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L'habitat informel dans les villes d'Afrique subsaharienne francophone à  travers l'exemple de Niamey (Niger )

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par Hamadou ISSAKA
Université de Pau et des pays de l'Adour - Master 2 de géographie 2007
  

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Chapitre VIII : L'habitat informel, enjeux et perspectives

Comme évoqué dans les chapitres précédents, l'habitat informel à Niamey est aussi vieux que la ville. Tolérée pour des raisons sociales et/ou politiques, cette infraction aux règles de l'urbanisme tend de plus en plus à se légitimer. Naguère marginaux et moins organisés, les squatters sont devenus des acteurs incontournables dans la gestion urbaine. Si dans certaines capitales d'Afrique subsaharienne francophone le squattage a pu être contenu dans des proportions « acceptables » à travers notamment la relégation des squatters à la périphérie urbaine ; à Niamey, l'habitat informel constitue un sujet de préoccupation du fait de son ampleur grandissante liée à la situation générale de paupérisation dans laquelle vit la majorité des Niaméens et du contexte sociopolitique actuel qui n'incite guère à l'optimisme. La ville tend à occuper l'espace attribué par le décret fixant les limites du territoire de la CUN, et le contexte actuel de décentralisation rend les communes avoisinantes plus exigeantes pour le respect des frontières communales.

8.1 L'habitat informel dans un contexte de démocratie et de décentralisation

Tous les régimes qui se sont succédés au Niger ont toléré le squattage dans la plupart des cas pour des raisons sociales. Avec la démocratisation du régime, un facteur non moins négligeable est venu renforcer et conforter les squatters : le poids électoral. Les squatters constituent une base électorale convoitée par tous les politiciens et chacun use de son influence pour conquérir leurs voix. La gestion foncière étant politique, chaque leader essaie d'avoir une base électorale et le recrutement se fait au niveau des quartiers populaires. La constitution de la base électorale permet au leader politique d'émerger et de s'imposer face à ses collègues et aux squatters d'avoir un appui politique. Aussi, politiciens et squatters peuvent se permettre de faire des pratiques peu orthodoxes. L'on retient surtout, la gestion cahoteuse qui a caractérisée le mandat du premier Préfet/Président nommé après les premières élections démocratiques de 1993. En arrivant au pouvoir, les démocrates ont vite montré leurs vrais visages en se livrant à une prédation sans précédent du patrimoine foncier de Niamey. Des lotissements et morcellements systématiques ont été opérés pour répondre au besoin boulimique de nouveaux dirigeants en parcelles. Le népotisme avait atteint son summum avec la distribution gratuite de parcelles à l'élite politique au détriment des propriétaires coutumiers et des couches populaires. Ses successeurs lui ont emboîté le pas en procédant à

des morcellements abusifs des réserves foncières. A titre d'exemple, note SEYBOU I. rien qu'en 2004 (année de l'arrivée à la tête de la CUN de nouvelles autorités élus) les îlots 3210 Aéroport, 1771 Yantala, 5 776 Talladjé, 6 014 Sary Koubou, 6 324 Niamey 2000, 2 721 Koira Kano. La réserve de Yantala (communément appelée 2ème Forage) qui était squattée par des petites gens a été morcelée en 20 parcelles vendues aux hommes d'affaire et aux commerçants. Officiellement, la parcelle de 400 m2 a été cédée à 800 000 F CFA mais en réalité aucune parcelle n'a été vendue à moins de 3 000 000 F CFA (SEYBOU I. 2005).

Il convient de noter que la CUN ne dispose d'aucune infrastructure d'accueil pour les démunis. Les pauvres sont laissés à eux-mêmes. Mais la décentralisation impose des contraintes à la CUN en l'obligeant à se limiter à l'espace qui lui est attribué par le décret fixant sa création. Durant la période du parti unique, des différends territoriaux ont opposé le Préfet du département de Tillabéri à celui de Niamey accusé d'empiéter sur le territoire du premier. Avec la décentralisation, la commune rurale de Liboré située au sud-est de Niamey et rattachée à la région de Tillabéri s'inspirant de l'exemple du passé, a refusé d'être la sixième commune de Niamey et a procédé au lotissement des terres situées à la limite avec la CUN pour empêcher l'annexion de ses terres. Or, cette partie est la zone la plus favorable en terre constructible. Vers Ouallam (plus au Nord) la ville a déjà atteint les limites du territoire de la CUN. La commune V est aussi presque entièrement occupée parce que l'essentiel de la partie restante est constitué de buttes et dépressions inconstructibles. Face à cette situation, les autorités sont obligées d'adopter une nouvelle stratégie qui consiste à gérer au mieux le peu d'espace restant. C'est dans ce cadre, qu'elles ont initié l'attribution de parcelles de petite dimension (200 m2 à 300 m2) pour inciter ceux qui ont les moyens à construire en hauteur. Mais cette politique a vite été contrariée par le gouvernement qui n'a trouvé mieux que de procéder à des lotissements pour payer les arriérés par des parcelles. Dans ce cadre, 13 464 parcelles qui s'étendent sur 403,9 ha ont été attribuées aux fonctionnaires à Niamey. La décentralisation intervient dans un contexte de raréfaction de ressources foncières pour la CUN qui ne peut plus se permettre les lotissements d'envergure. Les rares parcelles issues des lotissements sont tellement convoitées au point qu'une nouvelle forme de spéculation a vu le jour à la CUN : il s'agit de la vente des numéros des parcelles mises en oeuvre par les agents municipaux en 2004 suite aux lotissements Extension Nord Faisceau II, Extension Banizoumbou III. Il faut débourser au moins 400 000 F CFA pour obtenir un simple numéro d'une parcelle de 400 m2 alors que celle-ci coûte officiellement 830 000 F CFA. Cette arnaque organisée fait passer le prix à 1 230 000 F CFA au lieu de 830 000 F CFA. La même

parcelle est immédiatement vendue à plus de 1 500 000 F CFA. Dans ce contexte, seuls les hommes d'affaire et les politiciens peuvent accéder à la parcelle officielle.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand