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Patrimoine hanséatique et emergence d'une région baltique : Brème, Gdańsk et Riga

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par Nicolas Escach
Ecole Normale Supérieure - Master STADE 2001
  

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Conclusion

Les hypothèses que nous avions établies au départ ne sont que partiellement validées. Les discours et pratiques se fondant sur la période hanséatique ne s'appuient que sur une patrimonialisation incomplète. Les discours des acteurs utilisant la ressource hanséatique ne servent pas uniquement à soutenir un projet de régionalisation mais s'inscrivent dans des desseins plus larges (rempart contre la mondialisation, rattachement à l'Europe) ce qui peut les rendre aux yeux de certains peu réalistes. Cette référence à la Hanse n'est pas partagée par tous et peut même, contre toute attente, donner lieu à des « conflits d'acteurs ». Chaque acteur a sa vision de la Hanse, ce qui n'est pas nouveau puisque les historiens, eux-mêmes, ne se sont pas accordés sur l'espace que recouvrait l'organisation. Celle-ci possédait un pouvoir central faible et n'a pas connu de législation ou de liste officielle de ses membres qui entraient et sortaient de l'organisation relativement rapidement, parfois plusieurs fois (comme Brème). De plus, les villes de la Hanse étaient connectées à l'ensemble de l'Europe du Nord, et donc à l'Italie et à l'Europe dans son ensemble. Ainsi l'idée même que l'Europe se fait de la Baltique (le SDEC livre des cartes des programmes de coopération), excluant une bonne partie de la Russie et se limitant aux régions les plus littorales, n'est pas la même que celle que les acteurs des réseaux de la « Nouvelle Hanse » se font de la Baltique hanséatique qu'ils étendent jusqu'au Pays Bas, jusqu'à la France ou la Belgique. Ceux-ci prennent en compte la liste des villes qui ont été à un moment de leur histoire un comptoir hanséatique. Les acteurs s'opposant à une quelconque référence à la Hanse se font de cette organisation une toute autre idée (se limitant aux ports de la Baltique). Les représentations spatiales de la Hanse sont donc des éléments essentiels permettant de comprendre la position des acteurs dans l'utilisation du concept de Hanse. Ainsi les pratiques spatiales mettent en avant un réseau qui manque de cohérence car pris entre des logiques diverses et parfois contradictoires (les logiques de l'Union Européenne et les logiques historiques, plus locales par exemple). Cet enchevêtrement de logiques fait du réseau baltique un réseau qui ne peut aboutir mais ce n'est pas l'unique argument appuyant une régionalisation incomplète....

Une question centrale empêche de parler de régionalisation sur les pourtours de la Baltique : la question de l'appropriation. Bien sûr le poète lituanien Tomas Venclova disait : « Pour l'Occident, le passé chaque jour davantage se perd dans le passé. Personne ne considère que les intrigues menées par les Plantagenêts ou par Louis XIV peuvent servir de leçons à la société. Personne ne croit vraiment à l'utilité des modèles anciens quand il s'agit de trouver le bon chemin dans le labyrinthe de la vie contemporaine. Il en est tout autrement en Europe centrale et à l'Est. Là-bas, le passé est

234 Entretien du 20/02/08 : Zaiga Krisjane, maître de conférences à la faculté de Géographie de Lettonie,

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vivant, actuel, s'insinue quotidiennement dans les journaux (...) influe sur le comportement des gens (...) »235. Mais à propos de la Hanse, il manque une conscience régionale. Sami Mioso l'a bien vu : « la lacune majeure dans la région de la mer Baltique est le manque de conscience régionale de ses habitants et l'absence d'idée de région. Il n'apparaît pas un phénomène comme une identité baltique »236. Il est vrai que les historiens critiquent le concept même de « civilisation hanséatique » (Blanc-Noël, 2002) : les pays ont gardé des cultures très diverses jusqu'à aujourd'hui. Si l'on reprend le sondage qu'avait réalisé Mikelis Aschamanis à Riga (Aschmanis, 2007), on constate que parmi la population peu de personnes savaient ce qu'était la Hanse et l'auteur a du réaliser un deuxième sondage parmi les étudiants en sciences humaines afin d'obtenir des réponses plus précises. Certes, 43.9% d'entre eux avaient une vision positive de la Hanse mais 56.1% avaient une vision neutre ou étaient indifférents. 32.9% des interrogés avaient déclaré que l'on ne pourrait plus construire quelque chose de semblable à la Hanse aujourd'hui. A Gdansk, le phénomène est le même si l'on en croit les chiffres de Peter Oliver Loew qui rapporte le résultat d'un sondage sur la mémoire de l'histoire locale réalisé en 1996. Les habitants devaient classer les événements et personnages les plus importants pour eux : 91% ont répondu le combat de Solidarité et la personnalité de Lech Walesa, 26% les débordements de la Seconde Guerre mondiale, 19% l'annexion de Gdansk à la Pologne sous Kazimierz Jagellon, 14% la ville libre d'entre deux guerres. Suivaient les grèves de décembre 1970, le voyage de St Adalbert en 997 puis la Hanse qui récoltait moins de 10% (Loew, 2003). Il est certain qu'à Brème, la Hanse est mieux connue même s'il n'existe pas de sondage véritablement. Mais pour combien de temps encore ? Car c'est l'usage de la Hanse qui maintient la Hanse en vie. Or faut-il souhaiter d'une référence historique qui brouille la compréhension du présent plus qu'elle ne la facilite ? L'absence d'assise populaire, transforme pour l'instant la « Nouvelle Hanse » en une régionalisation qui ne peut aboutir.

235 Cité par SERRY, A., (2006), Op.Cit, pp.62

236 SCHYMIK C., HENZE, V., HILLE, J., (dir.) (2006), Opt.Cit., pp.83-97 : «The major insufficiency in the Baltic Sea region is the lack of regional consciousness of its inhabitants and the shapelessness of the idea of the region. There does not appear a phenomenon such as a Baltic identity».

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