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Impact de politique étatique en matière foncière sur le développement rural au Rwanda

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par André NKUNDIBIRAMA RUNEZERWA
Université Nationale du Rwanda - Licencie 2007
  

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2.3 Régime foncier après l'indépendance

Après l'indépendance, le pouvoir reconnaissait aux communes (district) un rôle important dans la gestion du foncier. Par la loi communale du 23/11/1963, la conservation des droits relatifs aux terres enregistrées grevées de droits coutumiers incombe à la commune. Cependant, les formes définies dans cette loi ont été pratiquement annulées par le Décret-loi no 09/76, relatif à l'achat et à la vente des droits coutumiers ou des droits d'occupation du sol.

Au début des années 1960, le pouvoir misait sur la suppression du système de propriétés (Ibikingi) et leur communalisation, la récupération des terrains appartenant aux réfugiés de 1959, ainsi que l'ouverture de nouveaux espaces qui allaient permettre notamment aux populations des zones à fortes densités, d'émigrer et d'acquérir des terrains. Vers les années 80, les nouvelles terres n'existaient plus et les problèmes commencèrent à se poser crûment. Cela donne naissance à la réduction de la fertilité et de la taille des exploitations, des conflits d'appropriation foncière au niveau des familles, etc. De 2 ha en 1960, la superficie moyenne de l'exploitation agricole familiale était réduite à 1,2 ha déjà en 1984, selon l'enquête agricole menée à cette époque (MINITERE, 2001 : 6).

Dès le début des années 90, le pays est en voie de l'impasse foncière : d'où une production agricole insuffisante, une pression démographique grandissante sur les ressources naturelles, un nombre croissant de paysans sans terres, des conflits au niveau de l'agriculture, l'élevage et les réserves naturelles. A travers les projets agricoles notamment les projets forestiers et les aménagements de pâturages, l'Etat a renfoncé son rôle dans l'appropriation de grands espaces. Les actions de reboisement se sont constituées des facteurs importants l'accumulation foncière par les pouvoirs publics et les privés (MINITERE, 2001 : 7).

2.4 Situation foncière après 1994

Le génocide d'Avril à juillet 1994 a décimé une partie de la population Rwandaise estimée à plus d'un million. Il a par conséquent entraîné des millions de réfugiés et de déplacés. Le départ en exil des réfugiés de 1994, le déplacement des personnes suite à la guerre ainsi que le retour massif des anciens réfugiés ont occasionné une nouvelle perception des problèmes fonciers.

Le rapatriement des réfugiés de 1959 était entendu dans le cadre des Accords de paix d'Arusha. Au terme de l'article 2 du protocole entre le gouvernement de la République Rwandaise et le Front Patriotique Rwandais relatif au rapatriement des réfugiés Rwandais et à la réinstallation des personnes déplacées, il est stipulé que « Chaque personne qui retourne est libre de s'installer dans n' importe quel lieu de son choix à l'intérieur du pays pourvu qu'elle n'empiète pas sur les droits d'autrui »(Accord de paix d'Arusha, 1993 : 28).

L'article 3 du protocole précise que « pour l'installation des rapatriés, le gouvernement Rwandais devra disponibiliser des terres non occupées aujourd'hui par le particuliers, après identification par la commission de mise en oeuvre du rapatriement. La commission aura la latitude de respecter et de sélectionner des sites d'installation sans restriction sur le territoire national ». Par ailleurs, dans son article 4, le protocole stipule que « le droit à la propriété est un droit fondamental pour tous les Rwandais. Par conséquent, les réfugiés ont droit de rentrer en possession de leur propriété à leur retour. Les deux parties recommandent cependant, qu'en vue de promouvoir l'harmonie sociale et la réconciliation nationale, les réfugiés qui ont quitté le pays il y a plus de 10 ans ne devraient pas réclamer leurs propriétés qui ont été occupées par d'autres individus. En compensation, le gouvernement mettra à leur disposition des terres et les aidera à se réinstaller ». Cette disposition revêt, de fait, le caractère d'une expropriation pour cause d'utilité publique (Accord de paix d'Arusha, 1993 : 29).

L'exil des réfugiés de 1994 et le déplacement des personnes suite à la guerre, ainsi que le retour massif des anciens réfugiés occasionnent une nouvelle forme des problèmes fonciers. A leur arrivée, les anciens réfugiés trouvent les propriétés vidées de leurs occupants. Ils occupèrent les habitations, les exploitations agricoles et récoltèrent les cultures. Le retour en 1996 des réfugiés de 1994 posa le problème de propriété et mit en exergue toute la problématique foncière. Pour respect du droit de propriété exige que les déplacés et les réfugiés de 1994 récupèrent leurs biens pour confirmer le principe d'un Etat de droit. De manière concomitante, les anciens réfugiés devaient recevoir des terrains pour leur permettre de produire, mais aussi pour répondre à la recommandation relative au délai de 10 ans. Pour ce faire, les domaines (propriétés) suivants ont été octroyés aux anciens réfugies :

- Le domaine de chasse du Mutara, les deux tiers du parc national de l'Akagera et le forêt de montagne de Gishwati, ainsi que les terrains appartenant à certains projets de l'Etat.

- Les terrains communaux (districts), les boisements localisés sur les bonnes terres, les pâturages et les zones proches des bas-fonds.

- Dans certaines provinces, notamment la province de l'Est (de Kibungo, d'Umutara et de Kigali-rural), beaucoup d'exploitations familiales ont été parcellisées et subdivisées entre les anciens occupants et les réfugiés de 1959.

- Les terres appartenant à certains ménages ont été désignées pour accueillir les villages imidugudu, et ceci quelquefois sans indemnités d'expropriation (MINITERE, 2001 : 10).

Les problèmes liés au foncier au Rwanda sont multiples et variés. Les uns ont pour origine la nature morphologique et physiographique des terres, tandis que d'autres sont de nature socio-démographique et socio-économique combinés à l'inadéquation des politiques, des lois et réglementations en matière foncière.

Les problèmes liés à la rareté des terres, au mode d'habitat et à la protection de l'environnement se posent avec acuité. L'évolution de l'agriculture, longtemps considérée comme base de l'économie nationale, est devenue aléatoire parce que le patrimoine foncier est mal géré, alors que plus de 90% de la population Rwandaise exploitent de la terre d'où elle tire le minimum vital. L'érosion s'accentue suite à l'exploitation ininterrompue des terres, à la colonisation des terres marginales et impropres à l'agriculture, et à l'absence des pratiques fiables de conservation des sols.

Cette situation du foncier oblige de penser à une politique en matière foncière, qui tienne compte à la fois de l'évolution foncière et surtout de ces nouveaux paramètres.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius