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Expérience d'art-thérapie aux dominantes écriture et arts plastiques auprès de la personne à¢gée dépendante souffrant d'exclusion sociale

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par Marie NOà‹L
Université François Rabelais - faculté de médecine de Tours - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2010
  

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III ) Les résultats de ces expériences soulèvent plusieurs limites et interrogations quant à la méthodologie, la population, mais soulèvent aussi de nouvelles pistes de réflexion vis-à-vis de l'art-thérapie.

A ) La méthodologie nécessite d'être abordée avec davantage de profondeur et de précision afin de maximiser sa pertinence.

1) Plusieurs explications sont à fournir vis-à-vis de la « courte » durée ainsi que du nombre des prises en charges réalisées.

On pourrait s'étonner du temps plutôt bref de la prise en charge de Mme A (6 séances) et Mme B (5 séances), surtout vis-à-vis de la majorité des travaux de recherche menés en artthérapie. Toutefois, plusieurs facteurs peuvent justifier cette atteinte des objectifs plus rapide que prévue.

Tout d'abord, l'objectif lui-même ; il faut bien distinguer la différence entre réinsérer une personne exclue, et donner envie à la personne de se réinsérer. Cependant, les stratégies mises en place pour atteindre ce but se retrouvent dans les deux cas de figure, à savoir évoquer, inculquer, de façon explicite ou implicite, des repères, des normes, et des valeurs sociales et relationnelles, et en justifier le bien-fondé*. La personne âgée, par son vécu (famille, travail...), a assimilé plus ou moins consciemment le processus d'insertion (contrairement à un enfant ou pré-adolescent pour qui il faut apprendre tout cela). C'est pour ça que l'art-thérapeute va principalement se pencher sur le bien-fondé ; il va s'agir de redonner à la patiente une saveur agréable de la vie au sein du groupe. Et pour y parvenir, faire usage de l'art se révèle être un moyen intéressant. Pourquoi ?

Comme nous l'avons vu précédemment, l'art implique forcément l'être humain. Et si nous sommes des milliards d'êtres humains semblables sur Terre, chaque être est unique : nous n'avons pas de corps parfaitement identique, nous avons une personnalité propre et une expérience de vie unique. Nous avons, par la simple preuve de notre existence, une identité ; mais comment l'exprimons-nous ? Si personne d'autre ne sait que j'existe, est-ce que j'existe réellement ? Comment affirmer mon identité face au monde ? Nous avons besoin d'être reconnu. Et l'Art, à travers les époques, a toujours été une preuve efficace de l'existence des hommes, et le sera très probablement encore dans le futur. Dans ce contexte, l'Art peut être considéré comme un vecteur identitaire, un moyen original d'affirmer son existence aux autres. Mais pour que l'Art soit ainsi opérant, il doit aussi être reconnu, par d'autres êtres humains, en tant qu'oeuvres d'art. La société, au sens le plus général, a donc un rôle fondamental à jouer dans le processus de reconnaissance de l'être humain en tant qu'être existant, mais aussi en tant qu'être doué d'expression. Nous entendons par là que son existence peut être également reconnue en tant qu'être vivant, hic et nunc, et qu'il exprime et communique le fait d'être en vie à travers et avec les autres (la relation). Et c'est ce qu'on retrouve chez l'artiste ; ses oeuvres reflètent d'une manière peu conventionnelle la trace de son existence, et de sa vie (de son identité). L'Art permet donc de manifester l'empreinte de l'individu dans son savoir-être (sa personnalité, ses pensées, son vécu) et dans son savoir-faire (son style, sa technique), et cela semble être une bonne alternative pour la personne exclue. Cette personne, qui voit son identité fragilisée, dévalorisée par l'isolement, peut à travers l'Art, y voir une façon inhabituelle de s'affirmer au monde, et d'en tirer de la reconnaissance. La recherche de l'idéal esthétique, qui caractérise l'intérêt de l'Art, est un élan physique et psychologique qui amène la personne à donner le meilleur d'elle-même, voire se surpasser, dans le but d'éprouver un plaisir esthétique satisfaisant. Plus grande sera cette gratification,

meilleure sera l'image que la personne aura d'elle-même : << Je suis contente de faire ce que je fais (ce qui est Bon / estime de Soi), ce que je fais correspond à mes attentes (ce qui est Bien / confiance en Soi), ce que je fais me plaît (ce qui est Beau / affirmation de Soi) >>. Et l'être humain, qui est considéré depuis l'Antiquité comme un être social, va progressivement souhaiter transmettre au monde ce qu'il ressent, le partager, l'insuffler à travers la production. Ce sont les retours que le monde émettra, qu'ils soient bons ou mauvais, qui permettra à la personne d'être distinguée, reconnue, valorisée parmi la masse humaine globale.

Pour en revenir à nos patientes, l'usage des techniques artistiques leur a permis non seulement d'affirmer leur existence à travers des activités qui mettaient en valeur leur goût et leur style, mais aussi, à travers le plaisir éprouvé sur le plan esthétique et relationnel, d'engendrer une volonté de se reconstruire une identité au sein de la structure hospitalière qui soit bien plus riche que celle du simple << patient en fin de vie>>.

Cependant, et nous l'avions déjà précisé dans la précédente partie, que la réussite de prise en charge art-thérapeutique ne pouvait se suffire à l'art-thérapie elle-même, surtout dans cet objectif et le cadre institutionnel où elle s'est produite. La collaboration des autres intervenants de l'hôpital (médecins, kinésithérapeutes, aide-soignantes, infirmières, animatrices, assistantes sociales, coiffeuse, socio-esthéticienne, bénévoles, etc.) a été particulièrement importante pour l'amélioration de la qualité de vie des patients ; leur investissement a permis d'établir une qualité relationnelle enrichie du << patient-soignant >> ; les patientes étaient stimulées quant à leur production, leurs opinions sur l'activité, la ponctualité vis-à-vis de la prochaine séance, mais surtout elles étaient encouragées à faire de leur mieux et << d'en profiter >>. Le personnel a fait preuve d'une grande compétence et humanité au regard de la perspective de << mieux-être >> des patients, et cela malgré leur charge de travail considérable, et souvent contraignante. Leur disponibilité a été exemplaire et très touchante dans ce projet.

Il y a une seconde raison qui justifie le peu de prises en charge réalisées, même si elle est à considérer à un degré de moindre importance que le précédent motif. De la fin de l'automne à la moitié de l'hiver, le CHRU de Tours s'est vu attribuer des mesures de sécurité et d'hygiène drastiques qui ont perturbé l'atmosphère de l'Hôpital de l'Ermitage (plan de sécurité contre la grippe A). Ce qui a le plus atteint le moral des patients et du personnel était la réduction importante du nombre de visites (d'ailleurs il était interdit pour les enfants de pénétrer dans la structure) ; mais il y a eu ensuite toute la campagne de vaccination qui, à force d'être discutée, rediscutée et sans cesse remise au goût du jour, a agacé aussi bien le personnel et les patients. Des spectacles ont également dû être annulés à la suite de ces mesures. Les résidents étaient déprimés, et finissaient peu à peu à refuser les activités qui étaient parvenues à se maintenir. Les résidents et le personnel demandaient souvent à l'artthérapeute stagiaire quand les animatrices allaient revenir. Il faut aussi considérer le fait que certains résidents ne souhaitaient faire des activités qu'avec les animatrices, et il fallait l'accepter.

L'état d'esprit* général n'était pas particulièrement enjoué, d'autant plus que le personnel, en sous-effectif impressionnant lors des fêtes de fin d'année, était débordé de travail et n'avait, à leur grand regret, pas beaucoup le temps de se consacrer aux résidents hors du cadre des soins quotidiens (médicaments, alimentation et toilette).

Néanmoins, quelques prises en charge en art-thérapie ont, comme nous l'avons constaté, pu être mises en place et avoir abouti de façon satisfaisante. Mais nous allons voir maintenant que la chance a aussi un rôle à jouer dans ces réussites, et que les choses auraient pu facilement prendre une tournure défavorable.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo