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L'influence des principes de la doctrine sociale de l'Eglise sur les politiques de ressources humaines des entreprises

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par Ranim EL-HAGE
Université Paris 1 Pantheon Sorbonne - M2 Recherche Economie des ressources humaines et des politiques sociales 2007
  

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I.2.b PIE XII : Allocution au 9ème Congrès de l'UNIA PAC (Rome, 7 mai 1949)

Dans cette allocution à l'Union Internationale des Associations Patronales Catholiques (UNIAPAC), Pie XII adresse un message à tous les patrons du monde. Après

avoir remercié l'audience d'avoir accueilli à bras ouverts les principes de la doctrine sociale chrétienne, il précise qu'il leur faut soigneusement circonscrire leur marge de manoeuvre entre les limites du droit public et leurs aspirations personnelles. A l'intérieur de cet espace, les patrons doivent rester maîtres de leurs décisions, tout en évitant le despotisme. Réaffirmant l'enseignement de son prédécesseur, il déclare que l'établissement d'un statut de droit public pour l'économie sociale serait la manière la plus directe pour établir un ordre économique juste. Il est tout à fait légitime que les pourvoyeurs de capitaux bénéficient d'une partie majeure du fruit de l'activité, mais ils sont tenus, en revanche, de participer plus fortement que leurs subordonnés à la revitalisation de la santé économique globale en finançant des activités qui bénéficieraient davantage à la communauté qu'à leurs intérêts privés. Pie XII ne nie pas l'importance de la nationalisation des entreprises au cas où le capitalisme privé menace la santé publique à travers une aliénation déraisonnable du personnel, mais cette mesure publique, accommodant provisoirement le privé, ne doit viser que la création d'un contexte plus favorable pour donner un nouvel essor à la libre initiative des individus. Une relance vigoureuse et efficace de l'activité économique implique donc que le concept de la libre initiative économique soit étendu aux hiérarchies inférieures afin qu'elles puissent participer plus énergiquement à fructifier le capital national. Pour un dirigeant, l'enjeu de son engagement chrétien est la réconciliation entre la primordialité de ses décisions et l'inaliénable liberté d'initiative de ses collaborateurs.

I.2.c PIE XII : Allocution au 1er Congrès national italien de la petite entreprise (Rome, 20 janvier 1956)

Ce congrès a réuni tous les partisans de la libre entreprise ainsi que ceux qui se félicitent du développement notable du « micro-tissu industriel », essentiellement sur les cinquante dernières années. Selon Pie XII, la constitution d'une micro-entreprise ne doit nullement être perçue comme un moyen de recherche d'intérêts purement privés. Bien au contraire, il souligne que les 70000 entreprises industrielles italiennes de l'époque (ce nombre a probablement doublé depuis) ont un potentiel économique considérable, notamment à travers la main d'oeuvre spécialisée et polyvalente capable de répondre à une multitude de besoins pour la société. Cette polyvalence ne va pas de soi. Elle exige

des qualités techniques et humaines du chef d'entreprise et une collaboration sincère et délibérée des travailleurs avec la direction, collaboration d'autant plus directe que le nombre de participants est restreint. De plus, le nombre limité de chefs assistants à fonctions diverses responsabilise davantage les cadres d'entreprise et permet d'éclore plus facilement leurs qualités intellectuelles et techniques ainsi que leur générosité et leur esprit d'ouverture et de patience pour gérer simultanément tous les détails problématiques dans l'entreprise. Leur capacité de réussir la gérance de l'entreprise dépendra avant tout de leur aspiration intense au vrai progrès social et de l'absence en eux de tout éventuel caprice personnel pouvant entraver les conditions de vie des travailleurs. A partir du moment où ces derniers remarquent la priorité de l'intérêt collectif sur celui du pouvoir personnel, leur sentiment d'aliénation disparaîtra et, confiants en leur patron et en ses aspirations saines envers leurs carrières et leurs familles, ils deviendront plus volontaires, mobilisateurs, preneurs d'initiative et générateurs d'idées nouvelles. Ils seront prêts à investir leurs efforts et leurs compétences dans une communauté constructive qui donne sens à leur activité et qui s'engage dans une mission de développement sur le double plan des produits matériels et des capacités humaines.

I.2.d Pie XII : Lettre à la 43ème Semaine Sociale de France sur les exigences humaines de l'expansion économique (Marseille, 17-22 juillet 1956)

« La productivité n'est pas une fin en soi », dit Pie XII dans cette lettre. La classe laborieuse doit être bénéficiaire du différentiel de gain qu'elle engendre. La machine a certes réduit le temps de travail, mais ce gain de temps devrait se traduire par un gain de capacité à participer davantage à l'expansion économique et au développement culturel et social de la nation. Dieu a invité l'homme à exploiter son univers et les richesses que la terre lui a offertes. La science n'a pas manqué de respecter cette mission dans la mesure où elle a servi la réalisation du mieux-être des peuples et estimé que l'intelligence de l'homme va bien au-delà de celle de la machine. Le bon progrès technique est donc celui qui est apte à mobiliser des sommes colossales pour investir dans la recherche scientifique et la formation des individus afin de les initier aux compétences industrielles requises. L'Eglise se doit alors de rappeler, notamment aux pays industrialisés, que tout progrès économique est invalide et dévastateur s'il mène la classe ouvrière et leurs

familles à la misère et dans la rue, car la décadence de la santé sociale ne tarderait pas à réabsorber toutes les richesses que la science s'est appliquée à engendrer.

I.2.e Paul VI : Lettre aux Assises Nationales du CFPC sur le chef d'entreprise et l'avenir de la société industrielle (Lille, 27 avril 1970)

« Ne craignez pas l'interpellation de l 'Evangile au coeur de vos soucis », conseille Paul VI dans cette lettre aux assises nationales du CFPC. Le Saint-Père a tenu à soutenir les chefs d'entreprise dans les périodes industrielles difficiles en leur rappelant que seul leur foi chrétienne a pu et pourra les éclairer sur la bonne décision à prendre au carrefour des exigences techniques, financières et humaines d'une entreprise. Le souffle humain doit traverser les fonctions et modes de gestion de toute entreprise. On comprend pourquoi Paul VI insiste sur le primat du dialogue social et de la coopération. La capacité d'un chef d'entreprise à développer des relations contractuelles avec ses employés est une innovation en elle-même et un progrès dont le fruit servira à tous. La collaboration et la délégation des tâches enrichira l'avenir mais relâchera aussi les anciennes tensions professionnelles. Pour réaliser tout cela, Paul VI conseille aux chefs d'entreprise de veiller avec bienveillance au bon déroulement des contacts humains dans leurs sociétés et d'ouvrir le dialogue social à d'autres entités économiques pour accroître les possibilités de partage au sein de la communauté et progresser dans la réalisation du mieux-être de tous, du plus haut cadre au plus petit ouvrier.

I.2.f Jean-Paul II : Discours lors de sa rencontre avec le monde du travail (Barcelone, 7 novembre 1982)

« L'entreprise est pour l'homme et non l'homme pour l'entreprise », proclame le Pape Jean-Paul II dans ce discours, prolongeant ainsi une autre affirmation capitale de l'encyclique Laborem exercens : « Il faut souligner et mettre en relief le primat de l'homme dans le processus de production, le primat de l'homme par rapport aux choses. Tout ce qui est contenu dans le concept de «capital», au sens restreint du terme, est seulement un ensemble de choses. Comme sujet du travail, et quel que soit le travail qu'il

accomplit, l'homme, et lui seul, est une personne. Cette vérité contient en elle-même des conséquences importantes et décisives. »9

Face aux difficultés économiques actuelles qui s'étendent à tous les secteurs de l'économie mondiale, les patrons sont appelés à poursuivre leur mission, à embaucher, à prendre des risques, et encouragés à inviter leurs subordonnés à prendre ces risques avec eux et à supporter la charge de toutes ces avancées, quitte à en partager proportionnellement les bénéfices. Il ne faut surtout pas que le chef renie tout ce qu'il a déjà accompli quand «ça va mal » pour aller se blottir dans une fonction comportant moins d'engagements. S'il le faisait, il ne pourrait plus rien offrir au développement du bien commun et abandonnerait ainsi sa vocation suprême, celle d'innover et d'investir pour ouvrir de nouvelles possibilités de travail et éloigner le spectre du chômage de masse et de la misère. Il faut que la communauté de vie que l'entrepreneur a bâtie soit constamment promue en vue du perfectionnement du personnel, condition indispensable pour une production efficace et profitable. C'est en ces moments de crise que le patron sera éclairé par sa foi chrétienne sur le fait qu'il ne doit point abandonner les plus démunis de ses employés, notamment les immigrés. C'est alors qu'il doit se rappeler que le « capital doit être au service du travail et non le travail au service du capital ».10 Jean- Paul II fait entre autres appel à la solidarité constructive de la communauté espagnole afin que le chômage ne soit jamais un sort inéluctable, mais un défi que la société est toujours tenue de relever, sans jamais y succomber.

I.2.g Jean-Paul II : Discours aux ouvriers et dirigeants de l'usine Lancia - Auto (Chivasso, 19 mars 1990)

Jean-Paul II a personnellement visité les secteurs de cette usine et observé comment le progrès technique a affecté l'organisation du travail. Il est certain, observe-t- il, que la technique et l'automatisation du circuit productif sont des alliées de l'homme et qu'elles lui facilitent le travail en le perfectionnant et en l'augmentant, mais elles ne doivent en aucun cas restreindre le champ de l'organisation du travail. Il faut une

9 Jean Paul II, Laborem exercens, n. 12.

10 Jean Paul II, Laborem exercens, n. 23.

solidarité absolue à l'intérieur de l'entreprise pour que tous les membres supportent de manière égale les séquelles de la restructuration. La défense de la dignité humaine doit être assumée par une voix syndicale tenace qui limite l'élimination des postes de travail ou promeut leur augmentation. Jean-Paul II affirme aussi que la société Lancia s'est étendue au marché international grâce à sa demande extérieure, et qu'elle se doit donc de réserver une place non seulement aux travailleurs italiens mais à la main d'oeuvre immigrée qui a tant contribué au rayonnement de l'industrie italienne.

I.2.h Benoît XVI : Discours aux membres de l'Union chrétienne des chefs d'entreprises (UCID) (Rome, 4 mars 2006)

Dans ce discours, Benoît XVI s'adresse aux chefs d'entreprises de l'UCID, les félicitant de s'être orientés « vers une éthique qui aille au-delà de la simple déontologie professionnelle ». Les chefs d'entreprise sont également complimentés pour leur esprit de justice guidé par l'amour et s'élevant jusqu'à la charité et la gratuité, ce qui révèle leur vrai « engagement social chrétien ». Leur participation efficace à la vie sociale par l'entremise de leurs apports personnels les détache de la matière et donne à leur organisation une crédibilité sociale particulière. Benoît XVI incite les chefs d'entreprise à se ressourcer régulièrement dans le Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise pour se faire éclairer dans leurs parcours professionnels. Leur « solide inspiration sociale » doit être constamment « nourrie et renouvelée ». La DSE est un « point de référence » pour la recherche de solutions inhérentes au monde du travail dont ils ont la charge. Le Saint-Père n'a pas oublié de saluer l'UCID pour sa « Charte des valeurs », pour les jeunes de l'UCID, pour son engagement pratique attesté par des actions sur le terrain et surtout pour l'importance qu'elle reconnaît à la famille, cellule vitale d'une société harmonieuse.

I.2.i Benoît XVI : Discours aux dirigeants des associations chrétiennes des travailleurs italiens (ACLI) (Rome, 27 janvier 2006)

Ce discours est adressé à l'occasion du 60ème anniversaire de l'ACLI, fondée par le Pape Pie XII en 1945 à la Saint Joseph, patron dont le pape se sert comme symbole

pour introduire l'idée d'humaniser le monde du travail en cette ère économique actuelle très complexe, en perpétuelle mutation et trop souvent en rupture avec la conscience humaine. Il rappelle aux membres de l'ACLI les « consignes » de base qu'ils se sont engagés à respecter depuis la création de leur association : la dignité du travail et l'importance du repos, la priorité du travail sur le capital, la charité chrétienne, la priorité de l'être sur l'avoir. Le pape invite également l'audience à se servir de la technologie pour améliorer l'existence humaine et non pour la ruiner irréversiblement, à utiliser la justice au service de la démocratie, à respecter le partage du bien commun en sauvegardant les droits des plus démunis, à être activement présents dans la vie sociale et à y « élargir les frontières de leur action sociale ».

* * *

De 1891 jusqu'à nos jours, les papes n'ont jamais cessé de porter la plus grande attention à la mutation des marchés. Léon XIII a commencé par la question ouvrière, soulignant les devoirs de l'Etat et du capital envers les travailleurs. Pie XI a ensuite ouvert le débat sur le salaire, qui doit aller bien au-delà du salaire de subsistance. Jean- Paul II, quant à lui, a dès l'apparition du chômage de masse insisté sur l'importance de la conversion des profits en nouveaux emplois, surtout au moment où la mondialisation a multiplié le nombre d'employeurs. Dans Sollicitudo rei socialis, il prône la solidarité entre les peuples, l'importance de leur diversité et le respect de la créativité individuelle. Dans Centesimus annus, il affirme qu'il faut responsabiliser les personnes tout en les protégeant par un cadre juridique afin de stimuler l'initiative privée. Il faut aussi instituer un ordre social qui co-responsabilise les gens envers le bien commun de manière à préserver la famille et l'environnement. Dans ses premières interventions, Benoît XVI enseigne aux patrons la charité et exige que la technologie soit au service de l'homme et non la cause de son aliénation.

I.3 L'éthique d'entreprise

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera