Evt~a.~~~~tt
A l'issue de la formation à l'Institut de Formation et
de Recherche Démographiques (IFORD), il est demandé à
chaque étudiant de présenter un travail de recherche qu'il doit
soutenir publiquement. Ce travail, dénommé mémoire, porte
en général sur les problèmes de populations et constitue
une première expérience dans la recherche démographique
pour chaque étudiant. Pour ce qui nous concerne, notre thème de
recherche porte sur "les déterminants de la prise en charge
médicale du paludisme au Gabon : cas des enfants de moins de cinq
ans".
Les propos contenus dans ce document n'engagent que son auteur.
Ils ne reflètent nullement les opinions de l'Institut de Formation et de
Recherche Démographique (IFORD).
Avavt propo'
La lutte contre le paludisme n'a jamais mobilisé autant
d'institutions publiques et privées, autant de ressources
financières et humaines que ces vingt dernières années
aussi bien en Afrique que dans le reste du Monde. Toutes ces mobilisations
visent à apporter une réponse adéquate aux
résistances opposées aux antipaludiques par le plasmodium
(parasite) d'une part et pour faire face d'autre part à
l'inefficacité des insecticides destinés à
éradiquer le vecteur du paludisme. Ces deux sources de paludisme sont
responsables de plus d'un million de morts d'enfants de moins de cinq ans et
laissent des innombrables séquelles a ceux qui en guérissent.
Aussi, au regard des résultats obtenus, la
nécessité d'une mobilisation interdisciplinaire pour combattre
cette endémie s'impose. En effet, en dépit de
l'endémicité de certaines régions d'Afrique comme le
Gabon, les conséquences du paludisme chez les jeunes enfants peuvent
être contrôlées par l'adoption des comportements et des
démarches appropriés en matière de soin par les parents de
ces derniers.
Ce travail a donc pour objectif général d'aider
les acteurs de la santé tant publics que privés de disposer des
indicateurs relevant des comportements des parents sur lesquels ils devraient
agir afin que les recommandations en matière de prise en charge
médicale des enfants soient mieux suivies et appliquer en attendant un
probable vaccin contre le paludisme.
Dé~Ucace'
Ce travail est dédiéA tous ceux qui me sont
chers
En particulier, Ma mère KAMBO Fatou et mon père
Feu Hassan GARBA Vous mes ancêtres, mes frères et
soeurs, pour la foi que vous avez toujours placée en moi et les
encouragements à aller sans cesse de l'avant.
.
~ ~~~~~~~~~~~~
Au terme de ce travail de recherche, nous ne pouvons manquer
d'exprimer notre reconnaissance à l'endroit de tous ceux qui, de
prêt ou de loin, ont contribué à sa réussite et
à celle de notre formation de démographe.
Tout premièrement, nous remercions ALLAH tout puissant
de nous avoir permis d'accomplir cette tâche, malgré toutes les
difficultés rencontrées pendant notre formation.
Nous exprimons ensuite notre gratitude à l'endroit de
nos encadreurs. D'abord notre Directeur Dr. BENINGUISSE Gervais qui n'a
ménagé ni son temps, ni ses conseils pour nous permettre de mener
à bien ce travail et nous a sans cesse encouragé à
rechercher l'excellence et la rigueur scientifique. Ensuite notre lecteur Mr
MUDUBU qui malgré son éloignement, nous a donné un peu de
son temps pour lire notre travail ; cela nous a également
été d'un grand secours.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
tous nos enseignants, plus particulièrement le Pr. EVINA AKAM, Mr Jean
WAKAM et Mr Emmanuel NGWE qui, durant notre formation ont eu pour soucis, au
delà de la formation académique qu'ils nous ont dispensée,
de nous amener à prendre conscience du précieux rôle que
doit jouer le démographe que nous sommes dans le processus du
développement de l'Afrique. Nous leur disons merci et les assurons de
faire bon usage de leurs conseils tout au long de notre carrière de
démographe.
Ces remerciements s'étendent à la Direction et
au personnel administratif de l'IFORD, notamment Ces remerciements
s'étendent à la Direction et au personnel administratif de
l'IFORD, notamment à la Directrice exécutive, Pr. Elisabeth ANNAN
YAO , au Directeur Administratif et Financier,
Mr PESOU Jacob et au responsable du CDI, Mr AWUNG Franklin.
.
A la Direction Générale de la Statistique et des
études économiques (DGSEE) du Gabon qui, en dépit des
difficultés que nous avons rencontrées, nous a quand même
permis de suivre cette formation. Merci également à MACRO
International grâce à qui il nous a été possible de
rentrer en possession de la base de données utilisée dans cette
étude.
A tous nos collègues et amis de la
28ème promotion de l'IFORD que nous avons eu l'honneur de
représenter, notamment Abdoul YAYA DIA, SOUMANA issifou, Sani ELHADJI
à nos aînés des 26ème et
27ème promotions et nos cadets de la 29ème
promotion que nous avons côtoyés une année durant. Merci
pour l'esprit d'entraide et de convivialité que nous avons su
sauvegarder pendant ces deux années, en dépit des
difficultés.
A mes frères gabonais des 27ème,
28ème et 29ème promotions de l'IFORD, plus
particulièrement Rodrigue NGUEMA, Hélonan MINKO MI ETOUA, Patrick
ENGONE, Arnaud ENGOZOGO ENGOZOGO, Thomas BIVEGUE, Arnaud MBOUMBA, Philias MBA
OYONO et Philippe NKOMA pour leur soutien pendant ces moments de galères
que nous avons traversés ensemble.
Enfin, nos remerciements à toute la communauté
gabonaise présente à Yaoundé, pour avoir contribué
à rendre notre séjour agréable.
Table dek vnatarek
Engagevnent. i
Avant prapak ii
DedIcace iii
Revnerc~evnentk iv
Table dek vnattirek vi
LOrte dek tableauxi ix
LOrte dek figurek x
L~kte dek k~glek.
xi Introduction générale 1
Chapitre I: Cadre théorique 6
I-1 la revue de la littérature 6
I-1-1 : les connaissances biomédicales du paludisme 6
I-1-1-1 Faciès épidémiologique primaire du
paludisme 6
I-1-1-2 le cycle palustre 7
I-1-1-3 le paludisme chez l'enfant 7
I-1-1-3 prévention et prise en charge du paludisme 8
I-1-2 : les systèmes de soins de santé 9
I-1-2-1 l'automédication 9
I-1-2-2 les médecines traditionnelles 9
I-1-2-3 la médecine moderne 10
I-1-3 : aperçu de la littérature sur la prise en
charge médicale du paludisme en Afrique 10
I-1-3-1 : standards thérapeutiques du paludisme 10
I-1-3-2 les déterminants de la prise en charge
médicale du paludisme 13
A) les facteurs de prédisposition 13
B) les facteurs facilitateurs 16
C) les facteurs de renforcement de l'utilisation de soin de
santé moderne 20
I-2 Cadre conceptuel 22
I-2-1 : les modèles de prise en charge médicale
moderne 22
I-2-2 : hypothèse générale 22
I-2-4 Hypothèses spécifiques 23
I-2-5 Définition des concepts 24
I-2-6 Variables opérationnelles 26
I-2-7: schéma d'analyse 27
Chapitre II : Cadre d'étude et
méthodologique de la recherche 28
II-1 : Cadre d'étude 28
II-1-1 : Environnement physique et humain du Gabon 28
II-1-1-1 : le relief 28
II-1-1-2 : Le climat 28
II-1-1-3 : la végétation et l'hydrographie 29
II-1-2 : contexte socio démographique 29
II-1-2-1 : La structure par sexe et par âge 29
II-1-2-2 : la situation d'urbanisation 29
II-1-2-3 : la situation de l'éducation 30
II-1-3 : le contexte socio économique 30
II-1-4 : Contexte socioculturel 32
II-1-5 : le contexte sanitaire du Gabon 32
II- 1-5-1 le système sanitaire et la couverture sanitaire
33
A) le système sanitaire 33
B) la couverture sanitaire 33
II-1-5-2 : la politique de santé et le financement de
santé 35
A ) la politique de santé 35
B ) le financement du secteur de la santé 35
C ) Bilan du paludisme au Gabon 36
II-2 : Cadre méthodologique de la recherche 39
II-2-1 : Source des données 39
II-2-1-1 objectifs 39
II-2-1-2 questionnaire 39
II-2-3 Echantillonnage 41
II-2-2 : Evaluation des données 42
II-2-2-1 : évaluation de la qualité des
données sur l'âge de l'enquêtée 42
II-2-2-2 taux de non réponse relative à la
présence de fièvre chez les enfants de moins de cinq ans
selon les caractéristiques de la mère 44
II-2-3 : quelques limites de la base de données
utilisées 45
II-2-4 Méthode d'analyse 45
II-2-4-1. Analyse bi variée 45
II-2-4-2 analyse explicative multivariée 46
II-2-4-3 construction des variables 47
A) construction de la variable dépendante « prise en
charge médicale » 47
B) construction des variables intermédiaires
47 Chapitre III: Prévalence et prise en charge
médicale du paludisme chez l'enfant : niveau et
différentiel 49
III-1 : Prévalence du paludisme 49
III-2-1-1 le milieu de résidence 50
III-2-1-2 la région de résidence 51
III-2-2 les différences selon quelques
caractéristiques de la mère 52
III-2-2-1 la prévalence du paludisme selon la religion de
la mère 52
III-2-2-2 : la prévalence selon le niveau d'instruction de
la mère 52
III-2-2-3 la prévalence du paludisme selon l'appartenance
ethnique de la mère 53
III-2-2-4 la prévalence du paludisme selon l'occupation de
la mère 54
III-3 : Prise en charge médicale en cas de paludisme chez
l'enfant. 55
III-3-1 Variation selon la situation de résidence des
enfants 55
III-3-1-1 : le Milieu de résidence 55
III-3-1-2 : la région de résidence 56
II-3-2 : le différentiel de la prise en charge
médicale des enfants impaludés 56
III-3-2-1 : les différences selon les facteurs socio
culturels 56
A) le milieu de socialisation 56
B) La religion de la mère 57
C) l'ethnie de la mère 58
D) le niveau d'instruction 59
III-3-2-2 les différences selon les facteurs
socio-économiques 59
A) l'activité du partenaire 59
B) le pouvoir financier de la mère 60
III-3-2-3 : les différences selon les facteurs socio
démographiques 60
A) l'expérience de la mère 60
C) le type de ménage 60
D) la présence du mari dans le ménage
60 Chapitre IV : Déterminants de la prise en charge
médicale du paludisme chez l'enfant de
|
moins de cinq ans
|
62
|
IV-1 : l'effet des facteurs socio culturels
|
|
62
|
IV-1-1 : l'appartenance religieuse
|
|
62
|
IV-1-2 : l'ethnie
|
|
62
|
IV-1-3 le milieu de socialisation
|
|
63
|
IV-1-4 le niveau d'instruction
|
|
63
|
IV-2 : l'effet des facteurs socio démographiques
|
|
63
|
IV-2-1 : l'expérience de la mère
|
|
64
|
IV-2-2 la taille du ménage
|
|
64
|
IV-2-3 : le type de ménage
|
|
64
|
IV-2-4 : la présence du mari dans le ménage
|
|
64
|
IV-3 l'effet des facteurs socio économiques
|
|
65
|
IV-3-1 l'activité du partenaire
|
|
65
|
IV-3-2 : le pouvoir financier de la mère
|
|
65
|
IV-4 : l'effet des facteurs contextuels
|
|
65
|
IV-4-1 le milieu de résidence
|
|
66
|
IV-4-2 : la région de résidence
|
|
66
|
IV-4-1 : l'accessibilité géographique
|
|
67
|
IV-5 : Synthèse et discussion des résultats
|
|
69
|
Conclusion générale
|
72
|
Bibliographie:
|
|
75
|
ANNEXE
|
|
|
|
|
viii
|
Li1~~e' ci~~ tct.btea4M'
Tableau 1-1 : Illustration des attitudes
thérapeutiques adoptées par les parents d'enfants fébriles
à
domicile. 11
Tableau 1-2 : présentation des variables
utilisées dans l'étude 26
Tableau 2-1 : Ratio population/formation
sanitaire 33
Tableau 2-2 : Personnel de santé
(données de 1997 34
Tableau 2-3 : nombre et catégorie
d'agents par habitant 34
Tableau 2-4 : nombre de cas
déclarés et taux de mortalité infantile dus au paludisme
36
Tableau 2-5 : récapitulatif du taux
d'echec de combinaison thérapeutique antipaludique au Gabon
38
Tableau 2-6 : Taille et couverture de
l'échantillon 41
Tableau 2-7 : Répartition des effectifs
des femmes enquêtées par groupes d'âges 43
Tableau 2-8 : Taux de non réponses selon
quelques caractéristiques maternelles 44
Tableau 3-1 : Répartition des enfants de
moins de cinq ans selon leur état morbide au cours des
15jours ayant précédé l'enquête en
âge revolu 49
Tableau 3 .2 : Prévalence du paludisme
selon le milieu de résidence 51
Tableau 3.3 : Prévalence du paludisme
selon les régions 51
Tableau 3-4 : Prévalence du paludisme
selon la religion de la mère 52
Tableau 3-5: Prévalence du paludisme
selon le niveau d'éducation de la mère 53
Tableau 3-6 : Prévalence du paludisme
selon l'ethnie de la mère 54
Tableau 3-7 : Prévalence du paludisme
selon l'occupation de la mère 54
Tableau 3-8 : Répartition de la prise en
charge médicale du paludisme chez l'enfant selon certaines
caractéristiques liées à la mère
57
Tableau 4-1 : Effets nets des variables
indépendantes sur la prise en charge médicale 67
Figure 1-1 : schéma conceptuel 23
Figure 1-2 : schéma analytique 27
Carte 2-1 : le taux d'échec de
combinaison thérapeutique au Gabon, 2001-2002 37
Graphique 2-1 : l'évolution des effectifs
des mères des enfants de moins de cinq selon l'age 42
Graphique 2-2 : Répartition des
effectifs des femmes enquêtées par groupe d'ages quinquennaux 44
Graphique 3.1 répartition des effectifs des enfants de
moins de cinq ans ayant souffert de fièvre dans les deux semaines qui
ont précédé l'enquête 50
L(,ste' d Si~~Le4'
ACT : Combinaison Thérapeutique à
base d' Artésiminine BM : Banque Mondiale
CHL : Centre Hospitalier de Libreville
EDSGI : Enquête Démographique et de
Santé du Gabon, 2000 EGEP : Enquête Gabonaise sur
l'Evaluation et le suivi de la Pauvreté UNFPA : Fond
des Nations Unies pour la Population
HPO : Hôpital Pédiatrique
d'Owendo
MSF : Médecins Sans Frontière
NEPAD : Nouveau Partenariat Africain pour le
Développement
OCEAC : Organisation de Coordination pour la
lutte contre le Endémies en Afrique Centrale OMS :
Organisation Mondiale pour la Santé
PNLP : Programme National pour la Lutte contre
le Paludisme PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RACTAP : Réseau d'Afrique Centrale pour
le Traitement Anti Paludique RBM: Faire Reculer le
Paludisme
RGPH93 : Recensement Général de la
population et de l'Habitation du Gabon, 1993
SSP : Soin de Santé Primaire
UNICEF: Fond des Nations Unies pour l'Enfance
TBGS: Tableau de Bord Général de
Santé
xii
Introduction générale
Le Paludisme est une maladie connue depuis longtemps des
civilisations égyptienne, chinoise, chaldéenne et Hindoue.
Hippocrate décrivait déjà les différents types de
fièvre palustre au premier livre de ses Epidémies
(PAGES, 1966). En Afrique, le paludisme est une composante de
l'environnement depuis l'émergence de l'homme (BRUCE-CHIVATT, 1965).
Cette maladie parasitaire potentiellement mortelle est
transmise par le moustique appelé « anophèle » qui
affecte 40% de la population mondiale soit près de 3,2 milliards de
personnes infectées pour 1 à 3 millions de décès
par an ; plus de 75% de ces victimes infectées sont des enfants
africains de moins de cinq ans (SNOW et al, 1999). Particulièrement, les
enfants africains au Sud du Sahara sont les plus infectés avec 3000
décès par jour soit un (1) décès par seconde (RBM,
2006). Sur le plan clinique, on distingue le paludisme simple ou accès
palustre qui peut être causé par les quatre espèces de
plasmodium. Le retard dans le traitement ou le diagnostic du paludisme simple
peut conduire au paludisme grave lequel peut être mortel ou laisser de
séquelles graves, notamment chez les enfants de moins de cinq ans (SAGBO
et al, 2008). En effet, le paludisme grave ou cérébral chez ces
enfants non immuns a pour conséquence l'insuffisance pondérale
à la naissance, l'anémie, l'épilepsie et les
difficultés d'apprentissage en cas de survie de ces enfants (RBM, 2001).
En outre, les infections paludéennes répétées
rendent les jeunes enfants plus sensibles aux autres maladies courantes de
l'enfance telles que la diarrhée et les infections respiratoires,
favorisant indirectement la mortalité (Rapport sur le paludisme,
2003).
Géographiquement, l'infection à paludisme varie
d'une région à une autre sur le continent. Dans les zones de
forte endémie pendant la période où la transmission
atteint son paroxysme, près de 70% d'enfants d'un an ont le paludisme
dans leur sang faisant ainsi 1,6 à 5,4 accès palustre chaque
année (RBM, 2001). Avec six à neuf mois de pluviométrie,
l'Afrique tropicale notamment le Gabon se caractérise par une forte
prévalence du paludisme essentiellement à plasmodium
falciparum presque toute l'année. Selon la première
Enquête Démographique et de Santé (EDSGI de 2000), à
la question de savoir les principales maladies de leurs enfants de moins de
cinq ans, le paludisme apparaît en premier dans 90% des réponses
des mères. La prévalence moyenne annuelle de l'infection
plasmodiale chez les enfants fébriles âgées de 0 à
10 ans sur l'ensemble du territoire gabonais varie de 31 à 71% et les
formes graves surviennent chez 45% des enfants fébriles
hospitalisés. Au centre Hospitalier de Libreville (CHL), les
anémies nécessitant une transfusion représente 70% des
formes graves de paludisme, le paludisme est aussi responsable de 39% des
cas
de fièvre reçus en hospitalisation et le taux de
létalité était de 9% entre 2000 et 2002. Le paludisme
demeure donc au Gabon un problème de santé publique (ANTIMI,
2006).
Des solutions et des stratégies en vue
d'éradiquer cette épidémie en Afrique sont
envisagées depuis l'époque coloniale notamment la première
conférence panafricaine du paludisme de Kampala (1950) et la
8ème conférence mondiale de la santé de Mexico
(1955) qui suggéraient déjà l'éradication du
paludisme dans certaines régions de l'Afrique. Face à la
persistance de la prévalence du paludisme, des nouvelles
conférences furent organisées pour redynamiser la lutte.
Notamment, la conférence de Alma Ata en 1978 qui défendait
l'idée de développement de soins de santé primaire (SSP)
dans les pays sous développés avait aussi penché sur les
questions liées au paludisme (MOSLEY, 1985). La réunion des
ministres de la Santé à Amsterdam en 1992 fut de la lutte
antipaludique une priorité sanitaire mondiale. Dans le même
élan international, une grande initiative fut mise en place en 1998, en
vue de créer le Partenariat Faire Reculer le Paludisme (RBM) pour
contrôler et diminuer de moitié le fardeau mondial du paludisme
d'ici 2010 ; et cela grâce à la conjonction des efforts du Fond
des Nations Unies pour l'Enfance (U.N.I.C.E.F), de l'Organisation Mondiale de
la Santé (O.M.S), du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) et de la Banque Mondiale (BM). Le but
assigné à cette initiative est repris par la déclaration
du millénaire en son objectif six (6) qui préconise la
maîtrise et l'éradication du paludisme d'ici 2015 comme des grands
objectifs prioritaires en matière de santé publique pour les
gouvernements des pays concernés.
Enfin, les chefs d'Etat africains se sont planchés en
2000 au sommet d'Abuja sur les moyens pour atteindre l'objectif du Partenariat
Faire Reculer le Paludisme (RBM).Pour y parvenir, ils ont fixé des
objectifs intérimaires afin d'évaluer les progrès
réalisés au cours des différentes conférences
panafricaines réservées aux spécialistes
multidisciplinaires du paludisme.
Pays frappé de plein fouet par le paludisme, le Gabon a
participé activement à toutes ces rencontres en tant que membre ;
d'autant plus que les autorités gabonaises avait mis en place dès
1996 le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) en vue de
coordonner les actions de lutte contre le paludisme en partenariat avec les
organismes régionaux tels que le RACTAP et les autres organismes
internationaux intervenant sur la problématique du paludisme. C'est
à ce titre, que le Gabon est engagé depuis le 27 juin 2007 dans
le projet du Round 5 avec l'appui du PNUD et qu'il a soumis sa composante
paludisme au Fond Mondial en Avril 2004.
Parmi les actions palpables issues de ces décisions
politiques, la promotion des moustiquaires imprégnées à
efficacité durable en prophylaxie et l'utilisation de combinaison
thérapeutique à base d'artémisinine (ACT) en
chimiothérapie constituent actuellement les deux principaux axes de
lutte
contre le paludisme selon les recommandations de l'OMS. Ces
nouvelles options de lutte viennent pallier les limites du
dichloro-diphényk-trichlorétane (D.D.T) dont l'association avec
les antipaludéens de synthèse a fortement amélioré
, en son temps, la lutte contre le paludisme (PAGES, 1966) ; et pour surmonter
la chimiorésistance du plasmodium ou les échecs
thérapeutiques mais aussi pour maîtriser le problème
lié aux mutations génétiques observées chez les
moustiques vecteurs du parasite. Au Gabon, le taux d'échec
thérapeutique à la chloroquine est supérieur à 50%
; il a été d procédé donc au remplacement de la
chloroquine par les ACTs dans le traitement de première intention de
paludisme simple (ANTIMI, 2006).
Malgré, ces initiatives dans la lutte contre le
paludisme, leurs impacts restent limités notamment au Gabon. En effet,
selon le Directeur du PNLP du Gabon si 62% des ménages ont une
moustiquaire, moins de 2% des enfants de moins de cinq ans dorment sous une
moustiquaire imprégnée d'insecticide à longue durée
d'action (ANTIMI, 2006). De même, la thérapie par les ACT reste
assez faible dans la population. Des obstacles de plusieurs ordres sur le
terrain comme ailleurs en Afrique, expliqueraient cette situation notamment :
le manque de volonté politique et de ressources financières et
humaines, le manque de formation du personnel médical, la faible
reconnaissance des bénéfices des ACT pour les communautés,
la pénurie des ACT d'une qualité garantie, le fait que les
travailleurs de la santé n'aient pas accès à des tests de
diagnostics rapide enfin, le faible accès aux soins en
général (MSF, 2006). Ce même constat avait
déjà été fait par l'OMS qui affirmait en 1990 que :
« le choix d'un médicament et son utilisation dépend des
facteurs multiples : la formation et les habitudes professionnelles en soins de
santé, des facteurs socio culturels, économiques et
médicaux légaux d'exercice de la profession et de la
démographie médicale ; le bon usage des médicaments selon
les experts est de le prescrire au bon malade et de prescrire le bon
médicament, à la bonne dose et pendant une durée
déterminée ». Le problème de paludisme apparaît
donc non seulement comme une préoccupation biomédicale ; mais
aussi comme un phénomène lié aux comportements individuels
et sociaux.
Cette prise de conscience de la nature multiforme des facteurs
limitants les efforts de lutte contre le paludisme a amené la
Quatrième Conférence Panafricaine de la MIM sur le paludisme
à reconnaître que les contributions de chercheurs scientifiques du
monde entier ont été cruciales à la compréhension
des dimensions socio culturelles du fardeau du paludisme afin de
développer des interventions efficaces et à l'amélioration
de la compréhension de la manière dont on peut assurer
l'accès à ces interventions (RBM, 2005). A cet effet, plusieurs
études pluridisciplinaires sur le paludisme sont observées et
encouragées depuis quelques années. Une de ces études
menées au Kenya avait conclu, par exemple, que la survie de l'enfant en
Afrique tropicale est essentiellement
déterminée par les ressources sociales et
économiques de la famille de l'enfant (MOSLEY, 1985). D'autres approches
abordent dans le même sens telles que celles d'ANDERSON et NEWMAN (1972)
et celui de GROSS (1972) et PHILIPS (1990) mettent l'accent sur les facteurs
prédisposant, les facteurs facilitant, l'état de santé, la
disponibilité et l'accessibilité des services de santé.
Ces différentes approches mettent ainsi en
évidence la problématique de l'offre et de la demande des
services de santé lesquelles permettent de comprendre le comportement
des parents sur le mode de prise en charge médicale des enfants
souffrant du paludisme. En effet, des comportements médicaux
déplorables de la part des parents tels que le non respect de posologie,
le recours aux formations de santé après des jours et les
décès à domicile non déclarés sont
constatés dans les pays africains impaludés. A ce propos le
Directeur du PNLP au Gabon confirme que les statistiques sur l'état du
paludisme ne représentent que la partie visible de l'iceberg, car elles
proviennent des structures sanitaires publiques ; les décès
survenus à domicile ne sont pas notifiés et le taux de
complétude des rapports ne dépasse pas les 10% des cas
réels sur l'ensemble du territoire national (ANTIMI, 2006) ; alors
même que l'OMS recommande qu'en présence de tout syndrôme
fébrile chez un enfant de moins de cinq ans, dans les régions
sub-sahariennes où le paludisme est endémique d'administrer un
antipaludique approprié en première intention et de recourir le
plus tôt possible à une formation sanitaire (TALANI et al,
1995).
Aussi, face à de telles difficultés liées
essentiellement aux attitudes des parents, sommes nous posé la question
de savoir : quels sont les déterminants de la prise en charge
médicale du paludisme chez les enfants de moins de cinq ans au Gabon
?
Autrement dit, l'intérêt de ce travail est de
voir comment les facteurs socio économiques, socio démographiques
et socio culturels déterminent les comportements de la mère en
matière de prise en charge médicale de l'enfant de moins de cinq
ans en cas de paludisme.
A cet effet, BÖETE (2006) avançait que la
recrudescence du paludisme peut s'expliquer par des facteurs biologiques, socio
économiques et politiques, qui peuvent donc conditionner l'attitude des
mères.
L'objectif général de cette étude est
donc de contribuer à l'amélioration des connaissances sur les
déterminants de la prise en charge médicale du paludisme chez les
enfants de moins de cinq ans au GABON. Plus spécifiquement, cette
étude vise à :
- évaluer la prévalence du paludisme au sein de la
population des enfants de moins de cinq ans selon quelques
caractéristiques liées à la mère de l'enfant et
à son environnement.
- estimer l'importance et le niveau de prise en charge
médicale c'est-à-dire le recours aux formations sanitaires et
l'usage des antipaludiques appropriés en rapport avec les
caractéristiques et l'environnement de la mère.
- ressortir les déterminants socioéconomiques,
socioculturels, sociodémographiques et environnementaux de la prise en
charge médicale efficace du paludisme infanto juvénile. Notre
travail va se dérouler en quatre chapitres à savoir :
> chapitre I : Cadre théorique
> chapitre II : Cadre d'étude et méthodologique
de la recherche
> chapitre III : Prévalence et prise en charge
médicale du paludisme chez les enfants : niveaux et
différentiels
> chapitre IV : Déterminants de la prise en charge
médicale du paludisme chez les enfants de moins de cinq ans.
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