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La perestroika ou réformer l'irreformable

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par Vincent Geraud
Université de Toulon La Garde - Master 1 2006
  

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1 Diagnostic des dysfonctionnements du système

11 Fonctionnement de la planification centralisée soviétique et ses implications

111. Traits généraux de la centralisation

Qu'est ce que la planification ?

A l'instar du marché, les représentations que l'on peut se faire de la planification sont parfois simplistes et peu réalistes. En Union soviétique, le plan est une somme de nombreux plans hiérarchisés, qui constituent un ensemble de projets initiés des plus hauts niveaux de la hiérarchie économique vers les niveaux inférieurs. Cet ensemble de plans doit aboutir en fin de compte à une cohérence globale. Néanmoins «la planification doit, en réalité, être comprise comme un processus ininterrompu, complexe, mouvant et contradictoire, comme un ensemble de rapports économiques qui s'établissent entre les divers agents de la structure économique, et dans lequel les différents plans ne représentent qu'un moment, certes important, mais lui-même transitoire»1(*). Il convient donc de différencier dans l'analyse élaboration et exécution des plans, compte tenu des différences considérables entre le plan sous son aspect formalisé et le même plan dans son processus réel dans lequel apparaissent des rapports de force entre agents aux motivations antagonistes.

La planification soviétique combine les différents aspects décrits ci-dessus : elle peut être décomposée d'une part en une planification plutôt indicative à moyen long terme (plans quinquennaux et orientations à dix ou quinze ans) qui correspond à une stratégie de développement à très long terme défini par le parti, et d'autre part en une administration économique (la planification annuelle), beaucoup plus détaillée et impérative, qui assure la gestion courante des activités de l'Etat Monopole.

La planification centralisée est considérée comme un instrument privilégié des économies socialistes. Ce système est basé sur un pouvoir de décision détenu par le centre qui choisit les grandes orientations macroéconomiques (nous y reviendrons par ailleurs). Une telle organisation peut apparaître efficace, mais induit des difficultés dans le fonctionnement. C'est un des aspects qu'aborde W. Brus dans ses ouvrages2(*). Le point de départ de sa réflexion est constitué par la constatation des difficultés réelles rencontrées par une certaine pratique de la planification centralisée dans les pays socialistes. Parmi les difficultés on constate que plus une économie nationale se diversifie, plus le nombre des produits qu'on y fabrique s'accroît, plus les techniques de production mise en oeuvre se multiplient, plus, aussi, une forme déterminée de centralisation risque de devenir inefficace. En effet le centre peut se trouver submergé par le nombre et la complexité des problèmes à régler et par la multitude des connaissances et des informations dont il faut disposer pour les résoudre correctement. Ceci induirait la mise en place d'une certaine forme de décentralisation et, également, poserait le problème des diverses formes de liaisons entre unités de production. Par ailleurs on peut dire que, si la centralisation des décisions est effectuée dans de mauvaises conditions, il existe un risque considérable de voir se multiplier les décisions non fondées, irréalistes ou totalement inadéquates. Ceci peut, non seulement freiner le développement des forces productives mais encore aboutir à une situation ou les décisions prises centralement deviennent formelles. Ainsi, dans ce cas, le contrôle réel s'effectuant alors à un autre niveau que celui dont on proclame l'autorité peut entraîner des conséquences de plus en plus difficiles à maîtriser.

Pour poser une justification économique au recours à une économie planifiée, Brus explique que « la supériorité du système socialiste sur le capitalisme se traduit par la possibilité d'utiliser pleinement les capacités productives (...), le socialisme est non seulement un système plus juste mais aussi plus rationnel du point de vue économique. », il souligne pour illustrer cela le confort social pour la main d'oeuvre que représente la suppression du chômage structurel, ou encore le sentiment d'appartenir à un système plus égalitaire.

Néanmoins il n'élude pas les conséquences négatives de la planification. En effet il met en exergue les défauts du système parmi lesquels il perçoit en la non stimulation du travailleur (qui se voit assurer salaire et emploi) une limite importante.

De manière plus générale un ensemble particulièrement complexe est lié d'une part à la question de la direction économique centralisée et, d'autre part, aux conditions exigeant un développement maximum de l'initiative de tous les maillons économiques et une participation active des masses à la gestion. L'émulation active, créatrice des masses dans l'activité économique suppose une marge d'autonomie des maillons économiques, or, la centralisation signifie quelque chose de diamétralement opposé c'est à dire la concentration du pouvoir de décision.

L'examen précis des relations plan/marché dans l'économie soviétique nous permet donc de dire que plan et marché cohabitent en s'opposant.

Brus explique en conséquence que si la planification à des vertus et s'appuie sur des fondements théoriques, la pratique en situation de celle-ci amène à des incohérences que nous nous efforcerons de décrire.

* 1 W.Brus : Problèmes généraux du fonctionnement de l'économie socialiste, Maspero 1970.

* 2 Brus : Problèmes généraux du fonctionnement de l'économie socialiste, Maspero 1970.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon