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La coopération décentralisée entre la France et le Cameroun : un véritable partenariat ?

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par Cyprien BASSAMAGNE MOUGNOK
Université de Yaounde II - Soa - Master II 2007
  

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2) La coopération décentralisée France-Cameroun : vers la création d'une communauté épistémique

Le concept de « communauté épistémique » est utilisé par Stéphane Engueleguele pour traduire l'émergence des réseaux d'experts ou "think tanks" qui, par la diffusion des idées, structurent la politique nationale et internationale (Engueleguele, 1998). Cette communauté constitue en réalité ce que Jean François Bayart, empruntant le vocabulaire d'Antonio Gramsci désigne par « bloc hégémonique franco-africain » (Njoya, 2006 :305).

La diffusion du modèle d'administration au Cameroun appartient au registre de la "policy bandwagoning". C'est une situation de "path dependency", c'est-à-dire de dépendance sentier, de dépendance aux pratiques initiales de traitement politique du territoire (Sindjoun, 2002a :47-48). Comme le souligne notre auteur, la reprise des technologies administratives françaises de contrôle territorial est un placement au sens économique du terme. L'inscription de l'ingénierie administrative sur le registre du "comme la France" relève de la recherche du standing institutionnel ; c'est une conduite rationnelle, adéquate, orientée par la quête de la légitimation internationale sous le couvert du modèle administratif français (Sindjoun, 2002a). Le transfert des technologies administratives françaises est aussi une modalité de réalisation hégémonique des élites locales car, l'acclimatation équatoriale du jacobinisme leur permet de contrôler la vie politique nationale. Dans une société culturellement dépendante, le référentiel français a une fonction de "chloroforme" des consciences, de dissimulation de l'enjeu réel de la centralisation. Dans l'imaginaire français, l'exportation des technologies et savoir-faire des collectivités françaises participeraient de la volonté de celles-ci de moderniser et/ou d'- « occidentaliser » l'ordre politique au Cameroun. Mais comme nous l'enseigne Samuel Huntington (1993), l'idée de modernisation n'est pas assimilable à celle de l'occidentalisation : le monde serait donc loin d'être en voie d'homogénéisation.

Partant du postulat selon lequel la compétition idéologique Est-Ouest a cédé la place à un affrontement culturel entre le monde occidental et le reste du monde, Huntington est conduit alors à s'opposer à la perspective d'une possible universalisation de la démocratie sous forme d'occidentalisation du monde. Prenant l'exemple du fondamentalisme religieux, il souligne l'antinomie existant entre une planète plus ouverte - et donc plus moderne - et un monde plus anti-occidental que jamais, la démocratie servant au besoin à légitimer le refus des valeurs occidentales (Roche, 2001 : 252). L'Etat au Cameroun (Bayart, 1985) est un Etat exporté qui connaît des logiques de réinvention (Bayart et Hermet, 2001) et de réinterprétation de la part des autorités locales politiquement intéressées (Sindjoun, 2002a).

D'une manière ou d'une autre, ces tentatives d'exportation des compétences des collectivités locales participent, nous ne le dirons jamais assez, du besoin du rayonnement international de la France dont l'inscription de la collectivité locale dans la trame urbaine mondiale en est tributaire.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault