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L'avenir du régime de non prolifération : La position iranienne dans la crise

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par Adrien Lopez
Université Toulouse 1 - Master Relations Internationales et Politiques de Sécurité 2008
  

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Le monde depuis les attentats du 11 septembre 2001 ?

Dans une volonté de compréhension de la situation actuelle et avant de rentrer dans les détails du régime, il faut tenter de décrire un peu le système international. La situation actuelle est un peu particulière, nous allons essayer de comprendre en quoi. Le système international est chapeauté par les État Unis depuis la chute du mur de Berlin et de l'Union Soviétique. Toutes les diplomaties, les combattants, les opinions publiques vivaient au rythme de ce combat idéologique et parfait réel de tous les instants. La chute si particulière de l'Union Soviétique, sans guerre n'a pas entraîné un changement radical dans les comportements des anciens alliés du camp communiste, beaucoup des acteurs n'ayant connu que la guerre froide. Les habitudes ont perduré et seule la raison invoquée pour ce combat a changé. L'idéologie sensée tuer la religion ayant disparu, la religion revient au centre du combat. La politique étrangère américaine est partagée entre interventionnistes idéalistes et réalistes. Ils se partagent le gouvernement au gré des élections et cela crée des « moments ». Ces moments dépendent donc des caractéristiques de la politique étrangère et de la zone choisie, la zone stratégique la plus importante.

En se référant au livre de M Droz Vincent44(*), on peut identifier le début d'un moment américain au Moyen Orient. Il ne coïncide pas exactement avec les attentats du 11 septembre 2001 mais ces attentats et la réaction qui va suivre avec la guerre en Afghanistan puis en Irak vont en être les premiers symptômes. Ce moment américain va consister en une focalisation sur le Moyen Orient et la mise en place d'une « guerre globale contre le mal ». Par une diplomatie « transformationiste » et interventionniste, l'objectif est de resculpter la région en éliminant purement et simplement les obstacles à la vision idéale américaine du « Greater Middle East ». Un des raisons à l'existence de ces moments est peut-être la place des chercheurs dans le processus décisionnel américain. Les chercheurs sont associés au pouvoir, ils font du monde un champ d'expérimentation de leurs théories. Suivant leur sensibilité on passe d'un moment à un autre. Ils ont trouvé un moyen de tester les théories des relations internationales. A ces différentes sensibilités théoriques, s'ajoutent les impératifs nationaux, internationaux, politiques, économiques. Bref la diplomatie américaine connaît des revirements. Dans le Moyen Orient, les États-Unis ont été ennemis et amis de presque tout le monde, ont armé presque tous les pays pour dans un autre moment les combattre. L'intérêt national des pays concernés n'est lu qu'à travers un prisme américain, les modes de vie qui sont exportés n'ont pas de réalité sur le terrain, un pays appliquant à la lettre, un vassal se verrait exclu de la zone complètement, en opposition avec tous les autres. L'impact sur le monde de la diplomatie américaine est toujours démesuré si on la compare avec la diplomatie d'autres pays. Cet hégémon a comme zone d'intérêt géostratégique le monde entier et passe d'une zone à l'autre en fonction des moments identifiés plus haut. Le Moyen Orient a été pendant la guerre froide le terrain de jeu des superpuissances et les problèmes actuels sont toujours teintés des restes de cette période. Par exemple et nous le verrons dans ce travail, les communications de l'Ayatollah Khamenei sont toujours orientés sur le thème des non alignés dans un monde qui est à l'heure de la guerre religieuse (partie 2). A la fin de la guerre froide, les champions régionaux soviétiques ne sont pas morts comme l'Union Soviétique. Les Américains vont tenter de négocier avec eux puis si cela ne fonctionne pas vont mettre en place les stratégies ayant marché dans la période précédente. Ils vont mettre en place des stratégies unilatérales de sanction et de « containment » après la fin de la guerre du golfe vis-à-vis notamment de l'Iran. La montée en puissance des néo conservateurs, la reprise de termes comme « axe du mal » ayant servi pour qualifier les ennemis, des Nazis aux Iraniens, vont engendrer des gaspillages diplomatiques et une stratégie de communication idéologiquement forte, en phase avec les radicaux locaux qui se voient donner de l'importance du fait de l'adéquation de leurs discours à celui des américains. Les références à Dieu, au mal, ont naturellement amené les intégristes à reprendre le combat des communistes. Les partis ennemis doivent parler le même langage pour qu'une guerre psychologique, médiatique, puisse avoir lieu. Il faut qu'il y ait socialisation commune des acteurs à une guerre afin qu'ils puissent se répondre. Le retour à la religion est aussi compréhensible pour une autre raison. L'effritement des identités, la corruption, la perversion des idéaux poussent les gens à se tourner vers des valeurs-refuges, des valeurs « pures ». L'ascétisme et le dévouement, à des principes religieux millénaires, sont une manière de retrouver une cohérence morale dans ce monde qui en manque cruellement. Cet aspect religieux et cette tentation à la perversion du « moine ou de l'imam » fait de grands dommages dans la société civile. Si tous les types d'allégeances, toutes les identités sont contestées, les individus auront de plus en plus de raison d'en arriver à la violence. Officiellement le combat est contre le terrorisme, contre la dissémination des armes de destruction massive mais pour la résolution du conflit israélo palestinien, la stabilisation du Moyen Orient, la démocratisation, le développement du libre échange, l'ouverture des marchés. Cependant ces objectifs ne sont pas menés forcément de manière multilatérale. La diplomatie américaine souhaite changer les choses, avec ou sans l'accord des premiers concernés. C'est en général ce que l'on attend d'un pays vassal mais les américains n'ont pas les moyens de vassaliser le Moyen Orient. Il y a eu un équilibrage des puissances45(*), il ne sert plus à rien de le nier ou d'essayer de trouver une nouvelle théorie sur les caractéristiques d'un état pour tenter d'affirmer que les américains sont encore la plus grande nation au monde46(*) (ici la démographie américaine fait des État Unis la seule super puissance de demain). Le recours à l'unilatéralisme est mal vu dans le monde, cependant il est tempéré par des demandes américaines de partage des coûts des instances multilatérales internationales. On peut trouver plusieurs exemples de ces demandes de participation, le général américain James Jones demandant un renfort des autres pays de l'OTAN en Afghanistan47(*) où l'acceptation même partielles des conditions françaises pour son retour dans l'Otan48(*). C'est peut-être le signe d'un « over stretching » américain ? Malgré ce constat de volonté de partage, on voit que dans les régimes multilatéraux « universels », il y a désengagement des américains. Cela peut paraître contradictoire à première vue. Cela est peut-être dû à la présence de tous les pays et même les ennemis dans ces structures, à l'impossibilité de mener une diplomatie offensive voire guerrière dans le cadre d'un organe démocratique international. On ne négocie pas pareil avec ses amis qu'avec ses ennemis et peut être les règles de ces régimes sont trop contraignantes ou empêche d'obtenir les résultats escomptés. Nous verrons cela précisément dans ce mémoire pour le cas de la crise du régime de non-prolifération. Une hypothèse serait que l'utilisation de l'unilatéral ou du multi latéral « hors régime » semble montrer que les américains continuent à mettre en place une stratégie diplomatique offensive qui dans un contexte d'équilibrage de la puissance ne peut plus respecter les cadres démocratiques.

Dans le cadre du régime de non-prolifération nucléaire, les remarques quand à la diplomatie américaine que l'on peut faire sont les suivantes. On a vu la mise en place d'une stratégie « Hors régime » offensive, appuyée par des alliés de circonstance ou non dans la communauté internationale (Groupe 5+1 par exemple). Les négociations avec l'Inde ou les sanctions unilatérales sur l'Irak, la Corée du Nord, l'Iran, sont un signe fort à la communauté internationale que quelle que soit la position des institutions, de l'AIEA, du conseil de sécurité, les américains mèneraient leur politique de (non) prolifération comme ils l'entendent. Le fait que l'Iran se trouve dans le Moyen Orient, qu'il possède un programme nucléaire litigieux, qu'il soit l'ennemi des États-Unis peut faire penser que ce sont les volontés stratégiques américaines et non les grands principes moraux internationaux qui guident la diplomatie américaine. Principes internationaux qui ne sont défendus que lorsqu'une puissance veut en faire son combat, le reste du temps ils tombent dans l'oubli. Il y aurait une injustice flagrante dans l'optique d'une démocratie internationale de respect des droits de l'homme, si un pays pouvait décider seul qui peut ou ne peut pas avoir accès à la technologie nucléaire civile.

L'aspect suivant est ce que M Droz Vincent appelle « l'exception autoritaire arabe ». Les tenants de l'idée que les pays arabes sont condamnés à l'autoritarisme s'ils n'adoptent pas les valeurs occidentales font preuve d'un positivisme qui rappelle fortement le colonialisme dans son idée d'une aide à la nécessaire évolution des peuples sous évolués et introduit une hiérarchisation des cultures et des sociétés. Le monde arabe a évolué en osmose avec le monde occidental depuis que celui-ci a décidé de transformer les partenaires commerciaux en protectorat ou en colonies. Tous les habitants de ces régions ont eu accès aux valeurs, aux idéaux occidentaux durant ces périodes et rien ne les a empêchés de les analyser et de se les approprier. Si on regarde des vidéos du Shah et des vidéos aujourd'hui, on voit qu'il y a 60 ans, les iraniens étaient américanisés et étaient complètement en phase avec le monde occidental. Affirmer que des peuples n'ont pas évolué alors qu'ils ont juste décidé de refuser un modèle de vie est mensonger et pourrait être une preuve basique, le racisme.

De plus la démocratie n'amène pas forcément la paix, ni les respects de droits de l'homme ou des minorités. La démocratie n'a pas forcément comme but d'abolir la peine de mort ou de promouvoir telle ou telle valeur. La démocratie est initialement un système d'organisation politique qui permet de satisfaire le plus grand nombre des citoyens, en désignant comme un intérêt collectif l'intérêt de la majorité. C'est, certes, un moyen de stabiliser un état, mais elle ne donne aucune garantie d'un résultat « droit de l'Hommiste » ou « solidaire ». Cette sémantique variable du concept de démocratie est importante à souligner car elle peut entraîner des abus commis au nom de la démocratie. Il y a sûrement une progression philosophique, dans le moment actuel, certaines valeurs plus « démocratiques », des standards de comportement comme les critères de gouvernance ou la défense des droits de l'homme sont mis en avant mais cela n'est pas nouveau dans le fond et non la forme. Il y a eu d'autres périodes ou des empires continentaux, des alliances ont promu la négociation, la paix. La violence est, certes, déclenchée par le monde extérieur, mais elle prend racine dans l'homme. Si le moment suivant est un moment de tensions sur les ressources, de rareté des biens de consommation primaires, des zones sanctuarisées ou pas, pacifiées ou pas, finiront comme le plus intégré, développé et prospère des empires.

Ces « moments » dans la diplomatie et dans le système international peuvent être comparés à des cycles. Ces cycles à l'instar de cycles économiques s'alternent et l'on ne peut pas parler réellement d'évolution vers un but défini. Les analyses grecques sur la démocratie, les dilemmes éthiques à la puissance, le rôle de l'hégémon, nous montrent leur étonnante actualité. Le facteur qui pourrait expliquer le passage d'un cycle ou moment à un autre peut être donc le niveau de tension entre les ressources avec des ressources qui ne sont pas qu'économiques. L'impossibilité d'accéder à un statut social, l'impossibilité d'accéder à des matières premières, l'impossibilité de survivre.

La globalisation et l'accélération des moyens de communication ne font qu'accélérer la diplomatie et introduire encore plus d'urgence dans celle-ci, c'est dans les situations extrêmes que les mauvaises décisions peuvent être prises, c'est en partie à cause du « brouillard de guerre » et le manque de temps que les décideurs peuvent en arriver au pire des moyens diplomatiques, le dernier, la guerre.

Il peut sembler étrange de dire ainsi que le monde n'a pas changé alors qu'aujourd'hui tout paraît prouver le contraire. La « pax democratica » et la « pax economica »49(*) ont permis dans certaines zones de créer des interdépendances complexes, les systèmes politiques sont intégrés, les intérêts sont mis en commun par les régimes, et l'on voit des valeurs universelles des droits de l'Homme, des principes non écrits invoqués par les diplomates et les chefs d'État régir la vie internationale. Tout cela existe depuis que les conditions techniques ont rendu tout cela possible et le monde est ainsi uniquement par la volonté de la superpuissance de la période précédente. Aujourd'hui avec le rééquilibrage, qui peut être sûr que les nouvelles puissances hégémoniques vont conserver tout cet encombrant encadrement juridique que même les américains paraissent souvent regretter.

L'autre hypothèse que l'on veut contredire est que la pratique des relations internationales globales apporterait une maturation du système international et que cela rendrait possible une pacification du monde à terme. C'est une vision positiviste, d'évolution vers quelque chose de meilleur. Hors, à côté d'un constat d'un monde moral et interdépendant (dans certaines zones) on voit que la guerre continue à la périphérie de ces zones, dans les autres régions du monde et l'on ne voit pas pourquoi ces alliances ou intégrations ne pourraient se faire la guerre dans le futur.

La période actuelle est caractérisée par une tension de plus en plus grande sur tous les biens et une raréfaction des ressources50(*). Malgré le fait que cette tension ne soit pas le seul facteur expliquant les crises internationales, la présence de celle-ci entraîne automatiquement une instabilité. La coopération internationale est un des moyens essayant de résoudre ces tensions et c'est justement le phénomène que ce mémoire va tenter d'analyser. Le déclin américain semble condamner l'organisation du monde qu'ils ont créé. Le monde connaît aujourd'hui une période de transition où les acteurs qu'on disait en développement, menaçants, « future grande puissance », commencent à changer le monde. La crise iranienne peut être un indicateur de la nouvelle organisation de la puissance des acteurs. Le règlement de cette crise pourra donner une idée des rapports de force car chaque grande puissance à une idée différente et veut imposer un rôle différent à l'Iran. Ce qui est sûr c'est que la Chine ou la Russie (et peut être un jour l'Europe) n'ont pas fait tant d'efforts pour rester maintenant passif et laisser les américains continuer à dominer seuls, le monde va maintenant rapidement changer et tous les indicateurs le montrent.

* 44 Droz -Vincent, Philippe, Vertiges de la puissance, le « moment américain » au moyen orient, La découverte, 2007

* 45 Haas, Richard, « The age of non polarity: What will follow U.S. Dominance », Foreign Affairs, Vol 87, n°3, Mai Juin 2008 , pp 44 - 56

* 46 Zakaria , fareed, « The future of american power », Foreign Affairs, Vol 87, n°3, Mai Juin 2008, p28 - 43

* 47 Polémique sur les renforts français en Afghanistan, http://www.lejdd.fr/cmc/politique/200813/polemique-sur-les-renforts-francais-en-afghanistan_106834.html , (consulté le 12 août 2008)

* 48 L'Otan se félicite du retour de la France, http://www.lefigaro.fr/politique/2008/06/18/01002-20080618ARTFIG00016-l-otan-se-felicitedu-retour-de-la-france.php, (consulté le 12 août 2008)

* 49 Russet, Bruce, Grasping the democratic peace, principles for a post cold war world, Princeton University Press, 1993

* 50 Ourdan, Rémy, « Demain, les guerres de la faim », Le monde, dossiers et documents, n°377, Juillet Août 2008

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon