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Croissance, marché du travail et pauvreté: les leçons de l'expérience camerounaise sur la période 1991 - 2011

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par Victor KITIO
Université de Dschang - Master of Science (M.Sc) en Sciences Economiques 2013
  

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2.2.2. Le concept de marché du travail

Nous analysons le concept du marché du travail suivant sa définition, ses caractéristiques et son rôle dans la distribution des revenus des ménages et des producteurs.

En ce qui concerne la définition, le marché du travail est le lieu théorique de rencontre entre l'offre et de la demande de travail (un des facteurs de production) et où se détermine le salaire (OIT 2004). L'offre de travail est le nombre d'heures que le potentiel employé est disposé à offrir au salaire courant, sous réserve d'une uniformité des conditions de travail. Cette offre peut également être déclinée en termes de nombre d'emplois, c'est-à-dire de la quantité de main d'oeuvre offerte au salaire courant (Yogo, 2005). Cependant il est souvent préférable pour saisir l'offre de travail de manière précise de se référer au taux de participation au marché du travail (taux d'emploi).9(*)(NJikam, 2007)

Pour éviter de confondreoffre et demande de travail dans l'analyse théorique du marché du travail l'on doit retenir que ce sont les individus qui offrent leur travail c'est-à-dire leur force de travail aux employeurs et ce sont donc les employeurs qui demandent le travail des individus, c'est-à-dire leur force de travail. Si l'on parle des emplois10(*), c'est évidemment l'inverse : les entreprises offrent des emplois et les individus demandent des emplois.

Il n'existe pas d'indicateurs du marché du travail aussi pertinents que l'offre et la demande d'emploi à moins que l'on ne considère les indicateurs de sa situation (Njikam et al, 2007). Ainsi, le taux de chômage (nombre de chômeurs/ nombre d'actifs) mesure le déséquilibre existant entre offre et demande de travail. Un autre indicateur complémentaire est la durée du chômage donnée en mois ou en années ; cet indicateur est aussi très important car un taux de chômage élevé mais avec une durée faible est sans doute moins problématique individuellement qu'à l'inverse (OIT, 2002).

Parlant des caractéristiques du marché du travail, il convient de noter que Clark (1940) a proposé une subdivision du marché du travail en trois secteurs principaux d'activités. Il distingue les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Le secteur primaire regroupe l'ensemble des activités liées à l'exploitation directe des ressources naturelles (agriculture, pêche et viticulture) ; le secteur secondaire rassemble l'ensemble des industries de transformation des matières premières (agroalimentaire, production de biens de consommation.) et le secteur tertiaire qui est également appelé le secteur des services, regroupe l'ensemble des activités ayant pour objet la fourniture de services immatériels (assurance, banque, administration, commerce, hôtellerie ).

Un autre secteur non pris en compte par Clark dans son étude est le secteur informel ; Au Cameroun, le Secteur Informel est l'ensemble des unités de production de biens et/ou de services et/ou commerciales relevant du secteur privé n'ayant pas de numéro du contribuable et/ou ne tenant pas de comptabilité formelle(Njikam, 2007). Roubaud (1994) définit le secteur informel comme l'ensemble des industries microscopiques qui mobilisent de faibles quantités de facteurs de production (travail et capital), ne respectent pas la législation en vigueur, et génèrent un volume d'output infinitésimal à l'échelle des grands agrégats macro-économiques. Coquery-Vidrovitch(1991) écrit, à propos du secteur informel dans les villes africaines: « Ce marché est irrégulier et terriblement vulnérable car non protégé et hautement concurrentiel ; il est, en effet, infiniment plus aisé d'y rentrer que dans le secteur capitaliste ».11(*)

Parce qu'elle est retenue comme indicateur du marché du travail dans cette recherche, la notion de l'emploi mérite d'être analysée de façon plus approfondie. Cette analyse se fait à travers les oppositions faite par les courants de pensée néoclassique et keynésienne autour de sa définition et de son rôle dans la distribution des revenus.

En effet, Adam Smith (1976) l'auteur à la base de la théorie de l'emploi (fondateur du courant néoclassique) pensait que le travail pouvait être considéré comme un bien qui s'échange sur un marché. Les Néoclassiques fondent leurs analyses en mettant l'accent sur l'aspect de l'offre. Selon eux, il existe un salaire de réservation, c'est-à-dire un taux de salaire minimum à partir duquel un individu donné passe d'une offre de travail nul à une offre de travail positive. L'offre de travail est donc une fonction croissante du salaire réel. La demande du travail des entreprises quant à elle dépend de la productivité marginale du travail et du salaire réel. En effet, l'entrepreneur demande du travail jusqu'au point où le bénéfice réalisé par une unité supplémentaire de travail compense le coût du travail supplémentaire. Si les conditions de concurrence pure et parfaite sont respectées sur le marché du travail, il existe un niveau de salaire d'équilibre qui permet la satisfaction de l'offre et de la demande de travail. Lorsque l'offre est supérieure à la demande de travail, la baisse du salaire conduit certains offreurs à sortir du marché du travail et des demandeurs à entrer sur le marché. A l'inverse, lorsque la demande est supérieure à l'offre, le salaire augmente, ce qui provoque l'afflux d'offreurs de travail et la sortie de demandeurs de travail. Si un déséquilibre persiste, c'est en raison de l'existence de rigidités qui empêchent le salaire de se fixer à son niveau d'équilibre et ainsi la réduction de l'écart entre l'offre et la demande de travail. Les dysfonctionnements ou rigidités sont de plusieurs types : existence d'un salaire minimum, indemnisation du chômage, syndicats, législation sur la protection de l'emploi, politique fiscale et prélèvements sociaux. Il en résulte que le chômage est d'abord et avant tout volontaire (Jhingan, 2006). La crise de surproduction de 1929 a remis en question la politique de l'offre telle qu'établie par les Néoclassiques. Les critiques qui ont été faites ont conduit à l'élaboration d'un nouveau courant de pensée: le courant Keynésien.

Keynes (1936) apporte de nombreuses critiques au courant de pensée classique. Ce qui est la règle pour les classiques est l'exception pour lui. Il fonde son analyse en mettant l'accent sur la demande effective. Selon lui, l'équilibre est déterminé au point où la demande agrégée est égale à l'offre agrégée. Ainsi, une augmentation de l'investissement conduit à une augmentation du revenu. Il conclut donc que pour augmenter l'offre globale, il est nécessaire d'injecter une large dose d'investissement pour sécuriser les hauts niveaux de revenu et de l'emploi à l'intérieur de l'économie.

Il apporte également une explication au phénomène du chômage qui, pour lui n'est pas dû à un mauvais fonctionnement du marché du travail. Il réfute l'idée de l'existence d'un marché du travail au sens néo-classique. Les salariés ne peuvent offrir un travail en fonction d'un salaire réel puisqu'ils ne maîtrisent pas les prix des biens et des services. Ils négocient seulement un salaire nominal. Jhingan (2006) explique que selon Keynes (1936), Ce sont les entrepreneurs qui fixent les prix des biens et des services. Le niveau d'emploi dépend des décisions des entrepreneurs qui cherchent à maximiser leur taux de profit en fonction d'un univers incertain où ils anticipent l'offre et la demande globale. En conséquence, le niveau d'emploi peut ne pas correspondre au niveau du plein emploi. Si la demande effective (au sens anticipée) est faible, les entrepreneurs fixeront un niveau de production faible et toute la population active ne trouvera pas forcément d'emploi.

La Théorie du déséquilibre de Malinvaud (1977) opère une conciliation entre analyse néoclassique et keynésienne. Il aborde le chômage sous un autre aspect. En effet, selon lui, les prix des biens et des services ainsi que le salaire sont fixes et, tout déséquilibre sur les marchés qu'ils soient des biens et des services, ou bien du travail, entraîne un rationnement par les quantités.Comme le montre Malinvaud (1977), plusieurs situations peuvent se produire sur les marchés (des biens et services et du travail), il les présente dans un tableau à double entrée qui résume une typologie des états de déséquilibre.

* 9 Le taux de participation est le rapport entre la population active et la population en âge de travailler.

* 10 L'emploi, dans sa signification courante, correspond à l'exercice d'une profession rémunérée, (subventionnée ou non par les pouvoirs publics), ce qui signifie qu'une personne bénévole n'occupe pas un emploi au sens strict du terme (Tchouapi 2010).

* 11 Cité par Njikam et al. (2005) «Caractéristiques et déterminants de l'emploi jeune au Cameroun» Cahiers de la stratégie de l'emploi, ILO 2005/05.

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