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Féminisme, genre et développement en Amérique latine: le cas de Novib (ONG néerlandaise )

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par Zoé Maus
Université libre de Bruxelles - DEA pluridisciplinaire 2002
  

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3. LE GENRE: UN BIG BANG CONCEPTUEL

Au vu de ce qui a été développé ci-dessus, nous avons choisi de pointer deux traits qui nous
semblaient important: le rapport entre genre et féminisme et la différenciation entre sphère
privée et sphère publique. Dans ces deux points, c'est du positionnement social des

Sud (p. e. DAWN), les féministes lesbiennes ou les tenantes du Black Feminism dans leur tentative d'articuler toutes les formes d'oppression subies par les femmes dans le monde.

Le féminisme radical met lui l'accent sur le patriarcat comme étant l'ennemi principal. C'est le pouvoir des hommes, en tant que classe sexuelle, qu'il faut combattre et le changement viendra de la réappropriation par les femmes du contrôle de leur corps. Ces féministes rejettent à la fois le réformisme libéral et l'analyse classiste des marxistes. Elle se définissent plutôt comme étant "autonomes" par rapport à ces courants. Les radicales se sont divisées en plusieurs sous-courants, selon que l'explication de la différence entre les sexes était plus ou moins matérialiste ou biologique.

Parallèlement d'autres variantes et revendications apparaissent. Ainsi, un courant revendique un salaire contre le travail ménager. Ce courant a contribué à la reconnaissance du travail invisible des femmes et a largement influencé certaines approches "femmes et développement" (notamment le cadre du triple rôle).

Il existe aussi ce qui est appelé féminisme populaire, et désigne les mouvements de femmes, de milieux populaires qui, sans se définir comme féministe développent une pratique enracinée dans le quotidien

qui s'en rapproche. Ces militantes du quotidien sont fort présentes dans les pays du Sud et ont vécu une histoire parallèle et parfois en opposition avec le féminisme 'officiel'. L'analyse et les pratiques de ce féminisme sont plus globales que d'autres féminismes et induit également une solidarité des différentes luttes, tant au niveau national qu'international. Ce féminisme, avec le Black Feminism et le féminisme lesbien dépasse la simple analyse de l'oppression vue en terme de capitalisme ou de patriarcat pour y introduire les notions de race, d'ethnie, de sexualité et d'exclusion sociale mais aussi, avec l'écoféminisme , de l'environnement. Nous y reviendrons dans notre chapitre sur le féminisme latino-américain.

La base pour cette note provient de l'article TOUPIN Louise, Les courants de pensée féministe, version revue et online du texte Qu'est ce que le féminisme? Trousse d'information sur le féminisme québécois des 25 dernières années, 1997, http://netfemmes.cdeacf.ca/documents /courants0.html

33 DE BARBIERI Teresita, Sobre la categoria género. Una introducci--n teorico-metodologica, in ISIS Internacional, Ediciones de las Mujeres, n°17, 1992, pp. 111-128, p. 114 (traduction libre)

34 Celle-ci s'est surtout développée dans les pays anglo-saxons, même si d'autres pays commencent à mettre davantage de moyens dans ce que l'on peut appeler les études ou recherches féministes, tels les pays hispanophones, le Québec ou certains autres pays européens.

individus dont il s'agit. Dans le premier entre hommes et femmes, dans le second entre un individu (qu'il soit homme ou femme) et son environnement social.

A. Genre et féminisme

L'entrée des questions féminines et féministes au sein des Universités et des centres de recherches n'est cependant pas sans poser question. Encore faut-il en effet que l'esprit de la pensée féministe y soit respecté. Le risque est grand de voir se perdre la volonté de changement et la proposition novatrice des féministes. Un autre risque qui est souligné par Margarita Pisano est que l'utilisation de nouveaux concepts, tels le genre, servent à donner une vue partiale de la réalité, la découpant selon les spécialités et oubliant d'analyser le problème en le remettant dans son contexte global: à savoir une culture patriarcale basée sur une dynamique de domination.35

Dans la plupart des cas en effet, l'utilisation qui est faite du terme de genre correspond à la même pratique dont le féminisme a été (et est encore) l'objet. En réduisant la pensée féministe à la seule défense des femmes on évacue la vocation réellement novatrice de ce qu'est la pensée féministe (ou ce qu'elle pourrait être). Le terme "genre" ne sert trop souvent qu'à remplacer le terme "femme(s)" dans la littérature. Dans la plupart de ces utilisations, le champ qu'il recouvre ne concernant que les femmes, il ôte du terme <<genre>> son caractère subversif et ce qu'il implique de globalisateur. C'est-à-dire dans le sens oü il inclut l'ensemble des relations sociales. Razavi et Miller définissent les relations de genre comme se référant aux dimensions des relations sociales qui créent des différences entre hommes et femmes dans le processus social. 36

Comme le souligne Joan Scott37, le terme <<genre>> inclut les femmes sans les nommer. En conséquence, il ne para»t pas constituer la même menace que "féminisme" ou "histoire des femmes". Cette volonté de neutraliser la portée du terme se retrouve dans les textes des institutions internationales mais également des ONG, textes dans lesquels le terme <<féminisme>> ou <<féministe>>

n'appara»t que très (trop?) rarement. Or, en reliant le féminisme au genre on souligne le fait que le féminisme concerne la position de la femme dans sa relation à l'homme, et de ce fait, concerne les relations de sexe en général. Parler de genre ce n'est pas seulement parler de la catégorie "femmes". C'est également parler des hommes. D'ailleurs, comme le souligne Hoffmann, on ne peut écrire sur les femmes sans écrire sur les hommes, ni sur leurs relations sans se préoccuper du pouvoir, du privilège, des hiérarchies, de la violence et de l'état. En clair, il faut étudier les liens entre les oppresseurs et les oppressés.

La féminisation des concepts n'implique pas de privilégier les femmes mais de reconstruire nos notions de bases afin que ces idées contribuent explicitement à développer une société égalitaire, une société dans laquelle femmes et hommes se respectent, sans essayer de se dominer. Reconna»tre les différences ne veut pas dire ignorer les similitudes. Cela requiert que nous prenions en compte nos catégories générales concrètes.

Le genre implique de déconstruire, de porter un autre regard sur le monde qui nous entoure et implique donc un savoir toujours en mouvement. Ce savoir sur la différence sexuelle n'est ni fini, ni fixe. Il est donc à proprement parler un momentum concept hoffmanien. Pour Pisano, si l'on veut créer une nouvelle éthique, il s'agit de comprendre oü, quand et

35 PISANO, Margarita, Un cierto desparpajo, Ediciones Noemero Cr'tico, Santiago de Chile, 1996.

36 RAZAVI Shahrashoub et MILLER Carol, From WID to GAD. Conceptual Shifts in the Women and Development Discourse, Occasional Paper n°1, UN Fourth conference on Women, février 1995, p. 27

37 SCOTT Joan, Genre: une catégorie utile d'analyse historique, in BISILLIAT Jeanne et VERSCHUUR Christine (dirigé par), Le Genre: un outil nécessaire. Introduction à une problématique, Cahiers Genre et développement, n°1, 2000, AFED-EFI, Paris-Genève.

comment s'est construite la dynamique de domination. Il faut se rendre compte qu'un regard neuf doit porter sur tout, car tout est imprégné de situations de dominations. La perspective de genre a pour fin, entre autres, de contribuer à la construction subjective et sociale d'une nouvelle configuration à partir de la resignification de l'histoire, la société, la culture et la politique depuis les femmes et avec les femmes. 38

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