Une mauvaise interprétation des concepts : une
approche du probl»me alimentaire mondiale incohérente
Difficulté d'acc»s à la nourriture :
difficulté d'acc»s au marché
Actuellement, la production de céréales est
disponible en quantité suffisante pour nourrir toute l'Humanité
mais un tiers est destiné à nourrir des animaux.
De plus, elle n'est pas répartie équitablement.
L'acc»s au marché reste problématique autant
pour acheter de la nourriture (qui est trop ch»re) que pour y
accéder physiquement pour vendre ou acheter.
La question des infrastructures pour faire acheminer la
nourriture se posent encore et celle du pouvoir d'achat est essentielle.
Les pays pauvres, et notamment africains, manquent de moyens
et de volonté pour mettre en place des politiques agricoles, ou tout
simplement pour que les agriculteurs puissent participer au marché.
Faute de silos, ils ne peuvent stocker leur production pour vendre au meilleur
prix et, faute de routes ou de voies ferrées, ils ne peuvent acheminer
leur production vers les lieux de vente. Le probl»me est connu, mais
l'investissement pour les résoudre n'est pas
financé61.
La réalité rappelle souvent des enjeux financiers.
Chaque pays recherche à maximiser ses intérêts
économiques.
Les pays en développement ont sacrifiés leur
paysannerie en misant davantage sur l'urbanisation, l'industrialisation et la
paix sociale en offrant de la nourriture importée à bas coUt. Et
par ses importations massives pour subvenir aux besoins d'une population,
présentaient une source financi»re en recevant les taxes à
l'importation62.
61 Laetitia Clavreul et Adrien de Tricornot, « Un
monde affamé est un monde dangereux «, Le monde, 30 Juin
2009.
62 Sylvie Brunel, « La nouvelle question
alimentaire «, Hérodote, n 131, 4e trimestre 2008.
A l'heure d'aujourd'hui, il est nécessaire de
privilégier le marché local des Pays en développement au
lieu d'importer une nourriture à bas prix pour se nourrir. Pour cela,
les gouvernements de ces Etats doivent mettre les moyens, les ambitions et la
volonté pour aider leur paysannerie à vivre correctement et
s'améliorer, par la mise en place d'infrastructures suffisantes et de
subventions.
Des stocks régulateurs, qui fut longtemps l'objet de
lutte de la Banque mondiale, ont été remis en place et devraient
ainsi limiter les spéculations locales des denrées
alimentaires.
Interprétations et manipulations des concepts de
base
Il n'existe pas de définition globale des concepts
essentiels liés aux probl»mes alimentaires et sont donc
susceptibles d'être l'objet de manipulation et interprétation
diverses selon les acteurs qui les utilisent.
La « faim « est le plus souvent assimilée
à la satisfaction des besoins énergétiques et est
mesurée selon des normes nutritionnelles parfois changeantes selon les
institutions.
La « faim dite cachée63 «, notion
difficile à distinguer sur le terrain, renvoi aux manques liés
aux carences en micronutriments64.
Quant à la notion de « crise «, elle serait
sujette à deux mod»les explicatifs qui se contredisent :
Le premier mod»le consid»re la « crise «
comme un événement conjoncturel d'origine externe (aléas
climatiques, criquets, prix, épidémies...), se traduisant par une
rupture brutale de l'offre65. Et serait à l'avantage des
acteurs de l'aide humanitaire d'urgence ou de gouvernement.
63 Plus souvent utilisé selon le terme anglo
saxon « Hidden Huger «.
64 Op. cit., Pierre Janin, « Crises alimentaires
mondiale. Désordres et débats. «, Hérodote,
n 131, 4e trimestre 2008.
65 J.Copans, Sécheresses et famines au
Sahel, Paris, Maspero, 1975.
Le second mod»le a tendance à inscrire la «
crise « dans la durée, liée à une dégradation
progressive des moyens d'existence et des capacités de survie face
à laquelle il est difficile de lutter66. Cette derni»re
est mise en avant par les agences internationales de développement et
les chercheurs.
Si la notion de « faim « a le même sens pour
tous, celle de l' « insécurité alimentaire « est
davantage liée à des questions de degré ou de
priorité67.
L'insécurité alimentaire se produit lorsque des
personnes n'ont pas acc»s à des denrées alimentaires sUres
et nutritives en quantités suffisantes qui garantiront une croissance et
un développement normaux et une vie active saine.
Et si la lutte contre l'insécurité alimentaire
constitue un enjeu collectif, elle est loin d'être un objet
partagé, du fait des concurrences explicites entre les acteurs de la
gouvernance des crises68.
C'est pourquoi, établir des définitions
indiscutables doivent être une priorité pour recentrer l'aide
alimentaire et la production agricole sur leur véritable enjeu : nourrir
la plan»te.
|