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Crises, réformes économiques et pauvreté en Haiti. Des perspectives ouvertes par les cadres strategiques de réduction de la pauvreté

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par King Pascal Pecos Lundy
Institut Universitaire d'étude du développement / Université de Geneve - DEA en Etudes du Développement 2003
  

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5. PERMANENCE DES CRISES ET REPONSES

Les situations de crises sont récurrentes dans le pays - il faut entendre par ``crise'' le processus de rupture et de transformation d'un ordre établi. Elles se caractérisent « par des turbulences diverses et périodiques qui laissent chez la plupart des observateurs une impression de désordre générale ou de chaos »29 et même de condamnation. « Le pays semble condamné à s'enfoncer et à vivre de façon quasi permanente dans des crises non seulement économiques, mais aussi sociales et politiques, d'autant plus que l'on a constaté l'incapacité des dirigeants à mettre en place un Etat de droit »30. Il est donc question de tout le système d'accumulation et de reproduction en place dans le pays et dans lequel s'effectue ses rapports avec le système mondial.

Les réponses à ces différentes crises ont dépassé la seule sphère nationale. La plupart des solutions mises en oeuvre dérive de la sphère internationale multilatérale et bilatérale. Sur le plan politique, l'influence des puissances occidentales, Etats-Unis, France, et plus récemment des organisations multilatérales, l'OEA et l'ONU, est significative : reconnaissance, appui et parrainage des gouvernements locaux. Sur le plan économique et sociale, le FMI et la Banque mondiale soutenue par l'USAID occupe une place de choix dans l'élaboration des politiques économiques et de manière plus large dans celle des stratégies de développement. Il s'ensuit une certaine dépendance à l'égard de ces pays et institutions internationales, qui interviennent aussi pour sanctionner ces politiques et stratégies. L'une des conséquence de cette tutélisation est que les pouvoirs publics se sentent beaucoup plus responsables vis-à-vis de ces acteurs que du peuple. La dépendance va donc au-delà des relations commerciales et économiques avec l'extérieur, elle s'inscrit jusque dans la définition, le choix des objectifs et la stratégie à mettre en oeuvre pour sortir le pays de sa situation de marasme.

Les différentes programmes de stabilisation économique et d'ajustement structurel appliquées en Haïti s'inscrivent donc dans les tentatives des institutions internationales de juguler la crise économique que connaît le pays au tournant de la décennie soixante dix.

a) Réponses à la crise économique

Le conseil national de Gouvernement (CNG) établi à la fin de la dictature pour assurer la transition politique prend place dans un contexte désastreux sur le plan socio-économique, et bouillonnant sur le plan politique comme l'a si bien rendu C. Hector : « [Aux revendications politiques se sont greffées]

les revendications de redressement économique immédiat pour satisfaire ou alléger les besoins de base, toujours criants et toujours frustrés, des majorités urbaines désormais bouillonnantes et remuantes, mais surtout de la majorité nationale paysanne, traditionnellement laissée pour contre et la

29 CADET Charles, « Impact de la crise sur l'économie et le social haïtiens », PNUD, La situation économique et sociale d'Haïti en 2002, p.

20.

30 DOURA Fred, op. cit., Tome I, p. 32.

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Crises, réformes économiques et pauvreté en Haïti

24

plus outrageusement exploitée par le système »31. Parallèlement, les institutions bilatérales et multilatérales - profitant sans nulle doute de la faiblesse institutionnelle et politique, sont revenues rapidement à la charge en ré-initiant les négociations entamées (et qui piétinaient en raison du refus de briser les monopoles d'Etat et d'une faction de la bourgeoisie) sous l'ancien régime. Il s'agissait de faire adopter un programme de réforme économique et fiscale à caractère très libéral. Les autorités politiques de l'époque ont eu à faire face, d'un coté à la montée des revendications socio-économiques venant d'un peuple longtemps réprimé et de l'autre coté aux pressions externes des organisations internationales et des agences de bilatérales de développement.

Les réformes économiques, d'inspiration néolibérale, ont commencé en Haïti au tout début des années

80 avec les premières mesures de stabilisation pour ramener l'équilibre de la balance des paiements. Mais le véritable virage s'est effectué au tournant des années 1986 avec l'intervention des institutions

de Bretton Woods (IBW) et du gouvernement américain par le biais de l'USAID. Un programme d'assistance de trois ans dans le cadre de la Facilité d'ajustement structurel (FAS) est signé avec le FMI, un crédit pour la reprise économique (ERC) est accordé par la Banque mondiale, puis des crédits

de l'USAID. Les réformes ont visé la stabilisation économique et une meilleure allocation des ressources pour stimuler la croissance.

Quant aux réformes post-embargo, elles sont signées respectivement en août 1994 à Paris (Programme d'urgence et de redressement économique) entre les principaux bailleurs de Fonds bi/multilatéraux avec le gouvernement encore en exil et en octobre 1996 à Washington avec le FMI (accord dans le cadre la facilité d'ajustement structurel renforcé). Elles reposaient sur la privatisation des entreprises publiques, la réduction de l'effectif de l'administration publique et le gel de la masse salariale, les réformes fiscales et monétaires et la libéralisation du marché des capitaux. Il s'agissait de compléter voire de corriger les politiques déjà entamées en 1987 et interrompues par les différentes turbulences socio-politiques.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway