4-2 Discussions
Les données relatives à l'efficacité des
poudres des fruits des plantes insecticides sont souvent ambiguës et quant
à leur rémanence ces données sont quasi inexistantes dans
la littérature. Les formulations testées dans notre
expérimentation ont pour intérêt d'être faciles
à mettre en oeuvre en milieu paysan et peu coûteuses.
La persistance de l'efficacité de la formulation pour
le traitement THE est meilleure vis-à-vis de la bruche
du niébé pendant deux semaines au moins ; le support de
dilution de l'huile, à savoir les micro fibres du fruit aurait pour
effet de réduire l'évaporation des matières actives,
d'augmenter la concentration en huile et prolongerait l'efficacité de la
formulation. Le traitement T02 provoque une mortalité
semblable à celle observée pour le traitement
THE durant les six premiers jours. Il s'agit d'un effet knock
down qui s'estompe suite à l'évaporation de la formulation
T02 (huile essentielle diluée dans l'acétone).
La rémanence de cette formulation est donc limitée et les risques
de réinfestation existent suite à la disparition de l'effet
répulsif observé les premiers jours d'incubation ;
d'où les nécessités de trouver des supports de
formulation. Toutefois, son action permet d'éliminer tous les individus
présents ; c'est donc une activité biologique
intéressante à l'égard de C. maculatus dont les
femelles pondent la plus grande partie des oeufs au cours des trois premiers
jours de leur état imaginal (Nwanze et al., 1975 ; Singh
et Jackai, 1985). Nonobstant un taux de mortalité plus faible
provoqué par la formulation T03 (poudre de X.
aethiopica) trois jours après le traitement comparativement aux
traitements T02 et THE, la dégradation
de cette formulation s'avère moins lente que pour le traitement
T02 et après douze jours d'incubation, le
traitement T03 présente un taux de mortalité
plus faible que T02. Les formulations testées
T03 et THE semblent donc manifester à
l'égard des adultes de C. maculatus, une toxicité
beaucoup plus par contact direct que par ingestion ou inhalation. En effet
à ce stade, les adultes ne s'alimentent pas et les boîtes
utilisées n'étaient pas étanches pour retenir les
substances volatiles notamment dans le traitement T02 (huile
essentielle diluée dans l'acétone) qui présente une
rémanence moins bonne que les traitements T03 et
THE. Les formulations à base de poudre peuvent aussi
exercer un effet mécanique sur le mouvement et la ponte des bruches
comme l'ont montré Kéita et al., 2000.
La réduction des pontes observée pour les
traitements THE et T02 pendant la
première semaine d'incubation serait le fait de la mort précoce
des adultes de C. maculatus due aux vapeurs d'huiles
essentielles et le support utilisé, comme l'ont montré Schmidt
et al. (1991), Mazibur et Gerhard (1999) en étudiant
l'effet de l'huile de Acorus calamus sur Callosobruchus
phaseoli.
L'effet résiduel prolongé observé pour la
formulation huile essentielle mélangée à la poudre de
X. aethiopica (THE) serait dû à
l'addition de l'huile essentielle à la poudre. Selon Pierrard (1986)
cité par Kéita et al., (2000), l'utilisation
d'un support de dilution de l'huile essentielle aurait pour effet de prolonger
l'efficacité de la formulation et limiterait aussi l'odeur persistante
qu'on aurait sur le graines lors de la consommation. Cette formulation aurait
une action ovicide, soit en diminuant l'adhésivité des oeufs sur
le tégument des graines ou bien en agissant sur l'embryon après
leur pénétration à travers le chorion. Une inhibition des
pontes et une action ovicide ont été observées chez la
bruche de niébé, une fois que celle-ci est traitée avec
les poudres de feuilles de Nicotiana tabacum (Solanaceae) et de O.
gratissimum (Labiatae) (Ofuya,1990), ou avec la poudre de neem (A.
indica) (Meliaceae) (Seck et al., 1991) mais il n'existe
pas de données sur la rémanence de ces formulations.
CHAPITRE V: CONCLUSION ET RECOMMANDATION
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