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La lutte contre la violence en milieu universitaire ivoirien

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par Gélase Amour DECHI
Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix - Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées En Gestion des Conflits et Paix  2006
  

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CHAPITRE II : L'INSTAURATION D'UN OBSERVATOIRE

A L'UNIVERSITE

Un observatoire est « un organisme chargé de rassembler et de diffuser des informations relatives aux faits politiques, économiques, sociaux71(*) .»

La mise en place d'un observatoire pourrait aider à combattre la violence en milieu universitaire. La Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme (LIDHO) l'a si bien compris qu'à l'issue d'un séminaire sur « la violence en milieu universitaire » tenue du 1er au 3 décembre 2006 qu'elle a organisé, l'idée de création de l'Observatoire des Droits Et Libertés en Milieu Universitaire (ODELMU) a été retenue. Le 19 janvier 2007, cet observatoire a été officiellement installé.

L'intérêt d'un tel organe réside en sa double mission de promotion (Section I) et de protection (Section II) qu'elle mène.

Section I : La mission de promotion de la non violence

La promotion de la non violence consiste à sensibiliser l'opinion à la non violence et aux droits de l'Homme pour mieux les faire connaître et renforcer leur exercice. Elle contribue à la prévention de leur violation, décourage l'impunité, favorise une culture des droits de l'Homme et, à terme, donne aux individus et aux groupes des moyens d'agir72(*).

L'Observatoire des Droits Et Libertés en Milieu Universitaire73(*) s'est assigné une telle mission. En effet, selon l'article 1er de ses statuts, l'ODELMU « a pour objet de promouvoir les droits et libertés fondamentaux collectifs et individuels en milieu universitaire... »

La principale activité de promotion de la non violence que l'observatoire mène à l'Université est la formation des étudiants à la culture de la paix (Paragraphe I). En dehors de cette activité, la promotion de la non violence revêt d'autres formes (Paragraphe II).

Paragraphe I : La formation des étudiants à la culture de la paix

Selon l'UNESCO, « les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix74(*). » C'est dire que l'éducation à la culture de la paix peut s'analyser comme une solution à la violence à l'Université.

L'éducation à la culture de la paix consiste à inculquer aux étudiants un ensemble de valeurs, d'attitudes et de comportements qui traduisent le respect de la vie, de la personne humaine, de tous ses droits, le rejet de la violence et l'attachement aux principes de libertés, de justice, de solidarité, de tolérance et de compréhension entre les groupes et les individus75(*).

Les valeurs en question (A) doivent être transmises aux étudiants, à travers des méthodes et techniques appropriées (B).

A- Les valeurs à transmettre aux étudiants

L'analyse de l'article 1er de l'Acte Constitutif de l'UNESCO permet de dégager 7 valeurs76(*). Ces valeurs peuvent être regroupées en valeurs politico-juridiques, en valeurs sociales et en valeur écologique. Pour lutter contre la violence en milieu universitaire, il importe de privilégier les valeurs politico-juridiques et les valeurs sociales.

Les valeurs politico-juridiques sont aussi appelées valeurs de la citoyenneté. Et comme leur nom l'indique, ces valeurs ont une composante politique, la démocratie et une composante juridique, le Droit et les droits de l'Homme.

« Selon ses racines grecques, le mot démocratie désigne le pouvoir du peuple (démos, kratos) »77(*). Cette même idée est reprise plutard par Montesquieu qui écrit en 1748 ceci : « lorsque, dans la République, le peuple en corps a la souveraine puissance, c'est une démocratie ».78(*)

Le gouvernement démocratique repose sur le principe que le peuple est souverain : chaque citoyen détient une parcelle de pouvoir, de souveraineté. C'est le gouvernement du peuple par le peuple (selon la règle de la majorité). Dans ce système de gouvernement, l'individu connaît le sens et le mode de participation adéquat à la vie politique. Le droit positif et les droits et libertés y sont respectés et s'épanouissent.

La dimension politique étant une dimension indispensable et incontournable pour « être homme »79(*), on comprend que les acteurs de l'Université ne puissent se départir de la politique. Au contraire, ils doivent participer sainement à la vie politique. Pour ce faire, ces étudiants doivent être éduqués à la citoyenneté. Les valeurs reçues les aideront à s'extraire du parrainage des partis politiques et à s'affranchir des manipulations politiciennes de toutes sortes. Ils pourraient, par conséquent, être imbibés du respect de la dignité humaine et mettre ainsi fin aux manifestations de la violence, aux violations des droits de l'Homme.

L'importance de ces valeurs politico-juridiques a amené l'ODELMU à inscrire, parmi les 3 thèmes80(*) de son premier atelier de formation, un thème sur « les droits de l'Homme ». Cet atelier de formation a eu lieu le 8 février 2007, à l'INADES-FORMATION. Ce thème a été animé par le professeur DEGNI SEGUI, professeur agrégé de droit public. L'atelier, comme tous les autres, a regroupé toutes les 25 organisations d'étudiants, d'enseignants et de personnel administratif membres de l'ODELMU, chacune représentée par 3 membres.

Les valeurs sociales, quant à elles, sont « liées au sens moral de l'individu»81(*). Ces valeurs favorisent la coexistence pacifique entre les individus. Ainsi, inculquées à la communauté universitaire, elles permettront de mettre fin à la violence et d'instaurer la cohésion sociale à l'Université, à travers la non violence, la tolérance et la solidarité.

La non violence est caractérisée par le refus d'utiliser la violence pour atteindre ses buts. Se prononçant en faveur de la non-violence dans la lutte contre la ségrégation raciale, Martin Luther King affirme : « [...] par votre souffrance et votre volonté d'accepter les coups sans y répondre, vous vous mettez alors en situation d'influencer le comportement de votre adversaire, vous mettez à nu ses valeurs morales et le rendez vulnérable... »82(*)

La tolérance implique l'indulgence et la compréhension patientes. C'est la capacité à admettre le point de vue d'autrui et à avoir l'ouverture d'esprit.

Relativement à la solidarité, elle est un sentiment qui pousse les hommes à s'accorder une aide mutuelle. Aussi, l'éducation des étudiants à la solidarité visera à développer chez ces derniers le sens de la générosité et d'ouverture sur l'entraide réciproque.

Ainsi donc, l'éducation des étudiants aux valeurs sociales leur communiquera le sens de la responsabilité, le respect de soi et l'ouverture dans les relations humaines. Ce qui aura pour effet de corriger la dégradation des moeurs et l'irrespect de l'autorité.

Egalement, sachant que «  le conflit est une partie intégrante de toute organisation sociale »83(*) , l'Université ne saurait en être épargnée. Il appartiendra aux étudiants de le gérer à travers des techniques pacifiques : la communication non violente, la médiation, la négociation,...C'est pourquoi, lors du 1er atelier, les participants ont aussi été instruits sur la « méthodologie de lutte contre la non violence », animée par le docteur DJE BI TCHAN, enseignant de psychologue à l'université de Cocody. Aussi, le 26 avril 2007, un autre atelier de formation a eu lieu sur « les méthodes de gestion pacifiques des conflits ». Son animation a été confiée au cabinet NETWORK of EDUCATION AND PEACE CARETEKERS.

S'il est vrai que les valeurs politico-juridiques et les valeurs sociales peuvent résoudre la question de la violence en milieu universitaire, encore faut-il qu'elles soient transmises aux étudiants de façon appropriée.

* 71 LE PETIT LAROUSSE ILLUSTRE, Paris, LAROUSSE 2007, p. 1054

* 72 HAUT COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L'HOMME, Droits économiques, sociaux et culturels. Manuel destiné aux institutions nationales des droits de l'Homme, Série sur la formation professionnelle N°12, New York et Genève, Nations Unies, p.78

* 73 Cet observatoire est instauré à l'Université de Cocody par la Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme, avec l'appui financier de la Fondation américaine NED dans le cadre d'un projet dénommé « projet d'éducation civique et de lutte contre la violence en milieu universitaire : création et animation d'un observatoire des droits et libertés en milieu universitaire ».

* 74 Voir le préambule de l'Acte Constitutif de l'UNESCO.

* 75 ADAMS (David), La culture de paix : un choix de société, IN : ALTERMONDES, Revue trimestrielle de solidarité internationale, N°7, Septembre-Novembre 2006, p.17.

* 76 Il s'agit de la démocratie, du respect des droits de l'Homme, du respect du droit, de la non violence, de la tolérance, de la solidarité et de la protection de l'environnement.

* 77 GOYARD-FABRE (Simone), Qu'est ce que la démocratie ? La généalogie philosophique d'une aventure humaine, Paris, Armand Colin, 1998, p.14.

* 78 MONTESQUIEU, De l'esprit des lois, Tome I, Paris, Gallimard, 1995, p.98.

* 79 MAUGENEST (Denis), Gouverner la violence. Société civile et société politique, IN : COMPRENDRE..., N°2, Abidjan, Les Editions du CERAP, p.11.

* 80 Le 1er thème animé par M. ZIO Moussa, président de l'OLPED, était intitulé « Elaboration d'une grille d'observation ». Le second thème a porté sur la « méthodologie de lutte contre la non violence ». Il a été animé par le docteur DJE BI TCHAN, psychologue.

* 81 ADOU (Kevin), DOUMBIA (Djeneba) et GOPFERT (Andreas), Manuel d'éducation scolaire à la citoyenneté et à la culture de la paix, Abidjan, Les Editions du CERAP, p.21.

* 82 Voir Microsoft® Encarta® 2006. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

* 83 KORNIO (Ousmane), AZIZ DIALLO (Abdoul) et SOW (Fatimata), La prévention et la gestion des conflits communautaires au Mali. Etude et manuel de formation, FONDATION FRIEDRICH EBERT, Février 2004, p.81.

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