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La lutte contre la violence en milieu universitaire ivoirien

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par Gélase Amour DECHI
Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix - Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées En Gestion des Conflits et Paix  2006
  

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PARTIE I: LE DIAGNOSTIC DE LA VIOLENCE EN MILIEU

UNIVERSITAIRE

L'analyse de la violence est un processus pratique d'examen, d'appréhension et de compréhension de la réalité de la violence à l'Université. Cet examen permettra de mieux comprendre ce phénomène et de le combattre par la mise en oeuvre de solutions appropriées.

Pour mieux cerner le phénomène de la violence en milieu universitaire, il importe de tenter de dégager ses causes (Chapitre I) ainsi que ses manifestations (Chapitre II).

CHAPITRE I : LES CAUSES DE LA VIOLENCE

L'examen des sources de la violence revient à identifier les facteurs qui conduisent les acteurs à être violents. Ces causes sont nombreuses et variées. Pour l'essentiel, elles peuvent être classées en deux grandes catégories : le dysfonctionnement de l'Université (Section I) et la conjoncture étatique (Section II).

Section I : Les causes liées au fonctionnement de l'Université

L'autorité est la puissance que devrait exercer l'université sur tous les acteurs du monde universitaire. C'est la capacité d'obtenir d'eux l'obéissance et le respect. Malheureusement, dans son fonctionnement, l'on assiste à l'effritement de l'autorité de notre institution. A celle-ci s'est substitué le pouvoir des étudiants qui l'exercent avec violence sur l'espace universitaire.

Une telle situation prend sa source dans deux facteurs : une capacité d'accueil restreinte de l'Université (Paragraphe I) et les mauvaises conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire (Paragraphe II).

Paragraphe I : Une capacité d'accueil restreinte

L'université offre un visage peu reluisant. Elle est dépassée par la profusion d'étudiants qu'elle reçoit en son sein. Il existe alors un déséquilibre criard entre le nombre d'étudiants (A) et les infrastructures disponibles (B).

A- Une démographie universitaire galopante

L'Université Nationale de Côte d'Ivoire (UNCI), basée à Cocody, a été créé par la loi du 1er juin 1977. Initialement prévue pour accueillir 6 000 étudiants, l'UNCI s'est retrouvée en 1992 avec près de 60 000 inscrits12(*). Ainsi, le 02 septembre 1992, trois centres universitaires sont créés au sein de l'Université Nationale de Côte d'Ivoire : le Centre Universitaire de Cocody ; le Centre Universitaire d'Abobo-Adjamé ; le Centre Universitaire de Bouaké.

En 1995, en lieu et place de l'Université Nationale de Côte d'Ivoire, ces trois centres sont transformés en trois universités autonomes: université de Cocody ; université d'Abobo-Adjamé ; université de Bouaké.

Cet aménagement devrait avoir pour objectif de désengorger l'Université-mère de Cocody. Finalement, les résultats escomptés ont été très vite dépassés, en l'espace de 10 ans. Pour l'année universitaire 1992-1993, on a enregistré 30 000, 2 800 et 3 000 étudiants pour, respectivement, les universités de Cocody, d'Abobo-Adjamé et de Bouaké. Sur la période de 1994 à 1999, les universités renfermaient en moyenne 67% des effectifs d'étudiants de l'enseignement supérieur sous tutelle du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique13(*). Concernant l'année universitaire 2002-2003, les effectifs étaient de 50 000, 6 500 et 16 00014(*). Encore que, avec la crise militaro-politique, les étudiants déplacés internes ont surpeuplé le monde universitaire abidjanais.

L'effectif pléthorique enregistré crée deux phénomènes qui s'emboîtent pour être à l'origine de la violence : l'anonymat et la foule. Pour mieux comprendre ces phénomènes, il importe de faire appel à la théorie de la " Psychologie des foules" du Docteur Gustave LE BON. Il énonce l'idée qu'il existe une âme collective. Dans l'âme collective, les aptitudes intellectuelles des individus, et par conséquent leur individualité, s'effacent. L'hétérogène se noie dans l'homogène, et les qualités inconscientes dominent. L'individu en foule acquiert, par le fait seul du nombre, un sentiment de puissance invincible qui lui permet de céder à des instincts auxquels, seul, il n'aurait pas laissé libre court. Il sera d'autant moins porté à les refréner que, la foule étant anonyme, et par conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement. Ainsi, dans un groupe la conscience personnelle s'efface pour une conscience collective. C'est ce qui rend les foules hautement suggestives aux influences d'un meneur et c'est ce qui rend des comportements extrêmes (violence, héroïsme, imbécillité). L'âme collective par contagion émotionnelle fait perdre aux individus leur sens critique et les fait régresser à un état strictement affectif15(*).

Ainsi, le nombre exorbitant d'étudiants met en exergue l'insuffisance des infrastructures universitaires.

B- L'insuffisance des infrastructures universitaires

Si l'effectif est qualifié de surabondant, c'est parce qu'il évolue constamment, alors que, « les équipements ont vieilli, voire disparu sans être remplacés, les bibliothèques s'appauvrissent sans se renouveler ni s'enrichir d'acquisitions » 16(*). Par exemple, l'université de Cocody a acquis un patrimoine immobilier de 39000 places en 20 ans, tandis que le nombre des étudiants est passé de 28352 à 4900017(*). En plus, il faut noter le manque et la dégradation avancée des salles de travaux dirigés et des amphithéâtres (climatiseurs en panne, plafonds enlevés, fissurations des murs,...). Il en va de même pour les cités universitaires (chambres délabrées, W.C non fonctionnels,...).

Quant aux universités d'Abobo-Adjamé et de Bouaké, elles sont installées dans des locaux reformés, rénovés, inadaptés et, ici encore, déjà dépassés.

Ce manque d'infrastructures conduit des étudiants, lorsqu'ils ont cours, à se précipiter dans les amphithéâtres en se bousculant violemment afin de s'avoir une place. Dans le cas contraire, d'autres sont obligés de prendre les cours debout.

Ainsi, la première cause de la violence en milieu universitaire liée au fonctionnement de l'Université s'exprime en termes de démographie universitaire galopante et d'insuffisance d'infrastructures. Une telle situation laisse présager les mauvaises conditions de vie et de travail des acteurs du monde universitaire.

* 12 EHILE (Etienne Ehouan), Impacts de la violence sur la formation universitaire et esquisses de solutions, Communication N°4, Séminaire sur la Violence en milieu universitaire, Centre des métiers de l'Electricité de Bingerville, Du 1er au 3 décembre 2006, p.2.

* 13 www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a2-contribution-kouakou.pdf:

KOUAKOU (Antoine), Quelles contributions efficientes de l'enseignement supérieur au développement durable des nations? Le cas de la nation ivoirienne, p.30.

* 14 EHILE (Etienne Ehouan),op, cit., p.2.

* 15 LE BON (Gustave), Psychologie des foules, 9e édition, Paris, Félix Alcan, 1905, p. 22-24 .

* 16 Programmation pour l'Enseignement Supérieur et la Recherche,Maurice, octobre 1993, p.147.

* 17 EHILE (Etienne), op, cit., p.3.

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