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Influence de la religion dans la decision politique cas des elections du 28 novembre 2011

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par Paul AVOKI
UNIKIN - Licence 2012
  

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SECTION 2 : LA MISSION DE L'EGLISE CATHOLIQUE A LA UNE DE LA DEMOCRATISATION

§1. L'INFLUENCE ET LA MISSION DE L'EGLISE CATHOLIQUE EN RDC

L'Eglise catholique joue un grand rôle dans la reproduction, le contrôle et la stabilisation de la société congolaise. A ce titre, elle participe de manière constante à l'éveil démocratiqueet accompagne depuis 1990 le difficile accouchement d'un Etat de droit au Congo.

Elle brille aujourd'hui d'une visibilité nouvelle dans le champ politique et invente des modalités inédites de mobilisation dans l'espace public, lequel connait par ailleurs une nouvelle structuration. Grâce à son réseau d'institutions propres (médias, oeuvres sociales), elle investit l'espace public et y exerce la fonction tribunitienne en prenant en charge l'éducation, les services sociaux et la santé. Par la voix de ses évêques, elle livre les principes directeurs du comportement pratique en conformité avec l'évangile et la doctrine sociale de l'Eglise32(*).

Ce faisant, sans renoncer à son premier devoir, à savoir celui d'évangélisation, elle participe au débat politique et concours à la formation discursive de la volonté démocratique.

Sa participation à la consultation nationale initiée par le président Mobutu33(*) et son incitation à l'organisation puis sa présence remarquée à la Conférence Nationale Souveraine s'inscrivent dans la ligne de sa mission.

Après le désenchantement dû à l'échec d'une transition dominée par la logique de la compétition sous le mode de l'affrontement, au regard de l'impasse de consolidation démocratique par un Etat en décomposition, par des élites jamais renouvelées et par des partis politiques sans véritables projets de société, l'Eglise catholique, considérée tant dans l'aspect institution que dans le chef de ses acteurs, se retrouve dans l'arène politique et catalyse aujourd'hui les aspirations de la population.

Refusant de fonctionner comme une pièce du système de domination, elle investit dans l'éducation civique et dans la régulation du jeu électoral. La descente de l'église catholiquedans l'arène politique peut tenir dans les deux illustrations suivantes : l'expertise électorale et l'occupation de l'espace public par les chrétiens.

§2. LA DESCENTE DE L'EGLISE CATHOLIQUE DANS L'ARENE POLITIQUE

1. L'EXPERTISE ELECTORALE EN FAVEUR DE LA VERITE DES URNES

Dans la ligne de son engagement pour l'instauration de l'Etat de droit en RDC, fidèle à la doctrine sociale de l'Eglise, l'Eglise catholique a offert ses services pour le bon déroulement des élections du 28 Novembre 2011.

Ce faisant, elle entendait « apporter sa contribution pour queces nouvelles élections puissent consolider les bases d'une destinée communautaire à construire dans la justice, la vérité et la paix et ouvrir ainsi de nouveaux horizons pourl'avenir de la nation »34(*).

Cette offre entendait promouvoir une institutionnalisation du jeu politique par des élections libres et démocratiques dans la transparence.Sa mise en perspective n'était pas seulement une exaltation des valeurs morales, mais élections par la recomposition d'une citoyenneté qui dépasse le cadre tribal, clientéliste, partisans ainsi que le vote identitaire35(*). Allant au-delà de simples intentions morales, grâce à la lutte contre les fraudes, la CENCO avait fait le pari de faire des élections l'expression de la volonté souveraine du peuple.

A cet effet, elle s'était constituée en organe non juridictionnel pouvant réguler le jeu électoral et arbitrer son contentieux. Dans cette ligne, elle avait formé 30.000 observateurs dont la mission était de disposer des résultats réels, vrais et certifiés et de les lui transmettre. Mais c'était sans compter avec la volonté du pouvoir en place de renvoyer sine die l'alternance politique.

Dérogeant ou convenu, l'archevêque de Kinshasa s'est permis quelque liberté dans sa pratique discursive et a mâtiné les balises de l'orthodoxie et les contraintes sociales de son discours de remarquables virtualités de nouveauté. Sur les antennes de la RTBF, le cardinal L. Monsengwo, avait fustigé soit disant la vérité officielle de la commission Electorale Nationale Indépendante et récusé la débâcle électorale, reconnaissant au passage E.TSHISEKEDI vainqueur des élections présidentielles36(*).

Il s'ensuivit une crise ouverte entre le prélat et la majorité présidentielle. Cette conjoncture historique marquée par le dévoiement du processus électoral constituait une hypothèse grave à la consolidation de la démocratie. Elle exigeait une concertation rapide de l'épiscopat.Observateurs de la crise postélectorale, les évêques sont devenus producteurs d'une parole de décision37(*).

En effet au terme d'une session extraordinaire tenue du 9 au 11 janvier 2012 au siège de la CENCO à Kinshasa, le corps épiscopal dans son ensemble s'était prononcé sur la crise postélectorale leur message38(*) postule un changement politique qui n'est cependant pas de l'ordre de la révolution ni des réformes, mais plutôt de la conservation, du statut qui39(*) renforçant le consensus et le conformisme de son auditoire, le message épiscopal s'inscrit dans la ligne du compromis et donc dans la tradition des discours, messages et déclarations antérieurs40(*).

Il est en effet, manifeste que le message épiscopal est tributaire de son cadre social et institutionnel il patauge dans les marécages de compromis. Une fois de plus la voie de la rivalité modérée avec l'Etat a été privilégiée par les évêques congolais au point d' illusoire l'éventualité d'une invalidation des résultats comme préconisait la CENCO en 2006,41(*)ou encore le décomptage des bulletins et la publication détaillée de résultats par bureau de vote. C'est peu dire que les opérations discursives et la rhétorique de l'épiscopat n'étant plus convenues, la syntaxe politique des discours des évêques livre une parole prophétique qui devrait renouveler la mission de l'Eglise de manière à lui donner une efficience politique et à accoucher d'un christianisme subversif.

De ce christianisme-là, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les évêques, écartés entre leur appartenance ethnique et leurs connivences politiques, ne veulent pas ; Au nom de la soi-disant neutralité de l'Eglise, ils lui préfèrent des dénonciations moralisantes qui les dédouanent de tout engagement politique. Il est utile d'évoquer, serait-ce incomplètement, les possibilités de mise en perspective de ce christianisme subversif par les laïcs.

2. DES CHRETIENS DESCENDENT DANS LA RUE AU NOM DE LA FOI.

Les chrétiens congolais, toutes confessions confondues, ont par le passé organisé une marche pacifique dénonçant la dictature. Pour les catholiques, la marche du 16 février 1992 était non seulement une forme de participation politique à une activité contestataire, au nom de la foi, mais aussi une initiative de défiance de l'autorité politique sur fond d'une dissidence par rapport à l'autorité ecclésiastique. Vingt ans après, l'ouverture de l'habitus des chrétiens congolais à des actes à incidence politique dans un espace public sous contrôle a débauché à l'organisation d'une marche pacifique censée rétablir la vérité des urnes et délégitimer les usurpateurs. Organisée par le Conseil de l'Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC) et une partie du clergé du diocèse de Kinshasa, la marche du 16 février 2012 apparait comme une tentative delégitimation de l'autorité politique et uneallégeance à l'autorité ecclésiastique.

La réappropriation de l'espace normatif et du pouvoir régulateur par les laïcs (espace et pouvoirs monopolisés par les autorités politiques et religieuses) était subversive et compromettante pourl'épiscopat. Il faudrait être aveugle, presque de mauvaise foi, pour ne pas constater que dans cette trame étroitement serrée qu'est l'Eglise catholique congolaise, il n'existe point de maille qui tolère un tel engagement dans la bénédiction de la hiérarchie.

D'aucuns parmi les évêques renouèrent avec le silence désapprobateur, d'autres interdirent ouvertement la marche, d'autres encore dénoncèrent l'irresponsabilité des laïcs, d'autres enfin soutinrent du bout des lèvres les marcheurs. C'est peu dire que l'épiscopat était divisé sur cette marche dont les enjeux rejoignaient leur message du 11 janvier 2012. Et dire que le même épiscopat prendral'initiative d'une autre marche contre la balkanisation du pays.

On le voit, la hiérarchie exonère les laïcs de toute responsabilité sociale à caractère politique et de tout engagement politique de nature à conclure qu'au Congo, la descente dans le concret de la décision politique demeure subordonnée au nihil obstacle de l'épiscopat.

Voilà qui pose avec beaucoup d'acuité la question de l'autonomie du militantisme des laïcs chrétiens et celle de la restauration autoritaire. Il conviendrait aussi de s'interroger sur les compromis qui rendent possible au compromettent l'engagement des chrétiens dans une institution ecclésiale semi autoritaire.

La question du pouvoir d'agir de l'Eglise catholique, de l'opportunité des groupes chrétiens capables de transformations sociales ainsi que celle des conditions d'exercice par les laïcs de la responsabilité sociale à caractère politique restent ouvertes au regard de la structure hiérarchisée et centralisée de l'Eglise catholique.

* 32 A.KAMBALE RUKWATA, pour une théologie sociale en Afrique. Etude sur les enjeux du discours sociopolitique de l'Eglise catholique au Congo-Kinshasa entre 1990 et 1997, paris, le harmattan, 2004.

* 33 A.GBABENDU ENGUNDUKA, E.EFOLO NGOBAASU, volonté de changement au Zaïre, archives 1990-1991, volume 2, paris, le harmattan, 1991, PP.36-45.

* 34Actes de la CENCO et documents, n°2, Année II, Kinshasa, Editions secrétariat Général de la CNCO, 2011, P.6.

* 35 CENCO, l'Eglise catholique en RDC et les élections. Repères et défis pastoraux, Kinshasa, Editions du secrétariat Général de la CENCO, 2011.

* 36 Http: www. Static.rtbf.be/rtbf/flash/dewplayer.swf?

* 37METENA, M'NTEBA, « A bout portant : les politiciens dans la mire des évêques », dans Congo-Afrique, 389, 2004, pp.396-422.

* 38 Message de l'Assemblée plénière extraordinaire de la CENCO aux fidèles catholiques et à l'ensemble du peuple congolais

* 39 R.REZSOHAZY, pour comprendre l'action et le changement politique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1996, PP.15-71

* 40CF. Tous appelés à bâtir la nation, n°22 en appelle à privilégier des solutions basées sur le dialogue, le consensus national, le respect de la liberté et de la dignité.

* 41Point de presse de la présidence de la CENCO sur les élections nationales, 27 juillet 2006.

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