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La problématique des conflits en Afrique: le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la RDC

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par Salif Kà¢
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise en science politiques 2012
  

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Section II : Les mécanismes violents de résolution des conflits

Autant les mécanismes traditionnels de règlement pacifique des conflits ont permis de résoudre certains conflits nationaux et internationaux, autant ils en existent d'autres qualifiés de violents compte des principes, méthodes et fonctions plus ou moins différents. A ce niveau, il faut reconnaitre que les mécanismes pacifiques ne sont pas exhaustifs encore moins effectifs pour couvrir l'ensemble des mécanismes traditionnels de résolutions des conflits : d'où l'intérêt d'analyser les mécanismes violents sous deux angles. A cet effet, l'accent sera mis sur la portée de mécanismes violents d'une part (Paragraphe I) et leurs limites face aux mutations sociales (Paragraphe II).

Paragraphe I : la portée des mécanismes violents de résolution des conflits

La violence est une alternative à la négociation pour pacifier les relations entre les hommes. La notion de violence a connu une force évolution dans le temps et dans l'espace. Du point de vue étymologique, elle vient du latin « violencia ». En 1215, parler de la violence renvoyer à « l'usage de la force ». Plus tard en 1538, faire violence signifie agir sur quelqu'un ou le faire agir contre sa volonté, en employant la force ou l'intimidation.55(*)

Aujourd'hui, l'on distingue plusieurs formes de violence dont il convient de retenir les violences physiques, morales, socio-culturelles et psychologiques. Ainsi les mécanismes violents de règlement des conflits renvoient à un certain de principes dont l'objectif visé est de trouver une entente durable et stable entre les différentes parties. Le sage africain avait raison de dire que « celui qui refuse d'avaler l'aiguille dans la maison acceptera d'avaler un tronc d'arbre en place publique ». A l'instar des autres types mécanismes traditionnels, les mécanismes violents obéit à une certaine procédure allant d'une sphère réduire à une sphère large, donc de la maison à la place publique. C'est ainsi que l'on faisait parfois recours aux « razzias » pour calmer les esprits et favoriser la stabilité des entités politiques traditionnelles. Ces pratiques se sont beaucoup développées dans la vallée du fleuve Sénégal entre les Maures de Trarza et les riverains sénégalais.

Par ailleurs, il faut convenir que le règlement violent de conflits se fait généralement par le biais de la récapitulation d'une des parties. A cet effet, Younouss Diédhiou souligne l'existence d'autres modes de règlements violents des conflits.

Ils reposent essentiellement sur le principe de la vengeance. Il s'agit d'une part de sauver l'honneur de la partie lésée. Sur ce, la tradition négro-africaine légitime l'obligation d'un groupe social offensé de se faire justice. En ce sens, Maurice E. David cité par Y. Diédhiou rapporte que si l'homme concerné ne s'acquitte pas de son devoir, « les vieilles femmes l'accableraient de leurs sarcasmes, s'il était célibataire, aucune fille ne lui parlerait ; s'il avait des épouses, toutes l'abandonneraient ; sa mère geindrait et se lamenterait d'avoir donné le jour à un fils ainsi dégénéré. Son père le traiterait avec mépris, et il serait en butte au dédain public ».56(*)

Il y a plusieurs types de vengeance parmi lesquels il faut retenir la vengeance contrôlée, la vengeance démesurée et la vengeance délicate ou impossible. En fait, la vengeance pose un problème d'application pour certaines sociétés de l'Afrique Orientale. En Ethiopie, les Gamo jugent la vengeance très dangereuse pour plusieurs raisons : « si deux individus, deux groupes, se trouvent en conflit, ils recourront successivement à des arbitres et à la justice des Assemblées de District, qui peuvent ostraciser le coupable. En cas de meurtre opposant des lignages distincts, leurs membres doivent s'éviter jusqu'à ce que le meurtrier qui peut dés lors être mis à mort par n'importe qui, prenne la fuite. ».57(*) Une occasion de réconciliation est possible dans la mesure où les parents sont d'accord à la tenue en général d'Assemblées de District. Le procédé est de sacrifier à cet effet un animal que l'on dépèce. Le meurtrier et le plus proche parent de la victime passent à travers un trou fait dans la peau pour symboliser leur reconnaissance à un ordre nouveau.58(*) En Somalie voisine, le djihad est utilisé comme un mécanisme parfois violent de recherche de la stabilité. C'est ainsi que les tribunaux islamiques de la Somalie avaient lancé en 2006 une offense contre l'Ethiopie. Dans ce même pays, la piraterie est érigée en un mécanisme de vengeance du pillage des côtes somaliennes.

Chez certains groupes sociaux ivoiriens, plus particulièrement chez les Anyi Ndenye, c'est l'alliance sacrificielle qui prévaut pour consacrer la paix.59(*)

Donc l'intérêt visé à travers la violence est de restaurer la paix et la stabilité entre les groupes en évitant le stock de frustrations, de haines, de rancunes pour libérer les énergies et favoriser la confiance mutuelle et la sécurité individuelle et collective.

Toutefois, il faut reconnaitre avec Edouard Matoko que « ces mécanismes n'évitaient l'éruption de conflits, parfois de manière violente dégénérant en guerre et rappelant les conflits actuels. » 60(*): d'où l'importance de relever quelques limites.

* 55 Op.cit.Petit Robert 2010.

* 56 Younouss Diédhiou. Les mécanismes traditionnels de règlement des conflits en Afrique : l'exemple du Sénégal et du Cameroun. Mémoire de Master en Sciences juridiques et politiques à l'UCAD, 2007-2008, pp24-25.

* 57 Op.cit. Younouss Diédhiou.p27.

* 58 Ibidem.

* 59 Op.cit. Edouard Matoko.

* 60Ibidem.

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