1.6. Situation sanitaire
Les études en matière de santé
considèrent l'accessibilité aux soins en termes de
disponibilité (présence ou non d'une structure, présence
ou non du personnel de santé), de temps (distance), de coûts,
d'adoption au contexte dans lequel les soins sont offerts, ou de
disponibilité du personnel de santé, etc... (Akoto et al, 2002).
Ainsi, nous examinons les différentes composantes de la situation
sanitaire en Mauritanie.
1.6.1. Politique de
santé
La réforme du système de santé a
évolué, suivant des phases successives, visant à
améliorer les conditions socio-sanitaires des populations, à
travers notamment, le IVéme Plan Sanitaire (1981-1985), le
Programme de redressement économique et financier (PREF) (1985-88), le
Plan de consolidation et de relance (PCR) 1989-1992 et le premier Plan
Directeur 91-94 , encore en vigueur en 1997 ; ce qui a permis d'étendre
la couverture sanitaire de 30 à 75 %. L'année 1998 a
été marquée par l'introduction de l'approche sectorielle
donnant une vision plus large de la santé traduite dans le Plan
Directeur 1998-2002 qui vise à :
· Renforcer la couverture sanitaire, la
qualité et l'utilisation des services de santé ;
· Améliorer la performance du
système socio-sanitaire ;
· Réduire la morbidité et la
mortalité liées aux principales maladies ;
· Renforcer l'action sociale ;
· Assurer un financement adéquat du
système socio-sanitaire ;
· Créer un environnement favorable pour la
Santé.
Cette approche sectorielle vise la restructuration
stratégique et organisationnelle du secteur, la maîtrise des
interventions dans le secteur, la poursuite de la politique de
décentralisation des responsabilités et des ressources et le
renforcement des capacités de gestion, à tous les niveaux. Le
cadre budgétaire, à moyen terme, (CBMT) pour la période
2002-2004, s'articule autour des dimensions de la performance et leurs
contributions aux objectifs de lutte contre la pauvreté
:
Le CBMT fixe trois catégories d'objectifs : i)
améliorer les indicateurs de santé de la population mauritanienne
notamment parmi les groupes les plus pauvres, avec pour objectifs de
réduire la mortalité infantile et infanto-juvénile et la
mortalité maternelle ; ii) limiter l'impact des dépenses pour la
santé sur le revenu des plus pauvres ; iii) améliorer la
participation des pauvres à la gestion de leur santé.
1.6.2. Organisation du
système de santé
L'organisation du système de santé est
calquée sur le découpage administratif. Il est de type pyramidal
et comprend trois niveaux avec des caractéristiques administratives et
techniques biens définies :
1) Le Niveau Central :
· Sur le plan administratif, il regroupe
le cabinet du Ministre, le Secrétariat Général,
l'Inspection de la Santé, les huit Directions Centrales, les services et
les programmes prioritaires de santé.
· Sur le plan technique, il englobe les
structures suivantes : le Centre Hospitalier National (CHN), l'Institut
National de Recherche en Santé Publique (INRSP), le Centre National de
Transfusion Sanguine (CNTS), le Centre National de Psychiatrie (CNP), le Centre
National d'Orthopédie et Réduction Fonctionnelle (CNORF),
l'Hôpital Militaire (HM), l'Hôpital Cheikh Zaed (HCZ),
Hôpital de Nouadhibou et de Kiffa ainsi que deux établissements
centraux de formation du personnel de santé : l'Ecole Nationale de
Santé Publique et l'Institut des Spécialités
Médicales.
2) Le Niveau Intermédiaire :
· Sur le plan administratif, il regroupe
les Directions Régionales de la Protection Socio-Sanitaire (DRPSS) qui
comprend les services régionaux préventifs et sociaux.
· Sur le plan technique, il comprend
les 10 hôpitaux régionaux, capables d'offrir des prestations en
soins obstétricaux et néonatals complets grâce à
l'affectation récente d'un chirurgien, d'un gynécologue et d'un
pédiatre par structure.
3) Le Niveau Périphérique ou
Départemental (Moughataa) :
· Sur le plan administratif, c'est
l'ensemble des circonscriptions sanitaires des communes de la
périphérie ou du milieu rural.
· Sur le plan technique, il comprend les
53 Centres de Santé de Moughataa (CSM) dirigés par un
médecin, dont 13 de type A (avec maternité) et 40 de type B et
340 Postes de Santé (PS) tenus par un(e) infirmier(e) et une
accoucheuse et se situent dans les grandes communes rurales et les grandes
collectivités d'accès limité.
En plus des structures publiques, le secteur privé
contribue de manière significative dans la couverture sanitaire. Il
compte actuellement : 12 cliniques médicales comprenant plusieurs
spécialités avec en moyenne 10 lits d'hospitalisation ; 22
cabinets médicaux de consultation externe dirigés par des
médecins ; 15 cabinets de soins dirigés par des infirmiers et 14
cabinets dentaires et quelques laboratoires d'analyses médicales.
1.6.3. Ressource
humaines
La Mauritanie est confrontée à des
difficultés pour planifier, produire et utiliser le personnel de
santé, en cohérence avec les besoins, pour atteindre les
objectifs nationaux de santé. En effet, dans ce pays, et ce depuis 1985,
l'amélioration de la gestion du personnel a toujours été
une priorité. De nombreux problèmes ont été
identifiés, suite aux différentes évaluations, à
savoir: la faiblesse de la politique de ressources humaines, le besoin de
révision de la grille des salaires/indemnités, l'absence de
l'intégration entre le développement du secteur et le
développement des ressources humaines, la mauvaise distribution
quantitative et qualitative, les insuffisances en formation
spécialisée tenant compte des besoins et du profil d'emploi, la
faiblesse des programmes de formation continue, la faible motivation du
personnel.
Tableau 1.3. Effectifs et Ratio du personnel du
secteur public
Effectif du personnel de santé
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Ratio par habitants
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333 médecins
|
1 médecin/ 7652 habitants
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241 sages femmes
|
1 Sage Femme/10573 habitants
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1580 Personnels infirmiers (IDE, IMS, TS)
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1 Infirmier/1 1612 habitants
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50 pharmaciens
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1 Pharmacien/50963 habitants
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52 chirurgiens dentistes
|
1 chirurgien dentiste/49003 habitants
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Source :
Stratégie OMS de coopération avec la
République Islamique de Mauritanie, (Bureau Régional de
l'Afrique Brazzaville) 2002-2008.
En 2001, les effectifs du Ministère de la Santé
et des Affaires Sociales (MSAS) étaient de 3 287 agents dont 39 % de
femmes ; ce personnel est inégalement réparti au niveau du
territoire national (47 % à Nouakchott) avec un déficit important
au niveau des structures sanitaires périphériques. La grave
situation des ressources humaines, a conduit en l'an 2000, à la
création au sein du MSAS, d'une direction spécifique, à
l'institution en 2002, de primes de motivation basées sur des
critères d'enclavement et d'éloignement et à l'amorce de
l'élaboration d'un nouveau plan de développement des ressources
humaines.
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