Conclusion chapitre IV
La Saône, dans le cadre de la ville de Lyon au
XVIe siècle, est un espace dans lequel se déroulent
des activités variées. En effet, les Lyonnais y pratiquent des
loisirs tels que la baignade et la promenade ou, dans le cadre de fêtes,
des jeux nautiques tels que les joutes. C'est aussi le lieu d'activités
professionnelles comme le transport et la vente de marchandises. La
fréquentation de ses rives et la navigation sont importantes comme le
montre le plan scénographique du milieu du XVIe
siècle, dans lequel un nombre substantiel de personnages s'affaire
autour de la Saône. D'ailleurs, la circulation sur cette rivière,
qui traverse la ville, est l'objet d'une surveillance par les autorités
municipales car les enjeux, tant économiques que stratégiques qui
la concerne, sont importants. Les usages de la Saône, divers et nombreux,
révèlent une relation forte entre les habitants de la ville de
Lyon et cette rivière. Celle-ci est un élément familier,
de leur vie quotidienne ; c'est également une source de
débouchés économiques et un moyen d'approvisionnement pour
la ville.
Conclusion de la deuxième partie
La présence d'une rivière au coeur d'un espace
urbain implique différents risques mais aussi des avantages. Tout
d'abord, le niveau d'eau d'une rivière peut varier : si l'eau est au
plus bas, la navigation est gênée voire impossible, comme lorsque
la rivière est prise par les glaces. Le principal danger reste le
débordement des eaux car il peut entraîner des destructions. Ce
risque est plutôt faible à Lyon puisque, à juste titre, la
Saône est considérée comme un cours d'eau paisible.
D'ailleurs, les activités fluviales, de loisir comme professionnelles,
qui sont variées, montrent que la Saône est une rivière
familière pour ses riverains et parfaitement intégrée
à la ville. Le trafic y est dense et la navigation plutôt
aisée, même s'il existe quelques obstacles tels que les pilles du
pont de Saône. Les riverains, comme les bateliers se soumettent à
la volonté de Dieu même s'ils tentent, par le biais de Notre-Dame
de l'Ile-Barbe ou de Saint Nicolas, patron des navigateurs, d'y
intercéder. Une fréquentation si importante de la rivière
et de ses rives, notamment l'installation d'activités de tannerie et de
boucherie, participe de la pollution de la rivière.
En effet, de nombreux déchets y sont jetés ce
qui montre une perception de la rivière comme un moyen de
débarrasser la ville de ses détritus puisqu'elle les transporte
vers le sud. Cependant, les questions d'hygiène liées à la
pollution de la
Saône préoccupent les rois de France qui
interviennent pendant la première moitiédu XVIe
siècle afin que le rejet de déchets, notamment domestiques, soit
empêchépar le pouvoir consulaire. L'application concrete de cette
volonté semble limitée.
D'autre part, il semble que le consulat, comme les riverains,
ne voit pas la rivière polluée comme un danger important en soi.
En effet, la crainte principale est, en cas de montée des eaux, la
propagation de déchets ou de maladies dans la ville. Comme ces
épisodes sont exceptionnels, le risque est faible mais c'est le
principal envisagé par le consulat. A l'inverse, les rois de France,
notamment Louis XII, perçoivent les déchets dans cette
rivière comme une gêne à la navigation et donc comme un
problème important. En effet, la navigation est fondamentale, d'un point
de vue
économique pour la ville, notamment parce qu'il s'agit
du principal moyen d'approvisionnement en blé. Le consulat se
méfie de l'accès à la ville par la rivière ; c'est
l'objet d'une surveillance, voire d'un contrôle, particulièrement
durant les épidémies et en temps de guerre. La navigation reste
cependant l'enjeu principal autour de la Saône à Lyon ce qui
explique qu'il s'agisse de la préoccupation principale du pouvoir
consulaire, dont un des rôles fondamentaux est l'entretien de la
voirie.
Troisième Partie : Les infrastructures saôniennes
Les aménagements urbains réalisés pour
s'adapter et tirer avantage de la présence de la rivière de
Saône sont la principale illustration de la prise en charge politique du
cours d'eau. En effet, la présence d'infrastructures, leur nombre, les
nouvelles réalisations ainsi que les phases de réparations, sont
un révélateur de l'intérêt porté à la
rivière. De plus, les analyser permet de comprendre les enjeux
principaux qui découlent de la présence d'une rivière dans
un site urbain et la façon dont l'homme s'y adapte ; se dégagent
alors les préoccupations principales des autorités
vis-à-vis du cours d'eau. L'entretien de la voirie et les constructions
publiques, nous l'avons vu précédemment, relèvent des
prérogatives consulaires. C'est aussi le consulat lyonnais qui prend en
charge au quotidien la principale activité fluviale c'est-à-dire
la navigation.
L'objectif de cette partie est donc de présenter les
infrastructures saôniennes et leur évolution au cours du
XVIe siècle. Ainsi, à partir de l'étude des
réalisations concrètes et des phases de réparations
décidées par la municipalité lyonnaise, il semble possible
de mesurer l'implication du pouvoir politique dans la gestion de la Saône
à Lyon. Afin de réaliser une présentation complète,
nous distinguerons les structures situées sur les rives de la
rivière de celles qui permettent de la traverser. Nous nous
intéresserons donc, dans un premier temps, à l'aménagement
des berges de la Saône puis, dans un autre chapitre, nous
présenterons les moyens qui permettent de franchir cette rivière
qui partage la ville en deux espaces, constituant ainsi un obstacle à la
circulation dans la ville.
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