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Féminisme, genre et développement en Amérique latine: le cas de Novib (ONG néerlandaise )

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par Zoé Maus
Université libre de Bruxelles - DEA pluridisciplinaire 2002
  

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3. GENRE ET DEVELOPPEMENT

Chronologiquement, l'evolution de l'approche FED vers l'approche GED est peu claire. On ne peut pas dire que, à partir d'une certaine date, l'approche ait bascule de l'une vers l'autre. Il s'agit plutTMt d'un lent processus qui n'est pas encore arrive à terme. Depuis quelques annees déjà le terme "genre" a remplace le terme "femmes" sans que ce changement n'ait ete accompagne d'une modification des pratiques. Pour nous, il s'agirait d'un effet de decalage temporel entre la theorie et la pratique, les institutions et les ONG ayant toujours un peu de peine (ou peu de volonte) à mettre en pratique les theories nouvelles.

L'introduction du concept de genre dans la cooperation au developpement, (É)
l'instrumentalisation qui est faite des theories existantes sur le developpement, par les
institutions internationales, servent souvent, à legitimer leurs programmes en y integrant

122 Tant les Etats que les communautés et les organisations internationales de développement considèrent en effet cela comme étant naturel. MEERTENS Donny, Autonomia y practica social: dilemas cotidianos de une estrategia de genero en el desarollo , in BARRIG M. & WEHKAMP A., Sin morir en el intento. Experiencias de planificaci--n de género en el desarollo, NOVIB, Ediciones Red Entre Mujeres, Lima, 1994, pp. 49-71, p. 64.

123 L'utilisation gratuite de la main d'Ïuvre feminine est particulièrement visible dans les programmes de reconstruction, dans lesquels le travail des femmes (preparation de la nourriture, approvisionnement en eau, en bois, etc. pour les constructions) n'est pas reconnu comme tel et ne donne donc pas droit aux benefice du programme "travail contre nourriture".

des concepts porteurs, d'actualité, sans que cela ne se traduise dans les pratiques sociales, politiques et économiques.124

D'autre part nous pensons qu'il s'agit également d'un décalage entre la pratique et la théorie, à savoir que les réalités du terrain, les expériences vécues par les femmes dans ce que Lagarde appellerait leur "situation vitale"125, soit leurs expériences concrètes de vie, sont difficilement et lentement prises en compte dans l'élaboration des politiques.

A. L'analyse des relations sociales (ARS)

L'une des critiques que l'on pourrait adresser à l'approche FED, du moins dans les cadres théoriques analysés ci-dessus, est qu'il se limite au très court terme et qu'il fait abstraction de la globalité et de l'ensemble des relations sociales des femmes. Le simple fait d'augmenter la productivité des femmes, ne leur permettra ni d'augmenter leur autonomie, ni de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Par contre, en se centrant plutTMt sur les rapports sociaux de sexe (gender) que sur un sexe ou sur l'autre, on met en évidence le construit social des rTMles féminins et masculins ainsi que le pouvoir et les hiérarchies qui marquent peu ou prou toute forme de relation.126 Ce cadre théorique pourrait etre considéré comme étant la base pour le passage de l'approche "Femmes et developpement" à l'approche "Genre et développement" . En effet, ce ne sont plus essentiellement les femmes qui sont l'objet de cette approche mais plutTMt les relations sociales qui sont les leurs, tant avec les hommes qu'avec les autres femmes.

Les relations de genre sont, comme les définit Kabeer, l'étendue des relations sociales qui créent des différences systématiques dans le positionnement des femmes et des hommes en relation avec les processus sociaux.127 L'analyse des relations sociales met donc l'accent sur l'étude des structures sociales qui engendrent les situations de domination et d'inégalités auxquelles sont confrontées les femmes, dans les relations de production mais également dans l'ensemble des relations sociales de la vie quotidienne (relations ayant trait aux mécanismes de production, reproduction, distribution et consommation). Cette analyse ne peut donc pas faire l'impasse sur la redistribution du pouvoir et n'exclut pas non plus que la réponse à la domination se trouve ailleurs que dans les relations de genre et au sein du foyer. D'autres institutions, telles la communauté, l'état, le marché permettent aux groupes d'acquérir des ressources mais définissent également, de par leurs règles, normes, valeurs et structures de pouvoir, la place des hommes et des femmes en leur sein. Les rTMles et attributions de chacun varient donc selon le lieu et le temps.

La différence principale entre l'analyse des relations sociales et les approches besoin s et rTMles est que, si ces dernières voient la division du travail selon le genre comme une sorte de "séparation sociale", l'ARS comprend cette division comme une forme de "connexion sociale", dans laquelle il y a relation de coopération et d'échange qui n'est pas toujours symétrique.128 Whitehead montre également que la division sexuelle des t%oches peut etre considérée de différents points de vue (culturel, sociales, politiques) et que tant que

124 THORNDAHL Marie, Pratiques et réflexion de genre. La diversité des expériences, in Créativité, femmes et développement, Cahiers de l'IUED, Genève, 1997, p. 17

125 LAGARDE Marcela, Identidad de género, Ed. Cenzontle, Managua, 1992, p. 11.

126 ZWALHEN Anne, Vers un autre genre de développement , in Créativité, femmes et développement, Cahiers de l'IUED, Genève, 1997, pp. 31-41, p. 32.

127 KABEER Naila, Triples rTMles, rTMles selon le genre, rapports sociaux: le texte politique sous-jacent de la formation à la notion de genre, in BISILLIAT Jeanne et VERSCHUUR Christine (dirige par), Le Genre: un outil nécessaire. Introduction à une problématique, Cahiers Genre et développement, n°1, 2000, AFED-EFI, Paris - Genève, pp. 155 -174, p. 168.

128 RAZAVI Shahrashoub et MILLER Carol, From WID to GAD. Conceptual Shifts in the Women and Development Discourse, Occasional Paper n°1, UN Fourth conference on Women, février 1995, p.28.

l'interdépendance entre hommes et femmes se fonde sur une division asymétrique, plutTMt que symétrique, des ressources et des responsabilités, les relations de genre sont des relations de pouvoir comme de difference, de conflit comme de coopération.129

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