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La chronique de Philippe Mousket

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par Thibault Montbazet
Université Paris-IV Sorbonne - Master dà¢â‚¬â„¢histoire médiévale 2011
  

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2) La date d'écriture

La chronique est, on l'a dit, inachevée. Le caractère brutal de la fin (en plein milieu de l'année 1243) a conduit les historiens à admettre généralement que l'auteur est mort la plume à la main. Mais cela signifie-t-il pour autant qu'il est mort alors qu'il relatait les évènements qui lui étaient contemporains ?

On a un temps cru que Philippe Mousket était l'évêque de Tournai et qu'il vivait dans la deuxième moitié du XIIIème siècle. On sait aujourd'hui qu'il était en réalité un laïc de la première moitié 1 . Il serait donc contemporain des évènements d'un bon tiers de sa chronique. Lui-même se dit témoin oculaire du siège de Tournai de 1213 :

Les portes lor furent ouviertes ;
Bien le savommes ki là fûmes.2

1 Voir infra, II. L'auteur et son contexte, p. 15.

2 Reiffenberg, op. cit., v. 21 228-229

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Il n'y a aucune raison de ne pas le croire, d'autant qu'il n'en abuse pas et ne se pose en témoin qu'une fois. Faut-il pour autant conclure comme Barthélémy-Charles Du Mortier 1 qu'il avait alors au moins vingt ans ? L'évènement, nécessairement traumatisant, du siège et du saccage de Tournai par le comte de Flandre peut très bien être un tenace souvenir d'enfance. Nous pouvons seulement dire que Philippe Mousket est né avant 1213.

Certains historiens ont tenté de montrer que l'écriture ne pouvait pas être antérieure aux années 1250. Ainsi Jacques Nothomb2, comparant l'Abbreviatio gestorum Franciae regum, que Philippe Mousket est censé suivre, avec la chronique d'Aubri de Trois-Fontaines, tente de monter que Mousket a connu et utilisé cette dernière et qu'il n'a donc pu écrire que vers 1260, le temps minimum nécessaire à cette influence. Les deux auteurs ont d'ailleurs le même goût pour la matière épique. Cependant, comme l'a bien montré Marie-Geneviève Grossel3, leur utilisation de l'épopée est bien différente. En réalité, les interpolations que J. Nothomb relève tiennent du fait que Mousket n'a sans doute pas connu l'Abbreviatio dans le texte, mais par une traduction qui se mêlait à d'autres oeuvres, notamment une compilation san-germanienne4. Philipp Bennet5 a quant à lui proposé l'idée que le projet de Mousket était de glorifier la croisade, et que l'échec de saint Louis en Egypte l'avait découragé de terminer son oeuvre. La rédaction serait donc à placer vers 1250. Mais cette hypothèse me paraît un peu excessive au regard de la place, certes importante dans la dernière partie mais somme toute mineure comparé aux autres matières, qu'occupe la croisade dans la chronique de Mousket6.

En réalité, il faut sans doute placer le terminus ante quem vers 1244-45. En effet, dans les derniers vers de sa chronique, il annonce la mort de l'empereur Baudouin II de Constantinople et la régence de Geoffroy de Villehardouin7. Or, cette fausse rumeur, qui s'est répandue en Europe en 1243, est démentie lorsque Baudouin arrive en Italie et assiste au concile de Lyon l'année suivante. Pour que Mousket ne rejette pas cette information et la prenne pour vraie, il faut qu'il n'ait pas eu le temps de finir sa chronique avant que la nouvelle arrive jusqu'en

1 B.-C. Du Mortier, « Sur Philippe Mouskés, auteur du poëme roman des Rois de France », Compte-rendu des séances de la Commission royale d'histoire, ou recueil de ses bulletins, 9, 1845, p. 112-145.

2 J. Nothomb, « La date de la chronique rimée de Philippe Mousket », Revue belge de philologie et d'histoire, 4, 1925, p. 77-89.

3 M.-G. Grossel, « Ces « chroniqueurs à l'oreille épique » », Ce nous dist li escrits... Che et la verite, Senefiance, 45, 2000, p. 97-112.

4 Voir infra, III. 2) La question des sources, p. 28.

5 P. Bennett , op. cit.

6 Voir infra, IV. 6) Le lointain fantasmé : l'Orient et les Croisades, p. 89.

7 Reiffenberg, op. cit., v. 31 181.

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Flandre. Il devait donc sans doute écrire dans la première moitié des années 1240.

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