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La faillite de l'ONU devant le génocide des Tutsi du Rwanda : Des causes de l'échec et des leçons à en tirer

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par Jean-Bosco Iyakaremye
Université du Québec à Montréal - Maîtrise en droit international (LLM) 2001
  

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INTRODUCTION

D'avril à juillet 1994, le RWANDA (petit pays de l'Afrique centrale), a été le théâtre d'un génocide qui a emporté la quasi-totalité des membres du groupe Tutsi vivant dans ce pays en 1994. Ce génocide a certes été commis par des Rwandais mêmes, mais l'Organisation des Nations Unies (ONU) s'en est rendue complice par son silence et son inertie incompréhensibles.

On ne peut comprendre en effet, comment ce génocide a pu longuement se préparer et ensuite se consommer sous les projecteurs des médias du monde entier, surtout avec la présence au Rwanda des casques bleus de l'ONU, censés être des soldats de la paix, sans la moindre intervention, ni pour le prévenir, ni pour l'arrêter. Pourtant, des signes précurseurs de ce génocide avaient été relevés bien avant par bon nombre de spécialistes sur la question1(*).

Pire, lorsque le génocide commence dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, l'ONU qui disposait au Rwanda d'une force de 2.500 hommes dans ce qui était la Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda (MINUAR), n'a pas voulu adapter le mandat de cette force aux nouvelles circonstances et d'en augmenter le nombre. Au contraire, le Conseil de Sécurité s'est hâté de mettre à l'abri ses militaires, abandonnant les victimes à la merci de leurs bourreaux.

Pourtant, cinquante ans auparavant, les puissances alliées victorieuses de la 2ème Guerre mondiale avaient prononcé la célèbre phrase "plus jamais ça !", en dressant le bilan d'une guerre dévastatrice mais aussi d'un crime sans nom qu'à cette époque le professeur Raphaël LEMKIN appela «génocide »2(*). C'est à la suite de ces deux tragédies que l'ONU fut créée et que la Convention du 9 décembre 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide fut adoptée3(*). L'on pouvait alors espérer que la Charte de l'ONU et la Convention sur le génocide allaient être des instruments juridiques efficaces, pour mettre fin pour toujours, aux malheurs des peuples.

En effet, lors de la Première Guerre mondiale, le monde s'était trouvé face à un vide dans la recherche de solutions à un conflit de cette envergure. Le Traité de Versailles, qui a marqué la fin de la guerre, a mis sur pied une première forme d'Organisation internationale destinée à prévenir ce genre de fléau et enrayer le spectre d'une guerre mondiale. Ce fut l'objet et le but de la mise sur pied de la Société des Nations (SDN) qui, hélas créa un mauvais précédent par son incapacité à jouer le rôle pour lequel elle avait été fondée. Celle-ci fut alors remplacée par l'ONU. Cette dernière ayant assisté les bras croisés au génocide de cette fin du 20è Siècle, n'a-t-elle pas elle-même manqué l'occasion de justifier son existence? Il est vrai que tout au long de son existence, l'ONU a connu bien des ratés dans ses missions de paix, mais jusqu'au drame rwandais, aucun de ces échecs n'avait encore laissé place à un génocide.

Après les horreurs du Rwanda, l'on aurait cru que l'ONU allait tirer des leçons de cette tragédie pour désormais remplir ses obligations. Cependant, les malheureux événements du Kosovo démontrent le contraire, car durant ces moments difficiles, l'ONU aura brillé par son absence dans la résolution de ce conflit.

La récente réaction de l'ONU en faveur du Timor Oriental et le succès remporté lors de cette opération vont-ils constituer un précédent qui va désormais lier l'action de cette Organisation ?

La présente recherche a pour ambition de mettre en lumière un certain nombre de questions ainsi que des propositions de réponses à y apporter : d'abord, quelles étaient les obligations juridiques de l'ONU devant le génocide au Rwanda ; ensuite, comment cette Organisation a-t-elle failli à ses responsabilités et quelles en ont été les causes ; enfin quelles seraient les meilleures perspectives pour éviter de telles catastrophes pour l'avenir ?

Le cheminement de cette étude se fera à la lumière des douloureux événements du génocide au Rwanda. Dans nos recherches, nous verrons si les causes profondes des défaillances de l'ONU devant ce génocide se retrouvent soit dans les structures même de cette Organisation, soit dans celles du Droit International, soit alors si cela n'a été que le résultat d'un concours de circonstances du moment, qui auraient, de façon conjoncturelle, paralysé l'action de l'ONU.

Cet exercice nous permettra de mettre en exergue l'un des maux qui rongent l'ONU, ainsi que le remède à y apporter, afin que ce qui s'est passé au Rwanda ne se reproduise jamais plus, ni au même endroit, ni sous d'autres cieux.

D'entrée de jeu, nous allons faire un bref aperçu de l'histoire du Rwanda (Sect. I). Nous verrons ensuite sommairement les actions posées par l'ONU ainsi que ses omissions (Sect. II).

* 1 United Nations, The United Nations and Rwanda, 1993-1996, Blue Books Series, Volume X, New York, Department of Public Information, 1996, à la p. 202.

* 2 R. Lemkin, Axis Rule in Occupied Europe, Washington, Carnegie Endowment for International Peace, 1944, à la p. 79. Voir aussi, Y. Ternon, L'État criminel. Les génocides au XXe siècle, Paris, Seuil, 1995, à la p. 17.

* 3 Nations Unies, Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 09 décembre 1948, doc. ST/HR/1/Rev. 3, p.143; 78 R.T.N.U.277.

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