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La Convergence Régionale dans l'Union Européenne. Le Rôle des Fonds Structurels.

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par François Defourny
Université de Liège - Maîtrise en Sciences Economiques 2003
  

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4. La (nouvelle) géographie économique

Ce courant s'est développé à partir d'une constatation: l'activité économique est souvent polarisée autour de quelques « clusters » et cette concentration économique affecte bien entendu la répartition du revenu entre les régions. Un des précurseurs de ce courant théorique, Williamson (1965) pense que la croissance économique est initialement entraînée par la dynamique d'un certain nombre d'agglomérations majeures. Ainsi, dans un premier temps, une forte croissance s'accompagne d'une plus grande disparité régionale. Mais après un certain laps de temps, la vapeur aurait tendance à se renverser à cause notamment de surcoûts liés à la congestion de ces pôles économiques. Ces externalités négatives pousseraient en effet les facteurs de production à se re-localiser dans des régions moins engorgées, moins saturées. Après une première période de divergence économique, on assisterait ensuite à une convergence des niveaux de revenu par tête.

La géographie économique introduit également le problème du spillover effect qu'on peut facilement illustrer en matière de transport : le développement des infrastructures de transport pourrait s'avérer défavorable aux régions pauvres en favorisant la migration d'entreprises

désireuses de profiter des externalités positives des agglomérations. Un tel phénomène peut être amplifié par une politique européenne dynamique en matière de transports interrégionaux. Nous reviendrons plus longuement sur cette question à la fin du travail.

Plus récemment, Krugman (1991) a développé dans le cadre de la "nouvelle géographie économique13" un schéma pour étudier l'interaction entre les externalités positives des agglomérations et les autres forces économiques influant sur les décisions de localisation. Il s'agit en fait d'une théorie de commerce international montrant que l'existence de rendements d'échelle croissants combinés à des frais de transport suffit à produire une concentration des activités économiques dans un nombre restreint de régions. Une intégration économique plus poussée accroît le commerce et la mobilité des facteurs, ce qui à son tour génère de nouvelles opportunités d'économies d'échelle et de spécialisation. Cela conduit à un schéma "centrepériphérie" assez proche du cercle vicieux de Myrdal. La différence entre les deux modèles réside dans le caractère accessoire des économies externes dans le modèle de Krugman14 alors que pour Myrdal, ces mêmes économies d'agglomération sont le moteur de la concentration territoriale de l'activité économique.

Chez Krugman, ce sont les économies internes aux entreprises qui favorisent nécessairement la concentration spatiale. Les coûts de transport, par contre, y jouent un rôle plus ambigu. En cas de faible diminution, ils encourageront la polarisation alors qu'une forte réduction de ceux-ci permettra une redistribution spatiale plus équilibrée. Cela s'explique par le fait qu'une diminution des coûts de transport, selon son ampleur, favorise soit la production dans la région où elle est la moins chère, soit l'utilisation extensive des économies d'échelle.

Dans le cadre européen, on peut élargir les coûts de transport à tous les coûts de transaction15 sans pour autant modifier les conclusions de Krugman : si une éradication complète des obstacles aux échanges accroît la compétitivité des régions périphériques, une élimination partielle ou imparfaite de ces obstacles peut, au contraire, engendrer des effets pervers en aggravant les déséquilibres régionaux.

Par ailleurs, la nouvelle géographie économique identifie trois scénarii plausibles pour le développement régional de l'Europe (Braunerhjelm et al. 2000) :

13 Voir aussi Venables (1996)

14 La concentration spatiale de l'activité économique y est expliquée par des « externalités pécuniaires » (coûts de transport, économies d'échelle).

15 Les coûts de transactions englobent les coûts de transport et toutes les formes de barrières au commerce.

1. La plupart des régions vont être capables d'exploiter leurs avantages comparatifs. Ce qui va nécessairement conduire à un développement régional équilibré et convergent.

2. On peut s'attendre à une forte concentration géographique si les externalités positives des agglomérations sont importantes. Combiné avec une grande mobilité du travail, ce scénario prévoit une convergence du revenu par tête mais en laissant certaines régions largement dépeuplées.

3. En cas de faible mobilité du travail, on assistera inévitablement à une polarisation accrue entre régions avancées et régions pauvres et à une divergence du revenu par tête.

Enfin, la géographie économique met en évidence le trade-off entre équité et efficience16 auquel font face les pouvoirs publics : si d'un point de vue éthique, il semble opportun d'inve stir prioritairement dans les régions pauvres, il peut être économiquement encore bien plus efficace d'investir ces ressources dans les régions riches aux taux de rendement social17 généralement supérieurs. Nous verrons si, dans la pratique, l'Union Européenne rencontre ce dilemme. Mais avant cela, nous allons confronter ces prédictions théoriques aux réalités de ces dernières décennies.

16 Signalons au passage que l'approche de Perroux (1958) atténue sensiblement ce dilemme entre équité et efficience puisque les investissement dans les pôles de croissance seraient alors destinés à accentuer, à terme, les effets de contagion profitables aux régions défavorisées environnantes.

17 Ou taux de rendement total pour la société en général.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand