. Mais cette légère baisse ne doit pas cependant oblitérer qu'elle reste toujours très élevée ; 85% c'est encore assez fort !!! Comparativement à 1994, année au cours de laquelle, elle connaît son plus faible taux dans la tranche d'années sélectionnées. Ce qui traduit à notre avis un relâchement des efforts nationaux en vue de baisser significativement ce taux. C'est dire que beaucoup, pour ne pas dire tout, reste à faire ici. L'enjeu est énorme. L'année 2006 semble s'achever sur un brin d'optimisme, car on note une baisse de l'ordre de 10% par rapport à 2002. Il est à souhaiter que cette tendance descendante qu'a amorcé la mortalité infantile dure le plus longtemps possible, afin que d'ici quelques années le Cameroun réussisse à baisser de moitié, voire, des trois quart cette mortalité infantile.

Après l'indicateur de la mortalité infantile, place à un autre.

a2) Le taux de prévalence VIH/SIDA au Cameroun : Un taux quelque peu stabilisé.

Considéré aujourd'hui comme le mal du siècle, le SIDA constitue un enjeu de sécurité nationale pour certains pays, (ceux de l'Afrique Australe par exemple) car ses conséquences sont désastreuses dans tous les secteurs de la société. Aujourd'hui selon les estimations de l'OMS et de l'ONUSIDA, pour dix personnes qui meurent dans le monde, six sont terrassées par le SIDA. On estime de nos jours à près de 40 millions de personnes dans le monde qui sont infectées par le VIH/SIDA, dont presque la moitié réside en Afrique, avec un taux de prévalence global estimé à 9% ; ce qui compromet énormément l'avenir de certaines nations, freinant ainsi par la même occasion leur élan au bien être.

Pour ce qui est du Cameroun en particulier, l'observation du taux de prévalence au VIH/SIDA depuis 1990 s'est nettement stabilisée depuis lors. C'est ce qui ressort du tableau 25 ci-dessous.

Tableau 25 : Taux de prévalence VIH/SIDA au Cameroun (%)

Année

1990

1998

2006

 

7,5

5,2

5,5

Source : PNUD 2004, 2000 ; ONUSIDA 2006

En effet, au regard de ce dernier, il apparaît que ce taux a connu une baisse significative depuis 1990. Ce taux en 2006, est l'ordre de 5,5%, comparativement à 7,5% en 1990. Toutefois, on note une légère hausse en 2006 comparativement à 1998 où il se chiffrait à 5,2%. Néanmoins, cette légère disparité n'a qu'une influence moindre sur le fait que le taux de prévalence au VIH/SIDA connaît une nette amélioration sur une moyenne mobile de 8 ans au Cameroun. Cette amélioration est certainement due aux différents efforts qu'ont déployé les autorités camerounaises en vue de contenir ce mal. Ces efforts ce sont traduits par une baisse significative des coûts des anti-rétroviraux, avant de devenir tout simplement gratuits ; une campagne intense de vulgarisation des méthodes de contraception, des dépistages systématiques et permanents... L'incidence de l'aide française dans le sous-secteur de la lutte contre le MST et VIH/SIDA analysée plus haut, n'est que moindre ici d'autant plus qu'elle est d'abord récente (à partir de l'année 2000) ; en plus, les maigres fonds engagés par la France dans ce sous-secteur reflètent nous l'avons dit plus haut, le désintérêt total que celle-ci accorde à la lutte contre les MST et VIH/SIDA au Cameroun. C'est donc dire que l'aide française à ce niveau n'a qu'une incidence minorée sur la lutte contre le VIH/SIDA dans ce pays, et cela depuis 1990.

Après l'indicateur de taux de prévalence du VIH/SIDA, intéressons nous à un tout autre.

a3) Le taux d'enfants vaccinés contre la rougeole au Cameroun depuis 1990 : Un taux toujours en deçà de la moyenne.

La rougeole figure parmi les premières causes de morbidité infantile et infanto juvénile qui peut être facilement évitée par le biais de la vaccination.

La situation sanitaire au Cameroun en matière de vaccination contre la rougeole depuis 1990 laisse percevoir un sentiment inquiétant.

C'est ce qui ressort tout du moins de l'observation du tableau 26 ci-après.

Tableau 26 : Taux enfants vaccinés contre la rougeole au Cameroun (%)

Année

1990

1994

1998

2002

2006

 

33

44

41

62

39

Sources : PNUD ,2006,2004,2000,1998,1995.

L'observation de celui-ci laisse transparaître que des efforts en vue d'une couverture maximale des enfants au vaccin contre la rougeole reste à venir. Sur la moyenne d'année choisie, il ressort que le taux d'enfants vaccinés contre ce fléau reste largement insuffisant, c'est dire que les besoins sont encore énormes. C'est presque 60% d'enfants qui ne sont pas encore vaccinés contre la rougeole depuis 1990, excepté l'année 2002 où l'on a enregistré un taux record de l'ordre de 62% d'enfants vaccinés contre la rougeole. Même si on peut observer une légère hausse de ce taux en 2006 comparativement à 1990 ; mais cette même année constitue par la même occasion, une période au cours de laquelle on note une chute vertigineuse de ce taux comparativement à 2002. C'est donc dire que la situation vaccinale des enfants contre la rougeole au Cameroun reste préoccupante. Au regard des sommes modiques affectées par la France dans le secteur de la lutte contre les maladies infectieuses parmi lesquelles la rougeole, traduisant ainsi son indifférence totale vis-à-vis de ce sous secteur, il apparaît que celle-ci n'a eu qu'une incidence minime dans l'amélioration de cet indicateur car la situation reste inquiétante.

Observons dès à présent le dernier indicateur.

a4) L'espérance de vie à la naissance au Cameroun depuis 1990 : un taux en dégradation progressive et critique.

On entend par espérance vie à la naissance, la probabilité moyenne d'atteindre un certain âge avant de décéder. L'observation de l'espérance de vie au Cameroun laisse entrevoir un constat inquiétant. En effet au regard du tableau 27 ci-après, on observe une dégradation progressive de l'espérance de vie au Cameroun depuis 1990.

Tableau 27 : Espérance de vie à la naissance au Cameroun

Année

1990

1998

2006

 

57

54,5

51,6

Source : PNUD, 2006, 2004, 2000

De ce tableau, il ressort que les Camerounais atteignent de plus en plus difficilement le seuil de cinquante ans ; la situation s'est empirée progressivement et l'année 2006 se termine sur un pessimisme certain, car elle constitue la période au cours de laquelle on assiste à une chute notable de l'espérance de vie comparativement aux années 1998 et 1990. Comment expliquer cette dégradation progressive de l'espérance de vie au Cameroun ? On pourrait évoquer entre autres, les mauvaises conditions d'hygiène de vie, le manque de soins et services médicaux efficients, le coût assez élevé des médicaments qui n'est pas toujours à la portée de toutes les bourses ; l'insuffisance et la vétusté d'infrastructures de santé...

Cet indicateur est assez révélateur de la situation sanitaire au Cameroun jugée toujours critique ; c'est dire qu'à ce niveau, les besoins restent énormes, beaucoup reste à faire, afin de relever et de hisser cette situation à un niveau satisfaisant. Le Cameroun à ce titre à besoin d'une implication significative de ses partenaires internationaux parmi lesquels figure en première loge la France, afin de résorber cette crise sanitaire. Mais au regard de ce que la France consent à octroyer comme dispositions financières dans ce domaine au Cameroun, elle semble traduire par là son indifférence totale, et son refus à peine voilé à vouloir aider le Cameroun à résorber sa crise sanitaire. Ce qui relève à notre avis d'un paradoxe total, car au même moment où elle tend à insister davantage dans son discours sur sa politique d'affectation sectorielle de l'aide, que celle-ci sera plus concentrée dans les secteurs prioritaires des récipiendaires dans le but d'améliorer substantiellement leur conditions de vie. Or, c'est plutôt le contraire qui est observé au regard de son aide squelettique accordée au secteur sanitaire au Cameroun. D'où son incidence quasi nulle sur le relèvement de la situation sanitaire dans ce pays.

Après avoir essayé d'analyser l'incidence de l'aide française à la santé au Cameroun depuis 1990, intéressons-nous dès à présent de celle-ci à un tout autre secteur.

b) L'incidence de l'aide française dans le relèvement du secteur éducatif au Cameroun : une incidence significativement négligeable.

Le secteur éducatif est tout aussi névralgique que celui de la santé évoqué plus haut, car il constitue le creuset où se forme la présente et la future classe dirigeante appelée plus tard à gérer les affaires de la cité. Un peuple éduqué est un peuple éveillé et peu propice aux emportements pouvant mener au chaos. C'est un peuple éclairé et plus enclin vers le progrès. C'est le lieu stimulation par excellence du « virus mental » étudié plus haut à fin de former des hommes et des femmes aptes à conduire de manière efficiente les charges publiques.

C'est donc dire de l'importance et l'intérêt indéniables que revêt ce secteur aux yeux du Cameroun. Mais l'analyse de l'aide française affectée à ce secteur faite plus haut a laissé plutôt entrevoir le contraire.

En effet, au regard des sommes minables consentis par la France à ce secteur pourtant clé pour Cameroun, traduisant ainsi par la même occasion son désintérêt déclaré vis-à-vis de ce dernier, le secteur éducatif est loin de constituer l'une des priorités de la politique d'affectation sectorielle de l'aide française au Cameroun.

Or, l'observation des indicateurs du secteur éducatif au Cameroun affiche plutôt un constat plus ou moins satisfaisant. Deux indicateurs peuvent nous le démontrer : le taux de scolarisation au Cameroun (b1) et le taux de d'alphabétisation (b2).

b1) Le taux de scolarisation au Cameroun depuis 1990 : Un taux nettement au dessus de la moyenne.

On entend par taux de scolarisation, le nombre d'habitants fréquentant ou étant inscrit à l'école, du primaire au supérieure. Pour ce qui est du Cameroun, le taux brut de scolarisation combiné (du primaire au supérieur) affiche nettement une tendance largement au dessus de la moyenne comme l'indique le tableau 28 ci-après.

Tableau 28 : Taux scolarisation au Cameroun (%)

Année

1990

1994

1998

2002

2006

 

55

47

71

58

68

Source : UNESCO 2006, 2000 ; PNUD 2006, 2002, 2000, 1998

Au regard de ce dernier, il apparaît clairement que ce taux depuis 1990 connaît une hausse progressive. L'année 2006 affiche 68% de scolarisés comparativement au 55% de 1990, ce qui relève d'une hausse significative. Hausse significative aussi, comparativement à 2002 où ce taux s'affiche à 58%. Toutefois il est quand même à regretter que le taux record obtenu en 1998 (71%) n'ait pas été maintenu pour les années suivantes. Néanmoins l'année 2006 se termine sur un élan d'optimisme, car on observe à partir de cette année une remontée progressive de ce taux de scolarisation, qui pourrait dans un avenir proche, connaître davantage une tendance à la hausse.

Après l'indicateur de taux de scolarisation, voyons ce qui est de l'indicateur suivant.

b2) Le taux d'alphabétisation au Cameroun depuis 1990 : un taux en hausse progressive.

On entend par taux d'alphabétisation, la proportion d'une population qui sache lire et écrire. Au Cameroun ce taux est en nette amélioration depuis au moins les années 1990 comme l'indique le tableau 29 ci-après.

Tableau 29 : Taux alphabétisation au Cameroun (%)

Année

1990

1994

1998

2002

2006

 

57,9

52

45

67,9

69,5

Source : UNESCO 2006, 2000 ; PNUD 2006, 2002, 2000, 1998

De l'observation ce dernier, il apparaît clairement que ce taux connaît une hausse significative depuis les années 1990. On quitte ainsi le 57,9% en 1990, pour 69,5% en 2006. On note également une hausse progressive du taux d'alphabétisation depuis 1998, qui connaît cependant le taux le plus faible de la tranche d'années choisies. Mais les chiffres des années suivantes traduisent que des efforts substantiels ont été faits afin de le relever. Ce qui a d'ailleurs été justifié au regard du taux des années 2002 et 2006 au cours desquelles on a assisté à une montée notable du taux d'alphabétisation au Cameroun. L'année 2006 s'achève sur un brin d'optimisme, car il est à souhaiter que cette tendance ascendante amorcée depuis 2002, se prolonge dans le futur.

Au regard de ce qui précède, il ressort que le secteur éducatif au Cameroun affiche des indicateurs plus ou moins satisfaisants. Cette amélioration notable est certainement à mettre sur le compte des efforts des autorités nationales, marquant ainsi leur volonté sans cesse croissante à vouloir assurer une meilleure formation aux camerounais afin qu'ils soient plus aptes et plus compétitifs. Dans cette amélioration du secteur éducatif, l'incidence de l'aide française dans ce secteur, au regard de ce qui a été engagé comme fonds, est quasiment négligeable pour ne pas être prise en considération. En effet, vu la modicité, voir l'inexistence des fonds engagés par la France à ce secteur clé, l'on ne saurait commettre par souci de complaisance, un crime de lèse majesté en attribuant l'amélioration de ce secteur sur le compte de la France au regard des sommes insignifiantes qu'elle a affecté dans ce dernier au Cameroun. Car il a été constaté plus haut que l'éducation est loin d'être la priorité de la politique d'affectation sectorielle de l'aide française dans ce pays depuis 1990.

Après le secteur éducatif, attardons-nous à la situation qui prévaut dans un tout autre secteur.

c) L'incidence de l'aide française sur l'amélioration des conditions d'accès à l'eau potable au Cameroun depuis 1990 : une incidence insignifiante.

L'or noir deviendra bleu et l'eau, la molécule la plus en vue du nouveau siècle. Aucune tension internationale quelque qu'en soit la violence ne peut altérer ce destin annoncé. Longtemps considérée comme inépuisable dans l'imaginaire collectif, l'eau est devenu désormais une ressource restreinte et vulnérable, éreintée par l'industrialisation du monde, sa croissance démographique, gaspillage et pollution. Les tensions qu'elle suscite sont locales et mondiales. Ses enjeux ? Hétérogènes et primordiaux : santé publique, sécurité alimentaire, équilibres écologiques, développement économique, agriculture, industrie, transport, énergie... (Severino, 2003). C'est dire qu'au regard de ce qui précède, l'accès à une eau de qualité constitue un enjeu vital pour le bien-être des populations vivant aussi bien dans les pays développés que dans les pays sous-développés où ce besoin se fait sentir avec beaucoup d'insistance.

L'analyse d'une incidence quelconque de l'aide française en matière d'accès à une eau de qualité au Cameroun, fait ressortir un constat irréfragable. L'aide française au regard des fonds alloués à ce secteur stratégique a eu par conséquent, une incidence nulle dans l'amélioration des conditions d'accès des populations camerounaises à une eau potable depuis 1990. Cela relève d'une logique indéniable. Car l'analyse de l'aide française allouée à ce secteur qui a été faite plus haut, nous a permis de dégager le désintérêt manifeste de la France à l'égard de ce domaine, vu les quelques maigres fonds épars qu'elle a consenti à affecter à ce secteur névralgique.

Pourtant, une analyse de l'évolution du taux de population ayant accès à une eau potable, montre néanmoins une nette amélioration des conditions d'accès des populations camerounaises à une eau de qualité depuis 1990 ; comme en témoigne le tableau 30 ci-après.

Tableau 30 : Population disposant d'un accès facile à une source d'eau de qualité au Cameroun (%)

Année

1990

1994

1998

2002

2006

 

51

53,6

56

63

65,8

Source : PNUD 2006, 2004, 2002, 2000

En effet, au regard de celui-ci, un constat ne pouvant souffrir d'aucune contestation s'offre à nous : c'est la hausse progressive et significative du taux de la population ayant accès à une eau de qualité. On quitte ainsi de 51% en 1990 à 65,8 en 2006, ce taux est consécutive à une hausse progressive depuis 1994. L'année 2006 s'achève sur un sentiment satisfaisant car la tendance ascendante entreprise depuis 1994 n'est pas proche à notre avis de s'arrêter en si bon chemin, et le plus dur reste à venir. Résorber par exemple, les disparités qui existent entre les campagnes et les villes en matière d'accès à l'eau potable, les questions de genre... Toutefois un coup de chapeau doit être tiré aux autorités nationales camerounaises qui, à travers ces réalités statistiques, ont le souci de pouvoir faciliter le plus possible l'accès des populations à une eau de qualité, par le biais d'un investissement considérable. Quant à l'aide française à ce secteur, point n'est besoin de vouloir mesurer une quelconque incidence positive, au regard de la sombre réalité décrite par les séries statistiques dévoilées plus haut. Car elle est presque inexistante et les quelques fonds présents brillent par leur extrême modicité. D'où son incidence nulle dans l'amélioration des conditions d'accès des populations camerounaises à une eau de qualité.

Après le secteur de l'eau, analysons dès à présent l'incidence de l'aide française sur l'amélioration du dernier secteur au Cameroun.

d) L'incidence de l'aide française dans le relèvement du secteur agricole au Cameroun depuis 1990 : une incidence quasiment inexistante 

L'analyse de l'aide française dans le secteur agricole faite plus haut, nous a amené à aboutir à la conclusion suivant laquelle : le secteur de l'agriculture est encore très loin de figurer parmi les priorités de la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au Cameroun depuis 1990. Cette réalité découlerait des quelques sommes dérisoires affectées de manière contingente à ce secteur pourtant stratégique pour un pays de longue tradition agricole comme le Cameroun. C'est dire aussi que celle ci n'a pu avoir qu'une incidence relative à la modicité extrême de ses volumes.

Prenons par exemple le domaine de la production agricole, car la performance d'une agriculture se mesure principalement à l'aune de sa capacité productive. Dans le secteur particulier des céréales, la production camerounaise se caractérise par un certains nombre de traits tels qu'ils ressortent du tableau 31 ci-dessous.

Tableau 31 : Production agricole céréale et importations au Cameroun (1000T)

Année

1990

1995

2000

2005

Production

797.93T

1.167,42T

1.257,95

1.454,41

Importations

486.08T

352.76T

481.66T

761.266T

Source : FAO stats 2007

De l'observation ce dernier, on constate que la production céréalière au Cameroun connaît une hausse progressive depuis 1990. On part ainsi de 797,93 mille tonnes en 1990 pour culminer à 1454,41 mille tonnes en 2005, la production a presque doublé dans cet intervalle. Cette hausse de la production céréalière au Cameroun, pourrait traduire ainsi la volonté du Cameroun de consolider sa sécurité agro alimentaire en matière céréalière. Mais cette volonté est encore largement freinée au regard de la part significative qu'occupent encore les importations des céréales au Cameroun. Ce qui grève encore à notre avis l'économie agricole camerounaise. Car des efforts à travers un investissement massif doivent être entrepris afin de remédier à ce problème. Un regard synoptique jeté à cet effet sur l'aide française affectée dans le sous secteur de la production céréalière, nous a montré clairement que celle-ci est quasiment absente et se fait de plus en plus rare, signe du peu d'intérêt que la France accorde à ce sous secteur, mais aussi à tous les autres sous secteurs agricoles. On ne pourrait donc parler d'une incidence quelconque.

Parvenu au terme de ce chapitre, il ressort sans ambiguïté que, l'orientation sectorielle de l'aide française aux quatre secteurs sus analysés au Cameroun, se caractérise depuis 1990 par une modicité significative des fonds à leur affecter par la France, ce qui a eu pour conséquence logique, qu'elle n'ait eu une quelconque incidence dans l'amélioration des conditions de vie des populations camerounaises dans ces dits secteurs. Cela traduit à notre avis, un désintérêt certain de la France à l'égard de ces secteurs pourtant clé dans l'épanouissement et le bien-être de ces populations.

Est-ce la même réalité qui prévaut au Gabon ?

CHAPITRE IV :

L'AIDE FRANÇAISE AU GABON ET SON IMPACT : UNE AIDE MODIQUE AVEC UN IMPACT INSIGNIFIANT

Deux points focaux constituent l'objet de ce chapitre. En premier lieu il s'agit d'analyser l'orientation sectorielle de l'aide française au Gabon depuis 1990 (1) et en second lieu d'essayer à ressortir l'impact que celle-ci a pu avoir sur l'amélioration la situation des secteurs d'aide étudiés (2).

1) L'orientation sectorielle de l'aide française au Gabon depuis 1990 : Une aide marquée par un volume considérablement maigre.

Cette sous partie s'articule autour de quatre volets. Il s'agira en effet d'analyser successivement l'aide française dans le secteur de la santé (a), dans le secteur éducatif (b) dans le secteur agricole (c) et enfin dans le secteur de l'eau (d).

a) L'aide française dans le secteur de la santé au Gabon depuis 1990 : Une aide marquée par son extrême modicité en volume et en pourcentage.

Il est inutile de ressortir encore ici le caractère névralgique du secteur sanitaire au Gabon. Pourtant l'analyse de l'évolution de l'aide française à la santé dans ce pays ne semble pas refléter cette réalité pour ce qui est de la France.

En effet, au regard du tableau 32 suivant, c'est plutôt le contraire qui tend à s'imposer.

Tableau 32 : APD française à la santé au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Total net

144,05

162,88

65,17

109,18

180,87

114,32

110,06

25,07

38,4

36,8

-20,98

-20,44

55,68

-54,6

13,73

16,59

Total santé

0,4

0

0

3,5

0

0

0

3,3

4,2

1

2,3

2

1,8

2

1,9

1,3

Source : OCDE. Stats. 2007.

La lecture de ce tableau laisse entrevoir un fait marquant : c'est l'extrême modicité des fonds affectés par la France à ce secteur depuis 1990. L'année 1990 préfigure déjà ce constat désolant. Car elle débute par l'affectation d'une somme squelettique, par rapport au volume total de l'APD française allouée à ce pays pendant la même année. Cette tendance va aller de mal en pire, car les années suivantes, notamment 1991, 1992 seront fortement marquées par l'affectation d'aucun fonds à ce secteur.

En 1993, on semble assister à un regain d'intérêt à l'égard de ce secteur par l'affectation de quelques fonds, mais la suite nous démontre que cela n'a été qu'un leurre, car les trois années suivantes, la France n'affectera une fois de plus aucun fonds au secteur de la santé. Ce n'est qu'à partir de 1997 qu'on semble assister à une certaine régularité dans l'affectation de l'aide française à la santé au Gabon. Mais ces fonds brillent par leur extrême faiblesse en termes de volume, par rapport au volume total de l'aide française allouée au Gabon pendant ces années. Cette modicité de l'aide française à la santé au Gabon s'illustre plus clairement quand il faut l'évaluer en terme de pourcentage comme l`indique le tableau 33 ci-après.

Tableau 33 : Aide française à la santé au Gabon (%)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0,27

0

0

3,2

0

0

0

13,16

10,93

2,71

10,96

9,78

3,23

3,66

13,83

7,83

Source : OCDE. Stats. 2007.

En effet au regard de ce dernier, à première vue, on pourrait dire que l'aide française à la santé représente quand même un pourcentage significatif. Mais ce n'est qu'une illusion, car une observation approfondie de ce tableau en relation avec le précédent (tableau 32), fait ressortir sans doute que toutes les années au cours desquelles, on observe un pourcentage significatif de l'aide française à la santé au Gabon (précisément 1997, 1998, 2000, 2004), constituent des périodes où l'APD total française a été la plus faible au Gabon en terme de volume comparativement aux autres années. Mais les années où l'aide française totale est assez significative (1990, 1991, 1994, 1995, 1996), la portion occupée par la santé en terme de pourcentage est quasi nulle ! ! ! Ces différentes manoeuvres et stratagèmes traduisent la volonté à peine voilée de la France à vouloir à tout prix déformer la réalité, en faisant croire à certains esprits incrédules qu'elle accorde un intérêt certain au secteur sanitaire au Gabon à travers ses affectations sectorielles de son aide au développement à ce pays. Or ce qui est, à notre avis, très loin de la réalité véritable, qui traduit au regard de ces données statistiques l'absence manifeste de la France, à considérer la santé comme une priorité et donc le manque de volonté effective de s'y impliquer sérieusement. Cela est encore plus flagrant, s'il faut entrer dans les allocations sous sectorielles de l'aide française à ce secteur. Quatre sous secteurs retiennent notre attention ici : la lutte contre les MST et VIH/SIDA, la recherche médicale, la lutte contre les maladies infectieuses et les services médicaux.

S'agissant du premier sous secteur, sans risque de nous répéter, il concerne toutes les activités liées au contrôle des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA ; activités d'information, éducation et communication ; dépistage ; prévention ; traitements, soins. Considérée comme la pandémie du siècle, ce sous secteur pourtant clé dans les efforts gabonais en vue de la contenir, constitue plutôt un secteur complètement délaissé dans l'allocation sous sectorielle de l'aide française à la santé au Gabon depuis 1990. Le tableau 34 ci-après l'illustre à merveille.

Tableau 34 : Aide française à la lutte contre les MST/SIDA au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0,4

0

0

0,6

0

0

0

0

0

0,6

0

0

0

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

De l'étude de celui-ci, il est à noter que l'aide française à ce sous secteur stratégique est quasiment inexistante, ponctuée par trois années seulement (1992, 1995, 2001) sur seize au cours desquelles, quelques maigres fonds y ont été affectés, le reste des années c'est le désert total. Cette raréfaction persistante de l'aide française à ce sous secteur traduit sans aucun doute, le désintérêt total que la France accorde à ce dernier dans sa politique d'affectation sous sectorielle de son aide à la santé au Gabon depuis 1990. Ce qui est totalement contradictoire avec le discours tenu qui insiste sur la lutte contre le VIH/SIDA comme, l'une des priorités des priorités.

Le deuxième sous secteur quant à lui, concerne toutes activités liées à la recherche médicale, tout comme le sous secteur précédent, à la petite différence que le présent connaît quand même une certaine régularité d'affectation de l'aide française, comparativement au précédent. C'est ce qui ressort du tableau 35 suivant.

Tableau 35 : Aide française à la recherche médicale au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0

0,6

0

0

0

0

0

1,0

0

0,2

0,1

0,1

0,3

0,2

Source : OCDE. Stats. 2007.

Mais la différence s'arrête là. Car tout comme le précédent secteur, il est à noter que ce sous secteur brille par, non seulement une affectation chaotique des fonds, mais aussi par leur extrême modicité en terme de volume, oscillant entre 0,1 et 1 million de dollars. Mais aussi avec plus d'années blanches par rapport aux années ayant connu une quelconque affectation de fonds (neuf années sur seize). Cette réalité reflète déjà l'idée des fonds évoqués à savoir, le manque d'intérêt de la France à l'égard du secteur sanitaire, mais plus précisément à l'égard de ce sous secteur.

Le troisième sous secteur concerne comme nous l'avons dit plus haut, la vaccination ; la prévention et la lutte contre le paludisme, la tuberculose, rougeole, les diarrhées chroniques, les maladies transmises par un vecteur. Pour un pays situé en zone équatoriale et par conséquent largement influencé par ces divers maux ; l'importance de ce sous secteur n'est plus à démontrer. Or, l'observation du tableau 36 ci-dessous, semble nous démontrer que ce n'est nullement le cas, pour ce qui est de la France à travers ses affectations de fonds à ce sous secteur.

Tableau 36 : Aide française à la lute contre les maladies infectieuses au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0,4

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

En effet, au regard de ce dernier, un constat désolant s'impose de lui même : c'est l'absence total d'intérêt que la France accorde à ce sous secteur, pourtant incontestablement névralgique pour le Gabon dans la garantie du bien-être de ses populations. Cette réalité se traduit ici par l'inexistence significative de fonds affectés à ce sous secteur, excepté en 1990 qui est la seule année au cours de laquelle quelques subsides y furent allouées par la France. Le reste des autres années s'affichent blanches comme neige.

Cet état de chose pourrait germer des interrogations, comment comprendre qu'un domaine aussi vital comme celui de la lutte contre les maladies infectieuses soit complètement et paradoxalement abandonné par la France dans sa politique d'allocation sous sectorielle de son aide à la santé au Gabon. Cela reflète à notre avis, un aveu, certain et manifeste, du manque de volonté affiché par la France vis-à-vis de ce sous secteur, au regard de la raréfaction indéniable des fonds qui y sont affectés.

Le quatrième sous secteur quant à lui, s'intéresse aux activités liées à la fourniture en laboratoires, centres de santé, et hôpitaux spécialisés, ambulances, services dentaires  L'analyse de l'aide française à ce sous secteur apparaît plus effroyable comparativement aux précédents à la lumière du tableau 37 ci-après.

Tableau 37 : Aide française aux services médicaux au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

.

De l'observation ce dernier, un constat stupéfiant s'impose à nos yeux : c'est l'inexistence totale de fonds affectés à ce sous secteur par la France depuis 1990 !!! Le symbole ici est frappant, car ce sous secteur traduit à merveille ce que l'on peut observer dans la politique d'affectation de l'aide française au Gabon, plus précisément dans le secteur de la santé. Ce tableau traduit non seulement un désintérêt total, mais aussi une absence complète de volonté venant de la France à vouloir aider le Gabon à renforcer ses capacités sanitaires, en lui fournissant un matériel adéquat, un équipement en fournitures plus appropriées aux besoins locaux etc...

En somme, ce qui se dégage ici ne saurait souffrir d'une grande contestation. Il découle en effet au regard de tout ce qui a été dit plus haut, que le secteur sanitaire est encore loin d'être une priorité pour la France dans sa politique d'affectation sectorielle de son aide bilatérale au Gabon, et cela depuis 1990. C'est la réalité qui ressort à la lecture des fonds squelettiques qui sont affectés à ce secteur, pourtant central pour le Gabon, traduisant par la même occasion l'attitude désinvolte à peine voilée de la France vis-à-vis de ce secteur.

Après le secteur sanitaire, intéressons nous à un tout autre secteur d'affectation de l'aide française au Gabon.

b) L'aide française à l'éducation au Gabon depuis 1990 : Une aide en légère hausse qui demeure toujours faible.

Le secteur éducatif est d'une importance indéniable à ne plus démontrer pour tout pays désireux d'assurer un meilleur devenir en formant des hommes et des femmes plus aptes, car il n'est de richesse que d'Homme. Pourtant, l'analyse de l'aide française à cet effet au secteur éducatif laisse transparaître deux réalités opposables à savoir, le constat d'une légère hausse de l'aide française à ce secteur en terme de volume, mais aussi le fait qu'elle demeure remarquablement faible.

La première réalité peut être dégagée au regard de l'analyse du tableau 38 ci-après.

Tableau 38 : Aide française à l'éducation au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

5,3

0

0

0

2,1

0,8

15,1

14,5

21,1

22,5

21,6

22,2

22,2

23,3

20

Source : OCDE. Stats. 2007.

En effet, à la lecture de ce dernier, on peut segmenter l'évolution de l'aide française dans ce secteur en deux mouvements. Premier mouvement qui va de 1990 à 1996. Cette tranche d'année est fondamentalement caractérisée par une affectation presque nulle de l'aide française au secteur éducatif. Ces années sont pour l'essentiel marquées par une raréfaction notoire de l'aide française ici, avec pratiquement quatre années blanches sur les sept comptabilisées au cours desquelles aucun fonds n'a été affecté par la France à ce secteur (1990, 1992, 1993, 1994). Cette période au regard de ces données, traduit le peu d'intérêt que la France accordait à ce secteur pendant ces sept années.

Mais à partir de 1997, on assiste, (et c'est le second mouvement) à une reprise significative de l'aide française à ce secteur qui va connaître dès lors une hausse notable, avant de devenir constante. On quitte ainsi de 15,1 millions de dollars en 1997, ce qui semble déjà être un exploit au regard de la somme insignifiante qui a été affectée juste l'année précédente (0,8 millions de dollars en 1996), pour culminer à partir des années 2000 à plus de 20 millions de dollars. Comment expliquer dès lors ce regain subit d'intérêt que la France accorde à l'éducation au Gabon. Sans doute, a-t-elle pris conscience de la mesure des enjeux qui sont assez énormes en ce qui concerne ce secteur clé ? Nous voudrions y croire. Mais un regard approfondi dans l'allocation sous sectorielle de cette aide, semble venir tempérer cette euphorie précoce d'où la seconde réalité observée ici.

En effet, l'allocation sous sectorielle de l'aide française à l'éducation au Gabon fait ressortir une toute autre réalité opposable à la première : c'est la faiblesse notoire du volume de celle-ci. Trois sous secteurs clés peuvent nous le démontrer : l'éducation de base, l'éducation secondaire et l'enseignement supérieur.

L'importance du premier sous secteur n'est plus à démontrer, car ici où sont posés les jalons qui devront soutenir le long processus de formation des jeunes Gabonais. C'est dire toute son utilité et sa raison d'être aux yeux du gabon. Mais c'est la réalité contraire qui paraît s'imposer ici, pour ce qui est de la France vis-à-vis de celui-ci. C'est ce qui ressort en tout cas de l'observation du tableau 39 ci-après.

Tableau 39 : Aide française à l'éducation de base au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0

0

0

0

0

0

0

4,3

2,3

2,2

1,9

1,9

2,0

0,4

Source : OCDE. Stats. 2007.

La lecture de ce dernier nous indique que c'est à partir de 1999 que la France s'est engagée à verser quelques fonds à ce sous secteur. Cela signifie en outre que ce dernier est resté pendant neuf ans sans recevoir aucun fonds que ce soit venant de la France. D'ailleurs, la réalité des fonds qui commence à y être affectés à partir de 1999 brille par leur modicité significative. Cela traduit sans aucun doute, l'absence de volonté certaine de la France à vouloir aider le Gabon à relever et affermir son système éducatif de base. Ce qui est à notre avis une terrible gageure car comment comprendre qu'un sous secteur aussi clé que celui de l'éducation de base reçoive aussi peu de fonds venant de la France.

Le deuxième sous secteur concerne l'éducation secondaire, phase d'affermissement et de consolidation de la formation. Ici aussi c'est le constat similaire déploré plus haut qui s'impose à nous et qui découle de l'observation du tableau 40 ci-dessous.

Tableau 40 : Aide française à l'éducation secondaire au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0

0

0

0

0

0

0

5,5

2,3

2,2

1,9

1,9

2,0

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

Au regard de ce dernier, il apparaît que l'aide française à ce sous secteur réunit les mêmes caractéristiques que dans le sous secteur précédent, à savoir qu'elle a été pratiquement inexistante pendant neuf ans ! ! ! (1990 à 1998) et que les fonds à lui alloués pendant ces quelques années (de 1999 à 2004) brillent par leur insignifiance en terme de volume avant de disparaître de nouveau (2005). Cette évolution quelque peu chaotique de l'aide française à ce sous secteur traduit à souhait, le peu de crédit que ce pays lui accorde et son manque manifeste de volonté à s'y investir sérieusement.

Le troisième sous secteur quant à lui, constitue la phase terminale dans le processus de formation, les produits qui y sont issus sont presque finis et c'est ici que se recrute pour l'essentiel la future classe dirigeante du pays. C'est dire aussi la place capitale qu'elle occupe ou qu'elle devrait occuper au coeur d'un pays. Pourtant ce sous secteur ne paraît cependant pas occuper cette place de choix dans la politique d'allocation sous sectorielle de l'aide française à l'éducation au Gabon. C'est ce qui tend à se dégager du tableau 41 suivant.

Tableau 41 : Aide française à l'enseignement supérieur au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1,0

0

0,2

0,1

0,1

0,3

0,2

Source : OCDE. Stats. 2007.

En effet, à la lecture de celui-ci, on constate que l'aide française à ce sous secteur est fortement émiettée et dérisoire, avec par la même occasion une pléthore d'années blanches au cours desquelles pas un kopeck fut déboursé par la France à l'endroit de ce dernier (notamment de 1990 à 1998 et l'année 2000). Le reste des années, ce sont quelques francs symboliques qui y ont été affectés de manière éparse.

En somme, il ressort après analyse de l'aide française au secteur éducatif affectée au Gabon, que depuis 1990 celle-ci, après avoir brillé par une raréfaction significative pendant quelques années, a connu une augmentation substantielle de son volume. Cela pourrait traduire pour certain un regain d'intérêt venant de la France à l'égard de ce secteur au Gabon, reflétant ainsi sa volonté affichée à soutenir le Gabon dans le relèvement de son secteur éducatif. Mais un regard approfondi sur l'orientation sous sectorielle de cette aide pourrait nous démontrer que cela n'est qu'un leurre. Car, en réalité, au regard des fonds émiettés qui y sont affectés des sous secteurs clés tels que l'éducation de base, l'éducation secondaire ou encore l'enseignement supérieur, il apparaît que le secteur éducatif au Gabon est loin de constituer une priorité pour la France, reste en marge de sa politique d'affectation sectorielle de son aide bilatérale à ce dernier.

Après le secteur éducation, il est question dès à présent de s'interroger sur un tout autre domaine d'affectation de l'aide française au Gabon.

c) L'aide française à l'agriculture au Gabon depuis 1990 : Une aide extrêmement pauvre en volume et quasiment insignifiante.

L'essor du secteur agricole constitue à notre avis, un gage de la sécurité agro-alimentaire du Gabon, limitant ainsi sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur. Elle peut être aussi un moteur économique assez performant, grâce à une production assez accrue qui pourrait ainsi, à travers une exportation substantielle des produits agricoles, renflouer les caisses publiques pouvant permettre de financer des projets d'utilité publique et résorber un certain nombre de maux sociaux. C'est donc dire que ce secteur revêt une importance certainement indéniable. Pourtant, cela ne semble pas être le cas pour la France, si on s'attarde à observer ce qui est affecté à ce secteur comme fonds au Gabon. En effet, l'aide française affectée au secteur agricole depuis 1990 dans ce pays brille par son insignifiance totale, traduisant par la même occasion, l'indifférence certaine de la France à l'égard de ce domaine et son manque de volonté à s'y investir véritablement. L'étude de trois sous secteurs clés en cette matière permet de le démontrer. Il s'agit plus précisément des sous secteurs de la recherche agricole, du développement agricole, et de la production agricole des céréales.

Le premier sous secteur concerne toutes les activités liées à l'amélioration des implants et des semences et autres espèces croisées, pouvant conduire à une productivité plus accentuée. Elle concerne également toutes les activités de recherche liées à une meilleure protection de la production, grâce notamment à une recherche des meilleurs moyens de lutte contre les acridiens, les bactéries et autres germes pouvant causer de sérieux préjudices aux cultures. C'est dire toute l'importance de ce sous secteur. Or, l'analyse de l'aide française affectée à ce sous secteur, montre à souhait que ce dernier est très loin de constituer une priorité dans sa politique d'allocation sectorielle de son aide à l'agriculture au Gabon. C'est du moins ce qui peut être constaté au regard du tableau 42 ci-après.

Tableau 42 Aide française à la recherche agricole au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0,3

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0,1

0,1

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

En effet, au regard de ce dernier, il est à noter que l'aide française allouée à ce sous secteur brille par son insignifiance considérable.

Trois années seulement (1992, 2003 et 2004) sur les seize comptabilisées ont connu une allocation de quelques francs venant de la France, dans le cadre de son aide bilatérale à l'agriculture au Gabon. Le reste des années affiche le désert total, car pas un kopeck ne fut affecté à ce sous secteur par la France. Ce qui traduit à notre avis, ce refus affiché par la France à ne vouloir à aucun prix aider le Gabon au relèvement et à plus d'efficience de son secteur agricole plus précisément dans le domaine de la recherche agricole.

Le deuxième sous secteur concerne toutes les activités liées à un meilleur équipement du secteur agricole en matériels adéquats, à une meilleure planification des terres cultivables et à une mécanisation progressive du secteur agricole. C'est également un domaine clé dans le secteur agricole.

Pourtant l'analyse qui est faite de l'aide française à ce sous secteur, nous montre plutôt une vision contradictoire. C'est ce qui ressort de l'observation du tableau 43 ci-dessous

Tableau 43 : Aide française au développement agricole au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

3,9

0

0

0

0

0

0

4,7

0,5

0

0

0

0,1

0

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

A la lecture de ce dernier, il apparaît clairement que l'aide française affectée à ce sous secteur, pourtant clé n'est que symbolique au regard des fonds émiettés qui y sont affectés. Egalement ici seules trois années (1991, 1998, 1999) sur les seize comptabilisées constituent les périodes au cours desquelles quelques pécules furent affectés à ce sous secteur. Les treize autres années constituent des périodes mortes ici, car l'aide française à ce niveau a brillé par son inexistence totale pendant toute cette période. L'insignifiance notoire de ces chiffres reflète sans équivoque la volonté manifeste de la France à maintenir le secteur agricole gabonais au stade primaire, rendant ce pays plus dépendant des apports extérieurs.

Le troisième sous secteur quant à lui, concerne toutes les activités qui sont liées à une amélioration substantielle de la production agricole au Gabon, beaucoup plus la production céréalière, car cette dernière constitue au premier ordre la principale composante alimentaire au Gabon. Son bien fondé et sa raison d'être au coeur des stratégies agricoles des uns et des autres sautent à l'évidence. Mais un regard jeté sur l'aide française à ce sous secteur stratégique pour le Gabon nous laisse stupéfait. Car à l'observation de celle-ci, se dégage un constat clair et net : c'est l'extrême maigreur de l'aide française allouée à ce sous secteur. C'est ce qui ressort sans aucun doute de la lecture du tableau 44 suivant.

Tableau 44 : Aide française à la production agricole (céréales) au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0

5,0

1,3

0

0

0

0

0

0

0

0

7,4

0

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

En effet, l'observation attentive de ce dernier nous fait remarquer que l'aide française dans ce sous secteur brille par son caractère extrêmement modique, associé à une pléthore d'années blanches, au cours desquelles l'aide française s'est faite très rare. Sur les seize années comptabilisées, seules trois (1993, 1994, 2003) sont les périodes au cours desquelles quelques subsides furent affectés à ce sous secteur. Le reste affiche blanc comme neige. L'insignifiance de ces chiffres traduit sans fioriture cette absence de volonté manifeste venant de la France, dans le souci d'aider la production céréalière gabonaise à être plus significative et par conséquent plus efficiente. Ceci peut avoir pour conséquence directe de maintenir le Gabon dans une situation de dépendance, voire d'insécurité alimentaire, est-ce là le but recherché de la France ? Ces réalités statistiques peuvent nous pousser à le croire. Toutefois restons réserver à ce sujet, nous pourrons y revenir quand il s'agira de mener l'incidence de cette aide à l'amélioration de la production céréalière au Gabon.

Bref, il ressort de ce qui précède que le secteur agricole demeure encore l'enfant pauvre dans la politique d'affectation sectorielle de l'aide française au Gabon, et cela, depuis 1990. Cela se traduit par les sommes insignifiantes qui y sont affectées, et par la pléthore d'années blanches pendant lesquelles ce secteur n'a reçu aucun fonds bilatéral venant de la France. Cet état de chose traduit ainsi l'indifférence totale qu'affiche la France à l'égard de ce secteur, pourtant vital pour le Gabon, et aussi son absence de volonté à s'y impliquer véritablement en vue d'un relèvement significatif du secteur agricole dans ce pays.

Après avoir analysé l'aide française à l'agriculture au Gabon, place au dernier secteur choisi.

d) L'aide française dans le secteur de l'eau au Gabon depuis 1990 : Une aide significativement modique et éparse.

Le secteur de l'eau, comme il a été dit plus haut est un secteur assez sensible, voire très sensible car il est gage d'une meilleure vitalité des individus parce que son emploi intervient dans toute activité possible qui peut être faite par l'homme.

Pourtant, l'analyse de l'aide française dans ce secteur au Gabon ne semble pas tenir ce point de vue en compte.

En effet, comme l'indique le tableau 45 ci-après, l'observation de l'aide française affectée au secteur de l'eau brille par deux curieuses caractéristiques à savoir, qu'elle est éparse mais aussi qu'elle est significativement faible.

Tableau 45 Aide française dans le secteur de l'eau au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

8

0

0

0

3

7,8

41,6

0

21

0

0

0

0

17,4

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

Le caractère épars de cette aide, à la lecture de ce dernier découle de l'évolution quelque peu chaotique de celle-ci au fil des années. L'année 1990 augure déjà cette évolution en dents de scie. Cette évolution de l'aide française à ce secteur est ponctuée ici et là de quelques soubresauts entre les années blanches où aucune aide n'est affectée (1990, 1992 à 1994, 1998, 2000 à 2003 et 2005), et les années où quelques fonds y sont affectés (1991, 1995, 1996, 1997, 1999 et 2004). Mais cette aide est beaucoup marquée par la faiblesse de son volume qui, dès 1990, n'augure pas des lendemains meilleurs à ce secteur clé. Néanmoins, des années à l'instar de 1997, 1999 et 2004 constituent des périodes où l'aide française à ce secteur a été pour le moins substantielle. Toutefois, la légion d'années blanches (10 sur 16) au cours desquelles le secteur n'a bénéficié d'aucune affectation de fonds, vient sérieusement compromettre et diluer par la même occasion, ce début, quoique timoré d'effort entrepris par la France, à affecter des sommes substantielles au secteur de l'eau. Cette réalité statistique traduirait à notre avis, le manque de sérieux à peine voilé de la France à l'égard de ce secteur pourtant clé au Gabon, comme pour n'importe quel pays, y compris la France elle-même. Cette indifférence de la France est encore plus affichée s'il faut s'intéresser à l'affectation sous sectorielle, notamment dans ce sous secteur qui nous intéresse ici à savoir celui de la distribution eau à grande échelle.

A cet effet, le tableau 46 ci-dessous, tel qu'il est présenté, nous l'illustre clairement.

Tableau 46 : Aide française au sous secteur de la distribution de l'eau à grande échelle au Gabon (Millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Gabon

0

0

0

0

0

0

3

7,8

0

21

0

0

0

0

17,4

0

Source : OCDE. Stats. 2007.

Vu ce dernier, il saute à nos yeux que l'aide française ici se fait de plus en plus rare depuis 1990. Même si on peut quant même noter que ce sous secteur a reçu la totalité de l'aide française affectée au grand secteur de l'eau pendant deux années (précisément 1999 et 2004). Mais une euphorie hâtive serait très précoce, car la pléthore d'années blanches (12 sur 16) vient diluer complètement ces infimes efforts de la France dans sa volonté à affecter plus de fonds à ce sous secteur stratégique. Mais la réalité véritable reste tenace, car ces données empiriques semblent bien traduire une absence voilée de volonté de la France à accorder un plus grand crédit au secteur de l'eau en général, qui, à travers une affectation significative des fonds à ce dernier, aurait pour effet d'améliorer véritablement les conditions d'accès à une eau de qualité par les Gabonais.

Au terme de cette première partie dans ce chapitre, le constat général que l'on peut tirer ici est sans équivoque. C'est l'absence manifeste ou voilée de la France de considérer les quatre secteurs sus analysés comme des priorités, dévoilant ainsi son manque de volonté effective à s'y impliquer plus sérieusement. C'est ce qui se dégage au regard des affectations sectorielles caractérisées par l'insignifiance, voire dans certains cas, la quasi inexistence des fonds alloués à ces secteurs, pourtant vitaux pour le Gabon. On pourrait donc s'interroger au regard de ce qui précède, sur l'incidence quelconque, que peut avoir cette aide dans l'amélioration des conditions de vie des Gabonais. La réponse à ce problème constitue donc l'objet de la suite du travail.

2) L'incidence de l'aide française dans l'amélioration des conditions de vie du Gabon aux secteurs sus étudiés.

Un point focal constitue l'objet de cette partie. Il s'agit en effet d'essayer de mesurer l'impact qu'a pu avoir l'aide française dans l'amélioration des conditions de vie du Gabon, précisément au sein des secteurs sus analysés. Nous irons successivement voir comment se présente la situation sanitaire au Gabon depuis 1990 (a), la situation éducative (b), la situation du secteur agricole (c) et enfin la situation gabonaise en matière d'accès à l'eau potable (d).

a) L'incidence de l'aide française sur l'amélioration de la situation sanitaire au Gabon depuis 1990 : un impact notoirement médiocre.

L'analyse de l'aide française à la santé faite plus haut, a permis de dégager un constat d'ordre général qui a été l'extrême modicité des fonds bilatéraux engagés par la France à ce secteur, pourtant clé, traduisant ainsi sans fioriture l'absence manifeste pour la France de considérer le secteur sanitaire comme étant une priorité dans sa politique d'affectation sectorielle de son aide au Gabon.

Cette aide, vu son caractère dérisoire, a-t-elle néanmoins pu avoir un impact quelconque dans l'amélioration du secteur sanitaire au Gabon ? La lecture de quelques indicateurs clés de santé dans ce pays nous pousse à répondre par la négative. En effet, un regard synoptique sur l'évolution des indicateurs de santé au Gabon depuis 1990, nous montre qu'ils sont tous au rouge !!!

La situation sanitaire au Gabon depuis 1990 demeure très préoccupante. Quatre indicateurs ici peuvent le justifier : le taux de prévalence au VIH/SIDA (a1), le taux de mortalité infantile (a2), le taux d'enfants vaccinés contre la rougeole (a3) et l'espérance de vie (a4).

a1) Le taux de prévalence au VIH/SIDA au Gabon : Un taux qui demeure très critique !!!

Au Gabon, l'infection du VIH/SIDA a pris en une décennie une ampleur inquiétante, le taux de prévalence du VIH/SIDA connaît depuis 1990 une tendance ascendante critique comme l'indique le tableau 47 ci-après.

Tableau 47 : Taux de prévalence VIH/SIDA au Gabon

ANNEE

1990

1998

2006

Gabon

6,5%

5,1%

8,2%

Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS 2006.

A travers ce dernier, il apparaît que ce taux demeure critique par rapport à la démographie gabonaise. L'année 2006 s'achève avec un taux sérieusement élevé comparativement à 1990 et 1998. On quitte ainsi de 6,5% en 1990 à 8,2% de personnes infectées en 2006. Même si en 1998 on observe un certain affaissement de celui-ci comparativement à 1990, la hausse brutale de ce dernier en 2006, étale au grand jour toute la gravité de la situation gabonaise en matière d'infection au VIH/SIDA. C'est dire que, ni les maigres fonds alloués par la France au sous secteur dont est inclus, la lutte contre cette pandémie, ni les multiples projets mis sur pieds par le gouvernement gabonais en vue de contrer ce fléau (notamment, le projet IEC en 1992 ; le projet d'appui à l'information et à la communication par la prévention du SIDA en République du Gabon en 1996 ; projet prévention et surveillance épidémiologique du VIH/SIDA en 2002) n'ont qu'une incidence mineure dans l'abaissement de ce taux de prévalence au VIH/SIDA.

L'analyse de ces données dévoile que beaucoup reste à faire dans la lutte contre le VIH/SIDA, un investissement considérable s'impose donc en vue d'inverser les tendances actuelles, la France est donc interpellée ici à plus d'un titre car ce n'est pas l'affectation continue des sommes insignifiantes à ce sous secteur qui feront baisser la tendance à moyen et à long terme. Au contraire, un investissement plus significatif de celle-ci s'impose à travers une affectation sous sectorielle plus considérable de son aide.

Après le taux de prévalence au VIH/SIDA, place à un autre indicateur sanitaire au Gabon.

a2) Le taux de mortalité infantile au Gabon depuis 1990 : Une situation toujours préoccupante quoiqu'en légère baisse.

Le taux de mortalité infantile reste encore, et ce pour longtemps un enjeu majeur de santé nationale au Gabon. En effet, comme l'indique le tableau 48 ci-dessous, celui-ci reste encore largement au-dessus de la moyenne.

Tableau 48 : Taux de mortalité infantile au Gabon

ANNEE

1990

1994

1998

2002

2006

Gabon

94%

91%

85%

60%

62%

Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS 2006.

La lecture de ce dernier affiche que, globalement depuis 1990, ce taux reste largement au-dessus de 60% au Gabon pour mille naissances. Ce qui constitue une réelle menace pour l'avenir du pays.

Même si on peut quand même remarquer que ce taux est significativement en baisse en 2006 (62%) comparativement aux années 1990, 1994 ou encore 1998 (avec respectivement 94%, 91% et 85%). Même si on peut également noter sur un plan global que ce taux connaît une baisse notable depuis 1990 à 2006, il n'en demeure pas moins que ce dernier reste encore à un seuil critique. La remontée observée de ce taux en 2006 comparativement à 2002 ne semble pas augurer des lendemains meilleurs. Les diarrhées aiguës, la rougeole, le paludisme, les infections respiratoires constituent ici les causes principales de décès chez les enfants. Cet état de chose traduit la médiocrité des services médicaux au Gabon, où beaucoup reste à faire et ce n'est pas les quelques fonds émiettés alloués par la France à ce sous secteur particulier qui vont véritablement changer la donne.

Après l'indicateur du taux de mortalité infantile, intéressons-nous au prochain indicateur sanitaire.

a3) Le taux d'enfants vaccinés contre la rougeole au Gabon depuis 1990 : Un taux toujours pas satisfaisant.

Comme il a été dit plus haut, la rougeole constitue une des causes principales de morbidité au Gabon, toutefois cette maladie peut être évitée par le biais de la vaccination. Or, l'observation des chiffres traduisant le taux d'enfants vaccinés contre la rougeole au Gabon, laisse percevoir un sentiment d'insatisfaction. C'est ce qui ressort de l'analyse du tableau 49 ci-après.

Tableau 49 : Taux d'enfants vaccinés contre la rougeole au Gabon

ANNEE

1990

1994

1998

2002

2006

Gabon

65%

32%

30%

55%

44,11%

Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS 2006.

En effet, au regard de ce dernier, il apparaît que ce taux reste largement en deçà de la moyenne. Pourtant l'année 1990 débute sous de bons auspices avec près de 65% d'enfants vaccinés contre la rougeole. Mais à la suite des années (notamment 1994 et 1998), il va connaître une dégringolade inquiétante (avec respectivement 32% et 30%), pour reprendre une ascendance en 2002 avant de rechuter en 2006. on note ainsi que le taux moyen d'enfants vaccinés contre la rougeole est près de 40%. Ce qui est encore insatisfaisant. Ce qui appelle à une mobilisation plus accentuée des uns et des autres afin d'inverser les tendances actuelles.

Au regard donc de l'insignifiance notoire des fonds affectés par la France au sous secteur de la lutte contre les maladies infectieuses au Gabon et dont l'impact ici est négligeable, une implication plus accrue de celle-ci à travers une affectation sous sectorielle de sommes plus significatives, notamment à ce sous secteur précis s'avère donc nécessaire.

Intéressons-nous dès à présent, après l'indicateur du taux d'enfants vaccinés contre la rougeole au dernier indicateur choisi.

a4) L'espérance de vie au Gabon depuis 1990 : Une probabilité qui demeure médiocre .

L'espérance de vie est un indicateur sanitaire global, et va même au-delà de la santé, car elle intègre non seulement des indicateurs sanitaires (accès aux soins, médicaments, vaccination, lutte contre les pandémies...) mais aussi la qualité de l'eau consommée, la qualité et la quantité de l'alimentation, les loisirs... Mais cet indicateur intègre beaucoup plus des éléments de santé d'où son choix ici.

L'analyse qui est faite de l'observation de l'espérance de vie au Gabon, reflète déjà à notre avis la situation sanitaire globale qui demeure critique. En effet, l'observation du tableau 50 ci-après nous montre que celle-ci demeure toujours faible.

Tableau 50 : Espérance de vie à la naissance au Gabon

ANNEE

1990

1998

2006

Gabon

54

52,4

55

Source : PNUD 2006, 2004, 2000.

Même si on peut toutefois constater que celle-ci est en légère hausse en 2006 (55 ans) comparativement à 1990 (54 ans) ou encore 1998 (52,4 ans), il n'en demeure pas moins qu'elle reste pour autant faible comparativement à d'autres pays dans le monde. La faiblesse de cette espérance de vie traduit déjà les conditions sanitaires médiocres dans lesquelles vivent la majorité des Gabonais, reflétant par la même occasion la défaillance observée du système sanitaire Gabonais.

En somme, il apparaît qu'au regard de ces quelques indicateurs choisis, la situation sanitaire globale ne s'est franchement pas améliorée au cours de ces dernières années. Les indicateurs sanitaires restent très médiocres. C'est dire par la même occasion que, l'aide française à la santé vu déjà son insignifiance en terme de volume, n'a eu aussi qu'un impact insignifiant dans l'amélioration des conditions sanitaires ici. Or les besoins restent énormes à ce niveau. La France tout comme le Gabon sont interpellés ici, chacun en ce qui lui concerne, de s'investir plus massivement, en vue d'inverser les tendances sanitaires actuelles qui ne sont pas déjà de toute gaieté.

Après avoir essayé de ressortir l'incidence de l'aide française à la santé dans l'amélioration de sa situation au Gabon, il est question pour nous de s'interroger sur cette incidence de l'aide française dans un tout autre secteur.

b) L'incidence de l'aide française dans l'amélioration du secteur éducatif au Gabon : Une incidence négligeable.

L'analyse de l'aide française affectée au secteur éducatif gabonais, nous a permis de dégager que, même si on a pu observer une légère hausse en terme de volume de celle-ci, il n'en demeure pas moins vrai qu'elle reste pour autant significativement faible au cours des années. Or, les indicateurs du secteur éducatif semblent afficher au vert, c'est dire qu'une amélioration substantielle de ce secteur a été faite au cours des années. Deux indicateurs peuvent permettre de nous le démontrer, à savoir, le taux de scolarisation (b1) et le taux d'alphabétisation au Gabon (b2).

b1) Sur le taux de scolarisation

L'analyse du taux de scolarisation au Gabon depuis 1990 fait ressortir un constat général : il est globalement satisfaisant. C'est ce qui ressort sans aucun doute de l'observation du tableau 51 ci-dessous.

Tableau 51 : Taux de scolarisation au Gabon

ANNEE

1990

1994

1998

2002

2006

Gabon

45%

60%

62%

72,7%

63,5%

Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; UNESCO 2006.

A travers celui-ci, on peut noter que le taux brut combiné de scolarisation (du primaire au supérieur), affiché depuis 1990 des résultats globalement satisfaisants. Pourtant l'année 1990 commence sous de mauvais auspices (45%), mais cette tendance sera inversée par la suite au fil des années pour connaître désormais une ascension notable (à partir de 1994). Même si, on peut regretter que l'année 2006 affiche une baisse de ce taux par rapport à 2002 (respectivement 63,5% et 72,7%), qui pourrait traduire un relâchement des efforts entrepris, il n'en demeure pas moins que ce taux de scolarisation depuis 1994 précisément, connaît une nette amélioration. Cette dernière doit être particulièrement mise sans doute sur le crédit des autorités gabonaises dans leur souci et leur volonté affichés de faire bénéficier à un grand nombre de Gabonais, une formation complète et pleine. L'aide française au regard de quelques subsides accordés aux différents sous secteurs éducatifs gabonais, ne saurait avoir ici la primeur de l'action dans l'amélioration et le relèvement du secteur éducatif au Gabon. D'où son impact négligeable.

b2) Sur le taux d'alphabétisation

L'analyse de l'évolution du taux d'alphabétisation au Gabon fait ressortir un fait saillant : c'est un taux qui connaît une amélioration substantielle. L'observation attentive du tableau 52 ci-après l'illustre à souhait.

Tableau 52 : Taux d'alphabétisation au Gabon

ANNEE

1990

1994

1998

2002

2006

Gabon

56%

62%

61,7%

71%

85%

Source : PNUD 2006, 2004, 2000, 1997 ; UNESCO 2006.

En effet, au regard de ce dernier, il se dégage que depuis 1990 ce taux connaît une ascension significative. En 2006 par exemple, le Gabon affiche le meilleur taux d'alphabétisation de toute la sous région (avec précisément 85%). C'est un taux qui est largement au-dessus de la moyenne avec des maxima en 2002 (71%) et en 2006 (85%). Ces chiffres forts satisfaisants traduisent à notre avis les efforts sans cesse croissants, entrepris par les autorités nationales Gabonaises en vue d'un meilleur relèvement du système éducatif gabonais, le rendant ainsi plus attrayant, plus compétitif et plus efficient. La part d'action accordée à l'aide française ici semble donc minorée, car au regard de ce qui est affecté comme fonds par la France à ce secteur, l'on ne saurait être surpris que son incidence sur le relèvement du système éducatif gabonais soit également négligeable.

c) L'incidence de l'aide française dans l'amélioration du secteur agricole : Une incidence insignifiante.

L'analyse de l'aide française à l'agriculture au Gabon depuis 1990 nous a permis de pouvoir, au regard de l'insignifiance complète des fonds y affectés, dégager que l'agriculture reste l'enfant pauvre dans la politique d'allocation sectorielle de l'aide française. Elle en est loin de constituer une priorité pour la France.

Or, ce secteur s'avère pourtant névralgique pour un pays situé en zone équatoriale comme le Gabon, c'est-à-dire propice à l'essor du secteur agricole dont l'importance n'est plus à démontrer ici.

A la fin de notre propos sur ce secteur fait plus haut, on s'est posé la question de savoir si l'absence totale de considérer l'agriculture comme une priorité pour la France en matière d'aide, au regard des sommes squelettiques qui y sont affectées, ne reflétait une volonté certaine de maintenir le Gabon dans une situation de dépendance en matière agricole, notamment à travers ses importations.

L'insignifiance de l'incidence de cette aide dans l'amélioration du secteur agricole gabonais, nous pousse à répondre par l'affirmative au problème posé plus haut.

En effet, la situation agricole au Gabon est toute particulière, car ce pays connaît une situation alarmante en cette matière.

L'agriculture gabonaise se caractérise par une faible productivité qui dépend encore considérablement de ses importations. L'exemple des céréales est assez illustratif comme nous l'indique le tableau 53 ci-après.

Tableau 53 : Productivité agricole (céréales) et importations (Gabon) (1000 T)

ANNEE

1990

1995

2000

2005

Production

23,40T

29,30T

26,57T

29,65T

Importations

68,58T

139,92T

133,79T

79,83T

Source : FAO Stats.2007.

Au regard de ce dernier, l'on constate avec stupéfaction la disproportion considérable qui existe entre la production gabonaise de céréales et les importations qui y sont faites par ce dernier. Ce déséquilibre est tellement élevé à tel point où les importations constituent parfois le quatriple, voire le quintuple de ce qui est produit localement. C'est précisément ce qui est observé pour ce qui est des années 1995 et 2000 au cours desquelles la production locale en céréales s'élève respectivement à 29,30 mille tonnes et 26,57 mille tonnes alors que les importations pour la même période sont de l'ordre de 139,92 mille tonnes et 133,79 mille tonnes !!!

Ce qui place le Gabon dans une situation d'insécurité agro -alimentaire permanente, le rendant ainsi plus dépendant des apports extérieurs, car sur le plan interne le secteur agricole est totalement extraverti.

C'est donc dire qu'au regard de ce qui précède, l'aide française allouée au secteur agricole vu son insignifiance totale n'a presque pas eu une incidence quelconque sur l'amélioration de sa productivité et son efficience. Ce dernier est demeuré pour l'essentiel extraverti.

Après le secteur agricole interrogeons-nous sur l'impact quelconque qu'à pu avoir l'aide française sur l'amélioration du dernier secteur.

d) L'impact de l'aide française sur l'amélioration des conditions d'accès à une eau potable au Gabon : Un impact significativement minoré

L'accès à une eau de qualité constitue de nos jours un enjeu majeur de santé publique dans tous les pays qui se veulent soucieux du bien- être de leurs populations.

Or l'analyse faite de l'aide française affectée au secteur de l'eau et plus précisément au sous secteur de la distribution de l'eau à grande échelle, nous a permis de dégager comme conclusion, au regard de la raréfaction persistante de celle-ci, que ce secteur pourtant névralgique est loin de constituer une priorité dans sa politique d'affectation sectorielle et sous sectorielle de son aide au Gabon. Cet état de chose traduisait à notre avis un désintérêt profond de la France vis-à-vis de ce secteur clé.

Pourtant les indicateurs du taux de population gabonaise ayant accès à une eau de qualité, affichent pour l'essentiel au vert. C'est ce qui ressort de l'observation du tableau 54 ci-après.

Tableau 54 : Population disposant d'un accès facilité à une source d'eau de qualité au Gabon

ANNEE

1990

1994

1998

2002

2006

Gabon

75%

67%

69,7%

87%

82,5%

Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997.

À la lecture de ce dernier, il apparaît clairement que la proportion de la population gabonaise ayant accès à une eau de qualité, a considérablement augmenté au fil des années. Aujourd'hui la proportion moyenne se situe largement au dessus des 70%, ce qui est déjà très satisfaisant. On peut toutefois regretter que l'ascension prise en 2002 (87%), n'ait pas été suivie par une hausse davantage en 2006 (82,5%). Mais les perspectives semblent bonnes. Une amélioration davantage des conditions d'accès à une eau de qualité n'est pas à exclure ici. Au contraire...

Cette amélioration substantielle des conditions d'accès des populations à une eau de qualité est à mettre sans doute sur le dos des effets sans cesse croissants des autorités gabonaises, à vouloir rendre cette ressource précieuse plus accessible à une large proportion de sa population. L'aide française ici, vu déjà son insignifiance notoire en saurait donc avoir un quelconque impact significatif à prendre en compte dans l'amélioration des conditions d'accès au Gabon à une eau de qualité. D'où son impact significativement minoré.

Parvenu au terme de ce chapitre, il est à retenir que l'orientation sectorielle de l'aide française au Gabon affectée dans certains secteurs clés à l'instar de la santé ; l'éducation ; l'accès à l'eau potable et l'agriculture, se caractérise pour l'essentiel depuis 1990 par une extrême modicité des fonds affectés à ces derniers. Cela traduisant à notre avis, une absence manifeste de la France de considérer ces secteurs comme des priorités, et donc par conséquence, son manque de volonté effective de s'y impliquer sérieusement. C'est la raison pour laquelle, cette aide affectée à ces différents secteurs n'a eu qu'une incidence insignifiante dans l'amélioration des conditions de vie des populations au sein de ces derniers.

On pourrait néanmoins s'interroger sur le fait de savoir, si l'orientation sectorielle de l'aide française affectée au Cameroun et au Gabon recouvre les mêmes réalités depuis 1990.

La réponse à cette interrogation fera l'objet de notre propos dans la suite.

CHAPITRE V :

ANALYSE COMPARATIVE DE L'ORIENTATION SECTORIELLE DE L'AIDE FRANCAISE AU CAMEROUN ET AU GABON DEPUIS 1990

Deux principaux points seront au coeur de ce chapitre. En effet, il sera question en premier lieu, de mener une étude comparative sur l'évolution de l'APD française affectée aux quatre secteurs ciblés plus haut au Cameroun et au Gabon. Il s'agira plus exactement pour nous, de comparer les différentes affectations sectorielles de l'aide française qui ont été faites à ces deux pays depuis les années 1990 ; en établissant bien entendu les tendances.

Nous analyserons tour à tour pour le Cameroun et le Gabon, l'aide française à la santé (1) ; à l'éducation (2) ; à l'eau et assainissement (3) et à l'agriculture (4). Puis, en second lieu s'interroger sur les fondements même de l'aide française (5).

1) L'aide française au Cameroun et au Gabon dans le secteur de santé : entre faiblesse du volume et de pourcentage.

L'APD française allouée à la santé au Cameroun et au Gabon brille depuis 1990 par une particularité notable d'ordre général : elle est caractérisée par une faiblesse considérable en terme de volume et en terme de pourcentage du volume total de l'aide française allouée à ces derniers. C'est ainsi qu'observant le tableau 55 ci-dessous, on remarque pour ces deux pays, que l'aide française octroyée dans le secteur de la santé n'a pas encore atteint le cap des 10 millions de dollars pendant près de 16 ans. Pis encore, on est en présence de plusieurs années au cours desquelles secteur n'a connu aucune affectation de fonds venant de la France à ces deux pays : 1990,1992 à 1995 pour le Cameroun et 1991,1992, 1994 à 1996 pour le Gabon. C'est aussi ce qui ressort de l'observation de la représentativité en terme de pourcentage de l'aide totale française accordée à celle du pays.

Tableau 55 : Aide française à la santé au Cameroun et au Gabon (M. USD)

En effet, comme le montre le tableau 56 ci dessous, il ressort que l'aide française allouée à la santé au Cameroun et au Gabon occupe un pourcentage assez infime du volume total de l'aide. Celle ci oscille en effet entre zéro et treize pour cent pour ces deux pays .Des années à l'instar de 1992, 1994,1995 constituent pour ces deux pays des périodes sombres, au cours desquelles aucune affectation de l'aide française n'a été faite au secteur sanitaire. Ces données statistiques désolantes reflètent une triste réalité à savoir, le désintérêt manifeste de la France à s'y investir plus significativement dans ce secteur clé, où les besoins demeurent énormes ici dans ces deux pays. Ce qui est en pure contradiction avec son discours officiel sur ses priorités en matière d'affectation sectorielle de son aide au développement parmi lesquelles figure en bonne lice la santé. On se serait donc attendu à ce que, ce secteur bénéficie d'une aide plus concentrée venant de la France accordée au Cameroun et au Gabon, où la situation en matière sanitaire reste toujours critique. Mais, à la surprise générale, on constate avec étonnement que des fonds d'une modicité considérable y sont affectés à ce dernier, dans ces deux pays.

Tableau 56 : Aide française à la santé au Cameroun et au Gabon (%)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

CAMEROUN

0

4,33

0

0

0

0

1,32

2,06

2,96

2,16

1,92

4,61

2,84

1,32

3,02

18,37

GABON

0,27

0

0

3,2

0

0

0

13,16

10,93

2,71

10,96

9,78

3,23

3,66

13,83

7,83

Toutefois, on peut noter quelques disparités entre ces deux pays. Si l'APD française à la santé représente un niveau considérablement bas en terme de pourcentage pour le Cameroun, en ce qui concerne le Gabon, son pourcentage est relativement élevé comparativement à celui du Cameroun. En effet, l'aide française allouée au Gabon dans le secteur de la santé a déjà franchi plusieurs fois le cap de 10% de son volume total avec respectivement 13,16 % en 1997 ; 10,98 % en 1998 ; 10,96% en 2000 ; 13,83 % en 2004 ; alors qu'elle franchi qu'une seule fois par le Cameroun, notamment 18,37% de l'aide publique française totale en 2005. Cependant, une observation poussée nous fait ressortir qu'à chaque fois l'aide française à la santé au Gabon a dépassé le cap de 10 %, ces années correspondent aux périodes où le volume total de l'APD française a été bien faible. En guise d'exemple à 1997 l'APD française au Gabon s'élève à 25,07 millions de dollars pour 3,3 millions de dollars à la santé ; en 1998, le volume total s'élève à 38,4 millions de dollars pour 4,2 millions de dollars pour la santé ; en 2004, le volume total de l'APD française est de 13,73 millions de dollars pour 1,9 millions de dollars pour la santé. Ceci relève nous l'avions dit plus haut, d'un subterfuge conçue par la France afin de masquer la réalité véritable qui est plutôt sombre.

Cette faiblesse en terme de volume et en terme de pourcentage de l'aide française allouée au secteur de la santé au Cameroun et au Gabon, se traduit aussi dans l'affectation sous sectorielle. Des sous secteurs en l'occurrence ceux des services médicaux, recherche médicale ou encore lutte contre les maladies infectieuses constituent des champs abandonnés par la France, au regard des fonds squelettiques, voire inexistants qui y sont affectés, comme l'indiquent les tableaux 57,58 59 suivants.

Tableau 57 : Aide française aux Services médicaux affectée au Cameroun et au Gabon (en millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

CAMEROUN

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1,3

1,0

0,6

0

0

0

GABON

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Source : OCDE Stats 2007

Tableau 58 : Aide française à la Recherche médicale au Cameroun et au Gabon (en millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

CAMEROUN

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

2,3

2,2

GABON

0

0

0

0,6

0

0

0

0

0

1,0

0

0,2

0,1

0,1

0,3

0,2

Source : OCDE Stats 2007

Tableau 59 : Aide française à la Lutte contre les maladies infectieuses au Cameroun et au Gabon (en millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

CAMEROUN

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0,6

0,5

0,1

0,2

0,2

0

GABON

0.4

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Source : OCDE Stats 2007

Comme l'illustrent les tableaux ci-dessus, ces sous secteurs, pourtant clés dans la politique de santé de pays constituent paradoxalement l'endroit où l'aide française se fait de plus en plus rare, au regard de l'insignifiance totale des fonds affectés dans ces sous secteurs à ces deux pays. Il en est des sous secteurs (lutte contre les maladies infectieuses et services médicaux) où l'aide française est totalement inexistante pour le Gabon depuis les années 1990. La quasi-totalité de l'aide française à la santé pour ces pays s'engouffre dans la gestion administrative, alors que des secteurs clés sont délaissés. D'où une répartition inégalitaire. Cette réalité traduit un désintéressement certain et progressif de la France à continuer d'octroyer son aide à la santé dans ces deux pays, bien que la courbe évolutive de l'aide française à la santé fasse ressortir quelques disparités entre ces deux pays.

Cameroun

Gabon

Graphique 5 : courbe évolutive de l'aide française à la santé au Cameroun et au Gabon

En effet, comme l'indique le graphique 5 ci-dessus, représentatif de la courbe évolutive de l'APD française allouée à la santé au Cameroun et au Gabon, on note sur un plan général une hausse relative de l'aide française allouée au Cameroun comparativement au Gabon. Le pic du Gabon culmine à 4,2 millions de dollars (1998) alors que celui du Cameroun culmine à 9,8 millions de dollars (1990) ; en plus l'aide allouée au Cameroun n'est jamais allée en deçà de 2 millions de dollars, alors que la majorité de l'aide française au Gabon se situe en deçà des 2 millions de dollars. De plus, si on peut constater une certaine constante en ce qui concerne l'aide française au Cameroun depuis au moins les années 2001, celle du Gabon est en déclin relatif pour la même période. C'est dire qu'en matière de santé, le Cameroun bénéficie relativement de plus de fonds de la France comparativement au Gabon, qui est quelque peu l'enfant pauvre dans ce secteur.

Au-delà de ce qui précède, il apparaît que l'aide française allouée dans le secteur de la santé pour le Cameroun et le Gabon, se caractérise globalement pas une faiblesse significative en terme de volume et de pourcentage du volume total de l'aide française depuis 1990. Malgré quelques disparités que l'on peut constater en terme de volume entre le Cameroun et le Gabon, il n'en demeure pas moins vrai, que ce secteur pourtant clé pour ces deux pays, ne constitue pas une priorité dans la politique d'affectation sectorielle de l'aide française. Ceci peut se justifier au regard des sommes squelettiques que la France consent à affecter à celui-ci. Cette réalité pourrait donc traduire, un manque de volonté manifeste de la France à pouvoir aider le Cameroun et le Gabon de résorber la crise sanitaire, à laquelle ils font face ; et ceci au mépris de son discours officiel en matière d'orientation sectorielle de son aide au développement.

Après le secteur de la santé, il est temps pour nous de s'intéresser à un autre champ d'affectation de l'aide française au Cameroun et au Gabon.

2- L'aide française à l'éducation au Cameroun et au Gabon : une aide modique qui connaît une hausse progressive

En observant l'évolution de l'aide française allouée à l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis 1990, deux faits saillants ressortent : d'abord c'est une aide qui se caractérise par sa faiblesse en terme de volume et de pourcentage du volume total de l'aide française octroyée à ces deux pays ; ensuite c'est une aide qui se caractérise quant même par une hausse progressive en terme d'évolution.

Contrairement à ce que l'on a pu observer sur le plan global, l'aide française dans le secteur de l'éducation au Cameroun et au Gabon reste plutôt faible, aussi bien en termes de volume qu'en termes de pourcentage du volume total de l'A.P.D. française.

En effet, au regard du tableau 60 ci après, représentant respectivement pour le Cameroun et le Gabon l'aide française allouée à l'éducation, on note que celle-ci pour ces deux pays demeure constamment faible d'abord en terme de volume. On note même des "années blanches" où les deux pays n'ont bénéficié d'aucune aide venant de la France dans ce secteur. C'est le cas des années 1991, 1994, 1996 pour le Cameroun et 1990, 1992, 1993, 1994 pour le Gabon.

En termes de pourcentage par rapport à l'aide totale à leur accordée par la France, c'est à ce niveau que la triste réalité s'étale avec plus de clarté. On remarque ainsi une faiblesse notoire, avec par exemple pour le Cameroun, près de 10 années où l'aide française à l'éducation n'a pas franchi le seuil de 10% de l'aide publique totale ; de 1990 à 1998, c'est avec beaucoup de peine qu'elle a franchi le cap de 5%. C'est peu ou proue la même tendance pour ce qui est du Gabon.

Cette réalité traduit sans aucun doute que, le secteur éducatif au Cameroun et au Gabon est encore loin de constituer une priorité dans la politique d'affectation sectorielle de l'aide française,tout au moins depuis 1990, au regard de l'extrême modicité des fonds qui y sont affectés. Cela semble refléter une absence de volonté venant de la France à s'y impliquer véritablement ,par le biais d'une aide plus concentrée dans ce secteur clé , où des besoins restent toujours significatifs dans ces deux pays.

Toutefois, il existe quelques disparités entre ces deux pays, car à y observer de près, on remarque que le Cameroun a bénéficié de plus d'aide à l'éducation en terme de volume, comparativement au Gabon dont l'aide est restée relativement basse. Aussi en termes de pourcentage, on remarque quant même que l'aide française à l'éducation au Gabon a déjà retenu jusqu'à 60% de l'APD totale à lui allouer, en 1997 ; plus précisément, alors que le pic pour ce qui est du Cameroun est de 31,74% en 2001. Mais il faut retenir que cette hausse notoire de la part de l'aide française à l'éducation allouée au Cameroun et au Gabon, du volume total pourrait s'expliquer par le fait que, ces années correspondent au moment où l'aide totale française allouée à ces deux pays a été significativement faible en terme de volume comparativement aux autres années. C'est ainsi par exemple que l'aide française totale se chiffre au Cameroun à 86,62 millions de dollars en 2001 alors qu'elle se chiffrait en 2000 à 124,58 millions de dollars ou encore à 170,99 millions de dollars en 1999.

Au Gabon de son côté, l'APD totale française se chiffre en 1997 à 25,07 millions de dollars alors que par le passé (en 1996 et 1995 notamment) elle se chiffrait à 110,06 et 114,32 millions de dollars. C'est dire que, la forte représentativité en pourcentage de l'aide française à l'éducation du volume total en 1997 et en 2001 au Gabon et au Cameroun n'est que de façade et voile la réalité véritable qui elle, est plutôt contraire.

Tableau 60 : Aide française à l'éducation au Cameroun et au Gabon (en millions de USD)

 

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

Volume (millions USD)

7

0

5,8

3,5

0

5,4

0

14,1

12,2

27,1

26,3

27,5

30,6

30

32,8

33,8

Pourcentage (%)

3,2

0

1,9

0,65

0

1,91

0

5,81

6,57

15,84

21,11

31,74

18,92

9,23

25,4

4

Gabon

Volume (millions USD)

0

5,3

0

0

0

2,1

0,8

15,1

14,5

21,1

22,5

21,6

22,2

22,2

23,3

20

Pourcentage (%)

0

3,25

0

0

0

1,83

0,72

60,23

37,76

57,33

1,75

2,56

39,87

0,65

1,02

0,4

Source : OCDE Stats 2007

Des disparités subsistent également en ce qui concerne l'affectation sous sectorielle de l'aide française, à l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990. Au sein du secteur global de l'éducation, se regroupe trois sous-secteurs principaux : les sous-secteurs de l'éducation de base, secondaire et supérieur mais qui ne constituent pas les seuls.

Tableau 61 : Aide française à l'Education de base au Cameroun et au Gabon (total en millions de USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

1

0,9

0,9

0,8

1,1

Gabon

0

0

0

0

0

0

0

0

0

4,3

2,3

2,2

1,9

1,9

2

0,4

Source : OCDE Stats 2007

Tableau 62 : Aide française à l' Education secondaire au Cameroun et au Gabon (total en millions de USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0,4

1

1

0,9

0,9

0,8

0

Gabon

0

0

0

0

0

0

0

0

0

5,5

2,3

2,2

1,9

1,9

2

0

Source : OCDE Stats 2007

Tableau 63 : Aide française à l'Enseignement supérieur (total en millions de USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

0

0

5,8

0

0

1,5

0

3,1

0

4,2

4

2,6

28,2

28,1

31,3

32,7

Gabon

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

0

0,2

0,1

0,1

0,3

0,2

Source : OCDE Stats 2007

L'observation attentive des trois tableaux ci-dessus (tableau 61, tableau 62, tableau 63), représentant respectivement l'allocation sectorielle de la France à l'éducation de base, l'éducation secondaire, et l'enseignement supérieur, fait ressortir un sombre constat. On note en effet une aide disparate et infimement représentée en volume pour le Cameroun et le Gabon depuis les années 1990. On constate ainsi, pour ces trois sous-secteurs une pléthore d'années blanches, où rien n'a été affecté en terme de fonds par la France à ces trois sous secteurs, pourtant névralgiques. Cette raréfaction notable de l'aide française à ces trois sous secteurs clés pourrait ainsi traduire son désengagement manifeste, et donc, son manque de volonté à vouloir aidé le Cameroun et le Gabon, à pouvoir relever leur système éducatif. On serait donc poussé à se poser la question à savoir, si le relèvement des systèmes éducatifs camerounais et gabonais constituerait une menace pour la France ?

Cependant des particularités existent. C'est ainsi qu'au regard de ces tableaux, on note une certaine répartition inégale des fonds entre le Cameroun et le Gabon dans ces trois sous-secteurs. On peut donc observer que le Gabon a bénéficié depuis 1990 de plus de fonds venant de la France dans les sous-secteurs de l'éducation de base et l'éducation secondaire, alors que le Cameroun se taille la part du lion dans le sous-secteur de l'enseignement supérieur. Mais cette réalité ne doit pas oblitérer le fait que l'aide française à l'éducation se caractérise par une faiblesse notoire, aussi en terme de volume qu'en terme de pourcentage du volume total de l'aide française allouée au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990.

Néanmoins, cette faiblesse en terme de volume et de pourcentage de l'aide française au Cameroun et au Gabon, ne doit pas non plus cacher une hausse progressive et certaine de cette aide en terme d'évolution comme l'indique le graphique 6 ci après.

Cameroun

Gabon

Graphique 6 : courbe évolutive de l'aide française à l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis 1990

Au regard de ce graphique, traduisant la courbe évolutive de l'aide française à l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis 1990, on constate sur un plan global, une augmentation progressive de l'aide française allouée à l'éducation au Cameroun et au Gabon depuis 1990. Cette croissance est beaucoup plus accentuée pour le Cameroun, alors qu'elle est relativement constante pour le Gabon. On note également que l'année 1996 constitue pour ces deux pays, la période où l'aide prend résolument une tangente ascendante, même si on peut noter que le Gabon a connu un déclin significatif de l'aide française à l'éducation en 2005, l'avenir nous dira si cette baisse va s'accentuer ou si elle va reprendre le sens de la hauteur.

On pourrait donc se demander, au regard de ce graphique, pourquoi à partir d'une certaine période, cette aide se met à évoluer plutôt qu'avant ? En guise d'une tentative de réponse, on peut dire que cette hausse progressive de l'aide française à l'éducation affectée au Cameroun et au Gabon à partir notamment de 1996, pourrait s'expliquer par un regain d'intérêt de la France à l'égard du secteur éducatif dans ces pays, à travers une augmentation notable des fonds à ce dernier. Mais ce regain d'intérêt ne semble être que de façade, car quand il faudra interroger les volumes consentis et les proportions qu'ils occupent par rapport au volume global de l'aide française, on constatera avec stupéfaction que celle-ci demeure assez infime, et qu'il est par conséquent très prématuré de considérer le secteur éducatif comme étant une des priorités de la France dans sa politique d'orientation sectorielle de l'aide au Cameroun et au Gabon, tout au moins depuis 1990.

Ce que l'on peut retenir de cette sous partie est que, l'aide française allouée à l'éducation depuis 1990 repose sur un double paradoxe : alors que sur le plan global, elle est fortement concentrée et consistante en terme de volume et de pourcentage, sur le plan local (au Cameroun et au Gabon), elle brille cependant par une faiblesse, une insuffisance aussi bien en volume qu'en pourcentage. Mais, en même temps, elle connaît néanmoins une hausse progressive en terme d'évolution générale, même si des disparités sont à relever au niveau des volumes affectés aux sous-secteurs ; ou au niveau de l'évolution de la courbe de l'aide allouée à ces deux pays.

Après le secteur de l'éducation examinons dès à présent le secteur suivant.

3- L'aide française dans le secteur de l'eau au Cameroun et au Gabon depuis 1990 : Une aide extrêmement faible et disparate.

En ce qui concerne particulièrement l'aide française dans le secteur de l'eau au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990, on assiste à un reflet de ce qui a été constaté sur le plan global, en ce qui concerne cette aide dans ce secteur accordée aux pays en développement. A cet effet, l'aide française dans le secteur de l'eau s'affiche au Cameroun et au Gabon, tout au moins depuis les années 1990 comme étant disparate et faible en termes de volume.

C'est ce qui ressort de l'observation du tableau 64 ci-après, représentant l'aide française au Cameroun et au Gabon dans le secteur de l'eau. C'est ainsi qu'on peut constater, que ce soit du côté du Cameroun ou du Gabon, l'aide française est profondément hétéroclite et notoirement insignifiante, avec pratiquement plus de 10 ans d'années blanches pour les deux pays où aucun fonds n'a été versé à ce secteur par la France.

Cette évolution chaotique, mais aussi la modicité significative des fonds qui y sont affectés traduisent sans doute, à notre avis une absence manifeste de la France, de considérer le secteur de l'eau comme une priorité et donc de manque de volonté effective de s'y impliquer véritablement. On constate ainsi qu'au regard de ce tableau, que le secteur de l'eau est encore loin de constituer une priorité pour la France dans l'orientation sectorielle de son aide aussi au Cameroun qu'au Gabon. Ceci au mépris de sa ligne officielle qui insiste pourtant sur ce secteur comme étant une des priorités de l'aide française aux pays en développement.

Tableau 64 : Aide française affectée à l'eau et assainissement au Cameroun et au Gabon (total en millions de USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

0

11,3

0

0

0

32

16,6

0

0,3

2,6

0

0

0

0

0

0

Gabon

0

8

0

0

0

3

7,8

41,6

0

21

0

0

0

0

17,4

0

Source : OCDE Stat 2007.

Pour ce qui est de l'allocation sous sectorielle, pour le sous-secteur de la distribution d'eau qui nous intéresse ici, on note ainsi une aide française considérablement faible allouée dans ce sous-secteur pour le compte du Cameroun et du Gabon.

C'est le constat qui ressort, au regard du tableau 65 ci-dessous représentant l'aide française allouée dans le sous-secteur distribution de l'eau depuis 1990. On note également le caractère disparate de celle-ci en plus de sa modicité en terme de volume. Pourtant, ce sous-secteur constitue un champ stratégique dans l'amélioration des conditions de vie des populations en approvisionnement et en accès à l'eau potable. C'est un secteur prioritaire mais qui, au regard de l'insignifiance des fonds qui y sont affectés, se retrouve complètement en friche pour ce qui est du Cameroun et du Gabon. Traduisant ainsi, le désintérêt total et manifeste de la France à s'y investir véritablement dans l'amélioration des conditions d'accès des populations gabonaise et camerounaise à une eau de qualité

Tableau 65 : Aide française au sous secteur de la distribution eau à grande échelle au Cameroun et au Gabon (total en millions de USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

0

0

0

0

0

0

12,6

0

0

2,3

0

0

0

0

0

0

Gabon

0

0

0

0

0

0

3

7,8

0

21

0

0

0

0

17,4

0

Source : OCDE Stats 2007.

Toutefois, quelques différences existent entre le Cameroun et le Gabon dans ce secteur. C'est ainsi qu'on peut constater au regard des deux tableaux sus évoqués, que le Gabon a quand même reçu plus de l'aide française dans le secteur de l'eau, comparativement à son voisin Camerounais. L'année 1997 constitue pour ce dernier la période où l'aide française dans ce secteur a été la plus élevée, notamment 41,6 millions de dollars alors que c'est en 1995 que l'aide française dans le secteur de l'eau a été la plus élevée au Cameroun, avec précisément 32 millions de dollars. En plus, toute l'aide française allouée au Gabon dans le secteur de l'eau en 2004 a été affectée dans le sous-secteur distribution de l'eau à grande échelle, alors que, du côté du Cameroun, c'est le blanc total, un blanc qui perdure en fait depuis les années 2000.

Cependant, ces quelques divergences ne modifient pas le triste constat fait plus haut à savoir que l'aide française dans le secteur de l'eau au Cameroun et au Gabon brille depuis 1990 par sa forte disparité et l'extrême modicité de son volume.

Après le secteur de l'eau, il est temps pour nous de s'intéresser à un tout autre secteur dans lequel nous continuerons à analyser l'évolution de l'aide française au Cameroun et au Gabon dès 1990 à 2005.

4) L'aide française à l'agriculture au Cameroun et au Gabon : Une aide insignifiante en volume

En matière agricole, on assiste à une répercussion de ce que l'on a pu observer sur le plan global, en ce qui concerne l'aide française à ce secteur au Cameroun et au Gabon.

En effet, on assiste à une aide notoirement insignifiante en termes de volume allouée au Cameroun et au Gabon. Trois sous-secteurs retiennent notre attention ici, les sous-secteurs du développement agricole, de la recherche agricole et de la production agricole.

L'observation de l'allocation sous sectorielle qui en est faite par la France à ces deux pays, le démontre à souhait au regard des tableaux 66, 67,68 suivants.

Tableau 66 : Aide française affectée au développement agricole au Cameroun et au Gabon (millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

0

0

5,6

0

6,4

0

0

0

0

9,6

0

13,1

0

0

0

0

Gabon

0

3,9

0

0

0

0

0

0

4,5

0,5

0

0

0

0.1

0

0

Source : OCDE Stats 2007.

Tableau 67 : Aide française à la production agricole (céréales) au Cameroun et au Gabon (millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

29,2

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Gabon

0

0

0

5,0

1,3

0

0

0

0

0

0

0

0

7,4

0

0

Source : OCDE Stats 2007.

Tableau 68 : Aide française à la recherche agricole au Cameroun et au Gabon (millions de dollars USD)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Cameroun

0

0

0

0

0

2,1

0

0

0

0

0

0,7

0,6

0,8

3,6

0,8

Gabon

0

0

0.3

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0.1

0,1

0

Source : OCDE Stats 2007.

En effet, tel qu'il est illustré dans ces derniers, représentant respectivement l'aide française allouée au Cameroun et au Gabon dans les sous-secteurs du développement agricole, de la production agricole et de la recherche agricole depuis les années 1990, un fait majeur se dégage pour tous les trois sous-secteurs. C'est le caractère purement fictif des fonds alloués par la France à ces sous-secteurs au Cameroun et au Gabon. Or, ces trois sous-secteurs constituent à notre avis, des champs névralgiques, dans la conduite d'une politique agricole moderne et efficiente, garante ainsi aussi bien de l'autonomie alimentaire des populations, que d'une politique économique agricole portée vers la rentabilité au bénéfice des populations locales. Mais le constat que l'on établit au regard de ce que la France consent, à allouer à ces trois sous-secteurs au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990 est clair. Si par le passé, elle a consenti à affecter des sommes considérables à ces sous-secteurs, aujourd'hui il n'est plus question d'affecter des sommes importantes à ces derniers ; soit parce qu'elle estime déjà avoir suffisamment investi, soit qu'elle s'est fixée de nouvelles priorités au détriment du secteur agricole. Mais nous ne pensons pas que ces deux hypothèses soient plausibles. A notre avis, l'affectation des sommes squelettiques à ces trois sous secteurs agricoles clés traduirait une volonté manifeste de la France, à maintenir l'agriculture camerounaise et gabonaise dans une situation délabrée, les mettant ainsi sous une dépendance notoire de leurs apports extérieurs, du fait de leur faible productivité. Ce qui a pour effet conséquent de placer ces deux pays dans une situation d'insécurité agro-alimentaire, car dépendant significativement de l'extérieur. Ce qui traduit ainsi, ce que l'on a pu noter aussi sur le plan global, à savoir un manque d'intérêt manifeste de sa part au secteur agricole, qui ressort ainsi dans les maigres fonds alloués à ce secteur.

Néanmoins, quelques infimes disparités existent dans l'allocation sous sectorielle de la France au Cameroun et au Gabon dans ces trois sous-secteurs. C'est ainsi qu'on peut observer que, dans les sous-secteurs développement agricole et la recherche agricole, le Cameroun a reçu plus de fonds comparativement au Gabon alors que dans le sous-secteur production agricole, le Gabon semble se tailler la part du lion par rapport à son voisin Camerounais, venant de la France. Mais, ces quelques disparités n'enlèvent en rien à la modicité considérable des sommes allouées par la France à ces deux pays dans ces sous-secteurs, avec pratiquement plus d'années blanches comparativement aux années où quelques fonds ont été versés.

En somme, il découle au regard de ce qui précède, que malgré les quelques disparités qui puissent exister entre l'aide française octroyée au Cameroun et au Gabon dans les quatre secteurs étudiés, une loi générale semble se dégager pour ces deux pays : c'est la modicité significative du volume de l'aide française allouée au Cameroun et au Gabon dans ces quatre secteurs pourtant clés. Ce qui est en pure contradiction avec le discours officiel de la France qui insiste pourtant sur ces secteurs comme étant des priorités en matière d'aide au développement, dans lesquels elle devrait être plus concentrée. Mais l'exemple du Cameroun et du Gabon semble plutôt nous prouver le contraire pour ce qui est de ces secteurs. Ce qui nous amène à nous interroger sur les fondements même de l'aide française.

5) Les motivations de l'aide française ou le règne de l'ambiguïté

La question de la motivation de l'aide veut répondre à la question de savoir quel(s) objectif(s) le pays donateur essaye d'atteindre en octroyant l'aide. En d'autres termes, il est question d'interroger ici les fondements même de l'aide. De manière générale, il existe une littérature assez dense, soit qui traite uniquement des motivations de l'aide d'une part, (Alesina et Dollar, 1998 et 2000 ; Breuning, 1994 ; Gunning, 2004 Jacquet et Naudet, 2006) ; soit qui constitue une partie de la réflexion d'autre part (Gabas, 2002 ; Lumsdaine, 1993 ; Sogge, 2003 ). Au regard de ces différents travaux, il en ressort qu'on peut regrouper les motivations de l'aide en deux principales catégories auxquelles l'aide française sera soumise à savoir les motivations "manifestes" (1) et les motivations "latentes" (2) d'où son ambiguïté.

a) Les motivations "manifestes" de l'aide française

Nous nommons par motivations "manifestes", les motivations généralement présentes et affichées dans les discours et déclarations officielles du pays donateur. Ce sont les motivations généralement affichées et brandies à l'opinion publique aussi bien nationale qu'internationale. Ces motivations peuvent être principalement de deux genres : les motivations économiques ou commerciales (a) et les motivations humanitaires et éthiques (b).

a1) Les motivations économiques de l'aide française

Les motivations économiques de l'aide française envers les pays africains au Sud du Sahara (dont le Cameroun et le Gabon), varient en fonction du contexte et peuvent être analysées à partir de trois découpages temporels : les années 1960 ; les années 1980 et les années 1990.

D'abord dès les années 1960, l'idée même de l'aide dépasse de loin celle d'effectuer un transfert financier vers les pays aidés. La finalité économique de la construction et du développement est l'un des motifs principaux, et elle reçoit le soutien d'entreprises exportatrices, qui y voient l'ouverture des nouveaux marchés que la croissance économique rendra solvable. La théorie économique dominante de l'époque permettait, alors, de diagnostiquer un besoin d'accélération d'investissements pour soutenir la croissance ; et considérait qu'il ne serait réalisable qu'avec des financements additionnels, par rapport à la capacité d'épargne des pays en développement (Jaquet et Naudet, 2006). La priorité est alors à la croissance, dont on attend qu'elle réduise par la modernisation la dualité entre secteur agricole et industriel.

Des modèles (Thorbecke, 2000) privilégient le rôle de l'investissement et le besoin d'influx massif de capital, pour franchir les différentes étapes d'un développement contraint par l'insuffisance de l'épargne locale. Dès lors, l'aide au développement peut être conçue comme un complément externe à une épargne interne jugée insuffisante (Jaquet et Naudet, 2006.). Chernery et Strout (1966) construisent un modèle macro-économique, dans lequel, l'aide extérieure permet de combler soit une insuffisance d'épargne (par rapport à l'effort d'investissement jugé nécessaire), soit une insuffisance de devises (par rapport aux besoins d'importations).
Les années 1980, sur le plan économique des pays en développement, sont marquées par la crise de la dette, dette accumulée envers les créanciers publics au titre d'A.P.D. Pour réduire la pauvreté, il faut d'abord restaurer les grands équilibres économiques, ouvrir et libéraliser l'économie, reformer les institutions et la gouvernance et éliminer les distorsions qui empêchent les marchés de fonctionner correctement (Jaquet et Naudet, 2006 : 61). C'est dans ce contexte que l'aide française va de ce fait financer l'ajustement macro-économique des principaux pays endettés (dont le Cameroun et le Gabon), afin de corriger les déséquilibres des paiements et mettre fin à la spirale de l'endettement.

Dès les années 1990 et après, le discours officiel est axé sur le thème de la lutte contre la pauvreté, qui connaît une consécration solennelle à travers l'adoption le 08/09/2000 par l'Assemblée générale des Nations Unies, des O.M.D qui se positionnent comme un véritable contrat d'objectifs de la communauté internationale, déclinée en 8 objectifs principaux qui eux-mêmes se composent de 18 cibles quantifiées. Ils donnent de la pauvreté une définition multiple, qui ne se réduit pas au seul aspect du revenu par habitant, mais englobe aussi les conditions d'éducation et de santé, l'égalité de genres, la protection environnement de l'insertion dans la mondialisation. C'est dans ce dernier aspect que l'aide française, du point de vue économique, va beaucoup s'accentuer ; car elle doit dès lors permettre à une meilleure insertion des économies des pays en développement (y compris le Cameroun et le Gabon) dans la mondialisation, en développant des occasions de commerce et d'investissements étrangers, y compris un accès stratégique aux matières premières. Au sein des institutions internationales, pour obtenir et pour consolider l'adhésion aux règles économiques (Sogge 2003 : 68).

Au regard de ce qui précède, il apparaît que les motivations économiques de l'aide française répond à certains critères généraux, en fonction de l'évolution de l'environnement économique depuis les indépendance jusqu'à nos jours.

Il est question maintenant de s'intéresser aux motivations humanitaires et éthiques de l'aide française à ces deux pays.

a2) Les motivations humanitaires et éthiques de l'aide française

Ce sont les motivations les plus affichées, les plus faciles à communiquer. L'aide publique au développement d'après Jacquet et Naudet (2006) poursuit très clairement un objectif éthique, d'équité et de solidarité, qui conduit à penser l'aide comme l'amorce d'une politique sociale mondiale visant à promouvoir une distribution plus équitable des revenus pour le présent et pour l'avenir, en aidant au développement des pays pauvres (dont le Cameroun et le Gabon). Cette motivation correspond au rôle que la France entend jouer dans les relations internationales et à sa vision du monde (Naudet, 2006 : 33). En effet, aujourd'hui et plus que jamais, le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de s'agrandir au jour le jour. Devant cette pauvreté, la France ne peut rester insensible, elle, éprise de justice, malgré ses difficultés internes, ne saurait rester impassible à la misère du tiers monde, car il serait intolérable qu'elle se désintéressât à leur sort. Manquer à ce devoir serait, à ne pas douter, renier la civilisation qu'elle a toujours voulu incarner (Essama 1984 : 70).

Le fondement d'un tel comportement philanthropique peut se trouver comme l'indique Gabas (2004) dans une éthique de partage et de solidarité. La thèse religieuse s'adresse aux gens les plus riches, qui doivent faire un effort de transfert altruiste s'ils veulent entrer dans le royaume de Dieu. L'altruisme est ainsi vu comme une réponse aux défaillances du marché ; dans sa capacité à satisfaire des besoins collectifs ou sociaux et devenu un moyen d'assurance mutuelle et inter-générationnelle (Gabas, 2004 : 48-49).

L'aide française au Cameroun et au Gabon va donc obéir à cet impératif moral, qui va s'appliquer à tous les pays pauvres dont ces derniers sont inclus, dans lesquels elle s'attache à réduire la pauvreté. Les OMD, votés par les Nations Unies en 2000, fournissent un guide utile dans la volonté des pays riches d'engager les pays pauvres dans une trajectoire de progrès. Cette approche tire l'A.P.D. française vers une véritable politique sociale mondiale, qui placerait les transferts redistributifs au coeur de la gestion de la mondialisation.

En guise de conclusion partielle, on peut dire qu'au regard des deux motivations de l'aide française suscitées, l'aide française peut être inscrite autour des deux paradigmes globaux de l'aide présentés par Jacquet et Naudet (2006) à savoir le paradigme du Développement : aider les pays du Sud à s'engager dans la phase historique de décollage économique et du rattrapage des pays industrialisés. Le paradigme redistributif : bâtir un système équitable de transferts à l'échelle mondial entre riches et pauvres.

Mais ces deux paradigmes sont à interroger, car au regard de la situation socio- économique délétère des pays en développement, nous ne pouvons dire qu'ils sont restés plus pertinents strictement sur le cadre du discours. L'analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française accordée au Cameroun et au Gabon faite plus haut, vient sérieusement battre en brèche ces deux paradigmes. Car on ne saurait soutenir que, les quelques fonds squelettiques affectés par la France à ces deux pays dans les secteurs sus évoqués, participeraient de manière significative, soit d'aider ces deux pays à un relèvement notoire de la situation dans les secteurs sus visés, encore moins à un transfert équitable des fonds de celle-ci à ces deux derniers.

Ceci étant dit après les motivations manifestes de l'aide française, place à l'autre type des motivations annoncées plus haut.

b) Les motivations "latentes" de l'aide française au Cameroun et au Gabon

Nous désignons par motivations "latentes", celles qui ressortent plus ou moins des discours officiels aussi bien du côté du donateur que de celui du bénéficiaire. Ce sont des motivations le plus souvent voilées à l'opinion nationale qu'internationale, car elles risquent parfois de toucher la sensibilité des uns et des autres, mais dont l'importance et la prise en compte demeurent indispensables dans la conduite de la politique extérieure généralement du donateur. Comme motivations latentes de l'aide française, nous avons principalement les motivations politico-stratégiques.

* Les motivations politico-stratégiques de l'aide française

Jamais au cours de son histoire, la France ne s'est résignée au repliement, elle a toujours éprouvé le besoin d'agir bien au-delà de son hexagone. Naguère, la France avait fourni un immense et glorieux effort pour conquérir, organiser, mettre en valeur l'ensemble de ses dépendances. Par l'épopée coloniale, elle avait cherché à se consoler de la perte des ses possessions lointaines du XVIIe et XVIIIe siècle, puis de ses défaites en Europe (1815, 1870).

En tentant de se replier sur elle même, la France risque donc de se sentir diminuée, c'est pourquoi un rayonnement, oeuvre de sa politique extérieure et d'une culture prétendant à l'universalité lui sont nécessaires (Essama, 1984 : 70-71).

C'est dans le cadre général que l'aide française octroyée à ses bénéficiaires, surtout ceux faisant partie de ses anciennes possessions coloniales, va obéir à des motivations politico-stratégiques, car elle sera mise quotidiennement au service du rayonnement et du prestige de la grandeur de la France qu'elle a toujours revendiqué au cours de l'histoire au sein des puissances. L'aide française sert à cet effet d'abord, les intérêts français qui peuvent être de plusieurs ordres, qu'ils soient à court, à moyen ou à long terme.

Pour Sogge (2003), les motivations politico-stratégiques de l'aide peuvent concerner le court terme, dans la mesure où elle peut servir à récompenser un "client" et pour le garder "de son côté" (comme ce fut le cas pendant la Guerre Froide), d'un point de vue politique, durant les négociations, des guerres et autres crises ; pour neutraliser la contestation et désamorcer le soulèvement public. Elles peuvent aussi servir des intérêts à long terme dans la mesure où, l'aide peut permettre au donateur d'entretenir la loyauté de la classe dirigeante des pays bénéficiaires ; pour gagner ou accroître l'acceptabilité d'une doctrine ou d'un modèle de développement, afin de renforcer la position d'un pays au sein d'un système économique, politique et militaire plus large (Sogge, 2003 : 67).

Nous avons montré plus haut la profondeur des liens historiques qui a existé entre la France avec le Cameroun et le Gabon ; et quand on fait partie d'un même ensemble pendant des années, comme ce fut le cas entre la France et ces derniers, des liens ce sont créés, et il ne peut être de l'intérêt de la France, ni d'ailleurs des autres, de les rompre brutalement, même si ces liens doivent être modifiés ou dépassés. Le passé colonial s'impose donc comme une variable pertinente dans les considérations politico-stratégiques d'allocation de l'aide française à ces deux bénéficiaires. Les intérêts que la France a dans ces deux pays peuvent être de nature diverse : matériel (accès aux matières premières stratégiques, bases militaires, investissements des firmes multinationales françaises...) ; symbolique (rayonnement culturel de la France).Cet origine historique et politique des politiques d'aide, se retrouve sans surprise dans les études économiques sur les déterminants de l'allocation de l'aide française (Alesina et Dollar, 2000 ; Mc Kinley, 1978).

Mais si la variable coloniale s'est avérée pertinente par le passé, dans la compréhension des modalités d'octroi de l'aide française qui a pu être considérable au Cameroun et au Gabon, il faut se rendre à l'évidence qu'elle est sérieusement remise en cause à l'heure actuelle, au regard de la maigreur excessive des fonds que la France a consenti à affecter à ces deux pays dans des secteurs pourtant très sensibles pour ces derniers.

Ce qui nous pousse à considérer la thèse de Berthélémy et Tichit (2002) comme étant pertinente. Ces derniers en effet, ont au cours de leurs travaux, catégorisé les donateurs suivant la primauté des critères d'allocation de l'aide : ils ont à cet effet, distingué la catégorie des "altruistes" (Norvège), les "égoïstes" (France, Grande Bretagne) et la catégorie intermédiaire (U.S.A). Même si cette thèse peut paraître simpliste, voire, réductionniste pour certains (Severino et Charnoz, 2005), il n'en demeure pas moins vrai qu'elle peut, au regard de l'analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française faite plus haut, aux deux pays sus étudiés, être sérieusement prise en compte dans la compréhension de modalités d'allocation de l'aide française.

Au regard de ce qui précède, il en ressort que les considérations politico-stratégiques dans l'allocation de l'aide française à ses bénéficiaires occupent une place centrale. Cela veut dire en outre que l'aide française au Cameroun et au Gabon ne répond pas prioritairement à des motifs généreux, mais qu'elle est d'abord liée à des considérations politico-stratégiques, qui tiennent à la propre prospérité de la France et à son propre désir d'expansion.

En guise de conclusion partielle à ce chapitre, il apparaît que l'aide publique française au développement répond à plusieurs motivations qui, si sur le plan théorique elles peuvent être distinguées plus ou moins clairement, dans la pratique, elles brillent par leur ambiguïté, leur imbrication et leur complexité.

Toujours est-il, comme l'ont souligné Alesina et Dollar (2000), il existe un grand fossé entre le discours officiel du donateur de l'aide et la pratique qui s'en suit ; ceci est aussi valable en ce qui concerne l'aide française. Car, au regard de ce qui a été constaté dans l'analyse de l'orientation sectorielle de son aide au Cameroun et au Gabon depuis 1990, on peut conclure que l'on ne sait sur quel fondement on peut asseoir l'aide française affectée à ces deux pays. Dans la mesure où on assiste ici à une contradiction notoire entre le discours français sur ses priorités en matière d'aide, parmi lesquelles figurent au premier plan, les quatre secteurs sus étudiés, pour lesquelles l'aide doit être plus concentrée ; et les fonds squelettiques qui sont affectés à ces secteurs, pourtant clé dans l'épanouissement et le bien-être de ces derniers. On pourrait fondamentalement s'interroger, au regard de ce qui précède, de savoir si le développement constitue le véritable leitmotiv de l'aide française allouée au Cameroun et au Gabon dans les secteurs sus analysés.

CONCLUSION GENERALE

Parvenu au terme de ce travail, il était question pour nous tout au long de cette réflexion de s'interroger sur l'orientation de l'APD française allouée au Cameroun et au Gabon dès 1990 à 2005.

Après avoir mené nos investigations, nous avons abouti aux conclusions suivantes :

1- L'aide française obéit à des motivations ambiguës, car il existe un gap entre les discours et la réalité sur la pratique de l'aide.

2- L'aide française au Cameroun et au Gabon depuis les années 1990 se caractérise globalement par une modicité manifeste des fonds alloués aux secteurs de la santé, l'éducation, l'agriculture, la distribution eau et assainissement.

3- Cette aide, vu sa maigreur, a eu une incidence minorée sur le relèvement des secteurs agricole, éducatif, sanitaire et d'accès à l'eau potable du Cameroun et du Gabon. Si dans certains secteurs la situation reste préoccupante (agriculture et santé) dans d'autres, on peut observer une nette amélioration, mais celle-ci est beaucoup plus due à la politique interne de ces pays dans ces secteurs.

En somme, le constat général que l'on peut dégager au regard de ce qui précède, est le désintérêt progressif de la France à l'égard des secteurs sus étudiés, secteurs pourtant clés car indicateurs pertinents, afin de mesurer l'amélioration des conditions de vie des populations vivant dans ces deux pays respectifs. Ce qui nous amène à s'interroger sur la raison d'être d'une aide française à ces pays dans les secteurs sus étudiés, vu la modicité des fonds à leur alloués. Le Cameroun et le Gabon peuvent-ils continuer à recevoir une aide aussi modique provenant de la France pour leur développement socio-économique.

Deux pistes de réflexion sont plausibles ici : en premier lieu la nécessité d'une révision de la population d'allocation d'aide française à ces deux pays, qui doit aboutir inéluctablement à une augmentation notable des fonds alloués à ces secteurs. En second lieu : une suppression pure et simple de l'aide française allouée à ces secteurs clés, ce qui pourrait constituer pour certains une terrible posture, mais qui constitue à notre avis une piste à réfléchir et à considérer sérieusement. Car si l'on peut s'accorder qu'au sortir de la colonisation, l'aide française dans ces secteurs a pu jouer un rôle majeur dans le bien-être de ces deux pays respectifs, force est de reconnaître que depuis les années 1990, elle joue de plus en plus un rôle mineur, négligeable dans l'amélioration de conditions socio-économique du Gabon et du Cameroun en ce qui concerne les secteurs de la santé, l'accès à l'eau potable, l'éducation et l'agriculture.

Toutefois, l'épineux problème de la gestion interne de l'aide reste entier et toujours d'actualité, il mérite aussi par voie de conséquence, une attention particulière et une réflexion aussi pointilleuse.

REFERENCES

I/ OUVRAGES

- Berthelemy, J.C et A. Tichit (2002), Aid Allocation Decision. A three Dimensional panel analysis, Wider discussion paper n° 2002-123, World Institute for development economics research, Helsinki.

- Chenery, H. et A. Strout (1966), Foreign Assistance and economic Development, American Economic Review.

- Didier, F (1984), l'Aide au Tiers-Monde. Solidarité et Développement ,Syros, Paris.

- Essama, J. (1984), une approche de la coopération franco-camerounaise, Thèse de Doctorat d'Etat de Science Politique, TOME I.

- Gabas, J.J. (2002), Nord-Sud : l'impossible coopération ? Presse de la fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris.

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II/ ARTICLES

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III/ RAPPORTS ET AUTRE DOCUMENTS CONSULTÉS

- Rapport mondial sur le Développement Humain 2006

- Rapport mondial sur le Développement Humain 2005

- Rapport mondial sur le Développement Humain 2004

- Rapport mondial sur le Développement Humain 2003

- Rapport mondial sur le Développement Humain 2000

- Rapport mondial sur le Développement Humain 1998

- Rapport mondial sur le Développement Humain 1997

- Rapport mondial sur le Développement Humain 1995

- Rapport sur le Développement humain au Gabon 2005

- Rapport Mondial sur l'éducation 2006

- Rapport Mondial ONUSIDA 2006

- Rapport Mondial de la santé 2006

- Profils pays : Gabon (PNUD 2005)

- Perspective économique en Afrique (Cameroun et Gabon)

- Mémorandum de la France sur les Politiques et Programmes en matière de coopération pour le développement, Ministère des Affaires étrangères Mai 2004, Paris.

- L'aide publique française au développement et la politique de coopération au développement. Etat des lieux, analyses et propositions, Coordination Sud. solidarité Urgence Développement, Novembre 2005, Paris.

- Cohen, D. et Al. (2006), La France et l'Aide Publique au Développement, Conseil d'analyse économique, Paris.

- Damour, C. et Al. (2002), Evaluation de la coopération française dans le secteur santé au Gabon (1990-2000), Direction Générale de la Coopération et du Développement.

- Jepma, C. (1991), L'aide liée, O.C.D.E, Paris.

IV/ SITES ET MOTEURS DE RECHERCHE CONSULTES

- www.undp.org

- www.fao.org/stats

- www.occd.org

- www.occd.org/cad/stats/sdienligne

- www.unesco.org

- www.onusida.org

- www.who.org

- www.diplomatie.gouv.fr

- www.google.com

- www.googlescholar.com

- Microsoft ® Encarta 2006

ANNEXES

ANNEXE 1

Graphique A : Répartition sous sectorielle de l'aide à la santé

ANNEXE 2

Tableau A : La définition statistique du CAD de « l'aide à la santé »

Code CAD

Code SNPC

Description

Clarifications/Notes supplémentaires sur la couverture

120 SANTE

121 Santé, général

12110

Politique de la santé et gestion administrative

Politique de la santé, planification et programmes ; aide aux ministères de la santé ; administration de la santé publique ; renforcement des capacités institutionnelles et conseils ; programmes d'assurance-maladie ; activités de santé non spécifiées.

 

12181

Education et formation médicales

Enseignement médical et formation pour les services au niveau tertiaire.

 

12182

Recherche médicale

Recherche médicale (à l'exclusion de la recherche sur la santé de base).

 

12191

Services médicaux

Laboratoires, centres de santé et hôpitaux spécialisés (y compris l'équipement et les fournitures) ; ambulances ; services dentaires ; santé mentale ; rééducation médicale ; lutte contre les maladies à l'exclusion des maladies infectieuses ; lutte contre la toxicomanie [à l'exclusion du trafic de drogues (16361)]

122 Santé de base

12220

Soins et services de santé de base

Programmes de soins sanitaires primaires et de base ; programmes de soins paramédicaux et infirmiers ; approvisionnement en médicaments et en vaccins relatifs aux soins et services de santé de base.

 

12230

Infrastructures pour la santé de base

Hôpitaux régionaux, centres de santé, dispensaires et équipements médicaux [à l'exclusion des hôpitaux et centres de santé spécialisés (12191)]

 

12240

Nutrition de base

Programmes pour l'alimentation (alimentation maternelle, allaitement et alimentation du sevrage, alimentaire de l'enfant, alimentation à l'école) ; identification des déficiences nutritives ; fourniture de vitamine A, d'iode, de fer, etc. ; surveillance de l'état nutritionnel ; enseignement de la nutrition et de l'hygiène alimentaire, alimentation domestique.

 

12250

Lutte contre les maladies infectieuses

Vaccination ; prévention et lutte contre le paludisme, la tuberculose, les diarrhées chroniques, les maladies transmises par un vecteur (par exemple onchocercose, bilharziose), etc.

 

12281

Education sanitaire

Information, éducation et formation de la population pour l'amélioration des connaissances et des pratiques liées à la santé ; campagnes pour la santé publique et programmes de sensibilisation.

 

12282

Formation de personnel de santé

Formation du personnel de santé pour les services et les soins sanitaires de base.

130 POLITIQUE EN MATIERE DE POPULATION / SANTE ET FERTILITE

 

13010

Politique / programmes en matière de population et gestion administrative

Politique en matière de population et de développement ; recensement, enregistrement des naissances/décès ; données sur la migration ; recherche et analyse démographique ; recherche en santé et fertilité ; activités de population non spécifiées.

 

13020

Soins en matière de fertilité

Santé et fertilité ; soin prénatals et périnatals, y compris l'accouchement ; prévention et traitement de la stérilité ; prévention et suites de l'avortement ; activités pour une maternité sans risque.

 

13030

Planification familiale

Conseils en planification familiale ; activités d'information, d'éducation et de communication (IEC) ; distribution de produits contraceptifs ; accroissement des moyens et aptitudes, formation.

 

1340

Lutte contre les MST et la VIH/Sida

Toutes activités liées au contrôle des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/Sida ; activités d'information, éducation et communication ; dépistage ; prévention ; traitement, soins.

 

13081

Formation de personnel en matière de population et de santé et fertilité

Education et formation du personnel de santé pour les services de population ainsi que les soins en matière de santé et fertilité.

La définition couvre, même si elle ne le mentionne pas spécifiquement, l'assistance technique dans les sous-secteurs de santé. C'est une conséquence des principes de codage qui doit identifier les secteurs finalement assistés plutôt que les méthodes intermédiaires de fourniture de l'aide.

Source OCDE 2001

* 1 Propos de Um Nyobe Ruben devant la 4e commission de décolonisation de l'ONU, le 17/12/1952.

* 2 Données extraites de l'OCDE stats (SNPC)






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand