4.2. Association entre les
variables indépendantes et la mortalité des enfants
Il s'agit ici d'identifier les variables qui sont
significativement associées au risque de décès des enfants
de moins de cinq ans en Mauritanie.
4.2.1. Description de risque de décès
des enfants selon certaines variables indépendantes
Le tableau 4.3 ci-dessous nous donne les variations de
mortalité infanto-juvénile selon le niveau de vie du
ménage, le niveau d'instruction de la mère, les visites
prénatales, la vaccination antitétanique et sexe de l'enfant. Et
nous ferons une présentation graphique de chaque variable.
Tableau 4.3 : Risques de décès des
enfants de moins de cinq ans selon certaines variables indépendantes (en
%o)
Variables indépendantes
|
Risque en %o
|
Probabilité Khi-deux
|
Niveau de vie du ménage
|
***
|
Faible
|
216
|
Moyen
|
137
|
Elevé
|
73
|
Niveau d'instruction de la mère
|
**
|
Sans niveau
|
304
|
Primaire
|
77
|
Secondaire ou plus
|
48
|
Visites prénatales
|
***
|
Pas de visites
|
285
|
1 à 3 visites
|
107
|
4 visites et plus
|
37
|
Vaccination antitétanique
|
***
|
Aucun vaccin
|
351
|
Vacciné une fois au moins
|
78
|
Sexe de l'enfant
|
***
|
Masculin
|
262
|
Féminin
|
168
|
ns= relation non significative, et significations aux
seuils : **= de 5% admis, **= de 1%, *= de 10%.
Source : Traitement des données de
l'EDSM, 2000-01
4.1.1.1. Niveau de vie de
ménage
Le niveau de vie du ménage est significativement
associé aux risques de décès des enfants de moins de cinq
ans au seuil de 5%. On constate d'une manière générale que
plus le niveau de vie s'améliore, moins est élevé le
risque de mourir chez les enfants de moins de cinq ans (graphique 4.1). Selon
les résultats, les enfants appartenant aux ménages de niveau de
vie bas courent plus de risque de décès que leurs homologues
habitant dans les ménages où les niveaux de vie sont moyens ou
élevés soient respectivement 13,7%, 7,3%.
Graphique 4-1 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le niveau de vie
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Le niveau de vie des ménages (matérialisé
par ses variables opérationnelles) est très couramment
utilisé en Afrique. La pauvreté des ménages est l'une des
importantes causes de décès des enfants. Les riches ont les
moyens d'offrir des soins et de la nourriture de qualité à leurs
enfants, les prédisposent à un environnement sain (latrines
aménagées, eau potable, etc.) ; Ce qui réduit
considérablement l'exposition des enfants à un certain nombre de
maladies telles que la diarrhée, le paludisme, la rougeole et autres.
Par contre, les ménages pauvres résidant le plus souvent en
milieu rural ou dans les bidonvilles, utilisent le plus souvent la
médecine traditionnelle pour soigner leurs enfants et ne font recours
à la médecine moderne que lorsque l'état de santé
de l'enfant est considérablement dégradé. Ce recours
tardif à la médecine moderne pourrait être fatal à
l'enfant pour la simple raison que son organisme ne pourrait pas supporter les
soins intensifs. Ce sont toutes ces raisons qui pourraient expliquer la forte
mortalité des enfants vivant dans les ménages de faible niveau de
vie.
4.2.2.1. Niveau
d'instruction de la mère
Graphique 4-2 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le niveau d'instruction de la
mère
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Le tableau 4.3 indique que le niveau d'instruction est comme
on s'attendait, associé au risque de mortalité des enfants. Au
seuil de 5%, le niveau d'instruction de la mère est associé au
risque de mortalité des enfants et présente d'une manière
générale une relation négative avec la mortalité
des enfants de moins de 5 ans (graphique 4.2). Les enfants dont les
mères sont sans niveau et niveau primaire ont respectivement 6,3 fois et
3,9 fois plus de risques de mortalité plus élevée que les
enfants des mères de niveau secondaire ou supérieur, soient
respectivement 30,4%, 7,7% et 4,8%. On constate aussi que le risque de
mortalité varie très fortement entre les enfants dont les
mères sont sans niveau, qui ont un niveau primaire et un niveau
secondaire ou plus. Cette influence négative du niveau d'instruction
serait due au fait que la scolarisation est un facteur de délaissement
des coutumes et des traditions. En effet, la scolarisation a tendance à
être un facteur de modernisation et d'occidentalisation dans les pays
d'Afrique subsaharienne comme ailleurs. En plus, cette différentiation
du niveau de mortalité selon le niveau d'instruction serait une
conséquence du bagage intellectuel acquis par les femmes
scolarisées leur permettant de faire la distinction entre les pratiques
néfastes à la santé de l'enfant et celles
bénéfiques à leurs progénitures.
4.2.3.1. Visites
prénatales
Le nombre visites prénatales permet
d'appréhender la fréquentation des services de santé. Le
graphique 4.3 montre que les femmes n'ayant effectué aucune visite
prénatale exposent leurs enfants au risque de mortalité le plus
élevé (soit 285 décès pour mille naissances). Par
contre, les femmes qui affirment avoir effectué 4 visites ou plus sont
celles dont les enfants sont exposées au plus faible risque de
mortalité (avec 37 décès pour mille naissances). Elles
sont seulement 9% qui ont suivi les recommandations de l'OMS. Les femmes qui
ont été consultées par un personnel médical lors de
leur grossesse, une à trois fois, font baisser le risque de
mortalité de leurs enfants par rapport à celles qui n'ont pas
été consultées par un personnel médical (soit 107
décès pour mille naissances). Mais ce nombre de visites semble
insuffisant car il occupe une position intermédiaire.
Graphique 4-3 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon la visite
prénatale
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Le comportement de la mère en matière de visites
prénatales peut influencer la mortalité des enfants car ces
visites ont des répercussions sur la santé de l'enfant. Plus les
femmes effectuent les consultations prénatales moins leurs enfants
courent des risques de décéder. Ces résultats semblent
confirmer les observations faites par Dackam (1987), selon lesquelles
« la santé de l'enfant durant les premières années de
la vie dépend des conditions de grossesse (...) ; à l'occasion de
ces visites, les futures mères peuvent être vaccinées
contre la rubéole, le tétanos ; ce qui protégerait
l'enfant pendant la période néo-natale ».
Pour le cas de la République Islamique de Mauritanie,
on constante qu'en incitant les femmes à effectuer ne serait-ce qu'une
à trois consultations prénatales, réduirait de 17,8% et de
24,8% (si elle effectue au moins 4 consultations pendant leur grossesse) le
risque de décès des enfants par rapport à une situation
où elles n'effectuent aucune consultation prénatale.
4.2.3.5. Vaccination de la
mère contre le tétanos
La vaccination antitétanique vise à immuniser
les mères contre le tétanos et surtout à prévenir
le tétanos qui menacerait les enfants nés à domicile sans
précaution d'asepsie. Pour une protection plus ou moins complète,
une femme enceinte devrait recevoir deux doses de vaccin. Selon Letonturier
(1996), la réception de quatre doses d'injections antitétaniques
par la mère au moment de la grossesse immunise l'enfant contre les
infections tétaniques qui peuvent l'affecter au cours de l'accouchement.
On remarque une forte corrélation entre le nombre
d'injections antitétaniques reçues par la mère au cours de
la grossesse et la mortalité des enfants de moins de 5 ans (tableau
4.3). Le graphique 4.4 montre que les enfants dont les mères n'ont
reçu aucune injection antitétanique au cours de la grossesse
courent presque 4,5 plus de risque de mortalité que ceux dont les
mères ont eu au moins une injection (soit 35,1% pour les enfants dont
la mère n'a pas reçu le vaccin pendant la grossesse et 7,8% pour
les enfants dont la mère a reçu au moins une fois le vaccin).
Graphique 4-4 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon la vaccination antitétanique de la
mère
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
4.2.3.6. Sexe de
l'enfant
La mortalité différentielle selon le sexe est
attribuée dans la littérature à des facteurs
endogènes (biologiques) pendant la période infantile et à
des comportements discriminatoires des parents fait à l'égard des
filles en matière de santé ou d'alimentation. Au seuil de 5%, le
sexe de l'enfant est une variable associée à la mortalité
des enfants. Le graphique 4.5 nous présente une surmortalité
masculine des enfants de moins de 5 ans (avec 26,2% pour les enfants de sexe
masculin et 16,8% pour les enfants de sexe féminin). Cette
surmortalité masculine serait due à la résistance de
l'organisme des petites filles à moins de 1 an face à certaines
maladies par rapport aux enfants de sexe masculin.
Graphique 4-5 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le sexe de l'enfant
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
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