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Les relations entre la France et les Seychelles d'après la presse française (1977-2004)

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par Guillaume BURDEAU
Université Paris Ouest - Nanterre - La Défense - Master 2 Histoire 2010
  

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Chapitre XIII : Les relations militaires

D'après Danielle DOMERGUE-CLOAREC, la défense fait parti, avec la culture et l'économie, des trois domaines privilégiés par la diplomatie française en Afrique. La notion de coopération militaire entre la France et l'Afrique est ambiguë : quelle est sa limite et sur quoi repose repose-t-elle454 ? Dans l'océan Indien, en particulier le sud-ouest, c'est la Marine nationale française dite la « Royale » qui est particulièrement présente. Les relations militaires ont une place importante dans les relations diplomatiques : ce n'est pas pour rien qu'il existe une diplomatie militaire. Dans le cas de l'océan Indien, ce serait une diplomatie navale. D'après Arnaud de LA GRANGE, la « Royale » joue parfaitement son rôle d'ambassadrice de la France dans le sud-ouest de l'océan Indien, donc aux Seychelles, grâce à ses relations particulières455. Jean-Marc BALENCIE l'affirme en 1993 en soutenant sa thèse sur la diplomatie navale de la France dans la région entre 1967 et 1992. À première vue, les relations militaires franco-seychelloises semblent souvent présentes dans les articles traitant de la France et des Seychelles : on peut compter plus de trente articles dans notre corpus. Mais la presse française accorde-t-elle autant d'importance ? Et comment cet aspect des relations diplomatiques est-il présenté ?

454 DOMERGUE-CLOAREC Danielle, La France et l'Afrique après les indépendances, Paris, Sedès, collection Regards Sur L'histoire, 1995, p.28.

455 LA GRANGE Arnaud de, La France dans la géopolitique du Sud-Ouest de l'océan Indien, Paris, Paris4-Sorbonne, 1988.

456 Cf. Annexe n°5.

457 LEYMARIE Philippe, Océan Indien : le nouveau coeur du monde, Paris, Éditions Karthala, 1981.

458 BOURGEOIS Claude, « Le président des Seychelles à Paris », Le Dauphiné libéré, 13 septembre 1978.

A) Escales et visites diplomatiques

Dans le deuxième tome de son livre, le journaliste Frank TENAILLE utilise une carte présentant les bases et les ports d'attache militaire de l'armée française dans l'océan Indien456. On peut voir l'île de Mahé, donc Victoria, comme étant un port d'attache militaire. D'après Philippe LEYMARIE de RFI, les Seychelles est un des points d'escale privilégiés de la flotte française car celle-ci se sent « chez elle »457. Claude BOURGEOIS, semble être le seul journaliste français à avoir signalé dans un de ses articles que les navires français faisant escale à Victoria viennent de la garnison de Djibouti458. L'escale d'un navire français revêtait d'une certaine importance aux Seychelles, que ce soit politique ou économique. Aux Seychelles, tout comme dans les pays de la région, cela permettait de nouer le contact avec les occidentaux plutôt que d'être confronté sans cesse à l'URSS. C'est aussi un moyen de garantir la stabilité politique et l'indépendance de l'État. D'après BALENCIE, les visites de « routine » seraient une sorte de visites d'amitié entre la

France et les Seychelles et permet le rapprochement entre les deux pays. Voilà pourquoi l'escale d'un navire français a tant d'importances aux Seychelles et dans les relations franco-seychelloises sous la présidence de France-Albert RENÉ. Voyons à présent comment la presse présente cet aspect des relations diplomatiques entre la France et les Seychelles.

L'un des premiers journaux français à évoquer une escale française aux Seychelles de RENÉ, mais également l'un des premiers à traiter des relations militaires entre la France et le régime progressiste est Le Figaro. C'est Jean-Marc KALFLECHE qui a abordé le sujet en faisant paraître en deux parties séparées un article de taille moyenne intitulé « L'ère des puritains » le 8 août 1977, c'est-à-dire deux mois après l'arrivée au pouvoir de RENÉ. D'après KALFLECHE, il n'y aurait eu aucune hostilité du nouveau régime de la présence de la flotte française dans l'océan Indien. Il justifie ces propos en affirmant que le nouveau pouvoir voyait cette présence comme un « élément d'équilibre, capable de tempérer les appétits des « superpuissances » ». Pourtant, dans un article de Libération datant du 13 septembre 1978, on peut constater qu'il y a une remise en cause de la flotte française dans l'océan Indien par le parti de RENÉ, ainsi que les autres partis progressistes du sud-ouest de l'océan Indien réunis en avril 1978459. Cela fait parti de la volonté du régime seychellois de démilitariser l'océan Indien pour créer une « zone de paix » dans la région. Mais en 1982, nous retrouvons la bonne estime du régime envers la flotte française pour son rôle dissuasif à l'égard des opposants autant qu'aux visées prétendues « déstabilisatrices » de l'Afrique du Sud460. KALFLECHE signale la présence avant le 8 août 1977 de l'escale du Tourville considéré comme « l'un des plus beaux bâtiments de la « force Saphir » qui patrouille sans relâche dans l'océan Indien ». Le Tourville est une frégate anti sous-marin de type F67 lancé en 1972. Le Tourville aurait fait une escale de trois jours. Des centaines de marins qu'on appelle les « pompons rouges » sont descendus à terre. D'après le journaliste, leur présence à terre est une aubaine pour le commerce seychellois puisqu'ils dépensent 600 000 roupies seychelloises, donc 400 000 F, soit plus de 60 000 euros461. Les Seychellois semblent apprécier la présence des marins français d'après Le Matin à travers la familiarité des habitants avec le pompon rouge462. D'après KALFLECHE, Si les marins français semblent heureux d'être aux Seychelles par son côté paradisiaque, ils seraient frustrés car un ordre puritain serait établi par le régime seychellois : les marins auraient moins de plaisir, comme par exemple avec la bière ou les jeunes filles ou femmes réputées pour n'être guère farouches.

459 LAURENT Frédéric, « La route du pétrole passe par les Seychelles », Libération, 13 septembre 1978.

460 C. Ch., « La rébellion matée », Le Matin, 19 août 1982.

461 D'après nos calculs.

462 Op. cit. C. Ch., « La rébellion matée », Le Matin, 19 août 1982.

Le premier article entièrement consacré à la présence de la « Royale » aux Seychelles a été signé par Philippe DECRAENE en février 1978 : il paraît dans Le Monde sous le titre évocateur de « Dans le sillage de la « Royale »... » le 5 février 1978. C'est un article de bonne taille évoquant la place de la Marine française et de la France aux Seychelles depuis 1742, ainsi que des escales comme celui du commandant COUSTEAU : de nombreux éléments ne seront donc pas retenus dans notre étude. Le journaliste évoque d'abord la présence à l'aéroport international de Victoria d'un Breguet-Atlantic français - dans Le Figaro du 8 août 1977, la

présence de deux Alizés de l'aéronavale française ayant pour mission de récupérer le courrier du Foch est évoquée -, puis de trois navires au large de la capitale : le porte-hélicoptère Jeanne d'Arc en train de quitter l'archipel pour accomplir son tour du monde annuel, l'escorteur d'escadre Forbin et l'aviso Commandant-Bory alors en pleines manoeuvres et ayant fait descendre à terre ses marins. Le journaliste confirme qu'il est fréquent que les bâtiments de la « Royale » fréquentent la zone, voire, atteignent les côtes seychelloises (on retrouve cette information dans Le Dauphiné libéré). En revanche, il serait rare, d'après lui, de voir un si grand nombre de « pompons rouges » - une centaine de matelots - sur l'île de Mahé. DECRAENE a réussi à interviewer l'ambassadeur de France, René de CHOISEUL-PRASLIN. D'après l'ambassadeur, « la France bénéficie auprès des Seychellois d'un capital affectif exceptionnel », justifiant la fréquence aussi importante des escales françaises dans l'archipel : un bâtiment par mois. Il affirme même que ces escales sont aussi nombreuses que celles effectuées par la Marine britannique ou soviétique. DECRAENE a également interviewé un commandant français présent aux Seychelles sur les escales effectuées par la « Royale » dans l'archipel. D'après ce commandant, dont le nom n'est pas cité, les Seychelles ne servent pas uniquement d'escale : il évoque la coopération militaire entre les deux pays.

L'escale d'un bâtiment de la « Royale » aux Seychelles la plus connue est sûrement celle effectuée par l'aviso-escorteur Victor Schoelcher fin 1981. Comme nous l'avons vu précédemment, le Victor Schoelcher a été envoyé aux Seychelles après l'attaque des mercenaires qui ont tenté de renverser le pouvoir de RENÉ (cf. chapitre VI « État et qualité des relations franco-seychelloises », p.). Cette manifestation de diplomatie navale était, comme nous l'avons vu, un gage de solidarité de Paris envers Victoria, et avait pour but de dissuader les agresseurs potentiels ou officiels, et de s'en prendre à un régime ami de la France. L'envoi et l'escale du Victor Schoelcher ont été présentés par Le Monde les 3 et 8 décembre 1981, Libération le 4 décembre et la LOI le 5 décembre. Après la tentative de coup d'État des mercenaires, la présence militaire étrangère et française s'est considérablement renforcée aux Seychelles. D'après la LOI du 16 janvier 1982, trois navires français ont récemment mouillé : l'aviso-escorteur Victor Schoelcher revenu aux Seychelles, le Commandant Rivière, autre aviso-escorteur, et le navireatelier Rhin dont l'escale était prévue depuis longtemps. La présence de ces navires a été évoquée dans le Matin du 19 août 1982. À ces bâtiments de la « Royale » la France a rajouté deux avions de reconnaissances Breguet-Atlantique habituellement basés à Djibouti, ainsi qu'un avion de transport militaire Transall en provenance de la Réunion463. On voit donc à travers ce déploiement exceptionnel une véritable manifestation de solidarité française envers le régime de RENÉ. Libération, lui, affirme que la flotte française a mouillée à plusieurs reprises aux Seychelles464.

463 « Soldats et navires étrangers », La Lettre de l'Océan Indien, 16 janvier 1982.

464 MOCKLER Anthony, « Mutinerie aux Seychelles », Libération, 18 août 1982.

La « Royale » est de nouveau intervenue aux Seychelles après la mutinerie militaire du 17 août 1982, près de neuf mois après le coup d'État manqué. Cette intervention a été évoquée par Le Monde, Le Matin, Libération et L'Humanité. Ces journaux affirment tous avoir reçu la confirmation de l'envoi d'un bâtiment de la Marine française dans l'océan Indien en direction des Seychelles à la demande du président RENÉ. Selon L'Humanité et Le Monde du 20 août, le navire est arrivé le soir du 18 août.

D'après la LOI du 6 juin 1987, chaque année, à l'occasion des célébrations du coup d'État qui a porté au pouvoir France-Albert RENÉ, un navire français faisait escale aux Seychelles. Le 5 juin 1986, fait inhabituel, il n'y avait aucun bâtiment de la « Royale ». En effet, à cause du « complot » réunissant les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, les navires français étaient interdits d'escale à Victoria tandis que les bâtiments soviétiques pouvaient y rester pendant des mois465. Jacques de BARRIN, envoyé spécial du Monde en décembre 1986, y a déjà fait allusion. En effet, au moment où RENÉ a dénoncé un complot des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France à leurs dirigeants, les trois pays ont déposé une demande d'escale pour des bâtiments de leur flotte à la même date. D'après le journaliste, c'est un hasard. Et à cause de ce hasard, le gouvernement seychellois a opposé une fin de non recevoir : il voyait là un complot d'invasion plutôt qu'un « rendez-vous naval trop bien agencé »466. En plus de la nomination d'un nouvel ambassadeur, Renaud VIGNAL, la présence du patrouilleur L'Albatros le 6 juin 1987 devait calmer la paranoïa de France-Albert RENÉ. D'après la LOI, L'Albatros a été envoyé par la France à la demande de l'ambassadeur français467. Les dernières escales que nous trouvons dans la presse française sont celles du Le Var - pétrolier ravitailleur - entre le 18 et le 21septembre 1986468 et du porte-hélicoptère et également bateau-école Jeanne d'Arc le 27 avril 1988 avant d'arriver à Djibouti le 3 mai469.

465 « Les dix ans du régime », La Lettre de l'Océan Indien, 6 juin 1987.

466 BARRIN Jacques de, « Victoria et le « coup d'État permanent » », Le Monde, 27 décembre 1986.

467 Op. cit. « Les dix ans du régime », La Lettre de l'Océan Indien, 6 juin 1987.

468 « Le chef des forces françaises à Victoria », La Lettre de l'Océan Indien, 20 septembre 1986.

469 « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 7 mai 1988.

470 Op. cit. « Le chef des forces françaises à Victoria », La Lettre de l'Océan Indien, 20 septembre 1986.

471 Op. cit. « Seychelles », La Lettre de l'Océan Indien, 7 mai 1988.

Une première mission diplomatique effectuée par des militaires peut être évoquée dans Le Matin du 19 août 1982. D'après l'article, « il y a deux mois », donc en juin 1982, trois officiers français se sont rendus à Victoria pour effectuer leur mission. Dans un article de courte taille paru dans la LOI, nous avons la visite aux Seychelles du contre-amiral des forces maritimes françaises de l'océan Indien, Jacques LANXADE, le 18 septembre 1986. Arrivé à bord du Le Var le 18 septembre 1986 et en visite pendant quatre jours, il aurait été reçu par le ministre James MICHEL qui était également chef d'État major de l'armée seychelloise - Seychelles Defense Forces - huit jours après la « démission » de son prédécesseur, Ogilvy BERLOUIS470. Ensuite, dans une note de l'hebdomadaire, ce fut le capitaine Christian GIRAND qui fut reçu par MICHEL le 27 avril 1988471. Enfin, nous avons la visite en France du chef d'État major des forces seychelloises, le colonel Léopold PAYET, avant le 2 juillet 1994. D'après la une de la LOI du 2 juillet 1994, cette visite pouvait être liée à un scandale sur la vente d'armes par le régime de RENÉ à la ville de Goma dans l'actuelle République démocratique du Congo, ce qui alimente des spéculations sur le rôle des personnalités politiques françaises dans cette affaire472.

472 « Marchand d'armes », La Lettre de l'Océan Indien, 2 juillet 1994.

473 Cf. Annexe n°6.

474 MAZERAN Hélène, Géopolitique de l'Océan Indien, Paris, PUF, 1987.

475 MAZERAN Hélène, L'Océan Indien : un enjeu pour l'Occident, Paris, PUF, 1987, p. 54.

476 DECRAENE Philippe, « Dans le sillage de la « Royale »... », Le Monde, 6 février 1978.

477 BALENCIE Jean-Marc, La Diplomatie navale française en Océan Indien (1967-1992), Lille, Atelier national de reproduction de thèses, 1992.

B) La coopération bilatérale

Naturellement, il existe une coopération bilatérale dans le domaine militaire en dehors des simples escales ou des visites diplomatiques effectuées par des officiers. Cela provient du soutien technique et logistique aux accords de coopération et/ou de défense militaires. Qu'en est-il de la coopération franco-seychelloise dans le domaine militaire sous France-Albert RENÉ ? Que peut nous apprendre la presse française sur ce point?

L'Express du 22-28 janvier 1979 a publié une carte montrant la répartition des forces françaises en Afrique473. On peut constater qu'en 1979, il y avait vingt assistants militaires techniques présents aux Seychelles avant la crise diplomatique (cf. Chapitre VI « État des relations »). Toutefois, d'après Hélène MAZERAN, la coopération militaire entre la France et les Seychelles se limitait à cette fourniture de coopérants militaires et aux fréquentes escales474. Elle rajoute même que les Seychelles poursuivent une véritable coopération militaire qu'avec la Tanzanie et Madagascar socialistes dans les années 80475.

Interviewé par Philippe DECRAENE avant le 5 février 1978, un commandant de bâtiment de la « Royale » évoque plusieurs aspects de la coopération franco-seychelloise. Là où le gouvernement veut construire des pistes d'atterrissages pour relier les différentes îles isolées de l'archipel et Mahé, la « Royale » apporte des bulldozers et des équipements de travaux publics. La Marine française a permis au ministre seychellois de l'agriculture de reconnaître par hélicoptère l'état des forêts de Mahé. Enfin, la seule présence de la « Royale » a permis la fuite de plusieurs navires-usines « formosans » - taïwanais - qui pêchaient clandestinement dans les eaux seychelloises476. Il faut savoir que les îles composant l'archipel des Seychelles sont très isolées. Les Seychelles sont donc très dépendantes du transport. C'est pour cette raison que la « Royale » apporte son concours auprès du gouvernement de Victoria dans le transport de matériels ou de dirigeants aux différentes îles. Enfin, la dissuasion fait partie des missions de la « Royale ». À la demande de pays amis, comme les Seychelles, la Marine française effectue des patrouilles de surveillance de plus en plus ponctuelles des Zones Économiques Exclusives (ZEE). En effet, la marine seychelloise est insuffisante pour couvrir une zone aussi large (c'est l'une des plus grande ZEE de la région)477.

Les 7 décembre 1996 et 10 avril 1998, Le Monde présente succinctement les accords de défense et de coopération militaire entre la France et les pays africains, les Seychelles incluses. Ainsi, le journal annonce publiquement que la France et les Seychelles ont signé un

accord de coopération ou d'assistance militaire technique en 1979. Les Seychelles seraient l'un des vingt-trois pays africains à avoir signé avec la France ce type d'accord militaire478. Selon le quotidien, ces accords de coopération et d'assistance militaire technique entre ces pays peuvent être suspendus479. Cela a été le cas des Seychelles pendant la crise de 1979 à 1981, confirmé par la LOI du 16 janvier 1982480. D'après l'hebdomadaire, il n'y a plus eu aucun obstacle au resserrement des liens dans le domaine militaire entre la France et les Seychelles depuis l'arrivée au pouvoir de François MITTERRAND. Selon Le Monde, certains des accords passés avec ces pays ont paru dans le Journal officiel puisque le gouvernement français veut garder secret plusieurs aspects de ses relations militaires avec les États africains481.

Dans son article consacré à la crise franco-seychelloise, Jean-Pierre LANGELLIER fait allusion à la présence de marins français travaillant comme coopérants aux Seychelles. Parmi ces marins, il y a des instructeurs comme ceux du Topaze482. À propos du Topaze, ancien patrouilleur français appelé Croix du Sud, il existe un accord scellant sa cession aux Seychelles pour surveiller sa ZEE. Toutefois, aucun article de presse française ne semble l'évoquer.

478 D'après Le Monde, ces pays sont : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine, les Comores, le Congo, la République démocratique du Congo, la Côted'Ivoire, Djibouti, le Gabon, la Guinée équatoriale, la Guinée, Madagascar, le Mali, Maurice, la Mauritanie, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, le Tchad et le Togo.

479 ANONYME, « La présence militaire française », Le Monde, 7 décembre 1996.

480 « Soldats et navires étrangers », La Lettre de l'Océan Indien, 16 janvier 1982.

481 ANONYME, « Accords de défense et de coopération militaire », Le Monde, 10 avril 1998.

482 LANGELLIER Jean-Pierre, « L'arrestation d'un assistant technique français risque de jeter la suspicion sur une coopération fructueuse », Le Monde, 21 novembre 1979.

L'attaque des mercenaires a, semble-t-il, permis un renforcement sensible de la coopération militaire entre la France et les Seychelles. Plusieurs articles sur ce thème sont parus dans la presse française entre 1981 et 1982. D'après Pierre HASKI, la France a proposé, tout comme la Tanzanie, Madagascar et l'Inde une aide militaire à la République des Seychelles483. Aux dires du président RENÉ, tous les efforts de son gouvernement ont été entièrement consacrés à l'indépendance nationale à travers le développement économique et la création d'une société plus juste. Donc, le régime socialiste n'aurait « jamais dépensé un sou pour une arme » : la France, comme certains pays, en aurait offert484. Cette affirmation est reprise par la LOI dans son dossier consacré aux Seychelles le 5 décembre 1981. Donc, le régime de RENÉ chercherait dorénavant à avoir les moyens pour défendre l'indépendance nationale. Le 10 décembre 1981, Maxime FERRARI, ministre seychellois de l'Économie, affirme devant Philippe FLANDRIN de La Croix que la France pouvait se charger de former le personnel de sécurité seychellois485. La coopération militaire entre la France et les Seychelles a été renforcée après la visite du président RENÉ à Paris en février 1982. En effet, le dictateur a proclamé l'ouverture d'une « nouvelle ère de coopération » entre les deux pays. Pendant sa visite, RENÉ se serait entretenu avec le ministre de la Défense, Charles HERNU.

Cela est confirmé par Le Matin du 19 août 1982. Le chef de l'État seychellois a alors réclamé des conseils d'experts en matière de formation et d'équipement pour permettre aux Seychelles de se défendre contre ses agresseurs, et pour discuter sur les moyens de renforcer la coopération militaire entre les deux pays. À cela s'ajoute la volonté de renforcer la défense des côtes et de la sécurité des aérodromes486. Cette tentative de développement de la coopération militaire avec la France est évoquée par Libération le 18 août 1982. Le journal affirme même que des coopérants militaires ont été envoyés aux Seychelles, mais il affirme ignorer si des soldats français étaient présents pendant la mutinerie d'août 1982487. D'après Le Matin, aucun soldat français n'est stationné aux Seychelles et qu'aucun Seychellois ne suit de formation dans les écoles militaires françaises488. Le 12 juin 1982, la LOI publie un petit article sur la livraison d'équipement militaire français aux Seychelles. D'après l'hebdomadaire, le matériel, surtout des armes et des camions, ont été présentés au cours du défilé militaire du 5 juin célébrant l'anniversaire du coup d'État des partisans de RENÉ489. Cette livraison est rappelée par l'hebdomadaire dans un article paru le 21 août 1982 sous le titre suivant : « D'importantes relations militaires extérieures ». Six ans plus tard, un article parait dans la LOI le 3 décembre 1988. Cet article évoque le renforcement de l'armée seychelloise grâce à l'aide militaire de plusieurs États depuis la tentative de coup d'État de 1981. La LOI évoque la volonté du gouvernement seychellois de poursuivre sa coopération militaire, en 1988, avec la France. D'après l'article, deux pilotes seychellois allaient être bientôt formés à la Réunion490 (la principale base française dans l'océan Indien après Djibouti). S'il n'y a aucun article d'identifié entre 1982 et 1988, cet article nous indique que durant cette période, il y a eu une coopération active entre la France et les Seychelles. Entre 1982 et 1988, voir 1989, la France, avec d'autres pays, ont aidé les Seychelles à développer son armée en livrant du matériel d'équipement et en formant les soldats. La presse française nous présente donc une des trois principales lignes de la coopération militaire en Afrique et qui s'applique aux Seychelles : l'assistance militaire technique (AMT)491. Cette assistance permet la fourniture de personnel qualifié, une aide à la formation et un soutien logistique492. Le 14 mars 1987, le magazine Cols bleus nous donne « un exemple de coopération aux Seychelles »493. En 1986, un accord a été signé entre la France et les Seychelles. La France devait envoyer une équipe de techniciens militaires pour des opérations de déroctages pour aider le gouvernement progressiste à réaliser ses travaux entrepris dès 1985 de dragage d'un chenal d'accès d'un nouveau port en construction. En octobre 1986, on donna l'ordre au Rhin de faire route vers l'archipel. Le navire a veillé à son équipement avant son départ. Il atteint le port de Victoria le 19 novembre 1986 et commence sa mission le lendemain. Elle prend fin le 26. Le Rhin quitte l'archipel le lendemain.

483 HASKI Pierre, « SOS contre les mercenaires », Libération, 4 décembre 1981.

484 Op. cit. HASKI Pierre, « SOS contre les mercenaires », Libération, 4 décembre 1981.

485 FLANDRIN Philippe, « « Nous voulons la paix dans l'océan Indien » », La Croix, 10 décembre 1981.

486 « Coopération renforcée avec Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 27 février 1982 ; « Coopération militaire », La Lettre de l'Océan Indien, 6 mars 1982.

487 Op. cit. MOCKLER Anthony, « Mutinerie aux Seychelles », Libération, 18 août 1982.

488 Op. cit. C. Ch., « La rébellion matée », Le Matin, 19 août 1982.

489 « Équipement français », La Lettre de l'Océan Indien, 12 juin 1982.

490 « Coopération militaire tous azimuts », La Lettre de l'Océan Indien, 3 décembre 1988.

491 Les deux autres lignes sont les accords de Défense et la Force d'Action Rapide (FAR). SOURCE : DOMERGUE-CLOAREC Danielle, La France et l'Afrique après les indépendances, Paris, Sedès, collection Regards Sur L'histoire, 1995, p.70.

492 DOMERGUE-CLOAREC Danielle, La France et l'Afrique après les indépendances, Paris, Sedès, collection Regards Sur L'histoire, 1995, p.72-74.

493 MARTIN C. F., « Un exemple de coopération aux Seychelles », Cols bleus, 17 mars 1987.

Aucun autre article sur la coopération militaire entre la France et les Seychelles de RENÉ après 1989 n'a été identifié.

Nous nous rendons compte que c'est l'un des thèmes les plus traités par la presse française avec les relations politiques et économiques. Même si la coopération culturelle est censée être beaucoup importante que les relations militaires, ces dernières ont été préférées aux premières par les journalistes qui ont couvert les Seychelles et ses relations avec la France. La quantité d'articles et d'informations sur les relations militaires rendent ces derniers importants. Nous avons pu voir que les relations étaient - et sont encore - essentiellement navales. Nous nous rendons compte à quel point les relations militaires, en particulier les escales françaises, si nombreuses, sont importantes pour l'archipel et le régime de RENÉ. Sur la coopération, on a pu voir que la France a apporté un important soutien technique et logistique, ainsi qu'une assistance militaire dans l'objectif d'aider le gouvernement seychellois à développer son armée naissante et défendre sa souveraineté contre ses agresseurs. Si la coopération militaire est surtout évoquée entre 1981 et 1982, elle est pratiquement absente en dehors de ses dates. On regrette également que la presse française n'ait pas suffisamment présentée l'entretien des relations militaires franco-seychelloises dans les années 90 et 2000. On a donc une assez bonne idée sur le déroulement des relations militaires entre la France et les Seychelles sous le président RENÉ, mais il faudra également combler certaines lacunes.

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