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La coopération décentralisée entre la France et le Cameroun : un véritable partenariat ?

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par Cyprien BASSAMAGNE MOUGNOK
Université de Yaounde II - Soa - Master II 2007
  

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B- LES LOGIQUES D'EXPORTATION D'UN MODELE IMPOSE ET LA DISSEMINATION INSIDIEUSE DES RATIONALITES IMPERIALES

Jamais au cours de son histoire la France ne s'est résignée au repliement ; elle a toujours éprouvé le besoin d'agir bien au-delà de son hexagone (Essama, 1984 :70). En tentant de se replier sur elle même, la France risque de se sentir diminuée. C'est pourquoi, un rayonnement, oeuvre d'hommes prêts à s'expatrier et d'une culture prétendant à l'universalité lui est nécessaire (Essama, 1984). La culture au sens large du terme constitue un puissant instrument d'influence. Même si les africains souhaitent affirmer leur spécificité culturelle (Gonidec, 1996), l'Afrique, dans un contexte d'accélération de l'interdépendance et de brouillage de la distinction entre l'ordre interne et externe est tributaire du monde extérieur, mutatis mutandis. Sans pour autant sombrer dans un dépendantisme désuet (Bourmaud, 1997), il s'agit ici de restituer les logiques de transfert de savoir-faire, allant de l'exportation des compétences des collectivités françaises (1) à la création d'une sorte de "communauté épistémique" (2).

1) L'exportation des compétences des collectivités locales françaises au Cameroun

Dans leur ouvrage Droit international du développement, Feuer et Cassan notent que l'un des objectifs de l'assistance technique est (ou devrait être) de faciliter et d'accélérer la formation des techniciens, des cadres administratifs et des gestionnaires des pays en développement par le moyen de conseils donnés par des spécialistes des pays développés ou des pays en développement plus avancés (Gonidec, 1996 : 86-87). C'est sans doute parce que le système administratif camerounais est inspiré du centralisme jacobin et, parce que les collectivités françaises s'en sont quelque peu émancipées depuis la réforme de 1982 que, ces dernières peuvent prétendre sans quelque raison, faire part à leurs homologues camerounais de leur expérience récente.

De manière générale, comme l'écrit Petiteville (1995), les analyses des politiques de coopération administrative ayant pour objet les administrations des pays en développement donnent lieu à des bilans critiques. L'auteur qui élabore la réflexion la plus approfondie sur l'expérience française de coopération administrative, Marie-Christine Kessler, relève trois types de dysfonctionnements récurrents de ce type de coopération : son caractère souvent bureaucratique, rigide et opaque, le manque d'originalité des moyens utilisés, enfin un ethnocentrisme dominant qui fait de la coopération administrative de la France une simple transposition du modèle français d'administration publique ayant pour principale vocation de contribuer à consolider l'influence de la France dans le monde (Petiteville, 1995 : 120). A entendre Mahamadou Danda, le Niger offre un cas typique de mimétisme institutionnel au regard de ses programmes largement inspirés du modèle français (Danda, 1997). Ce qu'il convient de souligner ici c'est la qualité de l'assistance apportée par les collectivités françaises à leurs homologues camerounais. Même si l'on admet la compétence certaine et le dévouement de la majorité des experts et spécialistes sur le terrain, qu'ont conseillé ces experts ? Qu'ont enseigné ces maîtres ? Et qu'ont fait ces volontaires payés ? Surtout, dans quelle mesure leurs conseils, leur enseignement et leur travail volontaire servent-ils les intérêts de leur pays d'origine ou celui des Etats et /ou collectivité locales dans lesquels ils exercent leurs activités  (Mende, 1975 :76)?

Cette tentative de transposition au Cameroun du modèle français de décentralisation par le biais de l'assistance technique est reconnue par le Ministère de la coopération qui se défend cependant et de manière générale d'ambitionner une exportation vers l'Afrique du modèle de décentralisation en vigueur dans l'hexagone : « les propositions des rapporteurs qui avaient pour objet de définir les orientations recommandées par le groupe pour améliorer l'appui de la coopération à la mise en oeuvre de la décentralisation n'ont pas été élaborées par référence à l'expérience Française de décentralisation. Au contraire, tout au long de ses travaux, le groupe a eu la constante préoccupation de fonder sa réflexion sur la connaissance que ses membres ont du contexte dans lequel ces réformes sont engagées, de ses contraintes et des premiers effets de décentralisation en cours d'application8(*) ».

Mais Les inquiétudes de la Coopération Française se trouvent ailleurs. Il s'agit davantage des conséquences que pourrait avoir sur l'image de la France un échec des processus engagés. De l'entretien de Charles Nach Mback avec le préfet Jean Clauzel, alors président du groupe sus-indiqué, il ressort qu'il était demandé à ceux-ci d'éviter de donner leurs institutions en exemples ou en modèles (Nach Mback, 2003 :228-229).

Dans tous les cas, l'exportation des compétences des collectivités françaises au Cameroun est une réalité. Elle procède du "démiurge" Occidental du transfert de technologie et de savoir-faire. A titre d'illustration, dans le cadre de la coopération urbaine C.U.D - Région d'Alsace, plusieurs stages sont organisés périodiquement pour les cadres municipaux de Douala, soit dans les services municipaux en Alsace, soit dans les écoles de formation alsaciennes. C'est ainsi qu'une formation de deux mois a été dispensée à Jacques Doumbé, cadre de la C.U.D au centre international de l'Eau de Nancy par les soins de l'IRCOD-Alsace ; Bebey Dallé, chef de service des concessions et réseaux à la C.U.D a bénéficié d'un stage à Strasbourg en Mai-Juin 1991 pour l'entretien des feux de signalisation routière (Nach Mback, 1994 :167).

Si tant est que la notion de transfert de techniques s'entend du transfert de connaissances systématiques nécessaires à la fabrication d'un produit, à l'application d'un procédé ou à la prestation d'un service, il est tout aussi vrai que technique et savoir-faire constituent l'ensemble des connaissances, de l'expérience, de l'habileté nécessaires à la production d'un bien ou d'un ensemble de biens et, éventuellement, à l'établissement d'une entreprise à cet effet (Nach Mback, 1994 :163-164). Ici se pose la question de savoir si le transfert de techniques peut-être purement imitatif. Autrement dit, quelles techniques pour quel développement ?

Il n'est plus de notre propos de revenir sur cet aspect de la coopération France-Cameroun que nous avons longuement analysé et explicité. Ce qu'il convient de souligner ici c'est le caractère ambiguë de cette coopération qui sous-tend finalement la formation d'une sorte de « communauté épistémique ».

* 8 Lire le rapport final sur la décentralisation en Afrique Sub-saharienne, document de travail, Paris, Octobre, 1995, p.3.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery