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Syndicalisme enseignant de l'enseignement superieur et universitaire et pouvoir politique (1999-2008)

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par Hermes Ndala
Université de Kinshasa - licence en science politique et administrative 2007
  

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CONCLUSION ET SUGGESTIONS

MUKOKA N'SENDA relève que la conclusion n'est pas seulement le moment de commémoration mais aussi de dépassement. Cependant, un troisième moment de cette partie reposera sur les suggestions utiles après l'étude des relations entre le syndicalisme enseignant et le pouvoir politique. En ce dernier moment, le lecteur souffrira que notre casquette de chercheur prête la place à celle d'un expert, engagé et préoccupé pour la solution et pas coûte que coûte la vérité. (112(*))

La situation controversée du corps enseignant de l'ESU, en général et de l'UNIKIN en particulier a été à l'origine de cette étude, tant sa situation sociale liée grandement à la politique salariale du pouvoir politique que son crédit dans l'imaginaire populaire, tant ses relations ambiguës avec le pouvoir politique que la responsabilité lui imputé dans certaines littératures. L'emphase a été portée sur l'APUKIN, une des formes les plus affinées d'expression du corps enseignant de l'UNIKIN

Posant préalablement que le corps enseignant n'est pas un corps neutre, veilleur ou arbitre désintéressé de sa société en raison de sa situation privilégié dans le rapport de production culturelle et donc politique. Il est « jeté » dans une lutte essentiellement politico symbolique de construction et de déconstruction de vision et conception de la société. Cette lutte est manifeste dans les discours, réglementation, législation, pratique, rôle et événement. Il en résulte qu'il est aux prises avec le pouvoir politique et autant attiré par des profits spécifiques du champ politique que des ressources qui les conditionnent.

Quelles sont donc les conditions sociales de recrudescence et d'acuité de cette lutte depuis 1990. Quels en sont les enjeux et stratégies. Tel est le questionnement qui a conduit à vérifier et à confirmer que la recrudescence de cette lutte résulte de la convergence entre la libéralisation de la vie politique et l'impératif par le corps enseignant de reconquérir une distinction social nécessaire à sa position et sa conception d'acteur ou mieux d'agent historique producteurs de représentation légitimes de la société. Néanmoins, un léger écart entre notre hypothèse et notre étude s'observe. Il s`agit du poids d'une structure subjective non sans importance dans le comportement politique du corps enseignant de l'UNIKIN ; il a intériorisé une conception d'un grand corps de l'Etat et d'une des catégories des dirigeants politiques ne pouvant être sevrée de sa grande part dans la redistribution des richesses nationales.

Les conditions de lutte lui ont été davantage favorables en temps de déconcentration des ressources politiques. Dans une société où la valorisation sociale procède plus des critères matériels, la distinction sociale et l'exemplarité du corps enseignant de l'UNIKIN passe par la reconquête d'un haut capital économique en terme de salaire, avantages matériels et le blanchiment de son image dans la perception populaire. Le corps a en outre combiné, pour plus d'efficacité, plusieurs ressources contre le pouvoir politique. Ce dernier, conduit par un habitus dépassé de méfiance s'attelle à réduire l'accès du corps enseignant au volume global des ressources du champ politique.

Le titre de professeur d'université comme son expertise `'transversale'' constitue une ressource culturelle ; le salaire et avantage matériel, une ressource économique ; la mobilisation des masses estudiantines et divers corps sociaux de l'ESU ou UNIKIN, une ressource sociale autant que les organisations internationales et entreprises de la place ; l'autonomie universitaire et la liberté scientifique, une ressource académique ; la ressource symbolique étant son exemplarité (prestige et dignité) et le titre honorifique de docteur honoris causa. Mais, les stratégies furent autant nombreuses : stratégies de revalorisation, de diffamation, d'alliance, de substitution, de subversion ...

Quant aux préoccupations d'ordre théorique et méthodologique. L'explication des phénomènes a été sous-tendue par la théorie des champs et encadrée par le constructivisme structuraliste de pierre bourdieu. Cependant, dans l'analogie du marché, Bourdieu entrevoit la participation des citoyens sous les contraintes similaires au choix des consommateurs sans beaucoup abonder sur le comment de la mobilisation des individus ou groupes pour des problèmes sans intérêts directs. BEEKER H. ne décrivait-il pas que nous observons souvent dans les limites de nos théories ? (113(*)) Ainsi, des éléments d'explication ont été emprunté à la théorie pragmatique de l'action collective de John dewey. Cependant, refondus, travaillés et encadrés par le dispositif constructiviste structuraliste, ces éléments ont permis la construction d'une « responsabilité sociale par défaut » en démarcation à un simple problème historique et social, piège de la sociologie spontanée.

En outre, il a été observé des formes de contre influence d'un `'grand corps'' spécifique au sein de la fonction publique et de l'Administration de l'Education qui opère par des ressources ou capitaux précités dans une lutte où le pouvoir politique et l'administration peuvent s'infiltrer. Car, en privilégiant les individus et non les organes, l'on s'aperçoit que les membres dudit corps peuvent constituer, à la faveur de leur cohésion un segment institutionnel informel. Ce que la frontière étanche et organique héritée du droit public entre pouvoir politique et administration y est remise en cause. Le pouvoir politique infiltre le corps enseignant qui en fait autant.

Enfin, relevons que la violence symbolique du pouvoir politique sévit encore contre plusieurs forces syndicales de l'administration. La grève de janvier 2008 en a déshabillé les subtilités contenues dans les discours et prétextes du pouvoir politique, démontrant que l'alternative était possible aux justifications qui, déjà, allaient de soi et étaient reconnues comme nécessaire au bon fonctionnement de la société. Mais ces prétextes ne servaient qu'à conduire les forces syndicales à coopérer à leur propre marginalisation, voire aliénation.

Néanmoins, un dépassement de ce travail s'impose. L'humilité nous astreint à reconnaître que cette étude ne couvre pas toutes les dimensions de la complexe situation politique du corps enseignant : la lutte singulière a été, par exemple, ombragée par la lutte corporative ou encore des nombreuses actions dudit corps n'ont pu faire l'objet d'étude des cas spécifique, l'étude comparative de l'évolution du champ politique congolais et de ses retombés sur les stratégies des luttes du corps enseignant n'a pas été couverte .Espérons que une étude ultérieure pourrait, dans la mesure du possible, combler la mesure qu'ont limité le temps imparti aux travaux académiques et l'étroitesse des informations à notre possession.

Venons en au troisième moment et suggestion en trois points. Le premier est, pour l'APUKIN, la nécessité de renforcer le contrôle sur son président puisque cette position accroît son accessibilité aux récompenses individuelles et compétitives du pouvoir politique : direction politique ou enrichissement. Un mécanisme possible d'écourter un mandat, même au fort d'une crise, peut servir à encadrer les appétits égoïstes susceptibles de compromettre en certain moment la lutte corporative.

Deuxièmement, il s'observe que la reconquête de la dignité du corps enseignant et, donc, de son exemplarité passe aujourd'hui plus par la revitalisation du rayonnement de l'université de kinshasa. Les luttes pour une société démocratique, associée à la profusion des élites intellectuelles et la dévolution du pouvoir par les armes, ont amoindri le poids de sa coresponsabilité dans l'échec du leadership politique congolais aux yeux de la population.

De plus, la perpétuation des pratiques irrationnelles ou amorales, à l'origine, favorisées par le pouvoir politique, atteste que les principales catégories de l'UNIKIN (corps enseignant surtout et étudiant) ont intériorisé des dispositions qui font d'elles des agents reproducteurs d'un système d'autodestruction. Si déjà l'imaginaire populaire voit dans le professeur le détenteur de l'effectivité du pouvoir au sein de l'UNIKIN, il est plus que temps au corps enseignant de s'engager dans la rénovation possible de l'UNIKIN. Ce n'est pas sans nécessité que la table ronde de 1991 plaider pour l'auto - critique de l'université et des ses propres pratiques académiques, scientifiques et administratives.

La dernière de suggestions se réfère au poids, dans le champ politique de représentation et conceptions produites par l'APUKIN face à celle du pouvoir politique et des milieux internationaux. Il nous faut reconnaître qu'elles n'influeront significativement dans le cours de l'histoire nationale que si elles sont disséminées dans le langage et classifications populaires ou ses diverses autres figures exemplatives, symboles vivant de pensée, d'être et d'agir comme dirait ROCHER G. Il se pose donc la question de l'adéquation d'alliance ou des canaux de vulgarisation de l'APUKIN pour une réactualisation des alliances avec la société globale.

Fort est de constater que dans notre pays, le débat académique n'est pas encore devenu comme dans certaines sociétés occidentales (114(*)) un débat populaire ni une culture de masse. L'insignifiance du nombre et la fréquentation des clubs scientifiques, l'étroitesse du marché du livre et revue scientifique, la précarité de la vente des journaux sont quelques indicateurs indéniables. Cette particularité commande la quête d'autres voies de sensibilisation et d'influence plus efficace dans notre société.

La médiatisation des déclarations politiques ou autres activités de production d'idées (colloques, conférence...) est à encourager mais il faudrait plus loin pousser l'effort et dépasser la factice opposition entre connaissance savante et connaissance populaire (115(*)) et leurs différents producteurs ou transmetteurs. Il faudrait s'allier ou prêter sa voix à ceux qui influencent autant efficacement cette population et peut être même le plus : les artistes musiciens et comédiens d'une part et le clergé congolais d'autre part.

Des artistes musiciens, TSAMBU BULU relève combien ils ont contribué à la construction de l'identité nationale (pour après envenimer les clivages ethniques), à la création langagière, du système de représentation symbolique de soi ou du monde et à l'affirmation de notre identité dans le concert de nations (116(*)).

Quant aux clergés, Max WEBER ne relevait-il pas l'influence du clergé protestant dans le sort du capitalisme ? Paramètre ou déterminant social, prépondérant ou simple facteur selon les auteurs critiques, il en reste que cette influence est unanimement admise. SHOMBA KINYAMBA (117(*)) n'hésite pas à attribuer à une partie des clergés congolais, la responsabilité sociale de l'obscurantisme et de l'absence du sens critique ou rationnel. Sans partager entièrement cette assertion (118(*)), il s'agit bien d'une classe sociale à même d'agir dans le champ symbolique national.

Plutôt que porteur de l'obscurantisme, certaines églises de réveil sont, autant que d'autres instances sociales congolaises (familles, école, églises traditionnelles...) victimes et auto - reproducteur d'un habitus au fondement de l'obscurantisme hérité de la tradition africaine où la connaissance est l'apanage du vieillard et du sorcier ; renforcé par le colon qui trouvé dans le noir l'imbécile à tout apprendre (même l'aisance dans sa toilette). Nous conviendrons que l'obscurantisme ne s'observe pas que parmi les adeptes de cesdites églises. Le clergé ne serait-il pas mieux outillé que le scientifique dans la formation des attitudes ? Le scientifique ne serait-il pas mieux outillé pour la dotation des aptitudes ? Le sociologue ne serait pas mieux outillé pour la correction des habitus ?

Des modalités d'alliance (participation à des activités académiques de diagnostiques et propositions sociales ou politiques...) et des liaisons d'objectifs possibles (attitudes populaires communes sinon conciliées), en toute indépendance, quant aux moyens, sont nécessaires. Le Congo culturel des années 2000 n'est celui de 1970, la saturation des producteurs des produits politiques, les erreurs inévitables du parcours du corps enseignant et bien d'autres considérations interpellent à l'alliance. N'est ce pas qu'on remonte pas l'histoire !

* 112 MUKOKA N`SENDA, méthode et épistémologie en science administrative, L1 S.P.A./F.S.S.A.P./UNIKN, 2006-2007 (inédit)

* 113 BECKER Howard, comment mener sa recherche en sciences sociales. Les ficelles du métier, Ed. La découverte, 1998, p. 8

* 114 CHEBEL D'APPOLONIA Ariane, Histoire politique des intellectuels en France, 1944-1954, tome II, Bruxelles,  Ed. complexe

* 115 MUKOKA N`SENDA, op. cit.

* 116 TSAMBU BULU Op. Cit. , pp. 227-228

* 117 SHOMBA KINYAMBA, op. cit. , p. 175

* 118 Du reste, le concept « églises de réveil » embrasse tellement au point de ne plus étreindre ; concept vaguement défini par des éléments extérieures des groupes religieux ou par une fourchette de temps d'apparution au mépris de l'ensemble des normes, sens véhiculés, d'une part, et de leur dynamisme interne dans un groupe donné, d'autre part. En illustration, observons que le développement du mouvement charismatique au sein de l'eglise catholique défie significativement l'opposition entre église de réveil et eglise traditionnelle.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon