SECTION II : LA
CONFIGURATION DE LA COOPERATION DECENTRALISEE FRANCE - CAMEROUN
Il n'est point de connaissance possible des relations
sociales sous quelque forme que ce soit sans analyse de sa configuration,
c'est-à-dire au sens de Norbert Elias, la figure globale et toujours
changeante que forment les joueurs (cité par Sindjoun, 2002b : 37). Le
modèle de la configuration permet non seulement d'avoir accès aux
joueurs ou acteurs de la coopération décentralisée
(Paragraphe1)sans absolutiser leur nature étatique ou transnationale ,
mais aussi de penser les interactions complexes entre les acteurs dans une
perspective dynamique et même complémentaire (Paragraphe 2) ;
en cela, il permet de dépasser le clivage Etat / collectivités
locales ou l'inverse.
PARAGRAPHE 1 : DE LA
DIVERSITE D'ACTEURS EN PRESENCE
La coopération décentralisée France -
Cameroun au sens large du terme est constituée d'intervenants divers
dont les modes d'actions varient selon qu'on est en France (A) ou au Cameroun
(B).
A- LES PRINCIPAUX ACTEURS
DE LA COOPERATION DECENTRALISEE EN FRANCE
En France, plusieurs acteurs sont impliqués dans le
phénomène de coopération décentralisée,
chacun a son titre et à des degrés divers (les ONGs, Associations
locales, Ministère de l'Intérieur, le Département de la
Culture et de la Francophonie, celui des Départements et Territoires
d'Outre-mer, les Organisations Non Gouvernementales,...). Mais, il y a
principalement les Collectivités Locales (1), les Ministères des
Affaires Etrangères, de la Coopération et du Développement
(2).
Dans la présente articulation, il ne s'agit pas
de présenter tous les acteurs de la coopération
décentralisée France - Cameroun, tâche herculéenne
au regard de la diversité d'acteurs en présence. Ce qui importe
ici c'est de cerner les principaux acteurs et si possible leurs
différents rôles.
1) Les collectivités
locales françaises (Communes, régions, départements)
Elles ont une pratique ancienne du jumelage, notamment avec
leurs homologues africains. Avec l'émergence de la
décentralisation et du débat démocratique en Afrique, ces
relations de jumelages évoluent progressivement, quoique de façon
inégale parfois, vers les relations de collectivité locale
à collectivité locale. Nous avons vu que le critère
d'existence de la coopération décentralisée demeure
l'intervention d'une collectivité locale fut-elle indirecte car, dans le
cas contraire, le concept de coopération décentralisée
deviendrait une expression galvaudée, ouverte à toutes formes de
coopération associatives, commerciales, techniques... (Petiteville,
1995). Du fait de la reconnaissance du principe de la libre administration sur
le plan interne, les collectivités locales françaises se sont
orientées vers la mise en oeuvre de la démocratie locale, le
renforcement de la capacité des collectivités à organiser
des services publics... Leur intervention s'exerce dans différents
domaines : l'information, la sensibilisation et la formation des
élus, la formation civique, l'aide à la mobilisation des
ressources. Elles améliorent l'accompagnement des collectivités
africaines en matière de formation, d'animation de la vie
économique locale, d'exercice de la démocratie locale,
d'amélioration de la gestion financière, d'activation de la
médiation sociale. En tant qu'interface entre la société
civile et la puissance publique, les collectivités locales jouent
finalement un rôle déterminant dans la production des politiques
publiques en France. Mais qu'est-ce qu'une politique publique ?
Dans la littérature spécialisée sur les
politiques publiques, les définitions vont de la qualification minimale,
« tout ce que le gouvernement décide de faire ou de ne pas
faire » à des définitions plus complètes
où la politique publique se présente comme « un
processus de production d'une série d'actes ou de non actes qu'une ou
plusieurs autorités publiques choisissent d'engager dans un domaine
spécifique » (Muller, 1990). Toutefois, pour revenir à
la question relative aux acteurs de la coopération
décentralisée en France, il est important de rappeler que la
coopération décentralisée en France fait l'objet d'une
coordination nationale à travers les Ministères des Affaires
Etrangères, de la coopération et du développement.
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