4.4.2.3. Les Facteurs de la dynamique
des unités de paysage dans le milieu
La dynamique des unités morphologiques du milieu n'est
pas aussi simple comme on l'on perçoit suivant les cartes diachroniques.
La dynamique est beaucoup plus complexe, étant donné que de
phénomènes aussi nombreux que divers, la commandent. Ces
phénomènes peuvent d'être d'ordre climatique, géomorphologique, hydrologique,
anthropique, etc. Ils occasionnent une évolution progressive de la
superficie des unités ou une dynamique régressive de cette
superficie d'une année à une autre, désignés sous
le nom de facteurs.
4.4.2.2.1. Les facteurs naturels
Les facteurs naturels désignent l'ensemble des
facteurs, façonnant la dynamique, liés auclimat, à la
géomorphologie, à l'hydrodynamique, ... du milieu. Nous pouvons
en apercevoir le déficit de la pluviométrie, la rupture de la
flèche de Sangomar et la topographie du milieu.
4.4.2.2.1.1. La
variabilité pluviométrique
Le climat est le principal facteur qui commande les
modifications récentes et actuelles des milieux humides côtiers.
Sa variabilité, dans le long terme, entraine le plus souvent des
changements dans l'état naturel de ces mieux. Dans notre milieu
d'étude la pluviométrie constitue essentiellement
l'élément climatique le plus manifestant, qui a surement
donné le milieu son visage actuel. Son importance de même que son
déficit affectent en grande partie toutes les unités
retrouvées dans le paysage, pourquoi elle est accusée comme
principal facteur de la dynamique des unités dès
l'hypothèse, et en particulier son déficit noté depuis
1970. Cette variabilité pluviométrique est marquée par de
périodes humides et de périodessèchesentre 1971 et 2020.
Cette appréciation se base sur l'analyse de l'indice standardisé
de précipitations (SPI).
Tableau 22 : Classes degrés de la sécheresse
par rapport à la valeur du SPI (McKee et al., 1993)
2,0 et plus
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1,5 à 1,99
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1,0 à 1,49
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-0,99 à 0,99
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-1,0 à -1,49
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1,5 à -1,99
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-2 et moins
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Extrêmement humide
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Très humide
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Modérément humide
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Proche de la normale
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Modérément sec
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Très sec
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Extrêmement sec
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En effet, de 1971 à 2007 (30 années de
pluviométrie), le milieu a connu une longue période
déficitaire qui se manifestent essentiellement par 23
annéesmodérément sèches à très
sèches contre 13 années modérément humide.
L'année 1972 constitue, après l'année très humide
de 1971, le début de cette phase sèche qui à durée
plus de 40 ans, entrainant ainsi des modifications significatives sur la
superficie occupée par les unités du milieu. Pendant cette
année, les unités les plus importantes sont les tannes, la
vasière à mangrove et les cours d'eau qui représentent
respectivement 31,63, 24,69 et 19,05% de la superficie totale. Notons bien
qu'on somme au début d'une nouvelle phase annoncée depuis 1968,
la sécheresse des années 1970, frappant toute la zone sahel. En
1984, pendant 12 ans de déficit pluviométrique, la vasière
à mangrove a disparue et ne représente que -7% en faveur de la
vasière nue qui passe de 10,10 à 35,56 % de 1972 à 1984.
Les cours d'eau (-15%) qui n'ont plus une source d'alimentation suffisante se
rétrécirent, la végétation continentale se
régresse aux bénéfices des terres agricoles.). Cette phase
sèche (surtout l'année 1983 la plus sèche de 1971 à
2020 (-1,69), entrainant l'asséchement progressif des cours d'eau,
favorise la mer plus fort, plus dynamique, avec un niveau plus
élevé, que les cours d'eau. Permettant ainsi dès le
début de l'année 1987 l'envahissement de l'estuaire d'une
manière générale par l'eau de la mer. Cette
dernière commande la plupart la dynamique à cet instant jusqu'aux
années 2000 marquées par le retour progressive de la
pluviométrie. En 1995, le milieu connait une modérément
humide (1,16) Cette année excédentaire, combinée à
l'intrusion massive de l'eau de la mer depuis la rupture (1987), ont
favorisé le renforcement des cours d'eau et une légère
régénération des végétations marine et
continentale du milieu au détriment de la vasière nue.
L'année 1995, la plus excédentaire depuis 1972, annonce alors le
retour de la pluviométrie noté depuis les années 2000. La
période de 2008 à 2020 se caractérise, contrairement
à la série 1971-2007, par des années très humide
à extrêmement humide. Les années 2008, 2009, 2010, 2012 et
2020 sont les plus humides avec des valeursqui varient entre 1, 30
à 2,36. Cette longue phase humide a favorisé le recul des tannes
et l'extension des terres de culture. Ces modifications que connaissent toutes
les unités morphologiques du milieu, pendant la période
1972-2020, se voient nettement liéesaux modifications de la
pluviométrie. Toutefois, la période qui est la plus
impactée par la variabilité pluviométrique est celle
allant de 1971 à 1984 marquée une longue phase
déficitaire, entrainant ainsi un recul remarquable des cours d'eau, de
la mangrove et de la végétation continentale. Depuis les
années 1990, un autre facteur entre en jeu et renverse
complétementla situation en faveur des eaux surfaciques et de la
vasière nue,avec le retour de la pluviométrie des années
2000: c'est la rupture à Sangomar (1987).

Figure
35:Variation du SPI de 1971 à 2020; Le BORGNE (19), ANACIM, 2023.
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