SECTION 3. LES PRINCIPES
DE L'AUDIT FINANCIER
Contrairement à la comptabilité dont les
règles sont souvent intimement liées aux contextes nationaux,
l'audit apparaît - au moins du point de vue conceptuel - comme largement
indépendant des contingences locales dans ses démarches, au point
que l'on a pu avancer que « l'audit a ses principales racines non pas dans
la comptabilité soumise à son examen, mais dans la logique,
où il puise largement pour ses idées et ses méthodes
» . Le développement de l'audit contemporain apparaît comme
le résultat des efforts des praticiens pour aboutir à une
conceptualisation rigoureuse de leur approche qui puisse répondre
à l'exigence de rationalité et de démontrabilité
qui caractérise les sociétés développées.
Depuis les années 1960, la pratique de contrôle
des comptes fait en effet l'objet d'un processus de formalisation
systématique qui tend à assimiler la démarche de l'audit
à une pratique scientifique (Francis 1994). Dans cette vision, les
états financiers sont des hypothèses à tester par
l'application des méthodes rationnelles que sont les procédures
d'audit. Le résultat d'un contrôle d'audit devient peu ou prou
similaire à une preuve expérimentale scientifique.
Limitée initialement aux grands cabinets, cette
approche de l'audit s'est affinée conceptuellement et s'est
étendue à Les efforts de normalisation comptable internationale,
s'ils sont intenses, se heurtent encore à de nombreuses
difficultés tant culturelles que techniques. L'ensemble de la profession
dans les années 1980, un processus facilité par le
développement des réseaux de cabinets nationaux et
internationaux. Soucieuses de justifier
de la compétence de la profession vis-à-vis de
l'environnement, les organisations professionnelles ont également
encouragé cette évolution. L'approche conceptuelle moderne du
contrôle des comptes repose ainsi sur une vision déterminée
de l'entreprise et de la notion d'audit. Elle implique une démarche
structurée qui s'articule autour de la notion de « risque » et
de maîtrise du risque.
I-L'entreprise dans la vision de l'auditeur : une
imbrication de systèmes
Toute démarche de vérification repose à
la base sur la construction d'un cadre d'interprétation de
l'entité contrôlée, préalable nécessaire
à une approche rationnelle et démontrable. L'audit financier
repose ainsi sur une vision systémique de l'entreprise. Ses
systèmes peuvent être abordés à trois niveaux :
le système concret des opérations physiques de
l'entreprise ;
le système d'information, qui reflète les flux
d'opérations physiques. Il contient en son sein le sous-système
d'information comptable qui présente de façon chiffrée et
formalisée les circulations d'information selon des normes visant
à l'obtention de la « qualité comptable » :
traçabilité, chronologie, irréversibilité ;
- Le système de décision que, dans le contexte
réglementaire OHADA, l'auditeur doit ignorer.
Ces niveaux de systèmes sont en relation constante les
uns avec les autres. Par exemple, une expédition de produit fini (une
opération physique) se matérialisera par l'émission d'un
bon de livraison (un document) et se concrétisera par l'enregistrement
d'une vente en comptabilité, puis par l'émission d'une facture.
L'entreprise consiste alors en un ensemble de systèmes, ou « cycles
», imbriqués les uns dans les autres. En pratique, chaque
entreprise est structurée de manière spécifique, mais on
constate de fortes similarités pour des entreprises ayant la même
activité, la même taille et le même environnement. Dans le
cas d'une entreprise industrielle, par exemple, les cycles envisagés
sont généralement les suivants : le cycle ventes, le cycle
achats, le cycle production, le cycle investissements, le cycle personnel, le
cycle financement et le cycle trésorerie. Il apparaît clairement
que cette décomposition n'est pas le fruit du hasard, mais qu'elle
permet une correspondance entre les cycles de l'entreprise et les principaux
postes de son bilan et de son compte de résultat. Si l'on reprend de
manière simplifiée les grandes masses des comptes d'une
entreprise industrielle, on trouve en effet les correspondances suivantes :
D'autres organisations, telles que les banques ou les
compagnies d'assurances, disposent de leurs cycles propres. Ceci ne remet pas
en cause l'approche générale d'audit.
Bilan
ACTIF
|
CYCLES
|
PASSIF
|
CYCLES
|
Immobilisations
|
Investissements
|
Capital
|
-
|
Stocks
|
Production
|
Dettes
|
Financement
|
Créances
|
clients Ventes
|
Dettes fisc. / soc.
|
Personnel
|
Disponibilités
|
Trésorerie
|
Dettes fournisseurs
|
Achats
|
Compte de résultat
POSTE
|
CYCLES
|
Chiffre d'affaires
|
Ventes
|
Variation de stocks
|
Production
|
Charges externes
|
Achats
|
Frais de personnel
|
Personnel
|
Amortissements
|
Investissements
|
Charges financières
|
Financement
|
Résultat
|
-
|
L'approche de l'audit repose sur cette décomposition de
l'entreprise en cycles. Elle se base sur l'examen successif des principaux
cycles de l'entreprise et de l'information comptable qu'ils
génèrent. Ceci permet d'appréhender le résultat
global de l'entreprise tout en le décomposant de manière à
permettre un travail détaillé sur chaque
élément.
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