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Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

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par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

Disponible en mode multipage

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AVERTISSEMENT

L'Université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation, ni désapprobation à ce Mémoire de recherche. Les opinions qui y sont contenues, doivent être considérées comme propres à leur auteur.

DEDICACE

A mon feu père Daniel Rabelais MINSOKO EMVANA

REMERCIEMENTS

J'adresse mes très sincères remerciements à mon directeur de mémoire, le Dr. Yves Alexandre CHOUALA, pour la confiance qu'il a bien voulu m'accorder, pour ses remarques rigoureuses et pour son ouverture d'esprit à mon regard sur la discipline des Relations Internationales.

Nous avons l'immense devoir de reconnaissance à l'endroit de : Pr. Jacques FAME NDONGO et son épouse Louise, S.E.M. Daniel EVINA ABE'E, M. Adolph ABESSOLO ABENELANG, M. Moise AKOM MVONDO, M. Jean Ariel ABATE EDI'I, Mme Julie MVENG, M. Roger ZO'ONYABE et Dr. Monique ABOSSOLO ESSI pour leur soutien moral et matériel considérable. Je remercie également le Pr. Salvador EYEZO'O, Dr. Bertrand ATEBA, Dr. Alexis NZEUGANG et M. Paul Z. AWONA pour leurs conseils ainsi que leur disponibilité.

Je tiens à exprimer ma reconnaissance aux enseignants et au personnel administratif de l'IRIC qui m'ont aidé et conseillé au cours des différentes phases de ce travail et qui m'ont offert un cadre de travail chaleureux.

Je tiens également à exprimer toute ma gratitude aux relecteurs de mon mémoire, Dr. Martin Paul ANGO MEDJO et M. Simon Pierre NDONGO MINSOKO ; grâce à leur relecture méticuleuse et leurs encouragements, ils ont contribué à la qualité de mon travail. Des remerciements chaleureux vont également à M. Adams Daniel OYONO, M. Davy MONEZE, M. Salomon MENGUE MVONDO, Mme Odile Noel MEVA, M. Jean Pierre Eric NDONGO et à M. Aaron Ferdinand ZAMBO pour leurs précieux conseils.

À de nombreuses personnes qui m'ont accordé un peu de leur temps pour exprimer leurs visions sur mon thème de mémoire, je dis ma reconnaissance. Merci à mes amis, lointains et présents, mes camarades de promotion, qui m'ont soutenu, volontairement ou involontairement, dans ce parcours solitaire.

Merci à mes parents, Marie Clémence, Sita Ndabot, Jeanne Alliance et François (Paris Cadeau), pour leur soutien affectueux. Je n'ai pas de mots assez forts pour remercier Suzanne Fanny BILO'O NNA pour son amour, de sa patience et son rire éclatant.

SIGLES ET ABREVIATIONS

AFD  : Agence française de Développement.

BTP  : Bâtiments et Travaux Publics.

CAP  : Centre d'Analyse et de Proposition pour l'Afrique.

CCTV-F  : China Central Télévision- Francophone.

CEEAC  : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale.

CEMAC  : Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale.

CLE  : Chine Langue Etrangère.

ENS  : Ecole Normale Supérieure.

EXIM-BANK: Export Import Bank of China.

FOCSA : Forum de Coopération Sino-africaine.

FPAE  : Fondation Paul Ango Ela

HSK  : Hanyu Shuiping Kaoshi.

IDE  : Investissement Direct Etranger.

IFRAMOND: Institut de la Francophonie et de la Mondialisation.

IRIC  : Institut des Relations Internationales du Cameroun.

MEDEF  : Mouvement des Entreprises de France.

MINESUP  : Ministère de l'Enseignement Supérieur.

MINREX  : Ministère des Relations Extérieures.

MONUC  : Mission des Nations Unies au Congo.

OIF  : Organisation Internationale de la Francophonie.

OUA  : Organisation de l'Unité Africaine.

PCA  : Président du Conseil d'Administration.

PCC  : Parti Communiste Chinois.

RART  : Réseau Africain sur la Recherche en matière de Travail.

RCA  : République Centrafricaine.

RDC  : République Démocratique du Congo.

RFI  : Radio France International.

RPC  : République Populaire de Chine.

TOEFL : Test of English as Foreign Language.

UA : Union Africaine.

UCL  : Université Catholique de Louvain

ULB  : Université Libre de Bruxelles

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture.

RESUME

Ce Mémoire est une contribution à l'analyse des enjeux qui gravitent autour de la variable culturelle dans la politique étrangère et particulièrement africaine de la République Populaire de Chine. Aussi a-t-il plus exactement pour ambition, de décrypter les mobiles qui sous-tendent l'implantation des Instituts Confucius en Afrique et donc au Cameroun. Pays animé par de nombreux contrastes et, qui plus est, dans un champ traditionnellement contrôlé par des puissances occidentales solidement implantées, la République Populaire de Chine a opté pour le soft power, dans la triple optique de se frayer un chemin, de nourrir son ascension actuelle et de se poser comme une puissance « responsable » et « conciliatrice ». Il s'agit par ailleurs, pour la deuxième puissance économique du monde, de réduire la méfiance et les critiques que son émergence suscite déjà sur la scène internationale. Le choix porté sur Confucius n'est donc pas anodin ; car, il s'agit d'une sommité de la civilisation chinoise, à travers laquelle cette dernière voudrait construire, sinon retrouver sa grandeur d'antan. Situé dans les locaux de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), l'Institut Confucius participe, de par l'enseignement du mandarin et autres activités, à la mise en oeuvre de la dimension soft de la puissance chinoise. Devenu visible au Cameroun, l'Institut Confucius contribue au rayonnement culturel de la Chine en Afrique Centrale, en même temps qu'il constitue l'un des instruments forts de sa puissance « globale ».

Mots clés : Chine, Cameroun, Réalisme, Géoculture, Puissance culturelle, Institut Confucius.

ABSTRACT

This project is a contribution to the study of the stakes around the cultural variable in the foreign policy, notably, the African policy of China. As a result, it aims precisely to prove into the motives behind the setting up of Confucius Institutes in Africa and then in Cameroon. A country full of numerous contrasts and in a field traditionally controlled by firmly entrenched western powers, China has opted for the «soft power» in the triple perspective to make a way for itself, sustain its cultural rise, and pass off as a «responsible» and «conciliatory» power. Furthermore, for the world second economic power, it is a matter of scaling down the distrust and criticism its rise is already drawing on the international scene. The choice of Confucius is therefore not insignificant; in fact, it is a prominent figure in the Chinese civilization through whom this civilization intends to build up or rediscover its greatness of the past. Located on the premises of the International Relations Institute of Cameroon (IRIC), the Confucius Institute takes part through the teaching of Chinese language and further activities, in the implementation of the soft aspect of the Chinese power. Having become visible in Cameroon, the Confucius Institute contributes to china's cultural influence in Central Africa as well as being one of the powerful tools of its «global» power.

Keywords : China, Cameroon, Realism, Geoculture, Cultural Power, Confucius Institute.

TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES ET ABREVIATIONS iv

RESUME vi

ABSTRACT vii

TABLE DES MATIÈRES viii

INTRODUCTION GENERALE 1

I- PRESENTATION DU SUJET ET SES CONTOURS 2

A) Délimitation spatiale 3

B) Délimitation temporelle 3

C) Délimitation thématique 4

II- QUELQUES PRECISIONS TERMINOLOGIQUES 4

A) Coopération 4

B) Culture 5

C) Institut Confucius 6

III- L'INTERET DU SUJET 6

A) L'intérêt scientifique 6

B) L'intérêt politique 7

IV- REVUE DE LA LITTERATURE 7

A) Domaine politique 8

B) Domaine commercial 8

C) Domaine infrastructurel 8

D) Domaine stratégique 9

E) Déploiement culturel de la Chine 9

V-PROBLEMATIQUE 9

VI- HYPOTHESES 10

VII- CONSIDERATIONS THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES 10

A) Cadre méthodologique 11

1) La technique de collecte des données 11

2) La méthode d'analyse des données 11

B) Cadre théorique 12

PREMIERE PARTIE : LES INSTITUTS CONFUCIUS ET LA CREATION D'UN SENS DE LA PUISSANCE CHINOISE ? 16

CHAPITRE I : L'INFLUENCE DE LA PHILOSOPHIE CONFUCEENNE DANS LA VISION CHINOISE DU MONDE 17

SECTION I : L'APPORT DE CONFUCIUS A LA CIVILISATION CHINOISE 17

PARAGRAPHE I : CONFUCIUS ET SA DOCTRINE 17

A) Confucius : vie et oeuvre 17

B) La doctrine de Confucius : le confucianisme 18

PARAGRAPHE II : LA PLACE DU CONFUCIANISME DANS LA CIVILISATION CHINOISE......................................................................................... 19

A) La prégnance du confucianisme dans la civilisation chinoise 19

B) La contribution du confucianisme à l'émergence de la Chine actuelle 21

SECTION II : LA PHILOSOPHIE CONFUCEENNE COMME SOURCE D'INSPIRATION DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA CHINE 24

PARAGRAPHE I : LA DOCTRINE CONFUCEENNE DANS LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA CHINE 24

A) La coexistence pacifique 24

B) La non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats 26

PARAGRAPHE II : LE MARQUAGE CONFUCEEN DE LA COOPERATION INTERNATIONALE............................................................ 27

A) Une présence remarquable en Asie et dans les pays occidentaux 27

B) Un soutien indéniable aux autres pays en développement 28

CHAPITRE II : LES INSTITUTS CONFUCIUS : LA CONSTRUCTION DE LA DIMENSION CULTURELLE DE LA PUISSANCE CHINOISE 31

SECTION I : LE PARADIGME CULTUREL DE L'INSTITUT CONFUCIUS 31

PARAGRAPHE I : LES PRINCIPES, LES VALEURS ET L'INCARNATION SOCIALE DU CONFUCIANISME 32

A) Les principes et valeurs du confucianisme 32

B) L'incarnation sociale du confucianisme 35

PARAGRAPHE II : LE CONFUCIANISME DANS L'AMBITION GLOBALE DE LA CHINE.............................................................................................. 36

A) Le déploiement du confucianisme à l'échelle mondiale 36

B) L'influence du confucianisme dans le façonnage du projet chinois 38

SECTION II : CONFUCIUS, SUPPORT DU PROJET CULTUREL CHINOIS A

L'ECHELLE MONDIALE 39

PARAGRAPHE I : LES MOBILES QUI SOUS-TENDENT LA REHABILITATION DE CONFUCIUS PAR LE GOUVERNEMENT CHINOIS................................ 39

A) Le désamorçage des critiques idéologiques 40

B) La quête de la puissance : la grandeur du passé comme tremplin 41

PARAGRAPHE II : L'IMPLANTATION DES INSTITUTS CONFUCIUS DANS LE MONDE : UN VECTEUR DE PUISSANCE POUR LA CHINE ?............................... 42

A) Les points d'implantation de l'Institut Confucius : maillon important de la projection de la Chine sur la scène internationale.......................................... 43

B) Vers une nouvelle forme d'impérialisme culturel chinois ? 45

DEUXIEME PARTIE : L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC : BASE DE L'ATTRACTION CHINOISE EN AFRIQUE 48

CHAPITRE III : L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC: UN TREMPLIN POUR LA PROJECTION LINGUISTIQUE DE LA CHINE 49

SECTION I : L'IMPLANTATION DE L'INSTITUT CONFUCIUS A L'IRIC : UN CHOIX RATIONNEL 49

PARAGRAPHE I : RENFORCER LA COOPERATION POUR DES RAISONS D'ORDRE ACADEMIQUE..................................................................... 50

A) La formation 50

B) La création des ressources favorables au développement 51

PARAGRAPHE II : AU-DELA DE LA COOPERATION : LES MOBILES D'ORDRE STRATEGIQUE................................................................................... 53

A) L'IRIC comme socle d'un rayonnement géographique considérable 53

B) Des activités culturelles au service des intérêts chinois 55

SECTION II : L'IRIC : UNIQUE LABORATOIRE DE LANGUE CHINOISE EN AFRIQUE CENTRALE 56

PARAGRAPHE I : LA LANGUE CHINOISE COMME VECTEUR D'INFLUENCE EN AFRIQUE CENTRALE........................................................................................ 57

A) Un engouement croissant de l'apprentissage du mandarin 58

B) L'influence par l'éducation 59

PARAGRAPHE II : LA LANGUE CHINOISE : UN STIMULANT POUR LES ECHANGES ET LE DIALOGUE........................................................................................ 60

A) Un facteur d'intérêt réciproque 60

B) Une facilitatrice de l'intégration de la diaspora chinoise en Afrique centrale 62

CHAPITRE IV : L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC : UNE DIMENSION DE LA PUISSANCE GLOBALE CHINOISE 64

SECTION I : L'INSTITUT CONFUCIUS ET L'ENSEIGNEMENT DU MANDARIN : VERS LE FACONNAGE DE L'AFRIQUE AU MODELE CHINOIS ? 65

PARAGRAPHE I : DU PROJET MESSIANIQUE CHINOIS A L'OBSTACLE CULTUREL ET LINGUISTIQUE............................................................. 66

A) La pénétration linguistique de la Chine au Cameroun : un tremplin pour la mise en oeuvre du messianisme de l'empire du milieu ?......................................................... 66

B) La diversité culturelle et linguistique de l'Afrique comme obstacle à l'ambition de la Chine 68

PARAGRAPHE II : LES STRATEGIES DE CONQUETE DES COEURS ET DES ESPRITS........................................................................................... 70

A) Les programmes d'enseignement 71

B) De l'octroi des bourses d'étude à l'accueil des camerounais en Chine 74

SECTION II : LA RECEPTION LOCALE ET REGIONALE DE L'INSTITUT CONFUCIUS 75

PARAGRAPHE I : L'INSTITUT CONFUCIUS VU PAR LE CAMEROUN 75

A) La vision de l'IRIC 75

B) La vision gouvernementale 76

PARAGRAPHE II : L'IMPACT DE L'INSTITUT CONFUCIUS EN AFRIQUE CENTRALE....................................................................................... 77

A) L'attractivité régionale de l'Institut Confucius 77

B) L'Institut Confucius et les enjeux de l'influence chinoise 78

CONCLUSION GENERALE 81

BIBLIOGRAPHIE 85

PROTOCOLE DE RECHERCHE 94

ANNEXES 95

INTRODUCTION GENERALE

Les relations entre l'Afrique et la Chine remontent à l'époque de la dynastie han (-206 av.J.-C./+220 ap. J.-C.)1(*). Elles se sont interrompues en raison des ambitions maritimes de Pékin et de la colonisation européenne en Afrique. Dès lors, ces relations ont connu un affaiblissement jusqu'à la veille de l'émancipation totale des anciennes colonies.

Le renforcement de la politique africaine de la Chine s'inscrit dans une tradition fondée d'abord sur la légitimité historique, née de l'implication de la Chine dans les luttes de décolonisation de plusieurs pays africains, ensuite sur l'héritage idéologique tiers-mondiste de la guerre froide et, enfin, sur la promotion des principes de non-ingérence et de neutralité comme socle du partenariat avec l'Afrique. Ces deux régions si éloignées géographiquement et culturellement auraient en commun certains aspects, car « la Chine est le plus grand pays en développement du monde tandis que le continent africain regroupe le plus grand nombre de pays en développement »2(*). La coopération culturelle entre les deux régions se développe à travers les échanges universitaires et la prolifération des centres Confucius en Afrique, notamment au Kenya, au Zimbabwe, en Afrique du sud, en Egypte, au Rwanda, au Cameroun, en Mauritanie, à Madagascar, à l'Ile Maurice et bientôt à la Réunion.

Le Cameroun est l'un des pays africains sollicités par la diplomatie culturelle chinoise. En effet, c'est avec l'établissement des relations diplomatiques, le 26 mars 1971, que la coopération entre la Chine et le Cameroun connaitra son véritable envol, après une période de l'hibernation. La principale cause de l'officialisation tardive de ces relations réside dans l'état de tension qui existait dans les rapports politiques entre les deux pays pendant les années 1960 et 1970. Celle-ci résidait dans l'intrusion réciproque de la Chine et du Cameroun dans leurs affaires intérieures respectives (l'intrusion de la Chine dans la lutte pour l'indépendance du Cameroun d'une part, et l'ingérence du gouvernement camerounais dans le conflit sino-taiwanais d'autre part)3(*). Depuis lors, le domaine culturel était l'un des projets définis par Pékin et Yaoundé. Cette coopération culturelle, de l'avis de Narcisse Mouellé Kombi, se limitait à « l'octroi des bourses d'enseignement supérieur et de spécialisation à des jeunes camerounais »4(*). Par la suite, les deux pays ont conclu, le 27 aout 1984 à Beijing, un accord de coopération culturelle pour promouvoir leurs relations d'amitié et renforcer leurs échanges culturels (voir Annexe 1). C'est donc dire que le domaine culturel est significatif dans la coopération sino-camerounaise.

I- PRESENTATION DU SUJET ET SES CONTOURS

La coopération culturelle fait l'objet d'une attention particulière et constitue un domaine non négligeable du retour de la Chine sur le continent africain. S'il est vrai que la Chine a compris le bénéfice qu'elle pouvait tirer de l'Afrique en usant de l'une des armes les plus redoutables de l'après guerre froide, à savoir la puissance économique, il n'en demeure pas moins que le cataclysme du 11 septembre 2001 qui a frappé les Etats-Unis, lui a permis de mettre en oeuvre une stratégie globale pour trouver de nouvelles frontières à ses populations et à son économie. Ses pratiques commerciales et leur difficile intégration culturelle en Afrique en général et au Cameroun en particulier, provoquent ici et là des formes de rejet qu'elle ne saurait négliger bien qu'ayant le potentiel de rivaliser les autres puissances sur le sol africain. Mais au regard de l'énorme écart qui les sépare, le principal problème auquel la Chine est confrontée est sa capacité à penser une stratégie sans courir le risque de provoquer les autres puissances du globe. C'est la raison pour laquelle la Chine estime que la diplomatie culturelle doit être combinée aux autres variables économique, politique, etc. Ce qui fait dire à un diplomate chinois que « aujourd'hui, les chinois souffrent de se sentir incompris. Ils ont réalisé que le fait qu'ils parlent des langues étrangères ne suffirait plus. Il faut que la communication passe dans les deux sens »5(*). Fort de ce qui précède,  l'offensive culturelle que la Chine dirige vers le Cameroun, illustre bien cette volonté de la République Populaire de Chine (RPC) de s'affirmer et de sécuriser un marché important, comme l'ont d'ailleurs fait toutes les autres grandes puissances, à travers l'implantation à l'IRIC en 2007 de l'Institut Confucius de Yaoundé qui semble être un instrument fort du rayonnement culturel de la Chine.

Ainsi, la délimitation de notre objet d'étude consiste, pour mieux cerner les contours de la coopération culturelle sino-camerounaise, à identifier non seulement la délimitation spatiale(A), mais aussi celles dites temporelle(B) et thématique(C).

A) Délimitation spatiale

La coopération sino-camerounaise met en exergue deux Etats souverains. Il s'agit d'une part de la RPC, pays d'Asie orientale, dont le nom usuel en chinois est « zhong-guo » qui signifie littéralement « empire du milieu ». C'est la grande puissance émergente du 3e millénaire qui affiche une réussite économique exemplaire et, d'autre part, le Cameroun.  Au- delà de son emplacement stratégique sur le continent africain, de sa diversité et de sa complexité naturelle, humaine et culturelle, le Cameroun offre un panorama géographique et climatique des plus enviables, capable d'en faire une destination touristique prioritaire en Afrique. Le Cameroun se distingue par la stabilité poltique, les avantages de l'environnement économique local pour le commerce, la flexibilité du marché, son marché intérieur vaste ( plus de 19 millions de consommateurs potentiels), les nombreuses ressources naturelles et la façade maritime importante. Le Cameroun offre à la Chine des avantages économiques indéniables et constitue de ce fait, un point d'entrée sur toute l'Afrique centrale. Ainsi, le Cameroun, "de par son poids démographique et son économie diversifiée, apparait comme la principale puissance économique de la sous-région»6(*). Il est situé, pour sa partie sud-ouest, dans le Golfe de Guinée. Ces deux acteurs constituent le champ majeur de notre investigation.

B) Délimitation temporelle

Comme l'indique le thème, la chronologie indicative de notre travail va de 2007 à nos jours. En effet, il ne s'agit pas de délaisser les accords qui ont posé les jalons d'une coopération culturelle fructueuse entre les deux pays, mais de souligner le fait que l'année 2007 constitue un tournant décisif et marque une ère nouvelle dans les rapports Chine-Cameroun. La visite du Président chinois Hu Jintao en terre camerounaise a été marquée entre autres, par la création du Centre Confucius à Yaoundé, sorte d'élévation du centre d'apprentissage de la langue et civilisation chinoises opérationnel depuis 1996 et ouvre une porte nouvelle pour la coopération et les échanges entre les deux pays.

C) Délimitation thématique

Pour être scientifique, les phénomènes dont on cherche à rendre compte doivent être partiels et localement bien situés, souligne Pierre De Sernaclens7(*). Le thème de notre étude met en évidence la RPC qui, dans sa dimension culturelle se déploie sur le territoire camerounais, à travers l'un de ses instruments de rayonnement culturel, à savoir l'Institut Confucius. Il s'agira donc aussi d'une étude basée sur ce Centre.

II- QUELQUES PRECISIONS TERMINOLOGIQUES

D'après Madeleine Grawitz, la clarification conceptuelle semble indispensable pour cette raison que « le chercheur prudent indiquera la définition adoptée pour les concepts qu'il utilise »8(*). Dans la même logique, l'un des apports de la philosophie confucéenne est d'avoir compris que les mots ne sont pas neutres et qu'il faut leur donner une définition claire avant de les utiliser9(*). Il sera question dans ce cadre, de définir les concepts de coopération, de culture et d'Institut Confucius.

A) Coopération

La coopération, d'après le lexique de politique, est « une politique d'entente, d'échange et de mise en commun des activités culturelles, économiques, politiques et scientifiques entre Etats de niveau de développement inégaux »10(*). Cette définition bien qu'adaptée au contexte Chine-Cameroun, ne fait pas l'unanimité chez tous les auteurs. Henry Kissinger estime que  « la coopération n'est pas une faveur qu'un pays concède à un autre(...). Elle sert les intérêts des deux parties »11(*). Observation que corrobore François Roche, lorsqu'il affirme que « la coopération stricto sensu, induit que deux sujets placés dans une position théorique d'égalité, contribuent également à la réalisation d'un projet commun ». Cependant, poursuit-il, « la coopération est devenue le maître mot des relations culturelles, l'influence ou la promotion constituent des axes politiques qu'il faut rendre plus discrets, au moins sur la scène extérieure »12(*). Cette définition semble être une illustration évidente dans le cadre de la coopération sino-camerounaise.

B) Culture

La culture a été forgée par les anthropologues pour analyser les sociétés de petites dimensions et, «désigne le code par lequel les acteurs se comprennent dans le jeu social et en un temps la signification particulière que revêtent l'action et les institutions sociales dans chaque collectivité »13(*). Elle peut également être définie comme « un système de significations communément partagé par les membres d'une communauté sociale qui en font usage dans leurs interactions »14(*). Mais la définition qui semble la plus détaillée, est celle donnée par l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture) en 1982 à Mexico, lors de la conférence sur les politiques culturelles : « la culture, peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances »15(*).

Ainsi, la culture depuis la fin de la Guerre Froide, occupe une place prééminente dans l'organisation de la société internationale. Chaque acteur tend à valoriser la variable culturelle et Luc Sindjoun pense à ce propos que la puissance culturelle a acquis une importance majeure dans les relations internationales d'après Guerre Froide et notamment après le 11 septembre 2001. Aussi souligne t-il, que cette expression renvoie à « ... un ensemble de capacités fondées sur la maitrise soit par un groupe sous quelle que forme que ce soit (Etat, réseau, entreprise, organisation internationale, etc.) ou soit par des individus des manières de faire, de penser et de sentir pouvant lui permettre d'orienter à leur profit symbolique ou matériel une relation sociale. C'est la chance du triomphe de la volonté, fondée sur le contrôle soit des significations, des normes et des valeurs, soit des objets identitaires »16(*).

C) Institut Confucius

Confucius17(*) est considéré comme le premier éducateur de la Chine et son enseignement a donné naissance au confucianisme, doctrine philosophique, morale, sociale et politique qui a été érigée en religion d'Etat dès la dynastie Han et officiellement bannie au début du XXe siècle.

De ce qui précède, les Instituts Confucius sont des centres d'enseignement du mandarin et de diffusion de la culture chinoise, créés par le gouvernement de la RPC. C'est dans cette logique que Liu Yandang18(*) affirme : « notre mission est d'encourager les jeunes à apprendre le chinois. On renforce ainsi les amitiés, les échanges et cela aidera à créer un futur meilleur pour l'humanité ». Le choix de Confucius pour patronner ce projet permet de désamorcer les critiques idéologiques et de se démarquer des excès de la révolution communiste, afin de replacer la civilisation et la culture de l'Empire du Milieu au premier chef des autres cultures du monde.

III- L'INTERET DU SUJET

Le sujet présente un double intérêt. Il s'agit d'une part de l'intérêt scientifique (A), et d'autre part de l'intérêt politique (B)

A) L'intérêt scientifique

L'intérêt scientifique peut être considéré comme la contribution de cet objet d'étude à la science. En effet, les tenants du courant réaliste ont donné peu de crédit au facteur culturel dans les relations internationales. Cependant, il est clair, surtout après le 11 septembre 2001 que l'enjeu culturel s'est imposé au premier plan des préoccupations des Etats. Ainsi, en intégrant l'aspect culturel dans les rapports entre Etats, Luc Sindjoun pense que la notion de puissance est traversée par un effet de ciseau19(*). La mise en évidence des rapports d'intérêts entre la RPC et le Cameroun permet de relativiser les objectifs et moyens dont font usage les Etats tels que postulés par les réalistes. J. Nye pense à cet effet que, la puissance devient moins fongible, moins coercitive et moins tangible. A ce sujet, S. Huntington, affirme que « le commerce ne va peut-être pas toujours avec le drapeau, mais la culture, elle, suit toujours la puissance ».20(*) Fort de ce qui précède, la culture constitue donc pour la Chine, un vecteur de la stratégie de puissance et l'implantation de l'Institut Confucius au Cameroun, représente un enjeu global considérable.

B) L'intérêt politique

S'agissant de l'intérêt politique, il faut comprendre la lecture en arrière-plan des actes que posent les deux acteurs. Jean Baptiste Duroselle et Pierre Renouvin estiment que pour comprendre l'action diplomatique d'un Etat, il faut chercher à percevoir les influences qui en ont orienté le cours. Il s'agit donc de « mesurer l'impact des forces profondes sur le comportement des acteurs internationaux »21(*). La stratégie culturelle de la Chine semble être multidimensionnelle, puisqu'elle se déploie dans les domaines diplomatique, politique, économique, commercial, etc. C'est dire que dans le cadre de la coopération sino-camerounaise, se trouvent des motivations bien plus stratégiques que l'analyse de l'objet d'étude pourra mieux ressortir.

IV- REVUE DE LA LITTERATURE

On peut considérer que l'une des étapes de la revue de la littérature consiste à « ...saisir l'état des connaissances sur un sujet dans un espace cognitif donné (la science politique, l'histoire, la psychologie, la sociologie, le travail social, etc.). Il faut évidemment connaitre les fondements théoriques des problèmes qui ont déjà fait l'objet de recherches et ceux qui restent à résoudre »22(*).

Sur la question de la coopération culturelle entre la RPC et le Cameroun, il n'existerait pas de travaux proprement scientifiques. Cependant, moult productions scientifiques à caractère général sur les relations entre les deux pays ont été commises :

A) Domaine politique

S'agissant des relations politiques sino-camerounaises, Dieudonné Oyono, dans son ouvrage intitulé Avec ou sans la France ? La politique africaine du Cameroun depuis 1960, paru en 1990, établit les convergences entre la Chine populaire et le Cameroun à travers le soutien de Pékin à l'UPC (Union des Populations du Cameroun) dans la lutte contre l'impérialisme français23(*). Dans le même ordre d'idées, Kengne Fodouop dans Le Cameroun : Autopsie d'une exception plurielle en Afrique, paru en 2010, présente le Président Ahidjo comme étant l'un des premiers présidents d'Afrique à effectuer en 1973, une visite officielle en Chine et à s'y entretenir très longuement avec Mao Zedong24(*). C'est donc dire que les relations entre la Chine et le Cameroun ne datent pas d'aujourd'hui.

B) Domaine commercial

Parlant des relations commerciales, Thierry Bangui dans son ouvrage commis en 2009, La Chine, un nouveau partenaire de développement de l'Afrique : vers la fin des privilèges européens sur le continent noir ? évoque les relations commerciales Chine-Cameroun à travers la création de l'un des bureaux de la chambre de commerce sino-africain au Cameroun ainsi que des accords de prêts signés entre les deux parties25(*).

C) Domaine infrastructurel

Au sujet du développement des infrastructures par la Chine au Cameroun, Jean Célestin Edjangue dans Cameroun : un volcan en sommeil, paru en 2010, affirme que le Cameroun bénéficie du savoir-faire chinois dans de nombreux domaines : infrastructures routières et sportives, construction des édifices, fabrication et vente des engins, etc.26(*). Dans la même logique, Jean Jolly, dans son ouvrage paru en 2011, intitulé Les chinois à la conquête de l'Afrique, affirme que l'offensive chinoise est spectaculaire au Cameroun en matière de grands contrats destinés à la réalisation de grands projets structurants27(*).

D) Domaine stratégique 

Serge Michel et Michel Beuret dans leur ouvrage la Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir paru en 2008, estiment que la Chine gagne le terrain au Cameroun, enterrant la Françafrique par l'exploitation des mines solides28(*). Dans le même ordre d'idées, Eric Nguyen dans son ouvrage les relations Chine-Afrique, paru en 2008, esquisse le fait que Pékin ait mis sur pieds une nouvelle stratégie pour développer sa culture en Afrique, en créant des Instituts Confucius, dont l'un se trouve implanté au Cameroun29(*).

E) Déploiement culturel de la Chine

Parlant de la culture chinoise, Tanguy Struye de Swielande, dans son article publié en 2009 intitulé « la Chine et le « soft power »: une manière douce de défendre l'intérêt national ? », pense que la Chine développe depuis quelques années un ensemble d'outils pour rendre son émergence non pas menaçante mais attrayante30(*). C'est ce qui semble justifier son déploiement culturel au Cameroun.

Cependant, les relations culturelles entre les deux pays, de manière spécifique, n'ont pas fait l'objet de beaucoup d'études. C'est pour essayer d'éclairer cette zone d'ombre que nous avons choisi de nos appesantir sur la dimension culturelle dans cette coopération.

V-PROBLEMATIQUE

Pour Michel Beaud, « la problématique, c'est l'ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet choisi ».31(*) La problématique peut aussi être définie comme l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle est une manière d'interroger les phénomènes étudiés32(*). Mais également, « la problématique est la recherche de « ce qui pose problème », c'est-à-dire d'une difficulté théorique ou pratique dont la solution n'est pas trouvée »33(*). C'est cette dernière qui semble cadrer à notre objet d'étude. La coopération sino-camerounaise met en exergue l'expression de la volonté de deux Etats d'intensifier leur coopération dans le domaine culturel.

Fort de ce qui précède, il a semblé utile de déterminer l'enjeu de la valorisation de la dimension culturelle dans les relations entre les deux pays. Que peut représenter l'Institut Confucius dans cet enjeu, et qu'est-ce qui se joue à travers l'implantation de celui-ci à l'IRIC (Cameroun) ?

VI- HYPOTHESES

Madeleine Grawitz soutient que l'hypothèse doit être rattachée à une théorie existante afin d'être en conformité avec le contenu actuel de la science34(*). Lawrence Olivier pense à la suite de ce propos que, « l'hypothèse(ou la proposition de recherche) constitue, sous la forme d'un énoncé, la réponse que le chercheur apporte aux objections qu'il a lui-même formulées face aux études qui l'ont précédé »35(*). Par rapport au problème ci-dessus posé, nous envisageons les hypothèses dont l'énoncé suit: L'Institut Confucius peut être considéré comme un outil fondamental affecté au service de la valorisation de la dimension culturelle dans la coopération sino-camerounaise.

Son implantation à l'IRIC répond à deux enjeux majeurs : l'affirmation et la capitalisation de la dimension soft de la puissance chinoise et l'investissement du marché culturel international par la Chine.

VII- CONSIDERATIONS THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES

D'après J. Huntzinger « les relations internationales doivent être abordées par trois approches : la théorie, la sociologie et l'histoire. Pour la théorie, la science des relations internationales s'interroge sur la nature et les ressorts fondamentaux de la société internationale. Par la sociologie, elle s'interroge sur les régularités de la société internationale. Par l'histoire elle s'interroge sur le déroulement de la vie internationale et la transformation de la société internationale »36(*).

A) Cadre méthodologique

M. Angers définit la méthode comme étant « ...des orientations générales quant aux façons d'aborder un objet d'étude... »37(*). A cet effet, avant de présenter la méthode d'analyse des données, il convient d'évoquer la technique de collecte des données à laquelle nous avons eu recours.

1) La technique de collecte des données

La technique renvoie à l'ensemble des procédés opératoires, destinés à collecter les données nécessaires à la vérification des hypothèses. Ce travail s'est fait à base de la lecture de divers documents écrits sur la présence chinoise en Afrique, avec un accent sur le Cameroun. Ouvrages publiés, articles scientifiques, des revues, des journaux, des discours et autres propos exprimés dans les médias par les officiels des Etats qui nous intéressent dans cette étude, des documents tirés de l'internet ont aussi été exploités. Ils ont été complétés par un protocole de recherche adressé aux responsables ainsi qu'à certains apprenants du mandarin de l'Institut Confucius. Des entretiens avec des personnes diverses, pouvant fournir des informations sur l'intervention chinoise en matière culturelle au Cameroun.

2) La méthode d'analyse des données

La méthode est un « Ensemble d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie »38(*). Cette étude nous commande le recours aux méthodes dites qualitatives. Les méthodes qualitatives renvoient à l'ensemble des techniques interprétatives qui cherchent à décrire, décoder, traduire et généralement percer le sens et non la fréquence de certains phénomènes survenant du monde social. Reposant sur la finesse des remarques découlant des faits, l'analyse qualitative permet d'établir des relations entre variables et apparaît comme un moyen efficace pour tester certaines hypothèses de recherche en établissant notamment des rapports de cause à effet39(*). Complexes, ouvertes et revêtant une forme discursive, les données qualitatives sont susceptibles de donner lieu à plusieurs interprétations. En effet, les données recueillies et analysées sont liées au chercheur par leur choix et leur interprétation. Ce qui vaut aux méthodes qualitatives d'être souvent présentées comme peu fiables. Pourtant, cela ne semble pas entamer l'attachement que les chercheurs leur témoignent. Aussi aurons-nous recours à la méthode d'analyse géopolitique.

La géopolitique est également considérée comme une méthode d'analyse des phénomènes internationaux40(*). « Elle s'interroge sur le calcul des uns et des autres et ce qui les pousse à agir »41(*). C'est conscient de cette réalité qu'Aymeric Chauprade conseille à tout chercheur soucieux de comprendre la vie internationale actuelle de s'approprier cet outil précieux et indispensable42(*). «La géopolitique est un savoir pratique et opératoire ayant pour fondement une méthode d'analyse scientifique reposant sur la prise en compte de ce que Jacques Soppelsa appelle d'une part les « tendances lourdes » et d'autre part les « variables contemporaines » de l'objet d'étude »43(*). C'est donc un moyen efficace pour analyser la valorisation de la dimension culturelle dans la coopération sino-camerounaise, en mettant un accent particulier sur l'implantation de l'Institut Confucius à l'IRIC. Il s'agit de se servir de la méthode d'analyse géopolitique afin d'« identifier les acteurs, [d'] analyser leurs motivations, [de] décrire leurs intentions... »44(*). Bref, il s'agit de se servir de cette méthode pour décrypter autant que faire se peut, les intentions profondes et généralement non avouées qui animent la RPC lorsqu'elle décide de mettre un accent particulier sur le facteur culturel dans ses relations avec le Cameroun.

B) Cadre théorique

Le terme théorie vient du grec « theorein » qui signifie observer avec émerveillement ce qui se passe pour le décrire, l'identifier et le comprendre45(*). La théorie permet de rendre compte des faits sociaux à partir d'un modèle prédéfini46(*). Pour Merle, « le détour par la théorie n'est(...) pas une évasion, mais un moyen de mieux appréhender la réalité »47(*). Ainsi, c'est la théorie qui donne une explication ou une compréhension à un phénomène. Dans le cadre de ce travail, le choix a été porté sur deux grilles d'analyse : le réalisme et la géoculture.

S'agissant du réalisme, nous pouvons affirmer que cette théorie a constitué le cadre d'analyse dominant des Relations internationales48(*) au XXe siècle, notamment dans les pays anglo-saxons49(*). Comme l'écrit Benjamin Frankel, le réalisme, comme construction intellectuelle, a dominé l'étude des Relations internationales dès le commencement. « Des sophistes et Thucydide, Machiavel et Hobbes, à E.H Carr, Hans Morgenthau, John Herz et Kenneth Waltz, les penseurs réalistes ont offert des analyses lucites sur la politique entre les nations »50(*). Frankel explique cette primauté de l'approche réaliste par le fait qu'elle a toujours proposé de « ... fournir les explications valables sur les comportements des Etats ».

Le réalisme, d'après De Senarclens et Yohan, repose sur l'hypothèse que les relations internationales désignent en premier lieu les rapports entre Etats qu'il convient d'appréhender comme acteurs souverains, rationnels, mus par la défense de leurs intérêts propres. Le réalisme privilégie donc la puissance, atout essentiel des Etats. C'est ce qui explique la volonté de chacun d'eux d'en acquérir la réalité et la reconnaissance. Elle permet à qui la détient d'influer sur la vie internationale, parfois même d'imposer dans une certaine mesure sa volonté aux autres acteurs. Toutefois, celle-ci est non seulement « relative mais également évolutive et fluctuante »51(*). Dorénavant, la puissance s'exerce de manière plus douce, sans recourir à la coercition, elle se rapproche de ce que Joseph Nye a qualifié de soft power52(*).

La coopération sino-camerounaise met en exergue deux Etats qui ont pris la décision d'accroitre leurs relations dans le domaine culturel par la mise en oeuvre d'un Institut Confucius. Or, il s'avère qu' « en Chine, à l'image de l'Italie de Mussolini, tout (est) dans l'Etat, rien hors de l'Etat, rien contre l'Etat »53(*). C'est dans cette perspective que Jean-Philippe Beja affirme que : « la RPC elle-même, qui, plus que tout autre pays, est attachée au modèle westphalien de l'Etat-nation et fait tout pour maintenir le monopole de l'Etat sur ses relations extérieures »54(*). Parlant de la quête de la puissance, Stéphanie Bessière justifie cette recherche de la puissance par la Chine, en disant qu'elle a «  perdu son statut de puissance et cherche aujourd'hui à le retrouver. De nombreux critères cumulatifs (militaire, économique, politique, niveau d'éducation, rayonnement culturel...), individuellement inopérants, interviennent »55(*). A ce titre, Hans Morgenthau pense que la culture est un instrument d'impérialisme56(*) qui consiste en une préparation de terrain pour des éventuelles conquêtes militaires ou économiques. Il dit à ce propos que « what we call cultural imperialism is the most subtle and, if we ever to successful of imperialistic policies (...). It softens up the enemy; it prepares the ground for military conquest or economic penetration »57(*). De ce qui découle, Xu Lin nuance en affirmant que « certains pays nous critiquent, redoutent un impérialisme chinois, mais nous nous sommes inspirés du modèle de l'Alliance française qui va bien au delà de l'enseignement de la langue et présente aussi le cinéma, la littérature et les arts français(...).Tout comme le British Council... »58(*). C'est pourquoi ce travail soutient que, d'un point de vue théorique, l'Institut Confucius du Cameroun peut être analysé à travers le prisme du réalisme.

La géoculture contribue également au décryptage du comportement des acteurs sur la scène internationale. La géopolitique dont cette science est issue, constitue une discipline dont l'objet est d'étudier les relations qui existent entre la conduite de la politique étrangère d'un Etat et le cadre géographique dans lequel elle s'exerce59(*). Elle « s'intéresse à (...) la compréhension des facteurs culturels... »60(*). De ce qui découle, le culturel a pris une dimension essentielle dans les équilibres géopolitiques, si bien que la prise en compte du facteur culturel dans la géopolitique a favorisé l'émergence d'un nouveau concept, à savoir la géoculture61(*).. A ce propos, Samuel Huntington affirme que « les conflits n'auront pas essentiellement pour origine l'idéologie ou l'économie. Les grandes causes de division de l'humanité et les principales sources de conflits seront culturels ». Aussi, poursuit-il, « les relations internationales qui, au cours de ces derniers siècles se sont joué dans le cadre de la civilisation occidentale se sont de plus en plus désoccidentalisées »62(*). Il revient donc à s'interroger sur les mobiles qui sous-tendent cette offensive culturelle de la RPC en terre camerounaise. La géoculture explicite donc l'expansion culturelle de la Chine en direction du Cameroun, par le biais de l'implantation de l'Institut Confucius calqué au modèle des Centres culturels occidentaux.

PREMIERE PARTIE :

LES INSTITUTS CONFUCIUS ET LA CREATION D'UN SENS DE LA PUISSANCE CHINOISE ?

En vue de saisir les raisons pour lesquelles le gouvernement chinois choisit Confucius pour patronner la création des centres culturels à travers le monde, il est intéressant d'abord de mettre en lumière l'influence de sa philosophe dans la vision chinoise du monde (Chapitre I). Ensuite, il sera indispensable de réfléchir sur les Instituts Confucius, lesquels participeraient dans la construction de la dimension culturelle de la puissance chinoise (Chapitre II).

CHAPITRE I :

L'INFLUENCE DE LA PHILOSOPHIE CONFUCEENNE DANS LA VISION CHINOISE DU MONDE

Une lecture de l'influence de sa doctrine dans les institutions et les comportements chinois révèle que Confucius serait porteur d'une vision de l'empire du milieu dans ses relations avec le reste du monde. Remarquable à bien des égards, cette influence nous amène dans un premier temps, à examiner l'apport de Confucius à la civilisation chinoise (Section I) ; et dans un second temps, à analyser la philosophie confucéenne comme source d'inspiration de la politique étrangère de la Chine (Section II).

SECTION I : L'APPORT DE CONFUCIUS A LA CIVILISATION CHINOISE

Confucius et sa doctrine ont exercé une grande influence en Chine et c'est la raison pour laquelle il est reconnu comme l'une des grandes figures de la civilisation et de la culture chinoise. Il sera donc judicieux de présenter le maître et sa doctrine (Paragraphe I), ensuite de dégager la place que cette doctrine occupe dans la civilisation chinoise (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : CONFUCIUS ET SA DOCTRINE

Dans un premier temps, nous reviendrons brièvement sur Confucius (A). Ceci étant, il importera d'analyser sa doctrine (B) qui a connu une grande influence en Chine.

A) Confucius : vie et oeuvre

Eminent pédagogue, philosophe et homme politique, Confucius (555-479 av. J.C)63(*), est comme nous l'avons souligné plus haut, l'une des grandes figures de la civilisation de la Chine ancienne et le fondateur du système éducatif féodal. Sa pratique tout comme sa réflexion sur l'éducation ont exercé une influence considérable sur le développement de l'éducation aussi bien en Chine qu'ailleurs dans le monde. Dans l'Antiquité, Confucius était considéré comme le « premier des sages », et le « modèle de dix mille générations »64(*).

. Il apparait que, toute sa vie, Confucius a eu la passion d'apprendre et d'enseigner. Il était un grand érudit aux multiples talents et, de son vivant même, sa réputation s'étendait fort loin. Stéphane Bessière, le considère comme « un lettré savant et un éducateur (...) enseigne qu'un chef doit avoir une attitude exemplaire avant de vouloir que les personnes qu'il dirige adoptent, elle aussi, une telle attitude »65(*). Avant lui, sous la dynastie des Zhou, les études s'effectuaient dans l'administration sous la conduite de fonctionnaires de celle-ci. L'enseignement général était le monopole exclusif des nobles, mais il était dénié au peuple. Confucius a vécu à la fin de la période « des Printemps et des Automnes » au moment où la société chinoise, passant de l'esclavagisme au féodalisme, connaissait des troubles et subissait de profonds changements. Les « études au sein et par l'administration » perdaient progressivement leur fondement politique et économique tandis que la culture se popularisait. Conscient de cette tendance, Confucius brisa le monopole exercé sur l'éducation par la classe des nobles en ouvrant une école privée, accueillant aussi bien les pauvres que les riches. « Mon enseignement, disait-il, est destiné à tous, sans distinction »66(*). Par sa taille, le nombre de ses élèves comme par la qualité de son niveau, l'école de Confucius était unique en son temps. De son vivant et par après, son enseignement eut une influence considérable dans les domaines de l'éducation, de la politique, de l'économie, de la culture, aussi bien que dans celui de l'éthique et de la morale.

B) La doctrine de Confucius : le confucianisme

Le confucianisme fait référence à l'enseignement du philosophe Confucius et de ses disciples, en particulier Mencius (371-289 avant Jésus Christ) et Xunzi (305-235 avant Jésus Christ)67(*). Il s'agit d'une philosophie conservatrice qui se charge d'apporter des solutions aux problèmes politiques et sociaux qui affectent la Chine antique. En effet, durant leur existence, Confucius et ses disciples se retrouvent face à une Chine ravagée par les guerres entre seigneuries et sont confrontés à une certaine dégradation des structures sociales et des moeurs. Confucius pensait que l'homme nait bon mais qu'il risque de devenir mauvais à cause d'un milieu néfaste sauf à être bien éduqué. Le confucianisme tente donc de restaurer l'ordre social en élaborant un modèle de gouvernement et une éthique basée sur la notion d'excellence humaine. Ce qui fait dire à Eric Nguyen que : « le confucianisme, né en Chine, constitue moins une religion qu'une éthique »68(*).

Dans la philosophie confucéenne, l'homme est placé au centre de tout mais il n'existe qu'à travers ses relations avec autrui. L'homme n'est donc pas considéré comme un sujet à part entière comme c'est le cas en Occident. Cette conception de l'homme exclut tout comportement individualiste et considère que l'individu ne peut s'épanouir qu'en prenant en compte le besoin d'autrui. En outre, si l'homme est placé au centre de tout, cela implique que l'objectif premier de tout gouvernement est de veiller au bien être de ses gouvernés.

Le confucianisme peut se résumer comme une philosophie de l'excellence humaine. C'est une philosophie qui tourne autour d'un certain nombre de valeurs interdépendantes qui visent à assurer l'harmonie du corps social et le bien être de chaque individu. Afin de donner une image synthétique de cette philosophie, il convient de se reporter à la place qu'elle occupe dans la société chinoise.

PARAGRAPHE II : LA PLACE DU CONFUCIANISME DANS LA CIVILISATION CHINOISE

Il sera question ici de mettre en exergue l'influence de la philosophie confucéenne parmi les autres civilisations qui ont marqué la société chinoise. Il s'agira donc, d'une part, de décrypter la prégnance du confucianisme dans la civilisation chinoise (A) ; et d'autre part, de dégager la contribution du confucianisme pour l'émergence de la Chine actuelle (B).

A) La prégnance du confucianisme dans la civilisation chinoise

Contrairement à la pensée occidentale, les chinois ne sont jamais engagés sur le terrain des spéculations abstraites. Ils ne conçoivent pas la philosophie séparément des préoccupations d'ordre moral et politique69(*). Néanmoins, la société chinoise repose sur une synthèse de civilisations à savoir le confucianisme, le bouddhisme70(*) et le taôisme71(*), lesquelles y ont exercé une influence assez considérable. Si le confucianisme justifie la hiérarchie sociale, les devoirs de l'empereur, il s'oppose au taôisme qui, selon Eric Nguyen, insiste sur « l'individualisme et sur la liberté de l'homme »72(*). Taôisme et confucianisme fonctionnent donc comme deux pôles antagonistes et complémentaires de la pensée chinoise et des pratiques qu'elle génère. Le bouddhisme quant à lui, est indispensable à une gouvernance sacralisée. Ce qui amène Eric Nguyen à dire : « en Chine(...), de nombreuses familles associent le bouddhisme au confucianisme, honorent Bouddha tout en respectant le culte des ancêtres »73(*). Ainsi, aucun chinois n'adhère totalement à l'une exclusive de ces trois philosophies. Il effectue plutôt un mélange de croyances issues des trois différentes pensées relevant de son aptitude particulière à faire cohabiter ensemble plusieurs doctrines74(*). C'est donc dire que les valeurs confucéennes n'ont pas été balayées du revers de la main et sont bel et bien pratiquées dans la société chinoise. Cette omniprésence confucéenne dans la vie courante des chinois, malgré l'influence des valeurs occidentales, trouve son fondement dans le fait que Confucius cohabite avec Marx75(*). D'ailleurs, l'érection du monument de Confucius devant le portrait de Mao marque la fin d'une séparation idéologique claire entre l'histoire impériale et l'histoire moderne. Fort de ce qui précède, l'on constate que « les dirigeants chinois (...) célèbrent le confucianisme comme fondement du progrès chinois (...). Dans les années quatre-vingt, le gouvernement chinois a commencé à soutenir l'intérêt pour le confucianisme, à propos duquel certains responsables du Parti communiste ont déclaré qu'il représentait le « fond » de la culture chinoise »76(*).

La Chine a connu une influence considérable du confucianisme. Si la société chinoise est hiérarchisée aujourd'hui, c'est tout simplement parce que le confucianisme a amené le souverain ou le dirigeant à se montrer exemplaire. Il doit être capable de s'attirer des talents et de s'entourer des sages conseillers pour gouverner. Ce qui fait dire à Stéphane Bessière que : « les chinois conçoivent le gouvernement comme un gouvernement paternel ou de gentlemen supposés prendre soin des intérêts du peuple de la même manière qu'un père prend soin de ceux de ses enfants »77(*). La société chinoise est également inégalitaire, on note une mauvaise répartition des fruits de la croissance. Une autre influence considérable du confucianisme réside dans l'ardeur au travail observée dans la société. La richesse des ressources humaines se trouve essentiellement dans le caractère et la mentalité des chinois, peuple laborieux, très attaché aux philosophies traditionnelles. Stéphane Bessière pense à cet effet que : « le confucianisme prône discipline et motivation au labeur. Cela constitue une excellente base pour l'avancée vers le capitalisme à la chinoise qui implique certains sacrifices de la part de la population »78(*).

B) La contribution du confucianisme à l'émergence de la Chine actuelle

« Confucius domine dans sa stature toute l'histoire de l'Extrême-Orient. Au bord lointain de l'horizon se dresse, dans l'attitude que les rites prescrivent, le colosse qui de ses fortes mains a pétri les plus nombreuses des agglomérations humaines. Il a vu s'écrouler des empires, et les dynasties les uns après les autres lui rendirent hommage ; des peuples divers, Annamites, Japonais, Coréens et Mandchous, sont venus tour à tour se soumettre à sa règle... »79(*). (Voir Annexe 2).

L'émergence de la Chine s'appuie sur « les valeurs confucéennes du goût de l'effort et de la réussite matérielle, du sens de la famille et du respect de l'expérience, du savoir et de la discipline collective »80(*). Le principe d'une « société harmonieuse »81(*) est ainsi évoqué pour justifier un rôle plus important de la Chine sur la scène internationale.

Au lendemain de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne qui a été le leitmotiv de l'ère Mao, la Chine se trouve dans une situation catastrophique. L'économie est ruinée, la succession de Mao sombre dans l'impasse, la Chine n'a aucun contact avec le monde extérieur et les intellectuels sont terrorisés par la persécution dont ils ont été victime. C'est dans ce contexte qu'émerge un nouveau leadership conduit par Deng Xiaoping. Pour sortir la Chine de ses décombres, Deng Xiaoping initie à la fin des années 70 la célèbre politique d'ouverture de la Chine au monde extérieur. Cette ouverture a eu une influence sur la vie politique intérieure. D'une part, le Parti, à l'origine de la libéralisation économique, voulait maintenir un pouvoir sur tout et sur tous82(*).

Cependant, la Chine a donc fait l'objet de contradictions tant internes qu'externes. Sur le plan interne, les chinois ont une sérieuse difficulté à surmonter : aussi bien la contradiction politique entre un système communiste et totalitaire et les aspirations des intellectuels et des classes moyennes, que la contradiction économique entre un choix ultralibéral et le maintien de sociétés d'Etat contrôlées par une administration corrompue.

Au niveau externe, malgré ses efforts, la Chine n'est pas encore en mesure d'imposer partout ses vues, même dans son environ immédiat. Jean Jolly pense à propos que, « réaliste, le gouvernement chinois s'efforce de ménager les partenaires commerciaux de son pays, mais les nationalistes, aveuglés par les succès économiques, ont effectué des surenchères qui ont compromis non seulement les relations de bon voisinage mais également des rapports avec les Etats-Unis »83(*). Ainsi, les revendications territoriales en mer de Chine et les problèmes sociaux à surmonter, ont conduit le gouvernement chinois à réorienter sa politique. Ce qui fait que les autorités maintiennent le pays dans une dictature nationaliste84(*) et un régime totalitaire dont la principale ambition est d'imposer un capitalisme d'Etat et de maintenir la stabilité. A cet effet, ni les modernistes, ni les citadins, ni même ceux qui ont tiré de grands profits de la libéralisation économique ne souhaitent un retour à un néo-maoïsme d'inspiration populiste et égalitaire.

Confucius semble donc inspirer l'autoritarisme du gouvernement chinois. Le Parti Communiste Chinois (PCC) contrôle tout, y compris la carrière des individus. Sous Mao, l'action du Parti s'est traduite par des échecs économiques (dont des famines) et des répressions sanglantes (notamment la révolution culturelle).

Face à cette méfiance dont la Chine est victime sur le plan externe, ajoutés à des problèmes sociaux internes ; la position du Président Hu Jintao, depuis 2005, prenait les allures d'une contradiction avec les doctrines de Mao, du moins pour ce qui concernait l'idéologie confucéenne. A ce sujet, Yuan Tengfei, professeur d'histoire d'un lycée de Pékin, qui, dans ses cours enregistrés et diffusés sur internet, a qualifié Mao, « de tyran sanguinaire et de tyran n°1 »85(*). Le retour au maoïsme, de ce point de vue, serait pour la Chine une catastrophe nationale et internationale. C'est dans cette logique que le président chinois Hu Jintao rappelait aux cadres du Parti que dans la ligne de l'harmonie, préconisée par Confucius, il fallait tendre vers la construction d'une société harmonieuse et promouvoir les valeurs d'honnêteté et d'unité. A l'extérieur du pays, l'appel à l'harmonie et à la paix tendait à apaiser les craintes que faisait naître le développement de la Chine. Dans sa première directive de 2010, Hu Jintao, en tant que Président de la puissante commission militaire centrale, a exhorté les généraux à intensifier la lutte contre la corruption qui a pris des proportions alarmantes au sein de l'institution en sauvegardant la justice sociale. Dans le même ordre d'idées, lors du sommet des médias qui s'est tenu à Pékin en 2009, il n'a pas manqué l'occasion de lancer un appel au respect mutuel entre les médias du monde, a contrario, à l'édification d'un monde harmonieux et à promouvoir la paix et le développement.

Si donc le domaine politique a constitué un champ d'application important de la sagesse confucéenne, certains analystes ont également tenté de déduire les implications économiques de l'éthique confucéenne qui a joué un rôle primordial dans ce phénomène historique qui aujourd'hui fait de la Chine une puissance économique considérable86(*). L'une des grandes ambitions de M. Weber était de comprendre comment les croyances religieuses ont pu influencer l'attitude économique des hommes. Selon son analyse, l'économie capitaliste n'a pu se développer en Asie en raison, notamment, du manque de compatibilité entre l'esprit capitaliste et celui de l'éthique confucéenne87(*). Cette dernière ne pouvait pas constituer un élément favorable à l'appropriation du capitalisme. Certaines valeurs du confucianisme, comme la recherche de l'adaptation au monde, constituent aujourd'hui un élément du succès économique de la Chine. A cet effet, le commerce international occupe, selon Chen Huan-Chang88(*), une place particulière dans la doctrine de Confucius. Selon lui, la générosité invite à prodiguer aux étrangers un traitement indulgent, de les escorter à leur départ, de les accueillir à leur arrivée, etc. Le commerce international sert donc à répondre aux besoins respectifs des étrangers et des autochtones, leur profitant mutuellement. La Chine figure parmi les premiers partenaires commerciaux de nombreux pays, sous la base du principe « gagnant-gagnant »89(*). Dans ce contexte, la nouvelle politique africaine de la Chine élaborée en 2006, a posé les bases d'une coopération  « mutuellement bénéfique », érigée sur la non-ingérence comme principe directeur. Et à cet effet, le Livre blanc publié par le gouvernement chinois stipule que : « La Chine oeuvre à établir et à développer-avec l'Afrique-un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l'égalité souveraine et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit « gagnant-gagnant » sur le plan économique »90(*).

SECTION II : LA PHILOSOPHIE CONFUCEENNE COMME SOURCE D'INSPIRATION DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA CHINE

La philosophie confucéenne semble occuper une place prépondérante dans la politique étrangère de la Chine. A cet effet, tout en s'interrogeant sur la pertinence de cette assertion, il s'agira de décrypter la prégnance de la doctrine confucéenne dans les principes fondateurs de la politique étrangère chinoise. Nous nous attèlerons d'abord à établir le lien entre la doctrine confucéenne et les principes directeurs de la politique étrangère de la Chine (Paragraphe I). Ensuite, à mettre en exergue le marquage confucéen qui caractérise la coopération entre la Chine et le reste du monde (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA DOCTRINE CONFUCEENNE DANS LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA CHINE

Il s'agira d'analyser, dans ce paragraphe, la coexistence pacifique (A) et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats (B), lesquels semblent cadrer avec la philosophie confucéenne

A) La coexistence pacifique

La coexistence pacifique se définit comme un principe des Relations Internationales fondé sur le respect mutuel des nations, la non-ingérence dans les affaires intérieures, la non agression, l'égalité réciproque entre les Etats91(*). Dans la conception confucéenne, l'objectif visé est d'enseigner la voie, c'est-à-dire les règles, pour parvenir à la paix et au juste gouvernement des hommes. Cette philosophie contribue ainsi à la pacification des relations sociales, d'où le principe de la coexistence pacifique adopté par la Chine dans sa politique étrangère.

Dans la « Déclaration conjointe de Pékin » de 200692(*), il ressort de ses extraits que : « Nous déclarons que le développement de nos relations amicales et de notre coopération sont en concordance avec les cinq principes de la coexistence pacifique(...). Nous élevons une voix en faveur du multilatéralisme93(*) et de la démocratie dans les relations internationales. Nous soulignons que la diversité du monde doit être respectée et préservée, que tous les pays du monde, grands ou petits, riches ou pauvres, puissants ou faibles, doivent se témoigner mutuellement de l'estime, se traiter d'égal à égal et de vivre dans la paix et l'amitié ». Ces principes renvoient directement au discours des non alignés94(*) : respect mutuel de la souveraineté et de l'intégrité territoriale ; pacte de non-agression ; non-ingérence dans les affaires d'autrui ; égalité et bénéfices mutuels ; coexistence pacifique. Dans ce cadre, note Cabestan, le leadership du PCC a promu depuis 2003 un discours international dans lequel il tend la perche à ses voisins et au reste du monde pour montrer que la Chine n'a plus aujourd'hui d'ennemis. Au gré des circonstances, les expressions « peaceful rise », « peaceful development », et dernière en date, « domestic and international harmony », deviennent les concepts clés de la politique chinoise95(*).

A ce jour, les chinois ont participé à plusieurs opérations de maintien de la paix en Afrique. Eric Nguyen déclare à ce sujet qu' « en janvier 2003, Pékin a dépêché un contingent en République Démocratique du Congo pour y effectuer des missions de surveillance et de reconstruction (Mission des Nations Unies au Congo ou Monuc) ». Il poursuit, qu'en 2005, « un second contingent est envoyé au Libéria »96(*). Et selon Adam Segal, chercheur au Council on Foreign Relations : « La Chine est préoccupée par son image. (...) Elle veut rassurer le reste du monde sur le caractère pacifique et responsable de sa montée en puissance »97(*).

B) La non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats

La non-ingérence, d'après Le Dictionnaire du vocabulaire juridique (2002), est l'interdiction faite à un Etat d'interférer dans le domaine de compétence d'un autre Etat en vertu des principes d'égalité et de souveraineté des Etats98(*).

Confucius a consacré un grand nombre de paragraphes à l'art de gouverner. La vertu « shu » par exemple, symbolise le respect d'autrui et de soi même, et est exprimée par la règle d'or de Confucius : « ne faites jamais à autrui ce que vous ne voulez pas qu'on vous fasse »99(*).

Comme l'expriment les Entretiens de Confucius : « le sage admet à son école tous les hommes, sans distinction (de bons ou de méchants, d'intelligents ou de peu perspicaces), afin que tous cultivent la vertu ». Aussi, poursuivent-ils, que l'essentiel est de servir la justice humaine afin de « remplir les devoirs propres à l'homme, honorer les esprits, mais s'en tenir à distance »100(*). Dès lors, on comprend bien pourquoi la Chine mène une politique de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, et pourquoi elle est souvent accusée de soutenir les régimes dictatoriaux. Jean Jolly relativise cette image déviante dont la Chine est victime, en affirmant que « les chinois donnent la priorité à la stabilité politique quel que soit le type de régime »101(*). Sa présence au Soudan et dans les Etats dits « voyous » constitue à cet effet une illustration évidente à cette attitude de la Chine sur la scène internationale. Sa réticence récente au Conseil de Sécurité contre une intervention armée dans la crise libyenne atteste tout simplement du fait que la Chine n'entend pas s'immiscer dans les affaires intérieures des autres Etats, par respect de leurs souverainetés.

Ainsi, l'histoire millénaire de la Chine est faite des dynasties autoritaires et non de démocraties. Pour les dirigeants chinois, la démocratie se définit comme « la représentation de l'intérêt des personnes dans le court terme et non pas d'intérêt de la nation pour le long terme. La démocratie est le reflet de la pensée égoïste de la population »102(*). A cet effet, les chinois ne seraient pas regardants sur la démocratie103(*), les droits de l'homme, la bonne gouvernance, etc. Cependant, le « géant asiatique », dans sa politique étrangère, privilégie la formule : « business now, politics later »104(*). Comme l'observe Michal Medan, il est clair que la Chine veut exporter son modèle socioéconomique et politique à d'autres pays en développement, juste comme les Etats-Unis se sont engagés historiquement à propager la démocratie. De l'avis de Olusegun Obasanjo, alors Président du Nigéria, dans son discours adressé au Président chinois Hu Jintao en Avril 2006 à Lagos, la Chine serait le meilleur partenaire de l'Afrique. A ce propos, il affirme que : « nous souhaiterions que la Chine dirige le monde et quand ce sera le cas, nous voulons juste être derrière vous. Quand vous allez sur la lune, nous ne voulons pas être laissés derrière, nous voulons être avec vous »105(*).

PARAGRAPHE II : LE MARQUAGE CONFUCEEN DE LA COOPERATION INTERNATIONALE

La Chine est présente dans tous les pays, quel que soit le régime et coopère dans des domaines aussi variés.  Ainsi, comme le disait Confucius, dans ses Entretiens « n'est-ce pas une bonne chose d'avoir des amis qui viennent de loin ?(...). Parce que ces amis apportent avec eux des modes de pensée différents et que l'on peut apprendre d'eux »106(*). C'est la raison pour laquelle la Chine ne cesse d'intensifier sa coopération internationale et, comme le note le journaliste chinois basé à Paris, Zheng Ruolin, « la Chine est devenue un partenaire majeur non seulement pour les pays occidentaux, mais également pour les pays du Sud, en Afrique et en Amérique latine notamment »107(*). C'est d'ailleurs la raison pour laquelle sa présence est remarquable, non seulement en Asie et dans les pays occidentaux (A), mais aussi dans les autres pays en développement (B).

A) Une présence remarquable en Asie et dans les pays occidentaux

Dans sa politique extérieure, l'une des stratégies que la Chine applique est la « diplomatie du pourtour »108(*). Celle-ci consiste à renforcer la position du pays face à son environnement immédiat. L'objectif est de se poser comme une puissance responsable et conciliatrice tel que l'inspire la doctrine confucéenne, afin de renforcer sa position centrale sur la scène asiatique, étape indispensable dans sa volonté d'être reconnue comme une véritable puissance mondiale. Bertrand Ateba écrit à ce sujet que, « dans le cadre de l'Asie Pacifique, aucun conflit, aucune situation ne peut être réglée sans tenir compte des intérêts de la Chine ou même sans sa collaboration »109(*).

En ce qui concerne l'Occident, le constat qui se dégage est que, aucun pays ne veut être exclu des bénéfices d'une coopération avec une Chine qui s'impose au monde et qui joue bien la carte de son économie et de son commerce florissants. Ces pays, de par leurs intérêts en Chine, acceptent cet Etat dont les pratiques et les valeurs sont loin d'être celles qu'ils défendent et promeuvent sur la scène internationale. Par conséquent, il est hors de question pour eux, de laisser échapper les opportunités économiques et commerciales que le vaste marché et la main d'oeuvre bon marché que la Chine offre. A cet effet, les Etats-Unis restent le premier partenaire commercial de la Chine, tout comme l'Union Européenne figure parmi ses partenaires commerciaux pesant de plus en plus lourds. Ces régions sont devenus d'importants importateurs des produits made in china110(*).

B) Un soutien indéniable aux autres pays en développement

L'éducation confucéenne qui s'oppose aux débordements de l'égoïsme et tend à faciliter le bon déroulement des relations sociales, est à la base du combat que les dirigeants chinois mènent depuis des lustres contre le capitalisme, système dans lequel l'individu ne pense qu'à lui-même. En effet, le fondement de la morale est la constatation faite par l'intelligence humaine que tous les hommes sont les parties d'un tout, et que leur nature ne peut se développer normalement que s'ils contribuent chacun pour sa part à la prospérité de l'ensemble. Ainsi, lorsqu'un des disciples demanda à Confucius, que faire pour devenir un homme de bien, il répondit : « cultiver en soi la capacité de conforter les autres...Cultiver en soi la force de donner au peuple paix et réconfort »111(*). C'est ce qui semble justifier la présence chinoise en Amérique latine et en Afrique. De plus, la coopération de l'Empire du Milieu avec les pays en développement est basée sur des logiques tiers-mondistes. Ainsi, si l'Amérique latine attire la Chine aujourd'hui, c'est en grande partie en raison de ses réserves énergétiques et minières112(*), dont la Chine a besoin pour alimenter sa croissance. Le sous-continent américain l'intéresse également pour ses ressources agricoles. Avec ses réserves de capitaux, sa croissance exceptionnelle et l'importance de son marché, la Chine a rapidement été assimilée par les pays d'Amérique latine à un nouvel Eldorado113(*). Les pays d'Amérique latine profitent par ailleurs des investissements chinois, qui ont connu une augmentation exponentielle au cours de ces dernières années et témoignent de l'intérêt que la Chine montre pour cette région. La visite officielle de Hu Jintao dans le sous-continent en novembre 2004 fut le point de départ de très importants investissements chinois dans plusieurs pays de la région et la concrétisation de l'intérêt de plus en plus marqué de Pékin pour l'Amérique latine. Le plus grand pays de la région, le Brésil, bénéficie ainsi actuellement d'investissements à hauteur de cinq milliards de dollars pour moderniser son gigantesque réseau ferroviaire114(*). De même que le Venezuela, qui a par ailleurs profité d'importants investissements en matière d'infrastructures énergétiques, pour un montant généralement évalué à un milliard de dollars. Grosso modo, on estime le montant des investissements chinois en cours en Amérique latine à prés de 100 milliards de dollars115(*). Ce qui fait que, « de nombreux pays d'Amérique voient dans un plus grand partenariat avec la Chine une forme d'émancipation face à l'omniprésence américaine, et accueillent donc favorablement l'attrait accru de Pékin pour le sous-continent »116(*), estime Barthélémy Courmont.

A l'instar de l'Amérique latine, l'offensive de charme de la Chine en Afrique ne date pas d'hier, et débute bien avant le miracle économique chinois. Dès les années 1950, dans le cadre d'une politique tiers-mondiste à laquelle la Chine de Mao était étroitement associée, en opposition à la bipolarité de la Guerre froide, Pékin se tourna vers l'Afrique, notamment en soutenant les mouvements indépendantistes. Le 12 janvier 2006 fut publié un Document sur la politique chinoise à l'égard de l'Afrique dans lequel étaient évoqués les objectifs de leur coopération sur les plans politique, économique, militaire et culturel. Du 03 au 05 novembre 2006, s'est tenu à Pékin le premier sommet Chine-Afrique. Ce fut l'occasion pour la Chine de consolider ses relations économiques avec environ 48 pays participants. En marge du sommet, les accords commerciaux d'une valeur de 1,9 milliards de dollars117(*) ont été signés. Le gouvernement chinois associe donc prêts à taux avantageux et initiatives diplomatiques pour soutenir les pays africains. En premier lieu, la Chine dispose d'organismes financiers comme l'Export and Import Bank of China ou Exim Bank. Elle accorde des prêts sans intérêts et des prêts à taux préférentiels aux pays africains pour les aider à se doter d'infrastructures. Abdelmajid Fassi Fihri, membre du comité directeur du Centre d'Analyse et de Propositions (CAP) pour l'Afrique, un think thank spécialisé sur les questions africaines, explique que « l'arrivée de la Chine en Afrique provoque un nouveau dynamisme économique dans les pays africains. Elle est une véritable opportunité pour eux de relancer leur développement »118(*). Ainsi, en 2006, l'Angola et la République Démocratique du Congo (RDC) se voient accorder 400 millions de dollars119(*) de crédit pour construire une voie ferrée reliant les deux pays. En 2004, Jean Ping, Ministre gabonais des Affaires étrangères, affirmait qu' « avec la Chine, tout est simple. Elle nous octroie des remises de dettes et des prêts à long terme et sans condition »120(*). C'est ainsi que l'Angola s'est vu octroyé un prêt de deux milliards de dollars à taux annuel de 1,5% et dont le remboursement s'étale sur dix sept ans. Tout comme le Nigéria, un milliard soumis aux mêmes conditions. Au Gabon, un prêt de 37,2 milliards de FCFA accompagné d'une période de grâce de sept ans, pour un taux de 3% et dont le remboursement s'étale sur vingt ans. Deuxièmement, Pékin multiplie les petits et moyens projets d'investissement en Afrique, notamment dans les domaines tels que : riziculture, ponts, hôpitaux, écoles, horticulture, routes en zone rurale. Certes, elle mène aussi de grands projets tels, la construction d'aéroports, de palais présidentiels, de stades sportifs, de barrages, de chemins de fer, etc. Les entreprises chinoises chargées d'exécuter ces projets ont investi en 2007, 12 milliards de dollars121(*) en Afrique. Et comme le souligne Aranud Rodier, président du comité Afrique du Medef, « l'Etat chinois vient avec le financement, les entreprises et la main d'oeuvre. Il fait un « package » complet avec des conditions qui sont exceptionnelles »122(*). Enfin, la Chine est devenue le troisième partenaire commercial de l'Afrique et ses investissements directs s'évaluent à 6,64 milliards de dollars à la fin de l'année 2006. Ils ont connu une augmentation en 2007123(*) (voir annexes 3&4).

CHAPITRE II :

LES INSTITUTS CONFUCIUS : LA CONSTRUCTION DE LA DIMENSION CULTURELLE DE LA PUISSANCE CHINOISE

Lorsqu'un Etat souhaite étendre son influence, faire connaitre sa valeur ou promouvoir ses particularités dans le monde, il utilise la culture comme paravent de sa stratégie de puissance. Zaki Laidi pense que « c'est l'enjeu culturel qui permet de parler de puissance et de sens »124(*). Ainsi, l'expérience a montré que les Etats qui ont le moins mis en pratique la connaissance culturelle extérieure, échouent le plus dans leurs démarches internationales. C'est pourquoi, la culture est nécessaire pour comprendre et se faire comprendre, partager, créer des liens et, diplomatiquement, être sûr de ne pas arriver dans un pays sans en connaître les usages et les coutumes. De ce fait, bien que la Chine se soit insérée relativement vite dans le cercle des grandes puissances occidentales et du Japon, il lui restait encore beaucoup d'étapes à franchir devant lesquelles elle marquait le pas. C'est pourquoi on note une prolifération de centres culturels chinois à travers le monde, connus sous l'appellation d'Instituts Confucius. Quelques questions méritent dès lors d'être posées : comment la volonté de puissance de la Chine s'exprime-t-elle à travers les Instituts Confucius ? En quoi cette politique peut-elle être considérée comme un vecteur de puissance ? La présentation du paradigme culturel de l'Institut Confucius (Section I) et l'étude de ce personnage comme un support de ce projet culturel chinois à l'échelle mondiale (Section II), constitueront les deux grandes articulations de ce chapitre.

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SECTION I : LE PARADIGME CULTUREL DE L'INSTITUT CONFUCIUS

Au terme d'une réflexion consacrée à l'application au domaine des Relations Internationales du concept de « paradigme », tel que l'a réhabilité Thomas Kuhn ( soit le cadre de raisonnement général qui conditionne, à un moment donné, ce qu'il appelle une science normale), John Vasquez le définit comme l'ensemble des présomptions fondamentales que les chercheurs cultivent sur le monde qu'ils étudient. Il s'agit selon lui, d'une matrice culturelle et idéologique qui produit une représentation du monde125(*). A cet effet, la mise en place du projet culturel de création d'Instituts Confucius par la Chine sous-tend une certaine vision du monde (Paragraphe II), laquelle prendrait appui sur les éléments constitutifs du confucianisme dont on trouve dans la société chinoise (Paragraphe I).

PARAGRAPHE I : LES PRINCIPES, LES VALEURS ET L'INCARNATION SOCIALE

DU CONFUCIANISME 

Il s'agira dans ce paragraphe, de faire ressortir dans un premier temps les éléments constitutifs du confucianisme (A) et, dans un second temps de dégager l'incarnation de cette doctrine dans la société chinoise (B). 

A) Les principes et valeurs du confucianisme

Confucius a proposé un certain nombre de principes et de valeurs devant guider la société chinoise. Ses enseignements inculquent sept vertus : fidélité, altruisme, humanité, équité, conduite rituelle, droiture et connaissance126(*). Ces principes peuvent être regroupés autour de la hiérarchisation sociale, de l'attitude du souverain et de l'esprit du gouvernement pour la paix sociale, l'amélioration de soi.

Le confucianisme suppose une société très hiérarchisée où chaque individu a sa place et occupe une fonction bien définie. Mais, la société ne doit pas s'ordonner autour d'une stratification rigide et sclérosée. L'ordre social est très proche de la méritocratie dans la mesure où il est essentiel que chaque individu exerce une fonction qui corresponde à ses aptitudes et à ses talents. Ainsi, selon ce modèle, il est très important d'opérer une sélection rigoureuse des individus pour ne pas placer la mauvaise personne au mauvais poste. Le souverain lui-même n'échappe pas à cette règle, puisqu'il se doit d'être irréprochable, voire exceptionnel. Le confucianisme prône également une hiérarchisation des rapports sociaux. Les individus appartiennent à des cercles ou clans qui sont agencés de façon concentrique. La famille, cellule de base de la société chinoise, constitue le cercle le plus important. Après la famille, l'individu appartient à un village, à une région, à une province, puis à un pays. Plus le cercle est restreint, plus les liens entre individus sont forts. Chaque clan s'organise autour d'un chef qui s'apparente à un véritable chef de famille. A l'intérieur de chaque clan, le chef se doit d'être bienveillant à vis à vis de ses membres et ces derniers ont un devoir de loyauté envers lui. L'individu, membre d'un clan, est invité à faire oubli de sa personne au profit du collectif et à agir de façon désintéressée. Cependant, les relations entre membres d'un même clan sont marquées par une certaine réciprocité, de manière à éviter les abus et les comportements malhonnêtes. La doctrine confucéenne est résumée par la maxime suivante : « que l'empereur soit empereur, que le père soit père et que le fils soit fils »127(*).

La philosophie confucéenne s'attache à décrire un système de pouvoir et un mode de gouvernement qui puisse assurer la paix sociale et le bien être des individus. La description du pouvoir faite par Confucius et ses disciples est essentiellement patriarcale. En effet, la clé de voûte de toute organisation exerçant le pouvoir repose sur un chef qui possède toutes les caractéristiques d'un patriarche. Le chef doit également être un leader capable de susciter l'adhésion des membres du clan sans jamais recourir à la force. C'est obligatoirement une personne exceptionnelle et irréprochable qui montre l'exemple à ses subordonnés et irradie son entourage par sa sagesse. Son but premier est le bien être de son clan et il est amené à faire oubli de sa personne pour se dévouer corps et âme à sa mission. Par conséquent, un chef qui administre bien son organisation avec orgueil et avarice n'est pas un bon leader. Le chef possède tous les attributs d'un leader charismatique.

L'auto-perfectionnement128(*), via l'étude et le travail sur soi est une notion essentielle de la philosophie confucéenne. Toute personne est ainsi capable d'atteindre l'excellence humaine à force de persévérance et d'humilité. C'est ainsi que l'éducation et le savoir occupent une place très importante dans la société chinoise et permettent à n'importe quel individu, peu importe son origine sociale, de s'élever dans la hiérarchie et se faire respecter par ses pairs.

En ce qui concerne les valeurs, elles s'articulent autour du sens de l'humain, de l'équité rituelle, rites, morales, confiance, connaissance129(*).

Le sens de l'humain « Ren » qui constitue la valeur centrale englobante, est le sens du bien social, de la générosité, de la sollicitude, de la complaisance, de la compassion, de la bienfaisance, de la bonté humaine, de la vertu suprême, de la perfection, etc. Il s'exprime autant dans la simplicité des gestes quotidiens que dans ce qui pourraient être qualifié de « grandeur d'âme du grand homme ».

L'équité rituelle « Yi » recouvre un sens très large, allant de la justice à l'intégrité, en passant par un certain sens de l'honneur, un respect des règles, une nécessaire protection des siens qualifiant ainsi autant le comportement du « chef » que celui des membres de la communauté.

Les rites « Li » quant à eux, sont une sorte de manifestation de « courtoisie obligatoire ». Ils représentent un système de codification des relations humaines. Ainsi, le confucianisme attache beaucoup d'importance aux rites car ils permettent de réaffirmer l'identité collective des membres d'un même cercle et de se différencier des individus venant de l'extérieur. Ces rites peuvent prendre des formes variées et être plus ou moins contraignants pour les membres du clan. Il peut s'agir des cérémonies, des coutumes, d'habitudes ou de simples gestes régulièrement répétés. Dans tous les cas, ces rites doivent promouvoir l'harmonie au sein d'un groupe sans jamais être source de sclérose. Les exercices rituels constituent une éducation pacifiante par le corps qui prépare à la retenue et, plus tard, à l'autodiscipline. De plus, cette importance accordée aux exercices rituels dans l'éducation soutient une pacification des relations interindividuelles. Ce qui est visé, c'est bien un idéal d'intégration dans le groupe. Il s'agit, à travers les usages et les rituels, d'apprendre le respect des ainés, le dévouement à l'égard des parents, la réciprocité.

La morale et la vertu « De » consistent à la rectitude du comportement par rapport aux règles de la vie en société. C'est une éthique pratique qui s'impose à l'ensemble du corps social pour s'incarner dans le souverain, qui doit être exemplaire dans son comportement quotidien. La morale renforce potentiellement la pression exercée par l'oeil social contribuant à donner aux sociétés confucéennes une image de conditionnement excessif. L'éducation morale s'oppose aux débordements de l'égoïsme et tend à faciliter le bon déroulement des relations sociales.

La confiance « Xin » est indispensable à la survie de tout groupe social. C'est le respect des engagements, respecter les termes et mener à bien ce qui a été entrepris. La fiabilité est dans les actes, il faut parler preuve à l'appui, parler peu mais vrai.

La connaissance « Zhi » enfin, vise l'apprentissage des qualités humaines. Le confucianisme invite les individus à connaitre les choses par le coeur. A cet effet, une grande place est accordée à l'affectif dans la philosophie confucéenne, ce qui pousse le souverain à éprouver de l'amour envers son peuple et incite l'individu à vouloir sans cesse améliorer son comportement en vue d'atteindre l'excellence humaine.

B) L'incarnation sociale du confucianisme

Le confucianisme a eu un impact considérable dans la société chinoise. Selon Sophie Faure, quatre mots permettent de mieux comprendre le monde chinois et son fonctionnement130(*) : la hiérarchie, le clan, les cercles concentriques et les relations.

La hiérarchie se manifeste à travers les cinq relations suivantes : supérieur-inférieur, père-fils, frère aîné- frère puîné, mari-femme, amis. De ce qui précède, il n'y a pas d'ordre chinois autre que hiérarchique. Elle définit une obligation de protection bienveillante dans le sens descendant et de respect, loyauté dans le sens ascendant.

Au niveau du clan, la famille est la cellule de base de la société chinoise avec le père qui occupe une fonction centrale et rayonne sur son entourage. Ainsi, le chef de clan est souvent considéré comme un « leader charismatique », il veille paternellement au bien-être de ses membres et défend leurs intérêts. Les membres du clan sont tous solidaires et fidèles et ils manifestent un dévouement et un oubli de soi au profit du collectif. Quant aux rapports avec l'externe, ils sont marqués par une certaine méfiance a priori, allant jusqu'à la fermeture.

Les cercles concentriques quant à eux, représentent le passage de la famille au reste de la société par élargissement progressif des frontières du clan. Tout chinois est enfant d'une famille, puis d'un district, puis d'un village, puis d'une province, puis d'une région avant d'être chinois, tandis que le lien se relâche avec l'éloignement sanguin, pour passer de l'émotionnel à l'intérêt.

Les relations enfin, font la force du fonctionnement de la société chinoise. Les « guanxi » mot devenu légendaire, utilisé pour décrire les relations doivent avant tout être considérées comme un capital. C'est la logique très spéciale du business à la chinoise à laquelle est attribué le succès de la diaspora.

Toutefois, il est souvent retenu du confucianisme des points particulièrement durs131(*). De la hiérarchie qui donne une conception verticale du pouvoir, clan, cercles concentriques et relations qui permettent au pouvoir d'irriguer l'espace. Cette logique de fonctionnement a des implications à la fois positives et négatives. Positives comme l'efficacité humaine et négatives comme les abus dont fait preuve le chinois aujourd'hui. Ainsi, l'homme confucéen serait sous contrainte et sous influence qui doit respect et allégeance à la hiérarchie. Vu sous cet angle, le confucianisme serait une philosophie de la domination servant le profit du dominant au détriment du profit du dominé.

PARAGRAPHE II : LE CONFUCIANISME DANS L'AMBITION GLOBALE DE LA CHINE

La mise en valeur des idées confucéennes par la Chine répond à une logique qui consiste à vouloir unifier le monde à ses valeurs culturelles, dans le but d'atteindre les résultats qu'elle ne peut pas avoir à travers les luttes politiques et la force militaire. C'est pourquoi, la Chine déploie les valeurs confucéennes à travers le monde (A) et, lesquelles s'avèrent au fondement du projet de création d'Instituts Confucius (B).

A) Le déploiement du confucianisme à l'échelle mondiale

Confucius est considéré comme le premier éducateur de la Chine et son enseignement a donné naissance à une doctrine qui a influencé non seulement son pays mais aussi le monde entier.

En Asie, les idées de Confucius ont pénétré la quasi-totalité des Etats de l'Asie orientale, que Barthelemy Courmont considère comme le « pré carré chinois »132(*), et ont constitué de ce fait, le pilier de la culture et des traditions nationales. Bon nombre de chercheurs postulent l'existence depuis l'Antiquité, d'une « aire culturelle confucianiste » dont la Chine est le noyau et dont la Corée, le Vietnam et le Japon sont les principaux membres. Ces trois derniers, avant que les idées confucéennes n'y pénètrent, se trouvaient, soit à la charnière de la société primitive et de la société esclavagiste, soit en train de passer de cette dernière à la société féodale. Ils n'avaient ni écriture, ni littérature, ni à plus forte raison d'écoles133(*). Après l'introduction des classiques confucéens, ils ont adopté par la suite les idéogrammes chinois et se sont dotés à l'instar de la Chine, d'écoles où l'on enseignait la doctrine du « Maitre ». L'image de Confucius a donc fait l'objet d'un culte dans toutes les écoles.

Le Japon vénérait en lui « le premier des Sages et le premier des Maitres ». Le Vietnam « le Sage qui fut le Maitre des dix mille souverains »134(*). Il était considéré comme un modèle pour les générations successives et l'incarnation la plus accomplie de la vertu. En Corée, au Japon et au Viet Nam, l'éducation féodale comme en Chine, reposait sur le respect de Confucius.

Confucius continue d'occuper une place importante dans le système éducatif des pays de la région. Le Japon, Singapour, la Corée et le Sud Vietnam (avant la réunification du pays), notamment, sont demeurés fidèles à sa pensée, surtout dans le domaine de l'éducation morale. Par exemple, en 1982, le gouvernement de Singapour a exhorté les citoyens de ce pays à étudier et à propager la doctrine de Confucius, présentée comme énonçant « les principes essentiels de l'art de gouverner et les règles morales de la vie en société »135(*). Paul Samuel Huntington affirme à ce propos que : « Lee Kuan Yew (...) s'est pris d'enthousiasme pour le confucianisme, dans lequel il voyait l'origine de la réussite de Singapour, et il est devenu le propagandiste des valeurs confucéennes dans le monde »136(*). Dans les années quatre-vingt-dix, le gouvernement de Taïwan s'est déclaré « l'héritier de la pensée confucéenne »137(*).

En Occident, les valeurs confucéennes ont exercé une influence dans certains pays. Ainsi, depuis 1600138(*), les missionnaires jésuites venus évangéliser la Chine ont répandu les idées de Confucius en Occident. C'est principalement sur les philosophes des Lumières que cette influence a été considérable. Ainsi, pour combattre le despotisme et le droit divin, ces penseurs ont cherché des arguments dans la doctrine de Confucius. Sa philosophie athée, sa vision moraliste de la politique, sa conception du caractère indissociable de la politique et de l'éthique et sa théorie de l'économie qui mettait l'accent sur la production agricole ont rempli d'admiration des penseurs tels que Voltaire ou Quesnay. Ces derniers ont utilisé Confucius à leur façon pour dénoncer les abus de leur temps et attaquer le despotisme et la doctrine du droit divin. L'occident a donc connu un véritable engouement pour Confucius. C'est ainsi que le penseur des Lumières français, Quesnay a été surnommé « le Confucius de l'Europe ». Il en est de même pour le grand poète allemand Goethe, qui s'appelait « le Confucius de Weimar »139(*), preuve du respect et de l'admiration que le « Maitre » inspirait. Fort de ce qui précède, Jacques Fame Ndongo, Ministre camerounais de l'Enseignement Supérieur, affirme que « le confucianisme a influencé bon nombre de philosophes occidentaux à l'instar de René Descartes. L'homme était au centre des préoccupations de ce philosophe chinois... »140(*).

B) L'influence du confucianisme dans le façonnage du projet chinois

Dans les années quatre-vingt dix, l'Etat chinois a envisagé de séduire ses voisins autour du sentiment d'appartenance à une même « communauté asiatique ». L'objectif était de faire prendre conscience de l'existence de valeurs partagées et d'une destinée commune. Cette tentative s'est manifestée autour de l'intérêt renouvelé du confucianisme et à cet effet, la Chine, a éprouvé le sentiment fort d'avoir une mission envers les autres pays afin de gagner de l'influence sur ceux-ci.

En novembre 2002, le premier institut universitaire de recherche sur Confucius est inauguré à l'Université du Peuple de Pékin. Selon le Président de l'Université, « nous espérons construire un pont entre les cultures moderne et traditionnelle et contribuer à faire la meilleure utilisation possible de la culture chinoise traditionnelle »141(*). Sur le plan international, la Chine est toutefois demeurée extrêmement prudente dans la promotion du confucianisme via les centres culturels. De prime abord, une rencontre a été organisée à Qufu, ville natale de Confucius, réunissant universitaires et chercheurs asiatiques et, à l'issu de laquelle les participants se sont accordés à dire que le confucianisme est une part importante de la culturelle traditionnelle chinoise, qui a eu un impact significatif en Asie orientale et même dans le monde entier142(*). Dès lors, estime Zhang Ni, journaliste à CCTV-F, que « l'intégration du confucianisme et de la culture chinoise dans plus d'un tiers des pays du monde prouvent que la coexistence entre civilisations est possible. Ce dialogue entre les civilisations du monde n'est que le premier pas vers une grande compréhension entre les nations et les cultures143(*). L'illustration ici est le choix porté à Confucius pour patronner le projet de création des centres culturels et, à ce titre, « le gouvernement chinois devait assurer à l'étranger une promotion du confucianisme avec la création d'Instituts Confucius, semblables aux « Alliances françaises » ou aux «  Instituts Goethe »144(*).

SECTION II : CONFUCIUS, SUPPORT DU PROJET CULTUREL CHINOIS A

L'ECHELLE MONDIALE

Le point de départ de la nouvelle configuration géopolitique réside dans une volonté de la Chine de s'ouvrir au monde extérieur, après une période de repli sur elle-même. Luc Sindjoun pense à ce propos que : « Les acteurs étatiques puissants ou en quête de puissance sont pour la plupart des entrepreneurs culturels. C'est ainsi qu'ils ont souvent une diplomatie culturelle visant à promouvoir leurs valeurs, leurs modèles à l'étranger, notamment par le biais des centres culturels »145(*). La Chine qui réunit un certain nombre de ressources de puissance ne fait pas l'économie de la variable culturelle dans les relations internationales. D'ailleurs, son statut international obéit à la considération de Luc Sindjoun selon laquelle, « ce n'est pas la culture elle-même qui est puissance, c'est la puissance économique, technologique, financière et militaire de l'Etat qui contribue à construire la croyance de sa supériorité »146(*). Nous analyserons d'abord les motifs inhérents à la paternité attribuée à Confucius quand au projet culturel chinois (Paragraphe I) avant d'examiner en quoi cela contribue à l'émergence de la puissance chinoise (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LES MOBILES QUI SOUS-TENDENT LA REHABILITATION DE CONFUCIUS PAR LE GOUVERNEMENT CHINOIS

Même si le politique semble utiliser la culture à des fins stratégiques, il n'empêche, pour la Chine, que celle-ci vise aussi à améliorer son image en aidant la compréhension mutuelle et en dénonçant les stéréotypes, les a priori et les préjugés dont elle est victime. Et surtout, comme le souligne Alain Peyrefitte, « le public occidental est affligé d'une myopie faite de préjugés, de passions idéologiques et surtout d'ignorance... »147(*). Nous essayerons d'expliquer la nature des habits neufs que la Chine voudrait bien arborer aujourd'hui sur le plan culturel à travers Confucius (A), tout en élucidant l'apport de cette civilisation millénaire dans la quête actuelle de la puissance par la Chine (B).

A) Le désamorçage des critiques idéologiques

L'idéologie148(*) sert à dissimuler les intentions, à justifier les actions, à mobiliser les populations et à recruter des partisans au-delà des frontières ; un paravent, un argument, un ciment et une arme. Pendant presque tout le XXe siècle, progressistes et marxistes chinois se sont livrés à une critique idéologique de leur culture, cherchant l'inspiration du côté de l'Occident. Cela a sans doute flatté les occidentaux, qui aujourd'hui apprécient moins que les chinois s'enorgueillissent de leurs propres traditions et s'y référent même pour réfléchir politiques et sociales. Si donc le confucianisme est réhabilité aujourd'hui, c'est parce que la révolution maoïste a échoué et que le pays se trouve face à un vide idéologique et morale. C'est pourquoi le gouvernement chinois a réinstauré l'enseignement du confucianisme afin que la Chine fasse un retour à des valeurs traditionnelles.

La prise de conscience des faiblesses du dogmatisme marxiste a entrainé le passage à une étape supérieure. Jadis donc, la Chine était un grand pays et les autorités ont estimé qu'il était temps de retrouver ce statut. Ainsi, il leur a fallu maximiser leur influence hors de leurs frontières, à travers la diffusion de la doctrine confucéenne. La transformation politique au sein du PCC visait tout simplement à prendre en compte l'intérêt personnel et le bien être humain. Malgré les résistances des idéologues marxistes rigides, le PCC laisse progressivement plus de place à la méritocratie, encourageant désormais les étudiants brillants à le rejoindre, et le rôle grandissant des cadres les plus instruits devant favoriser une plus grande adhésion aux valeurs confucéennes. A ce propos, Kenneth Lieberthal149(*) souligne qu' « actuellement, on est en train de reconsidérer d'une façon plus sérieuse les fondements éthiques de la société chinoise, parce que c'est une société qui est en train de subir des changements considérables ». Il ajoute qu'« il y a un désir d'une plus forte base éthique, et l'un de ces éléments remonte à l'héritage confucéen ».

Confucius contribue donc à une appréciation de la richesse historique et du dynamisme contemporaine de la civilisation chinoise. Sa réhabilitation est soutenue par le gouvernement chinois pour véhiculer un nouveau visage, celui d'un « dragon bienveillant »150(*). La Chine, à travers les Instituts Confucius, veut s'offrir un visage acceptable. C'est la raison pour laquelle Pékin déploie depuis le début du XXIe siècle des efforts considérables pour adoucir son image. Comme le souligne Jean Jolly, si les jeux olympiques de 2008 à Pékin « furent l'expression de l'influence géopolitique et économique croissante de la Chine, l'Exposition universelle de Shanghai en 2010, la plus importante de tous les temps, a été le moyen de présenter d'autres facettes de la puissance chinoise sur les fronts de design, de la création, de tourisme ou de la diplomatie culturelle »151(*). L'Exposition s'inscrit parfaitement dans la stratégie chinoise visant à séduire le reste du monde par la mode, l'aide humanitaire, la culture, la langue. « L'Exposition est un moyen très sûr de montrer le « soft power chinois » »152(*).

En effet, le confucianisme est de manière globale la culture, le patrimoine de la Chine. Ce qui est intéressant à retenir finalement, c'est la volonté de la Chine d'apparaitre en quelque sorte comme un modèle sur la scène internationale. Ce qui n'est pas en soi une nouveauté. Mao Zedong et Zhou Enlai avaient déjà cette envie de faire de la Chine un modèle de développement, attractif pour un certain nombre de pays. Aujourd'hui, le confucianisme est réhabilité. Il n'y a plus la même suspicion plus encore la même opposition, qui a longtemps existé entre le PCC et le confucianisme. Au contraire, le PCC se sert du confucianisme pour faire avancer un véritable projet global. C'est un instrument au même titre que le bouddhisme, que les autorités chinoises admettent désormais. En cela, le célèbre dicton de Deng Xiaoping, « peu importe que le chat soit noir ou gris, tant qu'il attrape les souris » est vraiment appliqué et approprié dans cette stratégie du soft power.

B) La quête de la puissance : la grandeur du passé comme tremplin

Les chinois sont les citoyens humiliés, d'un ancien grand empire à l'idée nationale forte153(*). Son hymne nationale « Debout ! Jamais plus notre peuple ne sera un peuple d'esclaves ! » le montre encore aujourd'hui : il s'agit de laver l'honneur sali, de restaurer la place de la Chine dans le concert des grandes nations154(*). A ce propos, Alain Peyrefitte pense de la Chine qu'elle est « un empire fier, depuis des millénaires, d'être le centre du monde, et insupportablement blessé dans son orgueil par la domination étrangère »155(*). L'orgueil156(*) est un moteur fondamental pour le retour de la Chine vers la puissance. Les chinois, très susceptibles, sont habités d'un sentiment de supériorité dû au rayonnement et à l'ancienneté de leur civilisation. Les dirigeants pensent que si la Chine a par le passé atteint le sommet, elle a la capacité intrinsèque d'y accéder à nouveau157(*). C'est pourquoi, aujourd'hui, elle s'attache à restaurer sa grandeur158(*). A ce propos, Michel Jan affirme que « la Chine considère son développement comme une revanche et comme un combat »159(*). Selon Jean Musitelli, Confucius était si convaincu de l'excellence de ses principes qu'il disait : « si quelqu'un savait m'employer, en un an il obtiendrait un résultat passable et après trois ans il obtiendrait la perfection »160(*). La Chine, dans sa quête de puissance, a compris la nécessité de mettre en valeur le « géant Confucius » ainsi que ses enseignements. D'ailleurs, la Chine continue de mettre en oeuvre sa politique étrangère traditionnelle, articulée autour d'un schéma sino-centré selon lequel, la Chine est le suzerain et tous les autres peuples ses vassaux161(*). Fort de ce qui précède, à l'image de Confucius, la perception Chinoise de son territoire et de son espace stratégique, d'après Taje Mehdi, « conditionne fortement ses ambitions géopolitiques »162(*). Ainsi, la philosophie millénaire chinoise constitue un atout de taille dans sa quête de puissance.

La Chine s'affiche donc de nos jours comme un pays harmonieux et pacifique, qui s'appuie sur l'image pleine de sagesse de Confucius. Elle tente à cet effet, de gagner les coeurs et les esprits afin de légitimer sa puissance. La logique du gouvernement ne fait donc aucun doute. Liu Changchun, membre dirigeant du PCC, admettait d'ailleurs la stratégie d'influence chinoise : « les (Instituts) représentent une part importante de la stratégie de propagande chinoise à l'étranger »163(*).

PARAGRAPHE II : L'IMPLANTATION DES INSTITUTS CONFUCIUS DANS LE MONDE : UN VECTEUR DE PUISSANCE POUR LA CHINE ?

Le réalisme164(*) met à la disposition de l'acteur, la puissance nécessaire pour imposer ses valeurs aux autres. Pour Joseph Nye, la puissance repose aujourd'hui aussi bien sur les ressources coercitives, (notamment militaire), que sur la séduction. A propos de cette dernière dimension, Joseph Nye estime « le pouvoir de cooptation -la capacité d'orienter ce que les autres veulent- dépend souvent de l'attrait qu'exercent sur les autres une culture ou une idéologie... »165(*). Plus de 2000 ans après sa mort, Confucius est réhabilité pour symboliser la puissance chinoise et lui donner les moyens du soft power dont elle a toujours eu besoin. Le décollage économique fulgurant de la Chine ne lui a pas fait oublier la formidable opportunité que constitue pour elle le rayonnement culturel. Les dirigeants chinois ne manquent pas une occasion de déclarer que leur pays a l'une des cultures les plus anciennes et les plus riches du monde. A cette fin, la Chine développe depuis quelques années un ensemble d'outils pour rendre son émergence non pas menaçante mais attrayante. Cette approche douce fait aujourd'hui partie intégrante de la politique étrangère de la Chine. En 2007, le Livre blanc sur la politique étrangère fait explicitement référence au soft power166(*) et lors du XVIIe congrès du PCC, le Président Hu Jintao a encouragé la Chine « to enfance culture as part of the soft power of our country to better guarantee the people's basic cultural rights and interests »166(*). Dans la pratique, cela se traduit notamment par l'établissement des Instituts Confucius dans le monde. Les programmes d'échanges sont également fortement encouragés. « En 2008, plus de 12 000 étudiants étrangers sont venus étudier en Chine, comparé à 8 000, il y a 20 ans »167(*). La montée en puissance de la Chine impose une nécessité, celle de mieux comprendre son fonctionnement culturel. A cet effet, comment la culture permet-elle à la Chine d'alimenter sa puissance via l'implantation des Instituts Confucius ? Pour mieux décrypter l'émergence de la puissance chinoise, nous examinerons les différents points d'implantation des Instituts Confucius dans le monde (A), tout en insistant sur le cas particulier de celui implanté au Cameroun et plus précisément à l'IRIC (B).

A) Les points d'implantation de l'Institut Confucius : maillon important de la projection de la Chine sur la scène internationale

Il s'agit de la puissance par l'influence et le rayonnement168(*) culturel. La diffusion des valeurs culturelles par la Chine lui permet d'accroitre son prestige169(*) ainsi que son influence dans le monde. Les instruments utilisés pour diffuser sa culture sont nombreux : l'état actuel d'implantation d'Instituts Confucius dans le monde est assez sérieux. Ainsi, baptisés du nom du célèbre humaniste chinois du VIe siècle avant Jésus Christ qui prônait la soumission à une autorité vertueuse, les Instituts Confucius sont des établissements culturels publics implantés depuis 2004 dans le monde par la Chine. Pour ce faire, elle s'appuie sur un réseau d'Instituts et de classes Confucius, placés sous le patronage du Hanban, le Bureau du Conseil International pour la diffusion internationale du mandarin. A cet effet, Joël Bellasen, sinologue, observe que « les Instituts Confucius sont à n'en pas douter le bras armé de la politique chinoise de la sinophonie, ce qui est légitime dans la mesure où le chinois acquiert une dimension internationale »170(*). A cet aspect linguistique s'ajoute également une dimension politique d'affirmation de la puissance et d'image, à travers la promotion des valeurs culturelles171(*).

Barthélemy Courmont affirme que « les Instituts Confucius sont la face la plus visible d'une offensive culturelle souhaitée et fortement assistée par les pouvoirs publics chinois »172(*) Aujourd'hui, il existe 324 Instituts Confucius dans 81 pays et régions dans le monde, qui fonctionnent généralement en partenariat avec des universités publiques. L'Afrique compte 27 Instituts Confucius173(*) répartis dans 17 pays : Cameroun, Maroc, Mali, Afrique du Sud, Madagascar, Egypte, Benin, Kenya, Libéria, Ethiopie, Tunisie, Rwanda, Botswana, Soudan, Togo, Zambie et Zimbabwe (voir annexe 5). Ainsi, le premier Institut Confucius a été ouvert en novembre 2004, à Séoul. En Europe, c'est à Stockholm que le premier Institut a ouvert en 2005. L'Afrique a vu arriver son premier Institut en 2005 également, à Nairobi. A titre de comparaison, l'Allemagne a ouvert son premier Institut Goethe en 1951, en compte aujourd'hui 136. Selon le Hanban174(*), la Chine envisage mettre en place un millier d'Instituts Confucius avant 2020. Dans le même ordre d'idées, le Ministère de l'Education à Pékin estime qu'en 2010, 100 millions de personnes dans le monde apprennent le mandarin. Le budget de Chaque Institut est de 400 000175(*) dollars par an. La France compte à elle seule aujourd'hui 14 Instituts Confucius, en Métropole comme en Outre-mer.

Par comparaison avec les Alliances Françaises ou des British Council, les Instituts Confucius, sont de création récente. Ils prennent toute la mesure de l'attraction inépuisable de la civilisation chinoise, puisque les cours divers y sont dispensés. Par exemple, en dehors du cours de langue, sont proposées au sein de l'Institut, les activités sportives, artistiques et culinaires de la Chine. Ces Instituts participent de la construction d'une politique étrangère de long terme, d'un soft power qui vise clairement à agir sur les mentalités et apaiser si possible les craintes liées à la menace de la montée en puissance de la Chine. L'idée étant que, si l'on connait mieux la Chine, on aura moins de réserve voire d'hostilité à son encontre et l'on acceptera mieux, sa puissance et pourquoi pas sa domination. Meng Rong, Directeur de l'Institut Confucius de Montréal, estime que « les Instituts, qui mise sur la langue et la culture sont aussi une manière pour la Chine d'exercer un « pouvoir doux », une sorte de « diplomatie de source », pour faire valoir sa place sur la scène internationale » 176(*). C'est dans cet ordre d'idées que Luc Sindjoun estime que la domination d'une langue en fonction de la population ne constitue pas en soi un indicateur de puissance. Pour lui, il faut prendre en considération « l'expansion géographique et l'usage par les élites dominantes »177(*).

B) Vers une nouvelle forme d'impérialisme culturel chinois ?

Pour Hans Morgenthau, tout Etat qui vise à accroitre sa puissance, à l'image de la Chine, mène nécessairement une politique impérialiste. L'impérialisme178(*) constitue donc une doctrine que leur puissance autorise certains Etats à étendre leur influence, voir leur domination, en dehors de leurs frontières. En outre, l'impérialisme179(*) qualifie aujourd'hui la volonté d'une nation, d'Etat ou d'un groupe de créer une hégémonie sur d'autres nations, d'autres Etats ou d'autres groupes. Il peut être provoqué par le sentiment d'une supériorité culturelle ou la volonté d'imposer un modèle idéologique. Ainsi, « L'impérialisme suscite (...) rejet (par les populations, une fois dominées) et critiques (souvent au service même des pays impérialistes ». Sous la forme du néocolonialisme, on voit subsister des zones d'influence qui sont autant de formes rémanentes d'empires passés. « Preuve que l'impérialisme n'est pas mort, la chine, anciennement dominée, se lance, elle aussi, dans une « course au clocher » en Afrique »180(*).

Bernard Lanuzet quant à lui pense que, « l'impérialisme culturel consiste, finalement, à imposer une identité culturelle à un pays à qui elle est étrangère(...) : il s'agit d'imposer aux autres pays les représentations culturelles que l'on produit et que l'on diffuse. (...) les pays, sous l'hégémonie des formes et des stratégies culturelles de certains acteurs, en sont à changer d'identité »181(*). Il ajoute à ce sujet, que « c'est idéaliste et naïf de penser que la diplomatie culturelle a pour finalité d'engendrer des sympathies et des amitiés »182(*). Pour terminer, il estime que « la diffusion des pratiques culturelles, font évoluer le concept d'hégémonie. D'abord l'hégémonie culturelle s'inscrit aujourd'hui dans des relations nouvelles avec l'hégémonie politique. L'hégémonie d'un pays ou d'une culture(...) s'inscrit dans les formes et les pratiques de la diffusion culturelle »183(*). L'influence culturelle devient donc un objectif politique. A cet effet, contrairement à l'Alliance Française ou à l'Institut Goethe, qui fonctionnent de manière autonome, les Instituts Confucius travaillent en partenariat avec les établissements scolaires. Ces partenariats sèment la controverse et font l'objet de critiques, étant donné que plusieurs établissements hésitent à s'associer à un organisme qui est pensé et financé par le PCC. « Malgré l'engouement du mandarin, conséquence du poids économique croissant de la chine, les Instituts ont pourtant tendance à inquiéter, et alimentent les spéculations »184(*). L'université Harvard, aux Etats-Unis, a ainsi refusé les largesses de la Chine, de peur de perdre un peu de son autonomie. L'Inde a également rejeté la proposition d'établir des centres de langue en 2009, qualifiant d'inacceptable l'idée de répandre le soft power par la Chine et étiquetant les Instituts Confucius comme des « outils de propagande »185(*). Pour Jean-Philippe Beja, sinologue détaché au Centre d'études français sur la Chine contemporaine, l'arrivée des Instituts Confucius est tout simplement le résultat de la faiblesse des crédits publics accordés à l'ensemble du chinois : « ce sont des ressources pour des systèmes d'enseignement affamés. Personne n'est trop regardant sur la nature du don et plutôt que d'êtres en dehors des universités. Les Instituts Confucius fonctionnent dans les facs comme des cellules cancéreuses »186(*). En Australie, Jocelyn Chey, professeur à l'Université de Sydney et ancienne diplomate, a également alerté l'opinion en 2007, faisant également campagne pour que l'Institut Confucius ne s'installe pas dans les mêmes locaux que le Département d'études chinoises : « s'il était sur le campus, ce serait plus difficile pour les enseignants de préserver leur liberté et leur indépendance »187(*). Contrairement à ce qui précède, le journaliste canadien Fabrice de Pierrebourg, dans un article intitulé « A quoi servent vraiment les Instituts Confucius ? », paru en septembre 2009, place plutôt la critique sur le terrain militaro-industriel. Rappelant que les services de renseignements canadiens ont rédigé un rapport sur les Instituts Confucius, il s'interroge : «  se pourrait-il que cette vaste entreprise de charme destinée à propager une image positive de la chine, à créer une vraie « sinomanie », cache d'autres intentions inavouées et malicieuses? ». Aussi, poursuit-il, « ...d'avancer l'idée d'un « espionnage doux » dont le but serait de drainer des informations scientifiques et technologiques. Après tout, plusieurs officiers de renseignements ont été placés à la tête ou parmi les dirigeants du réseau Confucius »188(*).

Cependant, au regard de la procédure que suit la création d'Institut Confucius, l'on est tenté de dire que la Chine n'impose pas l'implantation d'institut, c'est plutôt les universités partenaires qui en font des demandes. A ce sujet, Guy Olivier Faure, professeur de sociologie à l'université de Paris V Sorbonne, estime que « mettre l'autre en position de demandeur, c'est l'enfermer dans un rôle qui fut celui des tributaires dans la chine traditionnelle »189(*). Néanmoins, Lui Xincheng, enseignante de chinois, pense que la politique de prolifération de Instituts Confucius est volontariste : « jusqu'en décembre 2009, nous avons déjà établi 282 Instituts Confucius dans 88 pays et régions du monde et plus de 260 organisations dans plus de 50 pays et régions ont déposé leur candidature pour l'établissement local d'Institut Confucius... »190(*). La Chine manifeste donc sans cesse le souci de ne pas apparaitre comme une nouvelle puissance colonisatrice mais de s'inscrire dans un dialogue sud-sud sous-tendu par la logique « gagnant-gagnant ». Le camerounais Samuel Bognis, pour relativiser l'idée d'impérialisme qu'on attribue à la présence chinoise en Afrique, pense qu' « en filmant Jacques Chirac avec mon Président, j'ai toujours ressenti une forme de paternalisme. Jamais chez les chinois. On se parle d'égal à égal »191(*).

DEUXIEME PARTIE :

L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC : BASE DE L'ATTRACTION CHINOISE EN AFRIQUE

Au regard de ce qui précède, il est incontestablement admis que l'aspect culturel figure parmi les déclarations officielles proclamées par le gouvernement chinois vis-à-vis de l'Afrique. A cet effet, la création des Instituts Confucius en Afrique constitue un des volets de l'offensive de charme, visant à rendre la Chine plus séduisante et moins intimidante. Fort de ce qui précède, l'Institut Confucius de l'IRIC fait partie des ressources du « soft power » et correspond de ce fait à la capacité d'attraction, de séduction exercée par le modèle culturel chinois. Et la langue enseignée dans cet Institut, se révèle comme un vecteur du développement de liens d'amitié entre la Chine et les pays africains. A ce titre, lors d'une tournée en Afrique, le Président Hu Jintao a appelé de ses voeux à ce que le mandarin s'impose comme la langue d'un pays ami192(*). Ainsi, pour mieux rendre compte de la dimension culturelle de la Chine comme facteur contributif au développement de sa stratégie de puissance en Afrique, il convient d'analyser l'Institut Confucius de l'IRIC, non seulement comme un tremplin pour la projection linguistique de la Chine (Chapitre III) mais aussi comme une dimension de sa puissance globale ( Chapitre IV).

CHAPITRE III :

L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC: UN TREMPLIN POUR LA PROJECTION LINGUISTIQUE DE LA CHINE

Le communicationnel et le culturel sont devenus déterminants dans l'issue des batailles qui se gagnent aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle la Chine exprime beaucoup plus sa puissance par le soft power. Cette approche douce qui consiste en l'enseignement du mandarin à travers le monde, fait partie intégrante de l'actuelle politique étrangère chinoise. Ainsi, l'implantation des Instituts Confucius obéit à cette logique et leur développement semble impressionnant en Afrique. L'Institut Confucius implanté à l'IRIC, premier du genre en Afrique francophone et unique en Afrique centrale, promeut la langue chinoise non seulement auprès des camerounais, mais aussi des ressortissants des autres pays africains. Dès lors se pose la question de savoir comment l'Institut Confucius permet à la Chine d'alimenter sa puissance via la diffusion du mandarin. Force est de constater que l'implantation de cette structure à l'IRIC repose sur une motivation rationnelle (Section I). C'est dans le même ordre d'idées que l'IRIC est considéré comme l'unique laboratoire de langue chinoise en Afrique centrale (Section II).

SECTION I : L'IMPLANTATION DE L'INSTITUT CONFUCIUS A L'IRIC : UN CHOIX RATIONNEL

La politique de l'Etat chinois semble très volontariste, pragmatique et ciblée. Elle s'appuie, comme nous l'avons évoqué plus haut, sur des institutions locales, telles que les universités, les écoles, les services pédagogiques. Néanmoins, la puissance culturelle de la Chine s'articule à titre exclusif autour de l'Etat au sens gouvernemental du terme. Et comme le souligne Samuel Huntington, « la puissance d'un Etat (...) est donc normalement évalué par la mesure des ressources dont il dispose par rapport à celles que possèdent les autres Etats (...) qu'il essaye d'influencer »193(*). La Chine a établi des relations diplomatiques avec le Cameroun en mars 1971, et la coopération dans le domaine éducatif entre les deux pays est devenue de plus en plus importante à partir des années 1990, avec l'ouverture en 1996 d'un Centre d'enseignement de la langue chinoise qui s'est transformé en Institut Confucius onze ans plus tard, à l'Université de Yaoundé II. La naissance de cet institut repose plus sur la volonté au sommet des Etats. De ce qui précède, il sera question de présenter, non seulement les raisons d'ordre académique (Paragraphe 1) mais aussi les mobiles stratégiques (Paragraphe 2) qui sous-tendent la coopération sino-camerounaise à travers cette implantation de l'Institut Confucius à l'IRIC.

PARAGRAPHE I : RENFORCER LA COOPERATION POUR DES RAISONS D'ORDRE ACADEMIQUE

Depuis 2000, la Chine a décidé d'intensifier sa coopération scientifique et universitaire avec les établissements d'enseignement supérieur. C'est dans cette perspective qu'elle a activement encouragé l'ouverture à l'IRIC, de l'Institut Confucius de l'Université de Yaoundé II. Cet Institut résulte de l'effort conjoint du Cameroun et de la Chine pour renforcer leur compréhension mutuelle ainsi que leurs relations amicales. Ainsi, l'enseignement du chinois et la diffusion de la culture chinoise constituent les missions essentielles qui sont assignées à l'Institut. Ce dernier participe de ce fait de la formation des apprenants (A) ainsi que de la création des ressources favorables au développement (B).

A) La formation

Luc Sindjoun estime que l'éducation « renvoie à la formation et la transmission des connaissances : c'est le cadre par excellence de labellisation de la culture »194(*). L'Institut Confucius du Cameroun, comme partout ailleurs, a pour mission, de dispenser les cours de langue et le texte de connaissance de la langue chinoise, Hanyu Shuiping Kaoshi (HSK), de même que le test de capacité d'enseigner le Chinois Langue étrangère (CLe). Chaque année, l'Institut organise un concours « chinese bridge » pour la maitrise de la langue et la culture chinoise195(*). « Le Hanban finance aussi des cours intensifs organisés autour des colonies de vacances, et qui sont connus sous l'appellation de « Sumer camp »196(*), déclare Etienne Songa, coordonnateur administratif de l'Institut. L'Institut Confucius met donc à la disposition des apprenants, des cours de mandarin qui sont dispensés par des enseignants camerounais et chinois à l'Institut et à l'IRIC, compte tenu du fait que le chinois figure parmi les langues étrangères enseignées à l'IRIC, au côté de l'arabe, de l'espagnol et de l'allemand ; le français et l'anglais étant des langues officielles. A cette formation présentielle, s'ajoute un enseignement en ligne, permettant aux internautes de bénéficier des leçons de chinois. L'Institut dispose d'une bibliothèque dont on peut facilement accéder à la documentation sur tout ce qui concerne la civilisation chinoise. Le matériel didactique utilisé par les enseignants est à l'image de l'Etat chinois, c'est-à-dire moderne. Cette technologie peut être prise comme illustrant le rayonnement de la culture matérielle d'un pays et partant de ses manières de faire voire de penser, estime Luc Sindjoun197(*).

Cette formation s'adresse donc, d'après les explications de M. Etienne Songa, aux jeunes scolarisés, étudiants de l'IRIC, cadres administratifs publics et privés, hommes d'affaires, etc. Il affirme à ce sujet que : « la formation en chinois constitue un atout pour tous ceux qui y sont soumis. A l'Institut, nous avons à peu prés 75% d'étudiants, 20% de fonctionnaires et agents publics et privés, 05% d'hommes d'affaires »198(*). Liu Jinghui, un officiel du gouvernement chinois renchérit en disant que « la Chine prête une attention particulière à l'éducation... »199(*).

La formation et le perfectionnement des étudiants constituent l'un des volets stratégiques de la coopération sino-camerounaise. Et a ce propos, Etienne Songa estime que : « notre stratégie est donc axée sur la cible d'étudiants. (...) Notre ciblage des populations estudiantines tient de ce qu'ils représentent l'avenir »200(*). Depuis plusieurs années aujourd'hui, des étudiants camerounais poursuivent leurs études dans les universités chinoises, répartis dans des domaines variés. A cet effet, ces étudiants  bénéficient de la bourse de coopération chinoise, et entre autres, ils sont pris en charge par la Chine.

B) La création des ressources favorables au développement

La formation proposée à l'Institut vise à créer des ressources qui favorisent le développement des pays du sud. C'est la raison pour laquelle la stratégie mise en place par l'Institut est axée sur la cible des étudiants. La Chine instaure de ce fait une coopération qui stimule la recherche. Fait notable, le discours de Jiang Yulan, directeur de l'Institut Confucius, est le même que celui du gouvernement central chinois : « l'Institut Confucius a pour objectif, d'augmenter le nombre d'étudiants, de les rendre plus compétitifs sur le plan mondial et surtout en Chine, de sorte qu'ils puissent facilement s'adapter au système s'ils venaient à y suivre les études »201(*). Durant l'année académique 2009-2010, la RPC a financé 32 bourses d'études202(*) supérieures, dont 10 du niveau baccalauréat et 22 en postuniversitaire, dans des filières telles que la médecine, l'agriculture, le génie électrique, ainsi que les télécommunications et l'informatique. Ce sont les secteurs dans lesquels la Chine s'investit non seulement au Cameroun mais en Afrique. De manière générale, la coopération chinoise en matière des ressources humaines se rapporte à la formation de professionnels en Chine des camerounais bénéficiaires de ces bourses et répond au proverbe chinois selon lequel : « au lieu de donner du poisson, mieux apprendre à pêcher ». La Chine voudrait donc partager son expérience avec d'autres pays du sud, afin que ceux-ci stimulent leur développement. Cependant, la déclaration du Premier Ministre Wen Jiabao selon laquelle : « nous ne voulons pas exporter nos propres valeurs et notre modèle de développement »203(*) ; s'oppose à cette politique africaine de la Chine sus-évoquée. Un adage chinois prescrit qu'il faut « aider en apparence quelqu'un en difficulté, chercher en réalité à en tirer profit »204(*). A cet effet, Valérie Niquet estime que, contrairement au discours tiers-mondiste que les chinois tiennent à l'endroit des africains, leurs actions ne visent que leurs intérêts. Il constate à ce propos que la Chine favorise la coopération universitaire, mais « sans réel transfert de richesse ou de savoir faire vers les populations locales »205(*). Cette observation est d'ailleurs nuancée par Charles Ateba Eyene qui pense que « ceux qui distillent les thèses péjoratives sur la Chine(...) veulent limiter les chances du Cameroun en matière de développement et dont la coopération doit s'intensifier dans tous les domaines »206(*). Aussi, poursuit-il, pour magnifier la coopération sino-camerounaise, que « le Cameroun qui veut prendre une nouvelle trajectoire en matière de développement ne peut être crédible en continuant à marquer le pas au rythme de l'occident »207(*).

De fait, l'investissement de plus en plus massif des entreprises chinoises au Cameroun est un puissant facteur de motivation pour les étudiants camerounais. En effet, celles-ci pourraient accorder une priorité aux camerounais formés en Chine, ayant acquis l'expertise chinoise, maitrisant la langue pour servir d'interprète et de traducteur entre les parties camerounaise et chinoise. Ebenezer Djetabe, diplômé de génie civil en chine, estime que le fait d'être inscrit à l'Institut Confucius, est « une opportunité d'emploi réelle pour les jeunes »208(*). Fort de ce qui précède, le constat qui se dégage est que les bourses octroyées concernent de prés ou de loin les intérêts chinois en Afrique centrale.

PARAGRAPHE II : AU-DELA DE LA COOPERATION : LES MOBILES D'ORDRE STRATEGIQUE

La Chine mène une stratégie voilée et à long terme dans sa politique étrangère. Ainsi, cela va sans dire que l'Institut Confucius vise à sensibiliser les africains par rapport à la Chine, en vue de la « création d'une amitié » sincère entre les peuples et favoriser les échanges. Et le cas du Cameroun illustre bien l'engagement de la Chine auprès de l'Afrique. Cependant, au regard de l'intérêt que la Chine manifeste à l'IRIC (A) à travers son Institut Confucius, l'on est tenté de dire qu'elle ne cherche qu'à maximiser ses intérêts (B).

A) L'IRIC comme socle d'un rayonnement géographique considérable

L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) a été créé par le Décret Présidentiel N° 71/DF/195/BIS du 24 avril 1971, et modifié par le Décret N°85/743 du 27 mai 1985. Il est placé sous la co-tutelle du Ministère des Relations Extérieures (Minrex) et du Ministère de l'Enseignement Supérieur (Minesup). Il est à la fois un établissement d'enseignement supérieur, un institut diplomatique et un observatoire des relations internationales.

Au regard des thèses réalistes, les éléments de la puissance d'un Etat sont divers. Parmi ceux énumérés par Hans Morgenthau, figure bel et bien la géographie. C'est bien ce que nous essayerons de développer ici en gardant en esprit cet axe fondamental reliant espace et puissance, la puissance s'exprimant dans les politiques spatiales mises en oeuvre par la Chine. L'espace étant comme une palette où les degrés de la puissance étatique peuvent s'exprimer. Ainsi, considérer les enjeux que représente l'IRIC nous amène à s'interroger sur son attraction sa crédibilité qui permettent d'expliquer sa projection sur la scène internationale. L'IRIC semble doté d'une vocation panafricaine, laquelle fait de lui un point stratégique de projection régionale. Depuis sa création, cet institut a déjà formé plusieurs experts nationaux et internationaux des relations internationales. A ce sujet, « les étudiants de 60 nationalités différentes se sont succédé à l'institut »209(*). Dans le même ordre d'idées, « l'IRIC est une grande institution. Elle a formé de très grands cadres au Cameroun, mais aussi en Afrique »210(*). Cet institut « est considéré au Tchad comme la plus grande école des relations internationales »211(*). Fort de ce qui découle, Adamou Ndam Nyoya212(*), estime quant à lui que l'IRIC « est un espace de capitalisation des acquis du Cameroun tout en ayant une vision de l'Afrique comme force, comme entité. Lors du 44e sommet de l'OUA en 1974, l'IRIC est admis comme observateur ». Et à Narcisse Mouéllé Kombi de dire, qu' « en 40 ans, l'IRIC s'est affirmé comme un véritable creuset de l'intégration nationale et régionale »213(*).

Depuis l'implantation du Centre d'apprentissage de la langue chinoise en son sein, lequel a déjà formé une centaine de diplomates, des fonctionnaires des relations internationales et des cadres d'administration d'une soixantaine de pays africains, asiatiques, européens et américains214(*) ; l'IRIC fait l'objet d'une attractivité ainsi que d'une compétitivité de la part des acteurs de la scène internationale. En Relations internationales, l'importance d'un territoire est généralement considérée comme un atout. L'IRIC ne fait pas l'économie d'être constitué en un véritable enjeu entre puissances. L'implication de la Chine au Cameroun et plus précisément à l'IRIC semble changer progressivement la nature des choses. S'il est vrai que la politique africaine de la Chine, d'après Valérie Niquet, « s'inscrit dans le cadre plus large d'une stratégie de contournement des puissances occidentales ou assimilées »215(*), il n'en demeure pas moins que cette assertion trouve son fondement dans l'intense activité diplomatique dont l'IRIC fait face depuis que l'Institut Confucius est logé en son sein. La Chine qui vise l'extension de son champ d'influence en Afrique, est confrontée à l'obstacle français. Bien que le Président camerounais Paul Biya ait déclaré que « le Cameroun n'est la chasse gardée de personne », la France manifeste sans cesse cette volonté de contrôler son « pré carré » historique auquel appartient le Cameroun. Elle multiplie des séminaires, conférences et forums diplomatiques à l'IRIC depuis plus de trois ans aujourd'hui. Ce qui constitue un signal fort à ce partenariat traditionnel qui la lie au Cameroun. Une Chaire Senghor Francophonie et Mondialisation, dont la mission consiste en des études et recherches sur les questions de diversités culturelles, politiques et linguistiques ; a été implantée dans le campus de l'IRIC au cours l'année académique 2009-2010. Entre 2008 et 2010, les étudiants de l'IRIC ont suivi des séminaires du Pr. Michel Guillou, Directeur de l'Institut de la Francophonie et de la Mondialisation (IFRAMOND) de l'Université Jean Moulin III. Dans la même logique, les assises camerounaises des entreprises et industries culturelles dans l'espace francophone se sont tenues à l'IRIC, du 17 au 20 mars 2008, avec la collaboration de l'Ambassade de France au Cameroun. De son passage au Cameroun, le Ministre français de l'Immigration, de l'Intégration et de l'identité et du Développement solidaire, Brice Hortefeux, a tenu un forum diplomatique à l'IRIC, sous le thème « La politique française du co-développement en Afrique ». Le 17 avril 2009, l'Ambassadeur de France au Cameroun, M. George Serre, a présenté et commenté aux étudiants de l'IRIC, un document réalisé par le Ministère français des Affaires Etrangères sur le thème « la diplomatie en action ». Cette intense activité diplomatique française a été couronnée en 2009 par la visite du Premier Ministre français, François Fillon, au Cameroun et qui, a tenu un forum diplomatique à l'IRIC, le 21 mai sous le thème : « paix et sécurité en Afrique ». Ainsi, cette présente constante et permanente des hautes personnalités françaises sur le campus de l'IRIC, semble vouloir faire obstacle aux ambitions chinoises. Cependant, la Chine ne recule pas et comme Deng Xiaoping l'a si fortement exprimé devant Henry Kissinger : « la Chine ne craint rien sous le ciel ni sur terre »216(*). Elle cherche donc à accroitre son offensive diplomatique au Cameroun. En visite officielle dans le pays, Jia Qinling, Président du Comité National de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois, a sacrifié au même rituel, le 24 mars 2010 à l'IRIC et plus précisément à l'Institut Confucius.

B) Des activités culturelles au service des intérêts chinois

Les réalistes sont presque unanimes sur le fait que les Etats sont permanemment dans une course effrénée de leurs intérêts vitaux. C'est pourquoi, Tanguy Struye considère le développement du soft power par la Chine, comme étant « une manière douce » de défendre l'intérêt national. Les actions culturelles chinoises contribuent de ce fait à façonner un milieu favorable à la réalisation de ses objectifs.

Depuis des années, la Chine multiplie des opérations de charme au Cameroun, à travers la mise sur pied d'une politique généreuse de bourses d'études. Cependant, ces bourses semblent servir les intérêts chinois. Guy Gweth217(*) estime que  le but de la tactique chinoise consiste à « créer une dette, un sentiment d'obligation de la part de la cible, de sorte qu'elle trouvera difficile de refuser des faveurs au bénéfice des intérêts chinois. La Chine octroie des bourses dans les filières qui concernent de prés ou de loin les intérêts chinois en Afrique centrale, comme la médecine, l'agriculture, le génie électrique, ainsi que les télécommunications et l'informatique. « Les étudiants bénéficiaires vont donc étudier en Chine pendant trois ou quatre ans. Seulement, les bénéficiaires de ces bourses doivent s'engager à retourner au Cameroun une fois leur formation achevée, pour être mis à la disposition de l'Institut »218(*). C'est ainsi que Mme Pauline Zang, première femme enseignante de chinois au Cameroun, avait obtenu une bourse du gouvernement chinois dès 1998, pour aller se former en chine pendant deux ans et venir servir la Chine à l'Institut Confucius. Les camerounais issus de cette politique généreuse de bourses d'études servent de traducteurs-interprètes dans les différentes transactions que la Chine mène au Cameroun.

Aussi, les actions culturelles que la Chine mène au Cameroun visent l'intégration de ses ressortissants. « As Senior Representative for the Chinese Embassy in Yaoundé, there are about 1500 chineses residing in Douala and 2000-3000 in Yaoundé. Although there are no exact number »219(*). Ils assurent ainsi la promotion de la culture mais aussi des produits chinois à travers le territoire national. L'afflux de touristes s'est considérablement accru ces dernières années. C'est une manne financière qui devrait continuer à augmenter dans l'avenir et qui concourt à la connaissance de la culture chinoise et l'acceptation de ses ressortissants.

SECTION II : L'IRIC : UNIQUE LABORATOIRE DE LANGUE CHINOISE EN AFRIQUE CENTRALE

Compte tenu du statut international que revêt l'IRIC, l'Institut Confucius dont la mission principale consiste à enseigner le mandarin, exerce une influence considérable en Afrique centrale (Paragraphe 1), et constitue un moyen de stimulation des échanges et de dialogue entre les peuples africain et chinois (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE I : LA LANGUE CHINOISE COMME VECTEUR D'INFLUENCE EN AFRIQUE CENTRALE

Selon le Dictionnaire des Sciences humaines (2004), «  une langue serait (...) un dialecte qui a pris le pouvoir dans un pays »220(*). La langue représente aussi un système de signes verbaux et non verbaux propre à une communauté d'individus qui l'utilisent pour s'exprimer et communiquer entre eux. Il s'agit d'un outil propice à la communication qui permet les échanges entre les peuples. D'après Luc Sindjoun, « la langue, tout en étant un outil de communication, participe d'une culture c'est-à-dire d'une manière de penser, de nommer et d'imaginer »221(*). C'est notamment dans ce sens que Pierre Bourdieu estime que la langue n'est pas un moyen de communication neutre. Selon lui, « elle est en effet un facteur de pouvoir et de domination »222(*). Il s'agit là pour les Etats, de reconsidérer l'exercice de la puissance en termes d'influence. Anne Grazeau-Secret estime à propos de l'influence, « qu'elle ne se décrète pas, elle va de pair avec les facteurs de puissance d'un pays (...) et que ses effets ne se font sentir qu'à long terme »223(*). La diplomatie culturelle rappelle donc l'utilisation de la culture comme moyen d'influence dans une zone géographique. La stratégie d'influence est clairement définie en Chine et affichée par l'Institut Confucius à travers la diffusion du mandarin. Narcisse Moeuellé Kombi pense à ce propos que « la langue chinoise est le vecteur de la puissance chinoise à travers le monde »224(*). Mais comme le souligne Luc Sindjoun, le mandarin est « la langue parlée par le plus grand nombre de personnes. Cependant, le critère du nombre à lui tout seul ne suffit pas, il faut prendre en considération l'expansion géographique et l'usage par l'élite dominante »225(*). C'est ce qui semble faire la Chine pour rendre sa langue plus influente et plus utilisée dans la communication internationale. Ce qui importe à présent, c'est de relever l'engouement dont fait l'objet la langue chinoise (A), et de souligner l'influence qui ressort dans l'apprentissage de celle-ci (B).

A) Un engouement croissant de l'apprentissage du mandarin

L'apprentissage du mandarin suscite de l'enthousiasme au Cameroun. Le constat qui se dégage est que depuis que le Centre linguistique a été ouvert au public en 2001 et transformé en Institut Confucius, le chinois fait l'objet d'une attraction particulière. De ce qui précède, Pauline Zang Atangana, enseignante de chinois à l'Institut déclare que : « ce centre accueillait quelques étudiants de l'IRIC, des enfants de cinq à sept ans, et une poignée d'hommes d'affaires »226(*). Elle poursuit son propos en déclarant qu' « aujourd'hui, la structure a fait des émules : des pôles ont été crées à travers le pays, regroupant près de deux mille étudiants. Nous sommes submergés ». Ce que confirme Narcisse Mouellé Kombi, lorsqu'il dit qu'il y a « un engouement croissant pour l'enseignement de la langue chinoise. Cet intérêt est de plus en plus croissant depuis la mise en place de l'Institut Confucius à l'IRIC en 2007 »227(*). Cet Institut dispose des structures annexes implantées dans des établissements scolaires et universitaires du Cameroun. On peut par exemple citer, l'Ecole Normale Supérieure (ENS) de l'Université de Maroua, l'ENS de l'Université de Yaoundé I, à l'Université de Buea où une annexe pour les traducteurs-interprètes sera bientôt opérationnelle, l'Ecole publique St. André de Douala. Précisons qu'en dehors des cours que l'Institut dispense à ceux qui y sont inscrits, le mandarin est enseigné à l'Université de Maroua comme matière obligatoire au Département de Communication Interculturelle et Interprétation, et dans les autres établissements comme seconde langue optionnelle. Les demandes en annexes ne font que s'accroitre. Et Etienne Songa le confirme, lorsqu'il évoque le traitement des dossiers en cours pour les Universités de Douala, Bamenda, Dschang et N'gaoundéré228(*).

Eu égard à la montée en puissance de la Chine, l'on est tenté d'affirmer que le chinois est la langue internationale d'avenir. Aussi, les opportunités actuelles et futures qu'offre la Chine, constituent-elles dans une certaine mesure une grande motivation pour les apprenants du mandarin. Ainsi, les étudiants inscrits à l'Institut, poursuivent un objectif bien précis : soit on apprend le chinois pour poursuivre les études en Chine, soit pour coopérer avec les chinois, soit pour enseigner le chinois. C'est la raison pour laquelle à l'Institut, on trouve des apprenants divers, composés d'étudiants, hommes d'affaires, cadres d'administration publics et privés et autres. A cette catégorie d'apprenants s'ajoutent des étudiants en relations internationales, des enseignants, et bientôt des traducteurs-interprètes, qui apprennent le chinois comme langue optionnelle ou obligatoire. Le constat qui se dégage à l'ENS de Yaoundé, est qu'un nombre impressionnant d'étudiants se sont rués à l'apprentissage du chinois. Gabriel Nicolas Andjiga, directeur de cette institution, atteste de cet engouement : « nous sommes retrouvés avec 1565 étudiants qui ont choisi d'apprendre le chinois »229(*). Pour faire une évaluation globale de l'engouement dont la langue chinoise fait l'objet au Cameroun, Mme Zhang estime que « plus de 2500 personnes apprennent la langue chinoise au Cameroun. Ils viennent de tous les horizons, sont d'âges divers et appartiennent à différents milieux professionnels »230(*). Tout cet attrait dont la langue chinoise semble faire l'objet, n'est que les prémices de l'influence que cette action éducative exerce sur les apprenants.

B) L'influence par l'éducation

Le terme éducation vient du latin educatio qui signifie « action d'élever ». Emmanuel Kant l'exprimait clairement en ces termes : « l'homme ne peut devenir homme que par l'éducation. Il n'est que ce que l'éducation fait de lui (...). C'est au fond de l'éducation que gît le grand secret de la perfection de la nature humaine »231(*). Pour Emile Durkheim, chaque société, considérée à un moment déterminé de son développement, a un système d'éducation qui s'impose aux individus. Il pense donc que : «  l'éducation est l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mures pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux ... »232(*). Vu sous cet angle, pour qu'il y ait action éducative, il faut qu'il y ait un éducateur et un éduqué. C'est donc une relation asymétrique233(*) dans la mesure où l'éducateur exerce une certaine influence sur l'éduqué. Selon François Géré, l'influence ne vise pas seulement un adversaire mais aussi des alliés et des partenaires auprès desquels, par tous les ressorts de la séduction, on cherche à faire prévaloir son propre vue et à les entrainer sur les voies qu'on a choisies pour eux. Dans ce cas, elle résulte avant tout d'une stratégie économique et culturelle qui vise à proposer des valeurs, représentation du monde, un certain mode de vie, de manière à créer des perceptions et des comportements spontanément favorables. L'influence constitue donc un effet recherché de tous temps dans les relations entre Etats234(*). C'est ce qui semble fonder la coopération entre la Chine et le Cameroun. Le réseau des Instituts Confucius constitue un pilier stratégique dans le dispositif chinois de conquête du monde par les idées. C'est ce qui justifie l'idée de soft power de Joseph Nye au lendemain de la guerre froide, pour montrer comment se manifeste une puissance symbolique ou douce d'un Etat, fondée sur l'attrait culturel ou idéologique. La Chine, à travers sa montée en puissance, s'impose comme « le porte parole » des pays dits du Sud, et comme celle là même qui se soucie de leurs conditions de vie. Mais comme le souligne Christian Harbulot, « les actions culturelles chinoises ne sont qu'un alibi sous prétexte de respect mutuel, ce n'est pas le bien commun des deux parties qui est recherché mais la domination de la Chine sur le continent africain »235(*). A cet effet, l'enseignement du mandarin et la diffusion de la culture chinoise via l'Institut Confucius, constituent un moyen d'influence non négligeable dans la politique étrangère de la Chine.

PARAGRAPHE II : LA LANGUE CHINOISE : UN STIMULANT POUR LES ECHANGES ET LE DIALOGUE

La communication linguistique a été relativement un obstacle à l'intégration des chinois au Cameroun, et aux transactions commerciales entre les populations camerounaises et chinoises. Plus les populations du monde maitriseront la langue chinoise et s'intéresseront à la culture du pays, mieux seront comprises l'émergence ainsi que les politiques et les idées que la Chine véhicule. Ainsi compris, la langue chinoise pourrait constituer une source d'enrichissement réciproque(A) entre les peuples chinois et camerounais. Dans une certaine mesure, elle contribue aussi à une intégration de la diaspora chinoise en Afrique centrale (B).

A) Un facteur d'intérêt réciproque

La Chine et le Cameroun entretiennent des échanges officiels vieux de quarante ans. Les courants d'échanges mutuels et bénéfiques entre la Chine et le Cameroun reposent sur la formation tiers-mondiste marquée par l'esprit de Bandoeng, les actions développantes en matière d'infrastructures, la formation scientifique et technique à travers l'expertise médicale, l'approvisionnement en ressources naturelles, etc. Ces échanges se sont développés sur tous les plans et l'ont été pour les deux parties (Voir Annexe 6: Extraits des paragraphes « Culture » et « Education » du Plan d'action de Beijing 2007-2009).

D'ailleurs, le communiqué conjoint du 31 janvier 2007 sanctionnant la visite d'Etat du Président chinois Hu Jintao au Cameroun, évoque « l'enrichissement mutuel sur le plan culturel » entre la RPC et la République du Cameroun. A cet effet, l'Institut Confucius a été mis en place pour servir de jonction entre la culture chinoise et le patrimoine culturel camerounais. Le mandarin enseigné à l'Institut est bénéfique tant au peuple chinois qu'au peuple camerounais, conformément à un crédo cher à la Chine, à savoir le « gagnant-gagnant » ainsi qu'au  principe du « respect mutuel entre les peuples ». A ce sujet, J. Jansson note que, « a number of Cameroonians former students are now fluent in mandarin and work for Chinese compagnies and with the Chinese medical team »236(*). La langue chinoise a consolidé l'amitié traditionnelle entre la Chine et le Cameroun, car un vieux adage chinois dit : « rien ne peut séparer les peuples partageant les buts et les idéaux communs, pas même les montagnes et les mers »237(*). De ce fait, la société chinoise est une synthèse de civilisation, tandis que le Cameroun est un pays multiethnique et plurilinguistique. Acquérir une langue de plus comme le mandarin, permet au Cameroun d'agrandir son patrimoine linguistique et de mieux rationaliser ses échanges avec la RPC. A ce propos, Claude Donfack Tchaleu, qui fait partie de la deuxième promotion de la filière chinois à ENS de Maroua, dit : « je n'ai pas choisi le chinois par hasard. Enfant, j'ai beaucoup regardé les films chinois, surtout de Jackie Chan et j'ai toujours rêvé de la Chine. Aujourd'hui, la Chine est une puissance avec laquelle il faut composer, nous avons tout à y gagner ». Il poursuit en disant : « je veux enseigner le chinois pour donner une opportunité aux autres camerounais d'apprendre cette langue pour mieux intégrer la culture de la Chine, car le support de toute culture, c'est la langue »238(*). Les africains gagneraient en apprenant le mandarin, car la Chine est l'une des puissances les plus actives sur le continent et elle intensifie sa coopération avec les pays africains dans tous les domaines. David Babo, enseignant du chinois, estime qu'il est important d'apprendre le chinois, car « un habitant sur cinq sur la terre est chinois. De plus, connaître cette langue nous permet de mieux coopérer avec la chine »239(*) au mieux de nos propres intérêts.

Notons néanmoins qu'il existe des similitudes apparentes entre les peuples chinois et camerounais. L'apprentissage du chinois dégage certaines similitudes linguistiques avec certaines langues locales du Cameroun à l'instar de la langue bamoun. La langue chinoise ainsi que la langue bamoun sont des langues à ton. S'agissant de la langue bamoun, Emmanuel Matateyou affirme que c'est « une langue à tons(...). On distingue les tons suivants : le ton haut, le ton bas, le ton descendant, le ton moyen et le ton flottant »240(*). Tout comme, il existe en chinois quatre tons de base et un ton neutre241(*). Néanmoins, apprendre le chinois peut, d'une part, ouvrir des opportunités aux africains, et d'autre part, à la chine, d'accélérer ses transactions commerciales au Cameroun voire en Afrique centrale.

B) Une facilitatrice de l'intégration de la diaspora chinoise en Afrique centrale

La diffusion de la langue chinoise au Cameroun permet à la Chine de surmonter les difficultés liées à la langue et aux différences interculturelles. L'Institut Confucius traduit donc cette volonté d'intégration et d'adaptation des chinois tant sur le sol camerounais qu'en Afrique centrale, à travers l'apprentissage du mandarin au Cameroun par les ressortissants de la sous région. Ainsi, avec des investissements de plus en plus importants dans certains pays africains, la Chine dispose en leur sein un nombre considérable de ressortissants. Ces derniers exercent principalement dans le commerce, notamment de produits manufacturés. Afin de mieux s'intégrer et d'être davantage compris, il leur faut un véhicule commun aux populations locales. L'enseignement du mandarin, impulsé par le gouvernement chinois, semble donc être un pilier de cette stratégie d'intégration de leurs ressortissants. Le dialogue culturel ainsi prôné, renforce la présence chinoise en Afrique centrale. Dans un document de travail publié par l'Agence Française de Développement (AFD)242(*), en termes de répartition géographique, il convient de signaler que l'essentiel de la population chinoise se concentre dans les métropoles. Sur le reste du territoire, leur présence est marginale. Les chinois de la ville de Yaoundé et de Douala habitent les quartiers qui abritent les centres commerciaux ou les quartiers qui ont un marché plus ou moins important. Ceux des chinois qui sont des coopérants ou des membres du corps diplomatique, logent dans les quartiers résidentiels. Il est également à noter qu'un grand nombre de commerçants chinois se localisent dans les façades des rues principales et il n'y a presque pas de chinois qui logent ou tiennent un commerce dans les rues secondaires. D'après Narcisse Mouellé Kombi, «il y a une colonie chinoise de plus en plus importante dans des grandes villes et même dans nos campagnes »243(*).

Cependant, il ressort du même rapport244(*) que, le degré d'adaptabilité du peuple chinois dans l'environnement social camerounais reste faible. Non seulement ils n'apprennent pas les langues locales, mais on note également une réticence des chinois à s'ouvrir à la culture camerounaise. Il ressort que 94% consomment essentiellement des aliments qu'ils cuisinent eux même ou commandent dans des restaurants chinois. Sur le plan vestimentaire, 100% ne porte que des vêtements d'origine chinoise, achetés pour les uns depuis la Chine et pour d'autres sur place au Cameroun. Mais ce rapport semble accabler les chinois alors que la réalité en est autre. Par exemple, les Dames qui enseignent le mandarin à l'IRIC mettent régulièrement des jeans. Preuve que les chinois s'ouvrent aussi à d'autres cultures.

CHAPITRE IV :

L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC : UNE DIMENSION DE LA PUISSANCE GLOBALE CHINOISE

La puissance n'est pas seulement la capacité de commandement et de contrainte. Elle comprend une dimension moins tangible, soulignée par de nombreux auteurs, et que Joseph Nye a su le mieux cerner au travers du concept de soft power. Cette expression renvoie à la capacité d'obtenir les résultats souhaités parce que les autres veulent ce que l'on veut245(*). Le soft power repose sur la séduction et la persuasion plutôt que sur la coercition, sur  le pouvoir d'idées attractives ou la capacité de fixer l'ordre du jour politique et de déterminer le cadre du débat de manière à modeler les préférences des autres246(*). Le soft power confère donc à l'Etat qui le déploie une forme d'autorité morale et de légitimité. Cependant, François Godeman, directeur stratégie de Asia-centre, relève une énorme ambigüité dans cette notion de soft power. Il rappelle qu'à l'origine, selon le stratège américain Joseph Nye, il s'agissait de la capacité par ses valeurs, de l'attractivité de sa culture et de ses institutions, de devenir un modèle et d'amener les autres, à vouloir ce que vous voulez. Aujourd'hui, la notion recouvre aussi bien le marché des échanges économiques, la force commerciale, la compétitivité. Le soft power chinois parle donc de l'attractivité des marchandises, de la capacité à réaliser des projets de construction avec efficacité247(*) et diligence.

L'approche en termes de soft power nous parait particulièrement pertinente à tester dans le cas de la Chine au Cameroun. A cet effet, si le recours à une idéologie dans les années qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale a constitué la principale ressource de soft power pour la Chine, c'est aujourd'hui la culture qui est mise en avant. En analysant l'effet de la montée en puissance de la Chine sur la diplomatie globale, Joshua Kurlantzick écrit : « for the first time in centuries, China is becoming an international power, a nation with global foreign policy ambitions »248(*). Joseph Nye et Wang Jisi se sont efforcés de définir le soft power chinois249(*) tel qu'il se manifeste à l'heure actuelle. Les deux experts, l'un américain, l'autre chinois, reconnaissent ainsi que la montée en puissance de la Chine se fait en douceur. Ainsi, la grande séduction que la Chine semble diriger au Cameroun, tourne autour de nombreuses réalisations culturelles. L'Afrique et donc, le Cameroun n'échappent pas à son champ d'expérimentation et même de projection. Les expositions photos observées le long de la clôture des Bois St Anastasie du carrefour Warda à Yaoundé témoignent de cette coopération fructueuse entre les chinois et les africains.

La présence chinoise au Cameroun obéit à une stratégie de puissance douce qui passe par divers mécanismes de coopération. Cette pénétration chinoise se présente de manière multiforme et couvre presque tous les domaines. La création de l'Institut Confucius au Cameroun constitue l'un des maillons les plus visibles de la chaine de coopération culturelle entre les deux pays. C'est donc un moyen pour la Chine de véhiculer ses idées aux autres peuples du monde, bref de vouloir façonner le monde à son modèle.

L'implantation des Institut Confucius semble constituer un paravent à cette stratégie de puissance chinoise, axée sur la conquête des coeurs et des esprits (Section I). Ainsi, cette offensive de charme chinoise en direction du Cameroun est visible à travers la réception dont elle fait l'objet au niveau local et régional (Section II).

SECTION I : L'INSTITUT CONFUCIUS ET L'ENSEIGNEMENT DU MANDARIN : VERS LE FACONNAGE DE L'AFRIQUE AU MODELE CHINOIS ?

L'enseignement du mandarin par le biais de l'Institut Confucius permet aux hommes politiques, hommes d'affaires, étudiants, etc., de s'imprégner de la culture chinoise. Cette volonté de la Chine d'exporter sa culture traduit tout simplement sa vision du monde. La Chine, connue sous l'appellation d' « Empire du milieu » et qui a été pendant prés de 2500 ans le centre du monde, veut retrouver sa place d'antan. Ce retour semble faire face à des obstacles : la communication constitue pour elle une véritable barrière linguistique.

Toutefois, pour mieux appréhender la démarche de façonnage des africains au modèle chinois, il convient de partir de son projet messianique à l'obstacle culturel et linguistique auquel elle fait face (Paragraphe I), pour aboutir aux différentes stratégies de conquête des coeurs et des esprits (Paragraphe II) qu'elle met en oeuvre pour atteindre son objectif.

PARAGRAPHE I : DU PROJET MESSIANIQUE CHINOIS A L'OBSTACLE CULTUREL ET LINGUISTIQUE

Le terme « messie »250(*) est d'origine biblique. Il vient du grec messias, une transcription de l'hébreu mashiah, signifiant « celui qui a reçu l'onction ». Au début, le messie était donc un personnage du présent, normalement un roi qui assure le salut de son peuple. Cependant, le phénomène du messianisme n'est pas seulement propre à la bible ou aux traditions juive ou chrétienne. Des chercheurs ont constaté la présence des personnages ou d'attentes semblables à des époques diverses dans toutes sortes de civilisations. C'est la raison pour laquelle, la Chine, à travers sa civilisation millénaire, pense être dotée d'une mission messianique. C'est ce qui semble donc justifier sa pénétration linguistique au Cameroun (A), malgré les difficultés inhérentes à l'environnement sociolinguistique (B) de ce dernier.

A) La pénétration linguistique de la Chine au Cameroun : un tremplin pour la mise en oeuvre du messianisme de l'empire du milieu ?

La philosophie confucéenne faisait de la Chine le centre251(*) du monde et l'expression « empire du milieu » tire son origine dans cette vision chinoise du monde. Et comme l'exprime Christian Harbulot, « les chinois d'antan considéraient leur pays comme le centre civilisé du monde, la Chine étant la seule sous le ciel divin »252(*). Cette affirmation illustre bien l'expression d'encerclement dans la stratégie chinoise qui influence ses voisins asiatiques. Comme le disait Roderick Mac-Farquhar, « les monarques et les Etats étrangers étaient censés être les vassaux de l'empire du milieu, puisqu'il n y a pas deux soleils dans le ciel et qu'il ne peut y avoir deux empereurs sur terre »253(*). L'implantation de l'Institut Confucius à Yaoundé et la création de ses annexes sur toute l'étendue du territoire afin de mieux enseigner le mandarin, sont une déclaration politique et redessinent la mission idéologique de la Chine. Il s'agit en effet pour elle, de s'appuyer sur le Cameroun afin d'étendre son influence dans la sous-région voire, sur tout le continent. Ce retour à la stratégie traditionnelle chinoise consiste à donner une nouvelle signification à la RPC. La politique de prolifération des Instituts Confucius est à la base de ce changement et constitue un signal fort vis-à-vis de ceux qui veulent maintenir la Chine à la périphérie254(*). Deng Xiaoping, lors d'un discours prononcé à l'occasion de la cérémonie d'ouverture du XIIIe congrès du PCC en 1982, disait pour manifester contre la posture périphérique que l'Occident veut toujours maintenir la Chine, qu' « aucun pays étranger ne doit s'attendre à ce que la Chine devienne son vassal, ni à ce qu'elle avale une pullule amère au détriment de ses intérêts »255(*).

A la suite de cette analyse, bien que nous ayons choisi le réalisme comme grille d'analyse dans le cadre de cette étude, il ressort que, au regard de la nature des acteurs en présence, le paradigme « centre-périphérie »256(*) pourrait aussi rendre compte de cette vision chinoise du monde. Ce modèle des rapports « centre-périphérie » est donc intrinsèque à la pensée politique et cosmogonie chinoise pour laquelle le centre est le lieu de l'ordre et de l'harmonie, les périphéries étant de plus en plus imparfaites à mesure qu'elles s'éloignent. Il est de la responsabilité du centre de diffuser ses bienfaits vers la périphérie afin de contribuer à l'ordre du monde257(*). Cette observation est corroborée par Jean Vincent Brisset lorsqu'il affirme que : « les chinois voient ainsi le monde comme une composition de « cercles concentriques » : au centre, au milieu, se trouve la Chine, vu comme majestueux et impérial »258(*). A cet effet, au moment où l'on assiste peut-être au glissement du centre économique du monde vers la Chine, on pourrait mieux comprendre son positionnement au Cameroun. Les rapports de communication par excellence que sont les échanges linguistiques sont aussi des rapprochements de pouvoir symbolique où s'actualisent les rapports de force entre les locuteurs259(*). Le mandarin constitue de ce fait un facteur d'affirmation de puissance et d'influence de la Chine, non seulement au Cameroun mais aussi en Afrique voire dans le monde. Les Instituts Confucius visent donc à répandre l'usage du chinois, pour faciliter l'intégration des étrangers en Chine et des chinois à l'extérieur. Dans le cas précis du Cameroun, l'idée d' « échange mutuel » véhiculée par la Chine à l'endroit des pays africains semble trouver ses limites dans le domaine linguistique, car les chinois n'apprennent presque pas les langues locales et maîtrisent peu les langues officielles. Or, en Chine, tout se fait en chinois. Gendreau-Massaloux estime à ce sujet que, « les individus et les peuples, confrontés par la disparition progressive des frontières économiques, sont souvent les premiers, lorsqu'ils en ont les moyens, à abandonner délibérément la langue de leur monde déshérité pour partager avec d'autres milieux plus favorisés une langue de communication qui permet d'aller vers le développement économique »260(*). En d'autres termes, les pays africains sont attirés par le développement économique dont la Chine fait l'objet. Pour ce faire, l'empire du milieu affiche ainsi une politique claire et cohérente à savoir, l'expansion et la diffusion de sa langue en Afrique et, comme le souligne Jean Marie Onguene Essono, professeur au département des Lettres Modernes Françaises à l'Université de Yaoundé I, «l'autarcie linguistique est suicidaire. Tout pays, tout peuple a le devoir de s'ouvrir vers l'extérieur pour survivre »261(*). Cependant, le contexte sociolinguistique de l'Afrique semble peu favorable à la diffusion du mandarin sur l'étendue du continent.

B) La diversité culturelle et linguistique de l'Afrique comme obstacle à l'ambition de la Chine

La diversité culturelle et linguistique renvoie au pluralisme culturel ainsi qu'au multilinguisme. L'Afrique constitue une mosaïque culturelle dans ce sens qu'elle regorge en son sein des pays anciennement colonisés, et où les pays colonisateurs ont imposé aux colonisés le plurilinguisme comportant, outre les langues locales, au moins, une langue de communication internationale utile aux échanges. Les africains ont ainsi découvert des horizons différents, qu'ils soient culturels ou linguistiques, c'est-à-dire la connaissance d'une langue autre que leur langue maternelle. Ce qui a conduit à l'existence sur le sol africain, des espaces linguistiques francophones, anglophones, lusophones, germanophones, etc. Au Cameroun, « Afrique en miniature », outre les dialectes chers à chaque ethnie, le français et l'anglais constituent les langues officielles, tandis que l'allemand, l'espagnol, l'italien, le chinois sont des langues étrangères. C'est ce qui fait dire jean Tabi Manga que : « la République du Cameroun présente une configuration unique dans tout le continent africain, du fait de son bilinguisme officiel, français et anglais. Il faut, en outre ajouter une diversité incomparable de langues. En plus d'un nombre impressionnant de parlers, on y retrouve toutes les grandes familles linguistiques africaines »262(*). De ce fait, outre les langues coloniales qui font obstacles à l'apprentissage du chinois au Cameroun263(*), figurent deux dimension fondamentales, lesquelles séparent et opposent les cultures de ces deux pays : d'une part, le rapport du spirituel au temporel et, d'autre part, le caractère écrit ou oral de la culture. « En Chine, le spirituel est au service du temporel (...) En Afrique, c'est le temporel qui est au service du spirituel »264(*). Ainsi, en Afrique, voire dans le monde, la prépondérance de l'anglais comme le souligne Luc Sindjoun, est manifeste. C'est « la langue la plus utilisée lors des conférences internationales, la langue la plus utilisée dans les revues scientifiques, la langue de travail des différents prix Nobel »265(*). Le parler de Molière constitue aussi une langue de grande communication. Mais, les scientifiques chinois sont aujourd'hui freinés dans la diffusion de leurs travaux et ont des difficultés à se faire connaitre à l'étranger en raison de leur langue. Pour cette raison, ils publient en chinois et leurs recherches sont lues par les chercheurs et public chinois et leur rayonnement est limité à l'étranger266(*). Au Cameroun, ces deux langues de scolarisation et de communication (français et anglais) sont à la base de l'institutionnalisation du bilinguisme, exigé à tous ceux qui sollicitent un emploi à la fonction publique267(*). A l'université, aucun travail scientifique n'a jamais été présenté dans d'autres langues que le français ou l'anglais.

Fort de ce qui précède, l'enseignement du mandarin fait face à une domination linguistique du français et de l'anglais, ajouté à cela, les dialectes si nombreux soient-ils en Afrique. Cette entreprise chinoise de conquête linguistique de l'Afrique, par la volonté de répandre l'usage du mandarin, rencontre des résistances sur le terrain ; ce qui rend difficile toute transaction que la chine effectuerait sur le continent. A la suite de cette analyse, Aicardi de Saint Paul déclare : « l'Afrique et la RPC n'ont aucun lien culturel (...) qui favoriserait leur entente commerciale »268(*). Cette fragmentation culturelle orchestrée par l'introduction du chinois dans des aires linguistiques occupées par les langues coloniales, se caractérise dans la pratique par la résurgence du nationalisme. Il se manifeste de ce fait un certain désamour vis-à-vis de la langue chinoise. Comme en témoigne Claude Donfack Tchaleu, apprenant de chinois à l'ENS de Maroua : « les gens sont surpris quand je leur dis que j'apprends le chinois, ils me regardent comme si j'étais un extraterrestre et se moquent gentiment de moi »269(*). Bon nombre d'étudiants interrogés, estiment que le chinois est dur et que l'écriture chinoise en idéogrammes est bizarre. La thèse de Samuel Huntington sur « le choc des civilisations » illustre bien cette confrontation culturelle comme une source conflictogène de l'avenir. Il dit à ce propos que  les grandes causes de division de l'humanité et les principales sources de conflits seront culturelles270(*). En effet, les chinois eux-mêmes sont conscients de leur retard sur les autres en matière de diffusion de leur langue. Ils essayent de s'adapter autant que faire se peut en montrant une véritable volonté d'adaptation, à travers l'apprentissage d'un minimum de français et d'anglais271(*) afin de se faire comprendre et, pourquoi pas, d'apprendre aussi les langues locales africaines272(*). Cependant, étant donné que la langue évolue grâce à un dynamisme que lui apporte le croisement avec d'autres langues273(*), tout porte à croire que le mandarin fera son bout de chemin pour s'intégrer dans le contexte multilingue africain. Jean Jolly constate à la suite de cette analyse que, « malgré les efforts des services culturelles et de l'OIF, la langue française perd relativement du terrain au profit de l'anglais, de l'espagnol, de l'allemand, mais également du chinois (plus de 1,3 milliards de locuteurs) »274(*). Et comme l'observe si bien Julien Deschamps, français en stage au Cameroun : « à l'intérieur du palais des sports, tous les écriteaux sur les murs sont, en plus d'être en français et anglais, en langue chinoise (...). Je ne savais pas que le mandarin était devenu la troisième langue officielle du Cameroun ! »275(*).

PARAGRAPHE II : LES STRATEGIES DE CONQUETE DES COEURS ET DES ESPRITS

Parmi les objectifs déclarés de la présence chinois en Afrique, figure bel et bien la diffusion de sa culture et de sa langue afin de remodeler les africains à son image. La culture constitue de ce fait un instrument essentiel de la conquête des coeurs et des esprits, cette dernière qui consiste à vouloir dominer les autres par une tentative d'assimilation. Jean Piaget276(*) considère que toute action est assimilatrice. Une grande part des contenus culturels chinois circulent sur le continent, avec un impact immense sur l'imaginaire des individus et leur perception du monde. Ainsi, l'on pourrait affirmer que la Chine voudrait à travers sa culture, exercer une influence symbolique sur les pays où sont implantés ses Instituts Confucius. Kenneth Lieberthal estime que  les Instituts Confucius ont pour mission de transmettre les idéaux confucéens : « nous essayons de transmettre les valeurs et la philosophie traditionnelle de son enseignement, la façon d'apprendre et je dirai même d'être, parce que Confucius n'était pas seulement un professeur. Il était surtout un philosophe qui a eu un impact énorme sur la pensée chinoise et la façon d'être ». Elle a indiqué qu' « une valeur confucéenne que les américains devraient assimiler, c'est le respect des ainés »277(*). Il n'est donc pas étonnant que la Chine veuille s'associer au symbole auquel les gens identifient le respect et utiliser Confucius comme une sorte de « marque commerciale »278(*).

Ainsi, le soft power chinois, parce qu'il semble agir sur les mentalités, passe donc nécessairement par les programmes d'enseignement (A) et la stratégie de séduction au moyen de l'octroi des bourses d'étude aux camerounais (B).

A) Les programmes d'enseignement

L'Institut Confucius offre principalement des cours de mandarin et forme au diplôme de langue HSK, l'équivalent du TOEFL pour l'anglais, lequel atteste un niveau de chinois courant, permettant d'intégrer une université ou une entreprise chinoise. L'enseignant met à la disposition de l'apprenant, un support didactique (manuel de chinois accompagné d'un CD numérique), dont les programmes sont basés sur la vie de l'individu dans la société. C'est-à-dire, amener l'apprenant à s'adapter et à s'intégrer facilement dans le milieu culturel chinois. Le mandarin est enseigné aux étudiants à travers le « pin yin », c'est-à-dire la transcription phonétique en lettres des caractères. Le début des cours est souvent consacré à la prononciation pour aborder les différents tons : quatre forts et un léger. Le ton confère la signification au mot et, pour une même syllabe, correspond à ses sens différents. Par la suite, il faut que l'apprenant maitrise les caractères. Dans ce cadre, une série d'exercices est proposée à l'apprenant dans le but de lui faire comprendre la langue afin qu'il puisse l'utiliser dans la vie quotidienne. Ces exercices consistent à matérialiser de façon répétée et sur plusieurs pages, le pin yin en caractères chinois. A coté de l'écrit, l'oral est aussi pris en compte. A cet effet, l'apprenant est constamment pour prendre une part active au cours, à travers la lecture des textes, la traduction des caractères et la réponse aux questions. L'objectif pédagogique ne viserait pas ici, à faire parler couramment le chinois à l'apprenant, mais à faire en sorte que ce dernier arrive à se faire comprendre dans les rapports essentiels. Pour Zhang Xiaozhen, « nous avons quatre niveaux d'études et les cours se font sous deux vagues à savoir : les cours normaux, pour ceux qui ont le temps pendant les rentrées scolaires qui se déroulent trois fois par semaines et les cours intensifs qui se font tous les jours. La durée des cours ici est de deux heures de temps et, se déroule en trois phases : matin, midi et soir »279(*). Tonye Mvogo, apprenant de chinois du niveau I explique que : « apprendre le chinois demande beaucoup d'engagement et de sacrifice mais lorsqu'on s'accroche, tout devient facile. Pour la pratique de la langue, nous avons souvent des exercices de dialogue que nous faisons entre camarades sous la supervision d'un enseignant chinois et quand on finit, ledit enseignant essaye de nous corriger... »280(*). Les cours de langue ne sont pas la seule caractéristique de l'Institut, qui propose aussi des initiations dans des domaines aussi variés que la calligraphie, le Tai Chi, la gastronomie chinoise, la médecine traditionnelle chinoise, la culture et l'histoire de la Chine ainsi que des conférences portant sur des questions contemporaines281(*). Ce qui fait dire à Etienne Songa que : « à coté des cours classiques, nous avons des activités culturelles : festivals, concours de langue chinoise, de chant, de Kung Fu, de Tai Chi, ce, en plus des aspects culturels déjà traités dans le cours »282(*). Les productions artistiques constituent un objet de fascination de la Chine à travers le monde. C'est pourquoi à l'Institut Confucius de l'IRIC, les étudiants peuvent s'initier à l'histoire de l'art chinois, à l'acupuncture, à la calligraphie, etc. L'initiation à la calligraphie se fait par la pratique du dessin. Ainsi, toujours en 2010, l'Institut a lancé un concours de Karaoké et un autre de dessin, ouvert aux élèves du primaire au Cameroun et baptisé « la Chine dans mon esprit »283(*). Par ailleurs, à l'Institut, plusieurs tableaux sont exposés et évoquent le sens par les images ou des symboles, d'une Chine qui fascine. De novembre 2005 à janvier 2009, deux chorégraphes chinois ont séjourné au Cameroun pour former les jeunes danseurs du Ballet national. L'origine des arts martiaux chinois remonte à 4000 ans avant Jésus Christ (J.C). Vers l'an 600 avant J.C, Confucius déclarait essentiel la pratique des arts martiaux284(*). Ces arts étaient donc à l'origine des arts guerriers. Les deux arts martiaux pratiqués à l'Institut sont le Kung Fu et le Tai Chi. Prenons par exemple, le terme Kung Fu. Ce dernier ne désigne ni un style ni une école. Il est utilisé en Chine pour signifier : temps ou effort dans un travail ou exercice, habileté, compétence, virtuosité, maîtrise, exercice de qualité285(*). Les exercices d'arts martiaux sont proposés aux étudiants volontaires de l'Institut ainsi qu'à ceux de l'IRIC. En 2010 par exemple, l'Institut Confucius a connu la visite d'une équipe du temple de Shaolin. Elle a dispensé des cours d'arts martiaux aux apprenants volontaires286(*).

S'agissant des conférences, on note celle tenue en 2009 au campus de l'IRIC, par deux enseignants chinois de l'Université Normale de Zhejiang, Niu Changsong et Xiaofeng Zhang, sur le thème : « la coopération sino-camerounaise dans le domaine de l'éducation ». Les deux conférenciers ont entretenu l'auditoire quant à la volonté de la Chine de partager son expérience avec d'autres pays du sud, par le renforcement des échanges dans le domaine de l'éducation. Ils ont expliqué que ces échanges passent par l'implantation des Instituts Confucius, dont l'objectif principal consiste en la compréhension et l'acquisition de la langue chinoise, et celle-ci nécessite l'intervention des locuteurs avertis compréhensifs. Une autre conférence conjointe des Instituts Confucius d'Afrique, s'est tenue à Yaoundé pour sa troisième session en 2010. A la suite de celle-ci, Jacques Fame Ndongo a déclaré que  les enjeux de cette conférence conjointe des Instituts Confucius en Afrique sont clairs, « la Chine est en train de rivaliser au plan économique avec les plus grands (...). Nous devons nous approprier la langue chinoise et même la civilisation et la culture chinoise »287(*). Toutes ces activités participent ainsi à la conscientisation des africains sur les valeurs civilisationnelles chinoises. Aussi, cette volonté d'assimilation se manifeste t-elle par la traduction du nom de chaque apprenant en chinois (pin yin et caractères). A cet effet, l'enseignant prend soin d'attribuer à chaque apprenant la signification de son nom en chinois. Ce qui fait qu'à chaque fois que l'apprenant sera interpellé pendant le cours, c'est l'appellation en chinois qui est privilégiée. Cela induit un changement total de la prononciation du nom concerné. A cette stratégique pédagogique d'assimilation des apprenants, s'accompagne cette politique généreuse de bourses d'études que la Chine dirige à l'endroit du Cameroun.

B) De l'octroi des bourses d'étude à l'accueil des camerounais en Chine

Depuis 1973, le gouvernement chinois octroie une dizaine de bourses en moyenne par an aux étudiants camerounais288(*). Pour le compte de l'année académique 2010-2011, la Chine a mis 24 bourses d'études supérieures à la disposition du gouvernement camerounais dont 9 au niveau du baccalauréat et 15 pour les aspirants du master289(*).

Les bourses offertes par l'Institut Confucius impliquent l'apprentissage du mandarin aux fins communicationnelles. Chaque année, l'Institut offre un nombre réduit des bourses d'études en Chine290(*). Ces bourses sont principalement destinées aux jeunes camerounais inscrits à l'institut ou aux étudiants de l'IRIC. Les bénéficiaires doivent toutefois s'engager à retourner au Cameroun après leur formation qui varie entre trois et quatre ans, pour être mis à la disposition de l'Institut Confucius. Dans certains cas, des bourses pour les études de master sont offertes selon des conditions spécifiques291(*). L'Etat chinois à travers l'Institut Confucius met le plus souvent à la disposition des camerounais, outre les bourses du gouvernement chinois, les bourses du HSK (test de la langue chinoise), les bourses de la compétition chinoise, les bourses de l'excellence292(*). L'objectif de ces bourses est de disposer d'un nombre assez considérables de locuteurs qui parvient parfaitement à répandre la langue à leur retour sur le territoire camerounais. En 2009 par exemple, 23 camerounais issus d'entreprises privées et publiques ont obtenu une bourse pour étudier le mandarin en Chine pendant un an et demi, dans le cadre du programme chinois « Camp d'été »293(*).

L'accueil des camerounais en Chine est assuré par une politique concertée entre les gouvernements camerounais et chinois. Certaines bourses pourraient être supportées par le gouvernement chinois, tandis que d'autres reviendraient à la charge du gouvernement camerounais. Cependant, le constat qui se dégage est que, la Chine ne ménage aucun effort pour garantir l'accueil des africains d'une manière générale en Chine car, comme l'atteste Samuel Okouma Mountou, diplomate et sinologue gabonais : « les bourses d'étude offertes par le gouvernement chinois aux étudiants africains couvrent à la fois les frais liés à la scolarité et ceux liés au logement et à l'alimentation »294(*). De ce qui découle, les étudiants camerounais bénéficiaires de la bourse de coopération chinoise seraient donc pris en charge par la Chine.

SECTION II : LA RECEPTION LOCALE ET REGIONALE DE L'INSTITUT CONFUCIUS

Le soft power constitue l'une des ressources symboliques dont dispose un Etat. Il lui permet de devenir plus influent à travers la séduction. « Par soft power, nous entendons la force d'attraction d'une culture, d'un pays, sa capacité à séduire par ses oeuvres, ses découvertes, ses modèles, ses valeurs »295(*). L'Institut Confucius multiplie les activités pour séduire. A cet effet, il a mis en place en place une panoplie d'activités éducatives et culturelles. Ces opérations de charme chinois exerce un impact considération au plan local et régional (Paragraphe I) et suscite des perceptions de la part des populations concernées (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : L'INSTITUT CONFUCIUS VU PAR LE CAMEROUN

La perception exprime la représentation que se fait tout décideur de l'environnement national, régional ou global296(*). Ainsi, l'Institut Confucius semble produire des résultats exceptionnels qui séduisent et forcent l'admiration des populations camerounaises. Pour rendre compte de cette offensive de charme, il est nécessaire de dégager l'image que les uns et les autres se font l'Institut Confucius de l'IRIC. Selon Boulding, « l'image est la représentation organisée d'un objet dans le système cognitif de l'individu »297(*). Il s'agit donc de s'interroger sur la place qu'occupe l'Institut Confucius dans l'imaginaire de l'IRIC (A) et du gouvernement camerounais (B).

A) La vision de l'IRIC

Les imaginaires des différentes composantes sociologiques de l'IRIC sur l'Institut Confucius ont en général un sens positif. Des responsables administratifs de l'Institut jusqu'aux enseignants et étudiants, il se dégage une construction positive de l'image de cette structure qui fait tant d'émules. L'Institut Confucius se présente comme la vitrine de la coopération sino-camerounaise et d'après Jean Tabi Manga, Président du Conseil d'Administration (PCA) dudit Institut, « c'est le lieu de convergence des sensibilités africaines éprises de multiculturalisme. L'Institut Confucius sera un creuset pour faire triompher la pluralité du monde dans un environnement menacé par l'uniformité »298(*). Outre cet aspect culturel, l'Institut Confucius représente aussi une plate-forme économique. A ce titre, Tabi Manga poursuit en disant qu'à l'Institut Confucius, « les hommes d'affaires camerounais et chinois pourront désormais apprendre la langue et améliorer de ce fait leurs affaires ». Narcisse Mouellé Kombi, Directeur de l'IRIC, quant à lui affirme que : « l'Institut Confucius de l'Université de Yaoundé II, c'est le premier du genre en Afrique francophone au sud du Sahara. (...) Il n'a jamais cessé de s'affirmer comme une plaque tournante de l'enseignement de la langue et de la civilisation chinoise au Cameroun »299(*). D'après Etienne Songa, l'Institut Confucius de l'IRIC se distingue par de bons résultats sur le plan du travail. Il dit à ce sujet que, « pour la deuxième année consécutive le Cameroun a reçu le prix de l'excellence des Instituts Confucius. Ce qui veut dire que sur environ 25 Instituts Confucius que compte l'Afrique, nous avons été les meilleurs (...). Tout cela fait que le Cameroun s'ouvre davantage sur le plan linguistique à la Chine et c'est un atout pour développer la coopération dans les autres domaines »300(*). Fort de ce constat, l'aide à l'éducation que la Chine octroie aux Instituts Confucius est à la mesure de ses ambitions. Selon les déclarations d'Etienne Songa, « l'Institut Confucius gère environ un budget d'un montant de 100 millions par an »301(*). Ainsi la Chine multiplie son appui à l'éducation au Cameroun, à travers l'octroi des bourses d'études, des formations diverses, des dons de matériel didactique, etc.

B) La vision gouvernementale

La coopération sino-camerounaise se caractérise par plusieurs rencontres au sommet, ainsi qu'une intense activité diplomatique entre les deux pays. Depuis la création de l'Institut Confucius, cette coopération, dans le domaine culturel, est intense et fructueuse et le gouvernement camerounais salue cette initiative chinoise. Le Ministère de l'Enseignement Supérieur du Cameroun, tutelle de l'IRIC où est logé cet Institut, ne cesse de louer les efforts entrepris par la partie chinoise, en vue de valoriser la coopération dans le domaine culturel via l'Institut Confucius. De l'avis de Jacques Fame Ndongo, « les Instituts Confucius sont une unification fédératrice des peuples. C'est pourquoi l'objectif, à long terme, est de doter toutes les universités d'Etat du Cameroun de ces Instituts. Le Cameroun comprend déjà cinq pôles d'enseignement du chinois(...). Les Instituts Confucius ont pour objectif d'apporter l'expérience du peuple chinois, en matière de langue et autre savoir, contribuant ainsi au développement du continent »302(*). Pour le gouvernement camerounais, à travers l'Institut Confucius, le Cameroun peut prendre appui sur la Chine afin d'atteindre ses objectifs de développement.

PARAGRAPHE II : L'IMPACT DE L'INSTITUT CONFUCIUS EN AFRIQUE CENTRALE

L'expansion de la langue et de la culture chinoise au Cameroun à travers l'Institut Confucius de l'IRIC, a un impact considérable au plan régional. Compte tenu de la position stratégique de l'IRIC, le recrutement des apprenants de l'Institut s'étend au delà des frontières camerounaises. Ce qui fait que l'Institut Confucius de l'IRIC suscite beaucoup d'enjeux. Ainsi, avant de passer en revue ces enjeux dont cette structure fait l'objet (B), il convient, de prime abord, de présenter son aspect séduisant dans les imaginaires camerounais (A).

A) L'attractivité régionale de l'Institut Confucius

En matière d'éducation, la Chine manifeste sans cesse cette volonté de s'appuyer sur le Cameroun, pays leader de la sous-région Afrique centrale, pour étendre son influence dans d'autres pays. A l'IRIC où est implanté l'Institut Confucius, unique laboratoire de langue chinoise en Afrique centrale, les étudiants viennent de divers horizons. « Outre le Cameroun, les apprenants viennent des pays amis, lointains et proches, comme la France, le Tchad, le Congo, la RCA »303(*). Cette attractivité, selon Narcisse Mouellé Kombi, « se manifeste par une inscription poussée, mieux par de grands effectifs dans le cursus que constitue le programme d'enseignement de la langue et de la civilisation chinoise au sein de l'Institut Confucius ». Xu Lin, Directeur Général de Hanban, estime que « pour certains jeunes en Afrique, la maitrise du chinois apparait parfois comme une opportunité de travail ou un plus pour sa carrière, ce qui témoigne de la motivation en Afrique de l'apprentissage de cette langue différent par rapport à celles d'autres régions ». Aussi, poursuit-elle, « avec la formation des jeunes talents maitrisant plusieurs langues et en raison de la croissance des activités économiques et commerciales entre la Chine et les pays d'Afrique, les Instituts Confucius en Afrique joueront pleinement leur rôle et serviront mieux à la vie économique et sociale du pays ». Les structures annexes qui sont implantées dans le pays, et plus précisément dans des endroits stratégiques, illustrent cette politique d'expansionnisme linguistique de la Chine en Afrique. Serge Doka Yamingno, directeur adjoint de l'ENS de Maroua, illustre ce choix stratégique en disant que : « Maroua se situe dans la zone sahélienne du Cameroun et à partir de cette position nous voulons irriguer la sous-région par la diffusion de la langue chinoise »304(*). A travers donc la diffusion de sa culture au Cameroun, la Chine envisage étendre son influence dans toute la sous-région pour stimuler les échanges dans différents secteurs. A ce propos, Zhang Xiaozhen, alors directrice de l'Institut Confucius a déclaré que : « during (...) 10 years, Chinese Language Training Centre has trained over 200 graduate students and diplomats from the IRIC and the other 20 African countries »305(*).

B) L'Institut Confucius et les enjeux de l'influence chinoise

Le soft power constitue l'une des ressources symboliques dont dispose un Etat. Il lui permet de devenir plus influent à travers la séduction. « Par soft power, nous entendons la force d'attraction d'une culture, d'un pays, sa capacité à séduire pour ses oeuvres, ses découvertes, ses modèles, ses valeurs »306(*). Ainsi, la langue est le vecteur de la communication et c'est par elle qu'on apprend à mieux se connaître. On ne saurait par conséquent communiquer en société si le canal qui lie deux interlocuteurs n'est pas commun. D'où la montée en puissance de l'enseignement du mandarin au Cameroun via l'Institut Confucius de l'IRIC. La Chine semble donc apprécier le rôle de « leader » que le Cameroun joue dans la sous région et pense que ce pays est un « partenaire de choix » sur lequel elle peut compter pour étendre son influence et accélérer ses transactions commerciales au niveau régional. La politique chinoise appliquée aux pays africains, relève tout simplement de la realpolitik307(*) et à ce propos, Jean Jolly estime que : « les succès chinois tiennent aux méthodes qu'ils utilisent à savoir : une diplomatie très active et très réaliste, une implication très directe des autorités nationales, des entreprises d'Etat (...) dans la recherche des importations et dans la conquête des marches commerciaux »308(*). Dans la même perspective, Tanguy Struye de Swielande, pense qu'« il apparait évident que la présence chinoise sur le continent africain est avant tout motivée pour des raisons de Realpolitik »309(*).

Il s'agit donc pour la Chine, d'un désir constant d'afficher son image ainsi qu'une volonté de créer des sphères d'influence culturelle310(*) en Afrique voire dans le monde. Dans ce sens, la Chine tend à devenir une puissance hégémonique. Mais alors, l'hégémonie se pense dans le champ de la culture comme elle se pense dans le champ politique311(*). Ainsi, l' « hégémon », ce termes est dérivé du grec hegemonia qui signifie prééminence, se réfère à « une variété de situations dans lesquelles un Etat semble avoir considérablement plus de puissance que les autres »312(*). Dans le même ordre d'idées, la puissance hégémonique décrite par Immanuel Wallerstein313(*) pour montrer comment le fonctionnement de l'économie-monde au profit des Etats puissants du centre est lié à la capacité de ceux-ci de proposer et d'imposer aux Etats de la périphérie et de la semi-périphérie leurs pratiques, leurs institutions et leur culture. La Chine, puissance émergence314(*), manifeste une volonté d'étendre, de maximiser sa puissance, à travers sa culture. C'est donc l'adoption d'une politique strictement similaire à celle des Etats-Unis, mais au prisme d'intérêts et de situations et statuts clairement différents315(*). La Chine voudrait ainsi entretenir au Cameroun, l'image d'une grande puissance, comme en témoigne la politique de déploiement des Instituts Confucius à travers le pays. Ce qui fait dire à Jean Tabi Manga que « l'enseignement du chinois permet au Cameroun de se positionner comme l'un des pays importants de la Chine en Afrique centrale... »316(*).

Aussi, avec l'entrée massive des produits chinois sur le marché mondial et donc africain, voire camerounais, l'apprentissage du chinois devient incontournable. C'est une stratégie clairement définie par la Chine qui vise à accélérer ses transactions commerciales, par la facilitation des contacts au sein des entreprises chinoises et à conclure des accords de coopération entre la Chine et les pays africains, car « Sans langage commun, les affaires ne peuvent pas être conclues »317(*), lit-on dans les analectes de Confucius. C'est pourquoi, la connaissance de la langue chinoise se présente comme une opportunité d'affaires et d'emploi pour les africains. L'engouement constaté dans l'apprentissage du chinois au Cameroun laisse croire d'après Ebenezer Djetabe, enseignant de chinois, que : « pour espérer un contrat avec ces entreprises, il faut sans doute parler un peu le chinois »318(*). Au regard des projets structurants annoncés par la Chine au Cameroun et dans d'autres pays de la région, les apprenants du mandarin pourront bénéficier des avantages liés à l'emploi. Néanmoins, ceux des camerounais et bien d'autres, maitrisant déjà le chinois sont constamment sollicités tant par la partie chinoise que par leur pays, en vue de jouer le rôle de traducteur ou d'interprète lors des différentes négociations. La Chine s'ouvre ainsi au monde, non seulement pour l'inonder de ses produits à bas prix mais également pour s'acquérir de nouveaux débouchés afin de renforcer son économie. Dans ses relations avec le Cameroun, il se dégage de nos jours, un accroissement des échanges économiques et commerciales considérables (annexes 7&8).

CONCLUSION GENERALE

Rendre compte de la place du culturel dans la coopération sino-camerounaise, a été la tâche à laquelle nous nous sommes attelés dans les pages qui précèdent. A cet effet, nous avons essayé, tout au long des quatre chapitres développés, de proposer une compréhension de la nature mais aussi de la logique que véhicule la politique culturelle mise en oeuvre par la Chine au Cameroun. Ainsi, notre problématique s'articulait autour de la question suivante : Quel est l'enjeu de la valorisation de la dimension culturelle dans les relations entre la Chine et le Cameroun ? Que peut représenter l'Institut Confucius dans cet enjeu et qu'est-ce qui se joue à travers l'implantation de celui-ci à l'IRIC (Cameroun) ? A cet effet, la première hypothèse selon laquelle l'Institut Confucius de l'IRIC est un outil fondamental de la valorisation de la dimension culturelle dans la coopération sino-camerounaise, a été vérifiée. Il ressort sur le terrain que, outre l'enseignement du mandarin, l'Institut Confucius mène plusieurs activités. Les enjeux qui sont attachés à cet Institut révèlent d'une part que celui-ci est un moyen au service de la puissance chinoise. Fort de ce qui précède, la Chine rêve d'être un géant Confucius, une belle enseigne très politique à savoir, imposer sa vision du monde319(*). Implanté à l'IRIC, l'Institut Confucius constitue un instrument de puissance culturelle dans ce sens qu'il déborde les frontières politiques du Cameroun pour se projeter vers les autres Etats de l'Afrique Centrale. C'est donc un exemple probant de la stratégie d'influence culturelle de la Chine en Afrique, laquelle combine avec ses influences économiques et diplomatiques (les fréquents échanges de visites au plus haut niveau) afin de faire échec à l'hégémonie occidentale. Comme le note Alain Plantey, « la compétitition entre les nations n'épargne pas le domaine de la pensée dans la mesure où la diffusion de la parole, de l'image, de l'idée peuvent permettre d'influencer la politique et les stratégies des Etats »320(*). Ainsi, pour exercer son influence dans les pays africains, outre la diffusion du mandarin, « le Cameroun bénéficie du savoir-faire chinois dans de nombreux domaines : infrastructures routières et sportives, construction des édifices, fabrication et vente d'engins »321(*). A cet effet, aucun pays n'a autant d'impact sur la politique et le tissu socioéconomique de l'Afrique que la Chine depuis le tournant du millénaire322(*). A ce titre, la culture devient un produit commercial important dans la mesure où elle constitue un vecteur d'accélération vers les transactions économiques. L'Empire du milieu lance ainsi au Cameroun une grande opération de charme à visée globale. C'est ce qui semble justifier la deuxième hypothèse de ce travail. Ce faisant, nous avons procédé par une mise en relation systématique de la variable culturelle privilégiée dans l'équation de la puissance chinoise, en nous appuyant sur les théories du réalisme et de la géoculture comme schéma explicatif. A cet effet, une brève revue de la dimension culturelle de la politique étrangère de la Chine en direction du Cameroun permet une meilleure compréhension de sa grande stratégie et démontre qu'elle suit la démarche réaliste. La Chine mise sur le  soft power  dans la lutte pour la puissance qui caractérise les relations internationales. Cette offensive culturelle trouve son fondement dans deux approches principales quant au rôle de la puissance dans les relations internationales323(*). La première, le réalisme défensif cher à Kenneth Waltz324(*), affirme que les puissances ont tendance à « balancer » la puissance des autres Etats. Au début du XIXe siècle, Napoléon aurait prédit que lorsque la Chine s'éveillerait le monde se mettrait à trembler. Deux siècles plus tard, la prophétie semble se réaliser, car la Chine est en train de vouloir ravir l'hégémonie aux Etats-Unis. Abdou Fall325(*) estime à ce propos que : « la chine depuis une quinzaine d'années pose les jalons de son nouveau statut de puissance globale, non plus circonscrite dans une région ou dans un domaine d'activité, mais embrassant l'ensemble des secteurs économiques et stratégique et la totalité du globe ». Selon Béchir Ben Yahmed, journaliste à Jeune Afrique, le monde fait face à une inversion des cultures où la culture chinoise est en train de surplanter celle de l'Occident et il expose à cet effet une image sur laquelle les présidents américain et français, Obama et Sarkozy s'inclinent en saluant Hu Jintao. Il déclare à ce propos que : « qu'ils accueillent ou soient accueillis, l'Américain et le Français s'inclinent devant l'Asiatique (...), marquant ainsi la considération nouvelle qu'ils éprouvent pour son pays ... ». Il veut ainsi exprimer et transmettre ce qu'il ressent, « china is back ; l'empire du milieu est redevenu le centre du monde » 326(*). La seconde, le réalisme offensif développé par John Mearsheimer327(*), cherche à prédire le comportement des nations lorsqu'elles font face à des puissances rivales. Pour Mearsheimer, l'objectif ultime d'un Etat est de devenir le plus puissant du système, en acquérant d'abord un statut de puissance hégémonique régionale, ensuite de s'assurer l'émergence des puissances rivales dans d'autres régions. On comprend mieux le pragmatisme dont la Chine fait preuve dans sa quête des marchés, d'énergie et de matières premières, mais aussi d'influence politique comme puissance émergente328(*). Effectivement, le réalisme a permis de constater sur le terrain que l'Institut Confucius n'est qu'un paravent de la stratégie de puissance de la Chine, non pas seulement au Cameroun mais aussi en Afrique centrale. Tout comme la géoculture, celle-ci permet de mieux comprendre l'expansion de la culture chinoise au Cameroun voire dans la sous région de l' Afrique centrale. La Chine voudrait créer des zones d'influence culturelle dans la région afin de mener à bien ses transactions économiques et commerciales.

La stratégie africaine de la Chine sous-tend, selon certains analystes, des mobiles d'ordre impérialistes et colonisateurs. « Coloniser signifie être en relation avec de nouveaux pays, profiter de leurs ressources au maximum tout en structurant ces pays avec notre intérêt national ; mais cela veut aussi dire apporter à ces peuples primitifs une culture intellectuelle, social, scientifique, moral commerciale ou artistique et industrielle dont ils sont dépourvus et qui est l'apanage des races supérieures »329(*). Il semble que c'est cette logique qui sous-tend la présence chinoise en Afrique. Parlant du Cameroun, Pierre Mithra estime que les chinois sont en train d'envahir le pays et que « si aucun cadre n'est défini, ils continueront comme ils le font déjà (...) à exploiter toutes les richesses »330(*). Ce point de vue est partagé par René N'guetta Kouassi, directeur du Département des Affaires Economiques de l'Union Africaine (UA), et qui estime qu' « il ne faut pas que l'Afrique sorte d'un néocolonialisme pour tomber pieds et poings liés dans le néocolonialisme chinois »331(*). Les auteurs du rapport du Réseau Africain sur la Recherche en matière de Travail (RART) pensent à ce sujet que, « les relations commerciales avec la Chine suivent le modèle selon lequel l'Afrique est exportatrice des matières premières et importatrice de produits finis »332(*). Pour apaiser ces perceptions dont la présence chinoise en Afrique fait l'objet, Hu Jintao affirme que : « China has never impose its will or inequal pratices on other countries and will never do so in the future »333(*). Cependant, force est de constater que les chinois dispose d'un projet messianique. Ce qui fait dire à Chris Aden, s'agissant de la présence chinoise en Afrique, que : « the ideology of a « civilizing mission », the accompanying territorial imperative and forging of exclusionary trade relations »334(*).

Ainsi, bien que la Chine utilise la dimension culturelle comme un paravent de sa stratégie de puissance globale au Cameroun, il est à noter comme le souligne Samuel Huntington que, « l'occident est et restera des années encore la civilisation la plus puissante »335(*). Pour l'heure, la Chine réfléchit encore au contenu à donner à son message culturel, ce qui n'exclut pas, avertit le sinologue Jean-Pierre Cabestan, « de voir à terme les Instituts se transformer en structures aseptisées, diffusant une culture folklorique »336(*). D'où la présence de quelques indices de fragilité inhérentes à sa projection culturelle et qui sont susceptibles d'être renforcés. Il est donc nécessaire pour une large diffusion du mandarin, à travers son intégration dans les enseignements primaires et secondaires. Par ailleurs, ce processus est d'ores et déjà entamé, avec notamment l'apprentissage du mandarin à l'ENS de Maroua et dans certaines écoles internationales et privées installées au Cameroun. Il ne reste que la régulation pratique qui doit être faite par une action concertée entre les Etats camerounais et chinois afin d'intégrer véritablement l'enseignement de la langue chinoise dans le système éducatif camerounais.

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http://www.camnet.cm/index.php?mact=News,cntnt01,print,0&cntnt01articleid=3133&cntnt01showtemplate=false&cntnt01returnid=15, (consulté le 21/03/2011).

PROTOCOLE DE RECHERCHE

Le thème de ce mémoire s'intitule : Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise : le cas de l'implantation de l'Institut Confucius à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).

Ce thème a fait l'objet de nombreuses difficultés, eu égard à sa nature relativement nouvelle. Ces difficultés sont inhérentes à l'accès à l'information et aux ouvrages portant sur la question. C'est la raison pour laquelle nous avons eu recours aux articles publiés dans les revues, magasines, quotidiens et l'internet.

Notre recherche nous a conduits principalement à l'Institut Confucius de l'IRIC. Ici, nous avons rencontrés le Directeur Adjoint de l'Institut, et ce dernier nous a dirigés au Bureau du Coordonnateur Administratif pour plus amples informations.

La recherche documentaire quant à elle, a été effectuée dans des bibliothèques telles que la Fondation Paul Ango Ela (FPAE), la bibliothèque centrale de l'Université de Yaoundé I, la bibliothèque de l'IRIC, la bibliothèque de l'Institut Royal des Relations Internationales (Bruxelles), la bibliothèque de l'Université Catholique de Louvain (UCL) et la bibliothèque de l'Université Libre de Bruxelles (ULB).

Au cours cette recherche, nous avons eu un entretien officiel avec M. Songa Etienne, Coordonnateur Administratif de l'Institut Confucius. Notre préoccupation portait notamment sur un certain nombre de questions telles :

1- Connaissance sur le fonctionnement de l'Institut Confucius et l'enseignement de la langue et de la culture chinoises.

- Pourquoi ce passage du Centre d'apprentissage de la langue chinoise à l'Institut Confucius ? Et qu'est ce qui a véritablement changé ?

- Qu'est ce qui a motivé le gouvernement chinois à choisir Confucius pour patronner ce projet ?

- Quels sont les programmes que l'Institut propose aux étudiants ?

- Quelles catégories d'apprenants trouve t-on à l'Institut ? Combien sont-ils depuis 2007 à nos jours ? Combien viennent d'autres pays ? Et y a-t-il un engouement de la part de ces apprenants pour le chinois ?

- Y a-t-il une certaine motivation pour les apprenants du chinois ? Quel peut être le montant du budget alloué par le gouvernement chinois au fonctionnement de l'Institut Confucius ?

- Comment fonctionnent les annexes de l'Institut ? Combien d'annexes existe-t-il au Cameroun ?

- Quelle autre action culturelle l'Institut mène t-il ? Combien d'Instituts Confucius le Monde, l'Afrique, l'Afrique Centrale comptent-ils ? Et que vise le gouvernement chinois à travers ce projet de prolifération des Instituts Confucius dans le monde ?

2- L'image qu'on a de l'Institut Confucius de l'IRIC

- Quelle image avez-vous de l'Institut Confucius ?

- Quelles sont les appréciations des uns et des autres quant à l'avènement et au fonctionnement l'Institut ?

ANNEXES

ANNEXE 1 : Protocole d'exécution de l'accord de coopération culturelle, 2008/2010

ANNEXE 2: Confucius

Source : "Lun Yu, les Entretiens de Confucius" traduits par S. Couvreur
http://www.afpc.asso.fr/wengu/Lunyu/Couvreur/Lunyu_00.htm

ANNEXE 3 : La présence chinoise en Afrique

Source : François Lafargue, Diploweb, juillet 2009.

ANNEXE 4  : La progressin du commerce Chine-Afrique entre 2003 et 2007

Source : http://www.mofcom.gov.cn

ANNEXE : Implantation culturelle chinoise en Afrique

ANNEXE  6 : Extrait des paragraphes culture et éducation du plan d'action de Beijing 2007- 2009

ANNEXE 7: Composition of Cameroon's top-20 imports (HS4 level) from China 1995-2008

Source: World Trade Atlas, CCS analysis10, China's imports from Cameroon comprise largely of oil, wood and cotton products. In 2008, the share of Cameroonian oil in the import profile grew significantly.

ANNEXE 8: Composition of Cameroon's top-20 exports (HS4 level) from China 1995-2008

Source: World Trade Atlas data, CCS analysis, 2009.

* 1 Il convient de rappeler avec l'auteur que les premiers écrits chinois en Afrique remontent au VIIIe siècle de notre ère et que les flottes chinoises aient fait le tour des côtes d'Afrique dès le XVe siècle. J. Barrat, « La Chinafrique » : Un tigre de papier ? », in Géostratégiques, n°25, octobre 2009.

* 2 S. Michel et M. Beuret, La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir, Paris, Bernard Grasset, 2008, p.31.

* 3 M- N. Chomtang Fonkou, « Les enjeux géopolitiques et géoéconomiques de la nouvelle politique africaine de la Chine », Mémoire, UYII, IRIC, 2006-2007, p.46.

* 4 N. Mouellé Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996, p.158.

* 5 C. Puel, « Quand le monde parlera chinois », publié sur : www.lepoint.fr, (consulté le 25/12/2009).

* 6 J.-L. Ewangue (dir), Enjeux géopolitiques en Afrique centrale, Paris, L'Harmattan, 2009, p.308.

* 7P. de Senarclens et A. Yohan, La politique internationale : théories et enjeux contemporains, Paris, Armand Colin, 5e édition, P.10.

* 8 M. Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001, 11e édition, p.385.

* 9 Connexions, « Shanghai 2010 et soft power chinois », mars 2010, p.61.

* 10 C. Debbasch, Lexique de politique, 7e Ed., Paris, Dalloz, 2001, p.117.

* 11 H. Kissinger, La Nouvelle puissance américaine, Paris, Fayard, 2003, p.163.

* 12 F. Roche (dir), Géopolitique de la culture : Espaces d'identités, projections, coopération, Paris, L'Harmattan, 2007, p.51.

* 13 C. Greertz (cité par B. Badie et M-C Smouts), Le retournement du monde, Sociologie de la scène internationale, Paris, Presses de Sciences -Po, 1999, p.23.

* 14 G. Hermet (dir), Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Paris, Armand Colin, 1994, p.69.

* 15 F. Roche, op. cit., p.82-83.

* 16 L. Sindjoun « A la recherche de la puissance culturelle dans les relations nationales :esai de caractérisation du concept et d'appréhension du phénomène », Revue Camerounaise de Politique Internationale, n°001, septembre 2007, p.20-21.

* 17 Confucius est né à Zou prés de Qufu dans l'actuelle province de Shandong, il est généralement appelé Kongzi ou Kong Fuzi par les chinois, ce qui signifie « Maitre Kong » et qui a été latinisé en « Confucius » par les Jésuites. (voir : Y. Huanyin, « Confucius », in Perspectives : Revue trimestrielle d'éducation comparée,Paris, Unesco, Vol XXIII, N° 1-2, mars-juin 1993, p.215-223).

* 18 Présidente des Instituts Confucius et vice-présidente du Sénat chargée des questions d'éducation, Publié sur : www.lepoint.fr, loc. cit., p.2.

* 19 L. Sindjoun, loc. cit., p.5.

* 20 S.P. Huntington, Le Choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 1997, p.111.

* 21 P. Renouvin et J.-B Duroselle, Introduction à l'histoire des relations internationales, Paris, Armand Colin, 1970, p.2.

* 22 L. Olivier (dir), Elaboration d'une problématique de recherche : sources, outils et méthode, Paris, L'Harmattan, 2005, p.29.

* 23 D. Oyono, Avec ou sans la France ? La politique africaine du Cameroun depuis 1960, Paris, L'Harmattan, 1990, p.32.

* 24Kengne Fodouop, Le Cameroun : Autopsie d'une exception plurielle en Afrique, Paris, L'Harmattan, 2010, p.339.

* 25 T. Bangui, La Chine, un nouveau partenaire de développement de l'Afrique : vers la fin des privilèges européens sur le continent noir ?, Paris, L'Harmattan, 2009, p.77.

* 26 J.C. Edjangue, Cameroun : un volcan en sommeil, Paris, L'Harmattan, 2010, p.103.

* 27 J. Jolly, Les chinois à la conquête de l'Afrique, Paris, Pygmalion, 2011, p.96.

* 28 S. Michel et M. Beuret, La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir, Paris, Bertrand Grasset, 2008, p.147.

* 29 E. Nguyen, Les relations Chine-Afrique, Paris, Studyrama, 2008, pp.70-71.

* 30 T. S. De Swielande, « la Chine et le « soft power »: une manière douce de défendre l'intérêt national ? », Université Catholique de Louvain (UCL), mars 2009, pp.9-10.

* 31 M. Beaud, L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 1996, p.32.

* 32 R. Quivy & L.V. Campenhoudt, Manuel de recherché en sciences sociales, Paris, Dunod, 3 éd., 2006, p.101.

* 33 L. Olivier op. cit., p.24.

* 34 M. Grawitz, op. cit., p.11.

* 35 L. Olivier op. cit., p.78.

* 36 J.Huntzinger, Introduction aux relations internationales, Paris, Le Seuil, 1987, p.8.

* 37 M. Angers, Initiation pratique à la méthodologie...Anjou, Centre Educatif et Culturel, 1992, p.66. , cité par P-I. Ngo Nyouma, La coopération entre le Cameroun et la Pologne, Mémoire, DESS, IRIC, UYII, 2004.

* 38 J-F. Dominjon, Méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Montchrestien, 1997, p. 12.

* 39 M. Grawitz, op. cit., p.554.

* 40 F. Thual, Méthodes de la géopolitique. Apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Ellipses, 1996, 128.p.

* 41 P. Claval, Géopolitique et géostratégie: la pensée politique, l'espace et le territoire au XXè siècle, Paris, Nathan, 1994, p.6.

* 42 A. Chauprade, Introduction à l'analyse géopolitique, Paris, Ellipse, 1999, 320.p.

* 43 A. Cabanis (dir), Méthodologie de la recherche en droit international, géopolitique et relations internationales, Paris, Idea, 2010, p.61.

* 44 F. Thual, op. cit., p. 4.

* 45 D. Batistella, Théories des relations internationales, Paris, Presses des sciences politiques, 2e édition, 2002, p.226.

* 46 M. Gravitz, op.cit., p.294.

* 47 M. Merle, Sociologie des relations internationales, Paris, Dalloz, 1974, p.3.

* 48 L'expression « Relation internationale » désigne à la fois l'objet d'étude que sont les relations « entre nations » et la discipline qui étudie ces relations. Dans le cadre de ce travail, nous utiliserons, conformément à l'usage « Relation internationales en majuscules lorsqu'il s'agit de la discipline et « relation internationale » en minuscules lorsqu'il s'agit de l'objet (voir : Dario Batistella, Théorie des relations internationales, 3e éd. 2006, p.15.)

* 49 D. Ethier, Introduction aux relations internationales, 3e éd. Montréal, PUM, 2006, p.29.

* 50 F. Benjamin, «Restating the realist case: An introduction», Security studies, vol 5, N°3, 1996, p.xi.

* 51 S. Bessière, La Chine à l'aube du XXIe siècle : le retour d'une puissance ?, Paris, L'Harmattan, 2005, p.12.

* 52 J. Nye, dans son ouvrage intitulé le leadership américain. Quand les règles de jeu changent, Presses Universitaires de Nancy, Nancy, 1992 : estime qu'à l'ère des transformations de la puissance qui quitte le registre du hard au profit de celui du soft, la domination du partenariat est devenue un terrain d'affirmation de la puissance.

* 53 A. Brunet & J-P. Guichard, « La visée hégémonique de la Chine », cité par Adrien de Tricornot, Publié sur : www.lemonde.fr (consulté le 16/03/2011).

* 54 J-P. Beja (dir), « Chine : une dictature dans la mondialisation », Esprit,  N°280, décembre 2001, p.80

* 55 S. Bessière, op.cit., p.12. 

* 56 « L'impérialisme(...) qualifie aujourd'hui la volonté d'une nation, d'un Etat ou d'un groupe de créer une hégémonie sur d'autres nations, d'autres Etats ou d'autres groupes (...), il peut être provoqué par le sentiment d'une supériorité culturelle ou la volonté d'imposer un modèle idéologique ». S. Cordellier, Le dictionnaire historique et géopolitique du 20e siècle, Paris, La Découverte, 2000, p.347-348.

* 57 H. Morgenthau, Politics among..., New York, Alfred A. Knopf Publisher, 4e edition P.57-58.

* 58 Interview réalisée par caroline Puel, au Directeur général des instituts Confucius, Publié sur : www.lepoint.fr, (consulté le 25/05/2009)

* 59 Pascal Boniface, Lexique des Relations Internationales, Paris, Ellipses, 1995, p. 116.

* 60 R. M. Keuko, Guerre et conflits modernes : Petit lexique pour comprendre les notions, Paris, L'Harmattan, 2008, p.111.

* 61 L'auteur estime qu'avec l'effondrement de l'idéologie léniniste et par extension de l'URSS, c'est en réalité la fin de l'hégémonie américaine qui s'annonce. Trois grands mouvements traversent le système-monde et la géoculture découle de ce combat culturel. I. Wallerstein, Geopolitics and geo-culture: Essays on the changing world-system, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, in Etudes Internationales, Vol 23, N°4, 1992, p.887-889. 

* 62 S.P. Huntington, op.cit., p.22-83.

* 63 Y. Huanyin, loc. cit., p.16.

* 64 Idem.

* 65 S. Bessière, op. cit., p.72.

* 66 Y. Huanyin, loc. cit., p.6.

* 67 Idem.

* 68 E. Nguyen, L'Asie géopolitique: de la colonisation à la conquête du monde, Paris, Studyrama, 2006, p.22.

* 69 C.Harbulot (dir), « La culture : vecteur de la stratégie de puissance de la Chine en Afrique ? », Publié sur : www.infoguerre.fr/documents/essec_chine_culture.pdf, (consulté le 05/06/2011).

* 70 Le bouddhisme, venant de l'Inde, est arrivé en Chine, au IIIe siècle alors que le confucianisme et le taoïsme étaient déjà bien ancrés dans la culture et les mentalités. Pratiqué depuis plus de 2500 ans, la voie préconisée par Bouddha est vaste et invite l'homme à reconnaitre sa souffrance pour la surmonter et accéder à la disposition de celle-ci. S. Bessière, op. cit., p.72.

* 71 Idem. : Le taoïsme est considéré comme la seule vraie religion chinoise, le confucianisme étant plutôt une philosophie et le bouddhisme étant importé de l'inde. Il est fondé par Lao Tseu, un personnage énigmatique contemporain de Confucius. Lao Tseu était un mystère qui prônait un monde des hommes en harmonie  avec le Cosmos. Le taoïsme est un mélange du culte des esprits, de la nature et des ancêtres, une quête mystique des lois qui gouvernent notre vie, une sorte de quête d'immoralité. Cette pensée cherche à libérer l'homme du monde dans lequel il vit afin de le faire accéder à l'harmonie parfaite.

* 72 E. Nguyen, op. cit., p.19.

* 73 Idem.

* 74 S. Bessière, op. cit., p.71.

* 75 J. Jolly, Les chinois à la conquête de l'Afrique, Paris, Pygmalion, 2011, p.28.

* 76 S. P. Huntington, op. cit., p.149.

* 77 S. Bessière, op. cit., p.77.

* 78 Ibid., p.169.

* 79 C. Graziella, Histoire des idées et politiques de populations, Paris, INED, 2006, p.6. Publié sur : www.books.google.com, (consulté le 30/03/2011).

* 80 E. Nyahoho et P-P. Proulx, Le commerce international: théories, politiques et perspectives industrielles, Québec, PUQ, 2006, p.571.

* 81 B. Courmont, op. cit., p.53.

* 82 Y. Huanyin, loc. cit., p.165.

* 83 J. Jolly, op. cit., p.20.

* 84 Ibid., p.283.

* 85 Y. Huanyin, loc. cit., p. 184.

* 86 F. Delaune, Entreprises familiales chinoises en Malaisie, p.84., publié sur www.books.google.com, (consulté le 31/05/2011).

* 87 Ibid., p.85.

* 88 Cité par J-C Lambelet, in « Le confucianisme, fondement culturel du repli de la Chine sur lui-même », HEC Lausanne, 1er mai 2010, pp. 1-11. Publié sur : www.hec.unil.ch , (consulté le 10/10/2009).

* 89 La coopération « gagnant-gagnant » signifie pour la Chine, « des prestations de qualité réalisées en Afrique pour des prix bien inférieurs à ceux que pratiquent les entreprises occidentales, sans volonté d'ingérence dans les affaires politiques africaines, en laissant aux Etats leur pleine souveraineté (voir : Colin Nkoa, « La coopération Chine-Afrique : un partenariat gagnant-gagnant ? », Enjeux, N°30, janvier-mars 2007, p.39.)

* 90 idem.,

* 91 C. Debbasch, op. cit., p.73.

* 92 S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.47.

* 93 La Chine émergente a bien compris la nécessité de s'intégrer à ce nouvel espace de puissance que symbolisent les Organisations internationales (OI). Pourtant, jusqu'en 1990, la Chine jetait un regard assez suspicieux sur ces institutions multilatérales, accusées de faire partie du grand complot impérialiste afin d'asseoir l'hégémonie occidentale. Par conséquent, le multilatéralisme occupera une place importante dans la stratégie chinoise d'affirmation de puissance. « In contrast to a decade ago, the world's most populous country now largely works within the international system. It has embraced much of the current constellation of international institutions, rules and norms as a means to promote its national interests» (voir: E. S. Medeiros & M. Taylor Fravel, «China's new diplomacy», Foreign Affairs, Vol 82, p.22.). Voila donc comment il convient de comprendre l'enthousiasme avec lequel la Chine est depuis jeté dans les bras du multilatéralisme.

* 94. S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.24.

* 95 J. P. Cabestan, « Chine, des armes pour faire quoi ? », Politique Internationale, N°110, Hiver 2005-2006 p.7.

* 96 E. Nguyen, Les relations Chine-Afrique, Paris, Studyrama, 2009, p.65.

* 97 Ibid., p.65.

* 98 R. Cabrillac (dir), Dictionnaire du vocabulaire juridique, Paris, Editions du Juris-Classeur, 2002, p.262.

* 99 J-C Lambelet, loc. cit., p.25.

* 100 P. Ansart, Les cliniciens des passions politiques, Paris, Le Seuil, 1997, pp.38-39.

* 101 J. Jolly, op. cit., p.101.

* 102 S. Bessière, op. cit., p.150.

* 103 Répondant aux détracteurs du régime politique de son pays et remettant le débat en perspective, Jin Chunlei, Conseiller de presse prés de l'Ambassadeur de Chine à Paris, a dit : « Dès 1916, les chinois ont réclamé le droit à la démocratie et à la science. En 1949, ils ont été émancipés et libérés. Pendant plus de trente ans, ils ont pu jouir du droit à la nourriture, à l'habillement, au logement, à l'éducation et à la politique. Tout cela constitue un progrès gigantesque dans l'histoire chinoise ».in Le Monde, 07/07/2010

* 104 M. Meidan, « China's policy: business now, politics later», Asian Perspective, Vol 30, N°4, 2006, pp.71-72.

* 105 S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.26.

* 106 A. Cheng, Entretiens de Confucius, Paris, Le Seuil, 1981, p.21.

* 107 B. Courmont, Chine, la grande séduction, Paris, Choiseul, 2009, p.64.

* 108 A. Viatcheslav, Géopolitique continentale. Le monde au XXIe siècle, Paris, Armand Colin, 2006, pp.337-338.

* 109 B. Ateba, «Le poids de la Chine comme acteur structurateur de la recomposition de l'échiquier international», Revue de droit international, de sciences diplomatiques et politiques, Vol 87/N°2, mai-aout 2009, p.171.

* 110 B. Courmont, op. cit., p.47.

* 111 J-C Lambelet, loc. cit., p.23.

* 112 Ibid., p.113.

* 113 Ibid., p.30.

* 114 B. Courmont, op. cit., p. 14.

* 115 Ibid., p.115.

* 116 Ibid., p.119.

* 117 Ibid., p. 89.

* 118 C. Harbulot (dir), « Crise du Darfour : indice révélateur de la politique d'accroissement de puissance de la Chine en Afrique », Ecole de Guerre Economique, décembre 2007, pp.12-13.

* 119 E. Nguyen (2009), op. cit., p.85.

* 120 Ibid., p.86.

* 121Ibid., p.32.

* 122 Idem.,

* 123 T. Bangui, La Chine, un nouveau partenaire de développement de l'Afrique : vers la fin des privilèges européens sur le continent noir ?, Paris, L'Harmattan, 2009, p.55.

* 124 Z. Laidi (dir), « Sens et puissance dans le système international », L'ordre mondial relâché, Paris, FNSP, 1992.

* 125 G. Dussouy, Les théories géopolitiques. Traité des Relations Internationales (I), Paris, L'Harmattan, 2006, p.12.

* 126 S. Bessière, op. cit., p.72.

* 127 E. Nguyen, op. cit., p.22.

* 128 Y. Huanyin, loc. cit., p.2.

* 129 S. Faure, Manager à l'école de Confucius, Paris, Editions d'organisation, 2003, Publié sur : www.books.google.com, (consulté le 30/03/2011).

* 130 S. Faure, op.cit., p.35.

* 131 Ibid., p.36.

* 132 B. Courmont, op.cit., p.75.

* 133 Y. Huanyin, loc. cit., p.184.

* 134 Idem.

* 135 C. Graziella, op. cit., p.6.

* 136 S. Huntington, op. cit., p.184.

* 137 Idem.

* 138 A. Viatcheslav, op. cit.,p.28.

* 139 C. Graziella, op. cit., p.8.

* 140 Interview réalisée au Journal de 17h, CRTV Radio, le 12/08/2010.

* 141« Beijing has 1st on-campus Confucius research Center Institute», Dépêche de l'Agence Xinhua, 1er décembre 2002.

* 142 « Scholars discuss confucianism, credibility », Dépêche de l'Agence Xinhua, 27 septembre 2002.

* 143 CCTV-F, 29/09/2010

* 144 , S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.41.

* 145 L. Sindjoun, loc. cit., p.28.

* 146 Ibid., p.33.

* 147 A. Peyrefitte, « Quand la Chine s'eveillera », cité par Stéphane bessière, op. cit., p.69.

* 148 P. Gauchon & J. M. Huissoud, Les 100 mots de la géopolitique, Paris, PUF, Que sais-je ?, 2010, p.45.

* 149Directeur du John L. Thornton China Center à l'Institut Broolings à Washington DC, Publié sur : http://french.peopledaily.com.cn/Culture/6962962.html, (consulté le 15/05/2011).

* 150 B. Courmont, op. cit., p.9.

* 151 J. Jolly, op. cit., pp.162-163.

* 152 Idem.

* 153 C.Harbulot, loc.cit., p.10.

* 154Idem.

* 155 S. Bessière, op. cit., p.121.

* 156L'orgueil chinois est une réalité. Il est le moteur principal de l'irrésistible course de la Chine vers la puissance. J. Mandelbaum & D. Habes, « La victoire de la Chine », p.93, cité par S. Bessière, op. cit., p.157. 

* 157 S. Bessière, op. cit., p.170.

* 158 Ibid., p.83.

* 159 Idem.

* 160 J. Musitelli, L'intelligence culturelle, un outil pour maitriser la mondialisation, Perspectives, Revue trimestrielle d'éducation comparée, Paris, Unesco, 2008, p.4.

* 161 D. Chesne, « La puissance chinoise et ses attributs », in Diplomatie Magazine N°9, juin-juillet 2004, pp.27-31.

* 162 T. Mehdi, « Géopolitique chinoise », Défense et sécurité internationale, mai 2005, pp.18-26.

* 163 Voir: www.lepost.fr/.../2441656_les-instituts-confucius-symboles-du-double- langage-de-pekin.html, (consulté le 25/03/2011).

* 164 Voir: (C. Rice: 2008:8) cite par A. Nzeugang, in « Les Etats-Unis en Afrique : dynamiques locales d'une puissance globale », thèse, UYII, avril 2010, p124.

* 165 J.Nye,op.cit.,p.241.

* 166 T. S. De Swielande, « La Chine et le « soft power » : une manière douce de défendre l'intérêt national ? », UCL, N°2, mars 2009.

* 167 J. Kurlantzick, « China's charm: implications of Chinese soft power », Carnegie Endowment for International Peace, in Policy Brief, 47, June 2007.

* 168 Faire allusion au rayonnement international d'un Etat, c'est établir son image de marque hors de son espace territorial. Ainsi, le rayonnement est une influence heureuse, un éclat excitant l'admiration qui se propage sur une certaine étendue, étendue qui peut aller jusqu'à d'autres Etats. (Voir : M. Ndjeng Eyi, culture et diplomatie : la contribution de la musique à la diplomatie camerounaise, DESS, UYII, IRIC, avril 2006, p.86.)

* 169 Pour les réalistes, et plus précisément Hans Morgenthau, toute action d'un Etat sur la scène internationale cherche à conserver (politique du statu quo), accroitre (politique impérialiste) ou montrer sa puissance (politique de prestige).

* 170 Connexions, loc. cit., p.66.

* 171 Idem.

* 172 Ibid., p.64.

* 173 S. Dongmo, Journal Le Jour du 13/08/2010.

* 174 J. Jolly, op. cit., p.93.

* 175 Voir: http://french.peopledaily.com.cn/Culture/6962962.html , loc. cit., p.41.

* 176 Voir : http://www.confuciusinstitute.qc.ca/news.php?lang=f., (consulté le 4/06/2011).

* 177 L. Sindjoun, loc. cit., p.26.

* 178 P. Gauchon & J.-M. Huissoud, op. cit., p.65.

* 179 S. Cordellier (dir), op. cit., pp.347-348.

* 180 P. Gauchon & J.-M. Huissoud, op. cit., p.66.

* 181 F. Roche (dir), op. cit., p.39.

* 182 Ibid., p.50.

* 183 Ibid., p.9.

* 184 Connexions, loc. cit., p.66.

* 185 Idem.

* 186Ibid ., p.67.

* 187 Idem.

* 188 Idem.

* 189 G. O. Faure, « Stratégies chinoises de négociation », Annales des mines, 1999, Publié sur : www.societe-de-strategie.asso.fr/pdf/agir24txt3.pdf, (consulté le 28/03/2011).

* 190Voir : fllash.univ-larochelle.fr/IMG/.../l_art_de_la_gravuredossie_presentation.pdf, (consulté le 29/03/2011).

* 191 S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.149.

* 192 C. Harbulot, loc.cit., p.26.

* 193 S. Huntington, op. cit., p.111.

* 194 L. Sindjoun, loc. cit., p.22.

* 195 Voir : www.ciuy2.org, (consulté le 30/03/2011).

* 196Nous tenons ces propos d'un entretien que nous avons eu avec l'intéressé.

* 197 L Sindjoun, loc. cit., p.23.

* 198 Entretien réalisé le 21 février 2011 à l'Institut Confucius.

* 199 G. Gweth, « Que cherchent les chinois au Cameroun ? », publié sur : http://cameroun.en24heures.com/intelligence-economique-et-strategique-ce-que-la-chine-cherche-au-cameroun-partie-v, (consulté le 04/06/2011).

* 200 E. Elouga, Cameroon Tribune, le 12/01/2011.

* 201 G. Gweth, loc. cit., p.42.

* 202 M. Houmfa, « Ruée sur l'apprentissage du chinois », IPS, 2010.

* 203 Discours au Cap, le 22/06/2006.

* 204S. Bo, Trente-six stratagèmes chinois : comment vivre invincible, paris, Ed. Quimétao, 1999, p.37.

* 205 V. Niquet, « La stratégie africaine de la Chine », Politique étrangère N°2, 2006.

* 206 C. Ateba Eyene, La pénétration de la Chine en Afrique..., Yaoundé, Ed. Saint-Paul, 2010, p.115.

* 207 Ibid., p.117.

* 208 M. Houmfa, loc. cit., p.43.

* 209 Mouéllé Kombi, dans une interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC.

* 210Landoulsi Abderrazak, ancien de l'IRIC et Chef de Mission Diplomatique de Tunisie au Cameroun dans une interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC

* 211 Yossem-Kontou Noudjiamlao, ancien de l'IRIC et Ambassadeur du Tchad au Cameroun, dans une interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC.

* 212 Intervenant au Colloque sur les « quarantenaires de l'IRIC », atelier sur le thème : « la contribution de l'IRIC au rayonnement de la diplomatie camerounaise ».

* 213 Interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC.

* 214 Voir : www.iricuy2.net , (consulté le 30/03/201).

* 215 V. Niquet, loc. cit., p.44.

* 216 L. Murawiec, L'esprit des nations : cultures et géopolitique, Paris, Odile Jacob, 2002, p.103.

* 217 Consultant à Intelligence Economique et Stratégique.

* 218 Le Jour, loc. cit., p.38.

* 219 J. Jansson, « Patterns of Chinese investissment, aid and trade in Central Africa (Cameroon, the Democratic Republic of Congo (DRC) and Gabon) », Center for Chinese Studies, August 2009, p.4.

* 220 J-F. Dortier, Dictionnaire des Sciences humaines, Paris, Editions Sciences humaines, 2004, p.398.

* 221 L. Sindjoun, loc. cit., p.26.

* 222L. M. Onguene Essono, « Le français en Afrique : moteur pour une éclosion scientifique ou soupape de blocage à la recherche scientifique ? », in www2.univ-paris8.fr/colloque-mai/.../Essono_Franco_en_Afrik.pdf, (consulté le 08/04/2011).

* 223 A. Grazeau-Secret, Pour un « soft power » à la française : du rayonnement culturel à la diplomatie d'influence », mars 2010, p.9.

* 224 Le Jour, loc. cit., p.38.

* 225 L. Sindjoun, loc. cit., p.26

* 226 M. Houmfa, loc. cit., p.44.

* 227 S. Dongmo, Journal Le Jour du 19/08/2010.

* 228 Nous tenons cette déclaration de l'entretien du 21/02/2011.

* 229 E. Elouga, Cameroon Tribune, loc.cit., p.53.

* 230 Le Jour, loc. cit., p.51.

* 231 E. Kant, Réflexions sur l'éducation, pp.73-74., cité par J. C. Filloux in « Emile Durkheim », Perspectives, Vol XXIII, N°1-2, 1993, pp.305-322.

* 232 E. Durkheim, Education et sociologie, p.51. cité par J. C. Filloux, loc.cit.,

* 233 Cette relation est asymétrique dans la mesure où l'influent et l'influencé n'ont pas le même statut, les mêmes objectifs et souvent pas la même conscience du phénomène. Voire : http:// www.huyghe.fr/dyndoc-actu, (consulté le 29/03/2011).

* 234 F. Géré (dir), Puissances et influences, Annuaire géopolitique et géostratégique, Paris, Descartes&Cie, pp.196-197.

* 235 C. Harbulot, loc.cit., p.6.

* 236 J. Jansson, loc. cit., p.47.

* 237Voir : http://countrystudies.us/china/130.htm, (consulté le 04/06/2011).

* 238 Le Jour, loc. cit., p.51.

* 239 Ibid.,p. 62.

* 240 E. Matateyou, Parlons bamoun, Paris, L'Harmattan, 2002, p.38-39.

* 241 Voir : Livre de chinois : Faire vivre l'expérience du chinois- vivre en Chine, Higher Education Press, Hanban, China, 2006-2007.

* 242 Voir : Document de travail : «  la présence chinoise en Afrique de l'Ouest : le cas du Mali et du Benin », AFD, août 2008.

* 243 Cameroon tribune, loc. cit., p.50.

* 244 Voir : document de travail AFD, loc. cit., p.55.

* 245 J. Nye, R. Keohane, Power and interdependance, 3 éd. , New York: Longnan, 2001, p.220.

* 246 J. Nye, « Soft power », Foreign policy, Automne, N°80, 1990, pp.166-167.

* 247 Connexions, loc. cit., p.58.

* 248 J. Kurlantzick, loc. cit., p.

* 249 B. Courmont, op. cit., p.70.

* 250 R. David, Faut-il attendre le messie ? Etude sur le messianisme, 1998, p.194. Publié sur : www.books.google.com, (consulté le 30/03/2011).

* 251 Ce qui est sous l'influence ou la domination du centre, ou en retard sur celui-ci.

* 252 C. Harbulot, loc.cit., p.8.

* 253 Cité par S. Huntington, op. cit., p.258.

* 254 Lieu principal d'activité, d'initiative ou de pouvoir.

* 255 Cité par C. Ateba Eyene, op. cit., p.26.

* 256 Ce dernier se donne en effet pour vocation d'expliquer les relations internationales en termes de stratégie d'influence et de domination des Etats riches sur les Etats pauvres et facilement malléables.

* 257 P.Gauchon & J-M. Huissoud, op. cit., p.34.

* 258 Cité par T. Mehdi, op. cit., p.36.

* 259 P. Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Paris, Fayard, 2001, pp.59-60, cité par L-M. Onguene Essono, loc. cit., p.50.

* 260 M. Gendreau-Massaloux, « Les langues ni anges, ni démons », in Francophonie et Mondialisation, Hermès, 40, CNRS Editions, pp.275-279. Cité par L-M. Onguene Essono, loc. cit.

* 261 L-M. Onguene Essono, loc. cit.

* 262 J. Tabi Manga, Les politiques linguistiques du Cameroun, Paris, Karthala, 2000, p.69.

* 263 Xiaofeng Zhang, professeur à l'Institut des Etudes Africaines de l'Université Normale de Zhejiang : propos tenus lors d'une conférence donnée à l'IRIC en 2OO9, sur le thème : coopération sino-africaine dans le domaine de l'éducation.

* 264 C. Harbulot, loc.cit., p.5.

* 265 L. Sindjoun, loc. cit., p.27.

* 266 C. Vorapheth, Forces et fragilités de la Chine : Les incertitudes du grand Dragon, Paris, L'Harmattan, p.299, Publié sur : www.books.google.com, (consulté le 20/03/2011).

* 267 L. M. Onguene Essono, loc. cit., p.7.

* 268 M. A. De Saint Paul, « La Chine et l'Afrique, entre engagement et intérêt », Géopolitique Africaine, N°14, 2004.

* 269 S. Dongmo, Le Jour, 13/08/2010

* 270 S. Huntington, op. cit., p.65.

* 271 Voir : Document de travail AFD, loc. cit., p.55.

* 272 J. Jolly, op. cit., p.94.

* 273 L. M. Onguene Essono, loc. cit.

* 274 J. Jolly, op. cit., p.184.

* 275 J. Deschamps, « La Chine au Cameroun. Cette amie qui vous veut du bien », 07/05/2010, Publié sur : www.stages.alternative.ca/archives/1192, (consulté le 10/04/2011).

* 276 Cité par E. E. Boesch, L'action symbolique : fondements de psychologie culturelle, Paris, L'Harmattan, 1995, p.401. Publié sur : www.books.google.com, (consulté le 20/03/2011).

* 277 Voir : http://french.peopledaily.com.cn/Culture/6962962.html , loc.cit., p.41.

* 278 Idem.

* 279Voir : http://www.camnet.cm/index.php?mact=News,cntnt01,print,0&cntnt01articleid=3133&cntnt01showtemplate=false&cntnt01returnid=15, (consulté le 21/03/2011).

* 280 Idem.,

* 281 B. Courmont, op. cit., p.29.

* 282 Cameroon Tribune, loc. cit., p.43.

* 283 C. Vorapheth, op. cit., p.71.

* 284 Voir : http://www.ci.usj.edu.lb/files/cult-art., (consulté le 11/04/2011).

* 285 Idem.

* 286 Cameroon Tribune, loc. cit., p.70.

* 287 Journal CRTV radio loc. cit., p.29.

* 288 G. Gweth, loc. cit., p.43.

* 289 Voir : www.minesup.gov.cm, (consulté le 23/03/2011).

* 290 Voir : www.ciuy2.org, (consulté le 11/04/2011).

* 291Idem.

* 292 Idem.

* 293 Cameroon Tribune, loc. cit., p.70.

* 294 Cite par Guy Gweth, loc. cit., p.43.

* 295 Connexions, loc. cit., p.56.

* 296 M. Hearn, « La perception »,in Revue Française de science politique, 36e année, 1986, p.323.

* 297 Cité par M. Hearn, loc. cit., p.76.

* 298 Voir : http://www.quotidienlejour.com/actualites/3522-cameroun--la-langue-chinoise-aujourdhui-et-demain, (consulté le 07/05/2011).

* 299 Cameroon Tribune, du 10/01/2011.

* 300 Ibid., N°9566, du 25/03/2010.

* 301 Propos tenus dans un entretien avec l'intéressé.

* 302 http://www.quotidienlejour.com/actualites/3522-cameroun--la-langue-chinoise-aujourdhui-et-demain, loc.cit., p.75.

* 303 Cameroon tribune, N°9566, du 25/03/2010.

* 304 Idem.

* 305 Idem., N°9564, du 23/03/2010.

* 306 Connexions, loc. cit., p.56.

* 307 Terme forgé par Bismarck pour définir une politique étrangère pragmatique, par opposition à une politique idéaliste.

* 308 J. Jolly, op. cit., p.78.

* 309 T.S.De Swielande, « Offensive chinoise en Afrique », UCL, avril 2009.

* 310 F. Charillon (dir), op. cit., p.73.

* 311 F. Roche, op. cit., p.39.

* 312 J. Nye Bound to lead: the changing nature of American power, New York, B. Books, 1990, p.38.

* 313 Cité par L. Sindjoun, op. cit., p.20.

* 314 Une puissance émergente est une puissance en devenir. Les deux traits qui la caractérisent le mieux sont sa relativité et son instabilité. Elle est généralement d'abord une puissance régionale, amenée peu à peu vers un statut de puissance globale, et donc d'hégémon. T. S de Swielande, loc. cit.

* 315 Idem.

* 316 http://www.quotidienlejour.com/actualites/3522-cameroun--la-langue-chinoise-aujourdhui-et-demain, loc.cit., p.75.

* 317 Connexions, loc. cit., p.66.

* 318 M. Houmfa, loc. cit., p.43.

* 319 Courrier International, N°1014, 08/04/2010.

* 320 A. Plantey, De la politique entre les nations: principes de diplomatie, Paris, Pedone, 2 éd., 1991, p.145.

* 321 J.C. Edjangue, op. cit., p.103.

* 322 J. Jolly, op. cit., p.113.

* ,323 R. Rose, «Power and international relations: the rise of China and its effects», International Studies Perspective, 2006, p.31.

* 324Cité par R. Rose, loc. cit.

* 325 A. Fall, Docteur en science politique et enseignant à l'IEP de Toulouse, in « Les dessous de l'activisme de la Chine en Afrique, 06/01/2006, Publié sur : http://www.continentpremier.com/?magazine=25&article=930, (consulté le 12/04/2011).

* 326 Jeune Afrique, N°2674, du 09 au 15 mai 2010

* 327 J. Mearsheimer, The strategy of great power, New York. W.W. Northon, 2001, p.45., cite par R. Rose, loc. cit.

* 328 Voir : « China : relations with the Third World », publié sur: http://countrystudies.us/china/130.htm, (consulté le 02/03/2009)

* 329 V. Paone, « L'influence de la Chine en Afrique. Une alternative au post-colonialisme ? », publié sur : www.afri-ct.org/IMG/pdf/20_Paone.pdf, (consulté le 24/04/2011).

* 330P. Mithra Tang Likund, Cameroun, vingt-cinq ans d'échec : les promesses manquées, Paris, L'Harmattan, 2008, pp.34-35.

* 331 J. Jolly, op. cit., p.118.

* 332 Ibid., p.123.

* 333 C. Aden, China in Africa, Zed Books, London, 2010, p.120.

* 334 Ibid., p.127.

* 335 S. Huntington, op cit, p.24.

* 336 Connexions, loc.cit., p.56.






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