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Croissance, marché du travail et pauvreté: les leçons de l'expérience camerounaise sur la période 1991 - 2011

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par Victor KITIO
Université de Dschang - Master of Science (M.Sc) en Sciences Economiques 2013
  

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Chapitre 19 CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE

2 .1. INTRODUCTION

Ce chapitre a pour objectif de clarifier les concepts et de présenter l'état de l'art autour de cette recherche. En effet, il convient tout d'abord de définir de façon très précise les différents concepts utilisés afin d'en retenir les orientations appropriées pour cette étude. Par la suite, nous faisons dans le cadre de la revue de la littérature état des travaux théoriques et empiriques mettant en relation la croissance, l'emploi et la pauvreté. Ainsi, la présentation des travaux théoriques nous permet de faire ressortir les différentes théories économiques élaborées dans le cadre de cette étude, notamment, les théories de l'emploi, du chômage et les théories de la croissance endogène tandis que dans la présentation des travaux empiriques, nous faisons état des travaux qui ont précédé cette étude sous d'autres cieux et dans le contexte du Cameroun. Pour ce faire, nous débutons donc par la clarification des concepts pour terminer avec la critique de la revue de la littérature qui sera elle-même la remise en cause des travaux empiriques mettant en relation la croissance et la pauvreté avec l'emploi comme variable de liaison.

2.2. CLARIFICATION DES CONCEPTS ET ORIENTATIONS RETENUES

Cette section donne, comme précédemment annoncé, des définitions opérationnelles aux concepts qui sous tendent cette étude et permet de prendre position face à ceux des concepts qui sont diversement appréhendés à l'instar de celui de la pauvreté. Nous discutons donc ici des concepts de croissance économique, du marché du travail et de pauvreté.

2.2.1. Le concept de croissance économique et ses mesures

Dans la littérature économique, le concept de croissance économique est appréhendé suivant trois orientations: sa définition et ses mesures, les conditions d'une croissance compatible avec le plein emploi et la dichotomie croissance et développement.

En ce qui concerne la définition,la croissance économique désigne, selon Perroux (1958)6(*) « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global net en termes réels». La définition de Kuznets (1963) est plus explicite et affirme qu'il y a croissance lorsque la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) est supérieure à la croissance de la population7(*). Au sens de Perroux (1958), la croissance potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production . Cet écart est minimal au plus fort d'une expansion. Selon cet auteur, la croissance décrit au sens strict un processus d'accroissement de la seule production économique et peut provenir de l'augmentation quantitative du facteur travail et du facteur capital (croissance extensive) ou de l'augmentation de la productivité (croissance intensive).

Parmi les facteurs principaux de la croissance, on retiendra les ressources naturelles (terre, ressources minières, pétrole et la qualité de l'environnement) ; les ressources humaines (offre de travail, éducation, discipline, motivation) ; la formation du capital (machines, usines, routes) ; la technologie (science, technique de l'ingénieur, gestion, esprit d'entreprise) Kuznets(1963).

Bien que la définition de Kuznets soit plus substantielle, nous nous limiterons à celle de Perroux car l'intégration de l'évolution de la population risque de nous détourner de notre objectif.

En ce qui concerne les conditions d'une croissance compatible avec le plein emploi nous dirons qu'après la Deuxième Guerre mondiale, des économistes se réclamant de Keynes, notamment Domar(1946) et Harrod(1948) ont proposé un modèle de croissance économique essentiellement basé sur l'intervention de l'Etat dans l'économie. En effet, selon ces auteurs keynésiens, le système économique ne peut assurer la croissance avec plein emploi s'il est abandonné à lui-même. Ceci a pour cause la mauvaise coordination des agents économiques.

Contrairement à Harrod et Domar, Solow(1956) postule pour un plein emploi permanent et pense que le problème de coordination des agents économiques n'en est pas un en tant que tel. Il propose donc un modèle de croissance équilibré qui semble de nos jours être le point de départ de presque toutes les analyses de la croissance. La base de ce modèle est en effet la fonction de production néoclassique qui se présente sous la forme suivante :

Où Y représente la production, K le capital physique, A le progrès technique, L le travail et une constante. Le modèle prédit que l'output croit avec le taux d'épargne et décroit avec le taux de croissance de la population et introduit un progrès technique exogène, fruit de l'activité scientifique dont les déterminants ne sont pas économiques.

En 1992, Mankiw etal. ont repris le modèle de Solow(1956) et ont remarqué que si le modèle se vérifie empiriquement (le PIB croît avec le taux d'épargne, décroît avec le taux de croissance de la population), il ne prédit pas correctement la magnitude de ces effets. En effet, en utilisant des données couvrant la période 1960-1985, ils montrent que les effets estimés de l'épargne et de la croissance de la population sont beaucoup plus importants que ce que le modèle prédisait. Ils ajoutent une variable de capital humain et développent ainsi un modèle de Solow «augmenté». Leur argument est le suivant: un taux d'investissement plus élevé et un taux de croissance de la population plus faible augmentent le revenu et donc le niveau du capital humain, qui agit lui-même sur la croissance économique. En omettant cette variable, on sous-estime donc les effets de l'investissement et de la croissance démographique sur le revenu. La fonction de production devient:

Où K représente le capital physique, H le capital humain, L le travail et A le progrès technique. Les paramètres á et â sont positifs et á + â< 1. Le travail L est supposé augmenter à un taux exogène n du fait de la croissance de la population et de l'augmentation exogène de la productivité du travail. Le progrès technique A est exogène et croît au taux g.

Au-delà du modèle de Solow, Nelson et Phelps (1966) développent la théorie ou le modèle de la croissance endogène. Ils montrent que le stock de capital humain est le principal moteur de la croissance et non la différence dans les taux: les écarts de croissance entre les pays sont déterminés par les écarts entre leurs stocks de capital humain et de ce fait, par leurs capacités respectives à engendrer le progrès technique. Pour eux, un niveau supérieur d'éducation affecte positivement d'une part la capacité à innover du pays et d'autre part la rapidité avec laquelle une innovation va se diffuser dans l'économie. Des travailleurs mieux éduqués s'adaptent plus rapidement aux nouvelles technologies. Cela favorise également le rattrapage dans la mesure où les écarts de développement sont attribuables à des écarts technologiques.

Un autre tenant de la croissance endogène, à savoir Lucas (1988) montre qu'il existe deux sources d'accumulation du capital humain: l'éducation et l'apprentissage par la pratique. Il reprend l'analyse de Becker (1964) pour qui la croissance est essentiellement déterminée par l'accumulation du capital humain. Son analyse rejoint ainsi celles de Mankiwet al(1992) et de Barro (1991). L'idée première de Lucas est que les différences de taux de croissance observées entre les pays peuvent s'expliquer par les différences de rythme d'accumulation de capital humain. Lucas suppose également la présence d'effets externes positifs de l'éducation.

En matière de la dichotomie croissance-développement, il y'a lieu de retenir que la notion de croissance économique se distingue de celle de développement économique qui renvoie à «une combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global» (Perroux, 1958).Il s'agit donc d'un phénomène avant tout qualitatif alors que la croissance est un changement purement quantitatif. Ainsi, le développement désigne la transformation des structures économiques mais également des structures sociales, culturelles, politiques et institutionnelles qui accompagnent et qui expliquent la croissance.

La croissance économique se mesure par l'utilisation d'indicateurs économiques ou agrégats que sont le Produit National Brut (PNB) et le Produit Intérieur Brut (PIB). Ces indicateurs offrent une certaine mesure quantitative du volume de la production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise également la parité de pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le pouvoir d'achatdans une monnaie de référence. Le PNB mesure la richesse produite, pendant une année, à l'intérieur ou à l'extérieur du territoire, par les facteurs de production résidents ; en d'autres termes, il mesure la valeur au prix du marché de tous les biens et services finals produits par les citoyens d'un pays, peu importe l'endroit où cette production se fait. Par exemple, les dividendes versés par la filiale camerounaise de Renault, à sa société mère en France, sont comptabilisés dans le PNB français. En dépit de la force de cet indicateur qui vient du fait qu'il peut refléter la situation économique réelle d'un pays, le PNB connait beaucoup de limites en tant que mesure de la richesse dans la mesure où il ne mesure que les apports de valeur ajoutée dans l'immédiat (sur une année). Les effets de long terme, notamment dans des services tels que l'Éducation ou la Santé, ne sont pas ou sont mal comptabilisés à travers leur impact sur la production (Perroux, 1958).

Pour palier aux limites du PNB dans la mesure de la croissance économique l'on utilise le PIB8(*) même s'il présente aussi quelques limites (ne prend en compte ni le travail et les productions domestiques, ni l'économie souterraine, ni les activités non déclarées ni la détérioration de l'environnement). La principale force de cet indicateur vient du fait qu'il permet de mesurer la production suivant une région ou un espace géographique au lieu de le faire d'après la nationalité des agents économiques et permettant de ce fait de faire des comparaisons internationales. Il convient aussi de préciser que fort de ses avantages et de sa pertinence, cet indicateur est utilisé comme le proxy de la croissance économique dans cette recherche.

La mesure du développement économique par contre se fait par l'utilisation des indicateurs tels que l'Indice de Développement Humain(IDH) et l'Indice de Pauvreté Humaine (PNUD 1990 et 1997). L'IDH est un indicateur complexe ou composite qui intègre trois indicateurs (PIB, éducation et espérance de vie) et les indicateurs économiques. L'IPH a été créé en 1997 par les économistes du PNUD notamment Sen (prix Nobel d'économie en 1998). Il est fondé sur trois éléments : l'espérance de vie, le niveau d'éducation (mesuré par le taux d'analphabétisation) et les conditions de vie, notamment l'accès aux services de santé et à l'eau potable, la malnutrition des enfants. Selon cet indicateur, la pauvreté est vue comme l'absence d'opportunités permettant de bénéficier d'une existence acceptable.

* 6 Perroux,F(1958) « Théorie générale du progrès économique » Annales Economies, sociétés, civilisations.

* 7 CitéPerroux,F(1958) « Théorie générale du progrès économique » Annales Economies, sociétés, civilisations.

* 8PIB = produit national brut+ revenus nets versés aux étrangers à l'intérieur du pays - revenus nets des citoyens à l'extérieur des frontières de ce pays =somme des valeurs ajoutées des unités résidentes + la TVA + les droits de douane. (Perroux 1947)

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo