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Analyse criminologique de la présnce d'enfants dans les sites miniers artisanaux à  Kolwezi

( Télécharger le fichier original )
par Musevu Vould Kawele
Université de Lubumbashi/ RD Congo - Diplôme dà¢â‚¬â„¢études approfondies en criminologie 2014
  

Disponible en mode multipage

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    UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

    Ecole de Criminologie

    ANALYSE CRIMINOLOGIQUE DE LA PRESENCE

    DES ENFANTS DANS LES SITES MINIERS

    ARTISANAUX A KOLWEZI

    Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de Diplômé d'Etudes Approfondies en Criminologie

    Directeur : Prof. Norbert Par Vould KAWELE MUSEVU

    LUPITSHI

    Lubumbashi
    Mai 2014

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    Dédicace

    A tous les enfants qui passent plusieurs heures dans les sites miniers artisanaux de manière consciente ou inconsciente,

    Je dédie ce travail!

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    Que notre épouse Uzang Kalend Mamy, nos enfants Kawele Manyonga Roussel, Tshisweka Kawele Shoukrani et Kalend Kawele Jan Frans soient remerciés par ce travail.

    Remerciements

    Ce mémoire de Diplôme d'études approfondies est le résultat d'un travail de longue haleine. Il a débuté par des discussions sur l'objet de recherche et le lieu de collecte des données dans le cadre du cours de « Méthodologie de recherche : Pratique de recueil et d'analyse des données qualitatives » entre le Professeur Ildefonse Tshinyama, les collègues de promotion et nous-même. C'est pourquoi nous remercions en premier lieu l'école de criminologie de l'Université de Lubumbashi pour avoir organisé les cours de Diplôme d'études approfondies ainsi que tout le corps professoral pour nous avoir dispensé les enseignements.

    Nous exprimons notre gratitude tout particulièrement au Professeur Norbert Lupitshi pour avoir accepté de diriger ce travail scientifique en nous offrant sa disponibilité. Qu'il soit honoré par ce travail.

    Etant Assistant à l'Université de Kolwezi, il nous fallait une autorisation du Recteur de cette Université pour séjourner longtemps à Lubumbashi afin de poursuivre les enseignements. Ainsi, nous le remercions pour tous les soutiens tant scientifique, matériel, financier et moral qu'il ne cesse de nous accorder.

    Merci infiniment au Professeur Jan Gorus en sa qualité de promoteur du Centre d'Excellence pour l'Etude de la Démocratie Locale, pour son soutien financier dans l'achèvement de ce travail et ses bons conseils qu'il ne cesse de nous donner dans le domaine scientifique.

    Nous témoignons notre marque de gratitude envers le Professeur Gilbert Malemba, Co-promoteur du Centre d'Excellence pour l'Etude de la Démocratie Locale pour son soutien scientifique qu'il ne cesse de nous accorder.

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    Que nos parents Ngaza Yinda et Kalend Nkongal ainsi que tous nos frères et soeurs trouvent par ce travail l'expression de ma reconnaissance.

    Nous témoignons également notre gratitude à tout le personnel administratif de l'école de criminologie pour leurs soutiens multiformes.

    Que Serge Tshibal, Banze wa Banze, Rado Kakenke, Victor Tshifutshi, Dhanis Rukan, Giovanni Kaseya ainsi que tous les collègues de promotion trouvent l'expression de ma reconnaissance pour une bonne amitié. Etant donné que la récolte des données s'est effectuée à Kolwezi, nous remercions Jean-Paul Kayeye pour son encadrement et son hospitalité à notre égard.

    Nous ne pouvons pas nous en passer sans pour autant remercier le pasteur Katshiji Tshauta. Qu'il trouve ma gratitude par ces lignes.

    Pour nous, l'intérêt de cette étude réside premièrement dans le fait qu'elle s'intéresse aux êtres vulnérables protégés par toutes les communautés humaines, que sont les enfants.

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    Introduction

    La libéralisation du secteur minier par l'Etat Congolais vers les années 2002 est arrivée avec certaines situations (ou phénomènes) qu'on n'observait pas avant, telles la présence des femmes et des enfants dans des sites miniers artisanaux, l'apparition des campements où résident les artisanaux. La présence des enfants dans des sites d'exploitation minière artisanale est une situation qui pose problème dans la société congolaise. La loi interdit leur présence dans ces sites parce qu'ils sont des personnes vulnérables en pleine croissance.

    A Kolwezi, deux arrêtés urbains du Maire de la ville interdisent la présence des enfants et des femmes porteuses des enfants dans des zones d'exploitation minière artisanale. Malgré toutes les interdictions faites par l'autorité administrative, les enfants sont toujours présents dans plusieurs sites d'exploitation minière artisanale. Cette situation a attiré notre attention. Ainsi, nous en faisons une étude que nous nommons : Analyse criminologique de la présence des enfants dans des sites miniers artisanaux à Kolwezi.

    Cette étude se fonde sur les données empiriques, et consiste en la compréhension du phénomène sous examen à partir de l'observation et des discours des acteurs concernés et ce, malgré les arrêtés et autres mesures officielles d'interdiction de leur présence dans ces sites.

    Deux types de publications sur la problématique «enfant» sont facilement observables dans l'environnement de notre école de criminologie. Il s'agit premièrement des publications sur le travail des enfants dans les sites miniers artisanaux » et deuxièmement sur les enfants dits : « enfants de la rue », « enfants dans la rue », soit « enfants en situation de la rue », ou encore « les jeunes en situation de la rue ». Les premières se basent principalement sur le travail des enfants dans des sites miniers artisanaux. Or, il n'y a pas que ça qui explique la présence des enfants dans des sites miniers artisanaux. Les deuxièmes détaillent en profondeur la problématique des enfants dits « de la rue ».

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    Deuxièmement en tant que criminologue, les enfants qui sont dans les sites miniers artisanaux sont des acteurs appart entier. Ils remplissent divers rôles dans les sites au même titre que les adultes. Nous constatons un écart entre les prescrits de la loi et la réalité sociale. Pour interpréter les faits, les grilles d'acteur social (Debuyst, 1990, 25-26) et d'interactionnisme symbolique (Le Breton, 2004, 45-56) ont été mobilisées. La récolte des données s'est effectuée en deux phases. La première a été la période allant du 3 septembre au 3 octobre 2012. La deuxième période va du 15 juillet au 22 août 2013.

    Nous nous sommes servi de l'approche ethnographique comme méthode. Jamoulle (2002, 24) note que réaliser une enquête ethnographique, c'est localiser une problématique dans un lieu clé, pour en dégager peu à peu la complexité et les différentes facettes. Quatre carrières ont servi comme sites de collecte des données. Il s'agit des carrières ci-après :

    · La carrière de Mutoshi ;

    · La carrière 5 ans ;

    · Les carrières Kamilombe ;

    · La carrière GH du camp Gécamines Kolwezi.

    Ainsi, cette étude se structure en trois chapitres. Le premier chapitre est consacré au

    cadre théorique et au dispositif méthodologique. Il est composé de points ci-après :

    - La construction de l'objet de recherche ;

    - Le dispositif méthodologique ;

    - Les difficultés rencontrées.

    Le deuxième chapitre traite de la problématique des enfants dans les sites miniers

    artisanaux à Kolwezi. Il est subdivisé en trois parties suivantes :

    - La brève historique de l'exploitation minière à Kolwezi ;

    - Les mécanismes de protection de l'enfant ;

    - Les typologies des enfants qui se trouvent dans des sites miniers artisanaux

    Enfin, le troisième chapitre porte sur les jeux, les enjeux et les logiques derrière la

    présence des enfants dans les sites miniers artisanaux. Ce dernier chapitre est subdivisé en

    trois points qui sont les jeux et enjeux de la présence des enfants dans les sites miniers,

    l'impact négatif de la présence des enfants dans les sites et les logiques explicatives la

    présence des enfants dans les sites miniers à Kolwezi.

    - l'autorisation aux entreprises publiques minières de conclure des contrats de partenariats avec les privés ;

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    Chapitre 1: Cadre théorique et dispositif méthodologique

    Ce chapitre est subdivisé en trois parties suivantes : - La construction de l'objet de recherche ;

    - Le dispositif méthodologique ;

    - Les difficultés rencontrées.

    1.1. Construction de l'objet de recherche

    Pendant la période coloniale, le secteur minier fut l'apanage de l`Union Minière du Sud Katanga, entreprise minière crée en 1906. Après la colonisation, elle fut transformée en Générale des Carrières et des Mines (Gécamines) en 1967. Ainsi, la Gécamines et la Société de Développement Industriel et Minière du Congo (SODIMICO) détenaient le monopole de l'exploitation minière au Katanga.

    La libéralisation du secteur minier par l'Etat Congolais vers les années 2002 apporte des grands changements dans ce secteur. Avant d'énoncer l'objet de recherche, nous préférons d'abord présenter le contexte qui préside à l'objet de recherche.

    1.1.1. Contexte d'élaboration de l'objet de recherche

    Pendant plusieurs années, la Gécamines a fait la fierté du Congo par sa grande contribution financière au budget national à l'ordre de 70% (Ikos Rukal : 2007,159). Les années 1990 fut la chute de cette entreprise. Soucieux pour sa relance, le Gouvernement congolais avait pris des mesures pour le redressement du secteur minier. Ainsi, par la loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002, le pays s'est doté d'un nouveau code minier comme instrument juridique de base pour le redressement du secteur minier. La grande innovation de cette loi, est la libéralisation du secteur minier au Congo. Des innovations ont été apportées dans le secteur minier industriel tout comme artisanal. Parmi lesquelles nous citons :

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    - l'autorisation des privés à acquérir des concessions minières pour l'exploitation ;

    - la libéralisation de l'exploitation minière artisanale qui s'étend à toute substance minière.

    Par ailleurs, l'exploitation minière artisanale fut jadis limitée pour les pierres précieuses, comme prévoyait l'article 30 de l'ordonnance-loi n° 81-013 du 02 avril 1981 portant législation générale sur les mines et les hydrocarbures, telle que modifiée par l'ordonnance-loi n° 82-039 du 5 novembre 1982, (J.O n° 22 du 15/11/1982, p10) : « Aux conditions indiquées au présent chapitre, certains gisements d'or, de diamant ou de toute autre matière ou substance concessible déclarée précieuse, peuvent faire d'objet d'une exploitation artisanale. Il y a exploitation artisanale, lorsque les facteurs techniques et économiques qui caractérisent les gisements ci-dessus décrits ne permettent pas d'en assurer une exploitation industrielle au sens de la présente législation et de ses mesures d'exécution ».

    Mais, avec l'avènement du code minier de 2002, l'exploitation minière artisanale ne s'arrête pas uniquement aux pierres précieuses. Elle s'étend à toutes substances minières (cuivre, cobalt, zinc, argent, hétérogénite, malachite, cassitérite, coltan, etc.). Mais, l'idée d'organiser des zones d'exploitation minière artisanale remonte en 1981, avec l'ordonnance-loi n°81-013 du 2 avril 1981 susdite.

    L'avènement de l'exploitation minière artisanale arrive avec certaines situations (ou phénomènes) qu'on n'observait pas avant. Il s'agit : la présence des femmes et des enfants dans des sites miniers artisanaux et l'apparition des campements où résident les exploitants miniers artisanaux (les creuseurs). Ce qui nous intéresse dans la présente étude, c'est la présence des enfants dans des zones d'exploitation minière artisanale. Cette présence a suscité notre curiosité, ainsi, nous avons pris l'initiative d'en faire l'objet d'étude pour ce mémoire.

    1.1.2. Objet de recherche

    L'objet n'est pas un donné qui existerait en soi, à l'état naturel. C'est un construit, un produit de l'effort intellectuel (Lupitshi : 2013, 61). Ce même auteur poursuit qu'à la base de tout processus de recherche scientifique, on considère qu'il y a un problème dans la société généralement pensé en termes d'un malaise. Pour ce faire, le chercheur intéressé se décide

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    d'amorcer une réflexion sur ce malaise (ce problème) qui devient ainsi son objet d'étude (Lupitshi : 2013, 87). Luc Albarello (2004, 52) renchérit que « se donner un objectif de recherche spécifique, c'est en quelque sorte exprimer sa volonté de mieux connaitre une partie d'un champ préalablement défini ». La présence des enfants dans des sites d'exploitation minière artisanale a attiré notre attention. Ainsi, nous en faisons une étude que nous nommons : Analyse criminologique de la présence des enfants dans des sites miniers artisanaux à Kolwezi. Comme le disent Quivy et Campenhoudt (2006, 17), « si nous choisissons de traiter un sujet donné, c'est forcément parce qu'il nous intéresse. Nous en avons presque toujours une connaissance préalable et souvent une expérience plus ou moins concrète. Peut-être même sommes désireux de réaliser notre recherche pour mettre au jour un problème social ».

    Cette étude se fonde sur les données empiriques, et consiste en la compréhension du phénomène sous examen à partir de l'observation et des discours des acteurs concernés. Notre grand souci est d'éclairer les jeux, enjeux et logiques derrière la présence des enfants dans les zones d'exploitation minière artisanale et ce, malgré les arrêtés et autres mesures officielles d'interdiction de leur présence dans ces sites.

    La construction de l'objet de recherche consiste dans une élaboration provisoire des notions ou des concepts qui vont être au centre de l'enquête afin de circonscrire de façon la plus judicieuse et la plus possible, de préciser un certain nombre d'indicateurs pertinents susceptibles, de répondre aux questions qu'un chercheur se pose (Robert, 2005, 435).

    La présence des enfants dans des sites miniers artisanaux est une situation qui pose problème dans la société congolaise. La loi interdit leur présence dans ces sites parce qu'ils sont des personnes vulnérables en pleine croissance. De ce fait, ils sont protégés par les lois tant nationales qu'internationales, que la RD Congo a ratifiées. C'est le cas de la convention internationale des droits de l'enfant, du 20 novembre1989, ratifiée par la République Démocratique du Congo en date du 27 Septembre 1990, etc. En 2009, la RDC édicté sa propre loi pour la protection de l'enfant. Il s'agit de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant. L'exposé de motif de cette la loi déclare : la condition de l'enfant dans le monde en raison de sa vulnérabilité, de sa dépendance par rapport au milieu, de son manque de maturité physique, intellectuelle et émotionnelle, nécessitant des soins spéciaux et

    L'article 1 de la loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier, donne toute une série des définitions dans lesquelles nous retenons celles qui nous intéressent :

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    une protection particulière n'a cessé d'interpeller depuis un certain temps la communauté internationale et nationale(...).

    A Kolwezi, deux arrêtés urbains du Maire de la ville ont été pris. Il s'agit interdisent la présence des enfants et des femmes porteuses des enfants dans des zones d'exploitation minière artisanale. Il s'agit des arrêtés n°2006/04/VK/B/M du 20 avril 2006 portant interdiction de la présence des enfants mineurs dans des sites d'exploitation minière artisanale et de l'arrêté n°007/22/VK/B/M du 15 novembre 2007 portant l'interdiction de la présence des femmes porteuses des enfants de bas âges dans les carrières sur toute l'étendue de la ville de Kolwezi (voir l'annexe n°7 à la page 123 et l'annexe n°8 à la page 124). Les motivations de ces deux arrêtés indiquent que la manière dont l'environnement des sites d'exploitation minière artisanale est constitué, n'est pas propice pour les enfants par rapport à leur santé, croissance, éducation et instruction. Les enfants sont des personnes vulnérables et méritent une protection sociale. Etant vulnérable, les enfants méritent une protection sociale.

    Le code minier de 2002 déclare à l'article 26 : sans préjudice des dispositions de l'article 27 (...), seules les personnes physiques majeures de nationalité congolaise peuvent acquérir et détenir les cartes d'exploitant artisanal et les cartes de négociant.

    Malgré toutes les interdictions faites par l'autorité administrative à travers les deux arrêtés susmentionnés, le constat fait sur terrain montre que les enfants sont toujours présents dans plusieurs zones d'exploitation minière artisanale à Kolwezi.

    Il convient de préciser que dans les lignes qui suivent sont explicitées quelques concepts afin de dissiper toute équivoque.

    1.1.2.1. Quelques concepts mobilisés dans ce travail

    L'article 2 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant en RD Congo définit le concept « enfant » comme étant toute personne âgée de moins de 18 ans.

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    - Activités Minières : tous services, fournitures ou travaux de l'art des mines directement liés à la prospection, à la recherche, à l'exploitation minières et aux substances minérales, y compris les travaux de développement, de construction et d'infrastructure.

    - Exploitation Artisanale : toute activité par laquelle une personne physique de nationalité congolaise se livre, dans une zone d'exploitation artisanale délimitée en surface et en profondeur jusqu'à trente mètres au maximum, à extraire et à concentrer des substances minérales en utilisant des outils, des méthodes et des procédés non industriels.

    - Minerai : toute roche contenant un ou plusieurs minéraux possédant un ou plusieurs éléments chimiques ayant une valeur économique.

    - Opération Minière : toute activité de recherche et/ou d'exploitation des substances minérales.

    - Périmètre : une superficie délimitée en surface et indéfiniment en profondeur sur laquelle porte un droit minier ou un droit de carrière.

    - Substance minérale : tout corps naturel inerte ou artificiel contenant un ou plusieurs minéraux sous forme amorphe ou cristalline, solide, liquide ou gazeuse ayant une valeur économique.

    - Zone d'Exploitation Artisanale : l'aire géographique, délimitée en surface et en profondeur, par le Ministre, et contenant un ou plusieurs gisements d'Exploitation Artisanale.

    - Carrière : tout gisement des substances minérales classées en carrières exploitable à ciel ouvert et/ou toute usine de traitement de produits de cette exploitation se trouvant dans le périmètre de carrière pour réaliser leur transformation en produits marchands, y compris les installations et les matériels mobiliers et immobiliers affectés à l'exploitation.

    Par ailleurs, la réalité de terrain montre que l'exploitation minière artisanale ne se fait pas uniquement dans les zones d'exploitation artisanale créées par l'Etat. Les exploitants miniers artisanaux (creuseurs) créent spontanément des sites miniers où ils exploitent les minerais sans l'autorisation préalable de l'autorité compétente, parfois même dans les concessions minières appartenant aux entreprises privées. Plusieurs concessions minières appartenant à ces entreprises sont envahies par les exploitants miniers artisanaux. Cela est le cas des sites où nous avons récolté les données pour cette enquête. Tous ces sites appartiennent à la Gécamines.

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    Quivy et Campenhoudt trouvent que la meilleure manière d'entamer un travail de recherche en sciences sociales consiste à s'efforcer d'énoncer le projet sous la forme d'une question de départ. Par cette question, le chercheur tente d'exprimer le plus exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à élucider, à mieux comprendre. La question de départ servira de premier fil conducteur à la recherche (2006, 35). Lupitshi poursuit : une fois l'objet d'étude défini et le champ d'étude circonscrit, il importe qu'un questionnement de recherche pertinemment élaboré cimente la base de l'étude menée (2013, 87). Il est donc important pour nous de formuler une question claire et précise qui oriente notre recherche : Comment expliquer la présence des enfants dans des sites miniers artisanaux à Kolwezi ?

    Une question de départ est tel que les montrent Beaud, S. et Weber, F. (2008, 34) : basée sur un thème qui vous parle, à propos duquel vous avez envie d'en savoir plus, de découvrir des choses, et plus tard de les faire savoir.

    La présente recherche est qualitative et s'inscrit dans une démarche inductive. Delauriers et Kérisit, repris par Lupitshi (2013, 62) font remarquer que dans la recherche qualitative l'objet de recherche se construit progressivement, en lieu avec le terrain, à partir de l'interaction des données recueillies et de l'analyse qui en est tirée. Lupitshi poursuit que pour ces deux auteurs, il faut lire ce que les autres chercheurs ont écrit avant nous, il faut en quelques sorte monter sur leurs épaules de façon à voir plus loin, et ceci, pensons-nous, quel que soit le tracé de recherche suivi (inductif ou hypothético-déductif) (2013, 62). Ceci dit, il importe de passer à l'étape de l'état de la question.

    1.1.3. Etat de la question

    Lire les travaux déjà effectués sur l'objet de recherche que l'on veut traiter, cela permet au chercheur de se fixer sur ce qui a déjà été dit sur l'objet en question, s'y inspirer et faire une démarcation. Selon Paillé et Mucchielli (2005, 38) l'homme ne naît pas seul et ne connait pas seul. Il lui est impossible de faire l'expérience de quoi que ce soit en l'absence d'un univers de référence, lequel forme le creuset de son expérience. Dans ce même cadre d'idées, Lupitshi (2013, 23) poursuit que l'état de la question ou du problème traité permet de se rendre compte des pistes précédemment exploitées, des aspects déjà abordés et, de relever leurs mérites, leurs manques et éventuellement leurs limites, ce qui aide à préciser comment les nouvelles recherche se démarquent des précédentes dans la définition et la construction de

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    leurs objets. Il poursuit que dans le chef des chercheurs, deux logiques justifient donc le sens de l'état de la question : pour certains, il faut connaître pour modifier tandis que pour d'autres, il faut connaître pour mieux connaître. Deux types de publications sur la problématique «enfant» sont facilement observables dans l'environnement de notre école de criminologie. La première catégorie est constituée des publications qui traitent « du travail des enfants dans des sites miniers artisanaux ». Enfin, la deuxième catégorie concerne les publications qui parlent des enfants dits : « enfants de la rue », « enfants dans la rue », soit « enfants en situation de la rue », ou encore « les jeunes en situation de la rue ».

    1.1.3.1. Publications portant sur le travail des enfants dans les sites miniers

    Artisanaux

    Parmi ces travaux, nous relevons à titre prioritaire :

    - Le rapport du Groupe One (2007) sur la problématique du travail des enfants dans les mines et carrières au Katanga. Ce rapport fait état du travail des enfants dans les mines et carrière du Katanga et démontre que les conditions de travail et d'emploi sont mauvaises et souvent très dangereuses. Certains enfants travaillent avec leurs parents avec lesquels ils constituent une unité de production. Ainsi, plusieurs travaux sont exécutés par les enfants. Il s'agit : le creusage, le ramassage, le tamisage, le lavage le triage, le transport. Ce rapport conclu que l'exécution de tel ou tel autre travail est fonction des tranches d'âges.

    - le rapport de l'Observatoire du Changement Urbain (2008)1 sur le travail des enfants dans les mines et carrières du Katanga, cas du bassin minier de Kipushi, Likasi et Kambove ». Il est clairement démontré que les enfants exécutent des travaux dans les sites miniers pour leur survie. La proximité géographique joue un rôle important dans l'attrait des enfants dans les carrières et les mines, poussant ainsi les enfants à abandonner les études. L'appartenance à une famille pauvre et aussi le fait d'avoir les proches (les amis et membres de la famille) travaillant dans les mines et carrières attirent les enfants à se rendre dans les carrières. Une typologie de travaux qu'exécutent les enfants est présentée, ainsi que leurs revenus.

    1 Rapport financé par l'ONG Groupe One (Groupe de recherche et d'action sur le développement durable et le développement économique local).

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    - Le rapport BIT (2009) sur les questions de genre, le travail des enfants et les pires formes du travail des enfants dans les mines et carrières : le cas du Burkina-Faso, fait remarquer que le travail des enfants est un fléau mondial. Il établit une typologie entre le genre et le travail des enfants. Il poursuit que le genre joue un rôle déterminant dans l'exécution des travaux. Ainsi, les garçons ont un type de travaux, et les filles en ont également. Ce rapport conclu que les enfants sont souvent très mal payés voire pas du tout rémunérés. Les plus souvent leurs conditions de travail dépendent entièrement de l'employeur, au mépris de leurs droits. Ils sont privés d'écoles, des jeux, et d'activités sociales, ainsi que du soutien psychologique de leurs familles. Ils sont régulièrement confrontés à la violence physique et aux abus sexuels.

    - Seydou Keïta (2001), Etude sur les mines artisanales et les exploitations minières à petite échelle au Mali. Il affirme que même si on ne connaît pas leurs nombres, des enfants (garçons et filles) travaillent dans de nombreux sites au Mali. Les risques et les conditions de travail sont évidemment différents, selon que ces activités sont exercées en galerie, à ciel ouvert ou dans le lit des rivières. Il établit une typologie de travaux selon les garçons et les filles : Le travail souterrain est réservé aux hommes. Les instructions de la police minière traditionnelle interdisent le travail des filles et des garçons dans les mines souterraines. Par contre, certains travaux sur les sites sont exclusivement réservés aux jeunes garçons et aux petites filles. Il s'agit essentiellement du transport et du traitement du minerai, les corvées d'eau et la surveillance des bébés sur le site. Le minerai, une fois remonté du fond des puits est transporté par les enfants sur la tête ou sur le dos, rarement dans des brouettes ou des poussepousses. Il poursuit que parmi les autres activités exercées par les enfants sur les sites miniers, on peut citer :

    - La préparation et la vente de repas et de nourritures ;

    - La vente ambulante ou à poste fixe de boisson, de cigarettes, de beignets ;

    - Les opérations de concassage, broyage, pilage et le tamisage du minerai.

    Il termine en disant que la précarité de la situation alimentaire des enfants constitue un autre facteur de risque sur les sites miniers. En effet, dans de nombreux cas, les mineurs ne mangent qu'un léger petit déjeuner le matin avant de partir sur les sites. Le repas de midi en général insuffisant et de qualité très médiocre ne suffit pas pour compenser les besoins énergétiques de la journée.

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    - Mutombo Mwasa (2011), Enjeux de l'application des mesures interdisant la présence des enfants dans l'exploitation minière artisanale à Kolwezi. L'auteur étudie l'efficacité et/ ou l'inefficacité de deux arrêtés urbains pris par le Maire de la ville de Kolwezi, portant respectivement interdiction de la présence des mineurs et des femmes porteuses des enfants de bas âges dans les carrières sur toute l'étendue de la ville de Kolwezi. Il remarque que malgré toutes les mesures prises par l'autorité locale, les enfants sont toujours présents dans les sites miniers en train de travailler. L'étude démontre qu'il y a des enjeux qui font que les enfants sont toujours bien présents dans des sites miniers quand bien même que les mesures « draconiennes » ont été prises pour les empêcher d'y accéder. Pour ce fait, l'auteur estime même qu'une des démarches acceptables, serait d'abord la reconnaissance du travail des enfants par le pouvoir public, l'organisation des enfants en association pour la défense de leurs droits, l'identification des personnes morales ou physiques qui profitent du travail des enfants pour une contribution conséquente aux efforts de réinsertion socioéconomique des enfants investissant les sites miniers.

    - Olivier Kahola (2008), Minings artisanaux : Quel avenir pour les enfants mineurs à Kolwezi ? L'auteur affirme que les enfants sont exploités dans les carrières. Leur présence dans ces sites est une preuve éloquente que les familles n'ont plus la capacité de contenance. L'auteur déclare : Il y a des enfants qui ne s'intéressent plus à l'école. Cette dernière est perçue comme un passetemps, étant donné qu'elle ne donne aucune garantie financière pour une personne qui s'y investit. Ainsi, ils préfèrent se lancer dans une activité génératrice des revenus. Les carrières offrent plus de chance aux enfants d'abandonner l'école que de continuer. Toutes les conditions sont réunies pour que l'emprise des carrières attire plus les enfants. Il conclut que les carrières les plus visitées par les enfants sont celles qui sont à proximité de leurs habitations. Ils parcourent moins de 5 Km pour atteindre leur lieu de travail.

    Toutes ces publications que nous venons de passer en revue, traitent principalement du travail des enfants dans des sites miniers artisanaux. Or, il n'y a pas que ça qui explique la présence des enfants dans des sites miniers artisanaux. Ces derniers s'adonnent également à d'autres activités sur les sites miniers. C'est ce que ce travail tentera d'élucider.

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    1.1.3.2. Publications portant sur les enfants dits : « enfants de la rue », « enfants dans la rue », « enfants en situation de la rue », ou encore « les jeunes en situation

    de la rue »

    Dans cette catégorie de publications, nous citons :

    - Lupitshi (2013), Sortir de la rue : les trajectoires des jeunes de Lubumbashi en RD Congo. L'auteur conclut, nous citons : « Derrière les trajectoires de rue et de sortie de la rue décrites se lit en filigrane la réalité sociale congolaise. Les expériences vécues par les jeunes en familles, dans la rue et dans les structures d'encadrement montrent que le système social congolais en général accuse de nombreuses faiblesses organisationnelles et fonctionnelles (...) ». Il poursuit que « la sortie de la rue des jeunes de Lubumbashi, est un phénomène processuel, fluide, multiforme et multifactoriel. Il y a des variables qui entrent en compte, telles que : l'origine du jeune, la raison d'éjection dans la rue, le genre ou le sexe du jeune, la forme d'utilisation et d'appartenance au monde de la rue, les ressources développées par le jeune et la voie de sortie empruntée. Leur avenir n'est pas voué à la fatalité. Des possibilités de sortie de jeunes de la rue sont observables ». Etant jeunes et ambitieux, leur parcourt de vie bougent toujours.

    - Malemba (2003), Enfant dans la rue, le sans et hors famille. L'auteur déclare que le phénomène des enfants dans la rue constitue un drame que subit sans le vouloir la population à l'heure actuelle. Il affirme qu'il y a beaucoup d'enfants qui travaillent mais qui ne sont pas tous visibles à cause de la présence d'une zone d'ombre. Le phénomène « enfant dans la rue » constitue un drame social qui interpelle l'Etat, les parents ainsi que toute la communauté congolaise. Il émet le souhait de pouvoir créer au Congo un environnement social pour insérer toutes les filles et garçons qui vivent encore dans la rue. Il suggère à l'Etat congolais de pouvoir appliquer une politique sociale susceptible de rendre les familles capables d'encadrer leurs enfants.

    Après le passage en revue sélectif de quelques littératures locales traitant de la question des « enfants », il nous est nécessaire de présenter la problématique

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    1.1.4. La problématique de la recherche

    Lupitshi (2013, 94) montre qu'il y a deux courants de pensée dans la conceptualisation de la problématique. Le premier voit dans la problématique l'ensemble de questions que soulève un sujet de recherche ou plutôt un ensemble de questions justifiant la raison d'être de la recherche menée. Les tenants de cette approche considèrent qu'il y a justement un problème qui justifie que l'on se penche sur tel sujet pour en faire un objet de recherche (...). Une autre posture conçoit la problématique comme l'angle théorique adoptée pour approcher un objet d'étude. Quoi qu'il en soit, Quivy et Campenhoudt (2006, 75) explique que la problématique est l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle est l'angle sous lequel les phénomènes vont être étudiés, la manière dont on va les interroger. Nous souscrivons à cette deuxième conceptualisation.

    La présente recherche est qualitative et s'inscrit dans une démarche inductive, avec une visée compréhensive, comme le soutient Ngoie (2008, 66) pour qui « l'émergence ou la réémergence de nouveaux problèmes sociaux nécessite une démarche compréhensive pour les configurer à travers leurs diverses manifestations ou leurs faces cachées ou invisibles ». La démarche qualitative génère une connaissance fondée sur le vécu des acteurs de terrain ou « l'étude du quotidien et de l'ordinaire » (Deslauriers et Kérisit : 1997, 88). Les données recueillies par l'approche qualitative viennent d'un contexte social dans lequel se sont « réellement » déroulés les faits étudiés (Mason : 1996, 4). Le but de ces enquêtes, comme le formulent Deslauriers et Kérisit (1997, 88), est « de rendre compte des préoccupations des acteurs sociaux, telles qu'elles sont vécues dans le quotidien ».

    Nous cherchons à comprendre toute la situation relative à la présence des enfants dans les sites miniers artisanaux susmentionnés. Cette étude remet en cause différentes études qui réduisent la présence des enfants dans des sites miniers à la seule exploitation minière artisanale. Nos observations du terrain, montrent que tout en étant dans des sites miniers artisanaux, les enfants vaquent à plusieurs occupations et non pas seulement à l'exploitation minière. Ainsi dit, la partie suivante est consacrée à l'intérêt porté sur l'objet et aux grilles de lecture des faits.

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    1.1.4.1. L'intérêt de l'objet à l'étude

    Pour nous, l'intérêt de cette étude réside premièrement dans le fait qu'à Kolwezi, les sites miniers artisanaux sont des endroits interdits aux enfants sur décisions de deux arrêtés urbains susdits du Maire de la ville. Il s'agit des arrêtés urbains n°2006/04/VK/B/M du 20 avril 2006 portant interdiction de la présence des enfants mineurs et des femmes porteuses des enfants de bas âges dans les carrières sur toute l'étendue de la ville de Kolwezi. Le deuxième arrêté urbain est celui n°2007/22/VK/B/M du 15 novembre 2007 portant renforcement des mesures relatives à l'interdiction de la présence des enfants mineurs et des femmes dans les carrières sur toute l'étendue de la ville de Kolwezi. Les articles 1ère et 2ème du premier arrêté énoncent :

    · Article 1 : Les travaux d'enfants mineurs et de femmes porteuses des enfants à bas âges sont interdits dans tous les sites et carrières d'exploitation artisanale des substances minérales.

    · Article 2 : Les opérateurs miniers qui utiliseront cette catégorie de personnes seront passibles de peines prévues par la loi en cette matière.

    Tandis que l'article 1ère de l'arrêté urbain n°2007/22/VK/B/M du 15 novembre 2007, interdit les travaux des enfants et des femmes dans les sites miniers, en ces termes : les travaux d'enfants mineurs et des femmes sont interdits dans tous les sites et carrières d'exploitation artisanale des substances minérales.

    Le code minier congolais de 2002, conditionne l'octroi de la carte d'exploitation artisanale à la majorité. C'est-à-dire, pour avoir la carte d'exploitation artisanale, il faut être majeur. Ces dispositions sont clairement définies dans l'article 26 qui énonce : Seules les personnes physiques majeures de nationalité congolaise peuvent acquérir et détenir les cartes d'exploitant artisanal et les cartes de négociant. L'article 27 énumère les personnes qui ne sont pas éligibles dans l'exploitation minière artisanale. Il s'agit de toute personne frappée d'incapacité juridique prévue à l'article 215 de la loi n°87-010 du 01 août 1987 portant Code de la famille. L'article 215 du code de la famille énumère en ces termes les incapables : les mineurs, les majeurs aliénés interdits, les majeurs faibles d'esprit, prodigues, affaiblis par l'âge ou infirmes placés sous curatelle, etc.

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    Deuxièmement, l'intérêt de cette étude réside dans la mesure où elle s'intéresse aux êtres protégés par toutes les communautés humaines, que sont les enfants. C'est comme le témoigne Malemba (2003, 9 et 50) que chaque société humaine considère l'enfant comme espoir de son avenir et de son devenir. L'enfant l'est grâce qu'il permet à sa société de se régénérer et de se maintenir en nombre d'une part, et d'autre part de trouver un agent devant assurer la transmission de ses valeurs propres, celles qui fondent son identité culturelle. Il poursuit qu'auprès des populations congolaises, l'enfant représente un investissement humain qui garantit la postérité des ancêtres. Il est également un investissement qui potentialise le groupe social, autant qu'il représente le goulot par lequel passent inévitablement la prospérité économique, la stabilité morale et l'harmonie sociale. Ces phrases montrent clairement que l'enfant a une place de choix dans la communauté congolaise.

    Troisièmement, en tant que criminologue, les enfants qui sont dans les sites miniers artisanaux sont des acteurs appart entier. Ils remplissent divers rôles dans les sites au même titre que les adultes. Mutombo (2011, 88-102) définit le rôle comme étant un comportement individuel attendu de quelqu'un par un groupe dans une situation sociale donnée et définie par les normes sociales. Il représente une conduite explicite et peut être considéré comme une mise en actes du statut. Ainsi, il présente différents rôles que remplissent les enfants dans les sites miniers artisanaux : le rôle de sécurité, le rôle de courroie de transmission, (enfant comme messager, enfant comme informateur), le rôle de producteur et enfin le rôle de sauvegarde. Les uns s'adonnent aux activités rémunératrices, constituant ainsi une main d'oeuvre non négligeable. Les autres par contre s'adonnent aux activités non rémunératrices dans lesquelles ils trouvent du plaisir.

    Etant vulnérables, l'environnement minier artisanal tel qu'il se présente, n'est pas propice pour leur bonne croissance. De ce fait, cela les met en situation dite « enfants en danger ». Jean Audet et Jean-François Katz (2006, 111-116), expliquent que les « enfants en dangers» sont les enfants maltraités et les enfants en risque. Les enfants maltraités sont ceux qui sont victimes de violences physiques, cruauté mentale, abus sexuels, négligences lourdes ayant des conséquences graves sur leur développement physique et psychologique. Les enfants en risque sont ceux qui connaissent des conditions d'existence menaçant leur santé, leur sécurité, leur moralité, leur éducation ou sans entretien mais sans qu'ils soient maltraités. Ces deux notions sont évoquées par rapport à certaines situations de risque qu'ils traversent et

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    certains comportements de maltraitance qu'ils subissent dans les sites miniers artisanaux de la part des creuseurs adultes. Ils sont exposés à plusieurs risques de par leur présence dans les sites miniers. Certaines situations telles qu'elles se passent dans ces sites, ne contribuent pas à la bonne éducation des enfants, par contre, elles les exposent à l'immoralité. Ainsi, face à toutes ces situations détaillées ci-haut, nous constatons que l'intérêt visé par les décideurs politiques d'interdire la présence des enfants dans les sites miniers artisanaux afin de les protéger contre tous ces risques, ne marche pas de pair avec l'intérêt des acteurs en question. Ils montent des stratégies pour échapper au contrôle social et accèdent aux sites miniers. Face à cette situation, l'idée nous est arrivée d'en faire une étude criminologique parce que nous constatons un écart entre les prescrits de la loi et la réalité sociale. Notre grand souci est de comprendre, de dégager et d'expliquer les complexités et les différentes facettes de cette situation.

    1.1.4.2. Les grilles de lecture des faits

    Quivy et Campenhoudt (2006, 85), soulignent qu'opter pour une théorie revient donc à dire par quoi l'objet va être expliqué, c'est-à-dire à déterminer à quoi, à quel type d'élément, le phénomène étudié va être relié pour le rendre intelligible. Dans le même angle d'idée, Lupitshi (2013, 95-96) renchérit qu'un même objet d'étude peut susciter plusieurs appréhensions théoriques. C'est au chercheur qu'incombe l'impérieuse charge de préciser, de justifier le présupposé théorique qu'il entend privilégier dans l'abord et la lecture des faits.

    Pour mieux saisir le phénomène sous étude afin de mieux le comprendre, les observations faites du terrain par rapport à la question de recherche nous orientent à opter deux grilles de lecture suivantes : la théorie d'acteur social et celle d'interactionnisme symbolique.

    1.1.4.2.1. La grille de lecture d'acteur social

    Debuyst (1990, 25-26) explique que l'acteur social est un sujet non passif et non déterminé, un sujet qui n'est pas non plus une abstraction mais porteur d'un point de vue qu'il revendique. Landreville et les autres repris par Ngoie (2009, 73) explique que dans le déroulement scénique, l'acteur social est un stratège, doté d'un point de vue ou des

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    rationalités multiples qui justifient ses actions, le choix des moyens pour atteindre ses objectifs, la défense de ses intérêts et de ses valeurs.

    Digneffe (1990, 360) résume en ce terme le comportement de l'acteur social : « L'acteur poursuit la plupart du temps des objectifs peu clairs, ambigus, voire contradictoires (...). Son comportement est cependant actif ; même la passivité est d'une certaine manière un choix. Le comportement de l'acteur a toujours un sens à découvrir. Il est rationnel par rapport à des opportunités et par rapport au comportement des acteurs. C'est un comportement qui a toujours deux aspects. Un aspect offensif dans la saisie d'opportunités en vue d'améliorer sa situation et un aspect défensif qui vise au maintien et à l'élargissement de sa capacité d'action. L'individu a les possibilités de choix, entre plusieurs comportements, conduites ou stratégies. L'individu devient acteur social quand il peut utiliser ses possibilités dans ses relations avec d'autres acteurs ».

    Ngoie (2009, 50) renchérit que « l'acteur social s'engage dans une interaction avec des objectifs déclarés ou implicites. Il est animé par certains mobiles, avoués ou non, par des intérêts particuliers ou un désir de tirer un petit plus des interactions (...). Il s'introduit dans un arsenal de relations dans lesquelles il vise relativement un quelconque intérêt.

    Les entretiens recueillis ainsi que les observations faites dans le cadre de cette étude, traduisent l'importance d'usage de cette grille de lecture, par le fait que les enfants sont évidemment des acteurs à part entiers. Ils montent des projets, arrêtent des stratégies visant à contourner les obstacles auxquels ils sont confrontés. Ils jouent des rôles divers et importants dans les sites miniers artisanaux. Ils ont leur manière de se représenter les sites miniers artisanaux, et leur manière de vivre ces sites.

    La deuxième grille de lecture d'interprétations des faits que nous mobilisons dans cette étude, c'est la grille de lecture d'interactionnisme symbolique, que nous présentons dans la partie suivante.

    1.1.4.2.2. La grille de lecture d'interactionnisme symbolique

    Pour Le Breton (2004, 45-56) l'individu est un acteur interagissant avec les éléments sociaux et non un agent passif subissant de plein fouet les structures sociales à cause de son habitus ou de la « force » du système ou de sa culture d'appartenance. L'individu a des

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    raisons d'agir et c'est cela que l'interactionnisme prend en considération, tant au niveau du sujet lui-même que des logiques sociales où il est immergé. L'interactionnisme ne prend pas l'individu comme principe d'analyse, mais raisonne en termes d'actions réciproques, c'est-à-dire d'actions qui se déterminent les unes les autres. L'individu attribue du sens à ses actions, à leurs retentissements, il interprète aussi celle des autres et il agit en conséquence. L'interaction n'englobe pas seulement les acteurs en coprésence, mais une multitude d'autres, invisibles, qui imprègnent leur rapport au monde.

    Miles et Huberman (1992, 22) poursuivent que l'interprétation vient à travers la compréhension d'actions de groupes et d'interactions. Dans les deux cas, il y a « interprétation » inévitable des significations réalisée tant par les acteurs sociaux que par le chercheur. Cette approche ne conduit pas à des lois universelles mais plutôt à une « compréhension pratique » des significations et des actions. On tient compte du sens que les individus donnent à leurs agissements, du fait des interactions qui naissent dans le contact entre enfants eux même et aussi entre les enfants et les autres acteurs évoluant dans le secteur d'exploitation minière artisanale. Il est démontré que les sites miniers artisanaux sont des milieux d'influences manifestes et latentes. Les individus interprètent les réactions d'autrui pour s'y ajuster.

    Pour Padioleau et Strauss cité par Ngoie (2009, 50), « l'interaction est une situation de face à face qui met en relation (réversible et simultanée) deux sujets qui jouent inversement le rôle d'émetteur et celui de récepteur et qui s'influencent directement. La succession de réactions réciproques fait que l'interaction est toujours traversée par des flux, des vagues et des tempêtes, des moments de convergence et des temps de divergence entre les acteurs ».

    Les interactions sont des lieux favorables d'affrontements voire de confrontations des actions et réactions soutenues par des logiques différentes (Ngoie : 2009, 50). Les interactions entre les enfants et les autres acteurs dans des sites miniers artisanaux ont une grande importance et justifient également la mobilisation de cette grille de lecture. Ce travail s'intéresse également aux interactions entre les enfants et les autres acteurs présents dans les sites miniers artisanaux (parents, amis, connaissances, creuseurs, négociants, etc.) qui sont des acteurs au processus interactif dans le secteur minier artisanaux. Les enfants, sur les sites

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    miniers, ne sont donc pas des sujets isolés, ils évoluent dans un faisceau des relations complexes justifiant leur présence.

    Après cette partie consacrée aux grilles de lecture, nous entamons la partie méthodologique qui nous éclaire sur la démarche méthodologique utilisée, les techniques ayant servi à la récolte des données, à l'échantillonnage et enfin au terrain ayant servi à la récolte même des données.

    1.2. Dispositif méthodologique

    1.2.1. Introduction

    La recherche scientifique est une praxis de bricolage utilisant des pièces éparses, des puzzles pour construire-déconstruire un fait étudié, décrire et/ou expliquer un phénomène objectivable, rendre compte de la « manière de faire » ou des résultats. Les impasses ainsi que les aléas sont ses lots quotidiens dans une pratique d'aller-retour théorique, épistémologique et empirique. Généralement, elle mobilise trois moments essentiels : une démarche exploratoire, une empirie et une analyse de données (Ngoie : 2009, 65).

    Cette partie circonscrit les outils méthodologiques utilisés dans la recherche tant pour la collecte des données empiriques que pour leur analyse. Comme le soulignent Miles et Huberman (1992, 49) : les questions de recherche nous disent ce que nous voulons savoir le plus ou en priorité. Nous allons d'abord canaliser nos énergies dans cette direction plutôt que dans la direction d'autres variables et relations. Nous prendrons également des décisions d'échantillonnage : nous nous intéresserons seulement à certains acteurs, confrontés à certains problèmes, dans certains contextes. Les questions nous disent aussi que nous allons avoir besoins d'outils de recueil de données qui pourraient inclure des modes spécifiques d'observation, d'entretiens, de recueil de documents, ou de questionnaires.

    Ainsi, cette partie comprend les points suivants : la démarche méthodologique utilisée, le terrain ayant servi d'observation, les techniques utilisées pour la collecte des données, enfin le modèle d'analyse (d'interprétation) des données en vue d'organiser le savoir qui émerge du terrain. Nous rappelons de nouveau que cette étude s'inscrit dans la perspective de l'approche qualitative, définie comme étant « un type de recherche qui privilégie des données non numériques recueillies dans le milieu naturel des personnes. Le chercheur tente d'établir une

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    interaction avec les participants à l'étude afin de dégager une compréhension riche et crédible du sens que les participants donnent au phénomène à l'étude » (Muchielli, 2004 ,183).

    Alani et al, cités par Ngoie (2009, 67) explique que l'approche qualitative s'inscrit dans une démarche inductive, « c'est-à-dire qu'elle cherche à explorer le réel, sans hypothèses de départ fortes, avec seulement un thème d'enquête, mais sans présupposés sur les résultats ». Sous cet angle, le « réel est considéré comme opaque, les faits ne parlent pas d'eux-mêmes a priori. Il va falloir les explorer, les analyser, s'imprégner d'eux, puis prendre de la distance, pour `voir' quelque chose ». Ainsi dit, passons à l'étape méthodologique.

    1.2.2. Choix méthodologique

    Il est question ici de présenter l'approche méthodologique utilisée dans cette étude. D'abord par méthode, on entend une technique portant non seulement sur le recueil mais également sur l'analyse de données (Duchesne et Haegel : 2009, 5). Ainsi, comme chemin emprunté pour réaliser cette étude, nous nous sommes servi de l'approche ethnographique. Nous n'avons pas utilisé cette approche comme le font les anthropologues dans le but de décrire les coutumes et les traditions d'un groupe humain, connaitre l'identité d'une communauté humaine, dans laquelle l'ethnographie implique l'observation participante du chercheur pendant une longue période voire même plusieurs années, il se trouve en contact direct avec le groupe à étudier. Nous nous inspirons de ce que dit Jamoulle (2002, 24) que réaliser une enquête ethnographique, c'est localiser une problématique dans un lieu clé, pour en dégager peu à peu la complexité et les différentes facettes. Aussi, Miles et Huberman (1992, 23) poursuivent que l'ethnographie reste proche du profil naturaliste. Permet un contact approfondi avec une communauté donnée, attention portée à des événements mondains et de la vie quotidienne et pour les événements plus rares, participation directe ou indirecte aux activités locales, avec un soin particulier apporté à la description des particularités locales ; accent mis sur les perspectives des individus et leur perception et interprétation de leur environnent (...). Les méthodes ethnographiques tendent vers le descriptif. La tâche de l'analyse est de colliger de multiples sources de données (enregistrements, artefacts, journaux de bord) puis de les condenser avec une préoccupation légèrement moindre pour la signification théorique ou conceptuelle de ces observations.

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    Mucchielli (2004, 213), explicite que la méthode ethnographique est une enquête sur terrain pour l'établissement des monographies. Staphane Beaud (1996, 230), poursuit que dans la méthode ethnographique, la technique la plus utilisée est l'observation participante, l'observation directe et l'entretien (être avec - faire avec - être immergé dans le milieu enquêté). Lévi-Strauss repris par Tshinyama (2009, 53) explique que la démarche ou description ethnographique suppose un travail de collecte des données, qui exige généralement une enquête sur le terrain avec observation directe, ce que les Anglons-Saxons appellent `field work'. Une étude dans un milieu « naturel », aller `voir sur place', être physiquement présent dans la situation, la regarder se dérouler en temps réel pour en rendre compte, voilà le privilège du sociologue par rapport à l'historien dans l'observation des pratiques (Arborio et Fournier repris par Tshinyama : 2009, 53). La démarche ethnographique oblige une descente sur terrain pour la récolte des données, tout en y restant le plus longtemps possible pour faire parler les acteurs concernés.

    1.2.3. Délimitation du terrain et échantillonnage

    Cette partie est consacrée aux points ci-après : les formalités administratives, la présentation des sites de recherche, et l'échantillonnage.

    1.2.3.1. Les formalités administratives

    Avant de pouvoir descendre sur terrain, une procédure administrative était obligatoire, afin d'avoir l'autorisation d'accéder aux sites de recherche. Les sites que nous avons retenus pour la collecte des données sont situés à Kolwezi, une ville qui se trouve à 320 Km de Lubumbashi. La période de collecte des données avait coïncidé avec celle du stage de recherche que l'école de Criminologie octroi aux étudiants. Pour nous, le lieu choisit pour y passer le stage de recherche était le SAESSCAM/Kolwezi (Service d'assistance et d'encadrement du small scale mining). Pour s'y rendre, nous avons utilisé notre propre moto de marque « Yamaha 175 ». La période de recherche était d'un mois, allant du 3 septembre au 3 octobre 2012. La recommandation de stage de l'école de Criminologie était adressée au chef de bureau SAESSCAM district de Kolwezi. Pourquoi avoir choisi le SAESSCAM ? Parce que c'est le service étatique qui gère les sites miniers artisanaux, en assistant et encadrant techniquement les artisanaux. Comme les acteurs concernés par cette étude sont les enfants que l'on retrouve dans des sites miniers artisanaux à Kolwezi, il fallait

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    nécessairement passer le stage de recherche à ce service. Le bureau du SAESSCAM à Kolwezi est situé sur l'avenue « msiri » au numéro 293, quartier « biashara » dans la commune de Dilala.

    Le 2 septembre 2012, nous avons présenté la recommandation au chef de bureau SAESSCAM, et le 3 septembre 2012 tel que prévu, nous avons commencé le stage. Sur place, nous avons été affecté au bureau chargé des techniques et opérations, sous l'encadrement de monsieur Jean-Paul Kayeye, chef de service chargé des techniques et opérations. Une semaine après soit le 10 septembre 2012, nous avons amorcé les décentes sur terrain pour la collecte des données. Les sites dans lesquels nous avons récolté les données sont au nombre de quatre et sont largement présentés dans les paragraphes qui suivent. Le déplacement entre les sites a été facile, parce que nous utilisions notre propre moto qui nous a même servi comme moyen de transport de Lubumbashi jusqu'à Kolwezi.

    A chaque fois, que nous voulions descendre sur terrain, le chef de service SAESSCAM chargé des techniques et opérations, nous mettait en contact téléphonique avec leurs agents commis dans les sites. Une fois sur terrain, ce sont ces derniers qui nous facilitent les contacts avec les acteurs concernés. Cette procédure a été d'application uniquement dans les deux sites où il y a présence du SAESSCAM. Il s'agit des sites qui sont à « Mutoshi » et à « Kapata ». Les deux autres sites restant, ne sont pas gérés par le SAESSCAM. Il s'agit des carrières « 5 ans » et « GH ». Dans ces deux carrières, il n'y a aucune réglementation. Chacun y entre et y sort comme et quand il veut. Nous y sommes rendu sans aucune formalité ni contact.

    1.2.3.2. La présentation des sites de recherche

    Avant de pouvoir présenter ce qui a été pour nous le terrain de recherche, il sied de donner la définition du mot « terrain de recherche ». Volvey repris par Lavie (2006, 53) définit le terrain comme étant une entité spatio-temporelle et une instance épistémique où se manifeste l'attitude empirique d'un chercheur dans sa tentative d'établissement de faits scientifiques. Le terrain de recherche exige au chercheur une entrée et une sortie comme le souligne Cefaï (2006 :34) en ce terme: « l'un des principaux problèmes du terrain est de l'accès au terrain, puis de l'installation durable dans le terrain, enfin du retrait du terrain ».

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    Entrer sur le terrain suppose la définition de son statut, la destinée des informations et parfois le cadrage de sa recherche auprès des enquêtés.

    La ville de Kolwezi a été pour nous le terrain de recherche. Le choix de cette ville a été motivé premièrement par le fait que la grande concentration d'entreprises minières industrielles ainsi que les sites d'exploitation minière artisanale se trouvent dans le district de Kolwezi. Deuxièmement, par le fait que plusieurs rapports des Organisations non gouvernementales font mention de la présence des plusieurs enfants dans des sites miniers artisanaux à Kolwezi. Ainsi, le paragraphe qui suit décrit brièvement la ville de Kolwezi, avant de présenter les sites ayant servi à la récolte des données.

    1.2.3.2.1. Brève description de la ville de Kolwezi

    D'après le rapport administratif de la mairie de Kolwezi exercice 2008, le district de Kolwezi se présente comme suit : La ville de Kolwezi est chef-lieu du district répondant par le même nom. Ce district est souvent dénommé, district urbano-rural, parce qu'il est composé de deux communes et de deux territoires à savoir : les communes de « Manika » et de « Dilala » ; Puis les territoires de « Mutshatsha » et de « Lubudi ». La ville de Kolwezi est située à 320 Km de la ville de Lubumbashi, capitale provinciale de la province du Katanga. Dans son ensemble, le district de Kolwezi est limité : au Nord par le district du Haut-Lomami, au Sud-est par la République de la Zambie et le district du Haut-Katanga, à l'Est par le district du Haut Katanga et à l'Ouest par le district du Lualaba.

    Le district de Kolwezi est composé de 36.933 Km2 répartie comme suit : Commune de Dilala : 154 Km2, Commune de Manika : 59 Km2, Territoire de Lubudi : 17.861 Km2 et Territoire de Mutshatsha : 18.859 Km2. Le sol est argilo-sablonneux et le sous-sol est riche en gisements miniers du cuivre, du cobalt, de l'or, du zinc, de l'uranium et du radium. C'est en 1971 que la ville de Kolwezi avait obtenu son statut de ville, le 23 juillet 1971 par ordonnance n°71-177 (rapport mairie de Kolwezi : 2008, 12). Et en 1976 par ordonnance n°76-299 du 6 octobre 1976, les deux territoires de Lubudi et de Mutshatsha, qui jadis appartenaient au district de Lualaba, ont été rattachés à cette ville. Au départ, la ville de Kolwezi était composée uniquement de deux communes précitées. Le nom de Kolwezi vient du nom d'une rivière qui tire sa source au niveau de l'actuel aéroport de Kolwezi. Les activités économiques importantes restent l'exploitation minière industrielle, à petite échelle et artisanale. En

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    seconde position, viennent le commerce et l'agriculture. C'est dans le district de Kolwezi où il y'a implantation de plusieurs grandes entreprises minières telles que : Tenke Fungurume Mining (TFM), Katanga Copper Company (KCC), Mutanda Mining (MUMI), Africa Mineral Barbados (AMB), Boss Mining (BM), etc. Aussi, c'est dans ce district où il y'a un grand nombre d'exploitants miniers artisanaux, communément appelés « creuseurs ». A la tête de la ville, il y a un maire de la ville, qui est l'autorité administrative. Après cette brève présentation de la ville de Kolwezi, nous passons à la présentation des sites ayant servi à la collète des données.

    1.2.3.2.2. Présentation des sites de récolte des données

    Quatre carrières ont servi comme sites de collecte des données. Il s'agit des carrières ci-après :

    · La carrière de Mutoshi ;

    · La carrière 5 ans ;

    · Les carrières Kamilombe ;

    · La carrière GH du camp Gécamines Kolwezi.

    Pour faciliter la prise des coordonnées géographiques de tous ces sites qui font l'objet de la récolte des données, nous étions muni d'un appareil GPS de marque « Garmin GPS 60 ». GPS veut dire «Global Positioning System », que l'on traduit en français par « système de géolocalisation par satellite ». Le premier site par où nous avons commencé à récolter les données, c'est la carrière Mutoshi.

    A. La carrière de Mutoshi

    Cette carrière se situe au nord de la ville de Kolwezi, à plus ou moins 2 Km du camp Gécamines « Mutoshi ». Elle appartient à la société minière Mining Général and Metal (MMG). Avant, cette carrière appartenait à la Gécamines. C'est après la conclusion du contrat de partenariat entre la Gécamines et la société minière Anvil Mining que la Gécamines a cédé la gestion de cette carrière à Anvil Mining. Cette dernière a vendu ses actions à MMG. La carrière de Mutoshi fut une mine à ciel ouvert et s'appelait « mine de Ruwe ». Actuellement, cette carrière est envahie par les creuseurs qui y exploitent les minerais du cuivre sous encadrement du SAESSCAM.

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    Les minerais extraits dans cette carrière sont vendus dans différents comptoirs d'achat des produits miniers qu'on trouve dans la ville de Kolwezi. Sur le site, on y remarque la présence des agents du SAESSCAM et des éléments de la police des mines et des hydrocarbures. La carrière Mutoshi est subdivisée en quatre périmètres qui sont : Ruwe Mess, Dima, Kandimba et l'eau verte. Les trois premiers périmètres sont des sites où l'on exploite les minerais. Le dernier périmètre (l'eau verte) constitue le lieu de lavage, de tamisage, de concassage et de triage des minerais. Tous les quatre périmètres sont séparés l'un de l'autre de plus ou moins 100 à 800 mètres. Ci-dessous, les coordonnées géographiques de tous les quatre périmètres. Signalons que le périmètre appelé « l'eau verte », c'est ça même l'ancienne mine à ciel ouvert de « Ruwe Mess » qui est actuellement inondée des eaux souterraines.

    Tableau n° 01 : Coordonnées géographiques de tous les quatre périmètres de la carrière Mutoshi.

    Nom du site

    Coordonnées géographiques

    Observation

    01

    Ruwe Mess

    Latitude Sud : 10.40473°
    Longitude Ouest : 25.32231°
    Altitude : 1443 mètres

    Ces coordonnées ont été prélevées au centre de la carrière

    02

    Dima

    Latitude Sud : 10.68838°
    Longitude Ouest : 25.54218°
    Altitude : 1503 mètres

    Coordonnées prises à
    l'entrée de ce périmètre.

    03

    Kandimba

    Latitude Sud : 10.68630°
    Longitude Ouest : 25.54719°
    Altitude : 1456 mètres

    Coordonnées prises au
    milieu de ce périmètre.

    04

    Lieu de lavage
    minerais

    Latitude Sud : 10.68157°
    Longitude Ouest : 25.54113°
    Altitude : 1463 mètres

    Coordonnés prises au
    bord de la mine noyée.

     

    Le tableau ci-dessus présente toutes les coordonnées géographiques de tous les quatre périmètres qui constituent la carrière de « Mutoshi ». Les trois premiers périmètres sont les endroits où l'on creuse le minerai. Le dernier périmètre constitue le lieu de lavage du minerai. L'image de cette carrière est à page 117, annexe n°1.

    B. La carrière « 5 ans » ou encore carrière « Kanina »

    30

    La carrière dite 5ans se trouve entre le centre-ville commercial de Kolwezi et la cité 5 ans, à côté d'un grand étang, communément appelé « lac Kabongo ». La cité 5 ans est aussi appelée, « cité Kanina ». Même chose pour la carrière 5 ans qui est parfois appelée « carrière Kanina ». La distance entre la cité 5 ans et la carrière est plus ou moins de 300 mètres. Ce site se trouve en pleine concession minière de la Gécamines. Jadis, cette carrière fut une mine à ciel ouvert appelée « la mine de Kolwezi ». Elle est l'une des premières mines de la ville de Kolwezi. Elle date de l'époque coloniale, lorsque la Gécamines s'appelait « Union Minière du Haut Katanga ». Actuellement la Gécamines compte relancer l'exploitation de cette mine car, elle a un grand gisement des minerais du cuivre, nous a confirmé le chargé des techniques et exploitation au bureau SAESSCAM/Kolwezi.

    Signalons par ailleurs que nous nous sommes intéressé également des lieux de lavage des minerais comme périmètres, parce qu'il y a certaines opérations minières qui s'y passent telles que : le ramassage, triage, concassage des minerais. Ainsi, La carrière 5 ans a trois périmètres, qui sont : le périmètre appelé « 5 ans », périmètre appelé « Bob » et le lieu de lavage des minerais. Tous les minerais extraits dans cette carrière, sont soit vendus sur place dans la carrière, soit vendus aux comptoirs d'achats des produits miniers installés à la sortie de la ville en allant vers Lualaba-gare. Dans cette carrière, il n'y a aucun service étatique. Ci-dessous, les coordonnées géographiques de tous les trois périmètres.

    Tableau n°02 : Cordonnées de tous les trois périmètres qui composent la carrière 5 ans.

    01

    Nom de la carrière

    Coordonnées géographiques

    Observations

     

    Latitude Sud : 10.43413°
    Longitude Ouest : 25.28155°
    Altitude : 1469 mètres

    Coordonnées prises au
    milieu de la carrière.

    02

    Bob

    Latitude Sud : 10.72888°
    Longitude Ouest : 25.47130°
    Altitude : 1472 mètres

    Coordonnées prise à l'entrée de la carrière.

    03

    Lieu lavage minerais

    Latitude Sud : 10.71584° Longitude Ouest : 25.47544° Altitude : 1488 mètres

    Coordonnées prises au
    bord de l'étang.

     

    Tableau n° 03 : Coordonnées des carrières du camp Gécamines Kapata

    31

    Dans les deux premiers périmètres, on y exploite le minerai du cuivre. Le troisième périmètre constitue le lieu de lavage du minerai. La photo du lieu de lavage des minerais est sur la page 118, annexe n°2.

    Après la carrière « 5ans », la récolte des données s'est effectuée également dans les carrières situées tout près du camp Gécamines de « Kapata ».

    C. Les carrières du camp Gécamines de Kapata

    Il s'agit des carrières qui sont tout autour du camp Gécamines de « Kapata » et aussi du lieu de lavage des minerais. Parmi ces carrières, il y a : « Terre jaune, Mudjuma, Kamilombe I, Kamilombe II et Kamilombe III ». Certaines carrières sont à plus ou moins 1 Km du camp d'habitation, et les autres au-delà de 1 Km. Toutes ces carrières sont en pleine concession minière de la Gécamines. On y exploite les minerais du cuivre et du cobalt.

    La distance entre la cité de Kapata (camp Gécamines Kapata) et le centre-ville Kolwezi est de 15 Km. Sur toutes ces carrières, on y trouve des agents du SAESSCAM, qui réglementent et orientent l'exploitation minière artisanale. L'entrée est libre à toute personne. Les minerais exploités sont vendus aux comptoirs installés au bord du lieu de lavage des minerais appelé « laverie ». Ci-dessous, les coordonnées géographiques des carrières du camp Gécamines « Kapata ».

    32

    01

    Nom du site

    Coordonnées géographiques

    Observations

     

    Latitude Sud : 10.73342°
    Longitude Ouest : 25.45975°
    Altitude : 1473 mètres

    Coordonnées prises au
    milieu du site.

    02

    Kamilombe I

    Latitude Sud : 10.73906°
    Longitude Ouest : 25.40641°
    Altitude : 1475 mètres

    Coordonnées prises au
    milieu du site.

    03

    Kamilombe II

    Latitude Sud : 10.74220°
    Longitude Ouest : 25.40110°
    Altitude : 1464 mètres

    Coordonnées prises au
    milieu du site

    04

    Kamilombe III

    Latitude Sud : 10.74539°
    Longitude Ouest : 25.39764°
    Altitude : 1464 mètres

    Cordonnées prises à
    l'entrée du site.

    05

    Lieu de lavage des minerais

    Latitude Sud : 10.75421° Longitude Ouest : 25.39191° Altitude : 1480 mètres

    Coordonnées prises au
    bord du lieu de lavage.

     

    Les quatre premiers périmètres dans le tableau ci-haut, sont des lieux de creusage des minerais. Le dernier périmètre constitue le lieu de lave des minerais. On y pratique également plusieurs activités telles que le lavage, le tamisage, le triage, le concassage, la vente des denrées alimentaires, etc. La photo de la carrière « Kamilombe I » est sur la page 119, annexe n° 3.

    Enfin, le dernier site qui a fait l'objet de la récolte des données, c'est la carrière GH qui se trouve tout près du camp Gécamines Kolwezi.

    D. La carrière GH.

    Cette carrière se trouve sur la route qui mène vers le camp Gécamines « Musonoï », derrière le camp Gécamines Kolwezi à moins d'un kilomètre, entre quelques vallées. A côté de la carrière, il y a une petite rivière. C'est dans cette rivière où les creuseurs lavent les minerais. L'accès est libre, car aucun service étatique n'est présent. Plusieurs sentiers conduisent à ce site. C'est un site appartenant à la Gécamines comme les autres précédents. Les coordonnées géographiques de ce site se présentent dans le tableau ci-dessous :

    33

    Tableau n° 04 : Coordonnées de la carrière GH

    Nom du site

    Coordonnées géographiques

    Observations

     
     

    Latitude Sud : 10.72469°

    Ces coordonnées ont été prises

    01

    GH

    Longitude Ouest : 25.45072°
    Altitude : 1433 mètres

    entre la carrière et le site de lavage
    des minerais, parce que ces deux
    sites sont proches.

     

    Dans le tableau ci haut, nous ne présentons pas le lieu de lavage du minerai, parce que la petite rivière où l'on lave les minerais divise le site en deux et fait partie intégrante de cette carrière. Il n'est pas éloigné comme dans d'autres sites.

    Ainsi, après la présentation détaillée des sites ayant servi à la collecte des données, nous passons à la présentation l'échantillon.

    1.2.3.3. Echantillonnage

    L'échantillon de cette étude est qualitatif. Cela est par rapport à cette recherche qui est qualitative. Lupitshi explique que dans toute recherche où l'enquêteur ne sait pas atteindre l'ensemble de la population soumise à l`étude, les enquêtés sélectionnés et interrogés constituent un échantillon quelle que soit la manière dont ce groupe peut être désigné (2013, 130).

    Nous optons pour un échantillon qualitatif par cas multiples en considérant plus la qualité des acteurs que leur représentativité. L'échantillon par cas multiples permet de repérer et de sélectionner les acteurs pertinents impliqués dans le phénomène sous-étude (Depelteau, 2006 : 27). Et comme souligne Mucchieli (2004, 237), l'échantillon qualitatif ne met pas seulement l'accent sur la diversité des acteurs, mais aussi sur la saturation.

    Blanchet et Gotman (2013, 46) notent que définir la population, c'est sélectionner les catégories de personnes que l'on veut interroger, et à quel titre ; déterminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en position de produire des réponses aux questions que l'on se pose.

    34

    Toute entreprise scientifique s'efforce de découvrir quelque chose qui puisse s'appliquer à tous les « éléments » d'un certain type en étudiant quelques exemples, le résultat de cette étude étant toutefois « généralisable » à tous les membres de cette classe. Nous devons constituer des échantillons pour convaincre les gens que nous savons quelques chose sur l'ensemble de cette classe étudiée (Lupitshi : 2013, 130).

    La détermination du nombre d'entretiens nécessaires à une enquête particulière dépend, en premier lieu, du thème de l'enquête et de la diversité des attitudes supposées par rapport au thème, du type d'enquête (...). D'autre part à partir d'un certain nombre d'entretien les informations recueillies apparaissent redondantes et semblent n'apporter plus rien de nouveau, on est tenté de ne point aller au-delà (Blanchet et Gotman, 2013, 50).

    Dès notre entrée sur terrain pour la première fois, et durant toute la période que nous y étions, la grande préoccupation était : « Comment identifier les acteurs concernés » pour passer l'entretien, dans un environnement comme les sites miniers artisanaux, où tout le monde vaque à ses occupations. Pour ce faire, nous nous sommes appuyé sur trois critères qui sont : l'âge, la classe et l'enrôlement pour les élections de novembre 2011. Ces critères ont été tous combinés afin de bien identifier les enfants sans toutefois commettre d'erreurs. Ainsi, nous les avons utilisés de la manière suivante :

    - L'âge : A partir des observations faites sur terrains, certains acteurs semblaient être mineurs au près des nos yeux. Nous leur posions la question de savoir leur âge, parce que la loi congolaise fixe l'âge de la majorité à 18 ans. Mais, cela ne suffisait pas réellement pour confirmer la minorité de quelqu'un, parce que certains d'entre eux ne savaient même pas leurs âges. D'où l'importance de combiner avec les autres critères de sélection.

    - La classe : Nous avons jugé important de savoir également les classes dans laquelle se trouvaient les acteurs. Parce que d'après la législation congolaise en matière scolaire, l'école primaire est prévue pour les enfants. Aussi une partie de l'école secondaire, de la première année secondaire jusqu'en 5 ème des humanités, soit de 13 à 17 ans. Mais, il y a toujours des personnes qui ont un âge avancé, mais qui se retrouvent dans des classes plus inférieures que leurs âges. D'où, il nous fallait nécessairement compléter ces deux critères (l'âge et l'école) à un autre critère.

    35

    - L'enrôlement : La période de récolte des données pour la réalisation de ce travail scientifique, va du 3 septembre au 3 octobre 2012. Or, 'année 2012 fut l'année postélectorale en RDC. Les élections présidentielles accouplées aux législatives ont eu lieu le 28 novembre 2011. Seules les personnes enrôlées, ne pouvaient participer aux élections. Or pour s'enrôler, il fallait être adulte. Ainsi nous avons considéré que le critère d'enrôlement devait être adjoint aux deux premiers critères pour renforcer l'identification des enfants dans les sites. Par rapport au critère d'enrôlement, lorsque nous étions sur terrain, si un acteur nous répond qu'il ne s'était pas enrôlé, nous lui posions de nouveau la question suivante : « pourquoi tu ne t'es pas enrôlé ? » Ceci, pour avoir la raison qui a milité pour qu'il ne soit pas enrôlé. C'est seulement lorsque la réponse est « je suis encore enfant », soit « je n'ai pas l'âge de voter », soit encore « je ne me suis pas enrôlé parce que je suis enfant » que l'acteur sera identifié comme enfant et fera partie des acteurs concernés à s'entretenir avec eux. C'est de cette manière que nous avons identifié les acteurs concernés par cette recherche.

    1.2.4. Dispositif de recueil des données

    Après avoir accompli un mois de récolte des données tel que prévu sur la recommandation de stage de recherche, le 6 octobre 2012, nous étions obligé de rentrer à Lubumbashi pour poursuivre avec les cours au programme de DEA. La période nous accordée pour la recherche, correspondait à la période où les élèves sont en pleine études (mois de septembre). Pour compléter les données, nous avons changé les périodes d'observation. Ainsi, nous sommes de nouveau rentré sur terrain, cette fois-ci pendant la saison sèche, du 15 juillet au 22 août 2013. Cette période correspond aux vacances scolaires. L'alternance, nous a permis d'observer d'autres situations qu'on n'aurait pas observées pendant la période scolaire.

    La qualité et la pertinence des savoirs produits, dépendent donc en grande partie de l'abondance et de la fiabilité des informations recueillies sur le terrain (Yann : 2006, 24-25). Les instruments méthodologiques sont sélectionnés dépendamment « des références théoriques de la recherche » (Ruquoy : 1995, 60, repris par Ngoie : 2009, 83). Par ailleurs, les instruments de collectes des données utilisés dans cette recherche sont l'observation et l'entretien.

    36

    1.2.4.1. L'observation

    L'Ecole de Chicago, dont les études principales portent sur les faits et gestes de la vie ordinaire, les manières d'être et les modes de vie, prône l'observation des phénomènes sociaux dans leur cadre naturel (Blanchet et Gotman : 2013, 13). L'observation directe est celle où le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations, sans s'adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à son sens de l'observation (Quivy et Campenhoudt : 2006, 151). Pour autant, cette méthode reste l'idéal type de l'enquête de terrain (Marie : 2006, 61).

    Cette technique oblige au chercheur de se déployer sur terrain, là où il devra être en contact avec les personnes ou les phénomènes qu'il analyse. L'observation in situ ou encore de terrain est « un procédé de recherche procédant de l'observation personnelle et prolongée de situations et comportements, sans être réduit à ne connaitre ces situations et comportements par des catégories utilisées par ceux qui les visent (Kaminski : 2006, 58). Le choix de l'observation n'est pas un fait de hasard. Cela se justifie par le comportement des acteurs, qui se manifeste premièrement par plusieurs interactions et langage, lesquels méritent une observation attentive. Deuxièmement, par la commission d'actes qui se traduisent par les travaux, les jeux, les services et les gestes qui obligent une observation, afin d'interpréter les sens que les acteurs accordent à leurs pratiques.

    La posture scientifique n'est nullement celle d'une objection venant expliquer les données, mais une compréhension des significations mises en oeuvre par les différentes parties en présence. La tâche est de fournir une interprétation plausible des données après la confrontation méticuleuse au terrain. Il ne s'agit pas de se mettre à la place des autres et de s'imaginer ce qu'ils ressentent. La sociologie n'est pas un exercice de projection morale du chercheur, mais une enquête rigoureuse, honnête, sur les pratiques et les représentations des acteurs. Il s'agit toujours de saisir les significations telles qu'elles sont vécues par les acteurs(Le Breton : 2004, 171-172).

    L'observation à elle seule ne permet pas de pénétrer les représentations de différents acteurs. D'où il est nécessaire de la compléter et de l'enrichir par l'entretien. Il s'agit des entretiens semi-directifs (Quivy et Campenhoudt: 2006, 174).

    37

    1.2.4.2. L'entretien

    Le recours à l'entretien répond à la logique de la démarche méthodologique du type ethnographique. Pour Peretz (2004, 11) « l'entretien vice à restituer les événements vécus par une personne pendant sa vie, une même sélection s'opère, même si, parfois la personne descend au niveau d'un événement particulier ». Un entretien « est un speech event (événement de parole) dans lequel une personne A obtient une information d'une personne B, information qui était contenue dans La biographie de B » (Blanchet et Gotman :2013, 17). L'entretien reste donc cet outil de recherche qui permet d'avoir « accès au point de vue des personnes, à leur expérience vécue, au sens qu'elles donnent à leurs actions » (Desanti et Carpon : 2007, 53).

    Le choix de l'enquête par entretien permet effectivement de faire apparaître les « processus » et les « comment ». D'une part, grâce à cette méthode d'enquête nous pouvons recueillir des renseignements sur les pratiques individuelles et collectives et établir des faits (Marie : 2006, 60).

    Dans l'entretien semi-directif, le chercheur dispose d'une série des questions-guides, relativement ouvertes, à propos desquelles il est impératif qu'il reçoive une information de la part de l'interviewé. Mais il ne pose pas forcément toutes les questions de la part dans l'ordre où il les a notées et sous la formulation prévue. Autant que possible, il « laissera venir » l'interviewé afin que celui-ci puisse parler ouvertement, dans les mots qu'il souhaite et dans l'ordre qui lui convient. Le chercheur s'efforcera simplement de recentrer l'entretien sur les objectifs chaque fois qu'il s'en écarte et de poser les questions auxquelles l'interviewé ne vient pas par lui-même, au moment le plus approprié et de manière aussi naturelle que possible (Quivy et Campenhoudt : 2006, 174).

    Tous les enfants avec qui nous nous sommes entretenus, étaient toujours en groupes. Que ça soit les enfants en activités rémunératrices, ou non, tous étaient toujours en groupes. Le nombre d'enfants par groupe variait entre deux à sept enfants. Par conséquent, tous les entretiens effectués sont des « entretiens collectifs ». L'intérêt de l'entretien collectif paraît alors évident : il est de saisir les prises de position en interaction les unes avec les autres et non de manière isolée. Il permet à la fois l'analyse des significations partagées et du désaccord, grâce à la prise en compte des interactions sociales qui se manifestent dans la

    B. Outils ayant servi au recueil des données

    38

    discussion. L'entretien collectif permet d'accéder au sens commun, aux modèles culturels et aux normes (Sophie et Florence : 2009, 35-36). Lors ces entretiens collectifs, les enfants se complétaient facilement les paroles et parfois discutaient entre eux de la manière dont ils subissent certaines injustices et autres maltraitances sur les sites. Là où un aspect pouvait être oublié, les autres complétaient facilement. Cette situation était très intéressante et plus avantageux de notre part. Les enfants avaient la libre parole. De ce fait, ils parlaient sans gènes de tout ce qui se passe sur les sites miniers leur concernant. Mais, nous avons insisté sur les occupations qu'ils font sur les sites, leurs expériences vécues sur l'exploitation minière artisanale, les situations mauvaises qui leur arrivent, les aspects socioéconomiques de leurs familles et la manière dont ils perçoivent leur avenir. Les noms des enfants que nous présentons dans ce mémoire ne sont pas leurs vrais noms. Nous avons respecté l'anonymat pour les protéger leurs identités.

    C'est qui fonde l'entretien, c'est la production d'une parole sociale qui n'est pas simplement description et reproduction de ce qui est, mais communication sur le devoir-être des choses et moyen d'échanges entre individus. La spécificité de l'entretien à savoir, est la production d'un savoir in situ. C'est en cela qu'il est une situation sociale de rencontre et d'échange et non pas un simple prélèvement d'information (Blanchet et Gotman : 2013, 15). La situation d'entretien nécessite une mise en confiance entre l'interviewer et l'interviewé. Chose qui était faite.

    A. Entretiens recueillis

    Durant toutes les deux périodes de terrain, nous avons recueilli 10 entretiens formels avec différents acteurs. Ces entretiens sont répartis de la manière suivante : 5 entretiens avec les enfants, 2 entretiens avec les parents des enfants, 1 entretien avec le chargé des techniques et opérations au bureau SAESSACAM/Kolwezi, 1 entretien avec le Professeur Ndjibu entant qu'expert pour les questions concernant l'environnement minier et enfin 1 entretien avec une dame responsable d'une ONG dénommée « Tukinge wa toto », qui se charge de la protection des enfants contre l'exploitation minière artisanale à Kolwezi.

    39

    Lors de la récolte des données, nous nous sommes servi de quelques instruments. Le premier, c'est le carnet de bord. Toutes les données de l'observation ont été transcrites dans ce carnet de bord, afin de ne pas oublier certains aspects observés. Aussi, quelques grandes lignes des entretiens, ont été transcrites dans le même carnet de bord. Le deuxième instrument utilisé, c'est enregistreur de marque « OLYMPUS VN-3100PC ». Nous nous sommes servi de cet appareil pour enregistrer tous les entretiens effectués sur terrain. Le troisième instrument utilisé, c'est l'appareil photo de marque « Sony ». Ce dernier nous a servi à prendre les photos des sites miniers et les photos des enfants avec leur accord. Enfin, le quatrième instrument utilisé, c'est le GPS de marque « Garmin GPS 60 » (Global Positioning System »), traduit en français par « système de géolocalisation par satellite ». Cet appareil nous a servi à prélever les coordonnées géographiques des sites investigués.

    1.2.5. Dispositif d'analyse des données

    Duchesne et Haegel (2009, 5) expliquent que la notion d'entretien implique au moins l'idée de production des discours à des fins d'analyse. Ainsi, pour traiter les données du terrain recueillies par les entretiens et l'observation, nous optons pour l'analyse thématique. Paille et Mucchielli (2003, 123-124) renchérissent qu'avec l'analyse thématique, la thématisation constitue l'opération centrale de la méthode, à savoir la transposition d'un corpus donné en un certain nombre de thèmes représentatifs du contenu analysé et ce, en rapport avec l'orientation de recherche. L'analyse thématique consiste, dans ce sens, à l'examen discursif des thèmes abordés dans un corpus (...). Blanchet et Gotman (2013, 96) expliquent que l'analyse thématique défait en quelque sorte la singularité du discours et découpe transversalement ce qui, d'un entretien à l'autre, se réfère au même thème. Elle ignore ainsi la cohérence singulière de l'entretien et recherche une cohérence thématique inter entretiens.

    Paille et Mucchielli (2003, 124) poursuivent que l'analyse thématique a deux fonctions : une fonction de repérage et une fonction de documentation. La première concerne le travail de saisie de l'ensemble des thèmes d'un corpus. La tâche est de relever tous les thèmes pertinents, en lien avec les objectifs de la recherche. La deuxième fonction va plus loin et concerne la capacité de documenter l'importance de certains thèmes au sein de l'ensemble thématique, donc de relever des récurrences, des regroupements, etc.

    40

    Miles et Huberman (1992, 133-135) notent que les codes thématiques sont des codes explicatifs ou inférentiels, qui identifient un thème, un pattern ou une explication émergente suggérée à l'analyste (...). Leur fonction est de rassembler une grande quantité de matériels dans des unités d'analyse plus significatives et économiques. Le codage thématique est une façon de regrouper ces résumés en un nombre plus réduit de thèmes ou d'éléments conceptuels plus synthétiques. Le codage thématique remplit quatre fonctions importantes:

    · Il réduit ces grandes quantités de données en un petit nombre d'unité analytiques.

    · Il amène le chercheur à l'analyse pendant le recueil de donnée, de sorte que les recueils ultérieurs peuvent être plus centrés.

    · Il aide le chercheur à construire une carte cognitive, un schéma évolutif lui permettant de comprendre ce qui se passe sur le site.

    · Lorsque plusieurs chercheurs sont engagés dans une seule étude de cas, il établit les bases d'une analyse inter-sites en révélant des thèmes communs et des processus de causalité.

    Procéder à une analyse thématique, c'est donc attribuer des thèmes en lien avec un matériau soumis à une analyse. Il s'agit de cerner par une série de courtes expressions (les thèmes) l'essentiel d'un propos ou d'un document. Deux types de démarches de thématisation sont possibles ; la thématisation en continue et la thématisation séquenciée. La première consiste en une démarche ininterrompue d'attribution de thèmes et, simultanément, de construction de l'arbre thématique. La thématisation séquenciée procède d'une logique différente, plus hypothético-déductive. L'analyse est menée en deux temps. Dans un premier temps, un échantillon du corpus est tiré au hasard et analysé dans le but de constituer une fiche thématique. Celle-ci va prendre la forme d'une liste de thèmes (hiérarchisés ou non) auxquels correspondent les définitions permettant de les identifier à la lecture du texte. Lorsqu'elle a été constituée à la satisfaction du chercheur, cette fiche est ensuite appliquée dans un deuxième temps à l'ensemble du corpus, soit de manière stricte soit en prévoyant la possibilité que des thèmes soient ajoutés en cours d'analyse. Cet ajout devra cependant être normalement assez limité, sans quoi on revient à la logique de la thématique en continue (Paille et Mucchielli : 2003, 126-127).

    41

    Bien entendu, des choix analytiques sont continuellement opérés, lorsque l'on choisit ce qu'il faut retenir, mettre en lumière, rapporter en premier et en dernier lieu, ce qu'il faut inter-relier, les idées principales à conserver. Par rapport à ces deux formes de thématisation, nous avons opté pour la thématisation en continue. Cela se passait au moment même où nous étions sur terrain en pleine récolte des données. A l`aide d'un stylo et du papier, le soir à la maison, après lecture et relecture des entretiens transcrits, nous attribuions des thèmes aux matériaux récoltés et petit à petit, nous faisions l'effort de construire l'arbre thématique. Cette opération a duré toute la période de la récolte des données. En nous référant à la question de recherche, nous avons dégagé quatre thèmes qui sont :

    - Les catégories des enfants se trouvant dans les sites miniers ;

    - Les jeux et les enjeux de la présence des enfants dans les sites miniers ; - L'impact négatif de la présence des enfants dans les sites miniers ; - Les logiques explicatives.

    1.3. Difficultés rencontrées et stratégies de contournement

    L'engagement sur terrain n'est pas toujours sans désagrément ou sans surprise pour le sociologue qui se voit parfois bousculé ou transformé par lui (Le Breton : 2004, 174). Durant toute la période de récolte des données, nous étions confronté à plusieurs difficultés. La première est la méfiance observée par les acteurs envers nous. Sur le terrain, certaines personnes (adultes) nous qualifiaient de journaliste qui fait un reportage sur les enfants dans les mines, et les autres nous considéraient comme étant un agent de renseignement qui voulait s'informer davantage sur les enfants pour les arrêter par après. De ce fait, nous étions obligé de leur expliquer ce que nous étions en réalité, en leur présentant la recommandation de stage de recherche. La deuxième difficulté est la gestion du temps par les acteurs. La majorité d'acteurs vaque à leurs occupations. Il leur est difficile d'accorder un long temps à l'entretien. Il considère cela comme du temps à perdre. Donc, nous nous sommes entretenu uniquement avec ceux qui ont accepté de nous accorder un peu de leur temps. Par rapport à cette situation, certains enfants nous demandaient de l'argent après l'entretien. Ils disaient facilement « grand frère tu veux nous laisser sans quelque chose ? ». Dans pareil cas, nous étions obligé de leur remettre un peu d'argent pour acheter quelque chose à grignoter.

    42

    La troisième difficulté est la mauvaise interprétation qu'ont certaines personnes du chercheur. Ils disaient « vous chercheur, vous gagnez beaucoup d'argent avec ce que nous vous disons. Mais qu'est-ce que nous, nous gagnerons ? ». Par rapport à cette préoccupation, nous leur répondions que nous étions un simple étudiant et la recherche que nous menions, c'est pour la réalisation de notre mémoire dans le cadre de nos études.

    Nous avons connu également certaines facilités sur terrain dues à notre statut de chercheur au Centre d'Excellence pour l'Etude de la Démocratie locale (CEDEMOL), un Centre de recherche de l'Université de Lubumbashi. Dans ce cadre, nous avons effectué plusieurs recherches de terrain dans le domaine minier, les unes en partenariat avec le Service SAESSCAM. C'est les cas en 2007, nous avons fait la cartographie de sites miniers au sud Katanga. En 2010, nous avons fait la mise à jour de la cartographie de 2007. Ces deux activités, nous ont mis en contact avec les agents de SAESSCAM. Ce qui a fait que nous soyons bien accueilli au bureau SAESSCAM/Kolwezi, et bénéficier d'une facilité pour la descente sur terrain, sans avoir au préalable les autorisations pour la récolte des données dans les sites miniers.

    Après ce premier chapitre, vient le deuxième qui est consacré aux enfants dans les sites miniers artisanaux à Kolwezi. Celui-ci fait une brève présentation de la situation minière à Kolwezi ; passe en revue tous les mécanismes juridiques de protection de l'enfant tant internationaux que nationaux et enfin élabore une typologie des enfants qui se trouvent dans les sites miniers artisanaux investigués.

    Chapitre 2: Les enfants dans les sites miniers artisanaux à Kolwezi

    Ce chapitre est subdivisé en trois parties suivantes : - La brève historique de l'exploitation minière à Kolwezi ;

    43

    - Les mécanismes de protection de l'enfant ;

    - Les catégories des enfants qui se trouvent dans des sites miniers artisanaux.

    2.1. Brève historique de l'exploitation minière à Kolwezi

    Jadis poumon économique de la République Démocratique du Congo par sa grande production du cuivre et du Cobalt à travers la Gécamines, la ville de Kolwezi a traversé des périodes difficiles après la chute de la Gécamines. Cette chute a eu des conséquences graves sur toute l'économie du pays. Etant donné que les sites qui ont servi d'investigation appartiennent à la Gécamines, nous avons trouvé impérieux de commencer par une brève historique de cette entreprise minière afin d'être éclairé sur sa création, son évolution, ainsi que la phase dans laquelle elle se trouve aujourd'hui.

    2.1.1. Historique de la Gécamines

    La Gécamines est une entreprise publique de droit congolais. Elle appartient à l'Etat congolais. Elle a constitué pendant longtemps l'épine dorsale de l'économie congolaise grâce à sa capacité contributive très importante dont le record s'élève à 368 millions de dollars comme contribution sous forme d'impôts, taxes et droits divers réalisés en 1988.2

    La Gécamines découle de l'Union Minière du Haut Katanga, créée le 28 octobre 1906 par la fusion entre une compagnie créée par Léopold II et Tanganyika Concessions Ltd, un groupe britannique créé par Cecil Rhodes, qui prospecta les minerais au Katanga à partir de 1899, et obtint des concessions en 1900, afin d'exploiter les richesses minérales de la région. Elle fut propriété de la Société Générale de Belgique, la plus grande société commerciale de Belgique qui contrôlait environ 70 % de l'économie du Congo et qui réalisa la première production industrielle de cuivre aux usines de Lubumbashi dès le 30 juin 1911. La gamme des produits s'est successivement élargie avec le cobalt en 1924, le zinc en 1936, le cadmium 1941, et le germanium 1954.

    2 http://www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17

    44

    L'Union Minière du Haut Katanga fut déjà à l'époque, une très importante société minière, car elle exploitait une concession d'une superficie aussi grande que le Royaume de la Belgique. L'année 1966 fut l'année où le Président Mobutu avait pris la mesure imposant toute société commerciale dont le principal siège d'exploitation se situait au Congo, d'y transférer son siège administratif et social3. Cette disposition allait à l'encontre de la loi Belge du 17 juin 1960, qui offrait aux entreprises coloniales d'opter soit pour la nationalité belge, soit pour la nationalité congolaise. Dans les faits, plusieurs sociétés optèrent pour la nationalité belge et les actionnaires transformèrent les entreprises actives au Congo en des filiales4.

    Une autre ordonnance-loi du 7 juin 1966 dite loi Bakajika, portant régime juridique des cessions et des concessions foncières faites avant le 30 juin 1960, stipula que l'Etat congolais était le propriétaire de toutes les concessions foncières et minières accordées avant le 30 juin 1960.

    Après des mois de tensions, les deux parties (les gouvernements congolais et belge) finirent par conclure un accord le 17 février 1967, accord qui permit aux deux protagonistes de sauver la face de l'entreprise. Sur le terrain, la Gécamines était fonctionnelle en n'exploitant les minerais avec l'aide technique de la Société Générale des Minerais (SGM). Mais, la commercialisation restait du ressort de la société Belge, moyennant une commission de 4,5% sur la valeur totale de la production. Et puisque, le cours du cuivre connut une hausse constante entre 1965 et 1969, la Belgique et le Congo scellèrent leur réconciliation dans l'euphorie de cette prospérité5.

    La Gécamines a ainsi connu les années de gloire en 1974 et en 1986, sous la houlette de ses remarquables Dirigeants Congolais en l'occurrence Umba Kiamitala et Mulenda Mbo. Le chiffre d'affaire dépassait le Milliard de dollars américains en production6.

    En 1990, la Gécamines atteignit son point culminant. Minée de l'intérieur par les effets conjugués de la baisse dramatique du cours du cuivre, du vieillissement de l'outil de

    3 Ordonnance-loi n°66-341 portant transfert siège social et siège administratif des sociétés dont le principal siège d'exploitation est située au Congo.

    4 www.7sur7.be/.../la-belgique-a-spolie-500-entreprises-congolaises.dhtm.

    5 www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17, page 08.

    6 www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17, page 08.

    45

    production et de la mauvaise gestion, elle entra dans une zone de turbulence. Depuis cette année, la Gécamines avait connu une chute dramatique de production consécutive à plusieurs facteurs dont les principaux sont :

    · L'effondrement d'une partie de la mine souterraine de Kamoto à cause d'une exploitation irresponsable occasionnant l'affaissement du mur de soutènement de cette mine ;

    · L'embargo contre la République Démocratique du Congo après le massacre des étudiants sur le campus Universitaire de Lubumbashi ;

    · L'exportation incontrôlée et désordonnée des mitrailles ;

    · L'érosion de l'important capital humain de la Gécamines par l'émigration des plus hauts cadres techniciens vers d'autres cieux et dont le point culminant fut atteint en 1993 avec l'expulsion d'une grande partie de travailleurs Gécamines oeuvrant au Groupe Ouest (Kolwezi) source principale des métaux.

    Le secteur minier au Katanga a traditionnellement été occupé en grande partie par la Gécamines. Sur le plan national, l'importance de la Gécamines se constatait dans le fait qu'elle était parmi les plus grands employeurs au Congo. En 1990, elle comptait 35.000 agents dont 91,8% étaient des agents d'exécution7.

    La Gécamines offrait l'existence à plus de 258.000 personnes (les agents et leurs familles). Parmi les cadres, en 1990, 1% était expatriés (essentiellement Belges) et le reste était constitué des Congolais et d'Africains. Vers les années 80, environ 70% des recettes budgétaires du Congo provenaient de la Gécamines (Ikos : 2007, 87). Elle jouait un rôle social et économique important pour beaucoup des Petites et Moyennes Entreprises qui se trouvaient dans sa périphérie8.

    La province du Katanga a connu une transformation socioéconomique profonde à la suite de la faillite de la Gécamines qui a été pendant plus de 30 ans le moteur de l'économie national. Ainsi, la production des minerais se présentait comme suit :

    7www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17, page 09. 8 http://www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17.

    46

    2.1.1.1. La production des minerais au fil des années

    Les chiffres qui suivent dans le tableau ci-dessous illustrent la dégradation de la production des minerais de la Gécamines au fil des années (Ikos : 2007, 94-95).

    Tableau n°5 : Evolution de la production annuelle des métaux

    Année Cuivre Cobalt Zinc

    1954

    223.791

    8.609

    7.800

    1955

    234.673

    8.587

    8.587

    1956

    247.452

    9.089

    33.968

    1957

    240.280

    8.115

    42.084

    1958

    235.586

    6.501

    53.432

    1959

    280.403

    8.431

    54.844

    1960

    300.675

    8.222

    53.358

    1961

    293.509

    8.326

    56.960

    1962

    295.236

    9.683

    56.025

    1963

    269.924

    7.376

    52.724

    1964

    275.547

    7.676

    55.553

    1965

    287.568

    8.388

    57.019

    1966

    309.239

    10.945

    61.500

    1967

    318.976

    9.718

    61.492

    1968

    324.500

    10.549

    62.574

    1969

    362.216

    10.596

    63.690

    1970

    385.460

    13.958

    63.749

    1971

    405.832

    14.518

    62.673

    1972

    428.703

    13.043

    67.170

    1973

    460.697

    15.042

    66.170

    1974

    471.072

    17.545

    66.150

     

    47

    1975

    463.148

    13.638

    65.588

    1976

    407.704

    10.686

    60.622

    1977

    450.938

    10.208

    51.049

    1978

    391.347

    13.095

    43.508

    1979

    369.796

    14.029

    43.693

    1980

    425.695

    14.593

    43.848

    1981

    468.241

    11.123

    57.633

    1982

    466.404

    5.475

    64.425

    1983

    465.792

    5.360

    62.535

    1984

    465.549

    9.075

    68.411

    1985

    469.950

    10.571

    67.911

    1986

    476.033

    14.518

    63.914

    1987

    473.373

    11.871

    55.129

    1988

    438.451

    10.026

    61.091

    1989

    422.492

    9.311

    54.043

    1990

    338.708

    9.981

    38.208

    1991

    222.097

    9.662

    28.321

    1992

    134.993

    6.547

    18.833

    1993

    45.910

    2.092

    4.149

    1994

    29.300

    3.274

    600

    1995

    34.000

    4.200

    4.500

    1996

    60.000

    5.500

    9.000

    1999

    64.706

    7.924

    -

    2001

    44.000

    6.000

    6.000

    2002

    19.000

    1.800

    -

    2003

    9.105

    2.140

    -

    2004

    12.150

    7.762

    -

     

    48

    La production du cuivre qui est le principal produit de la Gécamines, est passée de 476.033 tonnes avec un prix de 2.855 USD la tonne (1986) à 9.000 tonnes avec un prix de 1.800 USD la tonne en 2003.

    En novembre 1998, la société est gérée par des industriels Zimbabwéens, sur ordre gouvernemental. Cette nouvelle Direction de l'entreprise prend en 1999, la décision de réduire les effectifs en procédant par la mesure appelée « dispense de l'obligation de prester » qui frappe une partie du personnel aux groupes Sud (Lubumbashi), Centre (Likasi) et quelques cas au groupe Ouest (Kolwezi). Le désastre social est extrêmement poignant en 2001, où les agents se sont vu retraités sous l'opération « départ volontaire », sans recevoir suffisamment d'argent conformément aux années qu'ils ont travaillés dans la société.

    Parlant de la chute de la Gécamines, Dibwe (2003, 46) note que les travailleurs de la Gécamines, l'ex U.M.H.K., jadis enviés traversent eux aussi une période difficile. En effet, depuis 1991, la production minière ne cesse de décroître. Le cuivre a vu sa production passer de 222.100 tonnes métriques en 1991 à 48.000 en 1993 ; la production du cobalt est passée de 8.600 tonnes à 2.200 tonnes, et, enfin celle du zinc a chuté de 28.900 tonnes à 4.150 au cours de la même période. La baisse a donc été de 78,4% pour le cuivre, de 74,4% pour le cobalt et de 85,6% pour le zinc.

    L'outil de production s'est également détérioré au fil des années, parce que la politique de son renouvellement n'était pas d'application. Ceci nous ramène à pouvoir présenter l'état des installations de la Gécamines.

    2.1.1.2. L'état actuel des installations de la Gécamines

    Toutes les installations de la Gécamines sont vétustes. Actuellement elles ne sont que ruines ou vestiges. De ce fait, voici les déclarations d'un ancien Administrateur Délégué Général de la Gécamines, Paul Fortin (Moreau et Brion : 2009, 118) :

    « La Gécamines, c'est un vaisseau qui a été perdu dans le temps et qui continue à voguer. C'est comme arrêté dans le temps. Ça attend une nouvelle vie. On voit le squelette aujourd'hui. C'est comme un champ de bataille après le combat. Ce sont de très vielles installations. Elles datent de 1913. C'était

    49

    l'essor de l'Union minière. Alors, ces usines, ces équipements produisaient 600 tonnes de cuivre par jour. 1 million de dollars par jour à la belle époque. Maintenant ils produisent zéro. La Gécamines s'est écrasée après 1987. Raison politique, raison de perte d'espoir, raison de pillage. Je pense que les causes sont multiples. Et ces multiples causes ont mis complètement à terre ce géant qu'était l'Union Minière et la Gécamines ».

    Ces propos prouvent la vétusté de toutes les installations de cette Société. Il lui faut un redressement.

    Depuis l'avènement du code minier de 2002, l'Etat congolais a libéralisé le secteur minier. La Gécamines a conclu des contrats de partenariats avec des privés pour sa relance. D'après le rapport des travaux des partenariats conclus par la Gécamines (2007, 5), plusieurs contrats de partenariat et deux contrats d'amodiation ont été conclus entre la Gécamines et des privés pour sa relance. Ces contrats ont abouti à la création des entreprises ci-après :

    · Boss Mining sprl, (BM),

    · Compagnie Minière du sud Katanga sprl, (CMSK),

    · Compagnie Minière de Tondo sprl, (CMT),

    · La Congolaise des Mines et de Développement sprl, (COMIDE),

    · Compagnie Minière de Kambove sprl, (COMIKA),

    · Compagnie Minière de Luisha sprl, (COMILU),

    · Compagnie Minière de Musonoie sprl, (COMMUS),

    · DRC Copper and Cobalt Project sarl, ( DCP), actuellement Katanga Copper Campany (KCC),

    · Kasonta-Lupoto Mines sprl, (KALUMINES),

    · Kipushi Company sarl, (KICO),

    · Savannah Mining sprl,

    · Kingamyambo Musonoie Tailings sarl, (KMT)

    · La Minière de Kasombo sprl, (MIKAS), devenue la Minière de Kambove, (MIKA),

    · La Minière de Kalumbwe-Nyunga sprl, (MKM),

    · Mukondo Mining sprl, (MM),

    · Mutanda Mining sprl, (MUMI)

    50

    · Ruashi Mining sprl, (RM),

    · La Société d'exploitation de Kipoi sprl, (SEK),

    · La Sino-Congolaise des Mines sarl, (SICOMINES),

    · Shituru Mining Company sprl, (SMCO),

    · La Société de Kabolela et de Kimpese sprl,(SMKK),

    · La Société Minière de Kolwezi sprl, (SMK),

    · La Société Minière de Deziwa et Ecaille sprl (SOMIDEC),

    · Tenke Fungurume Mining sarl, (TFM),

    · Anvil Mining, actuellement Mining Metal and General (MMG),

    · Société pour le traitement du Terril de Lubumbashi sprl, (STL),

    · Compagnie Minière du Sud Katanga (CMSK),

    · Deux contrats d'amodiation : AMCK et SOMIKA.

    Par le même code minier de 2002, l'Etat congolais a également autorisé l'exploitation minière artisanale, en autorisant le ministère des mines à créer officiellement des zones d»exploitation artisanale (ZEA) pour les creuseurs. Le point qui suit traite de l'exploitation minière artisanale à Kolwezi.

    2.1.2. L'exploitation minière artisanale à Kolwezi

    L'exploitation minière artisanale est définie par le code minier de 2002 comme toute activité par laquelle une personne physique de nationalité congolaise se livre, dans une zone d'exploitation artisanale délimitée en surface et en profondeur jusqu'à trente mètres au maximum, à extraire et à concentrer des substances minérales en utilisant des outils, des méthodes et des procédés non industriels. Mais depuis des longues années, l'exploitation minière artisanale se pratiquait clandestinement à Kolwezi.

    2.1.2.1. Historique et évolution de l'exploitation minière artisanale à Kolwezi

    L'exploitation minière artisanale est une pratique qui date du 19ème siècle. L'histoire nous renseigne que les ancêtres fabriquaient les croisettes en cuivre qu'ils se servaient comme monnaie. Ces croisettes étaient fabriquées sur base du minerai à partir des procédés qu'on appelait « lwanzo lwa mikuba ». Pendant la période de l'Etat Indépendant du Congo (EIC), à travers le décret du 8 juin 1888, les indigènes étaient autorisés de continuer à exploiter les

    51

    mines (qu'ils exploitaient avant le décret) pour eux-mêmes. Arrivé en 1937 par le décret du 24 septembre 1937, l'exploitation des mines était interdite à toute personne n'ayant pas le droit. Mais les indigènes pouvaient sans acte de concession, continuer l'exploitation des mines dans les conditions qu'ils pratiquaient à la date de l'entrée en vigueur du décret de 1937. Ces droits accordés aux indigènes portaient sur les gisements de fer et de salines (Mukendi : 2000, 192). L'exploitation des mines par les indigènes à cette époque se pratiquait à l'aide des procédés traditionnels non industriel, comme c'est le cas à ces jours avec l'artisanat minier.

    L'exploitation artisanale des substances minérales précieuses était strictement interdite depuis l'Etat Indépendant du Congo jusqu'en 1967, année de la promulgation de la première législation minière du Congo par l'ordonnance-loi n° 67/231 du 3/05/1967 portant législation générale sur les mines et les hydrocarbures, à l'époque où le pays s'appelait République Démocratique du Congo. Une peine de 15 à 20 ans de servitude pénale était prévue à quiconque sans titre légal procéderait à des travaux d'exploitation ayant pour objet les substances précieuses. Il était aussi clairement décrit : toute personne qui pouvait découvrir fortuitement des pierres précieuses brutes ou des métaux précieux non ouvrés était tenue de les remettre dans le délai de quinze jours (Mukendi : 2000, 193). D'après ce même auteur, cette interdiction d'exploiter artisanalement les substances minérales précieuses ne favorisait pas la participation des nationaux aux richesses minières du pays et avait débouché à l'exploitation artisanale clandestine et à la fraude de l'exploitation des substances minérales précieuses, telles que les diamants au Kassaï.

    L'ordonnance-loi n°67/231 du 3/05/1967 est à la base de l'institution du permis d'exploitation artisanale et a édicté les règles et principes devant régir l'exploitation artisanale des substances minérales. En 1981, cette ordonnance-loi fut abrogée par l'ordonnance-loi n°81-013 du 2 avril 1981 portant législation générale sur les Mines et les Hydrocarbures. Une année après, l'ordonnance-loi n°81-013 du 2 avril 1981 fut modifiée par l'ordonnance-loi n° 82-039 du 5 novembre 19829. Celle-ci avait édicté les règles relatives à l'exploitation artisanale et à la commercialisation de la production artisanale des substances minérales précieuses. L'article 30 énonçait : Aux conditions indiquées au présent chapitre, certains gisements d'or, de diamant ou de toute autre matière ou substance concessible déclarée précieuse, peuvent faire d'objet d'une exploitation artisanale. Il y a exploitation artisanale,

    9 Journal Officiel n° 22 du 15/11/1982, p10.

    Cette période va des années 1985 à 1990. Les creuseurs exploitaient du minerai qu'ils appelaient « roche » et qui se vendait par kilos. En soit, il s'agissait de l'hétérogénite. Les

    52

    lorsque les facteurs techniques et économiques qui caractérisent les gisements ci-dessus décrits ne permettent pas d'en assurer une exploitation industrielle au sens de la présente législation et de ses mesures d'exécution. Dans ce cas, de tels gisements seront érigés, dans les limites d'une aire géographique déterminée, en zone d'exploitation artisanale, par voie d'arrêté du Commissaire d'Etat ayant les mines dans ses attributions, après avis du Service des Mines, du Gouverneur de Région concerné et, le cas échéant, des entreprises chargées de l'exploitation et, ou de la commercialisation de telles substances.

    L'exploitation artisanale ne concernait pas les minerais du cuivre, cobalt, cassitérite, coltan, principaux minerais extraits au Katanga. C'est seulement les substances (pierres) précieuses qui sont l'or, le diamant, etc. Ngoie (2009, 141) précise que lors du régime de Mobutu, l'artisanat minier était accepté partout ailleurs (au Kasaï, par exemple, dans l'exploitation artisanale du diamant) mais interdit exceptionnellement au Katanga pour des raisons politiques et techniques. Politiquement, les Katangais étaient considérés par le régime de Mobutu comme des rebelles depuis la guerre de sécession tenue en échec en 1963 et le Katanga comme un grenier ou une banque où devaient se servir financièrement les autorités politico-administratives et les « dignitaires » de la deuxième république. Techniquement, le cuivre et le cobalt qui constituent les minerais répandus au Katanga ne pouvaient être exploités qu'industriellement au regard de la profondeur de la couche minéralisée de différents gisements. Les populations Katangaises en ont éprouvé un sentiment de marginalisation par l'Etat lui-même.

    A Kolwezi, la population se livrait à l'exploitation frauduleuse des minerais du cuivre, du cobalt et même de l'or dans les concessions minières de la Gécamines. Par rapport à cette situation, cinq grandes périodes ont été observées. Il s'agit : la période du minerai appelé « roche », la période de l'opération « mitraille », la période du minerai dit « ndandashe », la période de « l'or » et enfin, l'actuelle période du minerai dit « l'hétérogénite ».

    A. La période du minerai dénommé « Roche »

    53

    principaux acheteurs étaient des libanais. A cette période, peu des gens s'adonnaient à cette activité. Il n'y avait pas d'engouement comme à ces jours.

    B. La période de l'opération dite « mitrailles »

    L'opération dite « mitrailles » s'était passé entre les années 1990 à 1994. Elle consistait à ramasser toute la ferraille de la Gécamines en cuivre ou en cobalt. Cette période avait coïncidé à la période des conflits tribaux au Katanga qui avaient opposé les populations d'origine Katangaise contre celles d'origine Kassaïnne. L'opération « mitrailles » fut autorisée par le Gouverneur de la province du Katanga à l'époque, qui déclara : l'heure avait sonné où les fils du Katanga devaient profiter de ses richesses. Il autorisa que les Katangais descendent dans les sites de la Gécamines, qu'ils y ramassent tout ce qu'il y avait comme déchets de cuivre, cobalt et qu'ils les vendent10. Tout ce qui était en cuivre et en cobalt (fils électriques, barres-de-fer, robinets, etc.) était emporté par la population. Les installations de la Gécamines furent envahies par la population à la récupération des mitrailles.

    Mais, quand il n'y eut plus rien à ramasser, les gens se mirent à creuser dans les installations de la Gécamines à la recherche des mitrailles.

    Ikos (2007, 79) poursuit que l'opération mitraille, autorisée par les responsables politico administratifs de la province du Katanga à l'époque, avait privé l'entreprise de son matériel technique qui s'était vu dépouillé de toutes ses pièces en cuivre, pour des raisons pseudo économiques.

    C. La période du minerai dit «ndandashe »

    Cette période avait fait presque deux ans, allant de 1994 à 1996. L'exploitation du minerai dit « ndandashe » se passait à Kolwezi, précisément à « Luilu », une cité périphérique de la ville de Kolwezi, située à plus ou moins 18 Km du centre-ville. Cette exploitation consistait à récupérer les déchets du minerai de cobalt jetés par la Gécamines dans ses bassins de réserve sous forme de la boue de couleur noir. La population a nommé ces minerais « ndandashe ». Pour la Gécamines, c'est fut une forme de stockage pour une

    10 www.broederlijkdelen.be/.../doc../9289-mijnbouw-katanga-fr-lr-pdf?

    54

    réutilisation pour les années à venir. Malheureusement que la population avait tout pris. Ce minerai était exporté en Afrique Australe (Zambie et Afrique du Sud). A cette période, les cités de « Luilu » et celle de Tshamundenda avaient connu un afflux considérable de la population venant de différents milieux pour ramasser ce minerai. Après avoir vidé tous les bassins, fut la découverte de l'or en 1997.

    D. La période de l'or

    Dès 1997 à l'arrivée de l'AFDL, jusqu'en 1998, les creuseurs exploitaient de l'or dans les installations de la Gécamines à Kolwezi. L'opération consistait à tamiser du sable ramassé dans toutes les canalisations des eaux des usines de la Gécamines et du sable ramassé dans les différents remblais se trouvant dans les installations de la Gécamines. Plusieurs creuseurs s'étaient lancés dans cette opération. Les uns furent de Kolwezi, et les autres provinrent des différents districts du Katanga. Les sites réputés en or furent : le remblai du sable de la cité Gécamines Mutoshi, les installations de la Gécamines KTC (Kamoto Concentrateur), le remblai de la terre de la cité Gécamines UZK (usine de zinc de Kolwezi), le sable de la petite rivière artificielle (communément appelée Katapula) qui draine toutes les eaux des différentes installations de la Gécamines Kolwezi. Les adultes tout comme les enfants tous âges confondus, exploitaient de l'or qui presque se ramassait. Exception faite aux femmes et filles. A cette époque, nous avons également exploité le « ndandashe » et l'or à Kolwezi. Après cette période, vient maintenait, l'actuelle période d'exploitation de l'hétérogénite.

    E. La période de l'hétérogénite

    Ladite période commence à partir de l'année 1998 jusqu'à ce jour. Après l'épuisement de l'or, les creuseurs exploitaient l'hétérogénite dans les concessions minières de la Gécamines. Comme le témoigne Ngoie (2009, 142) que (...) les populations katangaises autour de trois principales villes (Lubumbashi, Likasi et Kolwezi) se lancent dans l'exploitation minière artisanale du cuivre et du cobalt, sous forme d'hétérogénite ; mais le marché de ces produits est limité à la Gécamines ou à une compagnie minière de Chambeshi, en Zambie. Cette activité démarre donc avant la libéralisation du secteur minier en RDC mais elle prend une ampleur considérable après la promulgation du Code minier de

    55

    2002. Autrement dit, l'afflux des investisseurs étrangers, venus après cette libéralisation, intéresse également les populations autochtones. Une frange de la population katangaise constituée majoritairement des chômeurs s'adonnait déjà, depuis 1998, à l'artisanat minier. Pour elle, la loi de 2002 est venue légaliser les pratiques en cours. Mais après cette loi, ce secteur a intéressé de nombreuses autres couches sociales, notamment les travailleurs du secteur public.

    Après que le législateur congolais ait mis sur pied la loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier qui autorise l'exploitation minière artisanale, le ministère national des mines avait par le décret n°47-C/2003 du 28 mars 2003, crée un service public dénommé Service d'Assistance et d'Encadrement du Small Scale Mining ou production à petite échelle, en sigle SESSCAM. Ce service a pour rôle d'encadrer et d'apporter une assistance technique aux creuseurs. Les activités minières artisanales constituent l'unique débouché pour les nombreux jeunes sans emploi (Jan et Kawele: 2010, 1). De ce fait, des zones d'exploitation minière artisanale ont été créées par le Ministère national des mines. A Kolwezi, sur arrêté ministériel n° 0639/CAB.MIN/MINES/01/2009 du 22 septembre 2009, six zones d'exploitation minière artisanale ont été créées et une zone a été affectée à l'artisanat par simple lettre n°CAB.MIN/MINES/01/0090/2010 du 26 janvier 2010, du Ministre des mines Martin Kabwelulu à l'Administrateur-Directeur Général de la Gécamines. Il s'agit de zones d'exploitation minière artisanales ci-après :

    · ZEA 076, S11/25, 13 carrés miniers, dans le territoire de Lubudi ;

    · ZEA 077, S11/25, 20 carrés miniers, dans le territoire de Mutshatsha ;

    · ZEA 078, S11/25, 170 carrés miniers, dans le territoire de Mutshatsha ;

    · ZEA 079, S11/25, 59 carrés miniers, dans le territoire de Mutshatsha ;

    · ZEA 080, S11/25, 6 carrés miniers, dans le territoire de Mutshatsha ;

    · ZEA 081, S11/25, 18 carrés miniers, dans le territoire de Lubudi ;

    · ZEA de Kawama sur la route Kolwezi-Lubumbashi après la rivière Lualaba dans le territoire de Lubudi.

    Pour mieux organiser l'exploitation minière artisanale, le décret n° 038/2003, du 26 mars 2003 portant règlement minier oblige les creuseurs à se regrouper dans des coopératives minières. L'article 234 du règlement minier déclare : Les groupements d'exploitants artisanaux qui désirent procéder à la recherche de substances minérales classées en mines à

    56

    l'intérieur de la zone d'exploitation artisanale à l'aide de procédés industriels ou semi-industriels sont tenus de se constituer en coopérative et solliciter auprès du Ministre ayant les mines dans ses attributions l'agrément au titre de coopérative minière. Pour être agréée, la coopérative doit être composée de personnes détentrices de cartes d'exploitant artisanal valables pour la zone d'exploitation artisanale à l'intérieur de laquelle se trouve le périmètre sur lequel la coopérative souhaite obtenir un permis de recherches.

    Plusieurs coopératives minières ont été créées sur toute l'étendue de la République Démocratique du Congo. Ainsi au Katanga, 25 coopératives minières ont été agréées par le Ministre national des mine, d'après l'annexe de l'arrêté ministériel n°0641/CAB,MIN/MINES/01/2009 du 22 septembre 2009 portant institution d'une zone d'exploitation artisanale dans la province du Katanga. La liste détaillée de toutes les coopératives minières agréées au Katanga est présentée dans le tableau ci-dessous:

    Tableau n°6 : Liste des coopératives

     

    Dénomination de la coopérative

    Sigle

    N° Arrêté d'agrément

    01

    Coopérative Minière Maadiniu Kwa Kilimo

    CMKK

    0726 du 14/10/2010

    02

    03

    04

    05

    06

    07

    08

    09

    10

    11

    12

    13

    Coopérative Minière Kisamamaba

    CMK

    0664 du 07/10/2009

    Coopérative Minière Miambo

    CMM

    0727 du 14/10/2010

    Coopérative Minière du Katanga

    COMIKA

    0037 du 01/03/2011

    Coopératives des Exploitants Miniers du Congo

    CEMICO

    0721 du 13/10/2010

    Coopérative Minière de Développent Dikuluwe

    CMDD

    0431 du 21/06/2010

    Coopérative Minière et Artisanale du Katanga

    COMAKAT

    0355 du 05/06/2009

    Coopérative Minière du Lualaba

    COMIL

    0127 du 06/04/2011

    Coopérative Minière pour le Développement
    Communautaire

    CMDC

    0714 du 04/10/2010

    Coopérative des Artisanaux Miniers du Congo

    CDMC

    0717 du 09/10/2010

    Denis Coopérative Mining

    DCM

    0728 du 14/10/2010

    Coopérative Minière d'Encadrement des Démobilisés des Ex-combattants maï-maï

    COMEDECOM

    0336 du 10/07/2008

    Exploitants Miniers du Katanga en Coopérative

    EMAK-C

    0725 du 14/10/2010

    57

    14

    Coopérative Minière Nguvu

    CMN

    0085 du 25/03/2010

    15

    Coopérative d'Exploitation Minière Artisanale

    COKEMA

    0672 du 14/10/2009

    16

    Coopérative Minière Mima

    MIMA

    0663 du 07/10/2009

    17

    Coopérative Minière la joie de vivre

    JOIE DE
    VIVRE

    0627 du 16/06/2009

    18

    Coopérative Minière Mukuba

    CMM

    0071 du 20/03/2010

    19

    Coopérative Minière du Peuple en action pour le Développement

    COMIPAD

    0671 du 07/10/2009

    20

    Coopérative Minière Bana Kolwezi

    Bana Kolwezi

    0665 du 07/10/2009

    21

    Fondation Monseigneur Kapya

    FOMKA

    0428 du 14/10/2010

    22

    Mining Development System

    MDS

    0002 du 09/01/2009

    23

    Coopérative Minière Bahati

    COOMIBA

    0072 du 20/03/2010

    24

    Coopérative Minière et de Développement du

    Katanga

    COMIDEK

    0723 du 14/10/2010

    25

    Coopérative Minière pour le Développement du

    Congo

    CMDCO

    0141 du 05/05/2011

    Le constat fait sur terrain, montre que l'exploitation minière artisanale ne se pratique pas uniquement dans des zones créées officiellement par l'Etat (ZEA). Elle se pratique aussi sur les sites miniers (concessions minières) appartenant à des entreprises publiques et privées. Ces dernières se plaignent souvent de l'envahissement de leurs concessions par les artisanaux. Cela est le cas de tous les quatre sites où nos investigations se sont menées. Tous sont des concessions privées appartenant à la Gécamines. L'exploitation minière artisanale s'accompagne parfois avec certains phénomènes, tels que la présence des femmes et des enfants dans des sites artisanaux. Etant intéressé par la présence des enfants dans des sites miniers artisanaux, le point qui suit traite du mécanisme de protection de l'enfant.

    2.2. Les mécanismes de protection de l'enfant

    Cette section est constituée de deux parties. La première partie étale les mécanismes internationaux de protection de l'enfant. Enfin, la deuxième partie présente les mécanismes mis en place par l'Etat congolais pour protéger l'enfant.

    58

    2.2.1. La législation pour enfant d'après la communauté internationale

    La communauté internationale fut consciente de l'importance accrue de l'image, du respect et de la considération qu'il faut accorder à l'enfant. Le 24 septembre 1924, la Société des Nations (SDN) avait adopté la Déclaration des droits de l'enfant, dite déclaration de Genève. Le préambule de cette déclaration indiquait : « par la présente Déclaration des droits de l'enfant, dite déclaration de Genève, les hommes et les femmes de toutes les nations reconnaissent que l'humanité doit donner à l'enfant ce qu'elle a de meilleur, affirmant leurs devoirs, en dehors de toute considération de race, de nationalité, de croyance ».

    Malemba (2003, 58) confirme que la communauté internationale reconnaît que l'enfant est un être pourvu de peu ou pas de discernement, sa personnalité est encore en train de se former et son état tant physique que mental est en pleine croissance.

    Pour lui assurer une bonne protection et respecter sa dignité pour son bon épanouissement, l'article 1 de la déclaration de Genève énonce ce qui suit : L'enfant doit être mis en mesure de se développer d'une façon normale, matériellement et spirituellement.

    L'article 2 déclare que l'enfant qui a faim doit être nourri ; l'enfant malade doit être soigné ; l'enfant arriéré doit être encouragé ; l'enfant dévoyé doit être ramené ; l'enfant orphelin et l'abandonné doivent être recueillis et secourus. L'article 3 poursuit que l'enfant doit être le premier à recevoir des secours en cas de détresse. L'article 4 renchérit que l'enfant doit être mis en mesure de gagner sa vie et doit être protégé contre toute exploitation. Enfin, l'article 5 conclut que l'enfant doit être élevé dans le sentiment que ses meilleures qualités devront être mises au service de ses frères.

    Ces articles montrent comment est-ce que dès les années 1924, la Société des Nations avait accordé une attention particulière à l'endroit de l'enfant pour son plein épanouissement et amorcer la lutte pour l'avancée de l'affirmation de la personnalité de l'enfant. Ce même souci anima les Nations-Unies (ONU), qui succédèrent à la SDN, à prévoir les droits de l'enfant dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948. L'article 1 stipule que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.

    59

    Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

    Les Etats Africains ne sont pas restés muets par rapport à la question de la protection de l'enfant. En juillet 1990 à Addis-Abeba (Ethiopie), les Etats Africains membres de l'Organisation de l'Unité Africaine à l'époque, actuellement Union Africaine, avaient voté la charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant. Le 2eme article de cette charte donne la définition du mot « enfant » en ce terme : « Aux termes de la présente Charte, on entend par "Enfant" tout être humain âgé de moins de 18 ans ».

    L'article 3 énonce la non-discrimination de l'enfant sous toutes ses formes : Tout enfant a droit de jouir de tous les droits et libertés reconnus et garantis par la présente Charte, sans distinction de race, de groupe ethnique, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'appartenance politique ou autre opinion, d'origine nationale et sociale, de fortune, de naissance ou autre statut, et sans distinction du même ordre pour ses parents ou son tuteur légal. »

    L'article 4, alinéa 1 consacre même un intérêt supérieur de l'enfant comme suit : dans toute action concernant un enfant entrepris par une quelconque personne ou autorité, l'intérêt de supérieur de l'enfant sera la considération primordiale.

    Par ailleurs, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté le 25 mai 2000, le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant. Le contenu de cette Convention tourne autour de quatre grands thèmes tels relevés par Malemba (2003, 59) à savoir :

    - Les droits à la survie qui concernent la vie de l'enfant, son nom, sa nationalité, son identité, sa sécurité sociale, son logement, sa nourriture et les soins pour sa santé. Bref, ces droits visent la satisfaction des besoins vitaux essentiels de l'enfant.

    - Les droits au développement qui recouvrent la guidance, l'éducation, le jeu, le repos, les activités culturelles, la liberté de pensée, de conscience, de religion, le droit à l'information, à la réadaptation et à la réintégration.

    60

    - Les droits à la protection qui portent sur la vie privée, sur l'enfant handicapé et le réfugié et contre les mauvais traitements, la drogue, la vente, l'exploitation sexuelle et économique dont l'enfant doit être épargné.

    - Les droits à la participation qui visent les droits d'être consulté et de donner son opinion, de la liberté d'expression, de pensée, d'association, d'organiser, des réunions, pacifiques et le droit de réunir les moyens pour mettre en oeuvre la Convention relative aux droits de l'enfant et d'en assurer le respect de ses droits. Il s'agit ici de préparer l'enfant de jouer un rôle actif dans son groupe social.

    La République Démocratique du Congo n'est pas restée insensible à cette préoccupation internationale. Ainsi, elle a ratifié plusieurs Conventions relatives aux droits de l'enfant. Il s'agit :

    1. La Convention relative aux droits de l'enfant, ratifiée par l'Ordonnance-loi n° 90-048 du 21 août 1990 portant autorisation de la ratification de la convention relative aux droits de l'enfant.

    2. Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, entré en vigueur le 18 janvier 2002, ratifié par la République Démocratique du Congo par décret-loi n° 003/01 du 28 mars 2001.

    3. Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés, entré en vigueur le 12 février 2002, ratifié par la République Démocratique du Congo par décret-loi n° 002/01 du 28 mars 2001.

    4. Convention concernant le travail forcé ou obligatoire (Convention 9 : Genève, 1930) entrée en vigueur le 01 mai 1932, ratifiée par la République Démocratique du Congo le 20 septembre 1960.

    3. Le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais tel que modifié et complété à ce jour. L'article 155 stipule que seront punies d'une servitude pénale d'un à cinq

    61

    5. Convention concernant l'âge minimum d'admission à l'emploi (Convention C138 : Genève, 1973), entrée en vigueur le 19 juin 1976. La République Démocratique du Congo y a adhéré par décret-loi n° 013/01 du 28 mars 2001.

    6. Convention sur les pires formes du travail des enfants du 17 juin 1999, ratifiée par la République Démocratique du Congo par décret-loi n°015/01 du 28 mars 2001.

    7. Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, ratifiée par la République Démocratique du Congo par décret-loi n°007/01 du 28 mars 2001.

    Hormis les Conventions internationales, la République Démocratique du Congo a mis sur pied ses propres mécanismes de protéger de l'enfant.

    2.2.2. La législation congolaise relative aux droits de l'enfant

    La République Démocratique du Congo n'est pas restée muette par rapport à cette préoccupation internationale qui concerne la protection de l'enfant. Ainsi, plusieurs instruments légaux ont été mis sur pieds afin de protéger l'enfant sous toutes les formes. Parmi ces instruments nous citons :

    1. Le décret du 30 juillet 1888 modifié et complété par le décret du 10 septembre 1916, décret du 16 juin 1947, le décret du 26 août 1959, le décret du 23 juin 1960 et la loi n° 73-21 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens. L'article 260 explique qu'on est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde. Le père, et la mère après le décès du mari, sont responsables du dommage causé par les enfants, habitant avec eux.

    2. l'ordonnance-loi n° 42 du 7 avril 1937 relative à la circulation nocturne des mineurs.

    62

    ans, les personnes qui se rendront coupables de supposition d'enfant. La même peine sera appliquée à ceux qui auront donné la mission de commettre l'infraction, si cette mission a reçu son exécution. Cela constitue l'infraction contre l'ordre des familles.

    4. Le décret du 6 décembre 1950 sur l'enfance délinquante tel que modifié par l'ordonnance loi n°78/016 du 04 juillet 1978, définit le mineur en termes de « (...) l'enfant âgé de moins de 16 ans accomplis (...).

    5. Le décret du 4 décembre 1952 modifiant le décret du 6 décembre 1950 prévoyant des mesures spéciales à l'égard des mineurs (enfants orphelins ou abandonnés).

    6. L'ordonnance-loi n°13/398 du 3 août 1959 sur l'enfance délinquante.

    7. Le décret du 6 août 1959 portant Code de procédure pénale.

    8. Le décret du 7 mars 1960 portant Code de procédure civile, l'article 56 énonce que le juge peut ordonner la comparution personnelle des incapables (les enfants), de ceux qui les assistent ou de leurs représentants légaux.

    9. La constitution du 24 juin 1967. Les articles 12 et 13 obligent les parents à protéger leurs enfants et à leur garantir l'éducation.

    10. L'ordonnance-loi n°78-016 du 4 juillet 1978 portant sur l'enfance délinquante.

    11. La loi n° 87-010 du 01 août 1987 portant Code de la famille. L'article 5 définit le « mineur » : comme étant l'individu n'ayant pas encore atteint l'âge de la majorité civile tel que fixé par la loi.

    12. L'acte Constitutionnel de la transition du 9 avril 1994 disposant sur la santé et l'éducation.

    13. Le décret Constitutionnel n°003 du 27 mai 1997, contenant des dispositions sur les droits de l'enfant.

    63

    14. Le décret n°006/2000 du 9 juin 2000 portant démobilisation des groupes armés vulnérables au sein des forces armées y compris les enfants soldats.

    15. La loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant Code du travail. L'article 3 aboli toutes les pires formes de travail des enfants en ces termes : l'expression « les pires formes de travail des enfants » comprend notamment : a) toutes les formes d'esclavage ou pratiques analogues, telles que la vente et la traite des enfants, la servitude pour dettes et le servage ainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans des conflits armés ; b) l'utilisation, le recrutement ou l'offre d'un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel pornographique de spectacles pornographiques ou des danses obscènes ; c) l'utilisation, le recrutement ou l'offre d'un enfant aux fins d'activités illicites, notamment pour la production et le trafic de stupéfiants ; d) les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s'exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité, à la dignité ou à la moralité de l'enfant.

    16. La constitution de transition du 4 avril 2003 dans ses articles 43 et 44 parle des soins, de l'éducation, de l'identité, de la protection et de la participation de l'enfant.

    17. La loi n° 04/024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise. L'article 5 énonce qu'au sens de la présente loi, on entend par « mineur » l'individu n'ayant pas encore atteint l'âge de la majorité civile tel que fixé par la loi.

    18. La constitution du 18 février 2006 stipule en son article 40 que tout individu a le droit de se marier avec la personne de son choix, de sexe opposé, et de fonder une famille. La famille, cellule de base de la communauté humaine, est organisée de manière à assurer son unité, sa stabilité et sa protection. Elle est placée sous la protection des pouvoirs publics. Les soins et l'éducation à donner aux enfants constituent, pour les parents, un droit naturel et un devoir qu'ils exercent sous la surveillance et avec l'aide des pouvoirs publics. Les enfants ont le devoir d'assister leurs parents. La loi fixe les règles sur le mariage et l'organisation de la famille. L'article 41 poursuit que l'enfant mineur est toute personne, sans distinction de sexe, qui n'a pas encore atteint 18 ans révolus.

    L'article 13 poursuit que tout enfant a droit à la vie. Le père et la mère ou l'un d'eux ou la personne exerçant l'autorité parentale, ainsi que l'Etat, ont l'obligation d'assurer sa

    64

    19. La loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant en République Démocratique du Congo. C'est la première loi mise sur pied par la RDC, qui protège l'enfant. Elle est également la première loi qui définit le mot « enfant ». Les textes juridiques précédents ne donner que la définition du mot « mineur ». L'article 2 de cette loi définit l'enfant comme étant toute personne âgée de moins de dix-huit ans. Ce même article donne une série de catégories d'enfant à protéger :

    - Enfant en situation difficile : l'enfant qui ne jouit pas de ses droits fondamentaux et qui n'a pas accès aux services sociaux de base tels que la santé, le logement, l'alimentation et l'éducation ;

    - Enfant déplacé : l'enfant non accompagné de ses parents ou tuteur qui a été contraint de quitter son milieu de vie par suite de la guerre, de catastrophes naturelles ou d'autres événements graves et s'est installé dans un autre endroit à l'intérieur du pays où il réside ;

    - Enfant refugié : l'enfant qui a été contraint de fuir son pays en franchissant une frontière internationale et qui demande le statut de réfugié ou toute autre forme de protection internationale ;

    - Enfant en situation exceptionnelle : l'enfant en situation de conflits armés, de tensions ou de troubles civils, de catastrophes naturelles ou de dégradation sensible et prolongée des conditions socioéconomiques ;

    - Enfant avec handicap physique ou mentale : l'enfant se trouvant dans une situation qui peut constituer un obstacle ou une difficulté à l'expression normale de toutes ses facultés physiques ou mentales, notamment les fonctions intellectuelles et cognitives, le langage, la motricité et les performances sociales ;

    - Enfant séparé : l'enfant séparé de ses père et mère ou de la personne qui exerçait sur lui l'autorité parentale.

    65

    survie, son éducation, sa protection et son épanouissement. Le père et la mère ou l'un d'eux ainsi que celui qui exerce l'autorité parentale ont le devoir d'élever leur enfant.

    L'article 24 déclare que tout enfant a droit à l'éducation à la vie dans le respect de l'ordre public et de bonnes moeurs. Enfin, l'article 50 poursuit que l'enfant ne peut être employé avant l'âge de seize ans révolus. L'enfant âgé de quinze ans ne peut être engagé ou maintenu en service, même comme apprenti, que moyennant dérogation expresse du juge pour enfants, après avis psycho-médical d'un expert et de l'inspecteur du travail.

    En bref, la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant, est l'instrument juridique de base pour la protection de l'enfant en République Démocratique du Congo. A travers elle, des tribunaux pour enfant ont été créées dans quelques grandes villes du pays, en raison d'un tribunal par ville. Ces juridictions sont animées par les juges pour enfant, ce qui est une innovation qui n'a jamais existé auparavant en République Démocratique du Congo. Les articles 87 à 112 expliquent le fonctionnement du tribunal pour enfants en ces termes : « Le Tribunal pour enfants est composé de la chambre de première instance et de la chambre d'appel. Les deux chambres sont indépendantes l'une de l'autre quant à leur fonctionnement. La chambre de première instance siège à juge unique. La chambre d'appel siège à trois juges. Le tribunal pour enfants est doté d'au moins un assistant social affecté par les services provinciaux ayant les affaires sociales dans leurs attributions. Le tribunal pour enfants siège avec le concours du ministère public du ressort et l'assistance d'un greffier. Le tribunal pour enfants n'est compétent qu'à l'égard des personnes âgées de moins de 18 ans. Le tribunal pour enfants est seul compétent pour connaître des matières dans lesquelles se trouve impliquer l'enfant en conflit avec la loi. Lorsque le fait commis par l'enfant est connexe à celui qui peut donner lieu à une poursuite contre un adulte, les poursuites sont disjointes et l'enfant est poursuivi devant le juge pour enfants. Il connaît également des matières se rapportant à l'identité, la capacité, la filiation, l'adoption et la parenté telles que prévues par la loi ». Dans le but de consolider la législation sur la protection de l'enfant et a rendre applicable, deux arrêtés du maire de la ville de Kolwezi ont été signés en 2006 et 2007.

    La partie qui suit établit des typologies des tous les enfants se trouvant dans les sites miniers artisanaux.

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    2.3. Les catégories des enfants se trouvant dans les sites miniers artisanaux

    Les observations faites lors de la récolte des données empiriques, font état de la présence de plusieurs catégories d'enfants dans les sites miniers artisanaux. Les uns y exercent différentes activités et les autres non. Pour ce faire, nous les regroupons en trois groupes que nous présentons de la manière suivante : Le premier est constitué des enfants qui exercent des métiers rémunérateurs. Cette catégorie d'enfants, nous l'identifions par les concepts « enfants en activités rémunératrices ». Le deuxième groupe est constitué des enfants qui n'exercent pas des métiers rémunérateurs. Cette catégorie d'enfants, nous l'identifions par les concepts « enfants en activités non rémunératrices ». Enfin le troisième groupe, qui est le dernier, est composé des enfants que nous désignons par les concepts « les sans voix ». Il est composé des bébés et autres petits enfants. Signalons que ces trois groupes d'enfants ont été établis sur base des mobiles qui justifient leur présence sur les sites miniers artisanaux. Chaque groupe est constitué des plusieurs catégories. Ainsi, les trois groupes se présentent de la manière suivante :

    2.3.1. Les enfants en activités rémunératrices

    Cette catégorie est constituée des enfants qui exercent différentes activités rémunératrices dans des sites miniers artisanaux. Les uns le font pour gagner de l'argent eux-mêmes et les autres aident leurs parents en exécutant quelques métiers rémunérateurs. Les uns exploitent les minerais en équipe composée uniquement d'enfants et les autres sont accompagnés de leurs parents ou encore de membres de familles. Tous sont des enfants dits « Enfants travailleurs ». La présence de ces enfants dans des sites dépend d'un site à un autre. Ils sont plus nombreux dans les anciennes carrières abandonnées de la Gécamines et dans les sites de lavage des minerais. Le rapport de Groupe One (2007, 9) explique que certains enfants travaillent avec leur famille avec laquelle ils constituent une unité de production. Cela a été le cas du groupe de Gaël avec son jeune frère Patient. Ils travaillent accompagnés de leur mère qui les aide à remonter les minerais et à les laver. D'autres sont employés par une équipe de creuseurs ou par des négociants et sont payés chaque jour en fonction du travail effectué. Cette typologie est constituée de plusieurs catégories d'enfants suivantes :

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    2.3.1.1. Les enfants dits « creuseurs »

    Ces deniers exploitent artisanalement le cuivre soit le cobalt comme le font les adultes à l'aide des outils tels que bêches, pioches, houes, barres de mine ainsi que les sacs où l'on met les minerais. Ils forent des puits, soit ils grattent dans les anciens remblais à la recherche des minerais. A la différence avec des adultes, les puits forés par les enfants ne sont pas si profonds. L'alinéa 21 de l'article1ère du code minier de 2002, délimite la profondeur des puits jusqu'à trente mètres au maximum. Les enfants ne peuvent pas atteindre cette profondeur. L'exploitation des minerais par les enfants diffèrent d'un site à un autre. A « Mutoshi », dans les périmètres de « Ruwe Mess, Dima et Kandimba » les enfants grattent dans les anciens remblais de la Gécamines pour ramasser les petits minerais de cuivre soit cobalt. Dans la carrière « 5 ans » tout comme « GH », les enfants forent des puits de plus ou moins un mètre dans les anciens remblais de la Gécamines. A la laverie des minerais des carrières « Kamilombe I, II et III », les enfants forent des petits puits de quelques centimètres de profondeur dans les sables qui se trouvent juste à côté de la laverie. Les enfants creuseurs travaillent toujours en équipe dont le nombre de membre par équipe varie entre deux personnes et plus. La composition du nombre d'enfants par équipe dépend des relations entre eux mais aussi des intérêts en place. Ils commencent le boulot le matin, pour terminer l'après-midi voire le soir. Cela dépend de leur volonté.

    Pendant la période de forage du puits, une équipe peut faire trois jours soit plus pour arriver à la couche minéralogique. Seuls les garçons dont l'âge minimum varie ente 12 ans et plus s'adonnent à ce type d'exploitation. Les tout petits garçons dont l'âge varie entre 7 ans à plus ou moins 11 ans, ainsi que les filles grattent dans les remblais abandonnés de la Gécamines soit creusent dans les sables au bord des laveries à la recherche des minerais. Les autres creusent dans l'eau où l'on lave les minerais à la recherche des débris de minerais tombés lors des opérations de lavage.

    2.3.1.2. Les enfants dénommés « Bakapandisha » ou les Remonteurs

    Après la catégorie d'enfants « creuseurs », vient celle d'enfants « remonteurs ».

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    En swahili, le mot « kupandisha » veut dire « remonter ». Alors, « Bakapandisha », signifie « les remonteurs ». Cette catégorie est constituée des enfants dont l'âge varie entre 12 et 17 ans. Ces derniers remontent les minerais mis dans des sacs qui pèsent plus ou moins 10 à 25 Kg, du puits à la surface, moyennant un paiement. Ils sont journaliers, utilisés par les creuseurs adultes. Ils ne font pas partie de l'équipe régulière de creuseurs adultes. Mais, Ils sont recrutés par les adultes selon que le besoin se manifeste pour les aider à effectuer une tâche qui nécessite une main d'oeuvre nombreuse. Comme l'explique Ilunga (2008, 53-56) que les enfants interviennent en cas de besoin. Ils sont parfois appelés « saliseurs ». Ce sont les jeunes qui aident les creuseurs dans l'exploitation de l'hétérogénite. On les observe dans les carrières « Kamilombe » et « terre jaune » qui se trouvent à quelques kilomètres du camp Gécamines Kapata et aussi dans la carrière « Bob » tout près de la cité « Kanina » à Kolwezi.

    Seuls les garçons s'adonnent à ce type d'activité. Les filles y sont exclues parce que d'après la tradition locale, les filles et les femmes n'accèdent pas dans les puits. Le choix des enfants par les creuseurs s'explique également par le fait de l'étroitesse des galléries dans des puits, où seuls les enfants peuvent y accéder facilement afin de remonter les minerais à la surface. Après les remonteurs viennent les enfants dit « Bakapapa » soit les chargeurs.

    2.3.1.3. Les enfants dénommés « Bakapapa » ou les chargeurs

    Le mot swahili « kupapa » veut dire « mettre quelques chose au dos » soit, transporter quelque chose par le dos. Dans le langage des creuseurs « Bakapapa » veut dire les chargeurs. Contrairement à la catégorie précédente qui remonte les minerais du puits vers la surface, cette catégorie d'enfants charge les minerais exposés sur la surface dans des camions, sur les motos et sur les vélos pour aller les laver. Le prix à gagner dépend du nombre de camions à charger. Si pour la précédente catégorie ce sont les creuseurs adultes qui recourent aux enfants pour les aider à évacuer les minerais du puits vers la surface, pour cette catégorie d'enfants dits « Bakapata », ce sont les négociants qui font appel aux enfants pour charger rapidement les minerais dans les camions. Après le chargement, les minerais sont amenés aux différents sites pour les laver. Les enfants sont nombreux dans les sites en train d'attendre les camions à charger. Soit encorne, ils transportent les minerais sur le dos soit encore sur la tête et ce, de la carrière jusqu'au lieu de lavage. Le rapport de groupe One (2007, 14) confirme que le transport des minerais est plus réservé aux enfants qui ont plus ou moins 16 ans. La

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    partie qui suit parle d'une autre catégorie d'enfants qui sont dans des sites d'exploitation minière artisanale. Il s'agit des enfants dits « Bakalokota » soit les ramasseurs.

    2.3.1.4. Les enfants dénommés « Bakalokota » ou les ramasseurs

    Le mot « Kulokota » signifie « ramasser ». Alors, « bakalokota » signifie « les ramasseurs ». Il s'agit de tout petits enfants dont l'âge varie entre 5 et 11 ans. Ces derniers ramassent les minerais soit dans les sites où l'on extrait les minerais, soit dans les sites où l'on lave les minerais. Tous sont munis des sacs dans lesquels ils mettent des minerais ramassés. Ces enfants se déplacent toujours en équipe de deux voire plus. Durant la journée, on les voit sillonner autour des puits, de lieux de lavage des minerais, des lieux de triage des minerais soit encore dans l'eau où l'on lave les minerais, afin de ramasser quelques minerais tombés. Pour accomplir une quantité nécessaire pour la vente, il leur faut plusieurs jours. A défaut, ils sont obligés de mettre ensemble tous leurs minerais, les garder jusqu'à ce qu'ils réalisent une quantité considérable pour la vente. Le récit du groupe de Mbuyi édifie :

    « Nous ramassons de petits minerais tombés par terre soit dans la carrière, soit aux lieux de lavage des minerais. Par jour, nous ramassons 5 à 7 Kg des minerais ».

    Les enfants qui ramassent des minerais sont parfois identifiés au nom de « salakateur». Ilunga (2008, 53-56) explique que les « salakateur » sont des enfants qui ne font que ramasser dans les carrières les produits miniers qui sont tombés soit lors de la mise en sacs ou soit lors du chargement dans des camions. Ils les ramassent et les vendent là où ils peuvent (...). Ce sont plus les garçons qui s'adonnent à cette activité sur les sites artisanaux. Les filles le font mais uniquement sur les lieux où l'on lave les minerais. Elles n'arrivent pas dans les carrières d'exploitation. Olivier Kahola (2008, 92) écrit que les garçons sont plus habiles à sillonner d'un puits d'extraction à un autre pour fouiller sur les épandages ou pour se rabattre sur les déchets des minerais abandonnés par les creuseurs. Ces phrases montrent comment les enfants se déplacent d'un site à un autre à la recherche des minerais à ramasser. Les photos des enfants qui ramassent les minerais sont à la page 120, annexe n°4 et à la page 121, annexe n°5.

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    Une autre catégorie d'enfants présente sur les sites, ce sont les enfants dits « Bakasampisha », c'est-à-dire les laveurs.

    2.3.1.5. Les enfants dénommés « Bakasampisha ou Bakutata » c'est-à-dire les

    laveuses ou laveurs

    Le mot « kusampisha » signifie « laver ». Alors, « Bakasampisha » signifie les laveurs. Il s'agit de la catégorie d'enfants qui lavent les minerais dans des rivières ou dans des eaux stagnantes des anciennes carrières de la Gécamines. A l'aide des tamis et des sacs vides, ils lavent les minerais pour enlever les gangues et de la terre afin que les minerais soient propres pour le triage. En géologie, les gangues sont des substances qui enveloppent des minerais ou une pierre précieuse (Dictionnaire Encarta, 2009). Ce sont les femmes et les filles qui s'adonnent plus à cette activité. Mais, on observe parfois quelques petits garçons en train de laver aussi des minerais.

    Le paiement se fait à la fin du lavage. Le lavage des minerais pour un sac de 100 Kg coûte 2500Fc. Pour effectuer ce boulot rapidement, les laveurs se mettent en équipe de deux à quatre personnes. Cette façon de faire, leur permet de laver plus ou moins 5 à 8 sacs des minerais par jour. A la fin de la journée, ils se partagent le butin. Il y a certains jours où les laveuses gagnent moins d'argent. Cela s'observe le jour où il y a carence des minerais à laver dans les sites. La somme reçue par personne varie entre 2500 à 5000 franc. Cela dépend des journées.

    Notons qu'il y a plusieurs enfants (filles) et femmes qui sont chaque jour dans des sites de lavage des minerais en train d'attendre le boulot. Une fois qu'un négociant arrive, il choisit de sa volonté selon ses connaissances celles qui vont laver ses minerais. Après cette typologie, nous abordons la catégorie des enfants dits « Bakatshakula » ou les trieurs.

    2.3.1.6. Les enfants dits « Bakatshakula » c'est-à-dire les trieurs

    Le mot « kutshakula » veut dire « trier ». Bakatshakula dans le langage des creuseurs veut dire « les trieurs ». On trouve cette catégorie d'enfants dans les sites de lavage des minerais car, le tri se fait après lavage. Plusieurs enfants s'adonnent à cette activité. On les voit assis autour des minerais versés par terre ou sur un sac, en train de trier du vrai minerai et jeter les pierres qui accompagnent les minerais. Cet exercice nécessite de l'expérience pour

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    savoir du vrai à récupérer et du faux à jeter. Souvent, lors de cet exercice, le négociant ou propriétaire du minerai est sur place pour se rendre compte de la qualité du travail effectué. Sinon, on risque de le tromper. Lors de la vente des minerais au comptoir, la teneur dépend premièrement de la manière dont on a lavé les minerais et deuxièmement de la manière dont on les a triés. Les minerais bien lavés et bien triés valent plus lors de la vente.

    Durant toute la journée, les enfants trieurs sont assis sous le soleil sans aucune protection contre le vent ni la chaleur du soleil. Et le soir, une rémunération qui varie entre 1500 à 3500 Franc leur est donnée par le négociant sur base de la quantité des minerais triés. Un négociant trouvé dans la carrière « Kamilombe », nous a déclaré : je préfère faire trier mes minerais par les enfants plutôt que par les grandes personnes, parce que d'après mon expérience, les enfants exécutent honnêtement les tâches qu'on leur confie, par rapport aux adultes qui veulent souvent tromper. Derrière une telle déclaration se cache la problématique du travail des enfants qui est une main d'oeuvre moins couteuse mais parfois aussi efficace. Cette notion nous la développons davantage dans le troisième chapitre. Le triage des minerais se fait par les garçons et par les filles à l'aide des mains. Certaines femmes s'adonnent également à cette pratique.

    Le tri de 100 Kg de minerais coûte 2500Fc. Pour gagner le temps, les trieurs exercent cette activité en équipe de 2 à 4 personnes. Selon les propos des acteurs concernés trouvés sur terrain, par jour, ils trient au moins 3 à 5 sacs. Pour 00 Kg du minerai, les négociants dépensent 5000FC pour les opérations de lavage et triage. Les enfants trieurs se retrouvent uniquement sur les sites de lavage des minerais. Car, on ne trie pas les minerais dans les sites d'exploitation des minerais. Là les creuseurs ne font que les mises en sacs. Le triage se fait après lavage. Une autre catégorie qui suit après celle-ci, c'est celle des enfants dits « Bakanyungulula », ou les tamiseurs.

    2.3.1.7. Les enfants dits « Bakanyungulula » c'est-à-dire les tamiseurs

    En swahilu « kunyungulula » veut dire « tamiser ». Bakanyungulula signifie « les tamisseur » dans le langage des creuseurs. Cette catégorie d'enfants s'occupe à tamiser les minerais dans des sites miniers artisanaux. L'opération se fait avant de laver les minerais afin de réduire la quantité de la terre. Elle consiste à tamiser les minerais à l'aide d'un grand tamis fait pour cette cause. Le tamisage se fait toujours en équipe de deux personnes, l'un en face de

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    l'autre en train de balancer le tamis pour faire tomber la terre. Par rapport à la forme, on distingue deux types de minerais. Il y a les minerais en forme des graviers et les minerais en forme des blocs. C'est uniquement les minerais en forme des graviers que l'on tamise, s'ils sont accompagnés de la terre.

    Le prix de tamisage est de 1000Fc pour les minerais qui pèsent 100 Kg. Le tamisage précède le lavage des minerais. Certains négociants préfèrent faire tamiser les minerais dans les sites d'exploitation des minerais afin d'enlever la terre, avant de les transporter vers les lieux de lavage. Dans ce cas, seuls les garçons tamisent les minerais, parce que les filles n'accèdent pas dans les carrières. Mutombo (2011, 33) explique que cette situation tient aux croyances selon lesquelles la présence de la femme dans la carrière fait baisser le teneur des minerais exploités ou fait perdre le filon. Les autres négociants préfèrent faire tamiser les minerais sur les lieux de lavage. Pour ce cas la chance est accordée à tous, filles et garçons présents dans les sites de lavage. Signalons que même certains hommes et certaines femmes font également cette activité. Après les tamiseurs, viennent les enfants dits « bakavinya », soit les concasseurs.

    2.3.1.8. Les enfants dénommés « Bakavinya » c'est-à-dire les concasseurs

    En swahili « Kuvinya » veut dire « concasser ». Bakavinya signifie « les concasseurs ». Le concassage est appliqué sur les minerais formés en blocs. Les enfants dits « Bakavinya » écrasent les minerais en blocs à l'aide des marteaux et autres matériel en métal afin de réduire leurs volumes. Aussi, le concassage permet à récupérer les minerais et jeter les mauvaises pierres. Peu d'enfants pratiquent cette activité. Car, rares sont les négociants qui amènent les minerais en blocs qui nécessitent le concassage. Mais certains enfants, de par leur propre initiative ramassent les pierres dans les remblais abandonnés de la Gécamines et les concassent pour y retirer quelques petites particules des minerais en couleur verte. Les restes des blocs constitués des pierres sont jetés. Ce sont plus les garçons qui exercent cette activité que les filles. Après avoir réalisé une importante quantité des minerais, les enfants les vendent aux négociants qui circulent dans les sites. Si la quantité est trop petite, les enfants gardent leurs minerais jusque le jour où ils réaliseront la quantité voulue pour la vente.

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    Après la catégorie des enfants dits « Bakavinya » ou les concasseurs, vient la catégorie des enfants dits « Bakauzisha », soit les vendeurs.

    2.3.1.9. Les enfants dénommés « Bakauzisha » ou les vendeurs

    En swahili « ku uzisha » signifie « vendre ». Bakauzisha veut dire « les vendeurs ». Il s'agit des enfants qui vendent plusieurs articles dans de sites miniers. Les uns vendent les denrées alimentaires telles que : des beignets, des gâteaux, d'arachides (cacahouètes), des biscuits, des bonbons, de l'eau potable, du jus, des morceaux de manioc grillés, de la boisson locale communément appelée « Munkoyo11 », des pains, des bananes, etc. Les autres vendent d'autres articles consommables et quelques produits manufacturiers tels que les unités ou recharge pour la téléphonie mobile, les cigarettes, les allumettes, les mouchoirs, les cartes mémoires pour les téléphones portables, etc. Cette catégorie est observable dans tous les sites miniers artisanaux investigués. Elle est composée de plusieurs enfants filles et garçons. Une fois qu'on est sur les sites miniers, c'est la catégorie qui saute directement aux yeux en première position.

    Beaucoup arrivent sur les sites le matin et les autres au milieu de l'avant-midi. Certains exposent leurs marchandises dans des bols, surtout pour les denrées alimentaires, soit par terre sur des sacs. Les autres circulent dans différentes carrières en proposant aux creuseurs leurs marchandises. Ils restent dans des sites miniers toute la journée et rentrent à la maison le soir. A ce propos, Seydou Keita (2001, 18) montre que parmi les activités exercées par les enfants sur les sites miniers, on peut citer : la préparation et la vente de repas et de nourritures, la vente ambulante ou à poste fixe de boissons, de cigarettes, de beignets, (...). Tandis que Kahola (2008, 91) poursuit que les filles dans les carrières sont orientées vers les activités commerciales. Le plus souvent, elles sont sous la supervision d'un adulte. Les propos des filles trouvées sur les sites en train de vendre témoignent cela :

    « Nous toutes telles que nous sommes ici, nous étudions. Raison pour laquelle nous ne vendons que pendant les vacances. Nous épargnons petit à petit ce que nous gagnons, jusqu'à ce que chacune réalise le montant voulu qui lui servira de se procurer ce dont elle a besoin.».

    11 Munkoyo est une boisson locale fait sur base des racines d'une plante.

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    Signalons que les enfants qui vendent dans des sites miniers, peuvent facilement basculer vers à d'autres activités telles que le lavage, le triage, le concassage, le ramassage des minerais, une fois que leurs marchandises se terminent. Dans les témoignages recueillis sur les sites, les filles avouent :

    « Parfois, lorsque nos marchandises se terminent, nous lavons, tamisons soit trions les minerais moyennant un paiement qui varie selon le travail

    effectué (...) ».

    Une telle situation prouve les possibilités qu'ont les enfants de basculer d'une activité à une autre une fois dans les sites miniers artisanaux. Une photo des enfants qui vendent les denrées alimentaires sur le site est sur la page 122, annexe n° 6. Après la catégorie des enfants dits « vendeurs », vient la dernière catégorie des enfants en activités rémunératrices, qui est celle des enfants dits « Bakatsheza ma carte ».

    2.3.1.10. Les enfants dits « Batsheza ma carte » ou les enfants qui jouent au jeu de

    cartes

    « Kutsheza » veut dire « jouer ». « Batsheza ma carte » veut dire « les joueurs aux cartes ». Cette catégorie est constituée uniquement des garçons. Les uns, après avoir gagné de l'argent en exerçant différentes activités sur les sites miniers artisanaux, s'adonnent aux jeux de hasard en jouant aux cartes soit entre les enfants, soit avec les adultes pour gagner de l'argent. Les autres proviennent de la cité où ils fuient le contrôle parental et vont dans les carrières pour jouer aux cartes avec les autres enfants. Dans l'entretien effectué avec le groupe de Kahenga, les enfants déclarent :

    « Il y a les enfants qui creusent les minerais, certains lavent, d'autres

    ramassent, d'autres encore chargent les minerais dans des camionnettes pour

    aller les laver. Il y a aussi les enfants qui jouent aux cartes pour gagner de

    l'argent. Malgré l'interdiction de ce jeu par les agents de l'ordre, il y a

    toujours certains enfants et même certains adultes qui s'adonnent à ce jeu ».

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    Cette situation fait que certains enfants soient accompagnés de leurs parents soit d'autres membres de familles pour les empêcher de dilapider l'argent obtenu. La maman de Gaël et d'Emmanuel trouvée dans la carrière 5 ans, a déclaré :

    « Je travaille avec eux pour mieux les contrôler afin qu'ils ne gaspillent pas de l'argent. Comme je suis là, je récupère l'argent et je le garde dans la petite caisse à la maison ».

    Les enfants en activités rémunératrices, sont en situation de risque de dilapidation de l'argent qu'ils obtiennent. Ils peuvent facilement être attirés par les jeux de hasard, et perdre ainsi tout leur argent. Pour certains enfants le fait d'exercer quelques travaux dans les sites miniers est un signe de bravoure. Cela se fait sentir dans les propos de Yanick présenté par Mutombo (2011, 83) en ces termes : Mina kuya kutafuta na miye yangu maïsha, mwanaume ni kudji tafutiya. Il explique que cette catégorie brave la peur et les interdictions. Elle veut que la société la considère par son travail. Ces enfants se disent capables de mieux faire. Ils reconnaissent que la société congolaise accorde plus de la considération aux personnes qui ont des moyens.

    Après la partie consacrée aux enfants en activités rémunératrices, vient celle qui présente le groupe des enfants en activités non rémunératrices.

    2.3.2. Les enfants en activités non rémunératrices

    Cette catégorie d'enfants est constituée de ceux-là qui n'exercent aucune activité rémunératrice. Certains rendent des services à leurs mères, d'autres se livrent aux activités récréatives et d'autres encore observent les différentes activités telles qu'elles se déroulent dans des sites miniers, sans toutefois y participer. Toutes les catégories d'enfants faisant partie de ce groupe, nous les avons désignées par différentes appellations conformément aux activités auxquelles ils se livrent sur les sites. Ainsi, cinq catégories d'enfants ont été identifiées dans ce groupe. Il s'agit des gardiens, des crèches, des relais, des joueurs et des spectateurs. Nous avons misé plus sur les occupations auxquelles ils s'adonnent dans les sites miniers artisanaux pour les discerner. Raison pour laquelle, les tout petits enfants et les bébés forment un autre groupe qui est le troisième et le dernier. Il n'est pas inclus dans celui consacré aux enfants en activités non rémunératrices. Pour identifier le groupe d'enfants en

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    activités non rémunératrices, il a fallu une observation attentive. Ainsi, la première catégorie est celle des enfants dénommés « crèches ».

    2.3.2.1. Les crèches ou les gardiens

    D'après le dictionnaire encarta (2009), la crèche est un établissement qui accueille dans la journée les enfants de moins de trois ans dont les parents travaillent. Dans les sites miniers, nous y avons remarqués la présence des enfants qui jouent le rôle de crèche. Ainsi, nous les avons dénommés « enfants crèches ».

    Les crèches sont les enfants qui assurent la garde sur les sites miniers, des autres enfants qui sont plus petits qu'eux (les bébés et les autres petits enfants) dont l'âge varie entre une année à deux ans. Ils assurent la garde et la sécurité des bébés et autres petits enfants pendant que leurs mères travaillent. Ils le font pendant les heures que durent les occupations de leurs mères. Une fois que les bébés pleurent, les mamans les allaitent. Après, elles les remettent de nouveau auprès des « crèches ». Même lorsque les bébés sont endormis, ils sont soit sur les jambes des crèches, soit on les fait dormir sur un pagne étalé par terre sous un arbre et sous la surveillance des « crèches ». Ces derniers sont toujours membres de familles des bébés pour lesquels ils rendent services.

    Une maman trouvée au lieu de lavage des minerais au camp Gécamines « Kapata », nous a déclaré que c'est par manque d'une grande personne qui peut garder l'enfant à la maison, qu'elle fait garder le bébé sur le site minier par son grand frère âgé de 6 ans. Elle poursuit qu'elle préfère le faire sur le site, parce qu'elle-même est présente. Ainsi, elle peut intervenir rapidement sans tarder en cas d'un besoin qui se manifeste. Après les enfants dits « crèches », viennent les enfants dits « relais ».

    2.3.2.2. Les relais

    Pour le dictionnaire encarta, le mot « relais » signifie médiateur ou continuateur d'une tache. Certains enfants jouent le rôle de relais dans les sites miniers. Contrairement aux « enfants crèches » qui gardent les bébés sur les sites miniers en présence de leurs mères qui exécutent quelques tâches pour être rémunérées à la fin de la journée, les enfants que nous qualifions de « relais », gardent les bébés à la maison. Ils assurent le contact entre les bébés restés à la maison et leurs mères qui travaillent dans des sites miniers. Les mères laissent les

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    bébés à la maison. Une fois que ces derniers pleurent, les enfants « relais » les amènent dans les sites miniers auprès de leurs mères pour les allaiter. Après l'allaitement, les enfants « relais » les retournent à la maison. Le rôle que jouent les « enfants relais » est important, celui de faciliter le contact entre les bébés et leurs mères durant toute la journée. Raison pour laquelle, nous les désignons des « enfants relais ». La catégorie d'enfants relais est composée plus des filles.

    Après cette catégorie, vient celle des enfants dits « messagers ». 2.3.2.3. Les messagers

    Les enfants que nous qualifions de messagers servent de transmetteurs des messages et autres informations auprès de leurs parents et autres membres de famille qui exercent des activités sur les sites d'exploitation minière artisanale. Les messagers restent à la maison. En cas d'une situation qui advient, ils apportent l'information auprès de celui que la chose concerne. A ce propos, Malemba (2003, 113) souligne que l'enfant est utilisé comme messager ou agent de liaison entre partenaires d'affaires. Pour le cas sous examen, ce sont soit les membres de la famille, soit les voisins qui envoient l'enfant dans les sites miniers afin qu'il transmette un message à la personne concernée. Après avoir transmis le message, il rentre à la maison. Mutombo (2011, 92-94) désigne ce rôle par « courroie de transmission ». Il distingue deux catégories d'enfants comme « courroie de transmission ». La première catégorie est celle où l'enfant joue le rôle de « messager ». Il explique que l'enfant est un canal par lequel passent plusieurs messages. Il est le porte-message qui part d'un émetteur personne X vers un récepteur personne Y. Le rôle des enfants dans la circulation de l'information de toute sorte est très déterminant dans les carrières d'exploitation artisanale des minerais. La deuxième catégorie est celle où l'enfant joue le rôle d'« informateur ». Mutombo poursuit que contrairement à l'enfant messager qui est simplement un canal par lequel l'information ou message venant d'un émetteur passe pour atteindre le récepteur, l'enfant « informateur » est auteur de l'information qu'il transporte. Il la recueille par et à travers ses organes des sens et l'oriente vers les acteurs susceptibles de l'utiliser. L'enfant informateur agit en espion souvent pour le compte des personnes adultes ou d'autres enfants qu'ils soient creuseurs, négociants, policiers, ou autre agent de l'Etat présent dans la carrière, qui tirent intérêt des informations qu'il fournit.

    2.3.2.5. Les spectateurs

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    Le quatrième groupe d'enfants qui n'exercent pas des activités rémunératrices sur les sites miniers artisanaux sont les enfants dits « joueurs ».

    2.3.2.4. Les joueurs

    Certains enfants s'adonnent à des jeux dans les sites miniers artisanaux. Cette catégorie est plus retrouvée dans les sites de lavage des minerais. Notons que selon le langage des enfants trouvés dans les sites miniers, ils appellent les lieux de lavage des minerais « Pa ma l'eau ». Ceci est un mélange du swahili et du français qui veut dire « sur l'eau ». A côté des tous les sites de lavage des minerais (pa ma l'eau) investigués, il y a des remblais abandonnés par la Gécamines qui sont constitués des sables. Les uns s'amusent dans les sables en y pratiquant divers jeux, les autres jouent dans l'eau même où l'on lave les minerais. Ainsi, les sites de lavage des minerais constituent pour cette catégorie d'enfants des espaces ludiques ou récréatifs pour y pratiquer toutes sortes des jeux. Les types de jeux auxquels se livrent les enfants, varient selon que les enfants jouent dans les sables ou dans l'eau. Dans les sables, les enfants pratiquent : le jeu de cache-cache, le jeu de football, le jeu de course, le jeu de catch, etc. Et dans l'eau, les enfants y pratiquent les jeux ci-après : le concours de nage, le jeu de guerre, le jeu de catch, le jeu de course et plusieurs autres jeux que les enfants créent spontanément, tout en étant dans l'eau. Bref, certains enfants se livrent à plusieurs jeux qui leur procurent du plaisir.

    Cette catégorie est plus constituée des garçons que des filles. Pendant la période scolaire, il y a moins d'enfants dans les sites de lavage des minerais. Ceux qu'on trouve dans les sites sont eux qui n'étudient pas ou ceux qui ont fait l'école buissonnière. Certains de ceux qui étudient arrivent dans des sites miniers, juste après la sortie des cours et ils y restent jusque tard à 18 heures. Mais pendant les vacances scolaires, le nombre d'enfants dans des sites miniers augmente. Plusieurs enfants se livrent aux différents jeux.

    Après les enfants dits « joueurs », il y a une autre catégorie qui est la dernière dans ce groupe d'enfants en activités rémunératrices. Il s'agit des enfants dits « spectateurs ».

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    Cette catégorie est constituée des enfants qui n'exercent pas des activités manuelles dans les sites miniers. Les uns après les avoir envoyés, au lieu de se rendre directement à la maison, ils restent dans les sites miniers artisanaux en train d'observer la manière dont les autres exploitent, ramassent, lavent, concassent, trient les minerais. Et les autres en se déplaçant d'un camp Gécamines vers un autre, ils s'arrêtent dans un site minier artisanal pour un petit temps pour contempler comment les activités s'y déroulent. Par après, ils poursuivent leur route. Ces derniers remplissent la fonction touristique des sites miniers. Cette catégorie a été observée à la laverie des minerais des carrières « Kamilombe I, II et III » qui se trouve juste sur la route qui mène vers la cité Gécamines « Musonoi ». Certains enfants qui quittent la cité Gécamines « Kapata » et qui se rendent à la cité Gécamines « Musonoi », s'arrêtent parfois à la laverie et contemplent le déroulement des activités sur ce site, sans toutefois s'adonner à une activité quelconque. Par après, ils poursuivent leur chemin.

    Certains acteurs qui font partie du groupe des enfants en activités non rémunératrices, peuvent facilement changer d'une catégorie à une autre, selon les circonstances dans lesquelles ils se trouvent. Ainsi, un enfant peut faire partie de la catégorie des enfants « joueurs » aujourd'hui et demain, on le retrouve dans la catégorie des enfants « spectateurs », le lendemain, dans celle des enfants « crèches » soit les « messagers », ainsi de suite.

    D'autres acteurs du groupe des enfants en activités non rémunératrices, basculent parfois dans la typologie des enfants en activités rémunératrices, selon les circonstances dans lesquelles ils se trouvent. C'est par exemple, les enfants « crèches », ou « messagers », ils peuvent un jour ramasser soit trier les minerais. Le fait qu'ils soient souvent dans les sites miniers, cela constitue une situation de risque.

    Le dernier groupe des enfants qui sont dans les sites miniers, sont les tout petits bébés qui sont portés par leurs mères, soit par les enfants « crèches ».

    2.3.3. Les sans voix

    Il s'agit de tout petits bébés dont l'âge varie entre 4 mois à plus ou moins 3 ans. Nous les désignons des « sans voix » parce qu'ils ne peuvent pas décider d'eux-mêmes de leur présence ou pas dans des sites miniers artisanaux. Ils y sont par le fait de la présence de leurs

    Le nombre des enfants dans les quatre sites miniers investigués nous l'évaluons à plus ou moins 350 enfants. Ils y sont nombreux en train de s'adonner aux différentes activités. La

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    mères. Ils n'ont pas la capacité de se prononcer parce qu'ils sont tellement petits et dépendent directement de l'encadrement et de la protection de leurs mères. La capacité de pouvoir émettre leur consentement est pratiquement impossible, car ce sont des bébés. Le qualificatif « sans voix » n'est pas à prendre d'une manière littérale. Les « sans vois » sont facilement visibles dans les sites de lavage des minerais, car, c'est dans lesdits sites où la présence des femmes est plus remarquable. Certains « sans voix » sont soit sur le dos de leurs mères qui lavent, trient, concassent les minerais, soit sur le dos ou jambes des autres enfants dénommées « enfants crèches », qui les bercent et leur assurent la surveillance et protection. Les enfants « crèches » gardent les « sans voix » pendant toute la durée que leurs mères travaillent sur les sites miniers. C'est lorsque les « sans voix » (bébés) pleurent que leurs mères les allaitent. Après, ils sont de nouveau retournés aux enfants « crèches », parce que les mères doivent continuer à travailler.

    Nous pouvons retenir que certains enfants qui sont dans les sites miniers artisanaux, s'adonnent soit à des activités rémunératrices, soit encore à des activités non rémunératrices. Les autres y sont par le fait de la présence de leurs mères sur les sites miniers artisanaux. Après avoir passé en revue d'une manière détaillée tous les trois groupes d'enfants qui se trouvent dans les sites miniers artisanaux investigués, nous pouvons à présent tenter de dévoiler les jeux, les enjeux et les logiques derrière la présence des enfants dans les zones d'exploitation minière artisanale. C'est le troisième chapitre qui répond à cette préoccupation.

    Chapitre 3: Les jeux, les enjeux et les logiques derrière la présence des
    enfants dans les sites miniers artisanaux

    3.1. Les jeux et les enjeux de la présence des enfants dans les sites miniers

    Ces trois premières procédures d'entrée des enfants dans les sites miniers artisanaux se rattachent au réseau relationnel. Lupitshi (2013, 224) montre que le réseau des relations

    81

    bonne saisie de ces « jeux » et « enjeux » passe estimons-nous par l'examen de l'entrée dans les sites miniers et par l'analyse des conséquences subies.

    3.1.1. La procédure d'entrée des enfants dans des sites miniers artisanaux

    Plusieurs possibilités expliquent la manière dont les enfants parviennent à entrer dans les sites miniers artisanaux. Il s'agit des possibilités suivantes :

    3.1.1.1. Par effet d'entrainement des parents et autres membres de famille

    Certains enfants que l'on retrouve dans les sites miniers artisanaux, parviennent à y accéder parce qu'ils accompagnent leurs parents pour y travailler. Il arrive parfois que les enfants forment une équipe de travail avec leurs parents. Les enfants accompagnent aussi certains membres de familles (cousins, oncles, frères, soeurs, etc.) dans l'exécution des activités dans les carrières.

    3.1.1.2. Par effet d'entrainement des amis

    L'amitié joue également un rôle dans la conduction des enfants dans les sites miniers. Par influence des amis, certains enfants se retrouvent dans les sites miniers pour y exercer

    différentes activités. Un processus de socialisation par les pairs s'y déroule par
    l'apprentissage des techniques d'exercice d'activités.

    3.1.1.3. Par contrainte des parents et autres membres proches de la famille

    Certains parents poussent leurs enfants à aller se débrouiller dans les carrières. Soit encore c'est un membre de famille qui le fait. Les enfants nous ont témoigné que certains parents poussent leurs propres enfants à se débrouiller dans les carrières comme le font les autres enfants.

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    développées par un individu lui permet de gérer certaines situations qui se présentent à lui. Il distingue ainsi trois sortes de ressources relationnelles : le repère familial, le capital social et les conseils. Par rapport à notre champ d'investigation, les enfants que l'on rencontre dans les sites miniers, nombreux ont utilisé « le repère familial et le capital social » pour accéder dans les sites miniers. Lorsqu'on analyse leur manière d'entrée pour la première fois dans les sites miniers, ils ont répondu avoir été influencés soit par les parents, soit par les membres proches de familles, soit encore par les amis.

    La composition de membres d'une équipe afin d'exécuter une activité rémunératrice ou pour jouer se fait par amitié et fraternité. Cela renvoie au « réseau familial » et au « capital social ». Ainsi, l'équipe de Mbuyi qui ramasse les minerais dans la carrière 5 ans est composée de 5 personnes parmi lesquelles il y a : Mbuyi et son jeune frère, Eric et son jeune frère enfin Patient qui est seul. Les parents de Mbuyi et Monga sont aussi des amis et forment une seule équipe dans l'exploitation minière artisanale dans la même carrière. Kahenga et Patrice, tous deux exécutent différentes activités rémunératrices dans les carrières Kamilombe I, II et III. Ils sont fils d'un même père mais de mères différentes. Gaël et Monga sont tous deux frères d'un même père er d'une même mère. Ils travaillent dans la carrière 5 ans accompagnés de leur mère. Les conseils interviennent aussi. Certains parents prodiguent des conseils à leurs enfants pour mieux se comporter dans les sites. Ils leur disent de ne pas se fier aux mauvais amis qui ont des mauvais comportements. Gaël explique :

    « Nous craignons de travailler en équipe de plusieurs personnes, parce que pendant que

    nous, nous forons de puits non profonds, certains enfants veulent entrer dans les galléries. Dès qu'il y a éboulement, ils vont mourir et nous aurons des problèmes. Raison pour laquelle la maman nous interdit de travailler avec les autres enfants ».

    Hormis les trois premières procédures d'accès des enfants dans les sites, il y a également une autre possibilité.

    3.1.1.4. Par initiative propre de l'enfant

    La dernière possibilité d'accès des enfants dans les sites miniers artisanaux est l'initiative propre des enfants. Ces derniers suivent facilement les routes et se retrouvent dans les carrières. Tous les sites investigués sont proches des lieux d'habitation. De ce fait, les enfants y accèdent facilement.

    83

    3.1.2. Présence des enfants dans les sites miniers artisanaux

    La présence des enfants dans les sites miniers varie selon les situations familiales et aussi selon les périodes. Il y a des parents qui interdisent leurs enfants à accéder dans les sites miniers et d'autres non. La période scolaire et celle de vacances jouent également un rôle déterminant quant à la présence des enfants dans les carrières. Pour les enfants qui sont accompagnés de leurs parents ou tuteurs, ils accèdent aisément dans les sites. Les parents trouvent cela normal. Même chose pour les enfants qui ne subissent pas de contrôle social ou qui sont sous un faible contrôle social. Ils accèdent aussi facilement dans les sites miniers. Nombreux de ces enfants n'étudient plus.

    Ceux qui sont sous un contrôle rigoureux trouvent des astuces pour tromper la vigilance des parents ou des enseignants pour pouvoir accéder aux sites miniers. Les uns en allant à l'école le matin, ils portent en dessous de l'uniforme scolaire une autre tenue qui servira de tenue dans la carrière afin de ne pas salir l'uniforme. En cours de route vers l'école, ils échappent au contrôle des autres camarades et ils vont dans la carrière. Une fois sur le site minier, ils enlèvent l'uniforme scolaire, la mettent de côté. Ils restent en tenue de la cité pour exercer quelques activités. A 12 heures, ils se lavent, portent l'uniforme scolaire et rentrent à la maison, comme s'ils viennent de l'école. Les autres arrivent même à l'école. Pendant la récréation, ils fuient l'école en cachant les objets classiques dans les culottes et se rendent dans la carrière. Pendant les heures de la sortie de l'école, ils se lavent et rentrent à la maison, sans que les parents ne sachent qu'ils étaient dans les carrières. Il y a également ceux qui trompent l'enseignant disant qu'ils vont se soulager. Après qu'ils aient l'autorisation d'aller se soulager, ils fuient et vont dans la carrière. Les autres encore trompent l'enseignant qu'ils sont malades. Après les avoir autorisés de rentrer à la maison pour se faire soigner, ils se rendent dans la carrière. D'autres encore se rendent dans les carrières selon l'horaire des cours. C'est-à-dire, s'ils étudient avant midi, ils se rendent dans les carrières après les cours. S'ils vont étudier après-midi, ils se rendent d'abord avant midi dans les carrières et après ils vont aux cours. Ceux qui fuient les cours travaillent d'une manière cachée, échappant à toute visibilité par ceux qui les connaissent. A défaut, ils seront dénoncés et subiront des blâmes à la maison.

    Par contre, pendant la période de vacances scolaires, ils y a une forte présence des enfants dans les sites miniers artisanaux. Les parents qui interdisaient leurs enfants de ne pas

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    Les déclarations de Kahenga et Patrice témoignent la fuite des enfants à l'école pour exploiter les minerais :

    « (...) nous étudions tous deux. Moi je suis en deuxième secondaire et Patrice est en 6ème à l'école primaire Nyota. Il est en retard parce qu'il a abandonné les études durant deux ans. Il fouillait aux cours pour exploiter les minerais dans la carrière (...).

    En tant qu'analyste, nous trouvons qu'il y a intérêt dans la gestion de la cité à bien examiner l'emplacement des écoles par rapport aux sites miniers.

    3.1.2.1. La fréquence des enfants dans les sites

    La fréquence des enfants dans les sites miniers varie selon la période scolaire et la période des vacances. La période scolaire part du mois de septembre au mois de juillet. Et la période de vacances va du mois de juillet au mois de septembre. Pendant la période scolaire, il y a diminution des enfants dans des carrières. Cela se justifie par le fait qu'à cette période, beaucoup d'enfants vont à l'école. Par ailleurs, certains parents interdisent leurs enfants à se rendre dans les carrières, faute de subir une sanction. Ceux qui s'y rendent se sont soit ceux-là qui n'étudient plus, soit encore ceux qui étudient mais qui s'y rendent d'une manière cachée, ou ceux qui y vont pendant qu'ils n'ont pas cours, ou encore pendant le week-end (le samedi et dimanche). Les témoignages de Mbuyi avec les autres enfants trouvés dans la carrière 5 ans en sont une illustration :

    « Pendant la période scolaire, nous ne fréquentons pas les carrières. Comme nos papas exploitent également les minerais dans cette carrière, il nous est difficile d'y accéder. Une fois que nos papa nous voient, nous subiront une sanction à la maison, qui consistera à nous priver à manger, soit nous fouetter. C'est seulement pendant la période de vacances que nous accédons dans la carrière pour y travailler ».

    85

    s'y rendre pendant la période scolaire, les autorisent pour chercher de l'argent. Gaël et Patient expliquent :

    « Pendant les vacances, nous travaillons les jours ouvrables, du lundi au samedi. Nous nous reposons le dimanche. Pendant la période scolaire, nous travaillons uniquement le samedi et le dimanche. Les autres jours, nous allons à l'école ».

    Pendant cette période, les enfants vaquent à plusieurs occupations sur les sites miniers à la recherche de l'argent soit pour se payer les habits, les souliers et même les fournitures scolaires. Soit encore, pour contribuer à la survie de la famille. Les propos de Gaël et Monga en témoignent :

    « L'argent que nous gagnons dans l'exploitation des minerais, nous achetons les habits, les souliers. Souvent, nous donnons à la maman qui utilise une partie pour acheter à manger, et une autre elle garde pour nous payer les frais scolaires ».

    3.1.2.2. Le travail rémunérateur des enfants dans les sites miniers artisanaux

    Le rapport n° 194 (2001, 1) de la Banque Mondiale présente le travail des enfants comme un travail exécuté par des enfants qui sont trop jeunes au sens qu'en le faisant, ils réduisent indûment leur bien-être économique présent ou leurs capacités futures à se faire un revenu, soit par le rétrécissement de leur horizon en matière de choix ou à travers la réduction de leurs propres capacités individuelles de production dans le futur.12

    Comme expliqué dans le deuxième chapitre, les enfants s'adonnent à plusieurs activités rémunératrices dans les sites miniers artisanaux et ce, pendant plusieurs heures, afin de gagner l'argent. Les uns travaillent seuls entre enfants et les autres accompagnés de leurs parents avec qu'ils constituent une unité de production. Depuis la fin de la décennie 19801990, on assiste progressivement à un relâchement des structures économiques classiques à

    info.worldbank.org/etools/docs/library/237384/toolkitfr/.../andvig.pdf .

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    cause de l'arrêt des activités industrielles à la Gécamines. Les anciennes structures socio-économiques ont laissé la place à une autre organisation de la vie professionnelle, création de la population elle-même (Nkuku : 2002, 46). Les adultes tout comme les enfants s'adonnent à plusieurs activités dans les carrières. Le travail peut favoriser la maturation psychologique de l'enfant, s'il est effectué dans les conditions dignes et protégées.

    La chute des activités minières de la Gécamines a eu des conséquences néfastes sur toute l'économie de la ville de Kolwezi. La majorité des populations environnant les sites miniers investigués sont des populations aux conditions socioéconomiques précaires. Certains habitants sont des agents de la Gécamines, des anciens agents de la Gécamines retraités lors de l'opération dite « départ volontaire » en 2002 et des habitants non Gécamines. Les autres sont des immigrés venant des autres territoires du pays à cause du boom minier qui a eu à Kolwezi à partir des années 2004, période d'installation des nouvelles entreprises minières. Les enfants qui fréquentent les sites miniers sont tous issus de ces familles qui sont en bas de la stratification sociale, de familles à faibles revenus, de familles vulnérables (Mary : 1998, 473). Mutombo (2011, 83) affirme qu'en tout état de cause, le fait que la plupart des enfants travaillent est un signe majeur que les familles dont ils sont issus ont été profondément ébranlées par la crise il y a plusieurs années et le travail dans les carrières et mines auquel ces enfants s'adonnent semble être pour eux l'ultime étape dans leur recherche des stratégies de survie.

    3.1.2.3. Les Enfants : une main d'oeuvre moins couteuse et efficace

    Plusieurs creuseurs et négociants font exécuter certains travaux sur les sites miniers par les enfants. Un négociant trouvé à une laverie de minerais, nous a déclaré qu'il préfère faire trier ses minerais par les enfants plutôt que par les adultes. Il se justifie que d'après son expérience, les enfants exécutent honnêtement les tâches qu'on leur confie par rapport aux adultes qui, parfois n'exécutent pas honnêtement les tâches leur confiées.

    Une telle déclaration cache une autre explication non exprimée. Cela veut dire que les enfants constituent une main d'oeuvre moins coûteuse par rapport aux adultes. Tout en étant vulnérables, les enfants reçoivent des rémunérations qui parfois ne correspondent pas aux

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    travaux exécutés, parce qu'ils n'ont pas la capacité de bien apprécier le travail qu'on leur demande d'exécuter et le prix qu'ils doivent gagner. Etant dans une position de faiblesse, les négociants leur imposent les prix. Impuissants devant les négociants, les enfants n'ont nulle part où se référer pour pouvoir les aider à apprécier le travail à effectuer et le prix leur proposé par les négociants. Dans pareil cas, les enfants acceptent le prix faute de ne pas perdre le marché. La présence de plusieurs enfants dans les sites miniers artisanaux, fait donc que les activités rémunératrices deviennent concurrentielles.

    Parfois ce sont les négociants qui intimident les enfants en leur disant qu'une fois vous refuser, les autres enfants viendront exécuter cette tâche. Devant une telle situation, les enfants n'ont pas de choix à opérer. Mais, il arrive aussi que les enfants eux-mêmes enveniment la situation en se mettant dans une position de faiblesse devant un négociant, lorsqu'ils se cafouillent le travail à exécuter. Le négociant leur impose son prix. Devant une multitude d'enfants, ceux à qui la chance a souri, sont contraints d'accepter pour ne pas perdre le marché. Muzigwa (2008, 140) explique que les enfants constituent une part non négligeable d`une main-d`oeuvre plutôt captive.

    3.1.2.4. Vente des minerais exploités par les enfants

    Les enfants vendent eux-mêmes aux négociants les minerais qu'ils exploitent. La vente se passe dans la carrière. Les négociants circulent dans différentes carrières à la recherche des minerais. Ces derniers à leur tour les vendent aux différents comptoirs implantés à l'entrée de la ville de Kolwezi au village « Musompo ». Avant, tous les comptoirs d'achat des minerais étaient implantés sur l'avenue salongo au quartier industriel, regroupé en centres de négoces. Depuis l'année 2013, sur décision du Maire de la ville tous les comptoirs ont été délocalisés de l'avenue salongo à l'emplacement actuel. La raison de la délocalisation était d'ordre environnemental. Il fallait déplacer tous les comptoirs du centre-ville et les implanter loin de la population afin de protéger l'environnement contre la pollution des rivières.

    Lorsque la quantité des minerais ne convient pas pour la vente, certains préfèrent les garder à la maison jusqu'à ce qu'ils réaliseront une importante quantité pour une bonne vente. Tandis que les autres enfants préfèrent les vendent tels quels même à un prix dérisoire.

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    3.1.2.5. La gestion des revenus des enfants

    Par rapport à cette préoccupation, la gestion des revenus des enfants dépend de la situation familiale de tout un chacun. Certains enfants gèrent eux-mêmes leur argent. Ainsi ils achètent facilement ce qu'ils veulent tels que les habits, les téléphones portables, la nourriture sur le site, les objets scolaires, se paient le billet pour le cinéma, etc. Bref, ils décident eux-mêmes de l'affectation de leur argent. Les autres enfants n'ont pas de pouvoir sur leurs revenus. Tout est gardé par les parents. Ces derniers décident à leur place. Dans pareil cas, les revenus des enfants servent à acheter la nourriture pour toute la famille.

    Le rapport de la Confédération Syndicale Internationale (2010, 6), affirme que les enfants travaillent afin d'améliorer les revenus de leur famille ou de couvrir les frais de leur éducation ou pour l'éducation des autres membres de la famille. Roland d'Hoop (2001, 20) renchérit que certaines familles dépendent de l`argent apporté par leurs enfants pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. Kahola (2008, 62) relève que le salaire perçu par les parents est modique et ne leur permet pas de nouer les deux bouts du mois. De ce fait, les enfants sont mis à contribution par leurs activités dans les carrières pour la stabilité du ménage. Ainsi, les enfants contribuent au budget familial et se prennent en charge eux-mêmes pour ce qui concernent leur besoins vitaux.

    La présence des enfants dans les carrières est une preuve éloquente que les familles n'ont plus la capacité de contenance. La crise socio-économique a bouleversé toute la base familiale. L'inversion des rôles au sein du ménage, l'implication directe des enfants dans l'équilibre du ménage, la faillite de l'autorité parentale face à des enfants qui se parentalisent pendant que les parents s'infantilisent. Aussi, leur présence dans les carrières est l'expression d'une logique spatiale qui se fonde à la fois sur les innombrables besoins quotidiens qu'ils éprouvent dans leur lutte pour la survie et l'intérêt que chacun d'eux porte sur une activité pouvant lui procurer de la satisfaction (Kahola : 208, 92). La plupart des chefs de famille ne parviennent plus à remplir leur rôle de pourvoyeur du foyer. De ce fait, ils associent leurs enfants au budget du ménager.

    89

    Carla et Andrea (2007 : 100-101) font remarquer que la famille n'est pas un espace privé où se joue la conjugalité et la filiation, elle constitue aussi une unité sociale et économique fondamentale. Sur ce point, le chômage et la précarisation transforment aussi les relations familiales entre conjoints et entre parents et enfants. A la culture ouvrière des parents succède la culture de la précarité des jeunes. Ce changement est considérable et inscrit une rupture brutale dans l'ordre de succession des générations. Les modalités d'entrée dans la vie adulte se sont métamorphosées en l'espace d'une génération. L'inscription précoce dans le monde adulte, l'obligation de se confronter jeune aux difficultés de la vie. Les enfants se prennent en charge et prennent en charge leurs parents.

    3.1.2.6. Point de vue des enfants par rapport à l'exécution des activités
    rémunératrices dans les sites miniers artisanaux.

    Les avis des enfants sont partagés par rapport à l'exécution des activités rémunératrices dans les sites miniers. Les uns reconnaissent que les carrières ne sont pas des lieux favorables pour leur épanouissement et leur éducation. Ils sont conscients des dures conditions dans lesquelles ils travaillent. Ils se justifient que c'est pour chercher de l'argent qu'ils sont là. Ils émettent le souhait de quitter la carrière et poursuivre les études afin de devenir une autorité. Par rapport à la vision sur leur avenir, Gaël et Monga déclarent :

    « Nous voulons que nous soyons comme madame le maire de la ville, le Gouverneur de province. C'est pourquoi nous voulons étudier pour devenir comme eux ».

    Ils condamnent leurs amis qui dilapident leurs revenus, et condamnent également l'argent disant que c'est un mauvais conducteur. Car, certains de leurs amis s'adonnent à des mauvais comportements à cause de l'argent.

    Les autres par contre ne voient aucun danger dans l'exécution des tâches dans les carrières. Ils jurent même de ne pas abandonner l'exécution des activités dans la carrière, sauf si les minerais s'épuisent. Ils considèrent les travaux qu'ils exécutent comme solution pour résoudre les difficultés qu'ils connaissent. Nous comprenons que la grande préoccupation de ses enfants est la question de savoir : quitter les carrières pour s'adonner à quelle autre activité ? Lorsqu'il n'y a pas des structures pour prendre en charge ces enfants, ils sont

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    contraints d'exercer les activités dans ces lieux afin d'avoir de l'argent. Les déclarations de Kahenga et son frère Patrice en témoignent :

    Kahenga et Patrice en témoignent :

    « L'exploitation minière artisanale peut prendre fin un jour car, les mineras s'épuisent. Mais, nous avons du mal à pouvoir abandonner ce métier, parce que nous ne savons pas qu'est-ce que nous allons de nouveau faire pour avoir de l'argent. Si cette activité prenait fin, les gens vont mourir de faim. Tout le camp GCM Kapata sera vidé de sa population. L'exploitation minière artisanale est l'unique activité qui facilite un grand nombre de gens à avoir de l'argent. Beaucoup de creuseurs ne savent pas cultiver. Nous avons du mal à pouvoir abandonner ce boulot. A condition que nous ayons un autre boulot rémunérateur comme celui-ci ».

    Ainsi, ces acteurs justifient leur présence sur les sites miniers et considèrent l'exécution des activités rémunératrices comme la solution permettant de résoudre les difficultés qu'ils connaissent (Debuyst et Joos : 1971, 146).

    3.1.2.7. Point de vue des parents par rapport aux activités rémunératrices
    qu'exercent les enfants dans les sites miniers artisanaux

    Les parents avec qui nous nous sommes entretenu lors de la récolte des données de terrain, ont répondu que les activités auxquelles se livrent les enfants dans les carrières est une façon de se débrouiller. Au lieu de croiser les bras, vaut mieux qu'ils apprennent à se débrouiller. Pascal (2002, 16) note que sous la pression des crises qui les traversent, beaucoup de familles se débrouillent, font preuve d'ingéniosité, tentent de trouver des ressources et des appuis dans la communauté. Elles entrent dans un lent processus de métamorphose en tissant des relations diversifiées avec leur environnement. D'après les dires des parents, les enfants qui les accompagnent dans l'exécution des différentes activités dans les sites miniers sont initiés à la débrouille de la même manière qu'ils les initient aux travaux champêtres. Ils déclarent qu'ils n'ont pas d'emploi. Alors, ils se demandent ce que deviendront leurs enfants s'ils ne savent pas se débrouiller. Ils ne trouvent aucun danger lorsqu'ils se font accompagner

    91

    de leurs enfants dans les sites miniers. Un parent nous a déclaré « tuta fanya nini ? Makazi ainako ». Qui veut dire qu'allons faire, il n'y a pas d'emploi.

    3.1.2.8. Les sites miniers artisanaux : lieux de divertissement pour les enfants

    Les enfants ne sont pas toujours dans les sites miniers artisanaux pour chercher de l'argent. Il y en a ceux qui s'adonnent aux activités ludiques. Ils trouvent les sites miniers comme un lieu de plaisir. Ainsi, ils s'adonnent à plusieurs jeux dans les eaux où l'on lave les minerais et dans les sables qui entourent les carrières. Parmi ces jeux nous citons : le foot, le catch, la boxe, le Karaté, la nage, la course, etc. Bref, pour une certaine catégorie d'enfants, les carrières sont des espaces de rencontre pour les jeux. Les propos de Kahenga et Patrice témoignent :

    « Il y a les enfants qui creusent les minerais, certains lavent, d'autres ramassent, d'autres encore chargent les minerais dans des camionnettes pour aller les laver. Il y a aussi d'autres qui jouent au jeu de cartes ».

    3.2. Impacts négatifs de la présence des enfants dans les sites miniers

    artisanaux

    L'environnement minier artisanal tel qu'il se présente, n'est pas propice pour l'épanouissement des enfants. Les conditions de travail laissent à désirer. Le rapport de Groupe One (2007, 8) précise que les conditions de travail et d'emploi sont mauvaises et souvent très dangereuses. Les creuseurs travaillent pieds nus, sans équipement de production. Les enfants au même titre que les autres, travaillent dans les conditions dangereuses sans mesures de protection ou de sécurité. D'après le rapport du BIT (2009, 9), le travail devient un problème quand il entraine des conséquences sur le développement de l'enfant. Ces conséquences peuvent être physiques (notamment par une dégradation de l'état général) ;

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    psychologique (attachement à la famille, sentiment d'amour et d'acceptation) ; sociales et morales ou encore cognitives. 13

    Les mauvaises conditions de travail exposent les enfants à plusieurs dangers. Les outils et les équipements de sécurité, lorsqu'ils existent, ont été conçus pour des adultes et ne correspondent pas à la taille des enfants. Ces derniers manipulent les minerais sans aucune protection. Tous les enfants qui se trouvent dans les sites miniers artisanaux sont en situation de danger.

    3.2.1. Enfants en danger

    Comme nous l'avons expliqué dans le chapitre premier, Jean Audet et Jean François Katz (2006, 111-116) expliquent la notion des enfants dits « en danger » que ce sont les enfants maltraités et les enfants en risque.

    3.2.1.1. Les enfants maltraités

    Les enfants maltraités sont ceux qui sont victimes de violences physiques, cruautés mentales, abus sexuels, négligences lourdes ayant des conséquences graves sur leur développement physique et psychologique (Idem: 2006, 111). La loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant en RD Congo, ne définit pas le mot « enfant maltraité ». Par contre, elle précise seulement en son article 62 alinéa 5, ce qui suit : est considéré comme en situation difficile et bénéficie d'une protection spéciale, l'enfant habituellement maltraité. L'article 2 alinéa 4 précise que l'enfant en situation difficile est celui qui ne jouit pas de ses droits fondamentaux et qui n'a pas accès aux services sociaux de base tels que la santé, le logement, l'alimentation et l'éducation. Les enfants qui sont dans les sites miniers artisanaux subissent parfois quelques maltraitances, que nous étayons dans la partie ci-dessous.

    A. Les maltraitances subies par les enfants de la part des creuseurs adultes

    Certains enfants subissent des maltraitances de la part soit des creuseurs adultes, soit des autres acteurs oeuvrant dans les sites miniers artisanaux. Les témoignages des enfants prouvent qu'ils sont victimes parfois des pratiques dégradantes de la part des creuseurs

    13 www.ilo.org/ipecinfo/product/downkoad.do.jsessionid...?type...id.

    93

    adultes. Ces derniers les giflent, les injurient, leur jettent des cailloux, les tirent les oreilles ou les cheveux, les chassent une fois qu'ils passent tout près de leurs minerais. Ils les considèrent comme des petits voleurs des minerais. A ce sujet, Jean Audet et Jean François Katz (2006, 113- 114) précise que les violences physiques sont les plus facilement diagnostiquées. Il s'agit essentiellement de coups parfois très violents, mais aussi de gifles, oreilles et cheveux tirés, secousses brutales. Il en résulte des lésions cutanées, plaies, hématomes, ecchymoses. Monga avec ses coéquipiers trouvés dans la carrière 5 ans, dénoncent les maltraitances qu'ils subissent de la part de creuseurs adultes :

    « Nous subissons parfois de mauvais traitements de la part des creuseurs. Ils nous giflent, nous tabassent si nous passons juste à côté du remblai de leurs minerais. Ils nous considèrent comme étant de voleurs de leurs minerais. Comme nous sommes enfants, nous n'avons pas la force de faire face à leur violence. L'unique moyen de se sauver est de fuir ».

    Mbuyi et ses 5 amis ont aussi relevé quelques maltraitances subies en ces termes :

    « Les creuseurs nous envoient pour leur acheter les cigarettes, les boissons alcooliques (Kabondo, Bols et Munkoyo)14, etc. Si seulement nous osons refuser, ils nous chassent même de la carrière. Pour ne pas être chassés, nous sommes obligés de leur obéir. Il arrive même que certains creuseurs nous ravissent tous les minerais ramassés, sous prétexte que nous les ramassons sur leurs remblais. Etant enfants, nous n'avons pas la force de les battre. Nous restons sans rien faire ».

    Ces déclarations sont répétées également par Kahenga et Patrice, ils rassurent être victime de maltraitances de la part des creuseurs adultes.

    Les filles qui vendent des denrées alimentaires ne sont pas épargnées aux maltraitances des creuseurs. Elles déclarent subir des mauvais traitements. Cela est le cas du témoignage de Dorcas et ses cinq amies, toutes vendeuses des denrées alimentaires dans la

    14 Les termes Kabondo et Bols désignent les boissons alcooliques à forte dose. Il s'agit du whisky qui a 40 à 45% de vol. Tandis que Mukonyo est une boisson locale non alcoolique faite sur base de la farine de maïs ou de la farine de manioc mélangée aux tisanes avec de l'eau qui se fermente au bout de quelques jours.

    94

    carrière dite « 5 ans ». Dans leur témoignage éloquent, les filles dénoncent les mauvaises pratiques qu'elles subissent de la part de creuseurs :

    « Nous sommes sujets de mauvais traitements de la part des creuseurs. Ils nous injurient et touchent nos seins avant de payer nos dettes. Surtout lorsque qu'un creuseur vous drague et que vous refusez, il va beaucoup vous injurier. Même pour payer les dettes, ils payent difficilement. Parfois, ils nous font attendre jusque le soir, pour nous payer. D'autres fuient carrément avec nos dettes ».

    Tous ces propos témoignent les différentes maltraitances que subissent les enfants dans les sites miniers. Jean Audet et Jean François Katz (2006, 114) explicitent que le terme de « maltraitance physique » est souvent employé pour toutes formes de traumatismes non accidentelles infligés aux enfants par les adultes, les parents ou ceux qui ont la garde ou la responsabilité des enfants.

    Un autre groupe d'enfants nous a déclaré :

    B. Les maltraitances subies par les enfants de la part des négociants

    Les enfants subissent aussi des mauvais traitements de la part des négociants. Ces deniers les trompent quant aux prix à leur payer après avoir leur rendu des services. Ils sont également mal payés lors de la vente des minerais aux négociants. Ces derniers leurs donnent de l'argent qui n'équivaut pas à la vraie valeur des minerais achetés. Ainsi quelques enfants ont déclaré :

    « Certains acheteurs nous volent les minerais, en nous trompant le poids. Les balances qu'ils utilisent sont réglées de manière à afficher un poids inférieur par rapport au poids réel ».

    95

    « Nous cassons les pierres à la recherche du vrai minerai de malachite que nous vendons aux négociants à 350 et 400 Francs par Kilos. Le prix varie selon la qualité du minerai. Il arrive parfois nous amenons du bon minerai, mais le négociant nous donne l'argent pour le minerai de moindre qualité. Cela nous arrive parce que nous sommes des enfants ».

    Cette manière de se comporter des négociants est une exploitation des enfants. Le

    rapport de la BIT (2009, 9) sur les questions de genre, le travail des enfants et les pires formes du travail des enfants dans les mines et carrières au Burkina-Faso, éclaire que l'Unicef a élaboré il y a environ dix ans, une série de critères pour désigner un travail qui relève de l'exploitation de l'enfant. Ces critères sont :

    · Un travail à temps plein à un âge trop précoce ;

    · Trop d'heures consacrées au travail ;

    · Des travaux qui exercent des contraintes physiques, sociales et psychologiques excessives ;

    · Une rémunération insuffisante ;

    · L'imposition d'une responsabilité excessive ;

    · Un emploi qui entrave l'accès à l'éducation ;

    · Des atteintes à la dignité et au respect de soi des enfants ;

    · Un travail qui ne facilite pas l'épanouissement social et psychologique complet de l'enfant.

    Ce rapport poursuit que les enfants sont souvent très mal payés voire pas du tout rémunérés, les plus souvent, leurs conditions de travail dépendent entièrement de l'employeur15. Dans le même ordre d'idées, Luc Claessens (2008, 14) renchérit que dans le secteur minier, la maximalisation du bénéfice passe bien avant le bien-être des enfants. Après avoir reçus une rémunération qui ne correspond pas à la tâche exécutée, les enfants ne savent pas à qui se plaindre pour avoir gain de cause.

    A cause de l'exploitation minière artisanale, les enfants subissent également des contraintes de la part de leurs parents à la maison.

    15 www.ilo.org/ipecinfo/product/download.do;jsessionid...?type...id.

    96

    C. Les contraintes parentales

    Les enfants subissent des contraintes de la part de leurs parents. Ces derniers les obligent de se rendre dans les carrières pour se débrouiller disent-ils. Ainsi, les enfants s'y rendent pour y exercer les travaux faute de quoi, ils se verront priver la nourriture. Ainsi, Falangani Mvondo (2002, 133) explique que de nombreux parents poussent d'ailleurs eux-mêmes leurs gosses à la rue, parce qu'ils sont acculés, incapables d'assumer leurs responsabilités. « Voyez les enfants du voisin, ils se débrouillent seuls. Vous avez grandi, vous ne pouvez pas en faire autant. ? Avec les parents incapables de les nourrir, expulsés de l'école pour n'avoir pas payé les frais scolaires, oisifs, inoccupés, mais soucieux d'étudier malgré tout, que peuvent faire ces enfants ? Ils les poussent à pouvoir exploiter les minerais ou encore à exercer d'autres activités rémunératrices dans les carrières afin de se prendre en charge. Cela transparait dans cet extrait de Kahenga :

    « Si vous demandez quelque chose aux parents, ils vous disent que vos amis sont en train de chercher l'argent dans la carrière et vous, vous ne faites rien. De tels propos, nous obligent à nous prendre en charge en allant chercher l'argent dans les carrières. Si nous n'amenons rien, les parents nous traitent de gourmant, comme quoi, nous avons dilapidé tout l'argent dans la carrière ».

    Une fois que les enfants n'ont rien trouvé en termes d'argent, ils sont mal alaise de pouvoir rentrer à la maison, parce qu'ils seront traités de gourmands.

    Les enfants doivent être entendus. Leurs opinions au sujet des questions qui les concernent doivent être prises en compte, eu égard à leur âge et à leur degré de maturité (Hoop Roland : 2001, 18). Contraindre l'enfant afin qu'il exécute une tâche rémunératrice dans la carrière, est un comportement réprimé par la loi.

    Il convient de réaffirmer avec Malemba (2003, 51-55) que la place qu'occupe l'enfant dans les milieux congolais est définie par la considération de la valeur culturelle allouée à l'enfant. L'enfant apparait comme étant un germe du groupe et une ressource assurant l'humanité de ses parents. Du point de vue physique et psychologique, l'enfant est un être immature dont le développement requiert soutien et entretien de la part de ses parents fussent-

    97

    ils biologiques ou sociaux. C'est pourquoi la procréation et l'amélioration du sort de l'enfant qui nait sont des préoccupations légitimes dans toutes les coutumes du Congo et de la part du monde entier. Mais les besoins de base de l'enfant ne se sont toujours pas satisfaits, et ses droits fondamentaux non quotidiennement respectés. Ce qui met en péril le devenir responsable et productif de l'enfant d'aujourd'hui et adulte de demain. Au lieu d'assurer la sécurité de leurs enfants, certains parents les insécurisent en les contraignant d'exécuter quelques tâches dans les carrières.

    Face à toutes ces maltraitances, nous notons avec Hamuli (2007, 25) que le travail des enfants dans les zones d'exploitation minière artisanale comme une main d'oeuvre bon marché, entretient des violations des droits de l'enfant. Raison pour laquelle la loi Congolaise protège l'enfant contre toutes formes d'exploitation économique de l'enfant par l'article 58 de la loi portant protection de l'enfant : L'enfant est protégé contre toutes les formes d'exploitation économique. L'exploitation économique s'entend de toute forme d'utilisation abusive de l'enfant à des fins économiques. L'abus concerne notamment le poids du travail par rapport à l'âge de l'enfant, le temps et la durée du travail, l'insuffisance ou l'absence de la rémunération, l'entrave du travail par rapport à l'accès à l'éducation, au développement physique, mental, moral, spirituel et social de l'enfant.

    L'article 147 stipule : Les coups et blessures volontaires portés sur l'enfant sont punis de trois à six mois de servitude pénale principale et d'une amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais. En cas de préméditation, l'auteur est passible de six à douze mois de servitude pénale principale et d'une amende de cent cinquante mille à trois cent mille francs congolais.

    3.2.1.2. Les Enfants en risque

    Pour Jean Audet et Jean François Katz (2006, 116), l'enfant en risque est celui qui connaît des conditions d'existence menaçant sa santé, sa sécurité, sa moralité, son éducation ou son entretien, mais sans qu'il soit maltraité. Le risque provient de l'environnement socioéconomique et culturel. Le rapport de l'ONU (2011, 13) sur les formes contemporaines d'esclave, fait état de l'exposition des enfants aux mêmes risques que les adulte, mais les enfants n'ont pas la même force et le même jugement pour se protéger des dangers. Le travail

    98

    a sur eux des effets beaucoup plus graves que sur les adultes en raison de leur stade de développement anatomique, physique et psychologique, ce qui les place dans une situation de vulnérabilité accrue.16

    Tous les enfants qui sont dans les sites miniers artisanaux sont en situation de risque. Ainsi, il y a le risque sanitaire, le risque par rapport à la scolarité, etc.

    A. Risque par rapport à la santé

    Les enfants sont en situation de risque sanitaire par effet d'être dans les sites miniers artisanaux. Seydou (2001, 22), note que les risques sanitaires sont grandes pour les enfants qui sont affectés pendant plusieurs heures par jour au creusage, lavage, triage, concassage, tamisage et au transport des minerais. Le risque ne s'arrête pas uniquement à cette catégorie. Même ceux qui vendent des denrées alimentaires sont concernés par le risque, y compris les bébés. De par la présence de leurs mères sur les sites, les bébés sont exposés dès leur plus jeune âge à la poussière et à la chaleur des rayons solaires.

    Ceux qui exploitent les minerais du cuivre et du cobalt, le font sans aucune protection.

    Ils sont pieds nus et mains non protégées. Les autres qui lavent, concassent, trient, tamisent les minerais le font également sans aucun équipement approprié. Or ces minerais sont parfois accompagnés des matières chimiques, et qui nécessitent une protection pour leur manipulation. De telles conditions de travail, affectent la santé et la sécurité des enfants. Ces conditions provoquent des maladies telles que :

    · Les infections pulmonaires et la silicose dues aux fines poussières ;

    · Les infections oculaires ;

    · Les infections dermatologiques diverses ;

    · Les risques de surdité pour ceux qui concassent les minerais ;

    · Les maladies hydriques ;

    · L'hémorragie nasale ;

    · La malaria ;

    · La verminose ;

    16 www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/.../A_HRC_24_43_Add.2_FRE.doc

    99

    · La fièvre ;

    · L'anémie ;

    · La lombalgie ;

    · La fatigue ;

    · Les céphalées ;

    · La grippe ;

    · Les coliques.

    La précarité de la situation alimentaire des enfants constitue un autre facteur de risque sur les sites miniers. Les enfants mangent sans tout fois se laver les mains. A ce propos, le rapport de l'Unicef (2006, 24) sur le travail des enfants dans les mines et carrières du Kasaï oriental, soutient que l'utilisation du savon assez systématique quand il s'agit de se laver, n'est pas à l'honneur au moment du repas. Par ignorance autant que faute de moyens, les enfants travaillant dans les carrières ne font guère usage du savon avant la prise d'aliments, ce qui les expose aux maladies dites des mains sales. Gaël et son frère Monga explique la situation des maladies dans les sites miniers artisanaux en ces termes :

    « Nous souffrons des maladies telles que la toux, le rhume, la tuberculose qui sont causées par la poussière que nous inhalons ».

    Par rapport aux maladies, Kahenga et ses 5 autres amis expliquent que l'eau dans laquelle on lave les minerais n'est pas propre. Elle est pleine d'acide. Les propos de Kahenga et ses 5 amis se traduisent en ces termes :

    « Oui parfois, nous tombons malade. D'abord l'eau dans laquelle nous lavons les minerais est très sale. Cela cause des maladies. Si vous n'êtes pas habitué à cette eau, vous risquez de tomber malade. Car, il y a de l'acide dans cette eau. Après avoir terminé à laver les minerais, le soir nous avons des chatouillements dans tout le corps à cause de la mauvaise qualité de l'eau. Et même la peau de nos paumes de mains est détruite à cause de l'acide qui se trouve dans les minerais ».

    100

    Tous les lieux de lavage des minerais visités, sont constitués des eaux stagnantes. Les minerais sont ainsi lavés dans ces mêmes eaux toutes les années. L'opération de lavage des minerais consiste à enlever la terre et les gangues qui accompagnent les minerais. Or, les gangues sont des compositions chimiques qui accompagnent les minerais. Kayeye17 relate comme suit la situation de la pollution des eaux dans la ville de Kolwezi :

    « Les rivières de la ville de Kolwezi sont toutes polluées. Il y a quelques années, on avait prélevé l'eau de la rivière Kalongo pour tester sa qualité. Le résultat était que l'eau de cette rivière était totalement polluée. Surtout, ce sont

    les gangues qui accompagnent les minerais qui dénaturent la bonne qualité d'eau. Les gangues sont des compositions chimiques ».

    Willy Kitobo (2009, 25-47) fait remarquer que dans une étude menée au mois de juin 2005 sur un échantillon d'environ 40 enfants de moins de 3 ans de la population voisine des digues à rejets de Kipushi, a montré que 50 % d'entre eux présentaient des teneurs en plomb dans le sang dépassant la limite admise. Du fait que la teneur en plomb dans les tailings est plus grande que celle en cadmium, le risque du saturnisme (intoxication aigüe au plomb) chez les enfants est plus grand. Certes, les risques sanitaires sont grands pour les enfants qui fréquentent les sites d'exploitation minière.

    Les enfants qui manipulent les minerais peuvent facilement être irradiés, parce que dans certains sites, il y a des minerais radioactifs. A ce propos, les témoignages de Kayeye et Djibu corroborent : Il y a certains sites qui sont radioactive à Kolwezi, malheureusement, on y trouve beaucoup d'enfants. Lors des entretiens avec les enfants, nous avons constaté qu'ils étaient informés de la radioactivité. Cela ressort dans la déclaration de Gaël :

    « Il y a présence de l'uranium dans certains minerais. L'uranium est très dangereux, car il détruit le corps humain, en brulant les entrailles et conduit à la mort. A cause de l'uranium, les femmes enceintes mettent au monde des enfants déformés. Mais les minerais que nous extrayons dans cette carrière n'a pas de l'uranium. Car un test de radioactivité a déjà été fait, le résultat avait indiqué qu'il n'y avait pas d'uranium dans les minerais extraits de cette carrière ».

    17 Kayeye est le chargé des techniques et opérations au bureau SAESSCAM/Kolwezi. Il est Géologue de l'Université de Lubumbashi.

    101

    Malgré la sensibilisation, aucune mesure n'est prise afin de les empêcher à accéder dans les sites. A part les maladies, il y a également les accidents qui menacent la santé des enfants. Le travail de concassage et de grattage expose les enfants à des risques des blessures. Kahola (2008, 122) précise que les accidents sont fréquents dans l'univers des exploitants artisanaux. Parmi les garçons qui ont affirmé avoir été victimes d'accidents dans la carrière, ils font mention aux blessures, à l'éboulement et à la tombée dans les puits d'extraction des minerais. Les éboulements, les blessures, les fractures sont fréquentes dans les carrières. Dans ces conditions, les carrières deviennent dangereuses pour les exploitants artisanaux et plus particulièrement les enfants. Face à cette situation, Patient s'exprime :

    « Le mal de ce boulot, ce sont les maladies, les éboulements et les accidents ».

    Ce témoignage montre que les enfants savent tous les risques qui peuvent leur surgir. Ils en sont conscient, raison pour laquelle certains prennent de dispositions pour les échapper.

    Enfin, un autre risque sanitaire auquel font face les enfants, c'est la consommation d'alcool, de la drogue et de la cigarette. Quelques enfants s'adonnent à ce comportement. La déclaration de Gaël est éloquente par rapport à la consommation de la bière, de l'alcool et de la cigarette :

    « Une chose est que l'argent est un mauvais conducteur, car il détruit les enfants. Certains vont au cinéma en lieu et place de l'école. D'autres fument les cigarettes et boivent des boissons alcooliques. Tout cela, parce qu'ils gagnent facilement de l'argent ».

    La consommation des boissons alcooliques et de la cigarette par les enfants a été également relevée par Kahenga et Patrice en ces termes :

    « Certains de nos amis se comportent mal dès qu'ils ont de l'argent. Soit ils

    fument et boivent de boissons alcooliques. Soit encore ils vont aux cinémas ».

    102

    Face à cette situation, Kahola (2008, 143-145) souligne que la consommation des cigarettes, des boissons alcooliques et de la drogue est liée à la vie des exploitants miniers. Les uns fument ou se droguent afin de se revigorer dans le travail lorsqu'ils se sentent épuiser. Les autres, après une longue journée de travail ne se privent pas de boire pour oublier les rudes conditions de travail dans les carrières. Ils trouvent que les carrières leur prennent beaucoup de temps. Quand ils ont gagné assez d'argent, ils vont se distraire avec les amis, question de briser la monotonie de leur vie. Certains enfants qui exercent les activités

    rémunératrices dans les sites miniers grandissent avant l'âge, en acquérant des
    comportements qui ne correspondent pas à leur âge, tels fumer du chanvre, boire des boissons alcooliques à forte dose, etc.

    B. Le Risque par rapport à la scolarité

    Certains enfants fuient l'école et vont dans les carrières pour s'adonner aux différentes activités soit rémunératrices, soit ludiques. A ce propos, Kahola (2008, 77) soutient que les études primaires ne sont pas gratuites pour autant. Cet enseignement de base n'est malheureusement pas donné à tous les enfants. Les uns sont obligés de travailler dans les carrières pour supporter les frais scolaires, les autres, parce qu'ils n'y trouvent pas de l'intérêt. A ce sujet, Kahenga et Patrice déclarent :

    « Nous étudions tous. Moi, je suis en deuxième secondaire et Patrice est en 6ème à l'école primaire Nyota. Il est en retard parce qu'il a abandonné les études pendant deux ans. Il fouillait les cours pour exploiter les minerais dans la carrière. Parfois, il nous arrive à penser de la carrière, lorsque nous sommes dans la classe. C'est pourquoi certains d'entre nous, fuient l'école pour se rendre dans la carrière, en cachant les objets classiques sous la culotte pour échapper à la vigilance de l'enseignant. Ils feignent comme s'ils vont à la toilette, puis ils fuient et se rendent dans la carrière ».

    Le rapport de l'Observatoire du Changement urbain (2006, 7) précise qu'il a été constaté que la proximité géographique joue un rôle important dans l'attrait des enfants dans les carrières et les mines. Il en est de même en ce qui concerne l'abandon scolaire, l'appartenance à une famille pauvre et le fait d'avoir les proches, amis et membres de famille

    3.3.1. La logique de rendre service

    103

    travaillant dans les mines et carrières. Le rapport de Global Witness (2006, 32) renchérit qu'en général, beaucoup d'enfants commencent à travailler dans les mines pendant les vacances scolaires. Certains cessent ensuite complètement d'aller à l'école car leurs familles n'ont pas les moyens de payer leurs frais de scolarité. Mais aussi, il y a ceux qui fuient d'eux même l'école pour se rendre dans la carrière. Gaël explique :

    « Il y a ceux qui abandonnent eux-mêmes l'école. Ils considèrent les heures de s'assoir dans une classe en train de suivre les enseignements comme du temps perdu. Les autres trompent la vigilance de leurs parents. Le matin, ils s'habillent en uniforme scolaire, mais ils n'arrivent pas à l'école. Ils cachent dans les sacs la tenue de la carrière. Après avoir travaillé, à 12H30, heure de la sortie de l'école, ils se lavent, mettent de nouveau l'uniforme et rentrent à la maison. Vers 14 heures, ils reviennent de nouveau exploiter les minerais dans la carrière jusqu'à 18 heures. Nous condamnons ce type de comportement. Mais aussi, il y a d'autres enfants qui se comportent bien tout en apportant un secours financier à leurs parents ».

    Le risque d'abandon scolaire est grand pour ces enfants qui étudient et qui fréquentent en même temps les sites miniers, en y exerçant quelques activités rémunératrices.

    3.3. Les logiques explicatives de la présence des enfants dans les sites miniers à

    Kolwezi

    L'explication des préoccupations auxquelles s'adonnent les enfants dans les sites miniers artisanaux à Kolwezi passe par 5 logiques qui sont :

    · La logique de rendre service ;

    · La logique Lucrative ;

    · La logique de divertissement ;

    · La logique touristique ;

    · La logique de dépendance maternelle.

    104

    Cette logique signifie que les enfants qui exécutent différentes activités rémunératrices dans les sites miniers, ne le font pas pour leur propre compte. Ils rendent services soit à leurs parents avec qu'ils constituent une unité de travail, soit encore à leurs amis ou autres personnes, sans toutefois s'attendre à une contrepartie. C'est la personne à qu'ils rendent service qui sera rémunérée. Eux le font par souci de rendre service. C'est le cas des enfants qui aident leurs parents dans l'exécution des tâches dans les sites.

    3.3.2. 1a logique lucrative

    C'est comme on dit : tout travail mérite un salaire. Pour cette logique, les enfants visent un gain lucratif pour toutes activités qu'ils exercent sur les sites miniers. Ils sont à la recherche de l'argent afin de subvenir soit à leurs besoins propres, soit encore aux besoins familiaux. Le rapport de l'ONU (2011, 9) sur les formes contemporaines d'esclave, y compris leurs causes et leurs conséquences, note : dès lors que les parents sont incapables de pourvoir à leurs besoins fondamentaux, les enfants travaillent pour compléter le revenu de la famille. Cette logique correspond au registre « self-service » qui reprend toutes les pratiques et stratégies dont l'objectif est l'accumulation, la survie et la débrouille (Tshinyama : 2009, 327).

    3.3.3. 1a logique de divertissement

    Les sites miniers ne sont pas toujours des lieux où l'on exécute différentes activités afin de gagner de l'argent. Ces lieux servent également des terrains où les enfants s'adonnent aux différents jeux. Tous les sites investigués ne sont pas très loin des habitations. Les enfants y accèdent facilement. Les uns s'donnent aux activités ludiques pour se divertir. Nous reconnaissons avec Mutombo (2011, 79) que chez les tout petits enfants la carrière, n'est plus un lieu à leur interdiction, mais plutôt c'est un parc d'attraction ludique. Ils n'y vont pas pour exploiter les minerais, mais plutôt pour jouer, car ils n'ont pas autre espace pour organiser librement leurs jeux.

    3.3.4. 1a logique touristique

    Certains enfants se retrouvent dans les sites miniers pour observer la manière dont les différentes activités s'y déroulent, sans toutefois participer à l'accomplissement de ces activités. Ils font le tourisme des carrières. Cela se passe souvent lorsqu'un enfant est envoyé par ses parents d'une cité à une autre. Au lieu que l'enfant se rende directement là où il est

    105

    envoyé, ce dernier peut s'arrêter dans une carrière observant ce que font les autres comme activité. Et après, il poursuit son chemin.

    3.3.5. La logique dite : effet d'entrainement

    Cette logique concerne les « sans voix » « les bébés » qui sont dans des sites miniers par le fait de la présence de leurs mères. Les uns sont portés par leurs mères ou par leurs frères et soeurs qui les bercent, ou endormis. Ces enfants n'ont pas de choix. Leur présence dans les sites miniers artisanaux est justifiée par la présence de leurs mères. C'est comme l'on dit : l'accessoire suit le principal. L'accessoire ce sont les bébés et le principal ce sont les mères. Les bébés dépendent directement de leurs mères. Ils sont là ou se trouvent leurs mères.

    Pour terminer, voici ci-dessous de manière synthétique, le tableau explicatif de la présence des enfants dans les sites miniers artisanaux. Ce tableau synthétise toutes ces 5 logiques que nous venons d'énumérer ci-haut.

    106

    Tableau n°7 : Les logiques explicatives de la présence des enfants dans les sites miniers

    Groupes
    d'enfants

    Les logiques explicatives

     

    Lucrative

    Divertissement

    Touristique

    Dépendance
    maternelle (Effet
    d'entrainement)

    01

    Enfants en
    activités
    rémunératrices

    +

    +

    -

    -

    -

    02

    Enfants en
    activités non
    rémunératrices

    +

    -

    +

    +

    -

    03

    Les sans voix

    -

    -

    -

    -

    +

     

    Il ressort du tableau ci-dessus les explications ci-après :

    · Les enfants en activités rémunératrices travaillent soit pour le compte d'autres personnes à qu'ils rendent service (les parents ou autres personnes). Soit ils travaillent pour leur propre compte. Pendants qu'ils exécutent quelques activités rémunératrices, ils ne peuvent pas faire le tourisme ou encore s'adonner aux jeux. Ces enfants ne sont pas dépendants de leurs mères.

    · Les enfants en activités non rémunératrices rendent aussi services sur les sites miniers soit à leurs parents soit à d'autres personnes. Ils ne visent pas le lucre. Les uns s'adonnent aux divertissements et d'autres font le tourisme dans les sites. Leur présence dans les sites n'est pas liée à leurs mères.

    · Enfin, les enfants dits « sans voix » leur présence dans les sites est liée à la présence de leurs mères. Ils sont tout petits et incapables de faire quoi que ce soit. Ils dépendent totalement de leurs mères. L'accessoire suit le principal.

    107

    Conclusion

    Les enfants sont des êtres protégés par plusieurs textes légaux. En 2001, le Congo a approuvé une convention de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) qui mentionne clairement que les formes les plus lourdes de travail des enfants sont interdites et oblige l'État à entreprendre des actions pour les bannir. Ainsi, la RD Congo a mis sur pied la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant. L'exposé de motif de cette loi déclare : La condition de l'enfant dans le monde en raison de sa vulnérabilité, de sa dépendance par rapport au milieu, de son manque de maturité physique, intellectuelle et émotionnelle, nécessitant de soins spéciaux et une protection particulière n'a cessé d'interpeller depuis un certain temps la communauté internationale et nationale.

    L'article 6 de cette loi stipule : L'intérêt supérieur de l'enfant doit être une préoccupation primordiale dans toutes les décisions et mesures prises à son égard. Par intérêt supérieur de l'enfant, il faut entendre le souci de sauvegarder et de privilégier à tout prix ses droits. Sont pris en considération, avec les besoins moraux, affectifs et physiques de l'enfant, son âge, son état de santé, son milieu familial et les différents aspects relatifs à sa situation.

    A partir du code minier de 2002, la présence des enfants dans des sites miniers artisanaux n'est pas autorisée. L'article 26 stipule que seules les personnes physiques majeures de nationalité congolaise peuvent acquérir et détenir les cartes d'exploitant artisanal (...). L'article 111 poursuit que seuls les détenteurs des cartes d'exploitant artisanal en cours de validité pour la zone concernée sont autorisés à exploiter l'or, le diamant ou toute autre substance minérale qui est exploitable artisanalement. Enfin, l'article 27 énumère les personnes non éligibles pour solliciter une carte d'exploitant artisanal, dont les enfants. Ces derniers sont frappés d'incapacité juridique prévue à l'article 215 de la loi n°87-010 du 01 août 1987 portant Code de la Famille.

    Pour sécuriser les enfants à Kolwezi, deux arrêtés urbains ont été signés par le Maire de cette ville afin de protéger les enfants contre tout danger pouvant leur survenir par le fait de leur présence dans les carrières et mines. Le premier est l'arrêté urbain n°2006/04/VK/B/M du

    108

    20 avril 2006 portant interdiction de la présence des enfants mineurs et des femmes porteuses des enfants de bas âges dans les carrières sur toute l'étendue de la ville de Kolwezi. Le deuxième est l'arrêté urbain n°2007/22/VK/B/M du 15 novembre 2007 portant renforcement des mesures relatives à l'interdiction de la présence des enfants mineurs et des femmes dans les carrières sur toute l'étendue de la ville de Kolwezi. La police des mines et des hydrocarbures, service compétant dans la sécurisation des sites miniers, a été instruite pour faire respecter cette mesure, ainsi que le SAESSCAM qui est le service chargé d'assistance et d'encadrement des creuseurs.

    Prendre une décision est une chose, la faire exécuter en est une autre. Les efforts fournis jusqu'à ce jour par les autorités ont donné cependant très peu de résultats. Ces efforts ne sont pas allés plus loin si ce n'est que des campagnes de sensibilisation. La Police des mines et des Hydrocarbures ainsi que le Service d'assistance et d'encadrement du small scale mining sensés d'interdire l'accès des enfants dans les sites miniers font partie de la catégorie des personnes à faibles revenus. Nous sommes d'accord avec Mutombo (2001,76) lorsqu'il écrit qu'en dépit des arrêtés interdisant la présence des enfants dans les carrières et mines de Kolwezi, les filles et garçons âgés de moins de 18 ans, y sont toujours nombreux. A en croire leur discours, ils proviennent pour la plupart des familles à faible revenu, des familles précarisées comme celles des agents de l'Etat, des éléments de la Police Nationale, de l'Armée, des travailleurs manoeuvres, des déplacés de guerres, des déplacés internes, des parents sans emplois et enfin des anciens agents de la Gécamines retraités lors de l'opération dite « départ volontaire ».

    Face à cette situation, nous avons initié cette étude avec deux objectifs. Le premier était la compréhension même du phénomène et le deuxième était d'éclairer les jeux, les enjeux et les logiques derrière la présence des enfants dans les sites miniers. Pour arriver à répondre à ces objectifs, nous nous sommes posé la question suivante : Que font les enfants dans les sites miniers artisanaux ?

    La compréhension du phénomène à l'étude a nécessité deux grilles de lecture des faits. Il s'agit de l'acteur social qui montre que le comportement de l'acteur a toujours un sens caché. La deuxième grille de lecture des faits mobilisée est l'interactionnisme symbolique.

    Les enfants constituent une main d'oeuvre non négligeable car, ils sont moins couteux mais efficaces. Carla et Andrea (2007, 100-101) font remarquer que la famille n'est pas un

    109

    Cette grille explique que l'individu est en interaction avec les autres acteurs. Les interactions naissent dans le contact avec les autres acteurs. Ainsi l'individu attribue du sens à ses actions.

    Trois groupes d'enfants ont été identifiés. Le premier est celui des acteurs que nous désignons par « enfants en activités rémunératrices ». Ce groupe est composé de 10 catégories d'enfants qui sont : les creuseurs, les remonteurs, les chargeurs, les ramasseurs, les laveurs, les trieurs, les tamiseurs, les concasseurs, les vendeurs et enfin les joueurs. Tous ces acteurs exercent différentes activités afin de gagner l'argent. Les uns accompagnent leurs parents dans l'exécution des travaux et forment avec eux une unité de production. Les autres s'adonnent aux seules activités rémunératrices. Le deuxième groupe est celui des enfants que nous désignons par « enfants en activités non rémunératrices ». Ce groupe est constitué de 5 catégories d'enfants qui sont : les crèches, les relais, les messagers, les joueurs et les spectateurs. Les acteurs faisant partie de ce groupe n'exercent pas des activités rémunératrices comme les précédents. Enfin, le dernier groupe est celui des enfants désignés comme « les sans voix ». Ces derniers sont les tout petits bébés qui sont sur les sites miniers par la présence de leurs mamans. Ils ne peuvent pas décider d'eux-mêmes s'ils peuvent y accéder ou pas. Ils subissent l'action de leurs mères.

    Les enfants qui sont dans les quatre sites investigués sont évalués à plus ou moins 350 enfants. Pour ceux qui exécutent les activités rémunératrices, les conditions de travail sont pénibles. Les enfants travaillent pieds et mains nus. Ces mauvaises conditions de travail affectent leur santé et leur sécurité. De par toutes ces conditions insalubres, les enfants tombent parfois malades. Même ceux en activités non rémunératrices courent les risques des maladies parce que tout l'environnement minier n'est pas propice pour la santé des enfants. L'exposition aux rayons solaires et à la poussière, la baignade dans les eaux où l'on lave les minerais, le fait de manger sans toutefois se laver les mains avec de l'eau propre, le fait de boire de l'eau non potable constituent un grand danger par rapport à la santé des enfants. Dans nombreux cas, les enfants grignotent quelque chose sur les sites lorsqu'ils obtiennent un peu d'argent. Mais cela n'est pas suffisant pour compenser les besoins énergétiques de la journée.

    110

    espace privé où se joue la conjugalité et la filiation, elle constitue aussi une unité sociale et économique fondamentale. Sur ce point, le chômage et la précarisation transforment aussi les relations familiales entre conjoints et entre parents et enfants. A la culture ouvrière des parents succède la culture de la précarité des jeunes. Ce changement est considérable et inscrit une rupture brutale dans l'ordre de succession des générations. Les modalités d'entrée dans la vie adulte se sont métamorphosées en l'espace d'une génération. L'inscription précoce dans le monde adulte, l'obligation de se confronter jeune aux difficultés de la vie. Les enfants prennent en charge leurs parents. Le rapport de Global Witness (2006, 32) annonce qu'en raison d'un taux de pauvreté et de chômage élevé, des ménages entiers finissent parfois par vivre de l'argent gagné par leurs enfants18.

    Malemba (2003, 49) explique que dans le contexte coutumier et traditionnel congolais, l'enfant est tout individu quel que soit son âge chronologique ou de naissance, dépend encore de ses parents (géniteurs ou sociaux) et, à cet titre, il est dépourvu de responsabilité spirituelle, morale, et sociale. L'enfant est pris en charge et placé sous l'autorité ou la protection d'un parent. Avec les enfants qui exécutent les activités rémunératrices dans les sites miniers, nous assistons à un changement des rôles. Les enfants prennent la place des parents. Cette situation, Kahola (2008, 91) l'a nommée : la parentalisation des enfants et l'infantilisation des parents.

    Vu sous d'autres aspects, les sites miniers artisanaux sont des lieux de socialisation. La socialisation est un processus par lequel sont transmises des valeurs et des normes dans le but de construire une identité sociale et d'intégrer l'individu à la société19. Les enfants apprennent à identifier du minerai qu'ils récupèrent et du non minerai qu'ils jettent. Ils apprennent également toutes les techniques pour laver, concasser et trier du minerai, ce qui les rend expérimentés.

    En bref, ce que font les enfants dans les sites miniers artisanaux s'explique par cinq logiques qui sont : la logique de rendre service, la logique lucrative, la logique de divertissement, la logique touristique et enfin la logique de dépendance maternelle. Voilà

    18 www.globalwitness.org/sites/default/files/import/kat-doc-fr-lowres.pdf . Consulté le 5 décembre 2013

    19 http://www.ac-grenoble.fr/webcurie/pedagogie/webses/premiere/culture/socialisation.htm

    111

    expliqués les jeux et les enjeux de la présence des enfants dans les sites miniers artisanaux à Kolwezi.

    Nous ne prétendons pas avoir tout dit à propos de la présence des enfants dans les sites miniers artisanaux. Le terrain reste encore plus vaste pour d'autres recherches, notamment sur l'impact de l'exploitation minière artisanale sur la santé des enfants qui sont dans et autour des sites miniers, et autres recherches.

    112

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    60. Ordonnance-Loi n° 81-013 du 02 avril 1981 portant législation générale sur les mines et les hydrocarbures.

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    79. http://www.gecamines.cd/detailinfo.php?clef=17. Consulté le 14 juin 2012.

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    118

    Les annexes

    Annexes 1 : Photo de la mine à ciel ouvert de « Ruwe Mess » à Mutoshi

    Photo prise par Kawele, le 15/09/2013

    Il s'agit de la mine à ciel ouvert de « Ruwe mess », abandonnée par la Gécamines depuis de très longues années. Actuellement, cette mine est devenue une laverie des minerais extraits de la carrière Mutoshi. Les artisanaux l'appellent « eau verte » à cause de l'eau teintée de la couleur verte.

    119

    Annexe 2 : Photo laverie de la carrière 5 ans

    Photo prise par Kawele, le 17/09/2012

    Il s'agit de la laverie de la carrière dite « 5 ans ». Cette laverie se trouve à moins d'un kilomètre de la cité Kanina à Kolwezi. Il s'agit des eaux stagnantes, communément appelées « lac Kabongo ».

    120

    Annexe 3 : Photo de la carrière « Kamilombe I »

    Photo prise par Kawele, le 22/10/2012

    Cette carrière se trouve à plus ou moins 1 Km de la cité Gécamines Kapata. Sur cette photo, on y voit la présence d'une fille.

    121

    Annexe 04 : Photo des enfants ramassant du minerai

    Photo prise par Victor, le 21/01/2014

    A l'aide des petites barres de fer, les enfants grattent dans le remblai afin de ramasser les débris du minerai.

    122

    Photo prise par Victor, le 21/01/2014

    Ils sont en pleine colline en train de ramasser du minerai.

    Annexe 05 : Photo deux tout petits enfants ramassant du minerai

    123

    Annexe 06 : Petit marché spontané

    Photo prise par Kawele, le 18/09/2013

    On voit des enfants en train de vendre quelques denrées alimentaires dans un petit marché spontané qui se situe à côté de la colline où les creuseurs exploitent du minerai.

    124

    Annexe n°6 : 1ère arrêté urbaine de la marie de Kolwezi

    125

    Annexe 07 : 2ème arrêté urbain de la mairie de Kolwezi

    126

    Annexe 08 : Tracé des sites investigués

    Les lignes en couleur brune montrent les tracées par où nous sommes passé lors de la collecte des données de terrain. Cette carte a été effectuée à l'aide d'un GPS.

    127

    Tables des matières

    Dédicace 1

    Remerciements 3

    Introduction 5

    Chapitre 1: Cadre théorique et dispositif méthodologique 7

    1.1. Construction de l'objet de recherche 7

    1.1.1. Contexte d'élaboration de l'objet de recherche 7

    1.1.2. Objet de recherche 8

    1.1.3. Etat de la question- 12

    1.1.4. La problématique de la recherche 17

    1.2. Dispositif méthodologique 23

    1.2.1. Introduction 23

    1.2.2. Choix méthodologique 24

    1.2.3. Délimitation du terrain et échantillonnage 25

    1.2.4. Dispositif de recueil des données 35

    1.2.5. Dispositif d'analyse des données 39

    1.3. Difficultés rencontrées et stratégies de contournement 41

    Chapitre 2: Les enfants dans les sites miniers artisanaux à Kolwezi 42

    2.1. Brève historique de l'exploitation minière à Kolwezi 43

    2.1.1. Historique de la Gécamines 43

    2.1.2. L'exploitation minière artisanale à Kolwezi 50

    2.2. Les mécanismes de protection de l'enfant 57

    2.1.1. La législation pour enfant d'après la communauté internationale 58

    2.1.2. La législation congolaise relative aux droits de l'enfant 61

    2.3. Les catégories des enfants se trouvant dans les sites miniers artisanaux 66

    2.3.1. Les enfants en activités rémunératrices 66

    2.3.2. Les enfants en activités non rémunératrices 75

    2.3.3. Les sans voix 79

    Chapitre 3 : Les jeux, les enjeux et les logiques derrière la présence des 80

    3.1. Les jeux et les enjeux de la présence des enfants dans les sites miniers 80

    3.1.1. La procédure d'entrée des enfants dans des sites miniers artisanaux 81

    3.1.2. Présence des enfants dans les sites miniers artisanaux 83

    128

    3.2. Impacts négatifs de la présence des enfants dans les sites miniers 91

    3.2.1. Enfants en danger 92

    3.3. Les logiques explicatives la présence des enfants dans les sites miniers à Kolwezi . 103

    3.3.1. La logique de rendre service 103

    3.3.2. La logique lucrative 104

    3.3.3. La logique de divertissement 104

    3.3.4. La logique touristique 104

    3.3.5. La logique dite : effet d'entrainement 105

    Conclusion 107

    Bibliographie 112

    Les annexes 118

    Annexes 1 : Photo de la mine à ciel ouvert de « Ruwe Mess » à Mutoshi 118

    Annexe 2 : Photo laverie de la carrière 5 ans 119

    Annexe 3 : Photo de la carrière « Kamilombe I » 120

    Annexe 04 : Photo des enfants ramassant du minerai 121

    Annexe 06 : Petit marché spontané 123

    Annexe n°6 : 1ère arrêté urbaine de la marie de Kolwezi 124

    Annexe 07 : 2ème arrêté urbain de la mairie de Kolwezi 125

    Annexe 08 : Tracé des sites investigués 126

    Tables des matières 127






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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery