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Politique environnementale et développement durable en Cote d'Ivoire

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par Brou Germain Alexis Edoh KOMENAN
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest/Unité Universitaire d'Abidjan - Maitrise 2009
  

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Paragraphe 1 : La primauté de l'écologie sur l'économie

La primauté de l'écologie sur l'économie constitue à la fois l'évidente nécessité (A) et la grande opportunité de développement véritable pour les populations humaines (B).

A. L'évidente nécessité

Il a été déjà indiqué que de nombreuses études effectuées par diverses organisations nationales, internationales ou non gouvernementales compétentes en matière d'environnement montrent un visage plutôt tuméfié de la Terre. On citera, parmi les plus récentes, celles de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ou Food and Agriculture Organisation (FAO), qui évalue à 13 millions d'hectares la superficie de forêt qui disparaît chaque année dans le monde29(*); du PNUE, qui note une acidification croissante des océans30(*); du WWF, qui évalue l'empreinte écologique de l'humanité à un niveau excédant de 30% les capacités de régénération de la planète. Ce même rapport souligne en outre qu'une cinquantaine d'Etats sont actuellement confrontés à un stress hydrique modéré ou grave31(*).

Cependant, les différents rapports, quoique dressant un état préoccupant des lieux, savent aussi relever et saluer les efforts entrepris pour changer et améliorer la situation. Et face à la colère de la mère terrestre, l'humanité, quelque peu honteuse de découvrir sa nudité après de nombreuses décennies de carnaval égo-économique32(*) ne peut que négocier, sinon se soumettre - plus ou moins lentement d'ailleurs - aux lois de sa génitrice.

En termes plus concrets, c'est dire que le mauvais état écologique international actuel, dont les conséquences sur les populations humaines ne sont déjà que trop mesurables, oblige à effectuer un changement de paradigme politico-économique : la primauté de l'écologie sur l'économie. Il est possible de mesurer les implications politiques d'une telle conception en reprenant les propos du professeur Philippe Saint-Marc : « C'est la conception du « progrès » qu'il faut remettre en cause ; la nature ne doit plus être sacrifiée à la croissance économique et sa protection doit cesser d'être préoccupation mineure pour devenir objectif fondamental de l'humanité (...) La sauvegarde de la nature implique une action politique : ne pas agir seulement auprès de l'Etat mais aussi sur l'Etat, et par la voie la plus démocratique, le suffrage universel33(*). »

La primauté de l'écologie sur l'économie est d'abord une évidence. L'écologie est la science de l'habitat, des milieux de vie et des échanges s'y déroulant. Il est également connu que l'économie est la science ayant pour objet la production st la répartition des richesses produites par l'homme. Or, est-il besoin de souligner que la production de richesses, non seulement ne se fait pas ex-nihilo, mais aussi - dans la phase où elle intéresse les modèles scientifiques économiques actuels, ne se réalise qu'à un stade bien déterminé de la vie humaine - encore que celle-ci ait été produite, murie par le milieu naturel ambiant ?

La primauté de l'écologie sur l'économie est ensuite une nécessité. La connaissance des réalités physiques de la nature ainsi que son fonctionnement doit déterminer l'action humaine de mise en valeur de cette nature. On ne le répétera jamais assez, les lois écologiques s'imposent de façon naturelle et ne souffrent aucune contestation sans dégâts pour la vie. Par conséquent, connaître le fonctionnement des systèmes naturels et agir dans le respect de ceux-ci constitue l'a b c de tout développement bien pensé. Or, des preuves multiples de la caducité du développement industriel basé sur l'énergie fossile et soutenue par un rythme démographique préoccupant dans les Etats dits du Tiers-monde ont été fournies. Et René Dumont d'ajouter : « Tout comme l'oppression des femmes et l'explosion démographique, la dégradation de l'environnement est un problème politique : il est même devenu le premier d'entre eux, et il doit être posé à l'échelle mondiale34(*). » Il dit plus loin : « Il est exclu de généraliser sur toute la planète le mode de vie occidental : les ressources énergétiques et minérales dont nous disposons n'y suffiraient pas... Détaillons notre hypothèse : 1 ou 2 voitures acquises par chaque famille africaine (80 millions de familles à ce jour, 100 millions demain ; ajoutons-y les 600 millions de familles asiatiques - ce dernier chiffre sera dépassé en l'an 2000). J'ai déjà calculé que, si chacune des voitures d'Asie nécessitait la même surface de béton (garages, parkings, autoroutes...) qu'en Californie, il ne resterait plus guère d'espaces agricoles disponibles dans la plus grande partie de la Chine, de Java, de l'Indochine et du sous-continent indien... Dans cette hypothèse, certes absurde, mais qu'il est suggestif d'envisager, les réserves connues (et à découvrir) de pétrole seraient vite épuisées...35(*) » La primauté de l'écologie sur l'économie est donc une nécessité, et ne pas reconnaître intellectuellement et politiquement cette évidence c'est marcher en aveugle et s'attirer ainsi bien des ennuis, que ce soit à court, à moyen ou à long terme. Il est évident que le problème se pose également pour la Côte d'Ivoire et il s'agit, à ce propos, de donner, à partir d'exemples locaux, quelques matières à réflexion.

Dans un article du quotidien de presse Fraternité Matin faisant mention de plusieurs violations d'espaces protégées, le Dr Mathieu Egnankou Wadja, président de l'ONG SOS Forêt, disait que « plus rien de concret ne se décide en matière de protection forestière en Eburnie36(*)... C'est une véritable crise écologique qui guette la Côte d'Ivoire après la crise sociopolitique que nous vivons actuellement37(*). » Au chapitre des signes avant-coureurs de cette crise le président de SOS Forêt inscrit : l'ensoleillement intensif et croissant, particulièrement perceptible à Abidjan, les perturbations pluviométriques, les maladies respiratoires, les maladies de la peau ainsi que d'autres maux, en expansion38(*). Par ailleurs, en ce qui concerne la question du changement climatique, des études d'impact effectuées par le ministère de l'Environnement, des Eaux et Forêts en 2001 ont donné des résultats auxquels il importe de réfléchir : au niveau des ressources côtières, si l'on tient compte du fait que l'élévation du niveau de la mer sera d'un mètre, « ce sont 54 km2 de terres qui seront inondées. Mettant du coup en péril les 4 millions de personnes vivant sur le littoral ivoirien, tout comme les infrastructures économiques qui s'y trouvent... Une grande partie des plantations de palmier à huile, d'hévéa, d'ananas, de banane plantain, de cocotiers sera emportée par les eaux. Surtout les vastes exploitations de palmier à huile produisant 580.000 tonnes et de coco dont on peut tirer 37.000 tonnes dans les régions d'Abidjan. Les voies de communication ne seront pas à l'abri de ces effets pervers des changements climatiques : on estime à 1000 km, l'ensemble des routes bitumées, de pistes et de ponts dans la région d'Abidjan qui disparaîtront, avec une élévation de 0,5 m du niveau de la mer... Au total, le Bureau national d'études techniques et de développement, évalue à 2.355 milliards de Fcfa, l'ensemble des pertes qu'occasionneront les conséquences des changements climatiques sur le littoral ivoirien39(*). » Et M. Djaha Lucien, coordonnateur national du projet des inventaires de gaz à effet de serre de révéler : « Ce sont environ 3,5 millions de personnes qu'il faudra déplacer, abandonnant d'importants investissements que sont les usines, les habitations, les infrastructures, touristiques, les bâtiments administratifs et autres, qu'il va falloir reconstituer. Ce qui nécessitera d'énormes moyens financiers aux pouvoirs publics40(*). » Aussi, concevoir les actions politiques en se basant sur la donne environnementale ne peut être que des plus profitables aux dirigeants et aux autres acteurs sociaux.

* 29 Fraternité Matin, n° 13002 du Jeudi 13 mars 2008, p. 1.

* 30 Rapport annuel du PNUE 2008.

* 31WWF, Rapport Planète vivante 2008.

* 32 Expression consacrée par les auteurs de la présente étude. « Carnaval égo-économique » signifie la croissance matérielle accélérée de l'humanité réalisée dans l'ignorance et au détriment de la nature.

* 33 Philippe SAINT-MARC, « Protection de la nature », (avec P. Antoine), in Encyclopædia Universalis, op. cit., p. 689.

* 34 René DUMONT, Démocratie pour l'Afrique, éditions du Seuil, 1991, p. 80.

* 35 René DUMONT, ibid.

* 36 Néologisme dérivé du substantif latin « ebur », qui signifie « ivoire ». Il sert à désigner la Côte d'Ivoire.

* 37 Fraternité Matin du Lundi 15 mai 2006. Article de Moussa TOURE, « Protection de la biodiversité. Une crise écologique guette la Côte d'Ivoire », in Cahier économie & environnement, n° 97, p. VIII.

* 38 Fraternité Matin, ibid.

* 39 Fraternité Matin, n° 13002 du Jeudi 13 mars 2008, p. 3.

* 40 Ibid.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway