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Exclu-e-s du livret de famille : les parents sans statut, se raconter au sein d'une pluriparentalité

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par Elodie Regnoult
Université de Bretagne Occidentale - Master 2 2011
  

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2 Hommes et femmes dans la parentalité

Dans ces familles, pères et mères sont présent-e-s et sont éventuellement eux/elles-mêmes en couple avec quelqu'un du même sexe. Je ne peux donc pas étudier la manière de définir les places et rôles de chacun-e dans le discours, sans m'attarder un instant sur la perception des rôles féminins et masculins autour de la parentalité. Il s'est présenté à moi deux questions, qui finalement se rejoignent toutes les deux : la question du lieu de vie de l'enfant (principalement chez la mère ou bien paritairement chez l'un-e et l'autre) et la question de l'éducation de l'enfant. Eduquer relève-t-il d'un ensemble de savoirs indiscutables ou bien d'un ensemble de positionnements, d'opinions qui se valent mais qui demandent de faire des choix ? Comment hommes et femmes négocient-ils/elles leurs perceptions différentes de l'éducation d'un enfant ?

2.1 Résidence principale chez la mère ou résidence alternée ?

72 DEROFF Marie-Laure (2007), « L'Entretien sociologique et l'intime : étude de cas », Les Cahiers de L'ARS, n°4, « Genre et identités », p.81-98.

73 Dans sa Chronique familiale en quartier impopulaire, Annick Madec explique également que « quand l'enquêteur est une enquêtrice, on ne peut dire que prendre une femme comme guide dans « l'île » est un choix méthodologique ou idéologique, c'est simplement poser les questions de faisabilité de l'enquête. » Il faut « avoir quelque chose à se dire » pour créer une relation. « Les choses à se dire tournent autour des problèmes matériels, sujet que les hommes évitent prudemment, et comme dans tous les milieux, autour des enfants, sujet que les hommes abordent rarement. Donc si les hommes ne sont guères présents dans ce texte, c'est avant tout parce que l'enquête a été menée par une femme. ». MADEC Annick (1996), Chronique familiale en quartier impopulaire, Thèse de doctorat dirigée par Jean-François Laé, Paris VIII, p.139.

La question date des années quatre-vingt avec la montée du divorce et a été légiférée en 2002. Mais ce n'est pas seulement une question d'intendance et d'organisation, c'est aussi une question qui révèle les représentations de chacun-e dans la parentalité. L'exercice de la parentalité - pour les hommes comme pour les femmes - ne se fait pas de la même manière selon la gestion des temps parentaux.

Nous allons voir que mes interlocutrices ne parlent pas de la même manière de la place de chacun-e selon le mode de résidence choisi.

Résidence principale chez la mère

Vanessa, Karine et Maël conçoivent tou-te-s les trois une charte de coparentalité, comme il leur a été conseillé. En effet, l'APGL a créé cette charte, dans l'objectif d'établir un accord écrit entre les membres d'une coparentalité, sur les pratiques de la vie quotidienne autour de l'enfant : son lieu de résidence, les rythmes de visites de l'enfant chez l'un-e ou l'autre parent etc. Néanmoins, cette charte n'a aucune valeur juridique. Elle permet seulement d'avoir une trace écrite des accords de départ.

Dans celle de Karine, Vanessa et Maël, il est décidé que l'enfant portera les deux noms accolés de ses parents statutaires. L'autorité parentale sera partagée. Maël déclarera l'enfant à la mairie au sixième mois de grossesse, versera une pension alimentaire déclarée et aura un droit de visite un week-end par mois et la moitié des vacances scolaires. Dans son récit, Vanessa précise que Maël promet l'enfant vivra principalement avec Karine s'il doit arriver quelque chose à Vanessa. Après la naissance, les trois parents conviendront de changer la fréquence des visites du père. D'un week-end tous les mois, il et elles passeront à un samedi toutes les deux semaines. Petit à petit, Maël aura des moments seuls avec Antoine jusqu'à passer trois jours avec lui à Noël.

Quand Vanessa revient sur son récit dans son échange avec moi, elle m'explique qu'elle et Karine n'ont jamais voulu de résidence alternée à cinquante-cinquante. D'une part, pour pouvoir partager tous les moments avec Antoine. Ce que Vanessa trouve finalement égoïste de leurs parts puisqu'elles interdisaient au papa de vivre ce qu'elles voulaient vivre elles-mêmes. Elle est contente d'avoir la sensation que Maël a la même demande : voir son enfant régulièrement dans une relation de confiance sans les contraintes du quotidien. D'autre part, Vanessa est contre la résidence alternée. Elle pense qu'un enfant a besoin de repères stables au quotidien, surtout les premières années, et de ne pas changer toutes les semaines de maison. Elle trouve plus sécurisant que la maison d'Antoine soit clairement définie comme

ici, chez sa mère. Elle aurait pu accepter plus de présence de la part de Maël mais, selon elle, ce rythme d'un week-end sur deux lui suffit. Il n'aurait jamais exprimé le désir d'avoir plus de temps.

Dans cette situation et en adoptant le point de vue de Vanessa, l'exercice de la parentalité se fait pour le couple de femmes, par le temps quotidien. Tandis que pour le père, il se fait par l'attribution d'une pension alimentaire sans forcément un temps parental continu puisqu'il ne voit l'enfant qu'un samedi sur deux.

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