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L'analyse de l'opération de rapatriement ou opération baliste pendant la crise israélo-libanaise de 2006.

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par Axel Patinet
IEP de Lille - Master de communication publique 2006
  

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3) Les institutions publiques

Les autorités publiques françaises constituent le troisième acteur impliqué dans l'identification d'une situation de crise. Ici aussi, nous tenterons de dépasser le paradigme réaliste tel qu'il peut exister chez Morgenthau32(*) , le père fondateur du courant réaliste moderne. Il postule notamment que les Etat nations s'incarnent dans la figure du chef de l'exécutif. Il existe ainsi chez Morgenthau le présupposé d'un homme d'Etat omniscient. Or, il apparait qu'il existe une pluralité d'acteurs politiques et non politiques (comme nous l'avons vu précédemment) impliqués dans l'identification de la crise.

Nous allons étudier tout d'abord les déclarations officielles du chef de L'Etat puis celles des autres principaux acteurs impliqués dans la reconnaissance de la crise : le Ministre des Affaires Etrangères, le Ministre de la Défense et enfin le Ministre de l'Intérieur.

Dans un discours à la presse au palais de l'Elysée le 19 juillet 200633(*), Jacques Chirac fait le point sur la situation au Liban. Plusieurs axes de son discours apparaissent ici intéressant et s'inscrive dans l'optique d'une reconnaissance de la crise par la plus haute autorité de l'Etat Français.

Il met en avant tout d'abord les conditions essentielles d'un retour à la paix : libération des soldats israéliens retenus par le Hezbollah et rétablissement de la stabilité et de la souveraineté. Le deuxième axe important concerne le volet humanitaire et englobe ainsi le rapatriement des ressortissants français. Jacques Chirac souligne ici la volonté de la France en déclarant : « Dans ce contexte, la situation humanitaire nous préoccupe énormément. C'était l'objet de la réunion de ministres que je viens de tenir ».

Enumérant les problèmes variés d'insécurité, de destruction des infrastructures du pays, le président de la République rappelle publiquement le soutien indéfectible de la France à l'égard du Liban. Il parle ainsi d »un appel à l'aide »auquel la France répondra. Mais son discours se veut également plus précis sur les moyens qui seront mis en oeuvre puisqu'il parle de la mise en place d'un système de rapatriement des français et franco libanais qui souhaitent rentrer. Ce système sera basé par un transport par bateau entre la ville de Larnaka à Chypre et Beyrouth au Liban.

Si le président ne cite pas le nom de l'opération baliste, il l'inscrit dans une optique de trêve humanitaire ainsi que d'une mise en place de corridors humanitaires à l'intérieur du Liban et entre le Liban et l'extérieur. Si ce discours apparait assez sobre sur le plan de la forme se limitant à l'énoncé des actions prévus ,il apparait néanmoins que Jacques Chirac use parfois d'un registre plus sentimental. Ainsi, il répète à deux reprises que la crise actuelle »nous préoccupe énormément », phrase qui tente de contredire ainsi les critiques à l'égard de la lenteur de réaction du gouvernement français à propos de la crise. De plus, il conclue sur une note vibrante en déclarant que la France « y met tous ses moyens et tout son coeur ».

Cette implication quasi personnelle du chef de l'Etat soulignant fréquemment qu'il s'agit d'un problème qui lui tient à coeur et mettant en avant les liens proches de la France et du Liban peuvent nous amener à penser que la politique étrangère de la France à l'égard du Liban relève d'une « relation spéciale »34(*)comme on pu souvent en parler pour décrire les relations anglo -américaines.

Il nous faut maintenant analyser les autres déclarations des acteurs impliqués dans la reconnaissance de la crise.

Il y a tout d'abord les déclarations du ministre des Affaires Etrangères, Philippe Douste Blazy ainsi que les communiqués du porte parole du quai d'Orsay. Le ministère des Affaires Etrangères joue un rôle central dans la reconnaissance de la crise car il a une mission d'information du président de la République et du gouvernement sur l'évolution de la conjoncture internationale et la situation dans divers pays étrangers. Le MAE est donc en première ligne lorsque la sécurité de ses ressortissants est en jeu. Ainsi, dès le 13 juillet 2006, P. Douste-Blazy annonce la mise en place d'une cellule de crise qui sera ouverte le lendemain matin.

Le même jour, le porte parole du quai d'Orsay déclare que les ressortissants souhaitant quitter le pays doivent s'inscrire à l'ambassade de France à Beyrouth. C'est effectivement l'ambassade qui assure la coordination des demandes. Ceci souligne l'implication dans son ensemble du dispositif diplomatique français à travers l'action du M.A.E mais aussi de son ambassade au Liban ainsi que du Consulat général de la France au Liban. La reconnaissance de la crise est donc assurée par l'ensemble des organes du M.A.E pour ainsi mieux mettre en oeuvre l'opération baliste. La communication du M.A.E s'opère ainsi selon une double approche : à la fois recueillir les informations et les diffuser par soucis de transparence et d'information pour les citoyens. Mais cette communication qui existe à travers le rôle des allocutions du ministre ou celles du porte parole du ministère doit également être dirigé vers le gouvernement et au sein même du ministère dans le souci d'une meilleure coopération pour la décision de l'opération baliste. En effet, la structure complexe de l'administration centrale du M.A.E (cf. annexe 6 : organigramme du M.A.E) implique une parfait circulation de l'information à tous les niveaux. La reconnaissance de la crise est ici donc interne (et non plus externe comme on l'a vu auparavant et adressé aux citoyens de manière générale) et s'adresse aux composantes du gouvernement français ainsi qu'aux différentes directions du ministère des Affaires Etrangères.

En effet, un des devoirs les plus importants du M.A.E est de fournir aux autorités, dans les délais les plus brefs une information sure et précise sur les événements internationaux.

Il nous fait ainsi étudier la reconnaissance de crise par la DCI, direction de la communication et de l'information qui est chargé de collecter les diverses dépêches d'agence. Cette information sera par la suite traitée, analysée et critiquée pour pouvoir être utilisée par les diplomates ainsi que les autres composantes du gouvernement français. Une bonne transmission de l'information apparait ici essentielle pour une reconnaissance adéquate de la crise qui prenne en compte tous les aspects du problème lié à la situation des ressortissants français présents au Liban. Il s'agit ainsi de considérer les rapports France-Liban, le fait que le conflit s'inscrive dans une zone déjà soumise à des hautes tensions géopolitiques. La bonne réussite de l'opération dépend donc beaucoup de la manière dont sera traité les informations par le M.A.E et de quel façon ils considéreront et analyserons la crise. Le rôle de la DCI a été ainsi particulièrement important pour la communication de crise en Juillet 2006.Il a ainsi été mis en place un système de permanence-physique 24h /24 au bureau des dépêches, téléphonique 24h/24 pour un adjoint au porte -parole-et d'astreinte pour les metteurs en ligne du site internet du M.A.E.35(*)Elle a du ainsi adapter ses procédures pour ce moment fort de l'actualité ou il existait une réelle menace pour la sécurité physique des ressortissants français.

Apres avoir vu l'identification de la crise par le président Jacques Chirac qui souligne lui le rôle de la France à l'égard d'un pays « ami » et celui du M.A.E au niveau de la transmission d'informations, il nous faut maintenant voir l'apport du ministère de la Défense.

Celui-ci doit a pour responsabilité une autre facette de l'opération baliste qui est celle de la logistique et de la gestion des moyens militaires qui seront mis en oeuvre. La déclaration par une brève du ministère le 18 juillet 2006 fait donc référence à la prise en compte de la situation : « (...) considérant la situation actuelle au Liban et afin d'assurer la sécurité des ressortissants, les moyens militaires suivants, jusqu'à présent sous alerte sont mis en place(...) ».A la suite le communiqué indique l'appareillage du BPC Mistral36(*) et de la frégate anti-aérienne Jean Bart37(*). A ces moyens matériels s'ajoutent des moyens humains puisque la brève indique à la fin que le ministère de la Défense mobilisera 1500 hommes afin d'assurer la sécurité des ressortissants et leur rapatriement dans de bonnes conditions jusqu'en France.

Les différents acteurs impliqués dans cette reconnaissance de la crise développent chacun leur propre approche. Ainsi, si les communiqués du président de la République rappelle avec une certaine émotion les liens forts qui existent entre France et Liban, ceux du M.A.E et du ministère de la Défense apparaissent beaucoup plus lapidaires et se limitant au stricte énoncé des faits. Il n'en reste pas moins que le sentiment d'amitié qui pouvait s'exprimer informellement à travers les associations libanaises en France se retrouve dans une certaine mesure au plus haut niveau de l'Etat preuve que la diplomatie ne peut se départir totalement d'un certain sentimentalisme.

* 32 Les thèses du paradigme réaliste étant essentiellement développées par Morgenthau dans l'ouvrage suivant :

Politics among Nations. The struggle for Power and Peace, New York, Mac Graw-Hill, 1948.

Dans la conception ou paradigme réaliste de Morgenthau, les relations internationales se définissent par des relations entre les États, il s'agit des relations diplomatiques. Dans ce paradigme les États constituent les seuls acteurs auxquels s'ajoutent les organisations internationales

* 33 Source : www.elysee.fr

* 34 Le terme de « relation spéciale » est la première fois théorisée par Winston Churchill, premier ministre anglais dans le célèbre discours de Fulton ou discours du « rideau de fer » le 5 mars 1946.L'utilisation du terme « Relationship » plutôt que de « relation » que l'on trouve normalement lorsqu'il s'agit de relations entre des Etats, soulignait bien la spécificité de cette alliance. Celle ci avait une dimension affective et sentimentale due aux affinités historiques et culturelles des deux pays.

Source :C.J.Bartlett,The special relationship :A political history of Anglo American Relations since 1945 ,Londres,Longman,1992

Si les relations diplomatiques franco-libanaises n'ont pas la même ampleur que celles de la relation spéciale Anglo américaine (notamment au niveau de la coopération militaire), il n'en reste pas moins que les liens d'amitié profonds qui unissent les deux pays rappellent certains aspects de la« special Relationship ».

* 35 Source : www.lemonde.fr

* 36 Construit par DCN (partie arrière) et Alstom / Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire (partie avant), le Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) Mistral est un porte-hélicoptères d'assaut pouvant embarquer jusqu'à 16 hélicoptères NH90 ou Tigre. Grâce à ces capacités amphibies, il peut participer à l'exécution d'une opération aéromobile à partir de la mer, en vue, par exemple, d'une évacuation de ressortissants, ou effectuer le transport et le débarquement d'un escadron de 40 chars Leclerc. C'est aussi un véritable hôpital disposant de plus de 50 lits. Enfin, il peut servir de bâtiment de commandement. Sa disponibilité est d'environ de 350 jours par an, avec un équipage de 165 hommes.

Source : www.netmarine.net

* 37 Le Jean-Bart est le 15e bâtiment de la Marine nationale à porter le nom du corsaire de Dunkerque. Construit par DCN à l'arsenal de Lorient, il est armé pour essais le 21 octobre 1989, et entre en service le 21 septembre 1991. Désigné dans un premier temps "corvette antiaérienne", le Jean Bart prend l'appellation de frégate antiaérienne (FAA) à partir de juin 1988 dans un souci d'harmonisation avec les appellations en vigueur dans les marines étrangères. Sa mission principale est de mener la lutte antiaérienne de zone au profit d'une force navale. IL est basé à Toulon.

Source :www.netmarine.net

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo