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La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

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par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

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INTRODUCTION GENERALE

I. Présentation du sujet

L'année 1997, le 5 juin plus précisément, constitue désormais une date charnière de l'histoire du Congo contemporain. Elle a effectivement vu l'irruption sur la scène politique congolaise, pour la troisième fois, de celui que les analystes appellent Sassou Nguesso II1(*). Comment expliquer ce retour inattendu de cet acteur politique qui, d'après ses propres termes, avait pris une « retraite volontaire » en 19922(*) ? Le Général Sassou Nguesso serait-il incontournable pour le Congo ?

En tout état de cause, il occupe à nouveau, les fonctions de Chef de l'Etat de la République du Congo. Ce retour pour le moins inattendu, a plongé le Congo dans une période de turbulences qui s'inscrit dans la phénoménologie des guerres civiles3(*) qui ont émaillé la vie de la République du Congo de la dernière décennie.

En effet, le retour et l'installation en 1997, d'un nouveau gouvernement sans légitimité populaire dont le principal acteur s'est autoproclamé chef de l'Etat, a suscité une guerre qui a laissé transparaître des enjeux politiques et économiques notamment, le contrôle et la gestion des ressources stratégiques dont est doté la République du Congo.

L'on a pu distinguer parmi les belligérants, trois protagonistes nucléaires, traditionnels et emblématiques de l'échiquier politique congolais et ce, depuis près de trente ans. Au premier rang, y figure, le Général Denis Sassou Nguesso. Il est à la fois militaire, et homme politique. Il convient d'ajouter qu'il est un grand chef tribal. Il a dirigé le Congo d'abord, par intérim, de 1977 à 1979 puis, de 1979 à 1992.

Il est à ce propos, originaire de la zone septentrionale du Congo. Il aurait accumulé plusieurs antécédents vis-à-vis de ses adversaires actuels4(*).

Le deuxième acteur est Monsieur Pascal Lissouba : Professeur d'Université et ancien Premier Ministre dans les années qui ont suivi l'indépendance du Congo. Il a vécu en exil, une vingtaine d'années durant, avant de rentrer au Congo. Il appartient à l'ethnie Nzabi, localisée dans la zone méridionale du Congo. Il est le président élu démocratiquement en 1992.

Enfin, Monsieur Bernard Kolelas, originaire du Centre Congo ; il est l'opposant mythique des différents régimes politiques du Congo contemporain. Son comportement politique est assez difficile à cerner, tant il est versatile. Toujours prudent et opportuniste, il fait et défait ses alliances avec l'un ou l'autre des deux acteurs essentiels de la vie politique congolaise en fonction des enjeux du moment5(*).

Chacun de ces acteurs a été appuyé par des milices internes et à côté desquelles il conviendrait de souligner la présence des acteurs étrangers6(*). L'issue de cette guerre d'environ cinq mois a été la prise effective et finale du pouvoir par le Général Sassou Nguesso.

Il s'en est suivi une période de non légitimité du nouveau gouvernement, provoquant de ce fait un discrédit, un isolement sans précédent du Général Sassou Nguesso par la Communauté internationale, hormis la France.

Pendant plus de quatre ans, le nouveau gouvernement est sans légitimité, en rupture avec les valeurs démocratiques « chères » aux sociétés occidentales. La Constitution adoptée en 1992 n'est plus la légitimité de référence qui organise la vie politico-juridique interne du Congo.

Les acteurs (étatiques) influents de la Communauté internationale dont les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne, la Grande Bretagne et d'autres partenaires non étatiques au développement du Congo, après une certaine indifférence, marqueront leur désapprobation7(*).

Un observateur soutient à ce titre « Longtemps Denis Sassou Nguesso est allé à travers le monde à la recherche d'une crédibilité internationale consistante. Pendant des mois en effet, la présidence de l'Union Européenne ainsi que les Américains, lui ont fait comprendre que les Institutions ne lui donneraient aucun sou tant qu'il n'aurait pas réinstauré la démocratie qu'il a guillotinée »8(*).

Cette réflexion à elle seule, rend compte de l'illégitimité dans laquelle le nouveau gouvernement congolais émerge et justifie de ce fait les nouvelles orientations « réalistes » qui caractérisent dès lors la politique étrangère du Congo post-guerres civiles.

Depuis la fin des hostilités, on assiste effectivement à une reconfiguration des liens que ce pays entretient avec les autres acteurs du « Vaste monde ». Son agenda de politique étrangère est depuis, des plus actifs et pragmatiques. Les orientations majeures de celui-ci ne sont pas neutres et cachent des motivations politiques profondes. Quelles sont-elles et, à quelles logiques répondent-elles ?

Étudier les paramètres, les stratégies, les logiques et les forces qui ont présidé à l'élaboration des choix dans l'action politique extérieure d'un État qui a connu le discrédit et dont la principale ambition est, depuis, de s'affirmer durablement dans un système international de plus en plus complexe ne peut dès lors, manquer de pertinence.

Pour mener à bien une telle étude, il nous semble indiqué de procéder tout d'abord à des clarifications sur les objectifs poursuivis et les intérêts qu'elle présente.

* 1 Il faudrait en réalité, parler de Sassou Nguesso III, car, c'est la troisième fois qu'il accède au sommet de l'Etat. On oublie trop souvent l'intérim qu'il a assuré en 1977 après l'assassinat du président Marien N'gouabi.

Cependant, nous nous plierons, pour être comprise, au qualificatif de Sassou Nguesso II, communément adopté.

* 2 En 1992 s'est tenue l'élection présidentielle dans laquelle Sassou Nguesso a été éliminé dès le premier tour.

Sans aucune contestation, il a accepté le verdict des urnes. Voir à ce propos, Sassou Nguesso ,Le manguier, le Fleuve et la souris, Paris, édition Jean Claude Lattès, 1997, p. 1.

* 3 La guerre civile congolaise de 1997 est loin d'être la première. Toute l'histoire de ce pays est empreinte de plusieurs tares dues aux changements politiques qui ont toujours procédé d'une action violente : le départ de l'Abbé Fulbert Youlou, Premier Ministre depuis 1959 ; la démission du Président A. Massamba Débat ; 1968, l'assassinat du Président Marien Ngouabi en 1977 ; la démission du Président J.Yombi Opango en 1979. Enfin, la chute du Président Pascal Lissouba en 1997.

* 4 Parmi ceux-ci Pascal Lissouba, exilé dans la capitale Britannique. Pour plus d'informations à ce sujet, voir J.Tonda, « La guerre dans le camp nord  au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la consommation/ consumation », in Patrick Quantin, (dir.), Les deux Congo dans la guerre, Politique africaine, n°72, pp. 8-12.

* 5Monsieur Bernard Kolelas semble assez futé. Sachant que ses chances d'accéder au sommet de l'Etat sont moindres, il a toujours joué en fonction des enjeux du moment. Ainsi, s'est-il allié au Président Lissouba en 1997 après s'être confronté à ce dernier en 1993. En 2005, après son retour au Congo, il s'est allié à Sassou Nguesso II, satisfaisant ainsi aux impératifs de son réalisme.

* 6 Les guerres civiles congolaises de 1997,1998 et 1999 n'étaient pas seulement l'oeuvre des acteurs principaux et internes de l'échiquier politique congolais. Elles impliquaient bien d'autres acteurs étatiques (dont, le Gabon, le Tchad, l'Angola etc.), et des acteurs non étatiques, notamment les firmes transnationales pétrolières à l'instar d'ELF, devenue Total.

* 7 Pendant les quatre années qui ont suivi le coup d'État du 5 juin 1997, les institutions financières internationales,

l'Union européenne, les États-unis, l'Allemagne et bien d'autres partenaires du Congo avaient suspendu leurs aides et assistance au Congo.

* 8 Jean-Pierre Makouta-Mboukou, La destruction de Brazzaville ou la démocratie guillotinée, Paris, L'Harmattan, 1999, p.159.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld