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Pauvreté et mortalité des enfants de moins de cinq ans en Mauritanie

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par Samba Idrissa SOW
Université de Yaoundé II / Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD), Yaoundé (Cameroun)  - DESS en Démographie 2008
  

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CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

Réduire la pauvreté reste une vaste espérance contre laquelle se mobilise actuellement toute la communauté internationale, dans le Nord comme dans le Sud. Ce défi n'est cependant pas facile à tenir du fait que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel. En effet, elle recouvre plusieurs aspects touchant à la fois l'alimentation, la santé, le logement et l'éducation. Ces différents aspects nous préoccupent particulièrement dans ce travail dans la mesure où ils contribuent non seulement à la croissance de la productivité du travail (croissance économique) mais aussi à la réduction de la fécondité et à l'amélioration du niveau de santé.

Aujourd'hui, la lutte contre la pauvreté est une des préoccupations majeures pour un pays en développement, car on comprend bien qu'on ne puisse pas acquérir un certain développement en laissant une partie de la population dans la pauvreté.

Les enfants constituent l'un des groupes vulnérables. Cela est particulièrement vrai en Afrique où un décès sur deux est celui d'un enfant de moins de cinq ans. Les enfants sont les plus touchés par les crises diverses que traverse le continent. Les réformes économiques imposées par les institutions de Bretton Wood aux pays africains ont réduit dans bien des cas le pouvoir d'achat des populations et conséquemment aggravé les conditions sanitaires des enfants.

L'objectif général de cette étude était de contribuer à une meilleure connaissance sur les facteurs explicatifs de la mortalité des enfants, en particulier la pauvreté des ménages et de fournir aux décideurs de ce pays et autres utilisateurs potentiels des informations actualisées sur le phénomène étudié. Plus spécifiquement, il s'agit de :

ü Montrer les inégalités sociales de la mortalité des enfants selon le niveau de vie des ménages ;

ü Identifier les mécanismes par lesquels la pauvreté agit sur la mortalité des enfants de moins de cinq ans en Mauritanie ;

ü Formuler des recommandations pertinentes visant à réduire la pauvreté et la mortalité des enfants de moins de cinq ans.

De la synthèse de la littérature, il est ressorti trois principales Ecoles de pensée sur la mesure de la pauvreté : l'école Welfarist, l'école des besoins de base et l'école des capacités. Afin d'éclairer les mécanismes d'action entre la pauvreté et la mortalité des enfants, nous nous sommes situés aux deux niveaux d'analyse à savoir niveau micro et macro. Ainsi, on a pu distinguer : Des facteurs nutritionnels, socioculturels, socio-économiques et comportementaux. Ensuite, à partir de ces facteurs explicatifs de la mortalité, on a pu identifier un ensemble de variables qui sont en rapport avec le phénomène. En nous référant aux résultats de la synthèse de la littérature et du cadre théorique développé par Barbieri M. (1991). Nous avons élaboré un cadre conceptuel qui traduit nos hypothèses (fondamentales et spécifiques).

Les données utilisées dans le cadre de ce travail proviennent de la première Enquête Démographique de Santé réalisée en Mauritanie (EDSM, 2000/2001).

Comme toute étude qui utilise des données rétrospectives comme celles de l'EDS, on a procédé à l'évaluation de la qualité des données relatives à notre domaine d'étude. Cette évaluation a consisté dans un premier temps à apprécier la méthode d'échantillonnage et ensuite à évaluer la déclaration de l'âge de la mère, de la parité moyenne aux différents groupes d'âges des mères, l'évolution des décès des mères en fonction du groupe d'âges de la mère et des proportions de non réponses des variables explicatives. Il ressort de cette évaluation que les insuffisances relevées après évaluation de la base de données n'entachent pas la qualité des informations recueillies. Après l'évaluation de la qualité des données, on a procédé à la construction du fichier d'analyse. Ce fichier comporte essentiellement les variables économiques, culturelles et intermédiaires que nous estimons utiles pour expliquer le phénomène. Ainsi, à l'aide des méthodes statistiques et certaines caractéristiques du ménage, la variable niveau du vie de ménage a été créée à partir des caractéristiques de l'habitat et biens matériels du ménage. Le choix des caractéristiques et les biens du ménage sont tributaires de la relation existante entre ces caractéristiques, ces biens et la mortalité des enfants. Les ménages ont été regroupés en trois niveaux : les ménages pauvres ayant un niveau de vie faible, ceux qui ont un niveau de vie moyen et les ménages riches qui ont un niveau de vie élevé. Le souci de soumettre tous les enfants sélectionnés au risque de mortalité jusqu'à l'âge de cinq ans a guidé le choix de la délimitation de la cohorte d'enfants pour l'étude. Ainsi, tous les enfants enquêtés, nés entre l'année 2000 et 1995 et ayant au plus de 5 ans au moment de l'enquête ont été choisis pour la construction de notre fichier d'analyse.

Les résultats de l'analyse croisant le niveau de vie avec certaines variables montrent que le milieu rural concentre la quasi-totalité des pauvres du pays (93% sont du milieu rural). Par ailleurs, le niveau d'instruction de la femme est étroitement lié au niveau de vie. En effet, ce pourcentage diminue progressivement quand le niveau d'instruction de la femme augmente (parmi les pauvres ¾ sont sans niveau d'instruction). S'agissant des variables comportementales, les résultats révèlent que ce sont les couches les plus démunies qui n'utilisent pas les soins des services obstétricaux.

L'analyse bivariée a abouti encore à l'existence d'une forte association entre la pauvreté et le décès de l'enfant de moins de cinq ans. Le risque de décès des enfants des ménages du niveau de vie faible est presque 3 fois plus élevé que celui des enfants vivant dans les ménages du niveau de vie faible. Ce ratio diminue lorsqu'on passe des ménages de niveau moyen et faible, à ceux de niveau de vie élevé. Le risque de décès des enfants de niveau de vie moyen est environ 1,9 fois plus élevé que celle des enfants vivant dans les ménages de niveau de vie faible.

Au niveau multivarié, l'hypothèse générale a été confirmée. Toutes choses étant égales par ailleurs, le niveau de vie des ménages discrimine le décès des enfants de moins de cinq ans. Les risques de décès des enfants des ménages de niveau de vie élevé sont inférieurs à ceux de leurs congénères qui sont dans les ménages de niveau de vie moyen, lesquels ont des risques de décès inférieurs à celui des enfants des ménages de niveau de vie faible. Les ménages de niveau de vie élevé cumulent les avantages d'avoir le niveau d'instruction le plus élevé, des habitats décents, des sources d'approvisionnement en eau potable, des types de toilettes adéquats, en somme, tout ce qui peut réduire les risques d'exposition des enfants aux maladies infectieuses et transmissibles.

Les variables comportementales associées significativement sont la visite prénatale, la vaccination, l'assistance à l'accouchement, et constituent d'ailleurs des soins obstétricaux. L'effet du niveau de vie passe par ces variables comportementales. Eu égard aux relations significatives entre ces variables et le décès des enfants de moins de cinq ans, on peut comprendre que ce sont les ménages de niveau de vie élevé qui disposent d'une capacité financière de prise en charge des services obstétricaux, qui sont en partie tributaires de la mortalité des enfants. Ainsi dans le modèle saturé, les variables âge de la mère et sexe de l'enfant sont significatives. Il faut dire aussi que la variable visite prénatale constitue le déterminant clé.

H1 : Le risque de décès des enfants est plus élevé dans les ménages de niveau de vie faibles que dans les ménages de niveau de vie élevés, a été confirmée.

H2 : Le niveau d'instruction de la mère influence négativement le décès des enfants. On s'attend ainsi à ce que les enfants dont la mère a au moins un niveau d'instruction primaire court des risques de décès plus faibles que ceux dont la mère sans instruction, a été confirmée.

H3 : Le niveau de vie du ménage influence négativement les risques de décès des enfants de façon non seulement directe, mais aussi à travers les variables comportementales, a été confirmée. Cependant, il faut reconnaître que cette étude comporte des limites, comme dans toute recherche en sciences sociales. Ces limites seraient sujettes à d'éventuelles critiques ou suggestions. En occurrence, cette recherche serait plus consistante en prenant en compte les deux variables suivantes:

ü L'intervalle intergénésique : souvent exprimé en mois, désigne la période écoulée entre la survenue d'une nouvelle grossesse et l'accouchement antérieur. Il ne figure pas parmi les variables étudiées car sa valeur manque dans la base de données.

ü La durée d'allaitement : nous n'allons pas utiliser cette variable, car la question concerne seulement les enfants en vie.

D'une manière générale le revenu et/ou la consommation des ménages seraient mieux indiqués pour appréhender le niveau de vie des ménages. Cependant, l'EDSM ne saisit pas ces deux variables. Nous avons fait recours à un indicateur composite qui prend en compte les biens d'équipement du ménage et les caractéristiques de l'habitat (nature du sol, approvisionnement en eau, type de toilette). Cette façon d'appréhender le niveau de vie peut comporter des biais qui peuvent provenir de :

ü On ne connaît pas la nature d'obtention des biens, à savoir si ce sont des biens achetés par le ménage ou des dons d'un membre de la famille.

ü Cet indicateur standardisé peut être mal distribué en milieu rural, il ne prend pas en compte certains biens comme le bétail, les charrettes qui sont considérés comme des signes de richesses en milieu rural. Dans les institutions traditionnelles la prise en compte des concepts tels que le prestige social, la valorisation sociale, la perception etc. devra permettre de mieux cerner la différentiation en termes de niveau de vie en milieu rural. Ceci nous aurait permis de construire un indicateur niveau de vie de milieu rural qui prendra en compte les caractéristiques de richesse de ce milieu.

En outre, nous ne pouvons pas terminer ce travail sans formuler quelques recommandations. Compte tenu des limites ci-dessus, nous suggérons ce qui suit pour les études ultérieures :

Approfondir l'analyse en tenant compte non seulement de l'aspect quantitatif (approche monétaire) et qualitatif (approche par le confort) mais aussi celui lié aux perceptions socioculturelles des populations rurales, en ce qui concerne la construction de l'indicateur de pauvreté fondé sur le niveau de vie. Concrètement, il s'agit, avant toute étude basée sur le niveau de vie, d'interroger (par une enquête) les populations vivant en milieu rural pour cerner leur point de vue, en termes de niveau de vie.

A l'endroit des pouvoirs publics :

Les analyses ont montré que le niveau de vie est un facteur important de discrimination de la mortalité des enfants. Ainsi, au niveau macro, nous recommandons que toute stratégie de lutte contre la pauvreté en Mauritanie puisse prendre en compte la réduction de la mortalité infanto-juvenile. En d'autres termes, les stratégies de réduction de la pauvreté en Mauritanie doivent être accompagnées des mesures de réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans.

Par ailleurs, les résultats ont montré une forte mortalité des enfants chez les femmes qui accouchent à un âge jeune. D'autre part, le niveau d'instruction de la mère diminue le risque de décès chez les enfants. Ainsi, qu'un faible effectif de celles-ci atteint le niveau secondaire et plus. Il faut de ce fait promouvoir la scolarisation des filles et lutter contre les déperditions scolaires. Donc, le maintien des filles dans le système scolaire permet d'élever l'âge au mariage (cadre idéal de procréation en Mauritanie).

Des campagnes de sensibilisation intenses doivent être menées auprès des femmes, surtout en milieu rural afin de les inciter à fréquenter les centres médicaux, les maternités existant dans leurs localités. Aussi, il faut sensibiliser les femmes afin qu'elles fassent vacciner leurs enfants contre les maladies infectieuses les plus courantes qui sévissent dans le pays. La formation des matrones et des accoucheuses traditionnelles, doit être en amont dans les politiques d'éducation sanitaire dans le volet de formation. On peut réduire l'écart de risque de décès entre les enfants de milieu rural et urbain, en dotant le milieu rural des infrastructures sanitaires, en d'autres termes rapprocher les centres de santé des populations.

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