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La problématique des conflits en Afrique: le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la RDC

( Télécharger le fichier original )
par Salif Kà¢
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise en science politiques 2012
  

Disponible en mode multipage

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Université Gaston Berger de Saint-Louis

****************

UFR Sciences Juridiques et Politiques

************

Section Science Politique

Sujet :

La problématique des conflits en Afrique :

Le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la RDC

Mémoire de Maitrise

Présenté par : Sous la direction de :

Salif Kâ Pr. Papa Ogo Seck

Année académique

2009/2010

Sommaire...................................................................................Pages

Dédicace....................................................................................2

Remerciements...........................................................................3

Sigles et abréviations :...................................................................4

Introduction :.......................................................................................................7

Première Partie : Les causes du phénomène de la conflictualité................14

Chapitre I: Les causes socio-historiques......................................... .....15

Chapitre II : Les causes socio-culturelles............................................22

Chapitre III : Les causes socio-économiques et politiques...................... 27

Deuxième Partie : Les mécanismes de résolution des conflits .............. ....38

Chapitre I : Les mécanismes traditionnels de résolution des conflits.............39

Chapitre II : Les mécanismes modernes de résolution des conflits ..............45

Conclusion............................................................................ ..55

Bibliogaphie..............................................................................57

Table des matières :...........................................................................................61

Dédicace

Je dédie ce mémoire à ma mère Rouguiatou Diallo et à mon oncle El Hadj Idrissa Kâ

Remerciements :

J'adresse mes remerciements les plus sincères à tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce mémoire, en particulier à mon professeur encadreur, M. Papa Ogo Seck pour sa rigueur et son suivi méthodique sans faille. Que ses collègues de l'UFR SJP trouvent ici l'expression de ma profonde reconnaissance pour m'avoir durant mon parcours guidé avec beaucoup de générosité intellectuelle.

Mes remerciements vont aussi à l'égard de ces éminentes personnalités qui n'ont ménagé aucun effort pour soutenir cette oeuvre scientifique. Il s'agit de :

- S.E. Moustapha Niasse pour ses conseils et toutes les informations fournies sur la RDC ;

- Pr. Bouna Mouhamed Seck pour son appui fidèle et fraternel ;

- Mlle Mame Kandji pour ses conseils et soutiens ;

- Directeur Mamoudou Dème de la SAED pour avoir guidé mes premiers pas dans la vie professionnelle,

- Cheikh Ahmed Khaly Fall pour ses encouragments constants et sa rigueur professionnelle,

- Mon épouse Ndéye Fatou Fall pour son soutien moral et sa participation majeure à l'élaboration de ce travail

Je ne saurais finir sans manifester toute ma reconnaissance à l'égard de mes camarades et amis qui m'ont toujours soutenu de prés et de loin.

Sigles et abréviations

ABAKO : Alliance des Bakongo

ADP : Alliance Démocratique des Peuples

AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération de l'Afrique

ALIR : Armée de Libération du Rwanda

APO : l'Accord Politique d'Ouagadougou

CDS : Commission de Défense et de Sécurité

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale

CEI : Commission Electorale Indépendante

CNRD : Conseil National de Résistance pour la Démocratie

CNSP : Comité National de Salut Public

CNE : Commission Nationale Electorale

COPAX : Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale

CPC : Cadre Permanent de Concertation

CPI : Cour Pénale Internationale

ECOMOG : Groupe d'Observation Militaire de la CEDEAO

FAFN : Forces Armées des Forces Nouvelles

FANCI : Forces Armées Nationales de la Côte d'Ivoire

FAR : Forces Armées du Rwanda

FDLR : Forces Démocratiques de Libération du Rwanda

FMI : Fonds Monétaire International

IGAD : l'Autorité Intergouvernementale pour le Développement de l'Afrique de l'Est

MARAC : Mécanisme d'Alerte Rapide en Afrique Centrale

MJP : Mouvement pour la justice et la Paix

MLRZ : Mouvement Révolutionnaire pour la Libération du Zaïre

MNC : Mouvement national Congolais

MONUC : Mission de l'Organisation des Nations Unies au Congo

MPCI : le Mouvement Patriotique de la Côte d'Ivoire

MPIGO : Mouvement Populaire Ivoirien du Grand-Ouest

ONU : Organisation des Nations Unies

ONUCI : Opération des Nations Unies en côte d'Ivoire

ONUSOM : Opération des Nations Unies pour la Somalie

OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique Nord

OUA : l'Organisation de l'Unité Africaine

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PRP : Parti de la Révolution Populaire

RDC : République Démocratique du Congo

RECAMP : Renforcement des Capacités africaines de Maintien de la Paix

RFI : Radio France Internationale

SADC : Communauté de Développement de l'Afrique du Sud

UA : l'Union Africaine

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

UTI : Union des Tribunaux Islamiques de la Somalie

Introduction Générale

Le continent africain est depuis des siècles le théâtre de compétitions, d'affrontements et de rivalités entre des acteurs aux ambitions différentes. Cette situation de l'Afrique résulte essentiellement de sa position géographique, de son peuplement et de son histoire. On distingue une Afrique septentrionale relativement riche et une Afrique subsaharienne pauvre. La première est dite Afrique blanche compte tenu de son peuplement arabo-berbère et la seconde Afrique est communément appelée Afrique noire. L'empreinte historique de ce continent, berceau de l'humanité, crée encore une pluralité géopolitique. On parle de l'Afrique lusophone, francophone, hispanophone, italophone, et anglophone. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, de grands ensembles géopolitiques s'identifient par rapport aux ex puissances coloniales.

Ainsi cette présente étude loin d'être exhaustive va s'appesantir sur l'Afrique subsaharienne pour aborder la question des conflits. De l'est à l'Ouest, le continent africain est miné par le phénomène de la conflictualité. A l'exception du Cap Vert et dans une moindre mesure du Sénégal, rares sont les pays de l'Afrique subsaharienne qui n'ont pas connu de coup d'Etat, de guerres civiles, d'émeutes et d'autres formes d'instabilités politique et sociale. Par ricochet, l'Afrique de l'ouest, l'Afrique Centrale et l'Afrique de l'Est ne sont pas épargnées et traversent des moments de turbulences faits d'«impasses institutionnelles, de coup d'Etat, de conflits frontaliers » »1(*).

Dans ce cas de figure, nous porterons notre regard sur trois pays pour étudier les conflits en Afrique. Il s'agit notamment de la Côte d'Ivoire, un pays ouest africain de tradition francophone, de la République Démocratique du Congo (RDC), un pays de l'Afrique centrale ex colonie de la Belgique et la Somalie qui est un Etat d' Afrique orientale autrefois colonisé par la grande Bretagne et l'Italie.

Ce dernier Etat est né de la réunification de deux entités administratives distinctes pendant la colonisation qui sont le British somaliland situé au Nord et indépendant le 26 juin 1960 et la Somalia Italiana au Sud indépendant le 1er juillet 1960. La fusion de ces deux entités indépendantes l'une après l'autre dans un seul Etat a été possible sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies (ONU). C'est ainsi que l'on a assisté à la naissance de la Somalie dans la corne de l'Afrique.2(*) La pertinence du choix de ces trois pays se constate à plusieurs niveaux d'appréhension du phénomène de la conflictualité dans les régions concernées.

Parmi les pays ouest africains en situation de conflits, le cas ivoirien semble être plus urgent pour une sortie définitive de crise. Plusieurs raisons peuvent être avancées pour justifier cet état de fait.

D'abord la Côte d'ivoire a un poids économique et financier très pesant dans l'Afrique Occidentale. En atteste sa part de participation dans la zone de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) et dans la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Et comme ce fut avec le régime du président Félix Houphouët Boigny, elle garde une position stratégique pour la France soucieuse de conserver ses intérêts dans un monde marqué par la reconfiguration des relations internationales avec l'émergence des pays comme la Chine.

Ensuite la Côte d'ivoire est frontalière avec cinq pays ouest africains plus ou moins instables. Il s'agit du Libéria, de la Guinée, du Mali, du Burkina Faso et du Ghana. Les relations historiques dans cet espace commun ont engendré des liens séculaires extrêmement profonds entre les peuples qui, de cultures différentes, d'origines différentes, forment une Nation aujourd'hui remise en cause pour des raisons occultes. De ce point de vue, quand le conflit ivoirien éclate et se régionalise, c'est toute la sous-région qui en est fortement affectée. En effet le peuplement ivoirien est presque le même que celui de ses voisins immédiats et l'économie profitait beaucoup aux organismes sous-régionaux. D'où l'intérêt qu'il y a de porter un choix sur ce pays autrefois (donc avant la crise septembre 2002) considéré comme un géant financier, économique et politique de l'Afrique en général et de l'Afrique de l'Ouest en particulier.

Dans la région des grands Lacs, la République Démocratique du Congo (RDC) constitue une zone tampon entre l'Afrique Orientale et l'Afrique Australe. Sa proximité avec ses voisins immédiats (comme le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, l'Angola, la République Centrafrique entre autres) favorise et cimente leur relation socio-linguistique à travers la langue Swahili fédératrice de cet espace géographique caractérisé par l'existence de « foyers de tensions ». Ainsi la RDC, le troisième pays le plus vaste d'Afrique derrière le Soudan et l'Algérie, le plus peuplé d'Afrique Centrale et de la francophonie avec une population estimée à soixante huit (68) millions d'habitants, se distingue particulièrement par l'abondance de ses ressources naturelles qui font l'objet d'une convoitise particulière. Ainsi, le Congo Belge demeure le point de mire des investisseurs étrangers derrière lesquels se cachent certains pays développés.

L'autre identité remarquable de la RDC c'est d'être un trait d'union entre l'Afrique Centrale et l'Afrique Orientale à laquelle appartient la somalie.

C'est ainsi que pour François Thual, la Corne de l'Afrique joue un rôle géostratégique très influent en Afrique. Compte tenu de cette situation, deux éléments géopolitiques de base sont à considérer. Il s'agit d'une part « du rôle géoéconomique de cette région située à l'articulation de la mer rouge et de l'Océan Indien et plus précisément de la mer d'Oman, grande artère pétrolière »3(*) et d'autre part de la situation de ces pays pendant la période coloniale et des mouvements complexes de décolonisation.

Deux faits majeurs ont marqué l'Afrique Orientale avec l'explosion de certains Etats au début des années 90. Le premier fait est l'accession de l'Erythrée à l'indépendance avec l'affaiblissement du régime Mengitsu de l'Ethiopie.

Le deuxième fait majeur est au regard de François Thual la « désintégration de la Somalie qui, au moment de l'indépendance avait été formée de Somaliland britannique au Nord (Capitale Berbera) et de la Somalia italienne (Capitale Mogadiscio) »4(*).

Un autre aspect fondamental qu'il y a lieu de retenir est sans doute l'émiettement ethnique de ces nouvelles entités. Aujourd'hui, l'on note en Ethiopie un accord précaire entre les Oromos, les Tigréens ayant mis fin au régime de Mengitsu et les Amharas. En Erythrée, il y a deux grandes fractures entre les Afars au Sud du pays et les Erythréens au Nord divisés entre tribus musulmanes et chrétiennes.

Quant à la république Djiboutienne soutenue par l'Arabie Saoudite et la France, elle n'a qu'un seul port viable dans la sous-région Est africaine. Ce port utile à l'Ethiopie est menacé d'implosion par la rivalité entre les Afars, autrefois majoritaires et les Issas qui sont des somalis.

Le cas assez particulier de la Somalie réside essentiellement dans la rivalité tribale qui sévit dans le pays. Il y a toujours eu des tensions entre les Issas et les autres groupes. Malgré cette rivalité tribale historique, François Thual souligne qu'elle est « dans un processus très avancé de liquéfaction tribale »5(*). Ainsi l'on assiste à un jeu complexe qui « s'insère dans les politiques contradictions des grandes puissances occidentales et des puissances régionales »6(*).

La question lancinante des conflits reste encore préoccupante dans ces trois Etats de l'Afrique subsaharienne. Voila pourquoi il serait nécessaire de définir clairement la notion de conflit avant de dégager les différentes conceptions qui l'entourent dans le champ des sciences sociales.

Du point de vue étymologique, la notion de conflit vient du latin de basse époque « conflictus » dérivé de « confligere » qui veut dire « heurter, frapper ensemble ».

Pour Gérard Cornu, le concept de conflit révèle une opposition de vue, d'intérêt, une mésentente, une situation critique de désaccord pouvant dégénérer en litige ou en procès d'affrontement de fait (voie de fait, violence). En Relations Internationales, le phénomène de conflictualité suppose une opposition de vue ou d'intérêts entre des Etats d'une ampleur telle que la recherche de solution débouche sur l'emploi de la force.7(*) Selon le dictionnaire le Petit Robert, la notion de conflit renvoie à « une rencontre d'éléments, de sentiments contraires qui s'opposent »8(*) . Cette définition met en évidence l'idée de contradiction plus ou moins manifeste entre des acteurs défendant, chacun en ce qui le concerne, une position particulière. Dans la même perspective, Djibril Samb, à la suite de William Zartman, pense qu'il faut retenir la position selon laquelle il faut entendre par conflit « les contradictions surgissant de différences d'intérêts, d'idées, d'idéologies, d'orientations, de perceptions et de tendances ».9(*) Cette appréhension est la plus appropriée pour éclairer quelques principes théoriques dans l'explication des causes du phénomène de la conflictualité.

Sur le plan théorique, il existe selon Djibril Samb trois grandes théories de la conflictualité. La première théorie consiste en une sorte de rivalité mettant en opposition deux parties dont chacune essaie d'imposer unilatéralement sa volonté. La deuxième considère le conflit comme étant une scène à l'intérieur de laquelle les acteurs sont libres de rationaliser leurs intérêts. Cette approche est proche de l'analyse stratégique de Michel Crozier qui met en perspective l'existence dans un système un certain nombre d'acteurs agissant de manière rationnelle pour maximiser leurs intérêts.

En science politique et de manière spécifique en politique comparée, cette analyse théorique d'historiens et de sociologues pourrait connaitre certaines limites, du moins certaines insuffisances. Car elle aurait négligé quelques éléments pourtant essentiels pour appréhender la réalité des conflits en Afrique et plus particulièrement en Afrique subsaharienne réputée pour son histoire coloniale et ses traditions ancestrales confrontées au processus de modernisation des sociétés.

Dans cette perspective, cinq approches sont préconisées pour l'analyse des phénomènes socio-politiques dans les Etats africains en construction ou en pleine mutation sociale et politique. A cet effet, l'on distingue deux types d'approches, à savoir les approches d'ordre historique, économique et culturel et les approches d'ordre institutionnel et stratégique.

Les premières s'intéressent à l'étude des objets macropolitiques et sociologiques tels que l'Etat, la démocratie. Elles mettent l'accent sur le poids explicatif des structures économiques, historiques et culturelles. Ces approches « minorent le poids explicatif des acteurs et des arrangements juridiques et institutionnels ».10(*) Les approches institutionnelles plus appropriées pour cette présente étude mettent toujours l'accent sur les « stratégies des acteurs sociaux et politiques et sur les choix institutionnels dans leurs analyses »11(*).

Mais il serait plus pertinent de recourir à l'approche néo-institutionnaliste pour aborder l'étude des conflits en Afrique subsaharienne et plus précisément en Somalie, en Côte d'Ivoire et à la RDC. En ce sens on assiste non seulement au « retour des institutions » sans verser à l'ancien institutionnalisme mais aussi à la redéfinition de la notion d'institution dans le temps et dans l'espace. D'où la nécessité selon Guy Hermet et Bertrand Badie d' « accorder une attention soutenue aux institutions replacées dans leur contexte spatial et temporel ».12(*)L'on rompt avec le formalisme pour renouer avec le symbolisme. Ainsi Peter A. Hall et Rosemary Taylor reconnaissent en cette approche néo-institutionnaliste la prise en compte des aspects historiques, sociologiques et stratégiques.13(*) A cet effet, l'étude des conflits va mettre en évidence les acteurs en conflits (Etats, élite politique, groupes de pressions etc.), leurs stratégies (de domination, de défense, de profit), le contexte (colonisation, guerre froide, mondialisation, crise etc.) et l'espace dans lequel se déroulent les évènements. L'approche néo-institutionnaliste va permettre d'appréhender le sens des conflits dans les Etats africains postcoloniaux dont la Côte d'Ivoire, la RDC et la Somalie.

Cinquante ans après les indépendances, l'instabilité perdure dans ces différents pays de l'Afrique noire victime des siècles d'exploitation et de domination culturelle, politique, économique et sociale. Le bilan est sombre et les foyers de tensions nombreuses quelquefois incompréhensibles car cela relèverait, au regard de certains esprits obscurantistes du destin fatal et tragique de l'Afrique comme si l'on avait affaire à une pièce de tragi-comédie. Il n'en est rien de tout cela, contredisent d'autres plus optimistes.

Cependant dans l'état actuel des choses, l'accentuation de la mondialisation, la fin de la guerre froide, l'implication accentuée des acteurs locaux, l'atomisation et la sédimentation locale comme le cas à la RDC et à la Somalie, suscitent encore autant d'interrogations sur les causes et les modes de gestion et de résolution des conflits.

Quelles sont les principales causes des conflits en Côte d'Ivoire, en Somalie et en RDC ?

Quels sont les mécanismes de résolution des conflits dans ces trois Etats ?

Quelles expériences en termes d'efficacité et d'effectivité faut-il tirer de leurs applications ?

Ces interrogations feront l'objet, à travers l'approche néo-institutionnelle, d'une analyse rigoureuse. Pour ce faire, il sera question d'une part de l'examen des causes des conflits en Somalie, en Côte d'Ivoire et en RDC( Première partie), d'autre part des mécanismes d'ordre traditionnel et moderne de résolution des conflits dans ces trois pays avant d'apprécier les expériences de leur application (Deuxième partie) .

Première Partie :

Les causes du phénomène de la conflictualité

Cinquante ans après les indépendances de la plupart des Etats de l'Afrique subsaharienne, le bilan est sombre et le phénomène de la conflictualité en Côte d'Ivoire, en République Démocratique du Congo (RDC) et en Somalie perdure davantage au point de soulever des interrogations sur la complexité relative à l'origine de ces conflits.

La question des causes des conflits en Afrique suscite un débat controversé chez la plupart des penseurs en sciences sociales. En effet, deux grandes tendances se dégagent. Selon William Zartman, il existe six causes de conflits parmi lesquelles on distingue les luttes de décolonisation, les problèmes de consolidation de l'Etat-Nation après l'indépendance, les conflits entre mouvements de libération nationale rivaux, les litiges frontaliers, les rivalités structurelles ou traditionnelles et l'emballement des moyens et l'introduction d'armées étrangères.14(*)

Par contre, l'ancien secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) voit sous une autre approche les causes des conflits en mettant l'accent sur les facteurs historiques, internes et externes15(*). Néanmoins la thèse d'Allassoum Bedoum semble être beaucoup plus exhaustive et pertinente pour analyser les causes des conflits d'Est en Ouest.

Compte tenu de cette thèse, il sera judicieux d'aborder des causes des conflits dans les trois pays (la République Démocratique du Congo, la Somalie et la Côte d'Ivoire) sous l'angle socio-historique (Chapitre I), socio-culturel (Chapitre II), socio-économique et politique (Chapitre III).

Chapitre I : Les causes socio-historiques

Après l'islamisation et la christianisation des sociétés africaines longtemps restées fidèles aux valeurs traditionnelles ancestrales, ce fut au tour de l'impérialisme occidental et plus précisément européen. Ainsi faut-il le souligner, les origines des conflits sont essentiellement liées à la colonisation (Section I) et à la guerre froide (Section II).

Section I : L'impact de la colonisation

La société africaine a connu dans le temps et dans l'espace, de Dakar à Djibouti et de Casablanca au Cap de Bonne Espérance, de graves manoeuvres telles que les traites négrières qui l'ont dans un premier temps déstructuré profondément avant de céder la place à l'impérialisme occidental. Ainsi la colonisation a eu un impact considérable sur la genèse des conflits en Afrique engendrant un découpage arbitraire (Paragraphe I) et

Paragraphe I : Le découpage arbitraire né de la colonisation

Le découpage de l'Afrique résulte de l'impérialisme européen. Celui-ci est une forme de domination qui passe par une division sociale et territoriale des entités traditionnelles unies pour des raisons linguistiques, ethniques, religieuses, géographiques, politiques et historiques.

L'histoire retient que c'est à la conférence de Berlin que fut scellé le sort de l'Afrique. Cette conférence tenue de novembre 1884 à février 1885 en terre européenne, sans la présence de l'Afrique, encore moins ses africains de souche, a été décisive pour le partage l'Afrique sans tenir compte des réalités socio-culturelles et territoriales. Les six grandes puissances européennes de l'époque, à savoir la France, l'Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne, le Portugal et l'Espagne, ont participé à cette délibération sur le cas africain. Du coup, la nouvelle cartographie modifia l'Afrique et divisa en d'entités administratives et politiques hétérogènes tant du point de vue historique, social que culturel. A l'exception de l'Ethiopie et dans une moindre mesure du Libéria fondé par des noirs d'origine africaine, tous les pays africains ont connu ce système de «  diviser pour régner » de la part de la puissance coloniale. Ainsi la Côte d'Ivoire, la Somalie et la RDC semblent être, au regard de certains analystes, victimes de ce découpage arbitraire qui non seulement aurait déstructuré les modes d'organisations sociales et politiques mais aussi créé des conflits frontaliers entre pays voisins. Avant la colonisation, la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne étaient organisés en des royaumes et empires. Le cas de la Côte d'Ivoire et de la RDC en est une parfaite illustration. Les populations du Congo étaient organisées en chefferie. Vers la fin du moyen âge, les royaumes de Luba, de Kuba, de Lunda, du Kongo entre autres existaient avant de connaitre leur paroxysme et finalement leur déclin au contact des européens du XVème siècle. C'est une période marquée par certains royaumes marchands en Afrique qui font le plus souvent du commerce avec les esclavagistes sur la Côte et entre eux à l'intérieur de l'espace continental. La Côte d'Ivoire était également constituée en des royaumes. Pour ne prendre que l'exemple de la partie orientale du pays et plus précisément à Abengourou, il y avait les royaumes de l'Indénié, du Djouablin et de Bettié16(*). Il y avait aussi en Afrique noire des empires tels les empires du Mali, de Songhaï et du Ghana. Cet empire était vaste au point de couvrir une bonne partie de l'Afrique noire dont la Côte d'Ivoire. Félix Houphouët Boigny aurait rappelé avoir battu campagne pendant la colonisation dans le territoire de l'Etat actuel du Ghana. Les populations de ces différentes entités traditionnelles ne connaissaient ni la propriété privée, ni la vente des terres, ni la monnaie. Cette stabilité n'a pu résister d'une part au contact avec le colonisateur qui usera de stratégies efficaces pour anéantir progressivement l'ordre politique traditionnel en vue de mettre en lieu et place l'ordre politique moderne et d'autre part l'expansion simultanée de la religion, en particulier l'Islam avec les Arabo-swahili qui prêchèrent l'islam tout en pratiquant la traite négrière. Ce fut le début des antagonismes sous formes de conflits de générations avec la formation dans les universités occidentales d'une nouvelle élite plus ou moins assimilée et d'autres types de conflits qui sévissent encore comme la question frontalière.

Paragraphe II : les rivalités nées de la colonisation

La modification de la cartographie de l'Afrique qui s'accompagne d'un découpage socio-territorial balkanisé est aujourd'hui à l'origine des conflits frontaliers et sociaux constatés un peu partout en Afrique subsaharienne et plus particulièrement en Côte d'Ivoire, en Somalie et en RDC. En ce qui concerne ces types de conflits, certes ces pays partagent des points communs mais l'on note des particularités compte tenu de la complexité du phénomène de la conflictualité.

A ce niveau, la RDC, la Somalie et la Côte d'Ivoire peuvent être rangées dans des catégories d'analyses plus ou moins différentes pour plusieurs raisons. La première raison est relative à la position privilégiée d'ordre géostratégique de la Somalie. La seconde raison se rapporte au système colonial qui n'est rien d'autre que la manière dont la puissance coloniale gérait sa colonie. Chaque pays adopte pratiquement la tradition de son ex-colonisation tant sur le plan politique et culturel que sur le plan juridico-institutionnel.

En Afrique Centrale, seule l'Ethiopie n'a pas subi au niveau interne les effets destructeurs de la colonisation. Elle n'a pas été colonisée. Néanmoins, elle serait entrainée des conflits frontaliers. Ce pays frontalier à la Somalie n'a pas été épargné par les revendications indépendantistes du Front de Libération de l'Erythrée annexée en 1962 et soutenue par d'autres pays à la fin de la guerre froide. La guérilla a duré des décennies avant que l'Erythrée n'accède à la souveraineté internationale le 24 mars 1993. Il faut souligner que le conflit dans ces deux pays fut une exception car n'ayant pas une origine coloniale.

Pour le cas somalien, le colonisateur avait divisé le pays en deux entités dont l'une resta une possession anglaise (Somaliland) et l'autre devint une colonie italienne. Ce fut une véritable furie impérialiste. Ce fut aussi le début de la construction d'identités socio-culturelles et de « l'atomisation et de la sédimentation locale, comme l'illustrent la Somalie, le Zaïre (actuellement appelé RDC) (...) »17(*).

La Côte d'Ivoire, à la différence des deux autre pays, n'a pas échappé à la politique d'assimilation par le biais du système de l'administration directe de la métropole française contrairement aux colonies anglaises pour lesquelles le Royaume-Uni prônait le système de l'administration indirecte. Aujourd'hui, la cohabitation avec les voisins immédiats dont le Burkina Faso et le Ghana pose de plus en plus de problème de coexistence pacifique.

Un peu partout, des frontières ont donc été tracées pour des pays qui ont parfois les mêmes réalités socio-culturelles et le même terroir longtemps partagé dans la paix et la stabilité. C'est le cas de la RDC Congo qui, comme la Somalie et à la légère différence de la Côte d'Ivoire, est minée par des conflits de coexistence pacifique avec ses voisins.

En définitive, cette délimitation frontalière compte tenu des enquêtes effectuées est d'autant plus arbitraire qu'elle est responsable des maux dont souffrent l'Afrique et les africains.

Par ailleurs, il faut reconnaitre que la destruction de nos entités politiques aurait également porté préjudice au vieux continent. A la place des anciens empires et royaumes africains qui se gouvernaient paisiblement, la conférence de Berlin a institué des « Etats minuscules » téléguidés dans leurs options politique, économique et culturelle. C'est ce qui fait dire à Djibril Samb que « l'Etat colonial a été fondé, tantôt sur la méconnaissance délibérée des différences et des clivages, tantôt sur leur exploitation, tantôt sur le gommage des similitudes et des convergences réelles »19(*). C'est ainsi qu'on assiste après les indépendances à la vie de l' « Etat importé » qui a du mal à s'affirmer et à couvrir son indépendance intégrale pour ne pas tomber dans les filets du manipulateur impérialiste occidental.

Section II: L'impact de la guerre froide

La guerre froide est une période de « paix impossible » et de « guerre improbable » pour paraphraser Raymond Aron. Aucune des puissances sorties des dérives du nazisme et du fascisme ne souhaiterait que l'humanité connaisse encore le malheur qui résulte des deux grandes guerres mondiales. Préserver la paix entre les Etats devient nécessaire, voire indispensable. L'on passe de l'affrontement physique et violent à des hostilités idéologiques. Ainsi, il s'avère nécessaire de dégager le fondement idéologique de la guerre (A) qui s'accompagne de conflits latents quelquefois manifestes (B).

Paragraphe I : le fondement idéologique de la guerre froide

Considérée comme étant une suite logique de la deuxième guerre mondiale, la guerre froide a débuté effectivement en 1949 dans un contexte de rivalités idéologiques entre le bloc socialiste et communiste dirigé par l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) et le bloc libéral et capitaliste sous la coupole des Etats-Unis d'Amérique. Le premier défend et promeut l'idéologie marxiste et socialiste qui se résume en la doctrine selon laquelle il faut mettre l'accent sur l'intérêt collectif, celui des masses paysannes en général et la justice sociale. Cette doctrine va dans le sens de l'élimination du capitalisme cher au camp adverse. Celui-ci promeut la liberté individuelle, la propriété privée qui ne doivent en aucun cas être entravées par l'Etat considéré comme arbitre et garant de la sécurité. Plusieurs pays africains ont partagé la conception de l'une ou de l'autre puissance.

C'est dans cette perspective que les deux grandes puissances ont polarisé le monde en deux camps antagonistes soucieux du maintien de la paix avec l'Organisation des Nations unies (ONU). La bipolarisation n'a pas laissé indifférents les autres pays qui, se déclarant pays non alignés, ont organisé en 1955 la conférence de Bandoeng. Cette période est particulièrement marquée par le début de l'émancipation des peuples colonisés. Selon Béchir Ben Yahmed « elle (parlant de la guerre froide) n'a pas dégénéré en un conflit violent planétaire, c'est peut-être, en partie, grâce à ce mouvement des pays non alignés ».20(*)

Du point de vue institutionnel des organismes internationaux sous forme d'alliance naissent pour garantir la stabilité, la prospérité et la liberté de ses membres grâce à un système collectif de sécurité. C'est le cas de l'organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) sous les commandes des Etats-Unis avec d'autres pays européens dont la France du Général-Président Charles De Gaulle qui quittera plus tard l'OTAN dans un contexte de parité nucléaire. Les contraintes de ralliement ne laissent aucun pays dans l'indifférence. Car les Etats-Unis avaient leurs « clients » comme l'URSS en possédait ses « satellites ». Chaque puissance « exigeait de ses alliés qu'ils se rallient à son panache, blanc ou rouge» pour s'aligner systématiquement sur ses positions et voter à l'ONU et plus particulièrement au conseil de sécurité en sa faveur.

Cette rivalité idéologique se transpose dans les pays africains dans une dynamique de lutte pour l'indépendance et de contrôle de l'appareil d'Etat après les indépendances. C'est ainsi que la Côte d'Ivoire, la RDC et la Somalie furent impliquées plus ou moins directement dans ce conflit idéologique en prenant des positons pour tel ou tel camp.

Paragraphe II : le ralliement idéologique 

Le continent africain a été fortement marqué par les dérives sans précédent de la guerre froide. Le ralliement idéologique aux blocs contrôlés par les deux grandes puissances nucléaires semble être un impératif catégorique pour tout soutien et protection. Ainsi la Somalie, la RDC et la Côte d'Ivoire rallient à des degrés différents à la cause idéologique qui leur apparaissait la plus à même de défendre leurs intérêts du moment. Même si la Côte d'Ivoire, comme la plupart des ex colonies françaises, cède parfois à la pression de la France pour afficher clairement une position idéologique, la RDC et la Somalie quant à elles manifestent ouvertement leur position idéologique. C'est ainsi qu'en Côte d'Ivoire les oppositions nationalistes prosoviétiques ont été neutralisées sous le règne de Houphouët Boigny.

En cette période bien déterminée, la RDC autrefois appelé Congo belge est marquée par une forte rivalité interne et une pression extrême qui semble remettre en cause la réalité de son indépendance. Déjà les prémices de la division de cette ex colonie belge se sont signalées en 1940 avant de se cristalliser avec les hostilités idéologiques de la guerre froide. A ce moment deux tendances indépendantistes se manifestaient dans la capitale de Léopoldville : celles des « gens d'en bas » (Bas-Congo et Bandundu) qui parlent le Kikongo et celles des « gens d'en haut » qui parlent le Lingala venant de l'Equateur et de tout l'intérieur du pays. En 1949, la première catégorie se constitua en une association d'abord culturelle avant d'être politique. Il s'agit de l'Alliance des Bakongo (ABAKO) dont le Président Joseph Kasa-Vubu en 1954 deviendra le premier Président de la République du Congo belge indépendant. Son ambition fut de rétablir l'ancien royaume de kongo de l'époque portugaise, en faire celui des Bakongo et réclamer l'indépendance tout en restant fédéraliste.

L'autre tendance, les évolués « d'en haut » séduits par « le plan de 30 ans pour l'émancipation de l'Afrique » du Professeur belge Van Bilsen publié en 1956 était inspirateur d'un Congo unitaire. Ce plan combattu par l'ABAKO est jugé utopique. Les tensions entre les deux tendances poussèrent la Belgique colonisatrice à organiser en 1957 les premières élections limitées aux grandes villes. La victoire de l'ABAKO à Léopoldville (aujourd'hui appelée Kinshasa) surprend certains unitaristes dont Patrice Lumumba, un Teletal de Kasaï. Cet homme politique très intelligent et réaliste fonda le Mouvement National Congolais (MNC-Lumumba) plus revendicatif que celui du MNC-Kalonji du nom d'Albert Kalonji, un autre kasaien unitariste. Les rivalités durcissent une fois que le Congo belge accède à l'indépendance le 30 juin 1960 avec l'élection de Joseph Casa-Vubu par le parlement comme Président de la République et Patrice Lumumba Premier Ministre dans un régime parlementaire21(*). Les blancs belges gardent le pouvoir dans l'armée du nouvel Etat indépendant. Les soldats bangalas et balubas mécontents de cette attitude d'asservissement militaire persécutent la communauté blanche présente en territoire congolais. Dans ce contexte de tiraillement idéologique, la Belgique menace d'intervenir militairement. L'homme fort du régime, en l'occurrence Patrice Lumumba durcit sa position idéologique de socialiste purement africain et appelle l'aide de l'Union soviétique. Par la suite le Général Mobutu Sese Seko soutenu par les Etats-Unis voit d'un mauvais oeil le socialisme de Lumumba. Il prend ainsi les rennes du pouvoir et emprisonne Lumumba qui sera finalement déporté au Katanga dans des conditions indignes d'un fervent serviteur de l'Etat. Pour gérer la crise, l'ONU propose sa médiation à la place des troupes soviétiques et belges.

Pour ce qui concerne la Somalie, l'accession de Siad Barre au pouvoir en octobre 1969 a été décisive pour affirmer un ralliement sans complaisance à la cause de l'idéologie marxiste et socialiste de l'URSS. Ainsi il va obtenir un soutien soviétique « pour combattre ses opposants et mener à bien ses idées expansionnistes ».22(*) Fort de l'appui de l'URSS, le Président met sur place un régime tyrannique et entre en conflit avec ses voisins immédiats surtout avec l'Ethiopie après avoir déclaré ceci à l'occasion du premier anniversaire de la Révolution le 21 octobre 1970 : «  Nous nous proclamons solennellement et résolument Etat Socialiste. L'idéologie la plus humaine répondant aux besoins de l'homme, est l'unique voie pour arriver au décollage économique et social ».23(*) Toutefois, après sa défaite à la guerre d'Ogaden, Siad Barre a fait volte face pour s'allier aux américains à la fin des années 70 et au début des années 80.

Chapitre II : Les causes socio-culturelles

Puisqu'il n'y pas de société sans culture, il ne saurait y avoir de culture qui ne serait rattachée à un groupe social bien déterminé. Du point de vue anthropologique, l'on définit la culture par opposition à la nature. La nature est innée et la culture acquise. En effet, la nature, domaine de l'instinct, est caractérisée par la transmission mécanique sans le secours de la conscience. Par contre, la culture, entièrement acquise par apprentissage est le domaine de l'intelligence et de la raison24(*). L'histoire est à ce niveau un critère pertinent en ce sens qu'elle permettra d'analyser le choc culturel de l'Afrique de la période précoloniale à la période postcoloniale. Sur ce, il sera question de montrer comment les phénomènes ethniques (A) et religieux auraient été à l'origine des conflits socio-culturelles (B).

Section I : L'ethnie et ses variantes

Pour analyser la notion d'ethnie, il serait nécessaire de la définir d'abord (Paragraphe I) avant de partager l'expérience des pays sur la notion d'ethnie et ses variantes (Paragraphe II). 

Paragraphe I : la notion d'ethnie

La notion d'ethnie transposée en Afrique a fait l'objet d'un débat controversé au sein de la communauté scientifique. Pour certains chercheurs africanistes dont Christian Coulon l'ethnie est une création purement coloniale qui consiste en la fragmentation de la société en des groupes identitaires. D'autres par contre défendent la thèse de l'existence de l'ethnie en Afrique. Ils se basent sur des caractéristiques propres et spécifiques aux groupes sociaux tels la langue, la physionomie, les modes de vie et certaines pratiques traditionnelles nées surement de l'histoire et des contingences géographiques. Selon le dictionnaire l'ethnie « un ensemble d'individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture »25(*). Ainsi dans le sens de l'existence ethnique, Michel Cahen fait une analyse pertinente de l'ethnicité politique sous forme d'une relecture réaliste de l'identité. Il considère que l'ethnie comme la nation est « un fait de conscience socialement organisé. C'est une réalité subjective non délimitable, fruit d'un long processus historique. Les africains n'ont pas attendu le colonialisme pour ressentir des sentiments identitaires ».26(*) Mais il faut convenir que c'est avec la colonisation que l'ethnie a été autrement conçue et instrumentalisée du point de vue socio-psychologique et socio-anthropologique. A cet effet, la diversité ethnique dans les trois pays, à savoir la RDC, la Somalie et la Côte d'Ivoire pose un certain nombre de problèmes de coexistence pacifique. C'est ainsi que certains conflits en Afrique et plus particulièrement dans les trois pays cités ont eu des causes ethniques.

Paragraphe II : L'ethnie comme facteur de conflit 

Dans la région des Grands lacs, Bedoum remarque que « la crise rwandaise, par le nombre de victimes qui en a résulté, a fait des rapports entre Tutsi et Hutu, une référence sur la question des conflits ethniques en Afrique »27(*). Ainsi la RDC voisine du Rwanda, du Burundi et d'Ouganda est composée d'une centaine de groupes ethniques partagés avec beaucoup de pays de la sous-région. Sur le plan linguistique, la RDC contrairement à la somalie est l'un des pays les plus multilingues de toute l'Afrique. Il y existe des langues nationales parlées par presque la majorité de la population à la différence de la Côte d'Ivoire qui recourt à la langue française pour fédérer la diversité linguistique. L'origine des conflits ethniques dans cette région est liée à l'instrumentalisation des ethnies à des fins de domination politique. Selon Bedoum «  le pouvoir colonial avait institué un système de classification ethnique avec des cartes d'identité obligatoire spécifiant l'ethnie d'appartenance (...). Les préjugés et différents qui s'y rattachent avaient créé une division et un climat qui ont contribué à l'instabilité (...) ».28(*) A cet effet, les relations postcoloniales entre la RDC et le Rwanda compte du nombre important de déplacés en territoire congolais a été un prétexte pour soutenir des groupes sociaux congolais. C'est ce qui continue de durcir les rapports conflictuels entre les deux pays jusqu'à l'arrestation du Général Laurent Kunda de l'ethnie Tutsi, principale victime du génocide rwandais. Il se développe réellement dans la sous-région de l'Afrique Centrale comme un peu partout dans la plupart des « Etats importés » pour reprendre une expression de Bertrand Badie une certaine « culture de violence » aggravée par la prolifération des armes avec la complexité de certaines puissances occidentales.

En Côte d'Ivoire, la cohabitation ethnique assez complexe remonte aussi à la période coloniale lorsque ce pays, considéré comme la « vache laitière » de la plupart des pays ouest africains, présentait des enjeux économiques considérables avec les plantations de café et de cacao. La main d'oeuvre locale venait un peu partout des pays frontaliers notamment la Guinée et le Burkina Faso. Après plus d'un siècle de cohabitation pacifique entre allochtones et autochtones de la Côte d'Ivoire, il se pose un problème de xénophobie.

Certains analystes remontent à une époque lointaine pour dire que le rejet d'Alassane Dramane Ouatara repose sur la xénophobie à l'égard de l'ethnie Dioula, l'homme du Nord pour les ivoiriens du Centre et de la Côte. Le problème ethnique est extrêmement complexe en Côte d'Ivoire. Les nordistes et centristes notamment malinkés ont des patronymes identiques a ceux des immigrés de la même ethnie provenant des Etats voisins. De même, les Akans sudistes ont des patronymes identiques à certains peuples immigrés des pays comme le Ghana, le Togo et le Libéria.

A partir de ce rejet latent depuis des décennies sous le règne du Président fédérateur Félix H. Boigny et manifeste sous le règne de son dauphin constitutionnel, Henry K. Bédié, les tensions ethniques et régionalistes qui se sont exacerbées avec la réforme du code électoral et la réforme foncière qui consacrent le concept d'ivoirité.

A la différence de la Côte d'Ivoire et de la RDC, le cas de la Somalie est assez particulier compte tenu de sa structuration socio-culturelle très complexe. A cet effet, d'autres variables ethniques vont entrer dans le cadre de l'analyse pour un pays d'« une homogénéité ethnique et culturelle assez rare sur le continent africain ».29(*) Il s'agit essentiellement des variables comme la tribu et le clan qui fonde le « système complexe de lignages » de cette société rurale et nomade. Les luttes entre les clans rythment l'histoire du pays. Les haines interethniques portées à l'incandescence par le régime tyrannique de Barre favorisant le clan Marehan entraine la Somalie, à partir de 1988, dans une guerre civile. Les différentes factions sous les commandes des « seigneurs de la guerre » se rivalisent d'ardeur pour s'emparer du pouvoir dans la rue suite à la fuite en 1991 de Siad Barre affaibli et sans soutien après quelques mois de conflits meurtriers. Les tensions tribales s'intensifient au point de mettre le successeur de Barre, en l'occurrence Mahdi Ali Mohamed, dans l'impossibilité de contrôler le pays. Cet imbroglio témoigne de l'inexistence de l'Etat en tant que tel dans la mesure où l' « Etat » et le « tribu » sont antithétiques30(*). En outre, il faut souligner que l'ethnie somali pose un réel problème dans la sous-région en ce sens qu'elle se partage entre trois pays. La crainte du regroupement régional « Grande Somalie » est un motif dissimulé de la France pour soutenir le Djibouti, un Etat d'une bonne position géostratégique considéré comme une nation prise en otage. Cet Etat qui est la plus grande base française en Afrique, soit 5000 soldats, est dominé par les Afar et le Somali. C'est ainsi que « les particularismes ethniques ou tribaux ont fait place aux antagonismes » sur lesquels les hommes politiques de toute obédience s'appuient, quitte à user de la violence, pour la conquête et la conservation du pouvoir.

Section II : Le phénomène religieux

Le phénomène religieux est plus ou moins problématique en Afrique. Il est souvent considéré comme un instrument au service d'une élite politique (Paragraphe I). Néanmoins le cas de la Somalie est assez particulier (Paragraphe II). 

Paragraphe I : l'instrumentalisation du phénomène religieux

La genèse religieuse des conflits repose sur une conviction certaine, une croyance sincère en une Autorité Supérieure Absolue et Parfaite appelée généralement Allah chez les musulmans et Jéhovah chez les adeptes chrétiens. C'est le domaine de la foi, de la spiritualité avec son corollaire de prescriptions et de proscriptions conformes aux règles édictées dans les livres (Coran et Bible, la thora). En Afrique, le christianisme et l'Islam sont les deux principales religions révélées qui génèrent des conflits identitaires. La question religieuse en Afrique pose un certain nombre de problèmes relatifs à l'identité et à l'instrumentalisation religieuse à des fins politiques surtout avec les indépendances dans la plupart des pays africains. A ce propos, Samuel P. Huntington avait prédit un changement de situation dans son article publié en 1993 dans la Revue Foreign Affairs. Sa thèse repose sur l'idée selon laquelle « après l'effondrement de l'Union soviétique, les motifs d'affrontements et de guerre ne seront plus bien sûr des motifs Est-Ouest, mais des affrontements à venir entre grandes zones culturelles, entre grandes aires religieuses ».31(*) Ces idées chères à l'éminent politiste et figure emblématique des sciences sociales et plus particulièrement de la science politique du XXème siècle, S.P. Huntington, montre très clairement que la religion demeure foncièrement une cause de conflits.

Le phénomène religieux quelquefois dissimulé en terre ivoirienne n'est pas développé en RDC et est composé essentiellement de chrétiens, de protestants et d'animistes. En effet, l'origine de la crise ivoirienne de 2002 résulte d'une ancienne xénophobie entre les gens du Nord, à majorité musulmane et les gens du Sud à majorité chrétienne. Les hostilités latentes du temps du Président H. Boigny se durcissent sous le règne de Bédié avec la ferme volonté de Alassane Dramane Ouattara se présenter à l'élection présidentielle. Ainsi est née la notion d'ivoirité pour éliminer l'ancien Premier Ministre Ouattara, un musulman du Nord. Par ailleurs, la Somalie constitue une spécificité africaine dans les conflits religieux à côté du Nigéria où les litiges entre musulmans et chrétiens font beaucoup de victimes. C'est un pays qui pratique une seule religion : à majorité sunnite. Il est miné par des rivalités religieuses internes et externes.

Paragraphe II : la particularité de la somalie

Au niveau interne, il faut dire que les organisations islamiques font la politique. L'Union des Tribunaux Islamiques (UTI) est une alliance de quinze (15) tribunaux islamiques somaliens pour l'instauration d'un Etat régi intégralement par la Charia. Elle est soutenue par Al Qaida. Elle comportait aussi bien des modérés (dont Sharif Cheikh Ahmed, élu à la Présidence du gouvernement fédéral transitoire de Somalie en janvier) que des intégristes (dont Hassan Dahir Aweys leader du groupe Hizbul Islam). L'organisation terroriste des shebab est issue de la branche radicale de l'Union. Les tribunaux islamiques avaient pris la majeure partie du territoire en 2006 sous le régime du Président Abdallahi Youssouf Ahmed. Ils étaient parvenus à rétablir malgré tout l'ordre dans un « Etat défaillant » souffrant de violences endémiques et d'affrontements entre les milices rivales32(*).

Au niveau externe, l'ONU avait accusé, dans son rapport de 2006, l'Erythrée, l'Iran, la Lybie, la Syrie et l'Arabie Saoudite d'avoir soutenu l'UTI. Cette dernière a bénéficié également d'un soutien local de la part des commerçants désireux de mettre fin à la violence nationale. En juin 2006, l'UTI s'engage dans une guerre contre les leaders tribaux soutenus par les Etats-Unis et prend le contrôle de la capitale Mogadiscio et les principales villes (Jowhar, Kismayo, Beledwayn etc.). Le conflit somalien se régionalise davantage depuis quelques années remettant en cause les institutions de la République. Depuis fin 2006, l'Ethiopie, contre laquelle les tribunaux islamiques ont lancé le djihad, soutient militairement le gouvernement de transition et lance une grande offensive contre eux depuis le 24 décembre 2006. Or le Prophète Mohamed (PSL) aurait dans un célèbre hadith déconseillé toute attaque musulmane aux chrétiens de l'Ethiopie qui avait abrité les premiers convertis en Islam dans la région. Selon la version américaine, l'Union des tribunaux islamiques est fortement liée au mouvement terroriste de Ben Laden ce qu'ils démentent formellement gardant leur alliance avec les milices claniques.

Chapitre II : Les causes socio-économiques et politiques

Il est une évidence certaine que les jeunes Etats africains plus ou moins pauvres en ressources naturelles et humaines n'ont pu connaitre, à l'exception de Botswana, une stabilité démocratique pour leur développement économique. Ainsi la plupart des régimes autoritaires ont vécu à partir des années 90 ce que le politiste français Jean François Bayart appelle une « décompression autoritaire » au profit du processus de démocratisation qui se poursuit encore avec beaucoup de difficultés. Sous prétexte de démocratiser et de développer l'Afrique, les puissances étrangères déroulent leur stratégie de « boulimie foncière » pour exploiter et asservir l'Afrique. Cependant la résistance à la volonté impérialiste se faisait entendre partout. Car « la pauvreté dans la dignité vaut mieux que l'opulence dans l'esclavage » aurait dit un adage africain tant évoqué pour le Président dictateur Ahmed Sékou Touré. Ces propos de sagesse africaine sont utilisés à l'inverse par les politiques pour piller l'économie des Etats souverains et indépendants africains. Cette attitude malsaine est aujourd'hui source incontournable de conflits aussi bien sur le plan économique (Section I) que sur le plan politique (Section II).

Section I : Sur le plan socio-économique

En analysant la situation économique en termes de ressources, l'on se rend compte qu'il y a des enjeux fondamentaux. Aussi bien en RDC, en Somalie qu'en Côte d'Ivoire, la richesse (Paragraphe I) comme la pauvreté (Paragraphe II) constituent de véritables sources de conflits.

Paragraphe I : La richesse comme source de conflits 

Concernant les ressources naturelles, les trois pays détiennent chacun une richesse particulière. En somalie, la richesse en ressources halieutiques est quelquefois source de convoitise incontrôlable entrainant des hostilités entre les usagers des eaux riches en thons et crustacés. A cet effet, une lecture économique des causes du conflit interne et externe qui persiste encore considère que la faillite de l'Etat en 1991 a fait l'objet de surpêche étrangère. Cette pêche illégale a été le fait des chalutiers italiens, grecs, espagnols et japonais.33(*) Ce pillage difficile à contrôler dénote de l'inefficacité de la puissance publique, partant de l'inexistence de l'Etat en tant que tel. C'est ainsi que se développe une insécurité en permanence. Compte tenu de la position stratégique du pays, la piraterie devient une menace pour le transport maritime international depuis le début de la guerre en fin 90.

Si en Somalie, la richesse maritime est source de conflits, en côte d'Ivoire et en RDC, il en est autrement. D'ailleurs, ce sont les richesses foncières qui alimentent les rivalités entre les usagers. Chacun de ces deux Etats se particularise par la nature de ses richesses. En Côte d'Ivoire, elles sont agricoles tandis qu'en RDC elles sont minières.

La RDC est extrêmement riche en ressources minières au point de faire l'objet d'une convoitise au niveau international. Il y a du diamant, de l'or, du cobalt, du cuivre, de l'étain, de la bauxite, du fer, du gaz, des schistes bitumeux, charbon, du pétrole et du Colombo tantalite (coltan). Ce dernier minerai très rare dans le monde est localisé au Nord et au sud Kivu, à Katanga et à Maniema.il fait depuis quelques décennies l'objet d'une convoitise de la part des plus grandes puissances mondiales, à savoir les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe. Le coltran et d'autres ressources du sous-sol de la RDC sont indispensables pour la technologie de pointe, la fabrication et l'entretien des engins aéronautiques et spatiaux, les ordinateurs et la téléphonie cellulaire.34(*) L'enjeu fondamental est qu'il n'y a nulle part ailleurs où l'on peut s'approvisionner suffisamment en coltan si ce n'est en Australie, en Brésil ou en RDC. La région de Kivu, partie orientale de la RDC possède la plus grande réserve mondiale avoisinant 80% des réserves mondiales de tantale qui est extrait du coltan.

Au moment où l'Australie et le Brésil en exportent d'énormes quantités pour alimenter les industries de haute technologie, la RDC quant à elle, reste victime de l'exploitation de cet or gris. Le tantale est une matière incontournable pour l'industrie aérospatiale, aéronautique et de défense (réacteurs, missiles et satellites). Si autrefois, seules l'Allemagne, la Belgique et la France se concurrençaient pour le contrôle du coltan avec toutes les conséquences qui en découlaient, aujourd'hui, il en est autrement. Les Etats-Unis et un peu plus tard la Chine entent en jeu pour bénéficier des opportunités industrielles de ce minerai. Il y a présentement une absence d'éthique et de respect du droit international dans l'exploitation du colombo tantalite malgré les quelques rapports des Nations Unies qui dénoncent l'attitude des multinationales téléguidées en terre congolaise. Plus grave encore, la puissance allemande entre en affrontement diplomatique avec Kinshasa tout en soutenant des milices sécessionnistes proches du Président rwandais. Ainsi la RDC sous l'effet d'une guerre silencieuse contre elle et ses intérêts devient l'ennemi des pays voisins (Rwanda, Ouganda et Burundi) instrumentalisés par les puissances occidentales qui soutiennent leurs multinationales. Une nouvelle configuration géopolitique fait de Kigali le lieu de convergence du coltan qui sera par la suite acheminer vers l'Europe et les Etats-Unis. Cette nouvelle forme de commerce triangulaire version du XXIème siècle continue d'entrainer des affrontements et des victimes (environ 5 millions de morts) notamment dans la région de Kivu. Toutefois, l'entrée de la Chine en jeu avec la signature du contrat du 17 septembre 2007 offre à la RDC ce que les autres puissances n'ont jamais pu proposer.

Par ailleurs, en Côte d'Ivoire, la question de la propriété foncière soulevée après la fin du régime de Houphouët Boigny pour qui la terre appartient à celui qui la « met en valeur » a divisé l'opinion avant de se concrétiser avec la réforme du code foncier rural. En effet, la Côte d'Ivoire avait fait appel à la main d'oeuvre étrangère qui a contribué à faire de son économie l'une les plus performantes de l'Afrique pour un pays qui ne dispose que du coton, du café et du cacao. Selon Aminata Traoré, la Côte d'Ivoire dont le café et le cacao rythment le dynamisme économique enregistre dans le courant des années 60-70 des taux de croissance de 6 à 7% faisant d'elle le premier exportateur et importateur mondial de cacao avec le tiers du marché mondial.35(*)

Ainsi la population étrangère qui constitue 26% de la population totale avait formé avec les ivoiriens de souche la nation ivoirienne avant d'être secouée par des « identités meurtrières » sous l'effet de la politisation de la réforme foncière avec le fameux concept d'ivoirité. Les conflits fonciers opposent particulièrement les populations autochtones et allochtones dans les régions de l'Ouest et du Centre-Ouest de la Côte d'Ivoire. C'est ainsi que Kassimi Bamba « le conflit ouvert en septembre 2002 apparait comme le résultat de cette rupture d'harmonie entre les ivoiriens eux-mêmes et entre les ivoiriens et les étrangers ». 36(*)

Ces propos sont d'autant plus vrais qu'ils sont confirmés par la loi no 98-750 du 23 décembre 1998, portant Code foncier rural promulgué 14 janvier 1999. Selon Théodore Dagrou cette loi « a été considérée comme contenant les germes potentiels de xénophobie, en ce qu'elle dispose, en substance, en son article 1, que seuls les ivoiriens peuvent accéder à la propriété de la terre ».37(*) Du coup, une bonne partie de la population née, grandie et travaillant en Côte d'Ivoire est exclue, marginalisée, ce qui du reste a créé un stock de frustrations qui génère une situation conflictuelle sans précédent dans l'histoire du pays.

Paragraphe II : La pauvreté comme source de conflits

Nombreux sont les pays africains qui, n'ayant pu profiter de leurs ressources naturelles et humaines ou de leur position géostratégique favorable aux transactions de tout genre, ont sombré dans une situation de pauvreté générant quelques germes de conflictualité.

Le constat est là. La République Démocratique du Congo, malgré ses ressources minières extrêmement diversifiées et abondantes, ne dispose d'aucune industrie minière. Malgré l'abondance de ses ressources naturelles, la RDC est l'un des plus les pauvres pays du monde avec des inégalités très marquées. Cet état de fait s'explique par les différents conflits qui résultent de son incapacité à gérer les tensions sociales internes et à sceller un partenariat fiable avec les autres pays du monde entier. Les violations des droits humains qui résultent des conflits armés en particulier des enfants et des femmes, ont eu des persécutions très profondes au sein de la population. L'écrasante majorité de la population, soit 80% vivait en 2002 en dessous du seuil de pauvreté fixé à 2 dollars par jours avec des disparités régionales. Des groupes vulnérables se sont constitués. Il s'agit de refugiés, des orphelins de conflits armés, des enfants déscolarisés et des enfants soldats endoctrinés à leur groupe d'appartenance. Une masse qui évolue dans une telle situation risque de semer les germes de la haine et de la violence, bien mieux elle adopte une certaine une culture de violence : d'où l'importance du principe d'intériorisation et d'extériorisation cher au Sociologue français Pierre Bourdieu. C'est dire que l'enfant intériorise un certain nombre de modèles culturels liés au processus de sa socialisation qu'il extériorise au fur et à mesure qu'il grandit à travers son comportement. Cette situation de pauvreté qui pose un problème d'éducation de la masse des jeunes est inquiétante qu'ils sont enrôlés par des groupes rebelles pour faire la guerre. Ici la pauvreté est considérée comme un facteur responsable de la violation des droits de l'homme et de la violence dans les différents pays de la sous-région de l'Afrique centrale. A ce niveau précis, le désoeuvrement des jeunes garçons et la pauvreté sont source du développement du banditisme, illustré par les coupeurs de route qui entretiennent l'insécurité permanente. « Le phénomène de la pauvreté conduit à des situations où se perdent toutes les valeurs. L'homme qui a faim n'est pas un homme libre, un homme susceptible de réfléchir sereinement et objectivement, et la plupart des remous sociaux que les pays africains ont connus relèverait de ce phénomène »38(*)

A la différence de la RDC, la Somalie est un pays « pauvre en ressources mais bien situé entre le Golfe d'Aden et l'Océan Indien »39(*). Cependant, elle présente un grand intérêt géostratégique. Ainsi elle a joué non seulement un rôle considérable pour les puissances européennes en pleine expansion au XIXème mais aussi au XXème siècle entre les Blocs Est/ Ouest. En outre, la Somalie dispose d'une côte maritime importante de 3025 km et de 200 miles nautiques d'eaux territoriales. Cette zone voit passer un trafic maritime important puisque l'essentiel du trafic entre l'Extrême-Orient et l'Europe passe entre la Corne de l'Afrique et la péninsule arabique dans le Golfe d'Aden afin de rejoindre le canal de Suez. En somalie, la piraterie s'y développe et pose un problème de sécurité notoire. En effet, la piraterie a pour cause principale l'exploitation maritime des côtes de laquelle découle la pauvreté des populations locales. Du point de vue culturel, elle serait déterminée par la tradition pastorale du pays.

La Côte d'Ivoire, comme dans la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne ayant accepté les Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) imposés par les Instituions Internationales de Bretton Woods, a connu un recul de la croissance économique durement senti par les populations. Ainsi remarque Aminata Traoré « la crise économique était doublé d'une crise politique qui exacerba les conséquences de la baisse du prix des matières premières et de la dévaluation du franc CFA »40(*). Félix H. Boigny, en de pareilles situations, ne cessait de dénoncer ouvertement la spéculation internationale. Par contre, son successeur moins prudent forge le concept écartant son principal challenger de la course à la présidence. D'où la déclaration émouvante de Maurice Bandama dans son oeuvre publiée en 2004 sous le titre de « Côte : chronique d'une guerre annoncée » en ces termes : «  Manipulés et engagés par la haine de leur propre sang, les ivoiriens en sont arrivés à accepter qu'une disposition discriminatoire donnant aux citoyens de souche père et mère ivoiriens, eux-mêmes ivoiriens de naissance, un privilège sur les autres ivoiriens. Soit inscrite dans la constitution ».41(*)

Section II : Sur le plan socio-politique

Compte tenu des informations recueillies au cours des enquêtes effectuées, l'on constate que la principale origine des conflits est généralement liée à la conquête, à l'exercice et à la conservation du pouvoir politique. Pour illustrer cette argumentation, il s'avère nécessaire de mettre l'accent sur le double niveau interne (Paragraphe I) et externe (Paragraphe II) de l'origine socio-politique des conflits en RDC, en Somalie et en Côte d'Ivoire.

Paragraphe I : Au niveau interne

Les causes principales socio-politiques des conflits au niveau interne des Etats sont essentiellement liées à la confiscation du pouvoir de manière antidémocratique, aux dérives institutionnelles, au processus de démocratisation, à la consolidation de l'Etat-Nation, au néopatrimonialisme, à la corruption et à l'application politique du concept d'ivoirité.

En effet, pour ce qui concerne ce dernier point, il faut dire qu'il aurait été en grande partie à l'origine de la crise politique et sociale ivoirienne de 2002-2008. Tout est parti de la candidature de l'ancien premier Ministre sous Félix H. Boigny en la personne d'Alassane Dramane Ouatara. Après les affrontements estudiantins en avril-mai 1999 suivis de la fermeture de l'Université ivoirienne, Alassane Ouatara quitte le Fonds Monétaire International (FMI) en annonçant officiellement sa candidature pour l'élection présidentielle d'octobre 2000. Cependant la justice ivoirienne sous le règne du successeur constitutionnel et Président de la république Henry K. Bédié n'a pas cautionné sa candidature et annule son certificat de nationalité ivoirienne délivré à la fin du mois de septembre.

Il s'agit là de l'application politique du concept d'ivoirité, ce qui aggrave la situation et durcit les positions entre les antagonistes. Le 15 novembre 1999 des dizaines d'immigrés burkinabés sont chassés de leur domicile dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire suite à des problèmes fonciers. Le mois de décembre de la même année est marqué par des tensions politiques ponctué par un arrêt lancé contre l'adversaire politique le plus populaire, Alassane Ouatara, contre Bédié et la formation d'une mutinerie à Abidjan le 23 décembre avant l'annonce le jour suivant de la destitution du Président Bédié et la formation d'un Comité National de Salut Public (CNSP) dirigé par l'ancien chef d'Etat-major, le Général Robert Guei. Celui-ci, en voulant s'accrocher au pouvoir après un bref souffle de soulagement, a ouvert la porte du Palais Présidentiel à Laurent Gbagbo en éliminant politiquement et juridiquement Ouatara de la course à la présidentielle.42(*) Le 22 octobre 2000, les tensions et contradictions électorales montent à Abidjan. Des militaires sont déployés au siège de la Commission Nationale Electorale (CNE) qui sera dissoute et son président arrêté. Le Général Robert Guei se proclame Président de la deuxième République de la Côte d'Ivoire. De l'autre côte, Laurent Gbagbo se déclare dans la foulée, Chef de l'Etat et invite ses partisans à manifester. Ce fut un affrontement meurtrier entre manifestants et forces de l'ordre. La CNE, après la fuite du Général Guei, confirme l'élection de Laurent Gbagbo comme Président de la république de la Côte d'Ivoire. La crise politique prend une connotation ethno-religieuse entre nordistes en majorité musulmane et sudistes en majorité animiste et chrétienne. Le bilan des affrontements est lourd et le Secrétaire Général de l'ONU d'alors, Koffi Annan appelle à la tenue de nouvelle élection pendant que la cour suprême proclame Laurent Gbagbo vainqueur du scrutin avec 59,36% des voix. Malgré tout, le conflit dégénère en une crise sans précédent suite à la tentative de coup d'Etat à Abidjan le 19 septembre 2002. Les rebelles prennent le contrôle des grandes villes du Centre (Bouaké) et du Nord (Korhogo). Le pays est divisé avec affrontements périodiques entre les forces loyalistes et les trois mouvements rebelles que sont le Mouvement Populaire Ivoirien du Grand-Ouest (MPIGO), le Mouvement pour la justice et la Paix (MJP) et le Mouvement Patriotique de la Côte d'Ivoire (MPCI).

Force est de reconnaitre que des groupes rebelles de ce genre sont aussi à l'origine des troubles en RDC et Somalie. Pour ce dernier pays, il s'y développe des groupes islamiques claniques en perpétuelle lutte pour le pouvoir. C'est le cas du groupe Hizbul Islam, des milices tribales, l'UTI soutenue par le groupe terroriste Al qaida. Ces groupes rebelles ont une forte connotation religieuse contrairement aux rebellions ivoiriennes et congolaises. Les exactions des groupes somaliens d'inspiration islamiste et tribale ont complètement affaibli l'institution étatique qui, au regard de lu Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies en Somalie, n'existe pas en tant que tel.43(*) C'est ainsi qu'une lecture politique des facteurs explicatifs du conflit souligne que la piraterie s'appuie sur l'absence d'Etat, celui-ci ne pouvant lutter contre la criminalité s'exerçant sur son territoire.

La question de la rébellion demeure encore une équation difficile à résoudre en territoire congolais. La partie orientale de la République Démocratique du Congo est le bastion des groupes rebelles dont il faut citer les forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dénommées avant 2000 Armée de Libération du Rwanda (ALIR). Les FDLR sont composées des membres de l'ex-FAR (Forces Armées du Rwanda) et des milices interahamwes qui ont participé au génocide de 1994, des ex-FAR n'ayant pas participé aux massacres, des recrues « post-génocide » passées par les camps de refugiés en Tanzanie et au Zaïre (actuelle RDC) entre 1994 et 1996 constituant par conséquent le gros des troupes. Ces forces se sont bien entrainées dans les camps de refugiés de la RDC en 1994 et jouent un trouble jeu entre Joseph Kabila et Laurent Kunda. En 1996 lors de la première guerre du Congo, l'Armée rwandaise à poursuivi ces forces rebelles à travers les forêts du Congo et massacré plusieurs milliers de ses membres et des populations refugiées prises en otages par les forces génocidaires. Il faut dire donc que ces forces rebelles ont beaucoup contribué à la déstabilisation de l'Est de la République Démocratique du Congo, ce qui du reste durcit les hostilités entre la RDC et le Rwanda.

Paragraphe II : Au niveau externe 

Trois niveaux d'analyse permettront d'apprécier les causes socio-politiques des conflits au niveau externe. Il s'agit notamment de la guerre d'Ogaden entre la Somalie et l'Ethiopie, du conflit entre la RDC et ses voisins groupes rebelles interposés ou par l'instrumentalisation occidentale, et enfin du conflit ivoirien entre les forces Armées Loyalistes et les groupes rebelles des Forces Nouvelles parrainés par des pays voisins. Même s'il y a une cause commune quant à la nature des conflits, toutefois il y a une différence stricte dans le temps et l'espace de déroulement de la situation conflictuelle.

La guerre en RDC est parfois qualifiée d'une agression injustifiée perpétrée par la complexité des pays voisins. Elle est menée par un mouvement composite dénommé Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération de l'Afrique (AFDL). C'est un mouvement soutenu militairement par des troupes composées des rwandais, des ougandais et dans une moindre mesure des burundais. Il est né des accords de Lemera signés le 23 octobre 1996 par quatre plate-formes politiques dont le PRP (Parti de la Révolution Populaire) de l'ancien maquisard Laurent-Désiré Kabila devenu Président de la RDC après la fuite de l'ex dictateur Mobutu le 16 mai 1997, le CNRD (Conseil National de Résistance pour la Démocratie) du commandant André Ngandu Kisase qui avait dirigé les rebelles congolais basés en Ouganda, le MLRZ (Mouvement Révolutionnaire pour la Libération du Zaïre) du commandant Anselme Masasu et l'ADP (Alliance Démocratique des Peuples) de Déogratias Bugera. Le peuple zaïrois meurtri par une zairisation forcée de 26 ans sous le règne du maréchal Mobutu trouve en ce mouvement rebelle venu d'Est une raison d'espérer. Ainsi l'AFDL prend le pouvoir vacant le 17 mai 1997 en tournant la page du régime mobutiste.

Un autre problème relatif à l'exercice se pose avec acuité contraignant le nouveau le Président de la république de prendre des décisions allant dans le sens l'intérêt national. L'opposition unie autour du leader charismatique dénonce la légitimité de Laurent-Désiré Kabila et la présence des étrangers tutsis dans l'attelage présidentiel. Mis sous une forte pression, Kabila prend la décision fatidique de renvoyer les troupes étrangères qui l'ont porté au pouvoir. Cet acte plaisant au peuple congolais est mal vu à Kigali et à Kampala, car la guerre dans l'Est de la RDC par les Présidents tutsis (Paul Kagamé, Yoweri Museveni et dans une certaine mesure Pierre Buyoya) a un double objectif de démanteler les camps des réfugiés hutus rwandais et le renversement de Mobutu. Cette décision irréfléchie de Kabila a complètement changé la donne : d'où une nouvelle invasion commandée par le colonel James Kabarebe pour renverser Laurent-Désiré Kabila. Ce combat de Paul Kagamé contre les Interahamwe dans l'Est du Congo a fait des dégâts matériels et humains aux effets néfastes. Le conflit congolais est, à bien des égards, semblable à celui de la Côte d'Ivoire et de la Somalie.

En côte d'Ivoire, l'on parle de « tentative de déstabilisation d'origine extérieure »44(*). Le pouvoir ivoirien en place suppose une certaine complicité entre le Burkina Faso et divers membres du MPCI. La France est également soupçonnée d'être du côté des rebelles pour combattre le régime socialiste de Gbagbo par le biais de l'opération Licorne. Du point de vue symbolique, cette thèse est vraisemblable. Car la licorne, utilisée comme métaphore, est en réalité un animal fabuleux capable de terrasser l'éléphant, symbole de la côte d'Ivoire.

Par ailleurs, la guerre somalo-éthiopien pour le contrôle de l'Ogaden a dégénéré en conflit international. L'origine du conflit est multiple. Pour «  le somalien de la rue, la Somalie tente de prendre une revanche sur l'attitude belliqueuse de l'empereur Ménélik II qui, au début de ce siècle, conquit l'Ogaden pour l'annexer à son empire catholique-copte de l'Abyssinie ».45(*)

Cette thèse est loin d'être partagée par l'Ethiopie pour qui, ce conflit n'est que la continuation de l'expansionnisme de la dynastie Sélassié au moment où le programme « du pansomalisme auquel personne en Somalie n'entend officiellement renoncer ».46(*) Au finish, le conflit meurtrier entre l'Ethiopie chrétienne et la somalie musulmane a dégénéré en une hostilité continue sous forme d'une guérilla endémique.

Deuxième partie : les mécanismes de résolution des conflits

S'il est une évidence qu'il n'y a pas de société sans conflit au sens où Karl Marx dirait que l'histoire de l'humanité est une histoire de lutte des classe, l'on pourrait aussi convenir qu'il n'y pas de conflit sans une quelconque méthode, un mécanisme de prévention, de gestion et de résolution de ce conflit. Dans le cas de cette présente étude, la notion de résolution sera privilégiée au détriment des autres. Selon Djibril Samb reprenant les termes du Dictionnaire de la terminologie du Droit international, il faut entendre exclusivement au sens du droit international par résolution des crises ou des conflits leur règlement. Il s'agit d'une « opération consistant à mettre fin à une situation litigieuse ou qui peut le devenir, à rendre nette la situation entre parties, cette opération pouvant consister à mettre fin à un conflit, à résoudre un différend, un litige international »47(*). Ainsi il faut préciser qu' « avant comme après l'éclatement de la crise, on peut recourir à la procédure de l'enquête, aux bons offices, à la conciliation, à l'arbitrage, à la médiation, et in fine, aux négociations ».48(*) A cet effet, il existe au regard des chercheurs en sciences sociales une diversité de mécanismes d'ordre traditionnel (Chapitre I) et moderne de résolution des conflits (Chapitre II).

Chapitre I : Les mécanismes traditionnels de résolution des conflits

Deux types de mécanismes traditionnels de résolution des conflits sont à distinguer à ce niveau bien précis. Il s'agit d'une part des mécanismes pacifiques (Section I) et des mécanismes violents de résolutions des conflits d'autre part (Section II).

Section I : les mécanismes pacifiques de résolutions des conflits

Pour paraphraser le célèbre journaliste français Alain Foca de la Radio France Internationale (RFI), il convient de dire que nul n'a le droit d'effacer l'histoire d'un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme. Le propre de l'histoire est de permettre à une société de forger un certain nombre de mécanismes de cohésion sociale, de vie communautaire. Il est question le plus souvent de mécanismes pacifiques qui s'enracinent dans des valeurs socio-culturelles endogènes. Pour les illustrer, l'accent sera mis sur le principe (Paragraphe I) et la pertinence de ces mécanismes pacifiques de résolution des conflits (paragraphe II).

Paragraphe I : Le principe des mécanismes pacifiques de résolution des conflits

La société africaine comme toute société humaine est une société conflictuelle tant du point de vue de sa structuration que de son mode de fonctionnement. Différentes conceptions ont contribué à élucider ce principe fondamental. Un constat empirique véhicule l'idée selon laquelle le conflit est inhérent à la vie sociale. Du point de vue structurel, les conflits relèvent de la nature des structures sociales qui se fondent sur des règles morales, des conventions sociales, des codes et des modèles de vie qui orientent et guident les comportements des individus. Selon les promoteurs du postulat fonctionnaliste, les conflits concourent à la reproduction sociale, au maintien du lien social, à l'intégration sociale, bien mieux à la cohésion sociale.49(*) Ainsi les mécanismes pacifiques de résolutions des conflits en Afrique sont secrétés de la tradition négro-africaine. Il faut rappeler que cette Afrique qui a subi des mutations d'ordre religieux (avec l'Islam et le christianisme) et politique (avec la colonisation sous toutes ses formes « Indirect rule »- l'administration indirecte - et « direct rule »- l'administration indirecte) fondent ces mécanismes sur le respect mythique de l'Autorité coutumière titulaire d'un pouvoir magico-religieux. Ainsi la parole, l'action et l'allégeance au système politique du groupe d'appartenance ou de référence constituent les piliers de ces mécanismes. A titre d'exemple, la référence symbolique à la notion « arbre à palabre » suggère l'idée de discussion, de conversation, de dialogue, de partage chers à la civilisation négro-africaine. Selon le président-poète Léopold Sédar Senghor cité par Thierno Bah « l'esprit de cette civilisation, enraciné dans la terre et le coeur des noirs, est tendu vers le monde -être et choses- pour le comprendre, l'unifier et le manifester ».50(*) Dans la même perspective, Fabien Eboussi Boulaga relève « la recherche de la vie dans la paix ».51(*) L'on remarque l'existence de chefferies qui s'édifient en royaumes un peu partout en Afrique et en particulier en Somalie, en Côte d'Ivoire et en RDC.

Pour ne prendre que l'exemple des royaumes (Luba, Kuba, Lunda et Kongo) de la RDC, ces populations ont la particularité de ne pas connaitre la propriété privée. Aussi, la terre cultivée en groupe ne se vend. Les royaumes n'ont pas de frontières exactes. Les rois ou empereurs n'ont pas de véritable pouvoir. Ce sont plutôt les chefs de village qui ont de l'autorité. Les royaumes sont constitués d'unions temporaires de différends regroupements de villages de même langue. Il faut donc retenir que la stabilité des sociétés traditionnelles africaines était « garantie par des institutions, des pratiques et des rites qui garantissaient une certaine stabilité sociale et assuraient le règlement pacifique des conflits : la famille restreinte, noyau central pour l'éducation à la tolérance quotidiennement dispensée à travers les contes et proverbes ».52(*) Ce principe des mécanismes pacifiques de règlement des conflits peut permettre d'en apprécier la pertinence.

Paragraphe II : La pertinence des mécanismes pacifiques de résolution des conflits

Les mécanismes traditionnels de règlement pacifique des conflits réunissent un certain nombre d'éléments permettant leur mise en oeuvre. Il s'agit des acteurs, du contexte et d'un cadre dans lequel se déroulent les conflits en général. Les acteurs sont chargés dans un contexte bien déterminé de restaurer la paix entre les parties en conflits. Thierno Mouctar Bah les identifie sous la dénomination de « faiseurs de paix » pour désigner des personnalités dotées de qualités exceptionnelles en termes de sagesse, de pertinence, d'éloquence, de patience, de neutralité et de finesse d'esprit. Ils sont de grands négociateurs, des plénipotentiaires efficaces que l'on retrouve aussi bien en Côte, en Somalie qu'en RDC usant de procédés particulier selon le pays mais encrés et adaptés et authentiques à leur réalité socio-culturelle. Les procédés de règlement pacifique des conflits sont nombreux et divers et ont une forte propension au dialogue et à la réconciliation à travers la méthode des alliances matrimoniales, l'alliance à plaisanterie, la culture de la paix et de la tolérance dans une interaction symbolique, la notion de « démocratie pastorale » en Somalie axée sur le « Heer » - un droit coutumier- dont l'objectif n'est rien d'autre que de sauvegarder la cohésion sociale et de rétablir la paix par le biais de procédés complexes de régulation des différends et de l'exercice du pouvoir, la palabre qui est une véritable juridiction de la parole en Afrique Centrale. Ace niveau, Thierno Bah reconnait en substance que presque partout en Afrique la palabre est considérée comme un phénomène total dans lequel cohabitent la sagesse, la sacralité, le savoir des anciens, l'autorité ancestrale et dans une moindre mesure le mythe.

Dans la corne de l'Afrique, il existe des mécanismes pacifiques de règlement des conflits qui attirent de plus en plus l'attention des chercheurs en sciences sociales. « Arrarra » est le nom d'une institution chargée de régler des différends entre les voisins. Ainsi elle permet aux Karrayu vivant de part et d'autre de l'Ethiopie et de la Somalie de restaurer la paix. En situation conflictuelle, l'initiative revient à un corps de pacificateurs -« peace makers »- appelés communément Jarsotta Arrarra. Ils sont choisis parmi les ainés, les guides religieux, les « gaada » qui constituent une classe très influence sur les plans politique, idéologique et religieux. Selon Ayalew Gebre, en cas de conflit entre les groupes, donc entre les Karrayu et un autre groupe, il revient à l'une des deux parties de prendre l'initiative de la réconciliation. Quelque soit le groupe qui en prend l'initiative, les Jarsotta vont envoyer un message collectif en guise d'invite à la réconciliation. C'est ainsi qu'une rencontre est organisée pour trouver une solution au litige.53(*)

Chez les Akan en Côte d'Ivoire, des mécanismes similaires sont utilisés pour restaurer la paix. C'est le cas des mécanismes adjoukrou des Akan qui impliquent des médiateurs neutres et fiables. Ils comportent selon l'historien sénégalais, Djibril Samb, trois aspects essentiels d'ordre « juridictionnel et moral : réunis en juridiction ad hoc, les médiateurs s'efforcent d'obtenir le pardon de la partie lésée ; politique : les rectifications utiles sont effectuées notamment en ce qui touche aux délimitations territoriales ; religieux : serment de paix et festivités de retour à la paix. »54(*)

La richesse de la tradition africaine offre une large variété de procédures de négociation dans l'objectif final de parvenir à la réconciliation, au pardon et à l'institution de la paix. Voila ce qui fait la pertinence des mécanismes pacifiques de résolution des conflits. Toutefois d'autres mécanismes contraignants existent pour résoudre les conflits.

Section II : Les mécanismes violents de résolution des conflits

Autant les mécanismes traditionnels de règlement pacifique des conflits ont permis de résoudre certains conflits nationaux et internationaux, autant ils en existent d'autres qualifiés de violents compte des principes, méthodes et fonctions plus ou moins différents. A ce niveau, il faut reconnaitre que les mécanismes pacifiques ne sont pas exhaustifs encore moins effectifs pour couvrir l'ensemble des mécanismes traditionnels de résolutions des conflits : d'où l'intérêt d'analyser les mécanismes violents sous deux angles. A cet effet, l'accent sera mis sur la portée de mécanismes violents d'une part (Paragraphe I) et leurs limites face aux mutations sociales (Paragraphe II).

Paragraphe I : la portée des mécanismes violents de résolution des conflits

La violence est une alternative à la négociation pour pacifier les relations entre les hommes. La notion de violence a connu une force évolution dans le temps et dans l'espace. Du point de vue étymologique, elle vient du latin « violencia ». En 1215, parler de la violence renvoyer à « l'usage de la force ». Plus tard en 1538, faire violence signifie agir sur quelqu'un ou le faire agir contre sa volonté, en employant la force ou l'intimidation.55(*)

Aujourd'hui, l'on distingue plusieurs formes de violence dont il convient de retenir les violences physiques, morales, socio-culturelles et psychologiques. Ainsi les mécanismes violents de règlement des conflits renvoient à un certain de principes dont l'objectif visé est de trouver une entente durable et stable entre les différentes parties. Le sage africain avait raison de dire que « celui qui refuse d'avaler l'aiguille dans la maison acceptera d'avaler un tronc d'arbre en place publique ». A l'instar des autres types mécanismes traditionnels, les mécanismes violents obéit à une certaine procédure allant d'une sphère réduire à une sphère large, donc de la maison à la place publique. C'est ainsi que l'on faisait parfois recours aux « razzias » pour calmer les esprits et favoriser la stabilité des entités politiques traditionnelles. Ces pratiques se sont beaucoup développées dans la vallée du fleuve Sénégal entre les Maures de Trarza et les riverains sénégalais.

Par ailleurs, il faut convenir que le règlement violent de conflits se fait généralement par le biais de la récapitulation d'une des parties. A cet effet, Younouss Diédhiou souligne l'existence d'autres modes de règlements violents des conflits.

Ils reposent essentiellement sur le principe de la vengeance. Il s'agit d'une part de sauver l'honneur de la partie lésée. Sur ce, la tradition négro-africaine légitime l'obligation d'un groupe social offensé de se faire justice. En ce sens, Maurice E. David cité par Y. Diédhiou rapporte que si l'homme concerné ne s'acquitte pas de son devoir, « les vieilles femmes l'accableraient de leurs sarcasmes, s'il était célibataire, aucune fille ne lui parlerait ; s'il avait des épouses, toutes l'abandonneraient ; sa mère geindrait et se lamenterait d'avoir donné le jour à un fils ainsi dégénéré. Son père le traiterait avec mépris, et il serait en butte au dédain public ».56(*)

Il y a plusieurs types de vengeance parmi lesquels il faut retenir la vengeance contrôlée, la vengeance démesurée et la vengeance délicate ou impossible. En fait, la vengeance pose un problème d'application pour certaines sociétés de l'Afrique Orientale. En Ethiopie, les Gamo jugent la vengeance très dangereuse pour plusieurs raisons : « si deux individus, deux groupes, se trouvent en conflit, ils recourront successivement à des arbitres et à la justice des Assemblées de District, qui peuvent ostraciser le coupable. En cas de meurtre opposant des lignages distincts, leurs membres doivent s'éviter jusqu'à ce que le meurtrier qui peut dés lors être mis à mort par n'importe qui, prenne la fuite. ».57(*) Une occasion de réconciliation est possible dans la mesure où les parents sont d'accord à la tenue en général d'Assemblées de District. Le procédé est de sacrifier à cet effet un animal que l'on dépèce. Le meurtrier et le plus proche parent de la victime passent à travers un trou fait dans la peau pour symboliser leur reconnaissance à un ordre nouveau.58(*) En Somalie voisine, le djihad est utilisé comme un mécanisme parfois violent de recherche de la stabilité. C'est ainsi que les tribunaux islamiques de la Somalie avaient lancé en 2006 une offense contre l'Ethiopie. Dans ce même pays, la piraterie est érigée en un mécanisme de vengeance du pillage des côtes somaliennes.

Chez certains groupes sociaux ivoiriens, plus particulièrement chez les Anyi Ndenye, c'est l'alliance sacrificielle qui prévaut pour consacrer la paix.59(*)

Donc l'intérêt visé à travers la violence est de restaurer la paix et la stabilité entre les groupes en évitant le stock de frustrations, de haines, de rancunes pour libérer les énergies et favoriser la confiance mutuelle et la sécurité individuelle et collective.

Toutefois, il faut reconnaitre avec Edouard Matoko que « ces mécanismes n'évitaient l'éruption de conflits, parfois de manière violente dégénérant en guerre et rappelant les conflits actuels. » 60(*): d'où l'importance de relever quelques limites.

Paragraphe II : Les limites des mécanismes violents de résolution des conflits

Les limites des mécanismes violents de résolutions des conflits se constatent à un double niveau. Premièrement, il s'agit du caractère local des mécanismes violents. En général, ce sont des mécanismes auxquels on fait recours pour résoudre et régler quelques litiges entre des groupes sociaux. C'est le cas des groupes Abrade et Akye en Côte d'Ivoire. Donc les mécanismes utilisés par ces groupes leur sont propres et particulier. Principalement, les limites de ces mécanismes violents résident en ce qu'il est quasi impossible de les appliquer à un vaste groupe social, au niveau national et continental.

Pratiquement, les mécanismes traditionnels quelque soit la société concernée ne sont pas effectifs et exhaustifs. Il y a toujours quelques ethnies, tribus ou clans qui déploient des stratégies adaptées à leurs réalités socio-culturelles locales.

Deuxièmement, le phénomène de la modernisation des sociétés négro-africaines constitue une limite au recours à des mécanismes traditionnels de résolution des conflits. C'est avec la colonisation que l'Afrique a rompu progressivement avec les valeurs ancestrales de préservation de la cohésion sociale pour embrasser de nouveaux mécanismes dits modernes.

Certes les sociétés traditionnelles africaines avaient « élaboré des codes et des procédures de prévention des conflits internes »61(*) mais il faut reconnaitre que ceux-ci étaient basés plus sur l'oralité que sur l'écriture. C'est ainsi qu'après la colonisation, l'on assiste à l'élaboration de codes écrits pour gérer le foncier et les relations entre particuliers.

Chapitre II : Les mécanismes modernes de résolution des conflits

Il existe en réalité de mécanismes modernes d'ordre politique et juridique de résolution des conflits en Afrique. C'est ainsi que l'on recourt généralement au droit interne des Etats comme au droit international suivant l'ampleur du conflit.

Sur le plan politique, il y a la négociation diplomatique qui consiste au regard du droit international en une discussion entre les différentes parties pour converger les points de vue et parvenir à un accord dûment consenti. La médiation en tant que mécanisme politique est un mode de solution pacifique des conflits caractérisé par l'intervention d'une tierce personne. Elle tend vers la conciliation des parties en conflit.62(*) La procédure de la conciliation est institutionnalisée au niveau de l'Union Africaine (UA). L'institution continentale possède un organe dénommé Commission de Médiation, de Conciliation et d'Arbitrage.63(*)

Sur le plan juridique, il existe une procédure juridictionnelle matérialisée par le principe de l'arbitrage. Un tribunal dont les trois membres sont issus de la Commission de Médiation et d'Arbitrage est institué conformément aux principes de la Charte de l'Organisation de l'Unité Afrique (OUA) et de l'ONU. Ainsi l'objectif visé à travers ce chapitre est d'étudier l'intervention de l'ONU (Section I) et des organismes régional et sous-régional de résolution des conflits en RDC, en Côte d'Ivoire et en Somalie (Section II)

Section I : L'intervention de l'ONU dans la résolution des conflits

Née des conséquences désastreuses de la deuxième guerre mondiale, l'Organisation Universelle (ONU) consacre ce qu'il convient d'appeler la Charte des Nations Unies pour le maintien de la paix dans le monde. Cette charte inaugure le règlement pacifique des conflits entre les Etats. Il s'agit d'un principe politico-juridique fondamental dans les Relations Internationales. Avant d'analyser la mise en oeuvre des mécanismes de résolution pacifique des différends entre les acteurs des relations internationales, en particulier les Etats (Paragraphe II), il serait nécessaire de dégager le fondement de ces mécanismes dans le maintien de la paix (Paragraphe I)

Paragraphe I : Les mécanismes de l'ONU dans le maintien de la paix 

Le principe de l'obligation du règlement pacifique des conflits est consacré légalement par la Charte des nations Unies et certaines résolutions déclaratoires dont la déclaration de manille.

Aux termes de l'article 2 § 3, il est mentionné que :

Les membres de l'Organisation règlent leurs différends internationaux par des moyens pacifiques de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soient mises en danger.

En effet, cette disposition qui érige en règle juridique l'obligation des Etats à négocier pour trouver une solution à leur problème prévoit les objectifs de cet article qui sont au nombre de deux (2). Le premier objectif postule la préservation de la paix et de la sécurité internationale de tout danger allant dans le sens de les affecter, de les troubler. Par contre, le second objectif exige expressément que la justice soit respectée et prise intégralement en considération.

Cet article 2 § 3 plus ou moins flou est bien précisé par les dispositions de l'article 33 de la même charte de l'ONU comme mentionné ci-dessus.

Article 33 :

1. Les parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation, d'enquête, de médiation, de conciliation, d'arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d'autres moyens pacifiques de leur choix.

2. Le conseil de sécurité, s'il le juge nécessaire, invite les parties à régler leur différend par de tels moyens.

Il faut dire à propos de cet article 33 plus précis que l'article 2 §3 que l'obligation y est définie de manière contraignante.

Cependant il ne faut pas perdre de vue que les Etat parties à un litige peuvent inventer un mode original de règlement non prévu par l'article 33 §1. Celui-ci reconnait la primauté de la volonté des Etats à choisir librement les moyens qui leur conviennent pour régler de manière pacifique leur différend. Ce principe « du libre choix des moyens » s'applique à tous les domaines du droit international. Une nuance s'impose quant à l'obligation prévue à l'article 33§1 concernant son champ d'application. L'article 33 §1 n'a pas pour vocation de réglementer les méthodes de règlement des différends, mais seulement ceux d'entre eux qui, s'ils duraient, menaceraient la sécurité internationale.

Au finish, l'article 33 §2 consacre une compétence particulière au conseil de sécurité pour dire très clairement que le conseil de sécurité ne peut pas contraindre les Etats mais seulement les invite à négocier. Cet article compte tenu de son imprécision pour une application concrète a besoin d'être complété. C'est pourquoi, l'Assemblée générale des nations Unies a pris deux résolutions dont la première est la « déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les Etats conformément à la charte des Nations Unies » et la seconde «  la résolution 370 du 15 décembre 1982/ déclaration de manille sur le règlement pacifique des différends internationaux ».

Par ailleurs, le contenu du principe du règlement pacifique des différends est tel qu'il est interdit de régler les différends par des moyens non pacifiques. L'accent est mis sur l'obligation de négocier sur l'objet du conflit et de choisir librement les moyens par lesquels on peut accéder aux objectifs attendus. 

Concernant les modalités de règlement pacifique des conflits, il faut ajouter à la négociation internationale le règlement avec l'aide d'un tiers sans pouvoir juridictionnel qui se décline en deux procédés. Les procédés interétatiques sont le domaine de la conciliation, des bons offices et de la médiation. Les procédés originaux inventés par le droit international par l'intermédiaire de l'ONU et de toutes les organisations régionales qui disposent de mécanismes institutionnels en matière de règlement pacifique des différends. Il y a enfin le règlement par une juridiction internationale (arbitrage international et juridictions internationales permanentes) et la pratique des Etats souverains de conclure des accords.

Paragraphe II : La mise en oeuvre des mécanismes de l'ONU dans le maintien de la paix

La mise en oeuvre des mécanismes de l'ONU a permis de résoudre beaucoup de conflits en Afrique. En particulier la Côte d'ivoire, la Somalie et la RDC ont bénéficié de l'intervention plus ou moins réunies des nations Unies dans le cadre du maintien de la paix.

La Somalie est l'un des premiers africains à connaitre l'intervention de l'ONU avant même les indépendances. Aux termes du traité de paix de 1947, la puissance coloniale italienne renonça à ses possessions africaines. La responsabilité de ces colonies est confiée aux Alliés dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'URSS). L'année suivante, les Alliés n'ayant pu trouver un accord porte l'affaire devant l'Assemblée générale des nations Unies. Ce n'est qu'en 1949 qu'elle accorde l'indépendance à la Somalie Italienne sous condition d'une tutelle de l'ONU pour une période dix ans. Après des années « d'autoritarisme dur » pour reprendre une expression de Daniel Bourmaud et d'instabilité politique et sociale, une force internationale de maintien de la paix dénommée Opération des Nations Unies pour la Somalie (ONUSOM) débarque à Mogadiscio. Toutefois, les combats continuent sur le terrain et les victimes se multiplient à cause du comportement violent d'une fraction des casques bleus. L'échec des négociations avec notamment les factions du Président Aïdid poussent les intervenants français et américains à quitter le pays laissant sur place l'ONU qui réduit ses actions à la seule aide humanitaire. Aussi les casques bleus se retirent en mars 1995 la Somalie dans un processus de paix extrêmement délicat.

Le conflit local somalien est une menace mondiale vue l'intensité du phénomène de la piraterie. L'opération « Atlanta » placée sous commandement britannique est initiée par l'Union Européenne (UE) pour combattre la piraterie. La mission européenne prendra donc le relais de la mission onusienne.

A l'instar de la Somalie, la RDC a connu dés les premières années de l'indépendance les bons offices de l'institution Universelle pour le maintien de la paix. La RDC, appelée à ce moment Zaïre, était en proie à la guerre civile. Ainsi pour la contrecarrer, le conseil de sécurité autorise l'ONU à recourir à la force. Les forces de l'ONU contrôlent l'année suivante Elisabethville (appelée aujourd'hui Lubumbashi), fief de Moise Tschombé déchu. Après le retrait des armées étrangères (rwandaise, ougandaise, angolaise, namibienne et zimbabwéenne) en 2000, le processus de paix et de réconciliation nationale sous l'égide de la Mission de l'Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC) connait une avancée considérable surtout en décembre 2002 avec l'accord de Pretoria en Afrique du Sud.

Contrairement aux deux autres pays, la Côte d'Ivoire a vécu depuis son indépendance en août 1960 une stabilité politique et sociale rare en Afrique. Ainsi nombreux sont les chercheurs qui datent l'intervention onusienne de la crise de 2002. L'ONU a intervenu dans un contexte d'affrontement de deux forces armées antagonistes, à savoir les Forces Armées Nationales de la Côte d'Ivoire -FANCI- (forces officielles du pays appelées également loyalistes) et les Forces Armées des Forces Nouvelles -FAFN- qui regroupent les forces de la rébellion.

Pour restaurer la paix, l'ONU envoie les forces de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Elles sont secondées par les forces françaises : le 43e BIMa et les troupes envoyées dans le cadre de l'opération Licorne et sous mandat de l'ONUCI. D'autres forces aussi sont sous mandat de l'ONU : il s'agit des soldats de la CEDEAO et des casques bleus. Ainsi plusieurs résolutions du conseil de sécurité ont été votées dont « la dernière en date est la résolution 1584 (7 février 2005) visant à accompagner la Côte d'Ivoire dans ses efforts de recherche de la paix et de la sécurité »64(*). Compte tenu des dégâts humains et matériels, une liste d'une centaine de personnalités ivoiriennes auteurs de violations des droits de l'homme et de crimes odieux a été dressée par les Nations Unies et soumise à l'appréciation du procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI).

Force est de constater que l'ONU ne ressemble en rien à ce qu'elle devrait être. Incapable de restaurer la paix dans le monde et plus particulièrement en Afrique subsaharienne, cette institution universelle a atteint aujourd'hui toutes ses limites. Son intervention en Somalie a été un échec total et jusqu'à présent il n'y a pas d'Etat en tant que tel : le pays a perdu sa souveraineté territoriale pour une anarchie devenue chronique. En RDC, l'ONU est dénoncée pour « sa mollesse ». Le peuple congolais est victime de l'injustice de l'ONU qui est complice de l'occupation et de l'agression de son territoire par le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. Ses résolutions ostentatoires (no 1234 et 1304) sont rangées dans les tiroirs sans aucune suite. Cette institution, il faut le dire clairement n'est pas au service de la paix mais plutôt aux services des intérêts américains.

Toutefois, il y a lieu de remarquer une certaine subordination de principe entre l'ONU et les organismes africains de résolution des conflits.

Section II : L'intervention de l'Union Africaine (UA) et des organismes sous- régionaux

Le chapitre VIII de la charte des Nations Unies pose clairement le principe de subordination entre l'ONU et les organises régionaux. En effet, les accords et les organismes régionaux sont intégrés dans la structure et les activités de l'Organisation mondiale en vue de maintenir la paix et la sécurité internationales. Cependant il se pose un problème de répartition des compétences entre l'ONU et les organisations régionales. Pour pallier ces zones d'ombre trois articles du chapitre VIII traitent des rapports entre les organismes. Plus précisément, c'est l'article 52 de la Charte des Nations Unies qui réglemente leurs rapports dans le cadre du maintien de la paix. Les dispositions de cet article suggèrent deux faits important concernant les rapports entre l'Organisation Universelle et les organismes africains, à savoir l'UA et les organismes sous-régionaux : d'un côté, il y a une volonté de défiance à l'égard des organismes ; d'un autre côté, l'on note une subordination de principe de ces accords et de ces organismes régionaux au conseil de sécurité de l'ONU.65(*) Compte tenu de ces considérations, l'intervention de l'UA (Paragraphe I) et des organismes sous-régionaux dans la résolution des conflits reste à bien des égards visible (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les modes d'intervention de l'UA

L'OUA a toujours inscrit au centre de ses préoccupations la nécessité d'éradiquer les conflits pour promouvoir la démocratie et le développement durables. C'est ainsi que le Secrétaire Général de l'OUA, Salim Ahmed Salim, a présenté un projet de Déclaration à la 29ème session de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de juin 1993, sur la création au sein de l'OUA d'un « Mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits » adopté à l'unanimité. Ce mécanisme est un organe permanent, un « organisme politique » de l'OUA avec un Organe Central sur la base du principe de la représentation régionale et de la rotation, ce qui le différencie fondamentalement de la commission de médiation, de conciliation et d'arbitrage.

L'un des objectifs prioritaires de ce mécanisme est de prévoir et de prévenir les conflits pour faire de lui un instrument efficace au service de la « diplomatie préventive ». Ses décisions sont exécutées par le secrétaire Général et le secrétariat avec un fonds spécial alloué pour la paix. Cependant malgré les résultats plus ou moins satisfaisants au cours de ses deux années d'activités, la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de juin 1995 a jugé nécessaire que l'OUA se consacre à la prévention des conflits pour laisser à l'ONU le soin de s'occuper du maintien de paix. Toutefois la Conférence demande au Secrétaire général d'étudier la possibilité pour l'institution continentale de disposer d'un autre mécanisme de maintien de paix complémentaire de celui de l'ONU. Ainsi l'OUA a affiché clairement sa position par rapport à certaines initiatives dans la mesure où les gouvernements africains ont reconnu la nécessité d'une intervention collective au service de l'ONU en cas d'aggravation des conflits. Elle a participé aux initiatives des pays occidentaux de maintien de la paix en Afrique notamment les initiatives britannique, française, américaine et l'initiative de l'UE. Malgré les nombreuses initiatives en Afrique, la déception est encore grande et révèle que l'Afrique en a récolté plus de misères que de solutions.

Les expériences en RDC, en Somalie, au Rwanda et au Burundi pour ne citer que ces quelques pays africains montrent que l'OUA et ses Etats membres ne peuvent exclusivement compter sur cette ONU aujourd'hui instrumentalisée par quelques grandes puissances occidentales soucieuses de préserver leurs intérêts dans les pays africains en situation de conflits. L'Organe Central du Mécanisme de l'OUA estimait qu'il est du devoir de l'Afrique de préciser les paramètres qui doivent régir les initiatives.

Le début du XXI est espoir pour la modernisation de l'organisation continentale qui devra se doter de mécanismes d'intervention efficaces et pragmatiques sur le sol africain pour mettre fin à la crise chronique qui gangrènent et fragilisent les sociétés négro-africaines.

Djibril Samb préconise que « le moyen le plus approprié serait l'institution de mécanismes d'alerte ou de veille ayant une implantation régionale, c'est-à-dire relevant fonctionnellement et hiérarchiquement de l'organisme régional (UA) de manière à couvrir tout le continent »66(*) dans la même perspective, faudrait renforcer davantage les capacités de maintien de la paix en Afrique par le biais de la coopération comme c'est le cas avec le programme de Renforcement des Capacités africaines de Maintien de la Paix (RECAMP). C'est ainsi qu'il a été créé en mai 2004, après la mutation de l'OUA en UA, le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits.

L'UA a été présente en Côte dés le début de la crise en septembre 2002. Elle a participé au processus de paix en RDC et à la Somalie. Cependant la présence de la Mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM) n'a pas permis de restaurer la paix face aux exactions de la milice radicale Chabaab et du Hezb Al Islam contre le gouvernement de transition de Cheikh Chérif Cheikh Ahmed. A l'instar de la RDC jusqu'à l'arrestation du général dissident tutsi Laurent Kunda et de la Côte d'Ivoire (2002-2008), la Somalie vit encore l'anarchie et l'insécurité totale avec «  des exécutions publiques, attentats, assassinats (...) ».67(*)

Ces exemples parmi tant d'autres montrent toutes les limites de cette UA secouée par le débat contradictoire entre maximalistes (les fédéralistes) et les minimalistes (appelés encore gradualistes pour avoir refusé la fédération immédiate).

Paragraphe II : Les modes d'intervention des organismes sous-régionaux africains

Nombreuses sont les organisations sous-régionales de l'Afrique qui ont participé à la résolution des conflits du ressort de leur compétence territoriale.

En Afrique occidentale, la CEDEAO a connu une forte évolution intégrant une gamme variée de domaines d'intervention sur le plan économique, politique et sécuritaire. C'est ainsi qu'elle a mis sur pied des mécanismes sous-régionaux de règlement des conflits et de préservation de la paix parmi lesquels il faut citer l'ECOMOG (Groupe d'Observation Militaire de la CEDEAO) qui a intervenu en Côte d'Ivoire. Un peu partout en Afrique, des initiatives de maintien de paix de ce genre se manifestent au niveau de la Communauté de Développement de l'Afrique du Sud (SADC), de la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) avec des institutions comme le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale (COPAX). Créé par la décision numéro 001 du 25 février 1999, le COPAX apparait comme un organe de concertation politique et militaire en matière de promotion, de maintien et de la consolidation de la paix. Il est constitué d'organes dont la Commission de Défense et de Sécurité (CDS) et le Mécanisme d'Alerte Rapide en Afrique Centrale (MARAC).

En Afrique orientale, le règlement du conflit sous l'égide de l'Autorité Intergouvernementale pour le Développement de l'Afrique de l'Est (IGAD). C'est ainsi qu'en octobre 2002, des pourparlers de paix inter somaliens sont organisés au Kenya voisin sous l'initiative de l'IGAD. Ils on abouti en 2004 à un accord de formation d'un Parlement et d'élection d'un Président (Abdoul Youssouf Ahmed).Néanmoins, l'UTI dérouté les Chefs de guerre et s'empare de Mogadiscio. Elle est soutenue par l'Erythrée au moment où l'Ethiopie accompagne le gouvernement de transition. Jusqu'à présent malgré les quelques efforts de l'IGAD, la Somalie peine à restaurer l'autorité politique intégrale de l'Etat en tant que tel.

Il en est autrement à la RDC sévit dans un conflit régional qui perd son ampleur grâce aux actions de la communauté internationale68(*) . Les négociations avec les groupes d'opposition ont abouti à la réconciliation nationale et à l'organisation d'élections contrairement à ce qui se passe en Côte d'Ivoire. Dans la poursuite du processus de démocratisation de la RDC, le Président Joseph Kabila a promu en 2003 un gouvernement d'union nationale. Sur le plan juridico-institutionnel, l'adoption de la constitution le 17 février 2006 a permis d'organiser les élections législatives et présidentielles de 2006 à l'aide d'une Commission Electorale Indépendante (CEI).

Le cas ivoirien assez particulier a fait l'objet d'un long et large processus de négociation impliquant les acteurs nationaux (partis politiques, groupes de rebelles et autorités coutumières et religieuses) et internationaux (CEADEA et la France). Ils ont usé de tous les moyens légaux pour le retour de la paix à travers surtout des Accords (de Marcoussis, d'Accra, d'Ouagadougou, de Pretoria entre autres) qui constituent la phase de réconciliation nationale. Ce n'est que le 10 novembre 2008 la 4ème Réunion du Cadre Permanent de Concertation (CPC) de l'Accord Politique d'Ouagadougou (APO) a mis fin à la crise ivoirienne constatant l'impossibilité d'organiser les élections le 30 novembre initialement prévu.

Conclusion Générale

A la lumière de la réflexion menée sur la problématique du phénomène de la conflictualité dans les trois pays africains que sont la Côte d'Ivoire, la Somalie et la RDC, l'on constate clairement qu'il existe une variété de causes et de mécanismes de résolutions.

En effet, les causes des conflits sont d'ordre historique, idéologique, socio-culturel, socio-économique et politique. En ce sens que la colonisation, la guerre, les traditions et valeurs africaines endogènes déstructurées par les différents systèmes de l'administration coloniale, les pratiques politiques et économiques teintées de néopatrimonialisme, l'ingérence des puissances étrangères dans les affaires intérieures des Etats souverains sont autant de facteurs ayant entrainé à des degrés différents l'instabilité en Afrique.

C'est ainsi que deux types de mécanismes de résolution des conflits ont été préconisés pour restaurer et consolider la paix dans les différentes sous-régions africaines soucieuses du développement économique et social. Il s'agit des mécanismes traditionnels et des mécanismes modernes de résolution des conflits. Les mécanismes traditionnels sont généralement des instruments locaux propres à certains groupes sociaux leur permettant de vivre en paix grâce à un système d'organisation sociale basé sur des principes d'alliances, d'affection interethnique ou intra ethnique, de solidarité et de volontarisme tel que théorisé par Ernest Renan. Le caractère local et la modernisation des sociétés africaines qui s'inspirent de plus en plus des valeurs occidentales de liberté, de démocratie et de promotion des droits de l'homme et du citoyen limitent fondamentalement ces mécanismes traditionnels au profit des mécanismes modernes de résolution des conflits dans les trois pays cités.

Il faut cependant rappeler que ces pays localisés dans des sous-régions différentes n'ont pas la même réalité conflictuelle tant du point de vue historique que du point de vue fonctionnel. Le conflit ivoirien contrairement à la situation conflictuelle des deux autres pays est récent (crise de septembre 2002) tandis celui de la RDC date des premières années de l'indépendance du pays comme. Le cas du conflit somalien qui perdure encore remet en cause l'existence même de l'Etat malgré les interventions de la communauté internationale.

Références bibliographiques

I. Ouvrages

1. Annan, Koffi. « Rapport sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique ». New York, ONU, 1998.

2. Antonio, Torenzano. L'imbroglio somalien : historique d'une crise de succession. Edition Harmattan, 1995,122p.

3. Badie, Bertrand et Hermet, Guy. Politique Comparée. Edition Armand Collin, Paris, 2001, pp188-191

4. Bamba, kassimi et Adou, Kévin (Dir.). Côte d'Ivoire : chronique d'une crise (2002-2008). Edition du CERAP, Abidjan 2008.

5. Bedoum, Allassoum Les conflits en Afrique en Afrique Centrale: un défi pour le PNUD. United Nations Development Programme Oslo Governance Centre, décembre 2003, 39p.

6. Cot, Jean-Pierre et Pellet, Alain. La Charte des nations Unies. 2ème édition, Economica, Paris.

7. Dagrou, Théodore. Comprendre le code foncier rural de la Côte d'Ivoire. 2ème édition revue et augmentée, Rat Mat, Abidjan, 2007,183p.

8. Le nouveau Petit Robert 2010 de la langue Française (60 000 mots). Nouvelle édition millésime 2010,2837p.

9. Earle, Edward Mead. Les maîtres de la stratégie. Edition Flammarion, Paris, 1986.

10. Jacquet, Pierre. Afrique contemporaine : Afrique et développement. Edition De Boeck, 2008, 185p.

11. Thual, François. Géopolitiques au quotidien. Institut des Relations Internationales et stratégiques, Paris 1993.

12. Thual, François. Les conflits identitaires. Edition marketing, 1995,191p.

13. Traoré, Aminata. Lettre au Président des Français à propos de la Côte d'Ivoire et de l'Afrique en général. Librairie Arthème Fayard, 2005,182p.

14. Zartman, I.W. La résolution des conflits en Afrique (Traduit de l'Anglais). Edition Harmattan, Paris, 1990.

II. Documents officiels

1. Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité de la CEDEAO.

2. Protocole d'Accord de coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité entre l'UA et les Communautés Economiques Régionales et les mécanismes de coordination des brigades régionales en attente de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique du Nord

3. Protocole relatif à la Commission de Médiation, de conciliation et d'Arbitrage de l'UA.

4. La résolution 2625 (XXV) du 24 octobre 1970 portant Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les Etats conformément à la Charte des nations Unies.

5. La résolution 3710 (XXXVII) de décembre 1982 portant Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux.

III. Mémoires, Articles, Revues et entretiens

6. Jean-François Médard. Revue internationale de politique comparée, volume13 No4, 2006.

7. Jeune Afrique hors-série No24. L'Etat de l'Afrique 2010,170p.

8. Samb, Djibril. Conflits et crises en Afrique : étiologie, typologie, symptomatologie, prévention et résolution. Leçon inaugurale de l'Amphi de rentée UGB, Saint-Louis 2007/2008.

9. Bakary Fouraba Traoré. Coopération institutionnelle au service de la gestion des conflits liés à l'eau à Bafoulabe au Mali : la diplomatie locale à l'épreuve du temps. (Article à paraitre) in First Regional Conference, Peacemaking in West Africa: historical Methods and Modern Applications, December 12-15, 2009, Dakar.

10. Entretien avec Son Eminence Ahmedou Ould Abdallah, Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Somalie et ex représentant du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest les 13-14 décembre 2009 à Dakar/Sénégal.

11. Entretien avec Son Eminence Moustapha Niasse, Jurisconsulte, Ancien Premier Ministre du Sénégal et ancien Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la RDC le 19 décembre 2009 à Dakar/Sénégal.

12. Entretien avec le Dr. Cheikh Tidjane Gadio, Ancien Ministre d'Etat, Ministre des Affaires Etrangères du Sénégal le 15 décembre 2009 à Dakar/Sénégal.

13. Actes du Colloque d'Abengourou sur « Conflits régionaux et indépendances nationales en Afrique : le cas de l'Afrique de l'ouest sous la direction de Pierre Kipré en Mars 2010 (A paraitre).

14. Issiaka Prosper Laléyê. « Comment meurent les cultures ? Interrogations philosophico-anthropologique sur le concept de génocide culturel », in Collection de droit international, Katia Boustany et Daniel Dormoy (dir.) publication du Réseau Vitoria, Editions de l'université de Bruxelles, 1999.

15. Jeune Afrique numéro 258 du 20 au 26 juin 2010, 98p.

16. Entretien avec S.E Moustapha Niasse, ancien Représentant Spécial du Secrétaire Général de l'ONU à la RDC le 19 décembre 2009 à Dakar.

17. Entretien avec S.E Ahmedou Ould Abdallah, Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Somalie, ancien Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies à l'Afrique de l'Ouest, ancien Représentant Spécial des nations Unies pour le Burundi et Président de la Commission mixte Cameroun/ Nigéria pour une mise en oeuvre pacifique de la décision de la Cour Internationale de Justice relative au différend territorial entre les deux Etats le 14 décembre 2009 à Dakar.

18. Diédhiou, Younouss. Les mécanismes traditionnels de règlement des conflits en Afrique : l'exemple du Sénégal et du Cameroun. Mémoire de Master en Sciences juridiques et politiques à l'UCAD, 2007-2008, 69p.

IV. Webographie

19. www.unesco.org

20. www.un.org

21. Encarta2009.

Table des matières..................................................................Pages

Dédicace............................................................................. 2

Remerciements......................................................................3

Sigles et abréviations............................................................. 4

Introduction :....................................................................... 7

Première Partie : Les causes du phénomène de la conflictualité..........14

Chapitre I: Les causes socio-historiques........................................... ..15

Section I : L'impact de la colonisation.................................................16

Paragraphe I: Le découpage arbitraire né de la colonisation................... .16

Paragraphe II : La rivalité nées de la colonisation.................................17

Section II : L'impact de la guerre froide............................................19

Paragraphe I : Le fondement idéologique...........................................19

Paragraphe II : Le ralliement idéologique ........................................ .20

Chapitre II : Les causes socio-culturelles..........................................22

Section I : L'ethnie et ses variantes..................................................22

Paragraphe I : La notion d'ethnie...................................................23

Paragraphe II : L'ethnie comme facteur de conflit...............................23

Section II : Le phénomène religieux..............................................25  

Paragraphe I : L'instrumentalisation du fait religieux...........................25

Paragraphe II : La particularité de la Somalie......................................26

Chapitre III : Les causes socio-économiques et politiques.......................27 

Section I : Sur le plan socio-économique...........................................28

Paragraphe I : La richesse comme source de conflit..............................28

Paragraphe II : La pauvreté comme source de conflit....................................31

Section II: Sur le plan socio-politique......................................................33

Paragraphe I : Au niveau interne..............................................................33

Paragraphe II : Au niveau externe............................................................

Deuxième Partie :Les mécanismes de résolution des conflits ............................38

Chapitre I : Les mécanismes traditionnels de résolution des conflits.........................39

Section I : Les mécanismes pacifiques de résolution des conflits...............................39

Paragraphe I : Le principe des mécanismes pacifiques................................................40

Paragraphe II : Les limites des mécanismes pacifiques...............................................41

Section II : Les mécanismes violents de résolution des conflits..............................42

Paragraphe I : La portée des mécanismes violents.....................................................43

Paragraphe II : Les limites des mécanismes violents.................................................45

Chapitre II : Les mécanismes modernes de résolution des conflits ........................45

Section I : L'intervention de l'ONU dans la résolution des conflits ....................46

Paragraphe I : Les mécanismes de l'ONU dans le maintien de la paix ..................46

Paragraphe II : La mise en oeuvre des mécanismes de maintien de la paix............48

Section II : L'intervention de l'UA) et des organismes sous- régionaux...............50

Paragraphe I : Les modes d'intervention de l'UA...................................................51

Paragraphe II : Les modes d'intervention des organismes sous-régionaux africains..53

Conclusion..................................................................................................................55

Bibliogaphie..............................................................................................................57

Table des matières....................................................................................................61

* 1 Jeune Afrique hors série No 24. L'Etat de l'Afrique 2010, p18.

* 2 Antonio Torrenzano. L'imbroglio Somalien : Historique d'une crise de succession. Edition Harmattan, 1995, p11.

* 3 François Thual. Géopolitiques au quotidien. Institut des Relations Internationales et Stratégiques, Paris 1993, p197.

* 4 Idem.

* 5 Op.cit. François Thual, pp140-141.

* 6 Idem.

* 7 Gérard Cornu. Lexique des termes juridiques. Association Henry Capitant. Vol.1, Presses Universitaires françaises, 1987.

* 8 Le nouveau Petit Robert de la langue française 2010, p 504.

* 9 Djibril Samb. Conflits et crises en Afrique : étiologie, typologie, symptomatologie, prévention et résolution. Leçon inaugurale de l'Amphi de rentée UGB, Saint-Louis 2007/2008.

* 10 Bertrand Badie et Guy Hermet. Politique Comparée. Edition Armand Collin, Paris, 2001, pp188-191.

* 11 Ibidem.

* 12 Ibidem.

* 13 Op.cit. Bertrand Badie et Guy Hermet, pp202-204.

* 14 Op.cit. Djibril Samb.pp1-2.

* 15 Op.cit.Djibril Samb, pp1-2.

* 16 Actes du Colloque d'Abengourou sur « Conflits régionaux et indépendances nationales en Afrique : le cas de l'Afrique de l'ouest sous la direction de Pierre Kipré.

* 17 18 Op.cit.Djibril Samb, p5.

* 19 Op.cit.Djibril Samb, p3.

* 20 Jeune Afrique numéro 258 du 20 au 26 juin 2010, p3.

* 21 Entretien avec S.E Moustapha Niasse, ancien Représentant Spécial du Secrétaire Général de l'ONU à la RDC.

* 22 Op.cit. Antonio torrenzano.p11.

* 23 Op.cit. Antonio torrenzano.p 96.

* 24 Issiaka Prosper Laléyê. « Comment meurent les cultures ? Interrogations philosophico-anthropologique sur le concept de génocide culturel », in Collection de droit international, Katia Boustany et Daniel Dormoy (dir.) publication du Réseau Vitoria, Editions de l'université de Bruxelles, 1999.

* 25 Op.cit. le nouveau petit Robert 2010, p946.

* 26 Op.cit. Antonio Torrenzano.p127.

* 27 Op.cit. Allassoum Bedoum.pp9-10.

* 28 Ibidem.

* 29 Op.cit. Antonio Torrenzano.pp9-10.

* 30 Op.cit. Antonio Torrenzano.pp10-11.

* 31 Op.cit. Antonio Torrenzano.p165.

* 32 Entretien avec S.E Ahmedou Ould Abdallah, Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Somalie, ancien Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies à l'Afrique de l'Ouest, ancien Représentant Spécial des nations Unies pour le Burundi et Président de la Commission mixte Cameroun/ Nigéria pour une mise en oeuvre pacifique de la décision de la Cour Internationale de Justice relative au différend territorial entre les deux Etats le 14 décembre 2009 à Dakar.

* 33 Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

* 34 Op.cit. S.E. Moustapha Niasse.

* 35 Aminata Traoré. Lettre au Président des Français à propos de la Côte d'Ivoire et de l'Afrique en général. Librairie Arthème Fayard, 2005,p51.

* 36 Kassimi Bamba et Kévin Adou. Côte d'Ivoire : chronique d'une crise (2002-2008). Les Editions du CERAP, 2008, pp14-15.

* 37 Théodore Dagrou. Comprendre le Code foncier rural de la Côte d'Ivoire. 2ème édition revue et augmentée, Abidjan, 2007, p17.

* 38 Op.cit. Allassoum Bedoum.p012.

* 39 Op.cit. Antonio Torrenzano.p9.

* 40 Op.cit.Aminata Traoré, p59.

* 41 Ibidem.

* 42 Op.cit.Kassimi Bamba et Kévin Adou.p22.

* 43 Op.cit.S.E Ahmedou Ould Abdallah.

* 44 Op.cit.Kassimi Bamba et Kévin Adou.p26.

* 45 Op.cit. Antonio Torrenzano.p47.

* 46 Op.cit. Antonio Torrenzano.p48.

* 47 Op.cit. Djibril Samb. p7.

* 48 Ibidem.

* 49 Bakary Fouraba Traoré. Coopération institutionnelle au service de la gestion des conflits liés à l'eau à Bafoulabe au Mali : la diplomatie locale à l'épreuve du temps. (Article à paraitre) in First Regional Conference, Peacemaking in West Africa: historical Methods and Modern Applications, December 12-15, 2009, Dakar.

* 50 Thierno Mouctar Bah. Guerre, pouvoir et société dans l'Afrique précoloniale. Thèse de Doctorat d'Etat es lettres à l'Université de Paris-Sorbone, 1985.

* 51 Ibidem.

* 52 Edouard Matoko. Les fondements endogènes d'une culture de la paix en Afrique : Mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits.

* 53 Op.cit. Djibril Samb. p8.

* 54 Ibidem.

* 55 Op.cit.Petit Robert 2010.

* 56 Younouss Diédhiou. Les mécanismes traditionnels de règlement des conflits en Afrique : l'exemple du Sénégal et du Cameroun. Mémoire de Master en Sciences juridiques et politiques à l'UCAD, 2007-2008, pp24-25.

* 57 Op.cit. Younouss Diédhiou.p27.

* 58 Ibidem.

* 59 Op.cit. Edouard Matoko.

* 60Ibidem.

* 61 Ibidem.

* 62 Lexique des termes juridiques. 13 éditions Dalloz, 2001.

* 63 Protocole relatif à la Commission de Médiation, de conciliation et d'Arbitrage de l'UA.

* 64 Op.cit.Kassimi Bamba et Kévin Adou.p153.

* 65 Jean-Pierre Cot et Alain Pellet. La Charte des nations Unies. 2ème édition, Economica, Paris.

* 66 Op.cit. Djibril Samb.p7.

* 67 Op.cit. Jeune Afrique hors-série no 24.p145.

* 68 Op.cit.S.E. Moustapha Niasse.






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote