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Les étudiants guinéens dans les universités de Montpellier entre intégration et repli

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par Mamadou Oury SOW
Université Paul-Valéry Montpellier 3 - Master 2 Recherche de sociologie 2013
  

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CHAPITRE VI : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Dans ce dernier chapitre de notre mémoire nous faisons une analyse des principaux constats qui se sont dégagés à partir de nos résultats tout en essayant de donner un sens ou une signification à ces différents constats. Il est structuré en deux grandes sections : la première porte sur le niveau d'intégration des étudiants guinéens dans leurs universités, la deuxième traite du renforcement de leur sentiment communautaire en rapport avec le niveau d'intégration.

Section 1. Analyse du niveau d'intégration des étudiants guinéens en rapport avec les relations avec leurs condisciples français

Pour déterminer le niveau d'intégration des étudiants guinéens et tester notre hypothèse de départ, notre démarche a consisté à saisir tour à tour les opinions en rapport avec le nombre d'amis français de classe avec lesquels les étudiants se fréquentent même en dehors de l'université, mais aussi les relations qu'ils entretiennent avec les professeurs. De même que les opinions sur la connaissance et l'implication aux activités des organisations étudiantes au sein de l'université qui est aussi un indicateur du niveau d'intégration au sein de l'université.

Pour justifier cette démarche nous partons de l'idée que : plus un étudiant étranger a d'amis français de classe, plus il pourrait être informé sur les activités culturelles au sein de l'université et plus il serait sensé y participerou s'impliquer aux mouvements associatifs au sein de l'université. Les relations avec les professeurs y vont dans le même sens. Plus un étudiant étranger a la possibilité de rencontrer ses professeurs pour pouvoir discuter avec eux, plus il seraitsensé connaître le fonctionnement des études à l'université.Le niveau d'intégration sera alors en rapport avec l'éventail de relations que l'étudiant étranger a avec son entourage immédiat que sont ses condisciples français et ses professeurs.

De ce point de vue, les résultats ont montré que les étudiants interrogés n'ont pas le même niveau d'intégration. Pour le prouver nous avons construit une échelle d'intégration à trois niveaux : fortement intégré(e), moyennement intégré(e) et faiblement intégré. Sont fortement intégrés tous ceux qui ont quatre ou plus d'amis français de leur classe avec lesquels ils se fréquentent, à ceux-ci on a attribué le code A ; sont moyennement intégrés tous ceux qui ont entre 1 et 3 amis français de leurs classes, à ceux-ci on a attribué le code B et enfin sont faiblement intégrés tous ceux qui n'ont pas d'amis français de leurs classes, à eux on a attribué le code C. A partir du tableau 2.2 de nos résultats, nous avons obtenus une représentation proportionnelle entre les trois codes qui se présente comme suit : 12 pour C, 5 pour B et 3 pour A. on voit que ceux qui sont faiblement intégrés constituent la plus grande proportion. Ils représentent 60% de l'échantillon.

En croisant ce résultat au nombre d'années passés à l'université, le constat qui se dégage est que d'une part, c'est au niveau de la première année d'études que des difficultés d'intégration se font plus sentir et que d'autre part, la durée n'est pas aussi nécessairement un facteur qui favorise l'intégration. Les résultats ont montré quetous les étudiants qui sont à leur première année d'inscription (ils sont au nombre de sept) à Montpellier se retrouvent dans le code C.

L'analyse montre tout aussi qu'on peut y passer des années sans pour autant réussir son intégration. Dans la catégorie de ceux qui ont passé plus d'une année soit 13 étudiants, cinq se retrouvent dans le code C (au même titre que ceux qui sont dans leur première année) et cinq dans le code B (qui sont faiblement intégrés) contre seulement trois qui se retrouvent dans le code A (qui sont fortement intégrés).

L'intégration à l'université à travers les condisciples français de classe varie aussi selon les universités. Ainsi, il apparait selon l'université que les étudiants enquêtés de l'UM2 ont plus de condisciples français avec lesquels ils se fréquentent que dans les deux autres universités. Les résultats du tableau 2.1 montrent que c'est seulement à l'UM2 où sur les neufs étudiants enquêtés, quatre ont entre trois et six condisciples français de classe avec lesquels ils se fréquentent. Cela pourrait se justifier par le fait qu'à l'UM2 les offres de formations qui relèvent toutes du domaine des sciences, exigent plus de travaux de groupes où le mélange d'étudiants est beaucoup plus fréquent. Et cela se voit tout aussi sur les fréquentations des cafétérias ou bien les restaurants universitaires où la majorité de ceux qui les fréquentent se font accompagnés par des condisciples français et pour la simple raison qu'ils s'y rendent le plus souvent après des séances de TD.

Dans le cadre toujours de l'impact des relations avec leurs condisciples français sur leur intégration au sein de l'université, il nous a semblé nécessaire de voir s'il y a une corrélation entre le fait d'avoir des amis de classe français et la participation aux activités des organisations étudiantes.Le tableau 4.3de nos résultats a montré que sur les vingt étudiants enquêtés, il n'y a que neuf parmi eux qui ont affirmé qu'ils ne participent pas à des activités culturelles au sein de leurs universités contre onze qui ont affirmé qu'ils participent ( dont huit rarement et trois souvent). Après avoir fait un croisement entre nombre d'amis et fréquence de participation en ne s'intéressant qu'aux onze qui participent (souvent ou rarement), on obtient : huit étudiants qui participent ont des amis français de leurs classes avec lesquels ils se fréquentent contre un seul qui a des amis français mais qui ne participe pas et deux qui n'ont pas d'amis mais qui participent à des activités culturelles au sein de leurs universités. Cela confirme qu'avoir des amis français est un facteur qui favorise la participation aux activités culturelles au sein de l'université.

Une analyse thématique des raisons qui font que ceux des étudiants interrogés qui ne participent pas à des activités culturelles au sein de l'université, fait apparaitre deux éléments significatifs. Le premier est dû au fait qu'ils ne sentent pas concernés. Sur ce point nous pouvons faire deux lectures. Tout d'abord il y a un sentiment de mise à l'écart qui est dû au fait qu'ils ne se sentent pas associéspour être impliquer pleinement à ces activités, mais aussi un écart lié au culturel. Ici l'étudiant ne se sent pas concerné par ce que les activités culturelles proposées ne correspondent pas à ses habitus. Les contenus des festivals ou des expositions au sein de l'université ne correspondent pas à leur goût culturel. Cela se justifie par des propos qu'on a notés ci haut tels que « ça ne concerne qu'eux » ou « ce qui est proposé ne m'intéresse pas ».Cette distance culturelle se remarque tout aussi sur les raisons qui font que certains ne fréquentent pas le restaurant universitaire.

Le deuxième élément significatif est le manque de temps que beaucoup ont cité comme raison. Ici par manque de temps, il faut voir les occupations liées aux petits boulots des étudiants. La recherche du boulot pour l'étudiant étranger prend assez de son temps d'une part et de l'autre, quand il l'a, les contraintes liées avec ne lui permettent pas de participer aux activités culturelles à l'université. Sur cet aspect, notre théorie des inégalités sociales à l'école se justifie clairement. Une des conditions de renouvellement du titre de séjour dû au statut d'étudiant étranger exige que ces étudiants aient des moyens financiers suffisants pour chaque année universitaire. Avec cette obligation, le peu de temps que l'étudiant dispose en dehors de ses cours est consacré au boulot quitte même à sacrifier certaines heures de cours au profit de ce boulot, ce qui n'est pas exclu. Sur cet aspect, participer à des activités culturelles au sein de l'université qui aide à l'intégration de l'étudiant étranger dans ce milieu, ne lui est pas rendu possible à cause de son statut.

Un autre constat significatif qui apparait dans nos résultats est qu'il n'y a pas de corrélation entre avoir des amis français de classe et obtenir des informations sur le quotidien universitaire. Cela est dû au fait que l'essentiel des étudiants interrogés ont affirmé que les informations concernant leur formation (notes, absence de profs, modification de l'emploi du temps, changement de salle de classe etc.) sont obtenues via internet mais non pas par un quelconque ami. Ils affirment pour cela que ces informations sont obtenues à temps. A ce niveau, ils se sentent vraiment membre de leurs universités et non pas des exclus, car ces informations sont obtenues de la même façon par tous les autres étudiants.

Section 2 : le niveau d'intégration en rapport avec les relations avec les professeurs

Les résultats sur les relations étudiants guinéens/professeurs montrent que les étudiants jugent plutôt facile la possibilité de rencontrer leurs professeurs (voir tab 3.2 de nos résultats). Les principales raisons de vouloir rencontrer leurs professeurs se ramènent à des questions sur les cours et aussi pour parler de débouchés (voir tab 3.3 de nos résultats).Aussi dans l'ensemble, ces étudiants estiment que le traitement est le même par rapport à leurs condisciples français (voir tab 3.4 de nos résultats).

Si sur ces différents aspects, il ressort des homogénéités chez les étudiants interrogés, l'analyse laisse apparaitre quand même des différences selon les universités. Ainsi les professeurs de l'UM1 apparaissent plus égalitaires entre étudiants guinéens et nationaux, suivi de ceux de l'UM2. La tendance est la même si on s'intéresse à la possibilité de rencontrer les professeurs. Il est plus facile pour les étudiants guinéens de l'UM1 et de l'UM2 de rencontrer leurs professeurs que ceux de l'UM3, il en va de même du traitement vis-à-vis de leurs condisciples français.

L'analyse de nos résultats montre tout aussi qu'il y a une relation entre les relations avec les professeurs et le niveau de satisfaction des études. Ainsi en croisant le niveau de satisfaction des études chez les étudiants avec l'université d'appartenance, on voit apparaitre que c'est à l'UM1 où les étudiants sont plus satisfaits de leurs études (voir tab 1.6 de nos résultats où sur les six étudiants interrogés de l'UM1, cinq affirment être tout à fait satisfaits de leurs études soit plus de 83%). Encore de plus, cela explique leur volonté de finir leurs études à Montpellier qu'ailleurs pour une raison due à la satisfaction liée à la formation suivie.

Dans l'ensemble, on comprend que les relations avec les professeurs n'ont pas à proprement parler un impact sur l'intégration des étudiants étrangers au sein du milieu universitaire au même titre que les rapports avec les condisciples français. La conclusion qu'on peut tirer est que pour mieux intégrer le milieu universitaire ce sont les relations avec les condisciples français qui sont déterminants.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo