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Quel avenir pour l'art contemporain en Afrique après l'exposition Africa Remix?

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par Delphine CALMETTES
Université Rennes 2 Haute Bretagne - Master métiers et art de l'exposition 2008
  

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B. Vers la construction d'un « noyau endogène » africain. L'apport des Cultural et Postcolonial Studies

Nous retiendrons dans le discours de Simon Njami ce vocable « noyau endogène » qui nous semble approprié à ce que nous souhaitons décrire. Endogène signifie qui a son origine à l'intérieur (d'un pays, d'une collectivité), c'est-à-dire que sans se couper du reste du monde, il est important pour les artistes africains de définir eux-mêmes ce qu'ils sont et ce vers quoi ils souhaitent se tourner. La construction de cette identité nouvelle après la colonisation a nourri de nombreuses études et s'accompagne d'une réflexion rigoureuse sur des réalités d'ordre économique, sociale et politique. C'est un débat ancien qui a d'ailleurs été abordé lors du colloque Africa Remix sous la forme « Les Postcolonial Studies en question » avec l'intervention de Stuart Hall102. Le thème du postcolonialisme fait partie ou a fait parti de la construction de ce noyau. Issu des recherches menées sur la littérature indienne d'expression anglaise, il est lié à l'émergence et l'affirmation de nouvelles identités dans les ex-pays colonisés. L'histoire de ces pays ; longtemps considérés comme des territoires en marge, en périphérie d'une tutelle colonisatrice qui impose sa langue, et de ce fait sa culture ; nous invite à repenser le rôle prééminent qu'a joué l'Europe dans le concept de modernité en se l'appropriant. Cette modernité, qui n'appartenait jusqu'alors qu'au vieux continent, se voit remise en question par les études postcoloniales afin de construire une histoire universelle par la critique des relations entre culture, pouvoir et identité culturelle. Ces études ont donc permis de repenser la notion de modernité et le rapport entre l'Afrique et l'Europe. Il est vrai que la construction de ce noyau endogène semble bien plus avancée dans la culture anglo-saxonne qu'en France, et l'interaction de l'art contemporain et de ces recherches transparait dans les expositions proposées par des commissaires anglo-saxons. On pense alors à Trades, routes history and geography, à la biennale de Johannesburg qui comme la Documenta XI de Kassel, (expositions organisées toutes deux par Okwui Enwezor) abordait les questions de la métamorphose des cultures et de la création d'une nouvelle identité hybride mais endogène. Lors du colloque Africa Remix organisé au Centre Pompidou en 2005, Stuart Hall, interrogé par Mark Alizart au sujet de la méconnaissance des postcolonial studies par

les penseurs français déclarait : « C'est des lors aux penseurs appartenant à des cultures colonisées que revient l'analyse d'un tel processus de l'oubli. C'est grace à leur travail sur l'altérité et l'identité que la construction de la différence permet de constituer une pensée de l'interstice qui, articulant la mémoire d'un passé et le présent de l'histoire, l'origine et le déplacement, vient (r)établir l'importance des représentations de l'ethnicité, de la race, de la classe et du genre » 103. C'est certainement de cet interstice que peut émerger ce noyau endogène, capable de stimuler et de dynamiser la création en Afrique et de donner ainsi une meilleure visibilité aux artistes africains sur le continent, puis en Occident. Une visibilité plus juste entre altérité et identité. « Aucun de nous n'est en marge de la culture universelle. Elle existe, elle est là et elle peut nous enrichir. Elle peut aussi nous perdre » disait Aimé Césaire. Quelles sont aujourd'hui les solutions concretes qui permettraient aux artistes africains d'être et de rayonner dans leur entièreté, dans leur complexité et avec leurs propres critères ?

Dans un entretien accordé à la chaîne TV5 Monde à l'occasion du passage d'Africa Remix à Johannesburg, Barthélémy Toguo énonce ce que sont pour lui les solutions pour la création africaine. « S'il y avait des structures, s'il y avait des lieux - vitrine sur le continent qui portent le travail de ceux qui sont restés à l'étranger, par la diffusion, par des expositions itinérantes, là on pourrait arriver à équilibrer ou à éviter cette immigration vers l'Occident. Moi personnellement, j'ai créé un centre d'art qui va être fonctionnel dans les années à venir qui sera déjà une vitrine pour montrer aussi le travail des artistes du continent et du monde à partir de l'Afrique, que ça soit l'Afrique devienne aussi une scene, au même titre que Berlin , New York, Paris, ou Londres. Que ces villes ne soient pas que les seules plaques de visibilité de l'art contemporain. Il faut que les Africains eux-mêmes ne capitulent pas. Il faut que nous-mêmes on puissions créer des partenariats entre le Sénégal et le Bénin , le Bénin et le Cameroun , des centres d'art et puis chercher des partenariats aussi à l'extérieur de l'Afrique pour montrer aussi notre travail. Il y a de très bonnes choses mais est-ce que nos états, est-ce que nos politiques en Afrique réalisent ? Il faut que cette exposition à Johannesburg (Africa Remix) puisse aussi être un exemple qui va aider d'autres pays à pouvoir mettre en place des structures pour accueillir des expositions d'art contemporain. »

Dans la dernière partie de ce mémoire, nous allons donc dresser un bref historique de l'histoire des institutions artistiques en Afrique104 puis voir quelles sont les structures majeures qui existent sur le continent avant d'évoquer les projets qui pourraient dynamiser la création africaine sur le continent.

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