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Capital public et productivité en zone CEMAC

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par Jean Patrick Mfoulou Olugu
Université de Yaoundé II soa - DEA 2008
  

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RÉSUMÉ 

Cette étude quantifie la contribution du capital public à la croissance de la productivité des facteurs privés. La méthode élaborée est celle d'une fonction de production Cobb-Douglas élargie au capital public. Nous estimons le modèle au moyen des données de panel couvrant les six Etats membres de la CEMAC, pour la période allant de 1994-2003. les résultats de la présente étude indiquent que, le capital public contribue largement à la croissance de la productivité des facteurs privés, même si le recours à un système d'équations simultanées pour tenir compte d'un éventuel effet d'éviction peut, sous certaines réserves, en atténuer la portée. Nous retrouvons dans le cas de la CEMAC, une contribution du capital public proche de celle de Aschauer (1989).

ABSTRACT

The objective of this study is to quantify the contribution of public capital in increasing the productivity of private factors of production. To this effect, we use the Cobb Douglas production function, augmented with public capital. We use panel data, running from 1994-2003, for the six countries of the CEMAC sub region for the estimation our model. Our results show that public capital significantly contributes to the growth in productivity of private factors of production, even though the use of a system of simultaneous equations that takes into account the crowding out effect can, with some reserves, mitigate the extent of our results. In the case of CEMAC, we find a capital contribution close to that of Aschauer (1989).

INTRODUCTION GENERALE

Le modèle de croissance néoclassique1(*) développé par Solow (1956) et Swan (1956) constitue le point de départ de la plus par des analyses empiriques sur la croissance2(*). Le modèle de Solow identifie deux principales sources possibles de variation du revenu par tête : les différences de capital par tête et les différences d'efficacité du travail. Le modèle montre cependant que seule l'efficacité du travail peut conduire à une croissance permanente du revenu par habitant, l'impact d'un changement dans l'accumulation du capital par tête n'étant que modeste et transitoire. Ainsi, d'après le modèle de Solow, la croissance économique est le résultat d'un progrès technique exogène et les revenus tendent à converger dans tous les pays à long terme. Ces différentes conclusions montrent clairement que le capital physique en général et le capital public en particulier ne jouent pas un rôle fondamental dans le modèle de Solow. La variable du modèle de Solow susceptible d'être influencée par la politique gouvernementale est le taux d'épargne. Or, le modèle montre que le taux d'épargne n'a aucun impact sur la croissance de long terme des économies. Les changements de taux d'épargne n'affectant le taux de croissance qu'à court terme mais à long terme, une augmentation du taux d'épargne ne conduit qu'à une augmentation proportionnelle du ratio capital par travailleur. Le caractère exogène du progrès technique et l'aggravation des différences de niveau de vie et de revenu par habitant vont ouvrir la voie à une vague de critiques visant à remettre en cause le modèle de Solow. D'après Guellec et Ralle (1997), si le principal moteur de la croissance (le progrès technique) dans le modèle de Solow est exogène, cela signifie que ce modèle n'explique pas la croissance mais rend juste compte des ajustements entre les différentes variables. A la fin des années 80 et au début des années 90, une nouvelle vague d'études visant à modéliser de manière explicite le progrès technique va se développer et ouvrir la voie à une nouvelle théorie de la croissance : la théorie de la croissance endogène.

Les développements de la croissance endogène au début des années 1990 (Romer, 1986 ; Lucas, 1988 ; Romer, 1990 ; Barro, 1990 ; Rebelo, 1990 ; Grossman et Helpman, 1991 ; Aghion et Howitt, 1992) ont permis d'identifier un certain nombre de facteurs explicatifs de la croissance (éducation, recherche et développement, innovation technologique, le capital public, etc), et de modéliser le progrès technique. Le modèle de Barro (1990) notamment, attribue un rôle important au capital public qui est supposé améliorer l'efficacité du secteur privé, et par ce biais, la production.

Au cours des deux dernières décennies, la question du rôle productif du capital public a connu un certain regain d'intérêt grâce, d'une part, aux travaux des théoriciens de la croissance endogène (Barro, 1990 ; Rebelo, 1990) et, d'autre part, d'un renouveau des études empiriques (Garcia-Milà et McGuire, 1992, Evans et Karras, 1994 et Holtz-Eakin, 1994). Si la paternité du développement du rôle du capital public sur la croissance est attribuée à Barro, il faut noter que, Ashauer (1989) a été à l'origine d'une controverse importante sur la productivité du capital public et ses mesures. Les études empiriques se sont en outre assez rapidement tournées vers une échelle spatiale d'observations fines, passant du national au local, essentiellement en vue d'accroître le nombre d'observations. Les effets du capital public sur la productivité ont surtout porté sur les Etats Unis, peu de travaux concernent les situations européennes (Charlot et al. 2003, Hurlin 1999), pratiquement rien en Afrique. L'explication la plus évidente à ce manque de travaux sur l'Europe et l'Afrique réside dans la difficulté à mesurer la production et les dotations en facteurs à des niveaux régionaux (Charlot et al. 2003).

En effet, le recours à des panels régionaux ou internationaux, permet de répondre à ces problèmes. Par ailleurs, les estimations de l'élasticité du capital public sont alors généralement plus raisonnables et permettent d'obtenir des taux de rendement des investissements publics variant entre zéro et le taux de rendement implicite du capital privé. L'utilisation de données de panel permet notamment d'introduire des effets spécifiques fixes ou aléatoires propres aux pays ou aux régions suivant les cas, et par là même de ne pas imputer de manière fallacieuse les différences de productivité inobservables aux variations du stock de capital public. Garcia-Milà et McGuire, (1992), tout comme Evans et Karras, (1994) et Holtz-Eakin, (1994), soulignent le fait que ces effets spécifiques sont déterminants dans l'estimation de l'élasticité de la production par rapport au capital public.

Parallèlement, une série de travaux menés sur données de panel se sont attachés à estimer une fonction de production dans un cadre de minimisation des coûts. Les quelques études fondées sur cette approche pour analyser l'effet du capital public sur la croissance de la production et de la productivité ont fourni des estimations moins controversées. Ces études comprennent celles de Morrison et Schwartz (1996), Nadiri et Mamuneas (1994), Lynde et Richmond (1992) et Deno (1988) qui ont étudié l'effet du capital public sur la structure des coûts des diverses branches d'activité américaines. Lynde et Richmond (1993), Berndt et Hansson (1992), Shah (1992) et Conrad et Seitz (1994) ont procédé à des études comparables. Demetriades et Mamuneas (2000) ont examiné l'importance du capital public dans la structure de production des pays membres de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE).

Les pays de l'Afrique Subsaharienne (ASS) en général et ceux de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale3(*) (CEMAC) en particulier présentent, sur longue période, une baisse continue des performances macroéconomiques4(*). Or l'un des objectifs en Afrique Subsaharienne aux lendemains de l'indépendance était une accumulation rapide puis l'accroissement du capital d'infrastructure. Pour atteindre un tel objectif, les Etats se sont engagés directement dans la production, en s'érigeant en actionnaire principal dans le capital public qui, soit est jugé d'importance capitale pour le développement économique, soit est une activité considéré comme prioritaire pour la croissance économique. Ainsi, de nombreuses infrastructures publiques ont été créées au fils des années, dans divers secteurs de l'économie. Une telle tendance a été inversée au cours des années 80. En fait, une nouvelle orientation de la politique de croissance économique dans ces pays a requis un déplacement du pôle de développement économique, de l'investissement public vers l'investissement privé. L'objectif visé était de définir un dimensionnement des unités de production qui s'adapte aux capacités du marché local, privilégiant dès lors l'investissement privé. Comme le note la Banque Mondiale, devant l'ampleur de l'endettement et la nécessité d'accroître l'épargne publique pour y faire face, les possibilités d'accroître l'investissement public sont plutôt limitées. De ce fait, il est préférable de compter sur le secteur privé pour relancer la croissance. Malheureusement à la fin des années 80, le dynamisme du secteur privé ne tenait qu'au secteur urbain informel. En effet, en réponse à la récession économique de 1985/86, la réglementation dans le secteur formel s'étant accrue, de nombreuses entreprises ont dû être fermées. Les compressions et les cas de chômages se sont accrus et le secteur urbain informel, absorbant la main d'oeuvre ainsi libérée, s'est développé au détriment du secteur formel. En fait, les performances économiques médiocres de la seconde moitié des années 80 en Afrique Subsaharienne n'ont pu être corrigées assez rapidement dès le début des années 90. Ainsi, la croissance de la production décroît de 1.6 points entre 1980 et 1995, et de 2.0 entre 1980 et 2000, l'investissement en capital public chute de 5.4 points entre 85-94 et 95-03 pour les pays de la CEMAC. Durant la période d'ajustement, alors qu'on aurait dû s'attendre à de meilleures performances, la situation s'est plutôt dégradée. Cela n'était pas uniquement dû à une spécialisation des échanges en biens primaires ni du fait de la baisse tendancielle des termes de l'échange dans la mesure où elle s'était produite aussi dans d'autres pays en développement. En effet, les économies de l'ASS pâtissent de faiblesses structurelles.

Bien que la dévaluation du franc CFA ait permis une reprise de la croissance pour les pays de la zone Franc, il faut noter que plusieurs mesures avaient été mises en place afin de remédier à la crise. Elles étaient d'ordre macroéconomique et microéconomique. Au niveau macroéconomique, il s'agissait principalement de modifier le taux de change réel d'équilibre, soit par des ajustements monétaires, soit par des ajustements réels. Ces derniers consistent principalement en des restrictions budgétaires qui amènent à des baisses du niveau d'absorption et donc du niveau des prix intérieurs. Au niveau microéconomique, il s'agissait d'intervenir à la fois sur les coûts de production et sur la productivité des facteurs. La baisse des coûts de production pouvant se produire grâce à la privatisation des entreprises des secteurs productifs, à la libéralisation du marché du travail, ou à la suppression des contraintes de financement des secteurs productifs. Les facteurs qui influencent la productivité sont variés. Ils touchent à la fois les questions de formation du capital humain, le cadre institutionnel et législatif des affaires, les politiques d'approvisionnement en infrastructures publiques, le degré d'ouverture de l'économie. Ces facteurs sont particulièrement au coeur des réformes des PAS. Il est possible cependant qu'apparaissent des contradictions entre les mesures de stabilisation et la recherche d'une plus grande productivité, notamment à travers l'approvisionnement en infrastructures publiques : des restrictions budgétaires nécessaires au rééquilibrage des comptes publics, bien qu'exerçant une pression à la baisse sur le taux de change réel, risqueraient d'avoir un impact néfaste sur la productivité des secteurs de production. Inversement, l'accroissement d'un investissement public en infrastructure, bien qu'exerçant un effet positif sur les secteurs productifs, peut entraîner une appréciation du taux de change réel, essentiellement du fait de son éviction sur le secteur privé.

Dans la zone CEMAC, les facteurs de production restent d'un coût élevé, de qualité faible et les infrastructures de base sont d'un niveau d'approvisionnement insuffisant (FMI, 1999). A ce propos, Latreille et Varoudakis (1996) montrent que le manque de compétitivité des secteurs économiques est imputable à une faiblesse des gains de productivité, elle-même due notamment à la baisse du rythme des investissements publics. A la lumière de ces enseignements, il apparaît opportun de s'intéresser aux effets macro-économiques des infrastructures publiques. Aussi le présent travail répond à la question de savoir : Quel est l'impact des infrastructures publiques sur la productivité dans la sous région CEMAC5(*)6(*) ? Pour ce faire, deux questions subsidiaires seront examinées : Des investissements en infrastructures publiques plus élevés entraînent-ils une hausse de la productivité économique ? Quel est le sens de la causalité entre la productivité et les investissements en infrastructures publiques?

L'objectif principal du présent travail est d'évaluer la contribution des infrastructures publiques à la productivité des facteurs privés. Plus spécifiques, il s'agira de réaliser un examen des études théoriques qui examinent les liens entre les investissements réalisés dans l'infrastructure et la productivité; de relever les problème économétriques source de désaccord entre les auteurs sur le rôle productif de l'investissement en capital public et ; de faire un examen de la situation en zone CEMAC.

Pour y parvenir, nous effectuons une analyse économétrique en données de panel sur les six pays de la zone CEMAC, pendant la période 1994-2003. L'étude s'appuie essentiellement sur la fonction de production Cobb-Douglas élargie au capital public. Les données sont obtenues dans le CD-ROM de la Banque Mondiale (2005). Les estimations sont faites sur la base du logiciel TSP 4.3A.

L'intérêt d'une évaluation de la contribution du capital public à la productivité est double : elle s'inscrit d'abord dans le débat macroéconomique sur les effets productifs du capital public, elle éclaire également la question de la capacité des investissements en capital public à améliorer la productivité dans le cas sous régional. Un tel débat s'est souvent centré sur le rôle des infrastructures de transport, en insistant sur la baisse du coût de transport des biens et l'accessibilité des lieux (Bonnafous, 1993 ; Fritsch, 1997 ; Kuitcha 2005).

La première partie présentera deux chapitres, le premier chapitre est consacré à l'analyse des théories traditionnelles de la croissance néoclassique et de la croissance endogène. Le deuxième chapitre examine la littérature ayant mis en exergue l'impact du capital public sur la croissance suivant les différentes approches.

La seconde partie se divise également en deux chapitres. On évaluera d'abord les travaux antérieurs de la contribution du capital public sur la productivité, (chapitre trois). Par la suite (chapitre quatre), une mesure de la contribution du capital public à la productivité des facteurs privés de la sous région CEMAC sera évaluée.

* 1 L'économie néoclassique est une école de pensée économique qui a émergé vers la fin du XIX e siècle. Dans l'économie néoclassique, le processus par lequel un régime de marché répartit les ressources d'une économie est au centre de l'attention analytique

* 2 Ongono (2006) et kuttcha (2005) l'ont également souligné dans leur mémoire de DEA.

* 3 le Cameroun, le Gabon, le Tchad, le Congo, la République Centrafricaine et la Guinée Equatoriale sont membres de la CEMAC

* 4 Voir tableau annexe 1

* 5 Dans ce document, le capital public englobe l'infrastructure et la non infrastructure et se confond à la somme des investissements publics.

* 6 Zegeye (2000) définit l'infrastructure comme toute dépense publique d'investissement au niveau de l'État et au niveau local.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand