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Politique environnementale et développement durable en Cote d'Ivoire

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par Brou Germain Alexis Edoh KOMENAN
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest/Unité Universitaire d'Abidjan - Maitrise 2009
  

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Paragraphe 1 : Les symboles de l'Etat

La Côte d'Ivoire indépendante s'est doté d'une Constitution promulguée le 3 novembre 1960, remplacée par la Constitution du 1er août 2000. Les idéaux de la nation y sont exprimés, de même que les symboles catalyseurs. Par conséquent, pour comprendre le lien entre une politique environnementale et les aspirations des populations au bonheur, il convient de situer les fondements symboliques de l'Etat ivoirien (A) et de mettre en lumière le sens ainsi que la valeur de ces différents symboles (B), autant que faire se peut.

A. Les fondements symboliques de l'Etat

L'Etat, en tant qu'organisation politique, est l'expression du contrat social, mieux, de l'alliance scellée entre les groupes humains désireux de construire ensemble et quotidiennement leur avenir, un avenir heureux, bien entendu. Aussi la conscience nationale fondatrice de l'Etat produit-elle des symboles qui concentrent l'énergie affective devant relier l'individu à la communauté de rêve et qui perpétuent le désir solennel de vivre et de bâtir ensemble. Ces symboles sont traditionnellement les suivants : constitution, drapeau, emblème, hymne national, devise. Les caractères ou le contenu de ces symboles traduisent les idéaux de la communauté.

En ce qui concerne les aspirations du peuple ivoirien, elles ne sont guère différentes de celles de tout être humain, de tout peuple et de toute nation. Qu'il s'agisse de la Constitution de 1960 ou de celle de 2000, l'idéal exprimé dans les préambules respectifs se fait l'écho de celui de toute nation : paix, justice, liberté, égalité, fraternité, prospérité. Ces idées doivent ainsi s'incarner, c'est-à-dire se traduire en réalités concrètes, dans la vie des habitants du pays. Elles reposent sur la sublimation de la terre-patrie, qui est ainsi le concentré visible et indiscutable des voeux et des rêves de bonheur. Ainsi, déjà, les populations, pour la réalisation des objectifs désirés, se tournent instinctivement vers la terre, de laquelle il faudra faire sortir la richesse, le mieux-être. Cependant, devant les problèmes inhérents à la dynamique politique dans les groupes humains en vue de la construction nationale quotidienne, elles ont constamment besoin d'être stimulées par les forces positives de rassemblement, qui ont fondé l'Etat autour de l'idéal de nation souhaité. Et ces forces sont contenues, outre dans la terre-patrie elle-même qui est le corps de cet idéal, dans les symboles que sont la Constitution, le drapeau, les armoiries, l'emblème, l'hymne national et la devise, qui en constituent l'esprit.

A ce niveau, il apparaît capital de bien s'entendre sur la place de la politique environnementale dans un tel contexte idéel. L'environnement étant le cadre de vie, la terre, le territoire dans ses acceptions les plus simples, toute la responsabilité d'une cité consiste à le maintenir dans un état de santé, donc d'intégrité et de productivité permanente, pour la sécurité même de cette cité et partant la réalisation de ses désirs légitimes de bien-être. Or, cela ne peut être fait sans un minimum d'affectivité vis-à-vis de la « terre des ancêtres », comme cela a été vu auparavant. A cela il faut ajouter l'élément crucial, celui de la responsabilité : en termes simples, que fait chacun pour la terre qui le fait vivre, que fait-il pour l'entretenir afin qu'elle soit toujours productive comme elle, la terre, l'entretient, afin que lui aussi soit toujours productif ?

Une importante conclusion se dégage de cette démarche réflexive : le territoire, en tant qu'élément constitutif d'un Etat, doit être assumé dans toute sa dimension physique, morale et spirituelle, pour être le socle et le sujet d'espérance véritable du développement tant désiré.

En cela, l'Etat de Côte d'Ivoire possède de précieux atouts symboliques pour asseoir une politique viable de l'environnement, et par conséquent le mieux-être.

B. Le sens et la valeur des symboles de l'Etat

La Constitution : la Constitution du 1er août 2000 dit : « Le droit à un environnement sain est reconnu à tous. »121(*) ; « La protection de l'environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour la communauté et pour chaque personne physique ou morale. »122(*) Une autre disposition vient mettre en relief l'éloquence des deux premières:

 « Les biens publics sont inviolables. Toute personne est tenue de les respecter et de les protéger. »123(*)

Quel état de la situation peut être dressé relativement au respect de dispositions si importantes de la loi fondamentale ?

Comme déjà vu, les actions en faveur de l'environnement ont toujours existé. Mais elles ont la particularité d'être toujours intégrées à l'option de développement économique traditionnelle, source de bien des maux pour l'environnement, ce qui ne les rend pas aussi efficaces qu'il se devrait. Ajouté à cela la difficulté de perception de la santé de la nature et du cadre de vie en tant que base du développement. Lacunes qui ont pour conséquence inéluctable la survenance de drames écopolitiques aussi graves que le déclassement d'importantes aires pour l'activité économique ou le déversement de plusieurs centaines de tonnes de résidus chimiques toxiques dans le pays124(*). Situations incompatibles avec la fidélité aux normes constitutionnelles, situations incompatibles avec les valeurs républicaines, et qui suscitent « une interrogation sur la place de l'environnement dans le programme de gouvernement ivoirien125(*). » Car « les questions environnementales sont-elles traitées avec la même attention que celles touchant à l'économie, à la sécurité, à la défense ou aux finances ? »126(*)

Le drapeau et les armoiries : la Constitution actuelle stipule que « l'emblème national est le drapeau tricolore orange, blanc, vert, en bandes verticales et d'égales dimensions. » (article 29). Chaque couleur est un symbole : l'orange pour le nord ensoleillé ; le blanc pour la paix ; et le vert pour les forêts du sud.

Sans donner dans des interprétations philosophiques qui pourraient être qualifiées de subjectives, loin s'en faut - et si telle est la perception valable de la philosophie dans toutes ses dimensions -, il convient de souligner que le drapeau ivoirien est un symbole de l'éthique environnementale que se doit d'adopter ses habitants.

D'emblée, il faut remarquer que l'emblème a trois bandes verticales : la première bande est de couleur orange, elle représente les espaces de savanes réellement ensoleillées et souvent jaunies par le climat du nord ; à l'opposé, le climat du sud verdit de façon permanente la grande forêt, représentée par la troisième bande de couleur verte. Mais en réalité, cette opposition n'est guère stricte, vu que l'ensoleillement, quoique plus marqué dans l'une des zones, est le lot commun du nord au sud et que les formations végétales, bien que caractéristiques de leur espace respectif, se retrouvent en fait sur tout le territoire, sous l'une ou l'autre forme. Cela traduit déjà la notion d'harmonie, d'unité de la terre. Il s'agit là du premier aspect. Le deuxième aspect concerne les populations établies sur le territoire, dont la culture et les modes de vie ont été façonnés par la géographie ambiante. Ces populations ayant décidé de former un Etat, elles doivent donc perpétuer le pacte solennel conclu entre elles en vivant dans l'unité, à l'image et à l'exemple donné par la Nature, la terre nourricière à la fois duale et diverse, mais une. Et surtout, pour atteindre cette unité, pour bâtir un avenir heureux, elles doivent puiser dans l'amour de la Mère-patrie, mieux, de la Mère Nature, cette Mère Nature qui se présente sous une division politique faite par ses fils, à laquelle ils donnent des noms, comme celui de « Côte d'Ivoire ». C'est là le sens de la bande de couleur blanche, celle du milieu, celle de l'union.

Les armoiries de la Côte d'Ivoire incitent aussi fortement à l'environnementalisme. L'écu, qui est la pièce centrale, est fait d'une singulière harmonie d'orange et de vert et sur lequel se trouve une tête d'éléphant, symbole par excellence du pays : on y retrouve les trois couleurs du drapeau. L'écu, encadré par deux arbres au feuillage vert, est surmonté d'un soleil issant de couleur jaune avec neuf rayons. Le listel, qui soutient l'écu et les arbres, est fait des couleurs nationales et porte l'inscription « République de Côte d'Ivoire ». Autre symbolisme qui est matière à réflexion.

L'hymne national : l'hymne national ivoirien, dénommé « l'Abidjanaise », fut pour la première fois exécuté lors de la proclamation de l'Indépendance, le 7 août 1960. Il s'ouvre sur ces paroles : « Salut ô terre d'espérance, pays de l'hospitalité. » Significative allégeance au sol, à la terre d'Eburnie. Allégeance, respect qui implique bien entendu une attitude appropriée. « Tes légions, remplies de vaillance, ont relevé ta dignité. » Allusion au combat pour l'émancipation et le développement véritables, irréalisables, cela est su, sans respect et amour pour l'environnement. Dans le même ordre d'idées, « Tes fils, chère Côte d'Ivoire, fiers artisans de ta grandeur, tous rassemblés pour ta gloire, te bâtiront dans le bonheur. » Ensuite, « Fiers Ivoiriens, le pays nous appelle. » Appel sérieux. Invitation à une prise de conscience des enfants du sol éburnéen de la responsabilité qui est la leur vis-à-vis du pays dans toutes ses dimensions. Enfin, « Si nous avons, dans la paix, ramené la liberté, notre devoir sera d'être un modèle de l'espérance promise à l'humanité, en forgeant, unis dans la foi nouvelle, la Patrie de la vraie fraternité. » Il était question plus haut de l'impasse politique, économique et écologique dans lequel se trouve le monde entier. La Côte d'Ivoire se doit d'assumer pleinement ses atouts symboliques fondés sur la terre, l'environnement, ainsi que la culture de la paix qui l'a longtemps caractérisée. Alors seulement sera-t-elle engagée sur le chemin de la vraie liberté, le chemin de la vie consciente de l'interdépendance, au plan écologique, de tous les éléments du Vivant, donc de leur fraternité127(*). Alors seulement sera-t-elle en mesure d'illuminer par son exemple l'humanité en quête de repères, victime du rejet de ses merveilleuses origines biologiques, de sa parenté indiscutable avec tous les éléments du Vivant, et de son rôle exaltant d'administration sage et responsable des éléments et d'elle-même, en vertu de l'intelligence de ses particules128(*).

La devise : la devise de la République est : « Union, Discipline, Travail.» Ce noble leitmotiv ne correspond guère vraiment à la réalité. De fait il est souvent tourné en dérision par les Ivoiriens eux-mêmes. Et la situation environnementale, particulièrement dans les zones urbaines, en est la quotidienne illustration. Un changement profond d'attitude s'impose. Et la devise invite chacun à la responsabilité. Aussi la culture, les religions et croyances sont susceptibles de tenir un rôle cardinal dans le processus de responsabilisation de la société.

* 121 Article 19 de la Constitution du 1er août 2000.

* 122 Article 28, ibid.

* 123 Article 25, ibid.

* 124 Voir l'introduction de la présente étude, p. 2.

* 125 La lettre de l'IDDH, octobre-novembre-décembre 2006, numéro 12, p. 2.

* 126 Ibid.

* 127 A ce propos, la Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire donne un exemple significatif à méditer : « Seigneur, Père éternel, Créateur du ciel et de l'univers, Créateur de cette terre de Côte d'Ivoire, Tu voulais en faire un paradis pareil à celui confié à Adam et Eve. » In Prière pour la paix en Côte d'Ivoire, Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire, juin 2004. Vision pouvant apparaître hardie pour certains mais moralement légitime et scientifiquement raisonnable.

* 128 Particule humaine : autre terme cher au père Pierre TEILHARD DE CHARDIN. Désigne l'individu humain en tant qu'élément unique du grand ensemble biologique formé par l'humanité, baptisé « noosphère ». Voir L'Avenir de l'Homme, op. cit.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote