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L'éducation informelle par les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication -NTIC- au Bénin : cas de l'Internet dans l'éducation des adolescents de la Commune de Porto-Novo

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par Okri Narcisse KOUTIYA
Université d'Abomey-Calavi - Diplôme de Conseiller Principal de Jeunesse et d'Animation -DCPJA-, spécialité Andragogie 2004
  

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2.2- Analyse des résultats

La présente étude a été entreprise dans le but de cerner la portée des NTIC et d'examiner leur apport à l'éducation des adolescents dans le contexte socioculturel béninois. Elle est orientée dans le domaine informel de l'éducation. L'hypothèse de recherche est : « Les nouvelles technologies de l'information et de la communication - NTIC - une invention moderne contrôlée essentiellement par les sociétés du Nord - introduisent des normes de déréglementation morale des sociétés béninoises ».

La démarche mise en oeuvre pour vérifier cette hypothèse a consisté à recueillir, à l'aide de l'entretien, des avis des parents et / ou tuteurs -d'adolescents - internautes d'une part puis ceux des gérants ou promoteurs de cybercafés d'autre part. Des interviews ont été aussi réalisées auprès d'adolescents internautes. Par ailleurs, le recours à l'observation directe nous a permis de compléter les informations recueillies à l'aide de l'entretien.

Suite à l'analyse des différentes informations, se dégagent certaines observations ou conclusions qui peuvent se répartir en deux grands ensembles : les atouts des NTIC dans l'éducation informelle des adolescents d'un côté et la perversité dans les NTIC de l'autre côté.

L'usage des NTIC par les adolescents peut également suivre cette répartition selon qu'il est jugé positif ou négatif.

Pour ce qui concerne la première tendance, on a la contribution des NTIC à l'ouverture d'esprit de l'adolescent, au développement des échanges entre adolescents, à l'amélioration des rapports Parents / Adolescents, à la lutte contre la timidité. A cette liste s'ajoutent aussi le développement de l'intelligence, l'amélioration du rendement scolaire, l'enrichissement de l'expression française et la distraction. Les NTIC peuvent servir aussi à sensibiliser les adolescents.

L'ouverture d'esprit de l'adolescent sera fonction de son aptitude et de son sens à rechercher des informations sur la toile. BONJAWO (2002, 27) affirmait : « Internet va, inéluctablement, libérer les esprits en Afrique » car il donne à l'individu une liberté sans précédent. Ceci est rendu possible grâce aux sources intarissables d'informations et sans cesse renouvelées sur l'internet, informations contenues dans les banques de données, les encyclopédies, les bibliothèques virtuelles etc., sur différents thèmes et sur différents pays. Ces informations sont souvent accessibles gratuitement ou par le paiement d'une modique somme. En d'autres termes, internet est un excellent outil d'information et de culture qui donne accès à des millions de documents sur les pays et les cultures du monde. Cette démocratisation du savoir par le médium des technologies nouvelles offre à quiconque, et dans le cas d'espèce à l'adolescent, d'élargir son horizon de connaissances dans un domaine ou des domaines de son choix. Par ricochet une exploitation judicieuse de ce savoir aura une incidence positive sur son rendement scolaire, son expression langagière et sur le développement de son intelligence. Kent P. (2001, 218) confirme ceci : « l'internet permet aux enfants d'améliorer leur technique de lecture et de communication ». Cependant, l'élément déterminant n'est pas les NTIC en elles-mêmes mais plutôt la manière de s'en servir.

Dans le cas de nos recherches, peu d'enquêtés issus du rang des adolescents - seulement 2 sujets sur 40 - exploitent ces potentialités. Nous pouvons donc conclure dans ce domaine que l'internet ne sert qu'à une infime partie des adolescents. L'ignorance des internautes peut expliquer cet état de choses comme l'a souligné un promoteur de cybercafés lors de nos enquêtes : « la plupart des internautes, jeunes comme adultes, ignorent les potentialités didactiques et pédagogiques de l'internet ». Ainsi l'internet est toujours réduit, en majeure partie, à la communication -écrire et recevoir des messages- après environ une décennie d'existence au Bénin (1995 - 2004) : 92,5 % de nos sujets adolescents s'adonnent fréquemment aux courriels et 70 % d'eux se livrent au chat contre seulement 5 % pour les recherches académiques. Ces résultats rejoignent ceux d'une étude menée par Ken Lohento (2000, 295) : « le service Internet le plus utilisé est comme il fallait s'y attendre le courrier électronique ». Mais ce résultat diffère quelque peu des nôtres par le fait qu'il est restreint au courrier électronique alors qu'en plus de celui-ci nous nous sommes intéressé aussi au chat comme mode de communication. Le potentiel communicationnel largement exploité peut être lié aux commodités qu'offre l'internet : rapidité, facilité et moindre coût.

Le développement de la communication peut par ailleurs induire celui de la sociabilité et lutter contre la timidité. La communication sociale permet de maintenir les liens entre les personnes même quand celles-ci sont séparées par des distances géographiques. Les NTIC facilitent cette communication ; ce qui prouve qu'elles peuvent jouer ou jouent déjà un rôle essentiellement qualitatif dans le développement social au Bénin.

Dans un autre registre, les technologies nouvelles sont, comme l'a exprimé un sujet, « un outil de sensibilisation aux maux qui minent notre pays ». Un point de vue similaire fut émis par Ramata M. Thioune (2003, 56) : « les jeunes peuvent s'informer sans intermédiaires et donc sentent moins les pesanteurs sociales et culturelles entourant toutes les questions liées au sexe et aux maladies sexuellement transmissibles dont le SIDA ». L'esprit qui a inspiré cet auteur a sans doute aussi animé un des nos sujets cité en sus : « les NTIC peuvent permettre aux jeunes de donner leurs points de vue sur des sujets jusqu'ici considérés comme tabous par les parents ». Ceci pourrait quelque peu contribuer quelque part à l'amélioration ou au changement des rapports Parents / Adolescents (ou enfants en général).

L'égoïsme, pour ce qui le concerne, résulterait de la fracture sociale entre adolescents internautes et adolescents « analphabètes du 21è siècle ». L'on peut a cet effet se référer à ces propos de L. Fabus (2000) « on ne peut oublier que toute technologie nouvelle porte en elle le risque de créer ou de consolider des inégalités6(*) ».

Enfin, quant à la distraction, cela va de soi au regard du potentiel des NTIC en matière de loisir : 27,5 % de nos sujets affirment jouer sur l'internet.

La deuxième grande tendance, quant à elle, est relative aux dérives dans les NTIC. La désapprobation porte essentiellement sur les sites pornographiques, la violence sexuelle, les sites aux images obscènes tels le meurtre on-line, la criminalité, les sites incitant à la dépravation des moeurs, à la prostitution ou encore ceux aux propos à caractère racial, haineux, hargneux... Bref sont cloués au pilori tous les sites faisant fi l'éthique des valeurs.

En effet, ces genres de sites n'apportent rien de positif à l'éducation morale des adolescents. Si l'éducation est la socialisation de l'individu, si éduquer c'est développer les facultés morales, physiques et intellectuelles, en quoi alors ces sites permettent de former moralement, physiquement et intellectuellement l'adolescent ? En rien ! Il est à craindre que certains adolescents veuillent imiter, voire « faire tout ce qu'ils voient sur l'internet » comme un de nos sujets l'a dit, car il est admis de tous que l'enfant, l'adolescent apprend par imitation. Or l'influence des médias audio-visuels est très déterminante sur la conduite des individus. Selon l'UNESCO (1997) : « la télévision est mise en cause lorsque se produisent dans le monde des meurtres, des suicides ou des accidents impliquant enfants et jeunes gens qui semblent reproduire des actes déjà vus à la télévision ou au cinéma ». Comme ces médias, l'internet peut être aussi de nos jours mis en cause car il est un point de convergence de la radio et de la télévision, une application multimédia où s'allient des images, des textes et des sons. Néanmoins l'environnement de l'adolescent sera déterminant dans l'imitation de ce qu'il voit. Celui qui vit dans un milieu de moeurs légères, où le relâchement des valeurs morales est toléré sera beaucoup plus enclin à une vie sexuelle pervertie, à une sexualité précoce dans sa forme génitale, contrairement à un autre qui vit dans un environnement sain, entouré de bons modèles de référence et où les déviances sont - sévèrement - réprimées. Or de nos jours dans nos sociétés, il y a une démission des parents, une édulcoration des valeurs, une déchéance des normes créant un vide que comblent la radio, la télévision, l'internet etc., tous au service des valeurs culturelles occidentales. Il y a une « situation de rupture » selon l'expression du sociologue A. Attolou. La déduction en est que les adolescents, à la faveur d'un tel environnement, pourraient être tentés d'imiter certains cas de perversions qu'ils apprennent par le biais des NTIC. La crainte de certains parents est donc légitime. Mais il y a aussi deux autres éléments non négligeables que sont le milieu familial qui se rapproche de ce que nous avons dit sur l'environnement de l'adolescent et la personnalité de ce dernier. Cela dit, l'adolescent sera porté vers tel ou tel comportement selon son propre système de valeurs qui vont déterminer le genre de vie auquel il aspire.

Dans un autre volet, l'adolescent qui a eu des antécédents psychologiques peut être fortement troublé devant des scènes de criminalité ou de meurtre on line (du sang). Il pourrait avoir une résurgence qui résulterait en une fixation qu'il risquerait de colporter toute sa vie durant si rien ne se fait. De la même façon le degré d'influence qu'auront les propos haineux, hargneux ou autres comme l'incitation à la violence sera fonction des prédispositions du sujet. On pourrait rapprocher de ceci, les résultats de notre enquête où les adolescents qui

visualisent des vidéos sur le karaté sont avant tout les pratiquants de cet art et qui déclarent agir ainsi en vue d'élever leur niveau de maîtrise dans cet art.

Tels sont les dérapages signalés par nos sujets de la catégorie des parents et promoteurs de cybercafés. Les risques liés au chat et à l'e-commerce n'ont pas été relevés par eux. Or, ils existent effectivement. S'ils n'ont pas été évoqués, c'est sans doute parce que ceux qui le sont, sont beaucoup plus perceptibles et se rattachent assez directement à notre objet d'étude. Ces risques non évoqués ne sont pas moindres. Pour le chat comme pour l'e-commerce, il y a dans la communauté virtuelle la crainte d'être trompé. P. Kent (2000, 262) partage ce point de vue avec nous : « Le cyberespace n'est pas un monde réel : les personnes que vous y rencontrerez ne sont pas forcément identiques sur le Net et dans la vie réelle ». Par rapport aux propos licencieux, un de nos enquêtés déclarent ceci : « Par exemple lorsqu'un Européen, un Belge dialogue avec une Africaine sur le chat, il lui envoie parfois : viens, on va faire l'amour au tél. ». Ce qui pose le problème de la moralité des `'peuples'' de la communauté virtuelle.

  Bref, la portée éducative des NTIC est comparable à une médaille qui a son revers. Aussi à l'état actuel de leurs contenus, ces technologies dites nouvelles sont un instrument pour la promotion de la culture occidentale dont les normes et valeurs s'opposent parfois à celles béninoises. Par rapport au rôle qu'elles jouent dans la déchéance de ces dernières valeurs et normes, si elles ne peuvent pas en être rendues entièrement responsables, ces technologies y occupent une place prépondérante. Enfin leur pertinence est tributaire de comment elles sont utilisées.

Au demeurant, notre hypothèse est partiellement vérifiée car même si les effets pervers des NTIC sur un individu -ici un adolescent- dépendent de l'usage que celui-ci en fait, cela n'enlève rien à leurs contenus intrinsèques.

* 6 L. FABUS, dans la préface à l'ouvrage Ethique et société de l'information, p. 11

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